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Extraits de gosho sur

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Zhiyi
 

Question : Pour ce qui est d’un bref instant, trente brefs instants couvrent un jour et une nuit. L’instant dont il est question dans “pendant un bref instant l’écouter”(réf.) désigne-t-il cette durée   ? Je réponds : C’est comme il l’a été dit auparavant. Dans le deuxième fascicule du Maka Sikan de Zhiyi* il est écrit  : “Ne rejetez pas même pendant un bref instant”. Dans la “Décision de propager ”, il est précisé  : “Il n’est pas permis de rejeter ne serait-ce qu’un instant. C’est pourquoi il est dit un bref instant. C’est pourquoi un instant représente un moment immédiat”.
Dialogue avec les écoles du Zen (1255)

Zhiyi* et Zhanlan*, ces deux saints, l’ont commentée dans le Hokke Gengi et le Hokke Mongu*, disant  : “Le cœur est semblable à une lueur illusoire. Il n’a qu’un nom qu’on appelle cœur. Si par hasard on dit qu’il existe, on n’en voit ni la couleur, ni la nature. Si par hasard, on dit qu’il n’existe pas, les pensées naissent. Ne pouvant être considéré en terme d’être ou de non-être, il est appelé cœur et se trouve qualifié de merveilleux (myo). La merveille suit le cœur : nommée alors dharma (ho). Le dharma du cœur ne relève pas de la cause, ni de l’effet. Si on l’observe en fonction du principe, on distingue alors la cause et l’effet. On appelle cela fleur de lotus (renge). Un cœur, par son changement né de l’observation, enseigne d’autres cœurs. On nomme cela sutra (kyo)”. Le Hokke Gengi Shakusen indique : “Si l’on dit qu’il existe, alors, aucune pensée d'ichinen sanzen n’existe. A fortiori, comment pourrait-il y avoir d’image des dix monde-états-états  ? Si on dit qu’il n’existe pas, alors trois mille pensées se manifestent. A fortiori, la pensée d’un monde-état. C’est parce que l’on ne peut pas le considérer à travers l’être ou le non-être que le cœur d’une pensée, à l’évidence, est la Voie du milieu. C’est pourquoi, il faut le savoir, le cœur est merveilleux (myo)”.
Les douze liens causaux (1256 )

Zhiyi, le Grand-maître du Tendai, était le Yakuo bosatsu (Roi des remèdes). Il élucida « le discours et l'introspection » (setsu ni kan ni). (note) Zhiyi développa quatre critères (quatre clés)* (shiju shaku) : selon les causes et conditions* (innen jaku), selon les enseignements,* (yakkyo shaku) selon l’originel et l’éphémère* (honjaku shaku) et selon la contemplation du cœur (kanjin shaku)*. Ceux qui ignorent qu'il y a quatre critères, n’en voyant qu’un, utilisent uniquement le critère et l’éphémère ou pronent seulement celui de la contemplation du cœur.
[...] Dans l’idée de Zhiyi, les dix ainsi impliquent les dix mondes-états. Ces dix mondes proviennent d'ichinen (une pensée), les êtres des dix ainsi également. Ces dix ainsi sont contenus dans le Sutra du Lotus.
[...] Dans le premier fascicule du Sens caché de la fleur du Dharma* de Zhiyi, nous lisons : « Les êtres, par l’intermédiaire de leurs pratiques mineures, prennent refuge dans l’immense Véhicule unique ».
La doctrine d’Ichinen Sanzen, 1258

Dans le Maka Shikan du Grand-maître* Zhiyi* on peut lire : "Celui qui connaît la véritable marche du monde, connaît le Dharma bouddhique." Dans le Maka Shikan Bugyoden Guketsu le Grand-maître* Zhanlan déclare  : "Des enseignements universels, comme la bienséance et la musique, se propagent d’abord, ouvrant la voie au Bouddha"
[...] En examinant de manière plus approfondie les textes bouddhiques, je trouve, dans le Maka Shikan du Grand-maître* Zhiyi*  : "Moi, le Bouddha, ai envoyé les Trois sages en Chine afin d’éclairer le pays" et, dans le Maka Shikan Bugyoden Guketsu du Grand-maître* Zhanlan* on peut lire  : "Le Bouddha, afin de propager le bouddhisme en Chine, y envoya trois bodhisattvas pour enseigner au peuple les Cinq vertus, et ainsi le préparer au bouddhisme." Si on considère ces passages, on peut supposer que les cinq vertus, qui existaient en Chine avant l’introduction du bouddhisme dans ce pays, équivalent aux cinq préceptes du bouddhisme.
[...] Le Sutra Konkomyo* déclare : "Même les innocents sont touchés"  ; et dans le Sutra du Lotus, chapitre III, Parabole : "Un malheur inattendu lui arrivera." Dans le Maka Shikan le Grand-maître* Zhiyi* dit  : "Le karma positif d’une personne peu avancée dans la pratique du bouddhisme est peu important ; par conséquent, même si son aspiration à la bodhéité est mûre, elle ne peut échapper aux nombreux malheurs engendrés par le karma négatif qu’elle a créé par le passé."
Sainan Koki Yurai - La cause des désastres (Kamakura, février 1260)

On interrompt la pratique qui consiste à retranscrire le Sutra du Lotus, pratique qui se poursuit depuis plus de quatre cents ans au Mont Hiei, et on la remplace par la transcription des trois sutras de la Terre pure ; ou encore les conférences annuelles daishiko sur le Grand-maître Zhiyi* sont remplacées par des conférences sur les enseignements de Shandao. En fait, les opposants au Dharma et leurs complices sont si nombreux qu'on ne peut les compter.
Rissho Ankoku ron (Kamakura-Matsubagayatsu, juillet 1260)

Toutes les rivières coulent vers l'océan, mais a-t-on jamais vu l'océan, trop plein, repousser leurs eaux  ? Les rivières des difficultés se jettent dans l'océan du Sutra du Lotus, et assaillent son Pratiquant. L'océan ne rejette pas plus les rivières que le Pratiquant du Sutra du Lotus ne repousse les souffrances. Sans le flot des rivières, il n'y aurait pas d'océan. Sans épreuves, il n'y aurait pas non plus de Pratiquant du Sutra du Lotus. "Toutes les rivières se jettent dans l'océan, et les bûches attisent le feu", nous dit Zhiyi*. (réf.)
Un vaisseau pour traverser l'océan des souffrances (Kamakura, 28 avril 1261, à Shiiji Shiro)

Ainsi, comprendre que le Sutra du Lotus est le roi et le plus élevé de tous les sutras, c'est avoir une compréhension correcte de l'enseignement. Pourtant Fa-yun, du temple Guangzhe-si, et Hui-guan, du temple Daochang-si, ont prétendu que le Sutra du Nirvana était supérieur au Sutra du Lotus. Cheng-guan du Mont Qingliang et Kukai* du Mont Koya proclamèrent que le Sutra Kegon* et le Sutra Vairocana étaient supérieurs au Sutra du Lotus. Jizang, du temple Jia-xiang-si, et le moine Kui-ji, du temple Cien-si, ont avancé que les deux sutras Hannya* et Jimmitsu étaient supérieurs au Sutra du Lotus. Seul le Grand-maître* Sage du Mont Tiantai établit, non seulement que parmi tous les sutras le Sutra du Lotus est l'enseignement suprême, mais affirma que tous ceux qui prétendaient certains sutras supérieurs devraient être contredits. Il déclara que ceux qui continueraient à soutenir de telles assertions fausses verraient leur langue pourrir dans leur bouche en cette vie-ci et, après leur mort, tomberaient dans l'enfer avici. Il est possible de dire, de ceux qui parviennent à distinguer ce qui est juste et ce qui est faux qu'ils ont une compréhension correcte de l'enseignement.
L'enseignement, les capacités, le temps et le pays (Izu, 10 février 1262  ? )

Le Grand-maître* Zhiyi* conclut que ce furent des déclarations de ce genre qui suscitèrent les mots  : "Ne serait-ce pas un démon ayant pris la forme du Bouddha  ? "(réf.) Si nous nous appuyons seulement sur les commentaires des divers maîtres sans tenir compte des déclarations du Bouddha lui-même, comment pouvons-nous appeler notre croyance bouddhisme  ? Cela serait de la plus grande absurdité !
[...] Zhiyi* a établi  : "Ce qui est profond et en accord avec les sutras, il faut le croire et le mettre en pratique, mais n'accordez aucune foi à ce qui n'offre ni preuve littérale ni preuve théorique."(réf.) Et il dit aussi : "Toute affirmation qui n'est pas fondée sur une preuve littérale doit être dénoncée comme fausse."(réf.)
[...] Zhiyi* déclare  : "Après que l'Ainsi-Venu atteignît l'Éveil, pendant quarante ans et plus, il ne révéla pas la vérité. Avec le Sutra du Lotus, pour la première fois, il révéla la vérité."(réf.)
[...] Zhiyi* a déclaré : "Ni le Sutra Kegon* ni le Sutra Daibon ne pouvaient guérir [les maux de ces personnes des deux véhicules. Seul le Sutra du Lotus pouvait planter des racines de bonté chez ceux qui n'avaient plus rien à apprendre (note) et leur rendre accessible la Voie du Bouddha. C'est la raison pour laquelle on appelle ce sutra Myo, mystique. Les icchantika [personnes d'une incroyance incorrigible] ont néanmoins une conscience, il leur est donc possible d'atteindre la bodhéité. Mais les personnes des deux véhicules ont annihilé la conscience, si bien qu'elles ne peuvent plus faire naître dans leur coeur l'aspiration à l'Éveil. Pourtant, le Sutra du Lotus peut les guérir et c'est pourquoi on l'appelle Myo."(réf.)
[...] Zhiyi* établit que l'atteinte de la bodhéité par les personnes des deux véhicules est la preuve que tous les êtres humains sans exception peuvent devenir bouddha.
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*, dans ses commentaires, affirma qu'accepter les doctrines de mauvais maîtres et leur prêter foi équivaut à boire du poison.
[...] Comme l'a dit le Grand-maître* Zhiyi*, "Même du vivant du Bouddha, le Dharma fut révélée par des personnes. Comment, par conséquent, à l'époque des Derniers jours du Dharma, pourrait-on affirmer que le Dharma est digne de respect mais que la personne [qui s'y consacre] est méprisable  ? "(réf.)
Questions et réponses sur la pratique du Sutra du Lotus (Kamakura ? mars 1263 ? à Nichiji ?)

Et pourtant, les bienfaits obtenus par cette cinquantième personne sont cent, mille, dix mille, cent mille fois supérieurs à ceux que peuvent obtenir, en étudiant d'autres sutras, des personnes naturellement dotées d'excellentes capacités et d'une sagesse supérieure, comme Shariputra, Maudgalyayana, Manjushri, capables de réciter par cœur l'intégralité du texte des divers sutras. Cela nous est dit dans le Sutra du Lotus même, ainsi que dans les soixante volumes de commentaires (note) de Zhiyi* et de Zhanlan*.
[...] Cela revient au même que réciter Namu Ichijo Myoden. Mais il est préférable de réciter seulement Namu Myoho Renge Kyo comme le firent le bodhisattva Vasubandhu et le Grand-maître* Zhiyi* (note). J'ai de bonnes raisons de parler ainsi.
Sur la récitation des chapitres Hoben et Juryo (Kamakura - 1264, à la femme de Hiki Daigaku Saburo Yoshimoto)

Les mots écrits sont une face différente de la vie du Bouddha. Aussi, ceux qui lisent le Sutra du Lotus ne doivent pas penser qu’ils ont sous les yeux uniquement des graphismes, car ces idéogrammes sont l'esprit même du Bouddha. Pour cette raison, Zhiyi*, dans son commentaire [Hokke gengi] dit : "Lorsque, accédant à la prière réitérée de ses auditeurs, le Bouddha prêcha, il exposa l'essence même de sa doctrine. L'essence de la doctrine est le coeur du Bouddha et le coeur du Bouddha est la Sagesse de l'Éveillé. La Sagesse de l'Éveillé est incommensurablement profonde. C'est pourquoi il avait récusé trois fois les quatre demandes. "Ce fut donc pour ses auditeurs un moment difficile à comprendre. En comparaison, les autres sutras, eux, étaient faciles". Dans ce commentaire, Zhiyi* utilise l’expression "cœur du Bouddha" pour montrer que bien que possédant un aspect physique, le Sutra incarne le "dharma de l'esprit", la spiritualité du Bouddha.
[...] Puisque le Sutra du Lotus est la manifestation de l'aspect spirituel du Bouddha, lorsqu'on introduit cette spiritualité-là dans une représentation peinte possédant trente et un aspects, alors elle devient égale au Bouddha. C'est ce qu'on entend par "atteinte de bodhéité des végétaux" (somoku jobutsu). C’est aussi pour cette raison que Zhiyi* disait  : "Toute chose possédant une couleur ou une odeur manifeste la Voie du milieu" [Maka Shikan]. Et Zhanlan* ajoute  : "Même si tous admettent que les choses possédant une couleur ou une odeur sont des manifestations de la Voie du milieu, ils sont néanmoins choqués et émettent des doutes lorsque, pour la première fois, ils entendent dire que les êtres non-sensitifs possèdent la nature de bouddha. Cheng-guan de l'école Kegon s'appropria le principe d'ichinen sanzen de Zhiyi* et prétendit qu'il était implicite dans le Sutra Kegon* tout comme dans le Sutra du Lotus, mais que le Sutra Kegon* était un enseignement soudain (tonkyo) destiné à ceux qui y étaient déjà prédisposés par un enseignement antérieur, alors que le Sutra du Lotus était un enseignement graduel (zenkyo), car il fut enseigné plus tard ; il affirma que le Sutra Kegon* était le tronc et le Sutra du Lotus des branches et des feuilles [Kegongyo].
L’ouverture des yeux des images sculptées ou peintes (Kamakura 1264)

Le Grand-maître* Zhiyi* déclare  : "Ce qui s'accorde avec les sutras doit être accepté et suivi. Mais n'accordez pas foi à ce qui, par la lettre ou par l'esprit, n'est pas conforme aux sutra."(réf.)
[...] Si nous étudions le commentaire du Grand-maître* Zhiyi*, nous lisons : "Les autres sutras nous disent que les bodhisattvas peuvent devenir bouddha, mais que les personnes des deux véhicules ne le pourront jamais. Les personnes bonnes peuvent devenir bouddha, nous disent-ils, mais rien n'indique que les personnes mauvaises puissent y parvenir. Et, selon eux, les hommes peuvent devenir bouddha, mais les femmes sont condamnées comme des émissaires de l'enfer. Les personnes dans les états d'humanité ou du ciel peuvent atteindre la bodhéité, mais nulle part on ne lit que les créatures non humaines le peuvent aussi. Pourtant, dans ce Sutra, il est dit que "tous ces êtres peuvent parvenir à la bodhéité."(réf.)
[...] Le fait est que le Sutra Vairocana* comprend chacune des quatre sortes d'enseignement, et expose cette sorte de préceptes qui n'apportent plus de bienfait lorsque la forme corporelle est arrivée à sa fin. C'est un enseignement provisoire, désigné par des maîtres chinois (note) comme entrant dans la catégorie Hodo*, un groupe de sutras qui, selon la classification de Zhiyi*, furent enseignés dans la troisième période. Quelle honte que de le placer au-dessus du Sutra du Lotus  !
[...] 2 Si, parce que l'on ne parvient pas à comprendre ce principe, on pratique shoju ou shakubuku au moment qui ne convient pas, non seulement on sera incapable d'atteindre la bodhéité, mais on tombera dans les mauvaises voies. Ce fait est clairement établi dans le Sutra du Lotus et le Sutra du Nirvana, et se trouve nettement affirmé dans les commentaires de Zhiyi* et de Zhanlan*. Il s'agit là d'un principe important de la pratique bouddhique.
[...] 2 Les six mille feuilles (note) de commentaires par Zhiyi* et Zhanlan*, comme des guirlandes de joyaux, et plusieurs rouleaux de commentaires de Dao-Sui et Xing-man, aussi précieux que leur pesant d'or, ne vont pas au-delà de cet enseignement.
En toute chose, les noms sont de grande importance, précisément parce qu'ils véhiculent ainsi un sens général. C'est ce qu'impliquait le Grand-maître* Zhiyi* lorsqu'il disait que les noms désignent la nature essentielle d'une chose, alors que les phrases décrivent de quelle manière elle diffère des autres choses, (réf.) ou en disant que la nature fondamentale d'une chose apparaît dans le nom qu'on lui donne.
Le Grand-maître* Zhiyi* écrivit le Hokke Gengi, le Hokke Mongu* et le Maka Shikan, soit trente volumes de commentaires sur le Sutra du Lotus. Zhanlan*, pour sa part, écrivit les trente volumes du Hokke gengi shakusen, Hokke Mongu Ki*  et Maka Shikan Bugyoden Guketsu, annotations sur les ouvrages de Zhiyi*. Ensemble, ces écrits constituent ce que l'on appelle "les soixante volumes (note) de l'école Tendai". Dans le Hokke Gengi, Zhiyi* définit les cinq principes majeurs du nom, de l'essence, de la qualité, de la fonction, et de l'enseignement, et, dans cette perspective, expliqua le pouvoir et l'efficacité des cinq caractères Myoho Renge Kyo.
Dans le Hokke Mongu*, Zhiyi* donne une explication de tous les mots et phrases du Sutra du Lotus, depuis les premiers mots "Ainsi ai-je entendu", jusqu'aux derniers "...ils s'inclinèrent et partirent." Il les explique du point de vue des quatre catégories, nommément, causes et circonstances, enseignements reliés, enseignements théoriques*, essentiel* et introspection (kanjin). Ensuite, dans le Maka Shikan, il définit la méditation sur le domaine de l'insondable, plus précisément sur les trois mille mondes présents en un seul instant-pensée, en se fondant sur sa compréhension profonde du Sutra du Lotus. C'est une pratique qui découle de l'Éveil primordial du Bouddha, et représente un principe de vérité inhérent chez tout être. Je ne rentrerai pas dans les détails ici.
Conversation entre un sage et un ignorant (1265 ? à un samouraï ? )

C'est pourquoi, dans son commentaire sur le Sutra du Lotus, Zhiyi*, le Grand-maître* de sagesse qui avait mémorisé tous les enseignements sacrés exposés par le Bouddha de son vivant, déclare : "Les autres sutras prédisent que seuls les bodhisattvas parviendront à l'Éveil, mais pas les personnes des deux véhicules. Ils annoncent que seules les personnes bonnes atteindront la bodhéité mais pas les personnes mauvaises... Ce Sutra [du lotus], lui, prédit que tous les êtres vivants parviendront à la bodhéité." (réf.) Je n'irai pas plus loin dans l'explication des dix vertus de l'océan.
L'essentiel du chapitre Yakuo (1265-  ? peut-être à la mère de Nanjo Tokimitsu)

Le Bouddha Shakyamuni, en présence du bouddha Taho et des autres bouddhas des dix directions, enseigna le Sutra du Lotus pendant huit ans, en un lieu appelé le Pic du Vautour, au nord-est de Rajagriha, la capitale du royaume de Magadha. Le Grand-maître* Zhiyi* était présent et l'entendit prêcher.
[...] Quelque mille cinq cents ans après la mort du Bouddha, apparut en ce pays un messager du Bouddha, le Grand-maître* Zhiyi*, qui déclara que les femmes ne pourraient jamais atteindre la bodhéité par un autre enseignement que le Sutra du Lotus. A 3.000 ri à l'est de la Chine se trouve un pays qu'on appelle le Japon. Quelque deux cents ans après sa mort, le Grand-maître* Zhiyi* renaquit dans ce pays sous le nom de Grand-maître* Saicho*.
[...] Zhiyi* dit : "Même les icchantika ont un coeur, ils peuvent donc atteindre la bodhéité. Mais les personnes des deux véhicules ont annihilé leur conscience et ne peuvent donc pas faire surgir le coeur qui aspire à la bodhéité. Pourtant, le Sutra du Lotus peut les guérir, c'est pourquoi on l'appelle Myo."(réf.) Zhanlan* commente  : "La seule raison pour laquelle on appelle les autres sutras Dai [grands] et non Myo [mystiques] est qu'il est facile de guérir ceux qui ont un coeur, mais difficile de guérir ceux qui n'en ont pas. Parce que le Sutra du Lotus peut guérir ce que l'on croit incurable, on l'appelle mystique, Myo."(réf.)
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*, qui entendit l'enseignement du Bouddha sur le Pic du Vautour (note) et qui par la suite connut l'Éveil dans un lieu de méditation en Chine, déclara sans équivoque  : "Les autres sutras ne promettent la bodhéité qu'aux hommes, pas aux femmes. Seul ce Sutra prédit que les uns comme les autres atteindront la bodhéité."(réf.)
Le Daimoku du Sutra du Lotus (1266 à une femme d'Amatsu)

J'ai entendu dire que les lettrés des dix écoles - trois dans le sud [de la Chine] et sept dans le nord - étaient d'une telle vertu et d'une telle autorité qu'ils furent respectés dans leur pays entier pendant plus de cinq cents années. Mais le Grand-maître* Zhiyi*, qui vécut sous le règne des empereurs des dynasties Chen et Shui, étudia leurs principes et les réfuta en les déclarant erronés. En entendant cela, les gens lui vouèrent une grande haine, mais les empereurs de Chen et de Shui étant des dirigeants sages, invitèrent Zhiyi* à débattre en public [avec les maîtres de dix écoles] pour régler la question. Ainsi, ce qui était juste et ce qui était erroné fut clairement établi, et, en corrigeant les principes erronés acceptés par leur école depuis cinq cents ans, tous les moines se convertirent à l'enseignement du Grand-maître* Zhiyi*. Dans notre propre pays, le Grand-maître* Saicho*, [fondateur de l'école Tendai] sur le Mont Hiei, tint un débat avec les lettrés de la capitale du Sud [Nara] et de la capitale du Nord [Kyoto] et établit ce qui était correct et ce qui était erroné en bouddhisme. Dans les deux cas, [Zhiyi* aussi bien que Saicho*] leur démonstration s'appuya sur les sutras.
Réponse à Hoshina Goro Taro (5 décembre 1267 à Hoshina)

Et le Grand-maître* Zhiyi* prédit  : "Deux cents ans ou plus après mon trépas, une personne naîtra dans un pays de l'est qui propagera mon Dharma correct."
Genèse du Rissho Ankoku Ron (Kamakura, le 5 avril 1268, à Hokan-bo)

Le Grand-maître*   Zhiyi* déclare dans son Hokke Mongu* : "L’on peut évaluer la taille du dragon à la force de la pluie ; l’on peut estimer la profondeur de l’étang à l’abondance des fleurs de lotus."(réf.) Nous devrions de même comprendre le sérieux des événementsà venir en observant les présages inhabituels. La débâcle nationale paraît imminente, aussi vous ai-je écris à plusieurs reprises. Personne ne m’écoute ; je persiste toutefois à vous mettre en garde.
Yadoya nyudo Sai-gojo (septembre 1268 au nyudo Yadoya)

J’aimerai commencer la Nouvelle année par la lecture du Maka Shikan du Grand-maître* Zhiyi*, fascicule 5, qui invite à «la sérénité en cette vie et la renaissance en un monde meilleur». Ayez l’amabilité de me le prêter, même si le livre est en mauvais état. Je peux le faire réparer ici. Pardonnez-moi de vous importuner par mon besoin incessant d’un nombre important d’ouvrages. C’est avec gratitude que j’ai recueilli les 5 ligatures de pièces envoyées de votre part pour les lectures daishiko à la mémoire du Grand-maître*. Cela fait 3 ou 4 ans que nous avons commencé ces séries de lectures en l’honneur de Zhiyi* et celle de cette année a été des plus fructueuses.
Réponse au seigneur Ota Kingo (1269 ou 1270 à Ota Kingo (Jomyo)

Ce n'est pas du tout la première fois que s'élèvent des doutes de ce genre. A l'époque des dynasties Chen et Shui, apparut un simple moine du nom de Zhiyi*, qui devint par la suite le maître des empereurs des deux dynasties et reçut le titre honorifique de Grand-maître* Sage Tiantai dashi. Bien avant d'avoir obtenu ces honneurs, il réfuta, non seulement les théories de divers moines lettrés et maîtres ayant vécu pendant plus de cinq cents ans auparavant en Chine, mais aussi la doctrine de maîtres apparus pendant mille ans en Inde. Cela eut pour effet de faire s'élever contre lui une nuée de sages du sud et du nord [de la Chine] et de faire briller les personnes de mérite, à l'est et à l'ouest, comme une constellation. Les critiques se mirent à pleuvoir sur lui, et ses principes furent malmenés comme par une tempête. Mais, finalement, Zhiyi* parvint à réfuter les préjugés et les principes erronés des lettrés et des maîtres, et à établir l'enseignement correct de l'école Tendai.
[...] Ceux qui critiquaient Zhiyi* et Saicho disaient : "Les fondateurs de notre école appartenaient aux Quatre rangs de saints, étaient des sages vertueux des temps anciens alors que vous n'êtes qu'un simple mortel ignorant de la fin de l'époque du Dharma formel." La question, toutefois, n'est pas de savoir si une personne vit à l'époque du Dharma correct, du Dharma formel ou des Derniers jours du Dharma, mais si elle s'appuie ou non sur le texte du Sutra véridique. Une fois de plus, la question n'est pas de savoir quelle est la personne qui enseigne mais si l'enseignement est oui ou non vérifiable.
[...] Mais, en utilisant les sutras comme un clair miroir et en conservant comme outil de divination les principes de Zhiyi* et de Saicho*, j'ai réfuté ces enseignements pendant ces dix-sept dernières années, depuis la cinquième année de l'ère Kencho (1253) (note) jusqu'à maintenant, la septième année de l'ère Bun'ei (1270).
[...] Mais Shubhakarasimha*, ayant lu le Sutra du Lotus, entreprit de voler ce profond principe formulé par le Grand-maître* Zhiyi* et l'incorpora dans sa propre interprétation du Sutra Vairocana*.
Le savant maître Chan-wou-wei (Kamakura, 1270 à Joken-bo et Gijo-bo)

Le Grand-maître* Zhiyi* a dit : "Ils ignorent totalement la lune dans le ciel et ne font qu'admirer son reflet dans l'étang"(réf.), comparant ceux qui sont attachés aux enseignements antérieurs au Sutra du Lotus et à l'enseignement théorique* du Sutra du Lotus à des personnes qui ne verraient pas la lune dans le ciel et n'auraient conscience que de son reflet dans un étang.
Le coeur du chapitre Juryo (17 avril 1271 ou 1272)

Le Sutra du Lotus parle du " véritabl aspect de tous les phénomènes (shoho jisso)."(réf.) Zhiyi* a dit  : "C'est par la voix que s'accomplit l'oeuvre du Bouddha."(réf.) Les sourds ne peuvent pas entendre le tonnerre et les aveugles ne peuvent pas voir la lumière du soleil et de la lune.
La naissance de Tsukimaro (8 mai 1271 à Shijo Kingo)

[Toutefois] dans les passages du Sutra du Lotus [cités plus haut], ce n'est pas à l'égard du Bouddha lui-même que s'exprime l'hostilité. Mais plutôt, comme l'explique Zhiyi* [c'est au Sutra du Lotus lui-même que s'opposent] "les divers auditeurs-shravakas, pratyekabuddhas et bodhisattvas qui ne s'attachent qu'au bouddha à l'Éveil récent (note)." (réf.)
[...] Il est fait mention, dans le dix-huitième volume du Sutra du Nirvana du "trésor qui, en acquittant la rançon, sauve la vie." Le Grand-maître* Zhiyi* [après avoir étudié et médité sur ce passage] conclut dans son commentaire que "la vie" désigne le Sutra du Lotus et "le trésor", les trois [des quatre] premiers enseignements exposés dans le Sutra du Nirvana.
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*, dans son Shi'nenjo, cite un passage du Sutra du Lotus  : "Bien qu'ils puissent proposer divers chemins..." et déclare que les quatre saveurs [des sutras Kegon*, Agama*, Hodo* et Hannya*] peuvent aussi être considérées comme un trésor. S'il en est ainsi, aussi bien les sutras enseignés après le Sutra du Lotus [comme le Sutra du Nirvana] que les sutras antérieurs au Sutra du Lotus peuvent tous être considérés comme un trésor offert en échange de la vie du Sutra du Lotus.
[...] Parmi ces divers enseignements, celui de l'école Shingon est particulièrement erroné. [Ses fondateurs] Shubhakarasimha* et Vajrabodhi* ont affirmé  : "Le concept d'ichinen sanzen est le plus essentiel des principes énoncés par Zhiyi* et le coeur même de tous les enseignements exposés par le Bouddha Shakyamuni de son vivant. Mais indépendamment du principe d'ichinen sanzen qui constitue la base des enseignements exotériques aussi bien qu'ésotériques, les mudra et les mantra dharani*, forment la partie essentielle des enseignements bouddhiques."
[...] En Inde, après la disparition du Bouddha, le bodhisattva Nagarjuna fut celui qui comprit véritablement le rapport entre le Sutra du Lotus et les autres sutras ; et la première personne à l'appréhender correctement en Chine fut le Grand-maître* sage Zhiyi*. Des hommes comme Shubhakarasimha*, de l'école Shingon, Cheng-guan de l'école Kegon, Jizang de l'école Sanron et Ci-en de l'école Hosso ont publiquement professé la doctrine de l'école qu'ils avaient fondée mais, dans leur coeur, ils étaient tous convertis à l'enseignement de l'école de Zhiyi*.
La lettre de Teradomari (Teradomari, le 22 octobre 1271, à Toki Jonin)

Le Grand-maître* Zhiyi* l'a déclaré]  : "Vasubandhu et Nagarjuna avaient clairement perçu la vérité dans leur coeur, mais ils ne l'enseignèrent pas. A sa place, ils exposèrent les enseignements du Mahayana provisoire*, qui étaient adaptés à leur époque."(réf.) Zhiyi* et Saicho* en donnèrent une indication générale, mais laissèrent aux générations futures la tâche de la propager.
L'aspiration à la Terre de Bouddha (Sado, le 23 novembre 1271 à Toki Jonin)

La nature de bouddha chez le non-sensitif étonne l’oreille et trouble le cœur”. Cette couleur, quelle est-elle, parmi les cinq couleurs  ? Ces dernières - le bleu, le jaune, le rouge, le blanc et le noir - sont traduites par “une couleur”. “Une” exprime la nature des dharmas. C’est en ce sens que Zhanlan traduit par “la couleur et l’odeur permettent la voie du milieu”. Le Grand-maître* Zhiyi* traduit lui aussi par “qui ne soit dans la voie de la médianeté”. Le “Un” de “Une couleur, une odeur” n’est pas le chiffre “un” par rapport à “deux” ou “trois”. Ce “un” désigne la nature des dharmas de la voie du milieu. En fait, il ne peut pas ne pas comporter dix mondes-états, trois mille, le sujet et environnement.
[...] Ce grand mandala est établi en agitant la doctrine d'ichinen sanzen (Une pensée trois mille). Il s’agit d’une doctrine que les faux érudits de notre époque ne peuvent pas connaître même en rêve. Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho* la connaissaient intérieurement mais ne l’ont pas propagé. Ils clamaient “une couleur, un parfum” et murmuraient que cela trouble les oreilles et stupéfie les cœurs. Ils nommaient maka shikan parfait et soudain ce qu’ils auraient dû appeler Myohorenge. Ainsi, l’Éveil des végétaux est l’Éveil des morts. Peu de personnes connaissent cette doctrine. C’est une doctrine sur laquelle l’on se méprend parce que l’on ignore Myohorenge.
Transmission orale sur l’éveil des végétaux (20 février 1272 à Sairenbo)

Zhiyi* écrivit  : "Comprenez bien que les interactions des êtres sensitifs et de leur environnement manifestent toutes la loi de la simultanéité de la cause et de l'effet."(réf.) "Les êtres sensitifs et leur environnement" désignent ici la réalité de la vie et de la mort. La loi de simultanéité de la cause et de l'effet est clairement en jeu dans tout ce qui vit et meurt.
[...] Zhiyi* dit encore, dans le Maka Shikan : "L'apparition de toute chose est la manifestation de sa nature intrinsèque, et sa disparition, le retour de cette nature à l'état de latence."(réf.)
[...] Dans le cinquième volume du Maka Shikan, Zhiyi* dit : "Il y a des gens qui pratiquent ce que l'on appelle le Zen, mais maîtres comme disciples sont aveugles [à la vérité] et boiteux [pour ce qui est de la pratique], et ensemble maîtres aussi bien que disciples tomberont en enfer." On lit dans le septième volume : "[J'ai établi dix critères pour comprendre et propager le Dharma.] Mais neuf de ces critères n'ont rien à voir avec la pratique des moines ordinaires de notre époque qui placent les écrits avant toute chose, ni avec celle des maîtres Zen qui donnent la priorité à la méditation. Certains maîtres Zen se consacrent entièrement à la méditation, qui est l'un des dix éléments de mon enseignement. Mais leur méditation est superficielle et fausse, et ils négligent totalement les neuf autres éléments. Je n'affirme pas cela sans preuves. Les hommes vertueux des époques à venir qui auront des yeux pour voir comprendront la vérité de mes propos."
L'héritage du Dharma ultime de la vie (février 1272, à Sairen-bo Nichiji)

Le principe d'ichinen sanzen ne se trouve que dans l'enseignement essentiel* du Sutra du Lotus, caché dans les profondeurs du chapitre Juryo* (XVI). Les bodhisattvas Nagarjuna et Vasubandhu en avaient connaissance mais ne le révélèrent pas. Seul le Grand-maître Zhiyi l'adopta et le conserva sans cesse à l'esprit.
[...] Comme le dit Zhiyi, "ils ignorent tout de la lune dans le ciel, et ne regardent que la lune dans l'étang."(réf.)
[...] Zhiyi* déclara : "Ce sera bien pire dans l'avenir* parce que le Sutra du Lotus est très difficile à enseigner. La nature humaine est difficile à réformer"(réf.)
[...] Zhiyi* note  : "Sad est un mot sanskrit que l'on traduit par myo, merveilleux, parfait."
[...] Mais des schismes se créèrent au sein de la doctrine orthodoxe, aboutissant à ce que l'on appela les trois écoles du Sud et les sept écoles du Nord, qui poussèrent ici et là comme des orchidées ou des chrysanthèmes. Sous les dynasties Chen et Shui, cependant, le Grand-maître* Zhiyi* triompha de ces diverses écoles pour rendre au bouddhisme son but originel, celui de sauver tous les êtres vivants.
[...] Lorsque plus tard Xuanzang et Cien, fondateurs de l'école Hosso en Chine, étudièrent en détail les oeuvres de Zhiyi*, ils découvrirent que les conceptions de leur propre école étaient erronées. Sans la rejeter ouvertement, il semble bien qu'ils se soient convertis aux enseignements de Zhiyi. Dès l'origine, les écoles Kegon et Shingon furent toutes deux des écoles provisoires basées sur des sutras provisoires. Mais Shubhakarasimha* et Vajrabodhi*, qui introduisirent les enseignements ésotériques en Chine, s'approprièrent le principe d'ichinen sanzen de Zhiyi*, pour en faire le coeur des enseignements de leur école, tout en y ajoutant la pratique de mudra et de mantra dharani* et prétendirent que leurs enseignements surpassaient ceux de Zhiyi. De sorte que ceux qui étudiaient le bouddhisme, ignorant les faits réels, en vinrent à croire que le principe d'ichinen sanzen se trouvait déjà dans le Sutra Vairocana* tel qu'il était parvenu d'Inde. De même, à l'époque de Cheng-guan, patriarche de l'école Kegon, le principe d'ichinen sanzen de Zhiyi fut subrepticement incorporé et utilisé pour interpréter le passage du Sutra Kegon* qui dit : "L'esprit est semblable à un peintre habile."
[...] Zhiyi* déclara  : "Dans le Sutra Konkomyo*, il est indiqué que "tous les bons enseignements qui existent en ce monde découlent de ce Sutra.
[...] Avoir une profonde connaissance de ce monde est en soi le bouddhisme."(réf.) On lit dans le Maka Shikan : "Moi, le Bouddha, j'ai envoyé Trois sages* pour instruire le peuple de Chine."
[...] Le Grand-maître Saicho établit aussi, clairement, que les fondateurs des diverses autres écoles bouddhiques en Chine, grâce à leur respect de la doctrine du Grand-maître Zhiyi, ne commirent pas l'erreur de s'opposer aux véritables enseignements du bouddhisme.
[...] Les maîtres des Trois écoles bouddhiques du Sud et des Sept écoles du Nord, en Chine, de même que les innombrables autres érudits de Chine, considéraient tous Zhiyi* avec ressentiment et animosité. Ainsi, Tokuichi dit : "Eh bien, Zhiyi*, de qui es-tu le disciple ? Avec une langue de moins de trois pouces, tu t'opposes aux enseignements prononcés par la longue et large langue du Bouddha."(réf.)
[...] A l'époque du Dharma formel, seul le Grand-maître Zhiyi* comprit et exposa le sens du Sutra du Lotus et des autres sutras. Cela lui valut d'être haï par les autres maîtres bouddhistes de Chine du Nord aussi bien que du Sud, mais les deux souverains sages*, assistèrent en personne à un débat au cours duquel il établit le bien-fondé de ses vues. Ainsi, à l'époque, il vainquit tous ses opposants.
[...] Ma capacité à comprendre le Sutra du Lotus est infime, comparée à celle de Zhiyi* et de Saicho*. Mais par ma persévérance face aux persécutions et par la profondeur de mon désir d'aider les autres, je crois que je les dépasse.
[...] "Encore et encore nous serons bannis", est-il écrit dans le Sutra. Mais si Nichiren n'avait pas été banni maintes et maintes fois pour la cause du Sutra du Lotus, qu'auraient pu signifier les mots "encore et encore"  ? Si Zhiyi* et Saicho* eux-mêmes n'ont pas concrétisé cette prédiction d'être bannis "encore et encore", comment les autres l'auraient-ils pu ?
[...] Ainsi, le bodhisattva Vasubandhu, se référant aux graines de l'Éveil plantées par le Sutra du Lotus, les appelle "les graines sans pareilles". (réf.) Et ces graines de l'Éveil sont le principe d'ichinen sanzen tel qu'il est défini par le Grand-maître* Zhiyi*. La graine de l'Éveil de tous les bouddhas mentionnés dans le Sutra Kegon*, dans les divers autres sutras du Mahayana, et dans le Sutra Vairocana*, est l'unique principe d'ichinen sanzen. Et le Grand-maître* Zhiyi* fut la seule personne capable de percevoir la vérité de ce principe.
[...] 2 Zhiyi* commente ainsi l'étonnement de l'Assemblée : "Lorsqu'ils virent d'aussi nombreuses émanations, il devint évident pour eux que le Bouddha Shakyamuni avait dû atteindre l'Éveil dans un passé illimité."
[...] 2 Zhiyi* dit à ce propos  : "Depuis l'époque où, juste après son Éveil, Shakyamuni enseigna le Sutra Kegon*, jusqu'au rassemblement au Pic du Vautour, des bodhisattvas étaient constamment venus des dix directions pour rejoindre l'Assemblée. Ils étaient en nombre illimité, mais Maitreya, avec la sagesse et le pouvoir propres à celui qui devait succéder au Bouddha, les avait vus et les connaissait tous. Pourtant, parmi cette multitude de nouveaux arrivants, il ne reconnaissait personne - et ceci en dépit du fait qu'il avait voyagé dans les dix directions, servi divers bouddhas, et qu'il était bien connu parmi la multitude."(réf.)
[...] 2 Le Grand-maître* Zhiyi* dit : "Ce qui est en accord avec les sutras doit être accepté et pris en considération. Mais ne prêtez aucune foi à ce qui s'en écarte dans la lettre ou dans l'esprit."(réf.)
[...] 2 Zhiyi* déclare  : "Dans la période du Dharma formel, les trois écoles du Sud et des sept écoles du Nord de la Chine sont les ennemies du Sutra du Lotus."(réf.)
[...] 2 On lit dans le premier volume du Maka Shikan : "Rien n'égale en clarté et en sérénité la méditation shikan."
[...] 2 On lit dans le septième volume du Maka Shikan  : "Par le passé, le maître Zen [Bodhidharma] de Ye et de Lo fut connu dans toute la Chine. Lorsqu'il arrivait en un lieu, de toutes parts, les gens se rassemblaient comme une nuée autour de lui, et lorsqu'il se déplaçait ailleurs, les foules le suivaient [le long des routes] comme un troupeau. Mais quel profit tirèrent-ils de tout ce tapage et ce tumulte  ? Tous éprouvèrent des regrets sur leur lit de mort." (note)
[...] 2 Zhiyi* dit : "Les maux et les douleurs dont je souffre à présent sont tous dus à des causes passées, et les actions méritoires que j'ai accomplies dans ma vie présente auront leur récompense à l'avenir."(réf.)
[...] 2 Zhiyi* écrit dans le Hokke Mongu*  : "Question : Il est clairement dit dans le Sutra du Nirvana qu'il faut soutenir le roi, lui obéir en portant arc et flèches pour l'aider à vaincre les personnes mauvaises."
[...] 2 Zhiyi* a déclaré que la pratique devait être "celle qui convient au temps".
[...] 2 De la même manière, Jizang de l'école Sanron, dans son Hokke Genron en dix volumes, plaça le Sutra du Lotus dans la quatrième des cinq périodes d'enseignement, déclarant qu'il ouvrait la voie de bodhisattva aux personnes des deux véhicules. Mais par la suite, il se convertit aux enseignements de Zhiyi*. Il cessa de donner des cours et renvoya ses disciples pour servir le Grand-maître* Zhiyi* pendant sept ans, en le portant [chaque fois que c'était nécessaire] sur son propre dos.
[...] 2 Et moi, Nichiren, suis plus apte à juger des mérites respectifs des sutras que Cheng-guan de l'école Kegon, Jizang de l'école Sanron, Cien de l'école Hosso, et Kukai* de l'école Shingon. Cela parce que je suis rigoureusement les traces des maîtres Zhiyi* et Saicho*.
[...] 2 A l'époque de Zhiyi* et de Saicho*, les trois sortes d'ennemis [dont il était question plus tôt] n'étaient pas encore apparus. [Mais il faut se rappeler que], lorsque le Bouddha Shakyamuni et le bouddha Taho s'assirent côte à côte dans la Tour aux Trésors, comme le soleil et la lune, et que les bouddhas, émanations de Shakyamuni, en provenance des dix directions, vinrent s'aligner sous les arbres comme autant d'étoiles, il fut dit que, après le millénaire du Dharma correct et le millénaire du Dharma formel, au début des Derniers jours du Dharma, le Sutra du Lotus susciterait trois sortes d'ennemis.
[...] 2 Les savants-maîtres* de notre époque trouvent probablement les doutes que vous formulez tout à fait justifiés. De sorte que, malgré tous mes efforts pour convaincre mes propres disciples, ils ne semblent pas avoir encore surmonté leurs doutes. Ils se comportent comme des icchantika. J'ai donc cité ces explications de Zhiyi*, Zhanlan* et d'autres afin de faire taire leurs critiques non fondées.
[...] 2 Et, [comme nous l'avons vu], Zhiyi* a déclaré qu'il fallait utiliser la méthode "qui convient au temps". Sinon, c'est comme repiquer du riz à la fin de l'automne.
[...] 2 Le Grand-maître* Zhiyi* [fut lui aussi attaqué par] les trois écoles du Sud et des sept écoles du Nord ; plus tard au Japon, Tokuichi, moine de l'école Hosso, lui reprocha "d'avoir utilisé sa langue de trois pouces pour détruire le corps de cinq shaku" du Bouddha. (réf.)
Traité pour ouvrir les yeux (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

Zhiyi* et Saicho* ont subi des persécutions et suscité haine et jalousie, rien que pour avoir propagé "Une pensée - trois mille" (ichinen sanzen) théorique de l'enseignement provisoire.
[...] L'enseignement que Nichiren propage maintenant peut paraître limité, mais il est en fait extrêmement profond. Il est plus profond encore que les doctrines de Zhiyi* et de Saicho*.
Les désirs mènent à l'Éveil (Sado, le 2 mai 1272 ; à Shijo Kingo)

Lorsque les gens confondent totalement les enseignements du Hinayana et du Mahayana, les enseignements provisoires et définitifs, les doctrines ésotériques et exotériques, aussi incapables de faire la différence entre eux que de distinguer les pierres précieuses des cailloux, ou le lait de vache du lait d'ânesse (note), il faut faire une nette distinction entre eux, à l'instar des Grands-maîtres Zhiyi* et Saicho*.
La Lettre de Sado (Sado, 20 mars 1272, à Toki Jonin)

Vous posez, dans votre lettre, la question : "Que représente la Tour aux Trésors, sortant de terre, dans laquelle est assis le bouddha Taho  ? " L'apparition de ce stupa orné de joyaux, est de grande importance. Dans le huitième volume du Hokke Mongu*, le Grand-maître* Zhiyi* expliqua l'apparition de la Tour aux Trésors. Il établit qu'elle avait deux fonctions distinctes : confirmer les chapitres précédents et préparer la révélation qui suit. Ainsi, la Tour aux Trésors apparut afin d'authentifier l'enseignement théorique* et d'annoncer l'enseignement essentiel*.
La Tour aux Trésors (Sado, mars 1272 à Abutsu-bo)

Kukai* écrivit aussi : "Les maîtres bouddhistes de Chine se sont querellés pour voler le ghee."(réf.) Il voulait dire par là que le Grand-maître* Zhiyi et d'autres avaient volé le ghee, le meilleur de l'enseignement Shingon, pour en faire le ghee, le meilleur du Sutra du Lotus. Voilà le point fondamental. Le Grand-maître* Zhiyi* utilisa cette comparaison du Sutra du Lotus au beurre clarifié (ghee) en s'appuyant sur un passage du Sutra du Nirvana, et il déclara que parmi tous les sutras, c'est le Sutra du Lotus qui mérite d'être comparé au ghee. L'enseignement Shingon fut introduit d'Inde en Chine deux cents ans ou plus après l'époque de Zhiyi*. Comment alors Zhiyi* aurait-il pu voler le ghee de l'enseignement Shingon pour en faire le ghee du Sutra du Lotus  ?
[...] Si l'on tient le Grand-maître* Zhiyi* pour un voleur, comment, dans ce cas, interpréter le passage du Sutra du Nirvana  ? Et si, tenant ce passage du Sutra du Nirvana pour véridique, nous pensons que les écrits de Kukai* sont mensongers, qu'arrivera-t-il aux personnes qui ont foi en ces enseignements erronés  ? Après avoir comparé les écrits du Grand-maître* Kukai* et les déclarations du Bouddha concernant le Dharma, j'exhorte simplement à croire en l'enseignement correct.
Sur la prière (Sado, 1272 à Sairen-bo)

Zhanlan* déclare  : "Quand, finalement, dans le Maka Shikan Zhiyi* révéla comment percevoir la véritable nature de la vie, il utilisa aussi l'expression "trois mille mondes" pour la faire comprendre. (réf.)
[...] Voilà pourquoi Guanding* déclare dans son introduction : "Le Maka Shikan révèle l'enseignement que Zhiyi* lui-même pratiqua dans les profondeurs de son être. Il avait de bonnes raisons pour parler ainsi. Je souhaite que ceux qui liront le Maka Shikan, en essayant de le comprendre, ne laisseront pas distraire leur esprit par d'autres influences."
[...] Le Grand Sage [Zhiyi*] propagea son enseignement pendant trente ans. Pendant les vingt-neuf premières années, il exposa les doctrines contenues dans le Hokke Gengi, le Hokke Mongu* et divers autres ouvrages. Il révéla les "cinq périodes et les huit enseignements" ainsi que les cent Mondes-états et les mille Modalités d'expression de la vie. Il réfuta les doctrines erronées des cinq siècles précédents et éclaircit encore des points laissés en partie inexpliqués par les grands penseurs de l'Inde. Guanding* déclare : "Même les Grands- maîtres de l'Inde ne lui étaient pas comparables ; quant aux maîtres de Chine, mieux vaut ne pas en parler. Ces louanges n'ont rien d'excessif - la doctrine qu'il enseigna fut réellement à ce point excellente."(réf.) Comme il est regrettable que les successeurs de Zhiyi* aient permis à ces voleurs que sont les fondateurs des écoles Kegon et Shingon de s'emparer du joyau sans prix d'ichinen sanzen pour ensuite, avec tant d'inconscience, épouser leurs doctrines! Guanding* le savait bien lorsqu'il déclarait avec inquiétude  : "Si ce principe devait se perdre, quelle tragédie pour l'avenir  ! "
[...] Question - Si les êtres non-sensitifs sont dotés des Dix modalités, faut-il en conclure que les plantes et les arbres ont un esprit et peuvent atteindre la bodhéité comme les êtres sensibles ? Réponse - C'est difficile à croire et à comprendre. Zhiyi* a donné deux raisons à cela : l'une est liée au type d'enseignement du Bouddha et l'autre à la nature de son Éveil.
[...] Les textes bouddhiques et non bouddhiques admettent l'utilisation d'images sculptées dans le bois, ou peintes, comme objets de vénération, mais Zhiyi* et ses disciples furent les premiers à clarifier le principe qui sous-tend cet usage. Si un morceau de bois ou de papier n'était pas doté à la fois d'une nature non-matérielle et d'une nature matérielle, ou s'il était privé de la "cause latente" [nyoze in] qui peut lui permettre de manifester une caractéristique spirituelle, il serait vain d'en faire un objet de vénération.
[...] De même, bien que divers sutras se réfèrent en maints endroits aux six voies et aux quatre nobles mondes, c'est seulement dans le clair miroir du Sutra du Lotus et dans le Maka Shikan de Zhiyi* que l'on peut découvrir les trois mille conditions dans sa propre vie - les dix mondes-états, leur inclusion mutuelle, les mille modalités.
[...] Le bodhisattva Ashvaghosha fut le onzième successeur du Bouddha, dont l'apparition avait été prédite dans les sutras. Le bodhisattva Vasubandhu fut l'un des plus grands bodhisattvas à avoir jamais vécu et l'auteur de mille traités. Comment, alors, pouvez-vous croire le Grand-maître* Zhiyi, ce simple moine vivant loin du lieu de naissance du bouddhisme, qui interpréta les sutras mais n'écrivit pas un seul traité  ?
[...] Aucun texte, des Grands-maîtres bouddhistes de la Chine du Nord et du Sud ou des moines des sept temples du Japon n'expose ce principe. Ce n'est qu'une déviation doctrinale propre à Zhiyi* que Saicho* fit l'erreur de transmettre. C'est pourquoi le maître officiel chinois Qing-liang affirmait : "La théorie de Zhiyi* est fausse." Le moine Huai-yun déclara : "En rangeant les doctrines hinayana dans les enseignements tripitaka (zogyo) [destinés aux auditeurs et les pratyakabuddha], Zhiyi* a confondu Hinayana et Mahayana." Ryoko (note)) le critiqua en disant : "Zhiyi* est le seul à ne pas avoir compris le véritable sens du Sutra Kegon*." Tokuichi lui fit reproche en disant : "Eh bien, Zhiyi*, de qui êtes-vous le disciple  ? Avec une langue de moins de trois pouces, vous dénigrez les enseignements donnés par l'immense langue du Bouddha  ! "
[...] Le Grand-maître* Guanding* dit de Zhiyi* : "Même les érudits de l'Inde ne lui étaient pas comparables. Quant aux maîtres de Chine, mieux vaut ne pas en parler. Ces louanges n'ont rien d'excessif - la doctrine qu'il enseigna fut réellement à ce point excellente."
[...] Plus de mille huit cents ans ont passé dans les trois pays depuis l'accession du Bouddha au parinirvana et seulement trois personnes ont perçu le Dharma correct. Ce sont le Bouddha Shakyamuni en Inde, le Grand-maître* Zhiyi* en Chine et le Grand-maître* Saicho* au Japon. Tous trois sont les sages du bouddhisme orthodoxe.
[...] Les traducteurs des versions nouvelles des sutras découvrirent le principe d'ichinen sanzen enseigné par Zhiyi* lorsqu'ils rentrèrent en Chine. En traduisant du sanskrit en chinois, certains incorporèrent le principe de Zhiyi* dans leurs traductions, et d'autres prétendirent que les originaux qu'ils avaient ramenés d'Inde le contenaient déjà. Certains érudits de l'école de Zhiyi* furent simplement heureux que d'autres écoles exposent les mêmes doctrines qu'eux, tandis que d'autres vantèrent le bouddhisme venu de loin [d'Inde] et dénigrèrent celui qui était proche d'eux [en Chine], ou bien encore rejetèrent leurs doctrines anciennes pour en adopter de nouvelles. Ces érudits succombèrent à leur nature démoniaque et à leur ignorance.
[...] Zhiyi* donna trois raisons pour lesquelles Shakyamuni arrêta ces bodhisattvas et trois autres pour lesquelles il fit appel aux bodhisattvas Surgis de Terre. Essentiellement, les bodhisattvas de l'enseignement théorique et les bodhisattvas venus des autres mondes n'étaient pas qualifiés pour hériter de Namu Myoho Renge Kyo, le cœur du chapitre Juryo* (XVI). A l'aube des Derniers jours du Dharma, les personnes mauvaises qui calomnieraient le Dharma rempliraient la terre ; le Bouddha rejeta donc l'offre solennelle, préférant faire appel aux bodhisattvas Surgis de Terre. Il leur confia Namu Myoho Renge Kyo pour le salut de l'humanité toute entière. Les bodhisattvas de l'enseignement provisoire n'étaient pas non plus aptes parce qu'ils n'étaient pas les disciples primordiaux du Bouddha. Le Grand-maître* Zhiyi* déclare dans son Hokke Mongu* : "Le Bouddha a dit aux bodhisattvas Surgis de Terre : "Vous êtes mes véritables disciples, destinés à propager le Dharma auquel je me suis éveillé." Zhanlan* déclare, dans le Hokke Mongu Ki*  : "Quand les fils propagent les enseignements de leur père, ils peuvent sauver tous les êtres."
[...] A la fin du second millénaire, le bodhisattva Kannon renaquit sous la forme de Huisi et le bodhisattva Yakuo se manifesta sous celle de Zhiyi*. Ils mirent en lumière l'enseignement théorique* et laissèrent dans l'ombre l'enseignement essentiel*. Zhiyi* révéla pleinement le principe des cent états et des mille modalités d'expression de la vie et celui des trois mille domaines d'existence.
[...] doublon Le Grand-maître* Zhiyi* dit  : "Parce que les deux enseignements, théorique* et essentiel*, contredisent totalement les sutras précédents, il est extrêmement difficile d'y croire et de les comprendre."(réf.)
[...] Le Grand-maître* Zhiyi* commente : "En leur coeur, Vasubandhu et Nagarjuna perçurent clairement la vérité mais ne l'enseignèrent pas ; au lieu de cela, ils exposèrent les enseignements du Mahayana provisoire*, qui convenaient à leur époque. Mais les maîtres bouddhistes qui leur succédèrent n'eurent qu'une compréhension faussée des choses, s'attachant obstinément à leurs points de vue personnels. Ils finirent par lutter entre eux, chacun défendant une petite parcelle des enseignements et s'éloignant ainsi totalement de la Véritable voie du Bouddha."(réf.)
[...] Car, dans le même chapitre, on trouve ce passage : "Les bouddhas apparaissent en ce monde pour ouvrir à tous les êtres la porte de la sagesse de bouddha." Zhiyi* commente ce passage de la manière suivante : "Si les gens ne possédaient pas en germe la sagesse de bouddha, comment le Bouddha pourrait-il dire qu'il veut la développer  ? Il faut comprendre que la sagesse de bouddha est latente en tous les êtres humains."(réf.)
[...] C'est pourquoi Zhiyi* affirme : "Parce que les enseignements théorique* et essentiel* du Sutra du Lotus contredisent tous les sutras antérieurs, il est extrêmement difficile d'y croire et de les comprendre - non moins difficile que de faire face à un ennemi bien armé."
[...] Le Grand-maître* Zhiyi* fait remarquer : "Sad est un mot sanskrit que l'on traduit par Myo."(réf.)
[...] Le Grand-maître* Zhiyi* déclare dans son Hokke Mongu* : "Le Bouddha a dit aux bodhisattvas Surgis de Terre : "Vous êtes mes véritables disciples, destinés à propager le Dharma auquel je me suis éveillé."
[...] Zhiyi dit : "La Grande assemblée fut témoin du fait que seuls les bodhisattvas Surgis de Terre firent ce serment"(réf.).
[...] Zhiyi* dit : "C'est par ce paragraphe que débute la troisième partie du chapitre où le Bouddha transmet l'essence de ses enseignements aux bodhisattvas Surgis de Terre."(réf.)
[...] [Zhiyi* dit que] les cinq premières démonstrations de ces dix grands pouvoirs supranaturels étaient destinées à ceux qui vivaient à la même époque que Shakyamuni, et les cinq dernières aux générations après sa mort.
[...] [Zhiyi* prédit  : "Dans la cinquième période de cinq cents ans, la Voie mystique se répandra et bénéficiera à l'humanité pendant longtemps dans l'avenir."(réf.)
[...] Zhiyi* déclare : "En voyant la pluie faire rage, on devine la taille du dragon qui l'a provoquée, et en voyant des fleurs de lotus épanouies, on devine la profondeur de l'étang sur lequel elles ont poussé."(réf.)
Le véritable objet de vénération (Sado, avril 1273 à Toki Jonin)

Le bienfait du Sutra du Lotus ne peut être compris et partagé que par les bouddhas. C'est une sorte d'Éveil que même la sagesse des émanations du Bouddha Shakyamuni dans l'univers entier a grand peine à concevoir. C'est pourquoi, comme vous le savez, le Grand-maître* Zhiyi* a défini le mot Myo [de Namu Myoho Renge Kyo] comme ce qui est mystérieux. Le Sutra prône une grande diversité de pratiques, mais seuls Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* ont su en comprendre le sens profond. Le Grand-maître Saicho*, en particulier, fut la réincarnation de Zhiyi*.
[...] L'enseignement du chapitre Juryo* (XVI) revêt pour moi, Nichiren, une signification particulière. Zhiyi* et Saicho* le comprirent presque entièrement mais ne le révélèrent pas explicitement, et c'est également vrai de Nagarjuna et Vasubandhu. Le Jigage indique : "N'ayant à l'esprit qu'un seul désir, celui de voir le Bouddha, il ne donne pas sa vie à contre coeur." Moi, Nichiren, j'ai fait surgir la bodhéité du plus profond de ma vie en vivant selon cette phrase. C'est ainsi que j'ai révélé les Trois grands Dharmas cachés, en concrétisant le principe d'ichinen sanzen contenu dans le chapitre Juryo* (XVI). C'est une vérité précieuse que nous devons garder !Le Grand-maître* du Mont Hiei [Saicho*], se rendit en Chine pour y apprendre le sens profond de cette phrase du Sutra. "Seul" dans "n'ayant à l'esprit qu'un seul désir" désigne l'unique voie pure* et "l'esprit" indique tous les phénomènes. Le Grand-maître* Zhiyi* expliqua le caractère chinois "coeur" [ou "esprit"] en disant qu'il consiste en quatre traits de pinceau représentant la lune et trois étoiles et qu'il implique que le coeur des hommes ordinaires est fondamentalement pur. Mon interprétation de ce passage est que "Seul" correspond à Myo, "l'esprit", à Ho, "désir" à Ren, "Voir" à Ge et "Bouddha" à Kyo. Pour propager ces cinq caractères de Myoho Renge Kyo, il faut être prêt à donner sa vie. "N'ayant à l'esprit qu'un seul désir, celui de voir le Bouddha" implique aussi voir le Bouddha dans son propre coeur, penser uniquement à voir le Bouddha, et réaliser que voir son propre coeur équivaut à voir le Bouddha. J'ai atteint la bodhéité, les Trois Corps en vivant cette phrase. En enseignant cela, je dépasse sans doute Zhiyi* et Saicho*, Nagarjuna et Mahakashyapa.
Lettre à Gijo-bo (Sado, mai 1273, à Gijo-bo)

Nichiren est le seul à avoir jamais enseigné une telle doctrine. Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* la connaissaient dans leur coeur mais ils ne la proclamèrent pas à voix haute. Il y avait des raisons à leur silence : le Bouddha ne leur avait pas confié cette mission, le temps n'était pas encore venu et ils n'avaient pas été les disciples du Bouddha dans le passé illimité.
[...] Zhiyi* définit ainsi l'Ainsi-Venu  : "Tatagatha est le titre que l'on donne aux bouddhas des dix directions et des trois phases de la vie, aux deux bouddhas (note), aux trois bouddhas (note) et à tous les bouddhas, fondamental et transitoires."(réf.)
[...] Zhiyi* déclare : " Le principe profond de “l'aspect réel” est le Dharma originel Myoho Renge Kyo."
La véritable réalité de la vie (Sado - Ichinosawa, mai 1273 à Sairen-bo)

Shakyamuni rencontra les Neuf grandes épreuves parce qu'il enseigna le Sutra du Lotus. Dans un lointain passé, le bodhisattva Fukyo fut attaqué à coups de bâton et de pierres. Zhu Daosheng fut exilé dans une montagne du Su-thou, le moine Fadao eut le visage marqué au fer rouge, et Aryasinha fut décapité. Le Grand-maître* Zhiyi* fut en butte à l'hostilité des trois écoles du Sud et des sept écoles du Nord. Quant au Grand-maître Saicho*, il fut dénigré par les six écoles de l'ancienne capitale Nara. Le Bouddha, ces bodhisattvas et grands sains étaient tous des adeptes du Sutra du Lotus, et malgré cela, ils subirent de grandes persécutions.
[...] C'est à juste titre que Zhiyi* déclara : "La propagation du Sutra du Lotus est shakubuku, la réfutation des enseignements provisoires."(réf.)
[...] Le véritable Maître, le Bouddha Shakyamuni, pratiqua shakubuku pendant les huit dernières années de sa vie, le Grand-maître* Zhiyi* pendant plus de trente ans, et le Grand-maître* Saicho* pendant plus de vingt ans. Nichiren réfute les enseignements provisoires depuis plus de vingt ans, et les grandes persécutions qu'il a subies pendant cette période sont innombrables. Je ne sais pas si elles sont égales aux neuf grandes persécutions subies par le Bouddha, mais il est certain que ni Zhiyi* ni Saicho* ne rencontrèrent jamais des persécutions aussi graves que celles subies par Nichiren pour la cause du Sutra du Lotus. Ils ne suscitèrent que jalousie et calomnies, alors que j'ai été à deux reprises exilé par le Régent, cette fois dans une province lointaine.
[...] Mes disciples ont également été exilés et jetés en prison, tandis que les croyants laïcs qui me suivent ont été expulsés et leurs biens confisqués. Comment les persécutions endurées par Nagarjuna, Zhiyi* ou Saicho* pourraient-elles être comparables  ? Comprenez donc que la personne qui pratique le Sutra du Lotus, exactement comme le Bouddha l'enseigne, sera immanquablement attaquée par les trois grands ennemis. Shakyamuni lui-même, Zhiyi* et Saicho* furent les trois seuls à pratiquer en parfait accord avec l'enseignement du Bouddha, en plus de deux mille ans. Maintenant, à l'époque des Derniers jours du Dharma, les seuls pratiquants de cette sorte sont Nichiren et ses disciples. Si nous ne pouvons être considérés comme des pratiquants fidèles aux enseignements du Bouddha, alors Shakyamuni, Zhiyi* et Saicho* ne peuvent pas l'être non plus. Pourrait-on appeler pratiquants du Sutra du Lotus Devadatta, Kokalika, Sunakshatra, Kukai*, Ennin*, Enchin, Shandao, Honen, Ryokan et leurs semblables  ? Le Bouddha Shakyamuni, Zhiyi*, Saicho, ou Nichiren et ses disciples pourraient-ils être des adeptes des écoles Nembutsu, Shingon, Zen, Ritsu ou autres  ?
La Pratique telle que le Bouddha l'Enseigne (mai 1273 à plusieurs de ses disciples)

Zhu Daosheng fut banni sur les montagnes de Su-thou, le moine Fa-zu fut assassiné, le Maître du tripitaka, Fadao, eut le visage marqué au fer rouge et le Maître du Dharma Hui-yuan fut réprimandé et inculpé. Le Grand-maître* Zhiyi* dut affronter en débat les dix maîtres de la Chine du Sud et du Nord, et le Grand-maître* Saicho* réfuta les conceptions erronées des six écoles de Nara.
[...] Quelque cinq cents ans après le début de l'époque du Dharma formel, le Grand-maître* Zhiyi* apparut en Chine et réfuta les principes erronés des écoles du Nord et du Sud afin d'établir l'enseignement correct. Sur le plan de l'étude doctrinale, il élabora le principe des cinq périodes, et sur le plan des pratiques de méditation-samadhi, il forgea le concept d'ichinen sanzen. La Chine tout entière fit son éloge, en l'appelant Petit Shakyamuni. Pourtant, parmi les trois sortes de discipline, il enseigna la méditation (note) et la sagesse-prajna parfaites, mais pas les préceptes de l'enseignement parfait*.
[...] Ensuite, mille huit cents ans après la mort du Bouddha, le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon et réfuta les doctrines erronées des six écoles bouddhiques répandues pendant deux cents ans ou plus, depuis l'époque de l'empereur Kimmei. De plus, il énonça les préceptes menant à l'Éveil immédiat et parfait [que Zhiyi* n'avait pas révélés]. Ce furent les préceptes d'ordination selon l'enseignement parfait* conférés au kaidan du Mont Hiei.
[...] [A propos de l'avenir], le Bouddha déclara  : "Au cours de la dernière des cinq périodes de cinq cents ans, après mon parinirvana, propagez largement ce Sutra [du lotus] et ne laissez jamais son flot tarir."(réf.) Et le Grand-maître* Zhiyi* fit cette prédiction  : "Dans la cinquième période de cinq cents ans, le Dharma Merveilleux se répandra et apportera des bienfaits à l'humanité pour longtemps dans l'avenir."(réf.)
[...] Un brahmane d'Inde dit un jour  : "Cent ans après ma mort, le Bouddha apparaîtra en ce monde." Et un lettré confucéen fit cette prédiction  : "D'ici mille ans, le bouddhisme sera introduit en Chine."(note) Même de telles prédictions, émanant de personnes ordinaires, coïncident avec la vérité comme les deux moitiés d'un même sceau. Comment, dans ce cas, les affirmations de Saicho* et de Zhiyi* [considérés comme les bouddhas de l'époque du Dharma formel], ou les claires prédictions sorties de la bouche d'or des bouddhas Shakyamuni et Taho pourraient-elles être fausses ?
[...] Autrement dit, sans briser les entraves karmiques qui ont été les nôtres, il nous est toujours possible d'atteindre la bodhéité. C'est pourquoi Zhiyi* écrivit  : "Les autres sutras ne promettent la bodhéité qu'aux personnes bonnes mais pas aux personnes mauvaises... Seul le Sutra du Lotus prédit que tous parviendront à la bodhéité."(réf.) Et Zhanlan* indique  : "Seul l'enseignement parfait* permet de changer le lien d'opposition en lien d'adhésion. Les trois autres formes d'enseignement considèrent ces deux sortes de causalité [lien d'opposition et lien d'adhésion] comme strictement séparées."(réf.)
Réponse au seigneur Hakiri Saburo (Sado, 3 août 1273 à Hakiri Sanenaga)

Le bodhisattva Yakuo apparut sous la forme du Grand-maître* Zhiyi*, le bodhisattva Kanzeon prit celle du Grand-maître* Huisi, et le bodhisattva Maitreya prit l'apparence de Fudaichi. De plus, les disciples Mahakashyapa et Ananda propagèrent les enseignements du Bouddha après sa disparition, le premier pendant vingt ans et le second pendant quarante ans. Pourtant, durant tout ce temps, les héritiers légitimes du Bouddha, ceux à qui il confia les enseignements de Myoho Renge Kyo, n'apparurent toujours pas.
[...] Le Bouddha Shakyamuni a précisément désigné la cinquième période de cinq cents ans après sa disparition, et non les deux mille ans des époques du Dharma correct et du Dharma formel, comme l'époque où se propagerait le Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Zhiyi* a déclaré  : "Dans la cinquième période de cinq cents ans, le Dharma Merveilleux se répandra et apportera des bienfaits à l'humanité pour longtemps à l'avenir", (réf.) indiquant ainsi que la propagation ne se ferait qu'à une époque ultérieure.
[...] Ainsi les six présages décrits dans le chapitre Jo* (I) du Sutra du Lotus sont des présages plus importants que tous ceux qui étaient jusqu'alors apparus du vivant du Bouddha Shakyamuni. Et les grands présages décrits dans le chapitre Yujutsu* (XV) sont encore beaucoup plus considérables. C'est pourquoi Zhiyi* déclara : "L'intensité de la pluie permet d'imaginer la taille du dragon [qui l'a fait tomber] et la vue de la fleur de lotus permet de deviner la profondeur de l'étang [sur lequel elle pousse."(réf.) Quant à Zhanlan*, il écrivit  : "Les sages savent lire les présages et comprendre ce qu'ils annoncent, comme les serpents savent reconnaître la trace des serpents."(réf.)
Réfuter l'opposition au Dharma bouddhique pour se libérer de ses fautes passées (Sado, 1273 à Shijo Kingo)

Le Grand-maître* Zhanlan* commente cela de la manière suivante  : "La véritable ainsité se révèle immanquablement dans tous les phénomènes, et tous les phénomènes possèdent immanquablement les dix modalités d'expression de la vie. Les dix modalités (nyoze) sont immanquablement en jeu dans les dix mondes-états et les dix mondes-états comprennent, immanquablement, à la fois le sujet et son environnement." Zhiyi fait ce commentaire  : "Tous les phénomènes comportant les dix modalités, les dix mondes-états et les trois mille mondes sont les ainsités du Sutra du Lotus."(réf.) Le Grand-maître* Huisi déclare  : "Question. Qu'appelle-t-on Miao Fa Lian Hua Jing (Myo Ho Renge Kyo) ? Réponse. Miao (Myo) indique que tous les êtres vivants sont myo ou merveilleux. Fa (Ho) indique que tous les êtres vivants sont ho, dharmas."(réf.) Et Zhiyi* dit encore  : "Le Dharma qui régit tous les êtres vivants est myo [mystique ou merveilleuse]."(réf.)
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*, dans son Maka Shikan, déclare : "L'ignorance et l'illusion ne sont pas, par essence, différentes de l'Éveil. Mais en raison de l'obscurité, c'est l'ignorance qui se manifeste plutôt que l'Éveil." Le Grand-maître* Zhanlan* commente cela de la manière suivante : "l'Éveil ne constitue pas une entité séparée, elle fait intégralement partie de l'obscurité fondamentale ; et l'obscurité fondamentale n'est pas une entité distincte, elle fait entièrement partie de l'Éveil."
[...] Question. Le Grand-maître* Zhiyi* a expliqué que le terme Myoho Renge est utilisé selon deux sens différents, l'un désignant l'essence de Myoho Renge et l'autre n'étant qu'une image. En quoi consistent ces deux sortes de renge, ou lotus  ? Réponse. Le sens de renge, le lotus, utilisé comme image, est parfaitement expliqué en trois points [dans les commentaires de Zhiyi*] par les trois métaphores du bourgeon du lotus qui contient la graine ; de la fleur de lotus qui, en s'épanouissant, révèle la graine contenue en elle ; et de la fleur de lotus qui tombe pour donner un fruit. Il suffit donc de s'y reporter. Par rapport au lotus correspondant à l'essence de Myoho Renge, on trouve dans le 7e volume du Hokke Gengi l'explication suivante : "renge" n'est pas un symbole ; c'est le nom réel de l'ainsité. Par exemple, au début du kalpa de continuité, rien dans le monde ne possédait encore de nom. Le sage observa les principes qui gouvernaient toutes choses et attribua à chacune le nom qui convenait." Dans le même texte, on lit aussi : "Maintenant, le mot renge n'est pas utilisé dans un quelconque sens symbolique. Il désigne l'enseignement exposé dans le Sutra du Lotus. Cet enseignement est pur et sans souillures, et il élucide la complexité des relations de cause et d'effet. C'est pourquoi on l'appelle renge ou lotus. Ce n'est pas une métaphore, une image, mais le nom désignant la véritable ainsité révélée par la méditation du Sutra du Lotus."
[...] Ce passage de commentaires dans le Hokke Gengi du Grand-maître* Zhiyi* signifie que le principe suprême [qu'est le Dharma Merveilleux] n'avait pas de nom à l'origine. Quand le sage, observant les principes et assignant un nom à toute chose, s'éveilla à ce Dharma Merveilleux unique possédant simultanément la cause et l'effet [renge], il l'appela Myoho Renge. Ce Dharma unique qu'est Myoho Renge régit tous les phénomènes dans les dix mondes-états et les trois mille conditions de vie, sans en omettre aucun. Quiconque pratique ce Dharma crée une cause dont il obtient simultanément l'effet, la bodhéité.
[...] La plante qu'est le lotus a ceci de semblable au principe de Myoho Renge qu'elle contient simultanément la cause [le bourgeon] et l'effet [la graine]. Par conséquent la plante en est venue à porter le même nom que le principe. Le lotus qui pousse dans l'eau est une plante à deux variétés, l'une rose et l'autre blanche. Au sens figuré, on utilise le lotus comme une métaphore. Elle nous aide à clarifier le difficile concept de Myoho Renge. C'est le sens du commentaire du Grand-maître* Zhiyi* quand il dit que grâce à cette image, le Dharma Merveilleux, difficile à saisir, devient plus facile à comprendre.
[...] Question. Comment savons-nous que, dans ce passage, le lotus désigne l'essence du Dharma  ? Réponse. Parce que Zhiyi* et Zhanlan* le citent pour expliquer l'essence du Sutra du Lotus. Et dans son commentaire, le Grand-maître Saicho* écrit lui aussi  : "Question  : Quelle est l'essence du Sutra du Lotus  ? Réponse. C'est "le véritable aspect tous les phénomènes."(réf.) Ce commentaire élucide la question. (Les maîtres de l'époque ont conservé ce commentaire secret et n'ont pas révélé le nom de l'essence, mais ce passage fait clairement allusion à Myoho Renge.)
[...] On lit dans le Sutra : "...tout ce qui caractérise le monde est éternel."(réf.)  Ces passages sont les preuves littérales avancées par les lettrés de notre temps. Mais pour ma part, je trouve plus probant le passage du chapitre Hoben* (II) sur le véritable aspect de tous les phénomènes, et le passage en quatre strophes du chapitre Jinriki* (XXI) mentionnant "tous les principes maîtrisés par l'Ainsi-venu."(réf.) Ce dernier passage est également cité dans le commentaire du Grand-maître* Zhiyi* formulant cinq principes majeurs pour comprendre le Sutra du Lotus. Par conséquent, ce passage précis [du chapitre Jinriki* (XXI)] me semble la preuve irréfutable que c'est bien l'essence du Dharma Merveilleux qui est désignée.
[...] Question. Mais qu' est-ce qui permet d'affirmer que Myoho Renge Kyo, inclus dans le titre de chaque chapitre, désigne le lotus en tant qu'essence réelle du Dharma Merveilleux  ? Puisque le Grand-maître* Zhiyi*, en commentant le titre du Sutra du Lotus, l'interprète comme une image, ne devrions-nous pas plutôt penser que le lotus est utilisé comme métaphore  ? Réponse. Le renge, lotus, dans le titre du Sutra est expliqué à la fois comme essence réelle et comme métaphore. Vous parlez de l'interprétation, donnée par Zhiyi*, du lotus comme d'une métaphore. C'est l'explication que l'on trouve dans le premier volume du Hokke Gengi où il commente les six métaphores des enseignements essentiel* et théorique*. Mais dans le septième volume du même ouvrage, il interprète le lotus comme l'essence réelle du Dharma Merveilleux. Ainsi, la doctrine de Zhiyi* est sans faille car on y trouve les deux interprétations, l'explication du lotus dans le titre du Sutra à la fois comme essence réelle et comme métaphore.
[...] Quand le Grand-maître* Huisi commenta les cinq caractères Myo Ho Ren Ge Kyo, il dit : "Myo [merveilleux ou mystique] désigne une propriété de tous les êtres vivants. Ho indique que tous les êtres vivants sont ho ou l'essence réelle du Dharma. Renge est une plante, le lotus, employée ici par le Bouddha au sens figuré." Ne dirait-on pas que Zhiyi* aussi bien que Huisi ont considéré le lotus comme une image ? Réponse. L'interprétation de Huisi est la même que celle de Zhiyi*. Les sutras n'établissent pas de façon tout à fait claire que les deux interprétations sont possibles, autrement dit que l'on peut considérer le lotus à la fois comme une essence réelle et comme une image. Mais Huisi et Zhiyi* ont pu distinguer ces deux aspects en s'appuyant sur les traités de Vasubandhu et de Nagarjuna.
[...] Zhiyi* commente ce passage du Hokke Ron de la manière suivante  : "Pour expliquer le sens de ce traité, on pourrait dire que l'Ainsi-venu, afin de permettre aux simples mortels de saisir l'aspect pur et merveilleux du Corps du Dharma*, leur montre le lotus qui fleurit, illustrant ainsi le principe mystique de la véritable cause. Et quand l'Ainsi-venu se mêle à la multitude des auditeurs-shravakas et s'assied sur un lotus, il leur révèle le lotus résultant du principe mystique du véritable effet."(réf.) De nouveau, lorsque Zhiyi* veut donner une explication détaillée de cette double interprétation du lotus, à la fois comme essence réelle et comme métaphore, outre le passage du Hokke Ron mentionné plus haut, il cite le Sutra Daijuku, dans lequel on lit : "Je m'incline maintenant avec respect devant le lotus du Bouddha." Il écrit : "D'après le Sutra Daijuku, le lotus représente à la fois la cause et l'effet de la pratique religieuse. Quand les bodhisattvas vont s'asseoir sur le lotus, c'est le lotus de la cause. Mais le lotus du Bouddha, devant lequel on s'incline avec respect, est le lotus de l'effet. Ou, comme il est dit dans le Hokke Ron, c'est le lotus résultant du principe mystique du véritable effet. Autrement dit, les bodhisattvas, grâce à leur pratique du Dharma du lotus, obtiennent comme résultat le lotus du domaine de l'environnement.
[...] Et ailleurs, il [Zhiyi*] dit  : "Si ce n'était par le lotus, comment pourrait-on illustrer les divers enseignements décrits plus haut  ? On emploie l'expression Myoho Renge parce qu'elle désigne à la fois le Dharma et l'image."(réf.)
[...] Zhiyi* dit : "Même les successeurs du Bouddha des enseignements provisoires ne connaissent personne ayant reçu directement l'enseignement de ce Bouddha  ; et ceux qui ont reçu son enseignement ne connaissent personne ayant reçu directement l'enseignement du Bouddha qui a révélé sa véritable identité."(réf.) Le Grand-maître* Saicho* explique  : "C'est une voie directe mais ce n'est pas la Grande Voie directe."(réf.) Il dit encore  : "Parce qu'ils ignorent encore la Grande Voie directe qui conduit à l'Éveil."(réf.)
[...] Un passage (note) du chapitre Yujutsu* (XV) mentionne une période de cinquante kalpa mineurs qui, en raison des pouvoirs supranaturels du Bouddha, ne parut pas plus longue qu'une demi-journée aux membres de l'Assemblée ; à ce propos le Grand-maître* Zhiyi* fait le commentaire suivant : "Ce laps de temps en apparence très court, les éveillés le perçurent comme la longue période de cinquante kalpa mineurs ; mais à ceux qui étaient encore dans l'illusion, cette longue période parut aussi courte qu'une demi journée."(réf.)
[...] Dans son commentaire, Zhiyi* introduit les termes "personnes éveillées" et "personnes dans l'illusion". Selon lui, les membres de l'Assemblée ayant reçu l'enseignement du Bouddha sous une forme transitoire étaient dans l'illusion, et croyaient donc que le temps écoulé n'excédait pas une demi-journée, alors que c'était une impression fausse. Tandis que les bodhisattvas Surgis de Terre, étant, pour leur part, des "éveillés", considéraient ce laps de temps comme une durée de cinquante kalpa mineurs, ce qui était une juste compréhension des faits.
[...] [L'école de] Zhiyi* commente cela en disant  : "Ce Sutra du Lotus fait pousser les graines de la bodhéité que possèdent tous les êtres dans les six voies. Mais en s'opposant au Sutra, on détruit les graines de la bodhéité."(réf.) Moi, Nichiren, je voudrais dire ceci  : dans le Sutra du Lotus se trouvent les graines de la bodhéité pour les êtres dans chacun des dix mondes-états. Mais s'opposer à ce Sutra équivaut à brûler les graines de la bodhéité contenues dans chacun des dix mondes-états. Ceux qui le font tomberont inévitablement dans l'enfer avici. Et comment pourront-ils en sortir de nouveau  ?
[...] Question. Les Grands-maîtres Huisi, Zhiyi* et Saicho* ont utilisé le Sutra du Lotus pour répandre largement le Corps du Dharma*, le Corps de Sagesse* et le Corps de Manifestation* du Véhicule unique, mais pourquoi n'ont-ils pas récité Namu Myoho Renge Kyo  ? Est-ce parce qu'ils ignoraient le lotus de l'essence réelle ou parce qu'ils ne s'y sont jamais éveillés  ? Réponse. Le Grand-maître* Huisi fut, dit-on, une incarnation du bodhisattva Kannon, et le Grand-maître* Zhiyi*, une incarnation du bodhisattva Yakuo. S'il en est ainsi, ils étaient présents au Pic du Vautour lorsque le Bouddha exposa le chapitre Juryo* (XVI) de l'enseignement essentiel*, et ils s'éveillèrent donc alors au lotus de l'essence réelle. Mais lorsqu'ils réapparurent en ce monde [respectivement sous la forme de Huisi et de Zhiyi*], ils savaient que le temps propice n'était pas encore venu de répandre le Dharma Merveilleux. Par conséquent, aux termes "Dharma Merveilleux" [Myoho], ils substituèrent les termes "concentration et intuition" [shikan], et s'engagèrent plutôt dans la pratique d'ichinen sanzen par la Triple contemplation de l'unité. Mais ces Grands-maîtres récitèrent Namu Myoho Renge Kyo en privé, et ils étaient intérieurement convaincus que ces mots exprimaient la vérité.
[...] Les cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo sont le Grand Dharma pur qui doit se répandre largement à l'époque des Derniers jours du Dharma. Il fut transmis aux grands bodhisattvas Surgis de Terre aussi nombreux que les particules de mille mondes réduits en poussière, afin qu'ils le répandent largement. C'est pourquoi Huisi, Zhiyi et Saicho*, bien que connaissant parfaitement la vérité au fond de leur coeur, ont laissé la tâche de la propagation au guide et au maître de l'époque des Derniers jours du Dharma, en s'abstenant de l'accomplir eux-mêmes.
L'ainsité du Dharma Merveilleux (Sado, 1273 ? à Sairen-bo)

Zhiyi fait ce commentaire  : "Tous les phénomènes comportant les dix modalités, les dix mondes-états et les trois mille mondes sont les ainsités du Sutra du Lotus."(réf.)
[...] Dans leur cœur, ils avaient compris le sens du Sutra du Lotus, mais ils ne l'exposèrent pas précisément. Une transmission orale existe à ce sujet. Zhiyi* et Saicho* enseignèrent bien le Sutra du Lotus mais ils ne révélèrent pas l'objet de vénération [gohonzon] de l'enseignement essentiel*, les quatre bodhisattva, le Grand sanctuaire et les sept caractères Na Mu Myo Ho Ren Ge Kyo.
[...] Le moine Tokuichi, dont on vantait la grande vertu, s'adressa au Grand-maître* Zhiyi* en ces termes insultants : "Eh bien, Zhiyi*, de qui es-tu donc le disciple  ? Avec une langue de moins de trois pouces, tu dénigres les enseignements prononcés par la longue et large langue du Bouddha  ! " Tokuichi dit encore : « Il [Zhiyi*] doit être assurément un pervers et un fou."
[...] Le Grand-maître* Zhiyi* eut confiance en Shakyamuni, suivit fidèlement son enseignement, défendit les principes de l'école Hokke et les propagea à travers toute la Chine. Nous autres, qui avons hérité de la doctrine de Zhiyi*, représentons l'école Hokke du Mont Hiei et travaillons à répandre ses enseignements partout au Japon." Du vivant du Bouddha, ainsi que pendant les deux mille ans des époques du Dharma correct et du Dharma formel [qui suivirent sa disparition], il n'y eut que trois pratiquants du Sutra du Lotus. Le Bouddha Shakyamuni lui-même, Zhiyi* et Saicho*.
[...] Si l'on s'en tient à la prédiction du Sutra ["haines et jalousies seront pires encore après son trépas"], Zhiyi* et Saicho* n'ont pas accompli la prophétie du Bouddha. Cela veut dire que le Pratiquant du Sutra du Lotus doit apparaître au début de l'époque des Derniers jours du Dharma, en parfait accord avec la prédiction du Bouddha.
[...] Toutes ces épreuves ont été pour moi plus graves que celles du Bouddha de son vivant. Ce sont des difficultés telles que Zhiyi* et Saicho* n'en ont jamais rencontrées.
Le pratiquant du Sutra du Lotus rencontrera des persécutions (Sado, 14 janvier 1274 à Toki Jonin, Shijo Kingo, Kawanobe et Yamato Ajari)

Question. — Quelles sont les lois ésotériques qu'au cours de plus de deux mille ans qui se sont écoulés depuis la mort de l'Ainsi-Venu, Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi, Saicho, ont laissées de côté ? Réponse. — L'objet fondamental de la vénération (gohonzon), l'estrade d'ordination (kaidan) (note) et les cinq caractères du titre (daimoku), qui relèvent de la doctrine de l'état originel (honnu).
[...] Zhiyi dit : «Dès l'origine c'est en suivant ce Bouddha que nous avons fait naître en nous l'esprit d'Éveil. C'est en suivant ce Bouddha que nous atteindrons la terre d'où l'on ne rétrograde pas. De même que tous les fleuves doivent aller emplir la mer, les liens bouddhiques nous conduisent vers une vie d'assistance (note) » (réf.)
[...] Selon Zhiyi faisant allusion (note) aux temps actuels : « La dernière période de cinq cents ans recevra pleinement les bienfaits de la Voie merveilleuse».
[...] Zhiyi a dit : «L'araignée tend-elle sa toile, une chose, heureuse va arriver. Le corbeau croasse-t-il, un visiteur va venir. Il en est ainsi pour les petites choses, à plus forte raison pour les grandes.
Traité sur l'essentiel du Lotus (Minobu, le 29 juin 1274, à Toki Jonin)

Quand Zhiyi* parlait de "Tirer de l'indigo un bleu encore plus profond"(réf.), il voulait dire que ce qui est teint avec de l'indigo devient plus bleu que l'indigo lui-même. Pour nous, le Sutra du Lotus est l'indigo et l'intensité croissante de notre pratique est d'"un bleu encore plus profond."
Enfer et bodhéité (Minobu, le 11 juillet 1274 à la mère de Nanjo Tokimitsu)

C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* dit, à propos du passage [du chapitre Yakuo* (XXIII)] du Sutra, dans le Hokke Mongu* : "Ce ne sont pas seulement ceux qui vivent à l'époque du Bouddha qui obtiendront de grands bienfaits. Dans la cinquième période de cinq cents ans, la Voie mystique se propagera [et contribuera au bien-être de l'humanité] pour longtemps dans l'avenir."(réf.)
[...] La possibilité pour les personnes des deux véhicules d'atteindre la bodhéité a été révélée pour la première fois dans le Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Zhiyi* a affirmé cela et comment un maître aussi éclairé pourrait-il avoir fabriqué des théories mensongères n'étant fondées ni sur les mots ni sur le sens des sutras, comme l'ont fait Kukai* et Ennin*  ? Le Sutra du Lotus prédit que Devadatta atteindra la bodhéité dans une terre appelée Voie céleste [tendo], mais quel autre sutra affirme qu'une personne aussi mauvaise peut obtenir le suprême bienfait  ? Même en laissant de côté cette question, quel autre sutra enseigne l'implication réciproque des dix mondes-états, ou la possibilité pour les végétaux de manifester l'état de Bouddha  ? Zhiyi* a expliqué [ce principe de l'Éveil des végétaux] (note) en disant  : "Tout ce qui est doté de couleur et de parfum est une manifestation de la Voie du milieu."
[...] Le Grand-maître* Zhiyi* est l'un des maîtres qui ont permis à le flambeau du bouddhisme de continuer à briller à travers l'Inde, la Chine et le Japon. Et il est un grand sage qui parvint à l'Éveil au monastère Puxien  ; il est aussi la réincarnation d'un bodhisattva (note) et parvint à l'Éveil par sa propre sagesse. Comment aurait-il pu formuler une interprétation personnelle qui ne soit pas fondée sur les sutras ou les traités ?
[...] C'est seulement en observant ce précepte que les bouddhas des trois phases de la vie ont obtenu le Corps du Dharma*, le Corps de Manifestation* et le Corps de Sagesse*, et sont devenus des bouddhas dans le passé infini et dans l'avenir sans limites. A ce propos, le Grand-maître* Zhiyi* écrivit  : "Le Bouddha conserva ce précepte secret et ne le révéla dans aucun autre sutra que le Sutra du Lotus."(réf.) De nos jours, ceux qui vivent à l'époque des Derniers jours du Dharma et se consacrent à la pratique de Myoho Renge Kyo telle qu'elle est enseignée dans le Sutra, qu'ils soient sages ou ignorants, moines ou laïcs, de la plus haute ou de la plus basse condition, ne peuvent manquer d'atteindre la bodhéité.
Enseignement, pratique et preuve (Minobu, 1274 ? à Sammi-bo)

Une personne a deux épaules, la gauche et la droite, sur lesquelles se trouvent deux divinités appelées, l'une, Domyo, et l'autre, Dosho. Ce sont deux divinités que Bonten, Taishaku, Nitten et Gatten ont envoyées à chaque personne pour la protéger. Depuis le moment où elle entre dans la matrice de sa mère jusqu'au dernier instant de sa vie, elles accompagnent cette personne comme son ombre ou comme ses yeux. Si elle commet des fautes ou de bonnes actions, Domyo et Dosho rapportent tout aux divinités du ciel, sans omettre le plus infime détail, fut-il aussi minuscule qu'une goutte de rosée ou un grain de poussière. C'est dit dans le Sutra Kegon*, et cité par le Grand-maître* Zhiyi* dans le 8e volume de son Maka Shikan.
L'unité de mari et femme (Minobu, le 27 janvier 1275, à Nichigen-nyo)

Bonten, Taishaku, le Nitten et Gatten ayant confié les hommes à ces deux divinités, celles-ci les accompagnent comme leur ombre et comme leurs yeux, dès leur conception dans le ventre maternel, jusqu’à la fin de leur vie. Qu’ils commettent mauvaises actions ou actes méritoires, elles le disent aux cieux dans les détails sans laisser échapper la moindre goutte ou la moindre poussière. Elles apparaissent dans les phrases du Sutra Kegon*, et sont citées par le Grand-maître* Zhiyi* dans le 8e volume de son Maka Shikan. Toutefois, elles abandonnent les personnes à la foi faible, même s’il s’agit d’une femme gardant le Sutra de la Fleur du Dharma.
Réponse à l’épouse de Messire Shijo Kingo ( Minobu, le 27 janvier 1275, à Nichigen-nyo)

Des maîtres tels que Jizang (Grand-maître* Jiaxiang) de l’école Sanron, Chokan, (Cheng-guan) de l'école Kegon et Jion (Kui-ji dit Cien) de l’école Hosso n’avaient pas conscience de la profondeur et de la supériorité comparative des enseignements bouddhiques, que ce soit pour les textes internes ou externes au bouddhisme. Pourtant, leur foi dans le bouddhisme était si forte qu’ils suivirent Zhiyi*, en dédaignant leurs propres position et réputation. Je ne saurais donc dire si, oui ou non, ces maîtres étaient capables de s’affranchir des illusions de la vie et de la mort par la force de leur repentir (sange).
[...] A son arrivée en Chine, Shubhakarasimha*, après avoir consulté les trente fascicules qui constituent les trois œuvres principales du Grand-maître* Zhiyi*, tel le Maka Shikan, resta bouche bée d’admiration et se dit : "Le Sutra Vairocana* ne parvient pas au niveau du Sutra du Lotus. Il est donc impossible d’en répandre les enseignements en Chine.
[...] Les maîtres des trois écoles du Nord et sept écoles du Sud ont médit du Grand-maître* Zhiyi*, mais comme les deux souverains des dynasties Chen (557 - 589) et Shui (581 - 618) le vénéraient, le peuple ne l'accabla pas de sa haine. Au Japon, le Grand-maître* Saicho* jouissait de la profonde confiance de trois empereurs Kammu, Heizei et Saga, si bien que ses pires ennemis ne pouvaient rien contre lui.
Souverains de notre pays (Minobu, février, 1275)

Le Grand-maître* Zhiyi* commente  : "On reçoit grâce à la force de la foi et on garde grâce à la force de l'invocation". Il déclare encore  : "Ce sutra est difficile à garder. Celui qui le garde, ne serait-ce qu'un moment, me réjouira et réjouira tous les bouddhas".
La difficulté de garder la foi (Minobu, mars 1275, à Shijo Kingo)

Le Grand-maître* Zhiyi* écrivit : "Ce sutra Myoho Renge Kyo*, devant lequel je m'incline - dans le seul casier qui le contient, avec ses huit rouleaux, ses vingt-huit chapitres et chacun de ses 69 384 caractères - est le véritable Bouddha qui enseigne le Dharma bénéfique à tous les êtres vivants."
[...] C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* écrivit qu'il fallait utiliser la méthode "en fonction du temps"(réf.).
Lettre à Horen (Minobu, avril 1275 à Soya Kyoshin)

Le Bouddha répondit : "Imaginons qu'un couple ait sept enfants et que l'un d'eux tombe malade. Même si le père et la mère portent un amour égal à tous leurs enfants, c'est pour celui qui est malade qu'ils s'inquiéteront le plus."(réf.) Zhiyi* a cité ce passage dans le Maka Shikan. Le Bouddha considère tous les hommes comme ses enfants.
A l'Hiver Succède Toujours le Printemps (Minobu, mai 1275, à Myoichi-Ama)

Il existe par ailleurs deux périodes où le Sutra du Lotus se propage  : ce sont l’époque du Bouddha et la fin du Dharma. L’ascèse également montre deux significations  : du vivant de l’Éveillé, c’était l’unique l'enseignement parfait*, alors que le temps présent, fin du Dharma (mappo) après le parinirvana du Bouddha, est le temps où uniquement la doctrine primordiale doit être propagée (note). Cela fait désormais plus de deux cents ans que le temps de la propagation de la doctrine éphémère est révolu. Seuls Zhiyi* et Saicho* étaient capables de la propager.
Le Grand-maître* Zhiyi* disait  : “la dernière période de cinq cents ans sera largement humectée par la voie merveilleuse”. (réf.)
Réponse à Dame Myoichi (Minobu, mai 1275 à Myoichi)

Entre la fin du quatrième centenaire et le début du cinquième centenaire après l'introduction, sous la dynastie des Han postérieurs, du bouddhisme en Chine, sous les dynasties Chen et Shui, vécut un jeune moine modeste du nom de Zhiyi* qui fut connu par la suite sous le nom de Grand-maître* Sage du Tiantai. Il réfuta les enseignements erronés des écoles du Sud et du Nord, et établit clairement que, parmi les enseignements sacrés exposés par Shakyamuni de son vivant, le Sutra du Lotus est le plus élevé, que le Sutra du Nirvana occupe la deuxième place et le Sutra Kegon*, la troisième. Voilà ce qui se produisit au cours de la première période de cinq cents ans de l'époque du Dharma formel, celle que le Sutra Daijuku appelle l'ère de la lecture, de la récitation et de l'écoute.
[...] Au cours de ces périodes, le Sutra du Lotus devait se propager à deux reprises : pendant les huit dernières années de la vie de Shakyamuni lorsqu'il enseigna le Sutra du Lotus et, après sa disparition, dans les premiers cinq cents ans de l'époque des Derniers jours du Dharma. Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* n'ont pas vécu en ce monde au temps de Shakyamuni, lorsqu'il enseigna le Sutra du Lotus ; et ils ne naquirent pas non plus assez longtemps après sa disparition pour vivre à l'époque des Derniers jours du Dharma. Ils regrettèrent d'être nés dans la période intermédiaire entre ces deux époques, et leurs écrits montrent qu'ils auraient aimé connaître les Derniers jours du Dharma.
[...] Le coeur de cet enseignement de l'école Hosso réside dans l'affirmation que le bouddhisme doit tenir compte des capacités de ceux à qui il s'adresse. Si les gens ont la capacité de comprendre la doctrine du Véhicule unique, la doctrine des trois véhicules ne doit être qu'un moyen de les instruire et la doctrine du Véhicule unique est la seule voie véritable qui puisse les conduire à l'Éveil. Autrement dit à ce genre de personnes, le Sutra du Lotus doit être enseigné. Mais s'ils ont la capacité de comprendre la doctrine des trois véhicules, celle du Véhicule unique n'est qu'un moyen de les instruire et la doctrine des trois véhicules est la seule voie véritable qui puisse les conduire à l'Éveil. A ce genre de personnes, les sutras Jimmitsu* et Shrimala devraient être enseignés. Selon les tenants de l'école Hosso, c'est là un principe que le sage Zhiyi* n'a pas compris.
[...] Sous les règnes du fils héritier de Tang Taizhong, l'empereur Tang Gaozhong, et de sa belle-mère, l'impératrice Wu, vécut un moine du nom de Fa-zang. Voyant l'école Tiantai attaquée par l'école Hosso, il se fit le champion du Sutra Kegon* que Zhiyi* avait précédemment réfuté et relégué à une place inférieure, et déclara que, parmi les enseignements exposés par Shakyamuni de son vivant, la première place revenait au Sutra Kegon*, la deuxième, au Sutra du Lotus, et la troisième au Sutra du Nirvana.
[...] Ainsi, toutes ces écoles citées plus haut, Hosso, Kegon et Shingon, se sont attaquées à l'école Tendai et aux enseignements du Sutra du Lotus. Mais, peut-être parce les adeptes de l'école Tendai n'avaient pas la sagesse de leur maître, tout en sachant que ces autres doctrines n'étaient pas fondées, aucun d'eux ne proposa de les réfuter dans un débat public, comme Zhiyi* l'avait fait.
[...] Ce fut comme ce qui s'était passé en Chine, lorsque les maîtres des écoles bouddhiques du Sud et du Nord, après avoir été vaincus dans un débat, au palais de la dynastie Chen, par le Grand-maître* Zhiyi*, devinrent ses disciples. Mais des trois disciplines Zhiyi* n'avait utilisé que la méditation parfaite et la sagesse parfaite. Le Grand-maître* Saicho* fit plus. Il réfuta les principes spécifiques du Hinayana pour la réception des préceptes [que Zhiyi* avait omis de contester], et conféra, à huit maîtres de ces six écoles (note), l'ordination spécifique du Mahayana telle qu'elle est décrite dans le Sutra Bonmo.
autres doctrines n'étaient pas fondées, aucun d'eux ne proposa de les réfuter dans un débat public, comme Zhiyi* l'avait fait.
[...] Par conséquent si nous voulons comparer leurs mérites, nous pouvons dire que le Grand-maître* Saicho*, par l'ampleur de la tâche qu'il accomplit, surpassa Nagarjuna et Vasubandhu, et fut plus sage encore que Zhiyi* et Zhanlan*. S'il en est ainsi, comment, à notre époque au Japon, les moines des temples To-ji, Onjo-ji ou des sept grands temples et les adeptes des huit écoles et du Shingon, Zen ou Ritsu, peuvent-ils transgresser les préceptes parfaits du Grand-maître* Saicho*  ? Les moines des neuf régions de Chine devinrent les disciples de Zhiyi*, et adoptèrent les principes de méditation parfaite et de sagesse parfaite qu'il enseignait.
[...] Si nous nous intéressons maintenant à l'époque du Dharma formel qui suivit, nous voyons que le Grand-maître* Zhiyi* apparut en Chine vers le milieu de cette période et écrivit le Hokke Gengi, le Hokke Mongu* et le Maka Shikan en trente volumes, ouvrages dans lesquels il étudia en profondeur le Sutra du Lotus. A la fin de l'époque du Dharma formel, le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon. Non seulement il propagea dans notre pays la sagesse parfaite et la méditation parfaite enseignées par le Grand-maître* Zhiyi*, mais il fit également construire au Mont Hiei le grand kaidan pour l'ordination selon les préceptes qui mènent à l'Éveil parfait et immédiat.
[...] Vers le milieu des mille ans de l'époque du Dharma formel, le Grand-maître* Zhiyi* apparut. Dans les dix volumes ou mille feuilles du Hokke Gengi, il définit en détail le sens du Titre, les cinq caractères Myoho Renge Kyo. Dans son Hokke Mongu* en dix volumes, il commenta chaque mot et chaque phrase du Sutra depuis les premiers mots "Ainsi ai-je entendu..." jusqu'aux tout derniers "Ils s'inclinèrent et prirent congé". Il les interpréta en fonction de quatre critères, c'est-à-dire en étudiant les causes et les circonstances, les enseignements corollaires, les enseignements théoriques* et essentiel* et l'observation du coeur, y consacrant à nouveau mille feuilles. Dans les vingt volumes que constituent ses deux ouvrages Hokke Gengi et Hokke Mongu*, Zhiyi* a comparé tous les autres sutras à des rivières et le Sutra du Lotus au grand océan. Il a démontré que l'eau de tous les enseignements bouddhiques de tous les mondes des dix directions, sans qu'une seule goutte en soit perdue, coule dans cette mer immense de Myoho Renge Kyo. De plus, il étudia toutes les doctrines des grands maîtres de l'Inde sans omettre un seul point, ainsi que les doctrines des Dix Maîtres du Sud et du Nord de la Chine, en réfutant ce qu'il y avait à réfuter et en se servant de ce qui était utilisable. En plus des ouvrages mentionnés plus haut, il écrivit encore le Maka Shikan en dix volumes, ouvrage dans lequel, résumant tous les enseignements sur la méditation donnés par Shakyamuni de son vivant, il formula le principe d'ichinen, et appréhenda toutes les entités vivantes et leur environnement dans les dix mondes-états par le concept de sanzen [trois mille mondes]. Par ses qualités, cet écrit de Zhiyi* surpasse ceux de tous les Maîtres de doctrine* qui vécurent en Inde pendant les mille ans de l'époque du Dharma correct, dans un passé lointain, et il est supérieur aussi, dans un passé plus proche, aux commentaires des maîtres qui vécurent en Chine dans les cinq cents années qui précédèrent. C'est pourquoi le Grand-maître* Ji-zang, de l'école Sanron dans une de ses lettres, exhorta des centaines de maîtres et de bienfaiteurs des écoles du Sud et du Nord de la Chine à assister aux cours du Grand-maître* Zhiyi* sur les sutras. "Ce qui ne se produit qu'une fois tous les mille ans, ce qui ne se produit qu'une fois tous les cinq cents ans se produit concrètement aujourd'hui", (note) écrivit-il dans cette exhortation. Par le passé Huisi, avec sa forme supérieure de sagesse, Zhiyi*, avec sa philosophie clairvoyante, ont reçu et pratiqué le Sutra du Lotus par la pensée, la parole et l'action, et, aujourd'hui, ils sont apparus à nouveau comme deux maîtres honorés.
[...] Le maître des préceptes Daoxuan du Mont Zhong-nan a fait l'éloge du Grand-maître* Zhiyi* en disant : "Sa connaissance profonde du Sutra du Lotus est comme le soleil de midi éclairant les plus sombres vallées ; il expose les principes du Mahayana avec autant de liberté qu'un grand vent balayant le ciel. Même si les plus grands lettrés se réunissaient par milliers pour s'efforcer de transcrire ses cours merveilleux, ils ne pourraient pas entièrement les comprendre... Ses principes sont aussi clairs qu'un index pointé vers la lune... et tous ses mots découlent essentiellement de la vérité suprême."(réf.) Le Grand-maître* Fa-zang, de l'école Kegon, fait l'éloge de Zhiyi* en disant : "Huisi et Zhiyi* se sont intuitivement éveillés à la vérité et sont déjà parvenus à la première* des dix étapes de sécurité* dans la pratique des bodhisattvas. Ils se souviennent du Dharma tel qu'il leur fut enseigné au Pic du Vautour et l'exposent de la même manière aujourd'hui."(réf.) Un récit a été fait de la manière dont Amoghavajra*, de l'école Shingon, et son disciple Hanguang, abandonnèrent l'enseignement de l'école Shingon pour devenir des disciples du Grand-maître* Zhiyi*.
[...] Mais même en Chine rares sont ceux qui reconnaissent la grandeur de l'enseignement de Zhiyi*. Ils sont comparables aux habitants de l'état de Lu qui ignoraient la grandeur de Confucius."(réf.)
[...] S'il était resté en Inde des traités aussi importants que les trente volumes de Zhiyi*, pourquoi des moines indiens auraient-ils eu besoin de venir chercher les commentaires de Zhiyi* en Chine  ? Devant de telles évidences comment pouvez-vous nier que, pendant l'époque du Dharma formel, le véritable enseignement du Sutra du Lotus fut révélé et que sa vaste propagation a eu lieu dans le Jambudvipa  ? Réponse : Le Grand-maître* Zhiyi* exposa et propagea en Chine une méditation parfaite et une sagesse parfaite qui dépassent l'enseignement donné par Shakyamuni de son vivant et celui de tous les maîtres apparus au cours des mille quatre cents ans écoulés depuis la disparition du Bouddha, c'est-à-dire les mille ans de l'époque du Dharma correct et les premiers quatre cents ans de l'époque du Dharma formel. Et son influence s'exerça non seulement en Chine mais même jusqu'en Inde.
[...] Quoi que vous en pensiez, l'époque du Grand-maître* Zhiyi* correspond essentiellement à celle que le Sutra Daijuku appelle l'ère de la lecture, de la récitation et de l'écoute. (note) Le temps n'était pas encore venu d'accomplir kosen-rufu ou de proclamer et propager largement le Sutra du Lotus. Question : Le Grand-maître* Saicho* naquit au Japon et vécut sous le règne de l'empereur Kammu. Il réfuta les enseignements erronés acceptés au Japon pendant quelque deux cents ans, depuis le règne de l'empereur Kimmei. Il restaura les principes de la sagesse et de la méditation parfaites enseignés par le Grand-maître* Zhiyi*, et, de plus, déclara sans valeur les trois sanctuaires pour l'ordination selon les préceptes du Hinayana, introduits au Japon par le moine Ganjin, faisant construire à leur place, sur le Mont Hiei, le kaidan pour l'ordination selon les préceptes du Mahayana menant à l'Éveil parfait et immédiat. Au cours des mille huit cents ans écoulés depuis la disparition du Bouddha, ce fut l'événement le plus extraordinaire qui se soit produit, en Inde, en Chine, au Japon, aussi bien que dans le monde entier. Je ne sais si son Éveil intérieur fut inférieur ou supérieur à celui de Nagarjuna ou de Zhiyi*. Mais je suis convaincu que le fait d'avoir exhorté tous les bouddhistes à croire en un seul enseignement, celui du Sutra du Lotus l'amène à surpasser Nagarjuna et Vasubandhu et dénote une sagesse encore plus grande que celle de Huisi et de Zhiyi*.
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*, en suivant fidèlement Shakyamuni, a contribué à la propagation de l'école Hokke en Chine. Nous, la famille du Mont Hiei, en succédant à Zhiyi*, contribuons à la propagation de l'école Hokke au Japon."
[...] Mais même s'il y a peu de chances de rencontrer une personne capable de tels exploits il serait beaucoup plus rare encore de trouver, à l'époque des Derniers jours du Dharma une personne capable d'enseigner le Sutra du Lotus comme l'a enseigné le Bouddha. Et pourtant le Grand-maître* Zhiyi et le Grand-maître* Saicho* furent précisément des personnes de ce genre, qui transmirent la pratique telle que le Bouddha l'enseigna.
[...] Sur le moment, l'empereur fut stupéfait et, le vingt-neuvième jour du même mois, il dépêcha [Wake no] Hiroyo et [Otomo no] Kunimichi (note) auprès des maîtres des sept temples et des six écoles pour les interroger longuement. Tous, l'un après l'autre, envoyèrent une lettre reconnaissant qu'ils avaient été vaincus lors du débat et convaincus par les arguments de Saicho*. Dans ces lettres, ils disaient : "En analysant de plus près le Hokke Gengi et les autres commentaires de Zhiyi*, nous avons constaté qu'ils résument l'ensemble des enseignements exposés par Shakyamuni de son vivant.
[...] En Chine par le passé, Jizang rassembla une centaine d'autres moines qui, ensemble, reconnurent au Grand-maître* Zhiyi* la qualité de véritable sage. Plus tard, au Japon, deux cents et quelques moines des sept temples de Nara ont conféré au Grand-maître* Saicho* le titre de sage. Ainsi, au cours des deux mille et quelques années écoulées depuis la disparition du Bouddha, ces deux sages sont apparus dans les deux pays, l'un en Chine et l'autre au Japon. De plus, Saicho* fit construire au Mont Hiei le Grand Kaidan pour l'ordination selon les préceptes qui mènent à l'Éveil parfait et immédiat, préceptes que le Grand-maître* Zhiyi* lui-même n'avait pas enseignés.
[...] Il y eut aussi un Grand Dharma qui ne fut pas totalement transmis à la postérité par Nagarjuna et Vasubandhuet d'autres, mais qui fut propagé par le Grand-maître* Zhiyi*. Comme je l'ai démontré, il appartint au Grand-maître* Saicho* d'établir le kaidan pour l'ordination selon les préceptes qui mènent à l'Éveil parfait et immédiat, alors que le Grand-maître* Zhiyi* ne l'avait pas fait. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Bouddha exprima totalement, dans le texte du Sutra du Lotus, le Dharma correct le plus profond et le plus secret, Dharma qui, après sa disparition, ne fut jamais propagé par Mahakashyapa, Ananda, Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga ou Vasubandhu, ni même par Zhiyi* ou Saicho*.
[...] Quand le Grand-maître* Zhiyi* réfuta publiquement les maîtres des autres écoles du Sud et du Nord, ces enseignements du Shingon n'avaient pas encore été introduits en Chine ;
[...] 2 C'est l'ouvrage que Kumarajiva traduisit en chinois et que le Grand-maître* Zhiyi* utilisa.
[...] 2 Mais je ne trouve pas un seul mot ou passage dans les sutras indiquant que le Sutra du Lotus, comparé aux sutras Kegon* ou Vairocana* est un enseignement puéril  ; que, par rapport au Sutra Rokuharamitsu, Zhiyi* agit comme un voleur, ou que le Sutra Shugo décrit Shakyamuni "à l'étape de l'obscurité"(note). Ce sont là des affirmations totalement absurdes et pourtant, depuis trois ou quatre cents ans, au Japon, un certain nombre de personnes sensées les ayant acceptées, on en est maintenant venu à penser qu'elles sont raisonnables et fondées. J'aimerais souligner quelques erreurs de Kukai* particulièrement flagrantes afin que l'on comprenne qu'il en va de même pour le reste. Ce fut sous les dynasties de Chen (557 - 589) et Shui (581 - 618) que le Grand-maître* Zhiyi* compara le Sutra du Lotus au ghee.
[...] 2 Il aurait fallu que le Sutra Rokuharamitsu qui range l'enseignement des dharani dans la cinquième catégorie, la plus élevée, le comparant au beurre clarifié ait été déjà transmis aux époques de Chen et Shui pour que le Grand-maître* Zhiyi* puisse "voler le beurre clarifié de l'enseignement Shingon". Au Japon, le moine Tokuichi offre un exemple similaire. Il critiqua sévèrement le Grand-maître* Zhiyi* pour avoir rejeté la classification des enseignements en trois périodes énoncée dans le Sutra Jimmitsu*, en disant que Zhiyi* s'était servi d'une langue de trois pouces (sun) pour détruire le corps [du Bouddha] de cinq pieds (shaku).
[...] 2 De plus, comparer le Sutra du Lotus au beurre clarifié n'est en rien une invention personnelle de Zhiyi*. Le Bouddha lui-même, dans le Sutra du Nirvana, a comparé le Sutra du Lotus au beurre clarifié et, par la suite, le bodhisattva Vasubandhu compara de même le Sutra du Lotus et le Sutra du Nirvana au beurre clarifié. (réf.)
[...] 2 Le Grand-maître* Saicho* a dit : "Ceux qui adressent des éloges au Grand-maître* Zhiyi* recevront des bienfaits qui s'accumuleront aussi haut que le Mont Sumeru, tandis que ceux qui le calomnient commettent un crime qui les précipitera dans l'enfer avici."(réf.)
[...] Zhiyi* dit (réf.) qu'il faut utiliser l'une ou l'autre méthode "en fonction du temps." Et Guanding* dit (réf.)  : "Il faut savoir choisir entre les méthodes de shoju et de shakubuku et ne pas utiliser exclusivement l'une ou l'autre."
[...] Je vais vous citer les quelques passages de commentaires. Zhiyi* a déclaré  : "Dans la cinquième période de cinq cents ans, la Voie mystique se propagera pour longtemps dans l'avenir."(réf.) Zhanlan* a dit : "Le début des Derniers jours du Dharma ne sera pas sans bienfaits inapparents (myoyaku)."(réf.)
[...] Zhiyi* écrivit : "Il est vain de comparer le Chu Ron* avec les enseignements du Sutra du Lotus."(réf.) Et ailleurs encore : "Vasubandhu et Nagarjuna perçurent clairement la vérité dans leur coeur mais ne l'enseignèrent pas. Exposant plutôt les enseignements du Mahayana provisoire*, ils agirent en fonction du temps."(réf.) Zhanlan* fit remarquer  : "Pour réfuter les conceptions erronées et pour établir la vérité le Chu Ron* n'est en rien comparable au Sutra du Lotus. (réf.)
[...] 2 Le Grand-maître* Zhiyi* a dit : "Ce qui est en accord avec les sutras, il faut le croire et le mettre en pratique, mais n'accordez aucune foi à ce qui n'offre ni preuve littérale ni preuve théorique."(réf.)
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

La Chine souffrit d'une grande sécheresse sous la dynastie Chen, mais le Grand-maître* Zhiyi* récita le Sutra du Lotus et, sans délai, la pluie se mit à tomber. Le souverain et ses ministres inclinèrent la tête, et les personnes ordinaires joignirent leurs mains en signe de respect. De plus, la pluie ne fut pas torrentielle, ni accompagnée de vent ; ce fut une douce averse. Le souverain Chen s'assit, admiratif, devant le Grand-maître*, allant jusqu'à en oublier de retourner dans son palais. Il s'inclina alors trois fois.
La prière pour la pluie des trois maîtres du Tripitaka (Minobu, 22 juin 1275 au nyudo Nishiyama)

Renforcez votre foi, plus que jamais. Quiconque enseigne les vérités du bouddhisme aux autres encourt inévitablement la haine des laïcs, hommes et femmes, ainsi que celle des religieux et religieuses. Peu importe ce qu'ils disent. L'essentiel est de confier votre vie aux enseignements d'or du Sutra du Lotus, du Bouddha Shakyamuni, de Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho*, et Guanding*. C'est la manière correcte de pratiquer, en accord avec les enseignements du Bouddha. Il est écrit dans le Sutra du Lotus  : "Si quelqu'un enseigne le Sutra, ne serait-ce qu'un moment, dans l'époque effrayante à venir, il aura le soutien de tous les cieux."(réf.) Ce passage indique qu'à l'époque des Derniers jours du Dharma, lorsque domineront les personnes mauvaises en proie aux trois poisons, ceux qui adhéreront à l'enseignement correct, même pour peu de temps, seront aidés et soutenus par les cieux.
Les Remparts de la Foi (Minobu, 3 septembre 1275, à Sennichi-ama)

Le Grand-maître* Jizang du temple Jiaxiang était parmi les plus éminents maîtres bouddhistes de Chine. Fondateur de l'école Sanron, il vivait à Huei, dans l'état de Wu. Convaincu de posséder un savoir sans égal, il était très arrogant. Il lança un défi au Grand-maître* Zhiyi* pour déterminer le sens de la phrase du Sutra du Lotus : "De tous les innombrables sutras que j'ai enseignés par le passé, que j'enseigne maintenant, ou que j'enseignerai à l'avenir, le Sutra du Lotus est le plus difficile à croire et le plus difficile à comprendre." Au cours du débat, Jizang fut totalement vaincu, et renonça dès lors à ses croyances erronées. Afin d'expier la grave faute commise envers le Dharma correct et ceux qui la pratiquaient, il rassembla plus de cent maîtres éminents et supplia Zhiyi* de les instruire. Jizang fit un pont de son corps pour permettre au Grand-maître* Zhiyi* de passer et le porta sur son dos (note). De plus, il servit Zhiyi* pendant sept ans, coupant du bois pour le feu et lui apportant de l'eau. Il cessa de donner lui-même des cours, dispersa ses disciples et, afin de se guérir de son arrogance, il s'interdit de réciter le Sutra du Lotus (note). Après la mort de Zhiyi*, Jizang fut reçu par l'empereur de la dynastie Shui pour lui présenter ses respects.
[...] Zhiyi* expliqua plus en détails cette citation en disant que "ce Sutra permet aux personnes des deux véhicules d'atteindre l'Éveil de la même manière qu'un bon médecin peut changer le poison en remède." Ainsi, dans le Daichido Ron* il est dit : "Aucun autre sutra n'est ésotérique mais le Sutra du Lotus est ésotérique." Dans le Maka Shikan, on lit : "Puisque le Sutra du Lotus a la capacité de guérir la maladie, on l'appelle aussi myo [mystique]."
La Guérison des Maladies Karmiques (Minobu, 3 novembre 1275, à Ota Jomyo)

Quand le Grand-maître* Zhiyi* commença à méditer sur le Sutra du Lotus, ses parents décédés lui apparurent, s'assirent sur ses genoux et tentèrent d'entraver sa pratique du bouddhisme. C'était l'oeuvre du Démon du sixième Ciel qui s'était incarné en ses parents pour lui faire obstacle.
[...] Le Maka Shikan, chef-d'oeuvre du Grand-maître* Zhiyi*, contient l'essence de tous les sutras bouddhiques. Dans les cinq cents ans qui suivirent l'introduction du bouddhisme en Chine, il y eut sept grands maîtres au nord du fleuve Yangzi, et trois au sud. Leur sagesse était aussi resplendissante que le soleil et la lune, et leur vertu était vantée en tous lieux. Ils étaient cependant incapables de discerner quels sutras étaient profonds ou superficiels, inférieurs ou supérieurs, et l'ordre dans lequel ils avaient été enseignés. Ce fut le Grand-maître* Zhiyi* qui non seulement clarifia les enseignements du Bouddha mais aussi découvrit ichinen sanzen, le joyau qui exauce les voeux, dans les profondeurs de Myoho Renge Kyo, et en fit don à tous les hommes des Trois Pays [l'Inde, la Chine et le Japon]. Cet enseignement prit sa source en Chine. Même les grands érudits de l'Inde ne purent formuler un tel concept.
[...] D'après le Grand-maître* Zhiyi*, "si quelqu'un se lie d'amitié avec une personne mauvaise, il perdra l'esprit."(réf.) "Esprit" désigne ici le coeur qui croit au Sutra du Lotus, tandis que "perdre" signifie abandonner sa foi dans le Sutra du Lotus et suivre d'autres sutras. Le Sutra du Lotus dit  : "mais quand il leur donne le médicament, ils refusent de le perdre." (réf.) Le Grand-maître* Zhiyi* affirma  : "Ceux qui avaient perdu l'esprit ne voulurent pas prendre l'excellent médicament qui leur était offert. Perdus dans les souffrances, ils s'enfuirent vers d'autres pays."(réf.)
Lettre aux Frères (Minobu, 16 décembre 1275 aux frères Ikegami)

On respecte le Bouddha pour sa capacité à connaître le passé et à discerner le futur. Il perçoit les trois phases de la vie avec une sagesse inégalée. Sans être bouddha, des sages et des personnes de mérite tels que Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* et Saicho*, malgré une sagesse inférieure à celle du Bouddha, eurent une perception d'ensemble des trois phases, et leurs noms pour cela passèrent à la postérité.
Emissaires mongols (Minobu, 1275, au nyudo Nishiyama)

Parmi eux, le présage des tremblements de terre indique que la terre a tremblé de six manières différentes. Commentant ce phénomène, le Grand-maître Zhiyi* déclare dans le troisième volume (réf.) de son Hokke Mongu* : "[L'un de ces six présages est que] l'est se surélève et l'ouest descend. L'est correspond à la couleur verte et à l'organe du foie. Et le foie lui-même est lié aux yeux. L'ouest correspond à la couleur blanche et à l'organe des poumons, et les poumons sont liés au nez. Par conséquent, le fait que l'est se surélève et que l'ouest descende annonce l'apparition des bienfaits des yeux, et, simultanément, la diminution des désirs liés à l'odorat. Inversement, quand les bienfaits liés à l'odorat apparaissent, les désirs liés à la vision disparaissent. De la même manière, l'ascension ou la chute des autres points cardinaux indique l'apparition des bienfaits et la diminution des désirs liés à l'organe qui leur correspond."
[...] Cela signifie que des présages avaient bien précédé l'enseignement de tous les autres sutras, mais qu'aucun n'avait jamais été aussi extraordinaire que [les phénomènes décrits] dans le Sutra du Lotus. A cet égard, le Grand-maître* Zhiyi* fit le commentaire suivant  : "Les gens disent qu'une araignée qui tisse sa toile est un heureux présage, et que la pie qui chante annonce une visite. Si même des incidents courants sont révélés par des présages, comment se pourrait-il que rien n'augure de l'imminence d'événements importants  ? Dans ce qui est proche, il y a l'annonce de ce qui est lointain."(réf.)
Sur les présages (Minobu, 1275, à Shijo Kingo ?)

Apportez aussi avec vous les volumes 1 et 2 du Maka Shikan, [Grand Arret et Examen] de Zhiyi*. J'apprécierais aussi le Toshun commentaire sur le Hokke Mongu* de Zhiyi par Zhi-du* et le Fusho Ki commentaire de Zhanlan* sur le Hokke Mongu si vous pouvez vous les procurer. Empruntez l'exemplaire du Shuyo Shu* que possède Kanchi-bo, le disciple d'Enchi-bo.
Moines du temple Seicho-ji (Minobu, le 11 janvier 1276 aux moines du temple Seicho-ji)

Le Grand-maître* Zhiyi* déclare  : "Le fils du ciel ne prononce pas un seul mot en vain."(réf.) et "Les paroles du roi du Dharma sont exemptes de tout mensonge."(réf.)
La bonne fortune en cette vie (Minobu, le 19 janvier 1276, à Nanjo Tokimitsu)

Sous le règne du quarante-quatrième souverain, l'impératrice Gensho, un religieux venu d'Inde [Shubhakarasimha*] introduisit le Sutra Vairocana*  ; et, à l'époque du quarante-cinquième souverain, l'empereur Shomu, le moine Ganjin, venu de Chine, introduisit l'école Ritsu au Japon. Il apportait aussi avec lui des exemplaires du Hokke Gengi, du Hokke Mongu*, du Maka Shikan, du Jomyo Sho, et d'autres ouvrages de l'enseignement de Zhiyi*. Mais il ne propagea pas l'enseignement des écoles Shingon et Hokke.
[...] En Inde, au cours des mille ans qui suivirent la disparition du Bouddha, il y eut de grands érudits tels que Mahakashyapa, Ananda, Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga et Vasubandhu, qui entreprirent de propager le bouddhisme dans les cinq régions de l'Inde. Et, dans les premiers siècles qui suivirent l'introduction du bouddhisme en Chine, des hommes tels que Kashyapa Matanga et Chu Fa-lan, les Savants-maîtres* Kumarajiva, Huisi, Zhiyi* et Zhanlan* écrivirent des commentaires et firent connaître l'enseignement des sutras. Mais aucun d'eux ne conseilla jamais d'invoquer le Titre du Sutra du Lotus de la même manière que l'on invoque le nom du bouddha Amida. Ils se contentèrent de le réciter eux-mêmes, ou, lorsqu'ils donnèrent des cours sur le Sutra du Lotus, celui qui professait seul récitait [cette invocation, le daimoku].
[...] On appelle juste celui qui suit la doctrine d'un bon maître. Et on appelle sage celui qui parvient à la vérité par lui-même, sans l'aide d'un maître. En Inde, en Chine et au Japon, depuis la disparition du Bouddha, il y eut deux sages : Zhiyi* et Saicho*. Ces deux hommes méritent pleinement le titre de sages. On peut également les appeler des justes, car le Grand-maître* Zhiyi* pratiqua les principes enseignés par Huisi ; en ce sens, il fut un juste. Mais il appréhenda aussi, par lui-même, sur le lieu de méditation, le Véhicule suprême qui mène à la bodhéité ; en ce sens, il fut un sage.
[...] Shakyamuni, seigneur du Dharma, est le plus grand sage en ce monde Saha. Zhiyi* et Saicho* furent tous deux des sages, en même temps que des justes. Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga, Vasubandhu, Lao-Zi et Confucius furent à la fois des sages et des justes, soit des enseignements du Hinayana, soit du Mahayana provisoire* ou des enseignements non bouddhiques ; toutefois, aucun d'eux ne fut un sage ou un juste du Sutra du Lotus.
[...] Lorsque je pense à cela, j'ai l'impression d'être l'égal des sages Zhiyi* et Saicho, et d'être supérieur à Lao-Zi et Confucius.
Lettre à Myomitsu Shonin (Minobu, le 5ème jour du 3ème mois intercalaire 1276 à Myomitsu)

Ces principes, les cinq sortes de vision et les Trois Corps, ne sont exposés nulle part en dehors du Sutra du Lotus. C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* écrivit : "Le Bouddha, à travers les trois phases de la vie, est doté des Trois Corps. Mais dans les divers sutras, cela reste secret et n'est pas transmis."(réf.)
[...] C'est le pouvoir du Sutra du Lotus qui insuffle une "âme" (note) à ces images peintes ou sculptées. Telle fut la réalisation du Grand-maître* Zhiyi*. Pour les êtres vivants, ce principe se résume en "l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence"  ; et par rapport aux images peintes et aux sculptures en bois, c'est ce qu'on appelle "la bodhéité des plantes et des arbres".
[...] Cependant, quelque deux cents ans ou plus après l'époque de Zhiyi* Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* ont fondé l'école que l'on appelle Shingon en s'appuyant sur le Sutra Vairocana*. Et bien que ce principe n'apparaisse nulle part dans le Sutra Vairocana*, ils volèrent le principe d'ichinen sanzen dans le Sutra du Lotus, et les commentaires qu'en avait fait Zhiyi*, pour en faire le coeur de l'école Shingon.
La consécration d'une statue du bouddha (Minobu, le 15 juillet 1276 à Shijo Kingo)

Désireux de résoudre ce problème, j'ai fait un voeu. Celui de ne pas croire les affirmations de ces huit ou dix écoles, et de faire plutôt comme le Grand-maître* Zhiyi*  : de prendre pour seul maître les sutras eux-mêmes, et de déterminer ainsi, parmi les sutras enseignés par le Bouddha de son vivant, lesquels sont supérieurs et lesquels sont inférieurs. [Armé de cette résolution, ] j'ai entrepris de lire tous les sutras.
[...] Seul le Sutra du Nirvana contient des passages ressemblant au Sutra du Lotus. C'est ce qui incita les maîtres bouddhistes précédant Zhiyi*, aussi bien en Chine du nord qu'en Chine du sud, à déclarer à tort que le Sutra du Lotus était inférieur au Sutra du Nirvana. Mais si nous examinons le texte même du Sutra du Nirvana, nous voyons que, comme dans le cas du Sutra Muryogi, le Sutra du Nirvana est comparé aux sutras des périodes Kegon, Agon, Hodo et Hannya, exposés par le Bouddha pendant les premières quarante et quelques années de son enseignement.
[...] On peut admettre que certains, autrefois, se soient trompés sur le sens de ces passages, mais maintenant que de Grands Maîtres comme Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* en ont clarifié la signification, tous ceux qui ont des yeux devraient pouvoir le comprendre. Pourtant, alors que Ennin* et Enchin, de l'école Tendai, ont été eux-mêmes incapables d'en donner une interprétation correcte, comment les tenants des autres écoles pourraient-ils ne pas se tromper sur ce point ?
[...] Venons-en maintenant aux premiers cinq cents ans de l'époque du Dharma formel, soit mille cinq cents ans après la mort du Bouddha. En ce temps-là vécut en Chine un homme sage, que l'on appela d'abord Zhiyi*, et plus tard, le sage Grand-maître* Zhiyi*. Résolu à propager le véritable sens du Sutra du Lotus, il étudia attentivement les enseignements de ses prédécesseurs. Avant lui, des milliers et des milliers de sages avaient défendu des opinions diverses concernant les enseignements exposés par le Bouddha de son vivant, mais, dans l'ensemble, ils s'étaient regroupés en dix écoles ou traditions, les trois écoles [de la Chine] du Sud et les sept écoles [de la Chine] du Nord.
[...] Peu de temps après la mort de Fayun, dans les dernières années de la dynastie Liang, et au début de la dynastie Chen, un jeune moine apparut, connu sous le nom de Maître du Dharma Zhiyi*. C'était un disciple du Grand-maître* Huisi. Peut-être parce qu'il désirait éclaircir certains points lui semblant étranges dans la doctrine de son maître, il se rendit dans les lieux où étaient conservés les textes et les étudia sans relâche.
[...] Zhiyi* se demanda que faire. Il sentit qu'il ne pouvait continuer à se taire. Il déclara ouvertement que Fayun, du temple Guangzhe-si, pour avoir commis des offenses au Dharma correct, était tombé en enfer. En entendant cela, les maîtres bouddhistes du Nord et du Sud se levèrent comme des frelons en colère et fondirent sur Zhiyi* comme une nuée de corbeaux. Certains voulaient lui briser la tête, d'autres l'exiler à l'étranger. En apprenant cela, le souverain de la dynastie Chen [557 - 589] convoqua plusieurs maîtres bouddhistes du Nord et du Sud et leur ordonna de débattre avec Zhiyi* en sa présence. De nombreux moines vinrent, tels que Huiyong, disciple de Fayun, et Fasui, Huikuang et Huiheng, au total plus de cent, tous préfets des moines (sozu), administrateurs des moines (sojo), ou d'un rang encore plus élevé. Ils firent assaut de médisance à l'égard de Zhiyi*, fronçant les sourcils, lui jetant des regards furieux et frappant dans leurs mains avec colère. Zhiyi*, tout en restant modestement assis, bien en dessous des autres, ne manifesta aucune émotion et ne fit aucun écart de langage. Au contraire, avec calme et dignité, il prit note de chacune des accusations portées contre lui par les divers moines et parvint à les réfuter l'une après l'autre. Puis il entreprit de contre-attaquer, en disant : "Selon les enseignements de Fayun, le Sutra Kegon* mérite la première place, le Sutra du Nirvana, la deuxième, et le Sutra du Lotus, la troisième. Dans quel sutra en trouve-t-on la preuve  ? Je vous en prie, citez un passage où cela apparaisse de manière claire et certaine  ! " [Pris de court, ] les autres moines baissèrent la tête et blêmirent, incapables de répondre un seul mot. Il continua à les presser de questions en disant : "Dans le Sutra Muryogi, le Bouddha mentionne qu'il a "jusqu'alors exposé les douze catégories de sutras Hodo*, le Daichido Ron* et le Sutra Kegon*, qui émane de la méditation (du Bouddha) de l'impression sur l'océan." Ainsi, le Bouddha lui-même cite le Sutra Kegon* et dénie sa valeur en disant, à propos des sutras exposés avant le Sutra Muryogi, "Je n'ai pas encore révélé la vérité".(réf.)
[...] C'est de cette manière que le Grand-maître* Zhiyi* les admonesta. On aurait dit la lumière éclatante du soleil et de la lune frappant les yeux des asuras, ou l'épée du roi de Han, posée sur le cou de ses barons, si bien que ses opposants fermèrent les yeux et baissèrent la tête. Par son comportement, Zhiyi* ressemblait au roi des animaux, à un lion dont le rugissement fait fuir les renards et les lapins, à un faucon ou à un aigle fondant sur des pigeons ou des faisans. Ainsi, le fait que le Sutra du Lotus était supérieur aux sutras Kegon* et Nirvana fut largement admis, non seulement dans toute la Chine mais aussi dans les cinq régions de l'Inde. Les traités de l'Inde concernant le bouddhisme du Mahayana aussi bien que du Hinayana étaient inférieurs à la doctrine de Zhiyi*, et les habitants de ce pays firent son éloge, en disant qu'il était le Bouddha Shakyamuni venu en ce monde une deuxième fois et que le bouddhisme allait désormais renaître. Puis le Grand-maître* Zhiyi* mourut et les dynasties Chen et Shui disparurent, remplacées par la dynastie Tang. Le Grand-maître* Guanding* [successeur de Zhiyi] mourut à son tour si bien que le bouddhisme de Zhiyi*, de moins en moins étudié, fut bien près de disparaître.
[...] Cet enseignement est aussi différent de celui de l'école de Zhiyi* que le feu de l'eau. Xuanzang apporta avec lui des ouvrages tels que le Sutra Jimmitsu*, le Yuga Ron et le Yuishiki Ron que Zhiyi* ne connaissait pas et proclama que, bien que le Sutra du Lotus soit supérieur aux autres sutras, il était inférieur au Sutra Jimmitsu*. Puisque c'était un texte que Zhiyi* n'avait jamais vu, ses adeptes des époques ultérieures, qui manquaient de sagesse et de connaissances, eurent tendance à croire cette allégation. En résumé, les maîtres du nord et du sud [de la Chine, tels que Fayun qui précéda Zhiyi*] donnaient la première place au Sutra Kegon*, la deuxième au Sutra du Nirvana et la troisième au Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Zhiyi* avait établi que le Sutra du Lotus était le sutra le plus élevé, que le Sutra du Nirvana venait ensuite et, en troisième lieu, le Sutra Kegon*. La nouvelle école Kegon, elle, plaçait le Sutra Kegon* en premier, le Sutra du Lotus en deuxième et le Sutra du Nirvana en troisième.
[...] Mais, [dans l'école de Zhiyi*] apparut un moine appelé le Grand-maître* Zhanlan*. Bien que né deux cents ans après le Grand-maître* Zhiyi*, il était d'une sagesse exceptionnelle et comprenait avec clarté les enseignements. Il perçut ainsi que l'essentiel des commentaires de Zhiyi* consistait à établir la supériorité du Sutra du Lotus sur le Sutra Jimmitsu* et sur l'école Hosso - introduits en Chine après la mort de Zhiyi* -, ainsi que sa supériorité sur l'école Kegon et sur l'école Shingon basée sur son Sutra Vairocana*, deux écoles établies précédemment en Chine. Jusque-là, soit parce que les disciples de Zhiyi* n'étaient pas assez sages pour discerner le vrai du faux, soit parce qu'ils redoutaient les autres ou les autorités, aucun n'avait osé dire quoi que ce soit. La compréhension correcte de ces enseignements était visiblement sur le point de se perdre, et les erreurs et les hérésies communément admises étaient plus graves encore que celles des écoles du Nord et du Sud [en Chine] aux époques antérieures aux dynasties Chen et Shui. Zhanlan* compila donc en trente volumes ses commentaires [sur l'oeuvre de Zhiyi*], connus sous le nom de Guketsu, Shakusen et Shoki. Ces trente volumes, non seulement servirent à éliminer les répétitions dans l'oeuvre de Zhiyi* et à élucider les points obscurs, mais ils réfutèrent d'un trait les écoles Hosso, Kegon et Shingon que n'avait pu réfuter Zhiyi* parce qu'elles n'existaient pas de son vivant.
[...] Il [Saicho] découvrit alors un commentaire du Maître du Dharma Fazang, de l'école Kegon, sur le Kishin Ron dans lequel il trouva des citations d'ouvrages du Grand-maître* Zhiyi*. Ces ouvrages lui parurent d'un très grand intérêt, mais Saicho* ne savait même pas s'ils avaient été introduits au Japon. Lorsqu'il demanda où les trouver, on lui répondit qu'un moine du nom de Ganjin, du temple Long-xing-si au Yang-Zhou en Chine, avait étudié les enseignements de Zhiyi* et qu'il avait été le disciple du maître des préceptes Daoxian. Il vint au Japon à la fin de l'ère Tempyo-Shoho (753) et s'employa à transmettre les règles de vie monastique du Hinayana. Il avait apporté avec lui divers ouvrages de Zhiyi* mais n'avait pas essayé de les faire connaître. Tout cela [répondit-on à Saicho*, ] s'était produit au cours du règne du quarante-cinquième Shomu.
[...] Ces représentants des écoles Kegon, Sanron, Hosso et autres exposèrent la doctrine des fondateurs de leur école respective [telle qu'elle leur avait été enseignée]. Mais Saicho* prit des notes sur chaque point énoncé et en fit la critique à la lumière du Sutra du Lotus, des ouvrages de Zhiyi* et d'autres sutras et traités. Ses opposants furent incapables de répondre un seul mot, comme si leur bouche n'était plus que le prolongement de leur nez.
[...] Les deux dignitaires Wake no Hiroyo et Matsuna (note) [présents au débat], déclarèrent  : "Grâce à Huisi, le Dharma Merveilleux du Pic du Vautour a été dévoilée et Zhiyi* a révélé le merveilleux Éveil du Mont Dasu (note). Mais nous regrettons que jusqu'à présent le Véhicule unique du Sutra du Lotus ait été dissimulé par les enseignements provisoires et que le principe de l'unification des trois vérités n'ait pas encore été rendu manifeste."
[...] [C'est encore plus évident si nous considérons que] après la mort de Shubhakarasimha* et de Vajrabodhi, le Savant-maître* [de l'école Shingon] Amoghavajra* se rendit en Inde où il rencontra le bodhisattva Nagabodhi. Nagabodhi lui apprit qu'il n'existait pas en Inde de commentaires ou de traités énonçant clairement la volonté du Bouddha, mais qu'il se trouvait en Chine un traité, oeuvre d'un nommé Zhiyi*, qui permettait à tous de distinguer clairement les enseignements corrects de ceux qui ne l'étaient pas, et de saisir la différence entre doctrines complètes et incomplètes. Sa voix, lorsqu'il lui dit cela, était pleine d'admiration et il lui demanda instamment qu'un exemplaire de cet ouvrage fut envoyé en Inde.
[...] Il apparaît donc que le Bouddha Shakyamuni, ainsi que les Grands-maîtres Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* sont unanimes pour considérer le Sutra du Lotus comme le plus élevé de tous les sutras y compris le Sutra Vairocana*. De plus, si l'on étudie attentivement le Daichido Ron* , il devient évident que son auteur, le bodhisattva Nagarjuna, considéré comme le fondateur de l'école Shingon, était du même avis. Mais malheureusement, le Bodaishin Ron, ouvrage d'Amoghavajra*, est pétri d'erreurs et a égaré tous ceux qui l'ont lu, provoquant la confusion qui règne actuellement.
[...] "Le Grand-maître* Zhiyi* est un voleur. Il s'est approprié le beurre clarifié du Shingon en affirmant que le Sutra du Lotus était le ghee [de tous les enseignements bouddhiques]." Voilà ce qu'écrivait Kukai*. En entendant de tels propos, les gens, même ceux qui avaient cru auparavant que le Sutra du Lotus était le plus élevé des sutras, se mirent à le considérer comme sans valeur.
[...] Le plus secret des écrits de Saicho* est un ouvrage intitulé Ebyo Shu. Dans sa préface, on lit : "L'école Shingon, récemment introduite [au Japon], déforme délibérément ses enseignements pour les plier à ses buts (note), tandis que l'école Kegon, introduite plus tôt, tente de dissimuler qu'elle a été influencée par les principes de Zhiyi*. L'école Sanron, si attachée au concept de vacuité, a oublié l'humiliation de Jizang et cache le fait qu'il fut finalement acquis aux principes de Zhiyi*. L'école Hosso, qui s'accroche au concept d'être, nie le fait que son maître Zhizhou se soit converti aux enseignements de l'école de Zhiyi*, et que Liang-pi ait utilisé les commentaires de ce dernier (note) dans son explication du Sutra Ninno*. A présent, avec la plus grande attention, j'ai écrit cet ouvrage intitulé Ebyo Shu en un volume pour le léguer aux sages des temps futurs qui partageront mes convictions." Fait sous le règne du 52e souverain du Japon, dans la septième année de l'ère Konin (816)." Plus loin, dans le corps du même ouvrage, il écrit  : "Un moine éminent de l'Inde, ayant entendu dire que les enseignements d'un moine nommé Zhiyi*, de la dynastie Tang, permettaient, mieux que tout autre, de distinguer les principes corrects des principes erronés, exprima le grand désir de les étudier." Il poursuit  : "Cela n'indique-t-il pas que le bouddhisme a disparu en Inde, son pays d'origine, et qu'il faut le rechercher dans les pays voisins  ? Mais, même en Chine, ceux qui reconnaissent la grandeur des enseignements de Zhiyi* sont peu nombreux. Les gens y ressemblent aux habitants de Lu. Lu n'avait jamais été conscient de la grandeur de Confucius."(note) (réf.) [...] Et si les enseignements Shingon, originaires de l'Inde, étaient équivalents ou supérieurs à ceux de l'école Tendai, pourquoi l'éminent moine en Inde aurait-il posé à Amoghavajra* des questions sur Zhiyi* et affirmé que le Dharma correct avait disparu d'Inde ?
[...] Après avoir cité ce passage du Sutra du Lotus, Saicho* note un passage du Hokke Gengi de Zhiyi*, qui, interprétant ce même passage, en donne l'explication suivante : "Il faut savoir que les sutras sur lesquels s'appuient les autres écoles ne sont pas les plus élevés. Par conséquent, ceux qui croient dans ces sutras ne sont pas non plus les meilleurs. Mais, puisque l'école Tiantai croit dans le sutra le plus élevé, ceux qui croient dans le Sutra du Lotus sont les premiers parmi la multitude. Ce sont là les mots mêmes du Bouddha. Comment pourrait-il s'agir là d'une simple glorification de soi-même  ? "
[...] Plus loin, dans l'ouvrage précédemment cité [Hokke Shuku], Saicho* déclare : "Des explications détaillées concernant les textes sur lesquels les autres écoles basent leurs enseignements sont données dans un autre ouvrage." Dans cet autre écrit auquel il se réfère, le Ebyo Shu, on lit : "[Le fondateur de notre école, ] le Grand-maître* Zhiyi* enseigna le Sutra du Lotus, et les commentaires qu'il en fait le placent très au-dessus de tous les autres maîtres ; dans toute la Chine, il n'a pas son pareil. Il est clair qu'il est l'envoyé du Bouddha.
[...] A la lumière des enseignements du Sutra du Lotus et des commentaires de Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho*, dans le Japon d'aujourd'hui, il n'y a pas un seul pratiquant du Sutra du Lotus  !
[...] En Chine, au temps de l'empereur Chen, le Grand-maître* Zhiyi* remporta la victoire au cours d'un débat l'opposant aux maîtres des écoles du Nord et du Sud, et il fut honoré du titre de Grand-maître de son vivant. Ainsi, Saicho* dit de lui qu'il fut "très au-dessus de tous les autres maîtres ; dans toute la Chine, il n'eut pas son pareil". Au Japon, le Grand-maître* Saicho* remporta un débat l'opposant aux maîtres des six écoles et devint le fondateur et le premier patriarche de l'école japonaise du Tendai. En Inde, en Chine et au Japon, seules ces trois personnes - Shakyamuni, Zhiyi* et Saicho* - furent ce que le Sutra de lotus appelle "les premiers parmi la multitude des êtres vivants".
[...] Ainsi, dans le Hokke Shuku, Saicho* écrit : "Shakyamuni enseigna que "le superficiel est facile [à saisir] mais le profond, difficile". Abandonner le superficiel pour rechercher ce qui est profond [demande du courage], c'est l'esprit de "rechercher le Bouddha". Le Grand-maître* Zhiyi*, en suivant fidèlement le Bouddha Shakyamuni, a contribué à la propagation de l'école Tiantai en Chine. [Nous, ] la famille du Mont Hiei, en succédant à Zhiyi*, contribuons à la propagation de l'école Hokke au Japon."
[...] En effet, Jizang était une personne qui détruisait le Sutra du Lotus. Aussi, lorsque, après avoir été vaincu par le Grand-maître* Zhiyi* [au cours d'un débat], il se mit à son service, Jizang n'enseigna plus le Sutra du Lotus. Il déclara : "Je ne peux plus l'enseigner. Si je le faisais, je retomberais inévitablement dans les mauvaises voies." Et, pendant sept années, il fit de son propre corps un pont (note).
[...] Jizang, à un moment donné, alla voir le Grand-maître* Zhiyi* et le supplia de l'autoriser à entendre son enseignement. Devant plus d'une centaine de disciples sages, il se jeta à terre et, le corps totalement couvert de sueur, en larmes et les yeux injectés de sang, il déclara que, désormais, il n'enseignerait plus jamais le Sutra du Lotus. "Car, dit-il, si je devais continuer à me présenter à mes disciples en donnant des cours sur le Sutra du Lotus, ils pourraient avoir l'illusion que j'ai compris le sens profond de ce Sutra, alors que ce n'est pas le cas." Jizang était plus renommé et plus âgé que Zhiyi* et, néanmoins, en présence des autres, il décida de porter Zhiyi* sur son dos pour lui faire traverser les rivières. Lorsque Zhiyi* devait monter en chaire pour enseigner, Jizang le prenait sur son dos pour l'aider à s'y hisser. A la mort de Zhiyi*, quand l'empereur de la dynastie Shui  [Yang (569-618)] fit appeler Jizang, on dit qu'il pleura et trépigna comme un petit enfant qui vient de perdre sa mère.
[...] En Inde, il y eut des brahmanes capables de se verser toute l'eau du Gange dans l'oreille et de l'y conserver pendant douze ans ; de boire d'un seul trait l'océan tout entier, d'attraper de la main le soleil et la lune, et de changer en boeufs ou en moutons les disciples du Bouddha Shakyamuni. Mais ces pouvoirs n'eurent d'autre effet que de les rendre plus arrogants et d'alourdir leur karma de souffrance à travers vies et morts. C'est d'eux que parle Zhiyi* lorsqu'il dit : "Ils ne recherchent que la gloire et le profit, et ne font qu'accroître les illusions de la pensée et du désir."(réf.)
[...] Fayun, du temple de Guang-zhe-si, était capable de faire tomber la pluie ou de faire éclore les fleurs instantanément. Mais Zhanlan* écrit à son sujet  : "Bien qu'il fut capable de susciter des phénomènes de ce genre, sa compréhension n'est pas en accord avec la vérité du Sutra du Lotus."(réf.) Lorsque le Grand-maître* Zhiyi* récita le Sutra du Lotus, une pluie légère se mit [instantanément] à tomber, et le Grand-maître* Saicho* fit tomber une pluie d'amrita trois jours après [l'avoir enseigné]. Pourtant, ils ne considérèrent pas ces phénomènes comme la preuve que leur compréhension de la vérité coïncidait avec celle du Bouddha.
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*, présent au Pic du Vautour (note) lorsque le Sutra du Lotus fut enseigné et qui l'entendit en personne, écrivit  : "Le mot "ainsi" [nyoze] désigne un principe essentiel entendu de la bouche même du Bouddha."(réf.) Et le Grand-maître* Guanding* écrit  : "Celui qui transcrit [Guanding] commente [l'explication du titre du Sutra du Lotus donnée par Zhiyi*] en disant "Ainsi [son explication du titre dans] la préface révèle le sens profond du Sutra tout entier et indique que c'est là [dans le titre] le coeur de l'ouvrage." (réf.)
[...] Quelque mille cinq cents ans ou plus après la mort du Bouddha, à l'est de l'Inde, dans le pays qu'on appelle la Chine, le Grand-maître* Zhiyi* apparut, sous les dynasties Chen et Shui. Il affirma que, parmi les enseignements sacrés exposés par le Bouddha, on trouvait des enseignements du Mahayana et du Hinayana, des enseignements exotériques et ésotériques, des enseignements provisoireset définitifs. Il expliqua que Mahakashyapa et Ananda avaient propagé exclusivement les enseignements du Hinayana  ; Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga et Vasubandhu, les enseignements du Mahayana provisoire*. Mais, pour ce qui est de l'enseignement du Mahayana définitif* du Sutra du Lotus, ils n'avaient fait que l'effleurer rapidement, en dissimulant sa signification profonde, ou en n'en donnant qu'une explication superficielle, sans mentionner les différences entre les enseignements du début, du milieu et de la fin de la vie du Bouddha. Tantôt ils avaient décrit l'enseignement théorique* mais pas l'enseignement essentiel*, tantôt ils avaient bien distingué entre les enseignements théorique* et essentiel*, mais pas défini kanjin.
[...] Au Japon, le Grand-maître* Saicho* apparut mille huit cents ans après la disparition du Bouddha. Après avoir étudié les commentaires de Zhiyi*, il commença à critiquer les six écoles bouddhistes qui étaient apparues au Japon depuis plus de deux cent soixante ans, depuis l'époque de l'empereur Kimmei. Il fut calomnié à son tour, ses détracteurs disant que l'un des brahmanes contemporains du Bouddha ou l'un des taoïstes de Chine venaient de renaître au Japon.
[...] Les adversaires [de Saicho*] ont continué à le rabaisser en disant : "A l'époque du Bouddha, il y eut deux sanctuaires pour l'ordination, celui du Bouddha et celui de Devadatta, et de nombreuses personnes trouvèrent la mort dans le conflit qui s'ensuivit. Cet homme peut bien défier les autres écoles, mais il affirme qu'il doit établir un sanctuaire pour l'ordination afin de conférer les préceptes menant à l'Éveil parfait et immédiat que son maître lui-même, le Grand-maître* Zhiyi*, n'a pas réussi à construire.
[...] Ainsi, même si l'état d'Éveil auquel ils parvinrent fut le même, du point de vue de la propagation du bouddhisme, Ashvaghosha et Nagarjuna furent supérieurs à Mahakashyapa et Ananda  ; Zhiyi* fut supérieur à Ashvaghosha et Nagarjuna, et Saicho* surpassa Zhiyi*. De nos jours, la sagesse des personnes ordinaires devient superficielle alors que le bouddhisme devient plus profond. Par exemple, une maladie bénigne peut être soignée par un remède ordinaire, mais une maladie grave exige un traitement d'une efficacité exceptionnelle. Lorsque l'on est faible, on a besoin d'alliés puissants.
[...] Question : Existe-t-il alors un Dharma correct qui n'ait encore jamais été propagée même par Zhiyi* et Saicho* ? Réponse : Oui. Question : De quelle sorte d'enseignement s'agit-il ? Réponse : Il se compose de trois éléments. Le Bouddha l'a légué à tous ceux qui vivraient à l'époque des Derniers jours du Dharma. C'est le Dharma correct qui n'a jamais été propagée par Mahakashyapa ou Ananda, Ashvaghosha ou Nagarjuna, Zhiyi* ou Saicho*.
Traité sur la dette de reconnaissance (Minobu, le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)

Le chapitre Hoben* (II), dans le premier volume du Sutra du Lotus, dit : "La sagesse de tous les bouddhas est infiniment profonde et incommensurable."(réf.) Zhiyi* commente : "Infiniment profonde indique la réalité atteinte par le Bouddha, qui est aussi vaste que le lit large et insondable d'une rivière. Parce que le fond de la rivière est infiniment profond, les eaux de la sagesse du Bouddha sont incommensurables."(réf.)
[...] Le Sutra du Lotus nous enseigne encore : "Vie après vie, ils sont toujours nés ensemble avec leurs maîtres dans les terres de bouddha de l'Univers entier"(réf.) Et : "Si quelqu'un recherche celui qui enseigne le Dharma, il atteindra rapidement la voie du bodhisattva. S'il suit son maître et étudie avec lui, il pourra voir autant de bouddhas qu'il y a de grains de sable dans le Gange."(réf.) Zhiyi* commente cela ainsi  : "Celui qui, pour la première fois, a recherché l'Éveil en suivant ce Bouddha, le suivra à nouveau et atteindra un niveau de foi d'où il ne pourra pas régresser."(réf.)
Mise en Garde contre l'Offense au Dharma (Minobu, août 1276, au nyudo Horen)

Ces événements doivent être compris en fonction de l'époque et des circonstances dans lesquelles ils se produisirent. Zhiyi* a écrit que la pratique doit "être en accord avec l'époque."(réf.) Son disciple Guanding* interpréta cela en disant  : "Vous devriez choisir judicieusement entre les méthodes de shoju et de shakubuku selon l'époque et ne jamais adhérer exclusivement à l'une ou à l'autre."(réf.) Le Sutra du Lotus exprime une vérité unique, mais sa pratique et sa propagation varie selon les dispositions des hommes et l'époque.
[...] Maintenant, au commencement de l'époque des Derniers jours du Dharma, moi, Nichiren, suis le premier à entreprendre la propagation des cinq caractères de Myoho Renge Kyo dans le monde entier. Ces cinq caractères sont le coeur du Sutra du Lotus et la source de l'Éveil de tous les bouddhas. Plus de deux mille deux cent vingt ans se sont écoulés depuis l'entrée dans le nirvana du Bouddha Shakyamuni, mais personne n'a jamais entrepris cette mission, pas même les plus grands de ses disciples Mahakashyapa, Ananda, Ashvaghosha, Nagarjuna, Huisi ou Zhiyi*, Zhanlan* ou Saicho*  ! formez vos rangs, mes disciples, et suivez-moi  !
[...] Maintenant, rien ne me rend plus heureux que d'être né à l'époque des Derniers jours du Dharma, et d'être en butte à des persécutions pour avoir propagé le Dharma des cinq caractères de Myoho Renge Kyo. Pendant plus de deux mille deux cents ans depuis la mort du Bouddha Shakyamuni, personne, pas même le grand sage Zhiyi*, n'a vécu cette phrase du Sutra : "En ce monde, il y aura beaucoup de haine et il sera difficile de croire."(réf.)
Sur le comportement du Bouddha (Minobu, 1276, à Konichi-ama)

Zhiyi* indique  : "La vie à chaque instant est dotée des dix mondes-états."(réf.) Guanding* affirme  : "Le Bouddha considérait cette doctrine comme la raison ultime [de sa venue en ce monde]. Comment pourrait-elle être facile à comprendre  ? "(réf.) Zhanlan* ajoute  : "C'est la révélation ultime de la vérité finale et suprême."(réf.) Il est dit dans le Sutra du Lotus  : "[Et tout ce que le Bouddha enseigne pour l'avoir compris] ne s'écarte en rien de l'aspect réel."(réf. Zhiyi* interprète cela en disant  : "Ce qui concerne le travail et la vie quotidienne n'est en rien différent de la réalité ultime."(réf.)
Le kalpa de déclin (Minobu, peu après 1276, à un membre du clan du défunt nyudo Takahashi Rokuro Hyoe)

Par contre, l'affirmation que le Sutra du Lotus est supérieur aux divers autres sutras ne s'appuie pas sur les propos des Maîtres de doctrine* mais sur le texte du Sutra lui-même. Ceci est comparable à un souverain affirmant sa supériorité sur ses sujets, ou à un guerrier rappelant à un homme de basse condition qu'il ne fait pas partie de la classe des samouraïs. Quel mal y a-t-il à cela  ? Le Sutra du Lotus est le sutra qui correspond à la véritable intention du Bouddha. C'est le point central que saisirent Zhiyi* et Zhanlan*.
[...] Question : on lit, dans les commentaires du Grand-maître* Zhiyi*  : "[Si les personnes des deux véhicules peuvent parvenir à l'Éveil grâce au Sutra du Lotus], les bodhisattvas peuvent atteindre la bodhéité grâce à divers sutras antérieurs."(réf.) Ce passage semble indiquer que le Sutra du Lotus ne s'adressait qu'aux personnes des deux véhicules et non aux bodhisattvas, puisque les bodhisattvas étaient déjà assurés de parvenir à l'Éveil grâce aux sutras antérieurs. Dans ce cas, faut-il comprendre que les paroles du Bouddha "Je n'ai pas encore révélé la vérité"(réf.), et "En rejetant sincèrement les enseignements provisoires, [je n'exposerai que la Voie suprême]"(réf.), ainsi que tout ce qui est dit dans les huit volumes du Sutra du Lotus, est entièrement destiné aux personnes des deux véhicules et ne convient pas à un seul bodhisattva  ? Est-ce vrai ? Réponse : cette théorie, selon laquelle le Sutra du Lotus serait destiné aux personnes des deux véhicules et non aux bodhisattvas, fut exposée en Chine avant l'apparition de Zhiyi* par [dix maîtres éminents] les représentants des trois écoles du Sud et des sept écoles du Nord. Mais Zhiyi* réfuta définitivement cette idée, de sorte qu'elle n'a plus cours aujourd'hui. Si vous dites qu'aucun bodhisattva ne tire de bienfait du Sutra du Lotus, alors comment expliquez-vous le passage  : "Quand les bodhisattvas entendent ce Dharma, ils se libèrent des filets du doute"  ? (réf.)
[...] Le Bouddha déclare, dans le chapitre Yakuo* (XXIII) : "Dans la cinquième période de cinq cents ans après mon trépas, faites largement connaître ce Sutra et ne laissez jamais son flot tarir."(réf.) Le Grand-maître* Zhiyi* commente cela en ces termes  : "Dans la cinquième période de cinq cents ans, le Dharma Merveilleux doit se répandre et apporter des bienfaits à toute l'humanité pour très longtemps dans l'avenir."(réf.)
[...] De même, l'empereur de la dynastie Chen, qui écarta les trois écoles du Sud et des sept écoles du Nord, et s'appuya sur le Maître du Dharma Zhiyi*, et l'empereur Kammu, qui préféra le Maître du Dharma Saicho* aux moines éminents des six écoles, sont, de nos jours encore, respectés pour leur sagesse. Le Maître du Dharma Zhiyi* fut par la suite honoré du titre de Grand-maître* Tiantai, et le Maître du Dharma Saicho* reçut par la suite le nom de Grand-maître* Dengyo.
[...] A pareille objection, répondez : "Dans le Sutra du Lotus il est dit que, indépendamment des capacités des gens, à l'époque des Derniers jours du Dharma il faut enseigner à tout prix le Sutra du Lotus." Puis demandez à votre contradicteur comment il interprète cette exhortation. Appellera-t-il le Bouddha Shakyamuni, le bodhisattva Fukyo, Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* "des personnes aux vues erronées" ou des non bouddhistes ?
[...] Il enseigna que même s'ils devaient tomber en enfer [pour s'être opposés au Sutra du Lotus], ceux dont les oreilles ont entendu le Sutra du Lotus ont reçu la graine de la bodhéité qui leur permettra immanquablement de devenir bouddha. C'est pourquoi Zhiyi* et Zhanlan* ont affirmé dans leurs commentaires qu'il fallait à tout prix enseigner le Sutra du Lotus. De même qu'une personne qui trébuche et tombe à terre prend ensuite appui sur la terre pour se relever, si [pour s'être opposées au Sutra du Lotus] des personnes tombent en enfer, elles se relèveront rapidement et atteindront la bodhéité.
Parvenir directement à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus (Minobu, mars 1277 ? à Myoho-ama)

Les deux grands sages Zhiyi* et Zhanlan* ont donné une définition de ces deux premiers niveaux dans la foi et dans la pratique et les ont interprétés de trois manières différentes. La première les assimile au stade de soji-soku, aux dix étapes de la foi et à l'étape d'un roi-faisant-tourner-la-roue-de-fer (note). La deuxième les fait correspondre à la première des cinq étapes de la pratique, considérées comme stade de kangyo-soku*, stade où l'on ne s'est pas encore détaché des illusions de la pensée et du désir. La troisième les considère comme équivalentes au stade myoji-soku*.
[...] Zhiyi* fait ce commentaire : "Une personne parvenue au stade de soji-soku* n'oubliera pas les bienfaits obtenus [quand elle renaîtra dans une autre existence]. Mais la plupart des personnes aux stades de myoji-soku* ou de kangyo-soku*, à quelques exceptions près, oublieront ces bienfaits [dans leurs vies futures.] Toutefois, même les personnes qui ont oublié ces bienfaits, si elles rencontrent un bon ami bouddhique, verront refleurir les racines du bien plantées dans leurs vies antérieures. Mais si elles rencontrent un mauvais ami, elles perdront leur véritable esprit de recherche."(réf.)
[...] Ce sont des personnes de ce genre [Ennin* et Enchin] que décrit le passage d'un écrit de Zhiyi* : "La rencontre d'un mauvais ami leur fait perdre leur véritable esprit de recherche."
[...] Un nourrisson ne sait pas ce qui donne son goût au lait qu'il boit, mais, lorsqu'il tête, naturellement, son corps s'en nourrit. Quelqu'un a-t-il jamais cherché à connaître la composition des merveilleux remèdes de Jivaka avant de les prendre  ? L'eau n'a pas de conscience, elle n'en a pas moins le pouvoir d'éteindre le feu. Le feu consume ce qu'il rencontre mais pouvons-nous dire qu'il le fait intentionnellement  ? Je ne fais que répéter ici les explications que donnaient déjà Nagarjuna et Zhiyi*.
Les Quatre Etapes de la foi (Minobu ; 10 avril 1277 (  ? ) à Toki Jonin)

C'est seulement lorsqu'une personne a affronté de grandes épreuves que l'on peut estimer qu'elle a maîtrisé le Sutra du Lotus. On pourrait croire que les Grands-Maîtres Zhiyi* et Saicho* ont été des pratiquants du Sutra du Lotus, mais ils n'ont pas subi des persécutions aussi sévères que le Bouddha de son vivant. Ils n'ont rencontré que de petites oppositions, [Zhiyi*] de la part des trois écoles du Sud et des sept écoles du Nord, et [Saicho*] de la part des sept temples principaux de Nara. Ni l'un ni l'autre n'ont subi l'hostilité du gouvernement, n'ont été attaqués par des gens du peuple à coups de sabre ou calomniés par le pays entier. [D'après le Sutra du Lotus] ceux qui croient au Sutra du Lotus après la disparition du Bouddha connaîtront des persécutions plus grandes encore que celles que le Bouddha a subies de son vivant. Pourtant personne [ni Zhiyi* ni Saicho*] n'a connu de persécutions comparables et, moins encore, des persécutions plus graves ou plus nombreuses.
La protection de Bonten et de Taishaku (Minobu, 15 mai 1277 à Nanjo Tokimitsu)

Il [Kukai] a aussi affirmé : "Le Grand-maître* Zhiyi*, de l'école Hokke, et d'autres n'ont eu de cesse de voler le ghee." Le Grand-maître* Cien, fondateur de l'école Hosso, a déclaré : "Le Sutra du Lotus n'est qu'un moyen tandis que le Sutra Jimmitsu* est véridique ; les êtres sensitifs, qui, par nature, ne sont pas prédestinés à l'illumination, ne pourront jamais, de toute éternité, atteindre la bodhéité (voir Hosso shu)."
Lettre de pétition de Yorimoto (Minobu, le 25 juin 1277, requête au seigneur Ema au nom de Shijo Kingo)

Après la mort du Bouddha, pendant les deux mille ans des époques du Dharma correct et du Dharma formel, le terme "gohonzon de l'enseignement essentiel*" ne fut jamais mentionné, et l'objet lui-même pouvait donc d'autant moins être concrétisé. Personne n'avait non plus la capacité de l'inscrire. Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* le perçurent dans leur coeur mais, pour une raison ou une autre, ne le divulguèrent jamais, de même que Yen-houei comprit le vrai sens de l'enseignement de Confucius mais le garda secret. Pourtant, le Sutra lui-même, aussi bien que les commentaires de Zhiyi* et de Zhalan établissent clairement que le Gohonzon apparaîtra dans la dernière période de cinq cents ans de l'époque des Derniers jours du Dharma, un peu plus de deux mille ans après la mort du Bouddha. Actuellement, nous sommes entrés depuis plus de deux cents ans dans l'époque des Derniers jours du Dharma. Comme il est prodigieux que Nichiren ait, le premier, inscrit ce grand mandala, levant ainsi l'étendard de la propagation du Sutra du Lotus, alors même que de Grands-maîtres comme Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* et Zhanlan* furent incapables de le faire  ! Ce mandala n'est en rien une invention de Nichiren. C'est l'objet de vénération qui dépeint parfaitement le vénérable Shakyamuni et tous les autres bouddhas dans la Tour aux Trésors, aussi fidèlement que l'estampe correspond à la planche à graver.
[...] Le Sutra définit ce principe par la phrase  : "Tous les phénomènes révèlent la véritable réalité"(réf.) (shoho jisso). Zhanlan* déclare  : "L'aspect réel est immanquablement présent dans tous les phénomènes ; dans tous les phénomènes sont immanquablement en jeu les dix modalités d'expression de la vie (nyoze). Ces dix modalités opèrent immanquablement dans les dix mondes-états et les dix mondes-états caractérisent immanquablement à la fois le sujet et son environnement."(réf.) Zhiyi* déclare  : "Le principe profond de l'"aspect réel" est le Dharma originel de Myoho Renge Kyo." Le Grand-maître* Saicho* écrivit  : "La réalité d'ichinen sanzen est le Bouddha qui a obtenu l'Éveil par lui-même et ce Bouddha n'est doté d'aucun attribut extraordinaire."(réf.) Par conséquent, ce Gohonzon est le mandala suprême sans précédent, car pendant plus de deux mille deux cent vingt ans après la mort du Bouddha, il ne fut jamais révélé.
[...] Un classique chinois relate l'histoire de l'empereur des Han [Guangwudi] qui crut si aveuglément le rapport de son aide de camp qu'il trouva réellement la rivière gelée. Un autre récit relate comment Liguang, désireux de venger son père, perça d'une flèche un rocher enfoui dans l'herbe. Les commentaires de Zhiyi* et de Zhanlan* indiquent très clairement que la foi est la base de toute chose. Parce que l'empereur des Han ne douta pas un seul instant du rapport de son subordonné, la rivière gela. Et Liguang parvint à percer un rocher de sa flèche tant il était persuadé qu'il s'agissait là du tigre qui avait tué son père. La foi bouddhique est encore plus puissante.
Le Véritable Aspect du Gohonzon (Minobu, 23 août 1277, à Dame Nichinyo)

Parce que les êtres vivants ont des natures différentes (...) j'enseigne différentes doctrines. Cela, [l'oeuvre du Bouddha] je ne l'ai jamais négligé un seul instant (note)." Zhiyi* et Zhanlan* ont commenté ce passage.
[...] Quant à l'enseignement dont je parle : après la mort de l'Ainsi-venu, en Inde, pendant plus de mille cinq cents ans, elle était connue par les vingt-quatre successeurs du Bouddha - parmi lesquels Nagarjuna et Vasubandhu - mais ils ne l'ont pas révélée. En Chine, pendant plus de mille ans, la plupart des gens l'ignoraient ; seuls Zhiyi* même pour le Grand-maître* Saicho*.
[...] L'enseignement de Nichiren représente le troisième. Le premier et le deuxième ont déjà été évoqués, même si cela a toujours été en termes aussi vagues que la description d'un rêve. Mais le troisième n'a jamais été clairement énoncé. Zhiyi*, Zhalan et Saicho* y ont fait allusion, mais sans le révéler pleinement. Ils ont laissé ce soin à notre époque, celle des Derniers jours du Dharma.
[...] De plus, il existe des différences selon les époques, celles du Dharma correct, du Dharma formel et des Derniers jours du Dharma  ; et il y a encore une différence si l'on pratique shoju ou shakubuku. Il faut également conserver en mémoire l'expression employée par Zhiyi*" [aussi insolite qu'] un tigre sur la place du marché". (réf.)
Le troisième enseignement (Minobu, 1er octobre 1277, à Toki Jonin)

Myoho Renge Kyo est non seulement le coeur de tous les enseignements sacrés exposés par Shakyamuni de son vivant, mais aussi le coeur et le corps du Sutra du Lotus, l'enseignement suprême. Pourtant, si merveilleux que soit cet enseignement, pendant les plus de deux mille deux cent vingt ans qui se sont écoulés depuis la disparition du Bouddha, personne ne l'a propagé. Les vingt-quatre successeurs du Bouddha ne l'ont pas propagé en Inde, pas plus que Zhiyi* et Zhanlan* en Chine. Au Japon, ni le prince Shotoku ni le Grand-maître* Saicho* ne l'ont propagé. Par conséquent, quand je l'expose, les gens refusent de le croire pensant qu'il s'agit d'un enseignement faux. C'est bien compréhensible. Par exemple, si un simple soldat avait prétendu avoir séduit Wang Zhao-gun, personne ne l'aurait cru. Puisque Zhiyi* et Saicho*, d'un rang aussi élevé que celui de ministre et d'aristocrate, n'ont pas propagé Namu Myoho Renge Kyo, le coeur du Sutra, comment, se demandent les gens, un moine d'une position aussi basse que la mienne pourrait-il le faire  ? Vous l'ignorez peut-être mais il faut bien savoir que les corbeaux, les oiseaux les plus méprisés qui soient, peuvent annoncer des événements heureux ou malheureux qui se produiront dans l'année, alors que les aigles et les vautours en sont incapables. Un serpent est bien moins imposant qu'un dragon ou un éléphant, mais il peut pressentir une inondation sept jours à l'avance. Même si Nagarjuna et Zhiyi* avaient ignoré l'enseignement que je propage, s'il est clairement énoncé dans des passages du Sutra, comment est-il possible d'en douter  ?
"Ainsi ai-je entendu" (Minobu, 28 novembre 1277, à Soya Kyoshin)

Cent ans ou plus après l'introduction du Sutra du Lotus en Chine, le Grand-maître* Zhiyi* établit, dans le domaines des études doctrinales, la classification des cinq périodes et des quatre enseignements. Il réfuta les interprétations doctrinales avancées par les lettrés pendant les plus de cinq cents années précédentes, et, par sa pratique de la méditation-samadhi, s'éveilla à la vérité d'ichinen sanzen, comprenant pour la première fois le principe du Sutra du Lotus. L'école Sanron, créée avant la naissance du Grand-maître* Zhiyi*, et l'école Hosso, créée après sa mort, enseignèrent toutes deux un principe des huit mondes-états (note) mais ne mentionnèrent jamais dix mondes-états. Par conséquent, ces deux écoles ne pouvaient en aucune manière établir le principe d'ichinen sanzen. L'école Kegon eut ses débuts dans l'enseignement des différents maîtres de la Chine du Nord et du Sud avant la venue de Zhiyi*. Ces maîtres ont déclaré que le Sutra Kegon* était supérieur au Sutra du Lotus, mais, à l'époque, ils ne se désignaient pas eux-mêmes comme l'école Kegon.Cette école, dans ses interprétations doctrinales, établit les cinq enseignements, et, pour sa pratique de la méditation, énonce les principes des dix mystères et des six formes, Tous ces enseignements semblent extrêmement impressionnants, et l'on pourrait penser qu'avec eux Cheng-guan aurait pu réfuter les enseignements de Zhiyi*. Mais, en fait, Cheng-guan se borna à emprunter le principe d'ichinen sanzen énoncé par Zhiyi*, et à le définir comme la véritable intention contenue dans le passage du Sutra Kegon* qui dit : "L'esprit est comparable à un peintre de talent." Par conséquent, nous pourrions dire que l'école Kegon fut en réalité vaincue par Zhiyi*, ou peut-être qu'elle fut coupable de voler le principe d'ichinen sanzen. Cheng-guan, sans aucun doute, observait très rigoureusement les préceptes. Il ne transgressa jamais, si peu que ce soit, aucune des règles du Mahayana ou du Hinayana.
[...] J'ai éprouvé la plus grande méfiance à l'égard du raisonnement qui sous-tend l'argumentation de Shubhakarasimha*. Ce Savant-maître* Shubhakarasimha* déclare que le Sutra du Lotus et le Sutra Vairocana* sont égaux en principe, mais que ce dernier est supérieur du point de vue de la pratique. Il prend le principe d'ichinen sanzen, que le Grand-maître* Zhiyi* fut le premier à formuler, et prétend le trouver dans le Sutra Vairocana*, et, à partir de là, déclare arbitrairement que les deux sutras sont identiques.
[...] Or ce principe d'ichinen sanzen, pour la première fois défini par le Grand-maître* Zhiyi*, est le père et la mère des bouddhas. Pourtant, à peu près cent ans plus tard, Shubhakarasimha* vola ce principe, et affirma dans ses écrits que le Sutra Vairocana* et le Sutra du Lotus étaient égaux du point de vue théorique et qu'ils avaient en commun un principe, celui d'ichinen sanzen. Une personne dotée de sagesse ou d'intelligence devrait-elle prêter foi à une déclaration de ce genre ?
[...] Ceux qui prétendent supérieur [au Sutra du Lotus] un texte qui ne dit rien de la possibilité, pour les personnes des deux véhicules, d'atteindre la bodhéité, uniquement parce qu'il comporte des mudra et des mantra dharani*, sont nécessairement des voleurs, du point de vue des principes, et des hérétiques, du point de vue de la pratique - des gens qui considèrent comme supérieur ce qui est inférieur. Parce qu'il commit cette erreur, Shubhakarasimha* fut puni par Yama, le roi des enfers. Par la suite, il s'en repentit, révéra le Grand-maître* Zhiyi* et eut foi dans le Sutra du Lotus ; et, de cette manière, il évita le royaume du mal.
Lettre à Shomitsu-bo (Minobu, 1277 à Shomitsu-bo)

Après la disparition du Bouddha, de Grands-maîtres et lettrés [du bouddhisme] comme Mahakashyapa, Ananda, Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho* et Gishin*, connaissaient cette doctrine, mais l'ont gardée en leur coeur et ne l'ont pas propagée de manière explicite. Car le Bouddha leur avait interdit de le faire en disant qu'après sa disparition, ce Grand Dharma ne devra pas être divulgué jusqu'au début de l'époque des Derniers jours du Dharma.
Lettre à Misawa (Minobu, le 23 février 1278 à Misawa)

Celui qui, en dépit de ces dissemblances, confond honmon avec shakumon, n'a pas plus de bon sens qu'une personne incapable de distinguer le feu de l'eau. Le Bouddha a clairement établi cette séparation mais, au cours de plus de deux mille ans écoulés depuis sa disparition, personne, dans les Trois pays, ou ailleurs dans le monde, n'a parfaitement compris la différence. Seuls les Grands-maîtres Zhiyi* en Chine et Saicho* au Japon ont plus ou moins tenu compte de cette distinction. Mais le précepte de l'Éveil parfait sans supérieur [par la pratique] du Sutra du Lotus [qui se trouve dans l'enseignement essentiel* et non dans l'enseignement théorique*] n'était pas encore révélé. Zhiyi* et Saicho* le connaissaient dans leur coeur mais ne le dévoilèrent pas pour trois raisons : d'abord le temps propice n'était pas encore venu ; ensuite, les gens n'avaient pas la capacité de le comprendre ; enfin, ni l'un ni l'autre n'avaient reçu la mission de le transmettre.
Le Grand-maître* Zhiyi*, dans le Maka Shikan, décrivit la méditation sur les dix objets et les dix méditations, mais personne après lui ne les a pratiquées. A l'époque de Zhanlan* et de Saicho*, certaines personnes les ont un peu pratiquées mais sans rencontrer de grandes difficultés parce qu'elles n'ont pas suscité d'adversaires puissants. Les trois obstacles et les quatre démons mentionnés dans le Maka Shikan ne viennent pas faire obstacle à la pratique des enseignements provisoires. Mais maintenant tous, sans exception, apparaissent pour me barrer la route. Ils sont encore plus redoutables que les trois obstacles et les quatre démons auxquels Zhiyi*, Saicho* et d'autres furent confrontés. Il y a deux manières de percevoir le principe d'ichinen sanzen. L'une est théorique et l'autre concrète. Ichinen sanzen, comme l'enseignaient Zhiyi* et Saicho*, était un principe théorique, mais ichinen sanzen comme je l'enseigne maintenant est un principe concret. Parce que la voie que je pratique est supérieure, les difficultés qui l'accompagnent sont plus grandes. Ichinen sanzen, dans la pratique de Zhiyi* et de Saicho*, se rattache à l'enseignement théorique* tandis qu'ichinen sanzen, dans la pratique de Nichiren, fait partie de l'enseignement essentiel*.
Le traitement de la maladie (Minobu, 26 juin 1278 (ou 1282) à Toki Jonin)

Dans le huitième volume du Hokke Mongu Ki*, Zhanlan* stipule qu'en n'expliquant que le Titre, le Hokke Gengi de Zhiyi* traite en fait du Sutra tout entier. Il voulait dire par là que, même si le texte était omis, l'ensemble du Sutra était contenu dans son seul titre. Toute chose a un point essentiel, et le cœur du Sutra du Lotus, c'est son titre : Namu Myoho Renge Kyo. En vérité, si vous récitez ce titre matin et soir, vous lisez correctement l'ensemble du Sutra du Lotus.
[...] Réciter deux fois daimoku revient à lire deux fois le Sutra tout entier ; réciter cent fois daimoku équivaut à lire cent fois le Sutra  ; et réciter mille fois daimoku équivaut à lire mille fois le Sutra. Donc, réciter continuellement daimoku revient à lire continuellement le Sutra du Lotus. Les soixante volumes (note) de Zhiyi* offrent exactement la même interprétation. Ce Dharma si facile à recevoir et si facile à pratiquer a été enseigné pour le bien de toute l'humanité à l'époque mauvaise des Derniers jours du Dharma
La phrase unique et essentielle (Minobu, le 3 juillet 1278, à Myoho-ama)

Le Grand-maître* Zhiyi*, [...] fit remarquer  : "Les autres sutras prédisent que les hommes peuvent parvenir à la bodhéité mais pas les femmes. Seul ce Sutra prédit que tous les êtres humains atteindront la bodhéité."(réf.)
Le sutra permettant véritablement d'honorer sa dette (Minobu, le 28 juillet 1278 à Sennichi-ama)

Plus les racines sont profondes, plus luxuriantes sont les branches. Plus la source est lointaine, plus le courant est long. Tous les sutras autres que le Sutra du Lotus ont des racines peu profondes et leur cours n'est pas long. Par contre, le Sutra du Lotus a des racines profondes et une source lointaine. C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* affirma qu'il se perpétuerait jusqu'à l'époque mauvaise des Derniers jours du Dharma, et s'y propagerait encore.
[...] Le bodhisattva Nagarjuna, Zhiyi* et Saicho furent persécutés en raison de leur foi bouddhique, mais aucune des persécutions qu'ils subirent ne furent aussi graves que celles que décrit le Sutra. C'est parce qu'ils naquirent avant l'époque où le Sutra du Lotus devait se propager.
[...] Nous sommes maintenant déjà entrés dans "la dernière période de cinq cents ans", c'est-à-dire au début de l'époque des Derniers jours du Dharma. C'est un moment comparable au soleil le quinzième jour du cinquième mois [du calendrier lunaire], ou à la lune des moissons, le quinzième jour du huitième mois. Zhiyi* et Saicho* sont nés trop tôt pour connaître ce moment et ceux qui naîtront après regretteront d'avoir vécu trop tard.
Plus la source est lointaine, plus le courant est long (Minobu, le 15 septembre 1278, à Shijo Kingo)

L'ouvrage du Grand-maître* Zhiyi*, intitulé Hokke Sanmai Sengi déclare : "Bâtissez un autel respectable dans le temple et enchâssez y le Sutra du Lotus. Il n’est pas besoin d’y présenter des figures de bouddhas ni aucun autre sutra, ni d’enchâsser les cendres du Bouddha Shakyamuni. Seul le Sutra du Lotus est nécessaire."
Questions - réponses concernant l’objet de vénération (Minobu,  septembre 1278 à Joken-bo)

Question : L'ouvrage de Zhiyi*, intitulé Maka Shikan décrit le pratiquant marchant autour d’une statue du Bouddha Amida comme objet de vénération lorsqu’il pratique la deuxième des quatre méditations (shishu-sanmai, chaturdhyana). La traduction d'Amoghavajra* du Manuel Rituel au moyen de la Sagesse et du Discernement du Sutra du Lotus déclare : "Le Bouddha Shakyamuni et le Bouddha Taho sont les objets de vénération." Pourquoi rejetez vous leurs opinions et maintenez vous que le Titre du Sutra du Lotus est l’objet de vénération ? Réponse : Cela n’est absolument pas fondé sur ma réflexion personnelle. C’est fondé sur les enseignements du Sutra du Lotus, mentionnés plus haut, et sur l’interprétation de Zhiyi*. Quant au point douteux selon lequel le bouddha Amida est l’objet de vénération lorsqu'on on pratique les quatre niveaux de méditation d’après le Maka Shikan, c’est parce que le bouddha Amida est regardé comme l’objet de vénération seulement quand on pratique la joza-sanmai", "la méditation active continuelle pendant une période de 90 jours", pendant laquelle le pratiquant marche autour de la statue du bouddha Amida en invocant son nom (nembutsu) et en se le remémorant (jogyo-sanmai), et "la méditation sur la réalité" (higyo-hiza-sanmai) dans une posture non spécifiée pour une période de temps non spécifiée. Ce sont trois des quatre niveaux de méditation concentrée (samadhi) de l’école Tendai.
[...] Comme on peut l’observer d’après l’interprétation des sutras mentionnés ci-dessus, cela n’est pas basé sur mon opinion personnelle et arbitraire. Le Bouddha Shakyamuni et le Grand-maître* Zhiyi* tenaient le Sutra du Lotus comme leur objet de culte. Bien que je sois apparu dans ce monde après eux, moi aussi, j’ai choisi le Sutra du Lotus comme objet de culte.
[...] Les Japonais peuvent bien lire avec leurs lèvres que le Sutra du Lotus est le premier, mais, dans leur esprit, il occupe la seconde ou la troisième place et ils l’exprimeront ainsi par les mots et par leurs corps. Personne ne mentionnera le Sutra du Lotus comme le sutra suprême et ne le traitera comme tel par les paroles, le corps et la pensée. Seul le Grand-maître* Zhiyi* le fit.
[...] Cela fait environ 2 200 ans depuis que le Bouddha Shakyamuni a prêché, mais pas une seule personne dans ce monde n’a diffusé ce Gohonzon et les enseignements du Bouddha Shakyamuni. Le Grand-maître* Zhiyi*, de Chine, et le Grand-maître* Saicho*, du Japon, sont au courant de ce Gohonzon, mais il n’ont fait aucun effort pour le diffuser.
Questions - réponses concernant l’objet de vénération (Minobu,  septembre 1278 à Joken-bo)

Et dans le Maka Shikan de Zhiyi* il est dit  : "Les désirs terrestres conduisent à la bodhéité (bonno soku bodai)  ; les souffrances de la naissance et de la mort conduisent au nirvana (shoji soku nehan)."
L'octroi d'un nouveau domaine (Minobu, octobre 1278, à Shijo Kingo)

Il fallut au Bouddha un peu plus de quarante ans pour réaliser la tâche qu'il avait à accomplir en ce monde ; il fallut à Zhiyi* environ trente ans et à Saicho* quelque vingt ans. J'ai souvent mentionné les indescriptibles persécutions qu'ils subirent pendant ces années. Pour moi, il a fallu vingt-sept ans, et les persécutions dont j'ai été l'objet pendant cette période sont bien connues de vous.
[...] Dans les deux mille ans et plus qui s'écoulèrent "après sa mort", personne, pas même Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* ou Saicho*, ne subit aucune des persécutions, encore plus grandes, qui étaient prédites. Ils furent indéniablement des pratiquants du Sutra du Lotus, mais puisque tel est le cas, d'où vient qu'aucun d'eux ne versa la moindre goutte de sang, à l'instar du Bouddha, ou n'endura des épreuves encore plus grandes  ? Les prédictions du Sutra pourraient-elles être fausses et les paroles du Bouddha, de grands mensonges ?
[...] Je ne sais pas si ces épreuves égalent ou surpassent celles du Bouddha. Ce que Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* et Saicho eurent à subir n'est rien comparé à cela. Sans la venue de Nichiren dans les Derniers jours du Dharma, le Bouddha aurait été un grand menteur et les témoignages apportés par Taho et tous les autres bouddhas auraient été faux. Dans les 2230 et quelques années écoulées depuis la mort du Bouddha Shakyamuni, Nichiren est la seule personne, dans le monde entier, à accomplir sa prophétie.
Sur les persécutions subies par le Bouddha (Minobu, le 1 février ou 1er octobre 1279 Shijo Kingo)

Même si les croyants des enseignements provisoires répètent à l'envi que l'on peut atteindre l'Éveil grâce aux enseignements antérieurs au Sutra du Lotus, il est aussi facile de réfuter leurs affirmations que de briser mille poteries avec un seul marteau. [Zhiyi* déclare : ] "La pratique du Sutra du Lotus est shakubuku, la réfutation des enseignements provisoires."(réf.) Le Sutra du Lotus est, en vérité, de tous les enseignements le plus profond et le plus ésotérique.
[...] [Nous savons que] le bodhisattva Fukyo fut attaqué à coups de cannes, comme il est dit dans le Sutra : "Ils le frapperont à coups de cannes et de bâtons, et lui jetteront des pierres et des tuiles." Mais il ne connut pas la persécution par le sabre. Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho* et d'autres n'ont pas connu cela, [en accord avec la phrase : ] "Il sera épargné par le sabre et le bâton."(réf.)
La persécution par le sabre et le bâton (Minobu, 20 avril 1279 à Nanjo Tokimitsu)

Les quatre rangs de saints aux époques du Dharma correct et du Dharma formel ne l'ont pas même mentionné, parce que c'est le bodhisattva Jogyo qui doit apparaître pour l'établir, dans la première période de cinq cents ans de l'époque des Derniers jours du Dharma. Nagarjuna et Vasubandhu le connaissaient dans leur coeur mais ne le révélèrent pas aux autres. Le Grand-maître* Zhiyi* en avait connaissance, mais, parce qu'il était un bodhisattva des enseignements théoriques, il ne l'enseigna qu'en partie, sans en révéler la véritable signification.
[...] Le moment est maintenant venu. C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi*, qui aurait souhaité vivre à cette époque des Derniers jours du Dharma, disait dans le Hokke Mongu* : "Au cours de la cinquième période de cinq cents ans, le Dharma Merveilleux se répandra et apportera ses bienfaits pour longtemps à l'avenir."(réf.)
[...] D'un point de vue profane, moi, Nichiren, je suis l'être le plus misérable du Japon, mais à la lumière du bouddhisme, je suis la personne la plus fortunée du monde. Cela est dû au temps. Et, en le comprenant, je suis empli d'une telle joie que et ne peux retenir mes larmes. Il m'est impossible de m'acquitter de ma dette de reconnaissance envers Shakyamuni. Même les vingt-quatre successeurs de Shakyamuni me semblent avoir moins de chance que moi, et les bienfaits obtenus par Zhiyi* et Saicho* me paraissent inférieurs aux miens. Car maintenant, le temps est venu d'établir l'objet de vénération représentant les quatre bodhisattvas.
Sur l'établissement des Quatre Bodhisattvas (Minobu, 17 mai 1279 à Toki Jonin)

L'autre point de vue consiste à penser que, même si le Sutra du Lotus diffère des autres sutras puisqu'il dépasse les enseignements provisoires, ce qui n'est pas le cas des autres, tous représentent l'enseignement parfait*. C'est une interprétation qui se fonde sur l'enseignement théorique*. Mais selon l'enseignement essentiel*, les divers autres sutras correspondent aux cinq saveurs, alors que le Sutra du Lotus est le souverain des cinq saveurs. Zhiyi* et Zhanlan* abordèrent ce point dans leurs écrits, mais ils ne l'expliquèrent pas clairement. C'est pourquoi seuls quelques maîtres en furent conscients.
Le roi Rinda (Minobu, le 17 août 1279 à Soya Doso, fils de Soya Kyoshin)

Le nom de toute chose est important. C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* plaçait la "désignation" en tête des cinq principes majeurs. M'être moi-même donné le nom de Nichiren (Soleil-Lotus) signifie que j'ai atteint l'Éveil par moi-même.
Lettre à Jakunichi-bo (Minobu, 16 septembre 1279, à Jakunichi-bo Nikke)

Plus de mille cinq cents ans après la mort du Bouddha, vivait en Chine un certain Shen-Shen. Il était prédit que cet homme mourrait à l'âge de cinquante ans, mais en suivant les préceptes du Grand-Maître Zhiyi*, il put prolonger sa vie de quinze ans, et vécut jusqu'à soixante-cinq ans.
Où qu'il se trouve, dans les montagnes, ou sur la mer, dans le ciel ou dans les villes, l'homme ne peut échapper à la mort. Toutefois, un passage tiré d'un des sutras explique que l'on peut transformer même un karma fixe. Selon l'interprétation de Zhiyi*, ce passage signifie que l'on peut prolonger la durée de sa vie.(réf.)
Sur la possibilité de prolonger sa vie (Minobu, 1279 à Myojo, femme de Toki Jonin)

Le Grand-maître* Jizang écrivit le Hokke genron* en dix volumes, et aurait dû pour cela tomber dans l'enfer avici. Mais il abandonna ses interprétations personnelles du Sutra du Lotus et servit le Grand-maître* Zhiyi*, si bien qu'il échappa ainsi aux souffrances de l'enfer.
Lettre à Akimoto (Minobu, le 27 janvier 1280, à Akimo to)

Nombreux sont ceux qui ont exposé les différents enseignements de Shakyamuni, mais jusqu'à présent personne, pas même Zhiyi* ou Saicho*, n'a enseigné le plus important de tous. Il devait en être ainsi, car cet enseignement n'apparaît et ne se répand qu'avec l'avènement du bodhisattva Jogyo pendant les premiers cinq cents ans des Derniers jours du Dharma.
Lettre à Niike (Minobu, février 1280 à Niike Saemon no jo)

Voilà le sens de ce passage du Sutra du Lotus et des commentaires de Zhiyi* et de Zhanlan* : recevoir et garder, protéger et croire, ne serait-ce qu'une strophe du Sutra du Lotus, est encore plus bénéfique que de faire des dons à tous les êtres vivants, des offrandes aux arhats, ou même d'offrir à tous les bouddhas assez des Sept sortes de trésors pour emplir la totalité d'un système majeur de mondes.
[...] Au cours des plus de 2200 ans écoulés depuis la disparition du Bouddha, personne n'a encore totalement exposé et propagé l'enseignement du Sutra du Lotus, exactement tel qu'il est énoncé dans le Sutra. Cela ne veut pas dire que Zhiyi* et Saicho* en ignoraient la véritable signification. Mais parce que le temps propice n'était pas encore venu, et parce que les capacités des gens n'étaient pas adéquates, ils sont morts sans avoir tout élucidé par écrit.
[...] Zhiyi* a affirmé "... la personne est de moins d'importance que le Dharma qui est suprême."
La bonne fortune inégalée (Minobu, 1l mai 1280, au seigneur Nishiyama)

Après la disparition du Bouddha, trois personnes seulement ont véritablement lu ce passage du Sutra du Lotus. Le bodhisattva Nagarjuna, en Inde, dit dans son Daichido Ron*   : "Le Sutra du Lotus est comme un grand médecin qui change le poison en remède". (note) C'est de cette manière qu'il expliqua le sens du passage "le plus difficile à croire, le plus difficile à comprendre". En Chine, le Grand-maître* Zhiyi* interpréta cette phrase en la replaçant dans son contexte : "De tous ceux que j'ai enseignés, que j'enseigne et que j'enseignerai le Sutra du Lotus est le plus difficile à croire et le plus difficile à comprendre."(réf.)
Comparaison du Sutra du Lotus avec les autres sutras (Minobu, le 26 mai 1280 à Toki Jonin)

Le mot Namu exprime un sentiment de respect et de vénération. C'est pourquoi le vénérable Ananda plaça namu au-dessus des deux caractères de nyoze [dans la phrase nyoze gamon, "Ainsi ai-je entendu"] qu'il écrivit au début de tous les sutras. Le Grand-maître* Huisi employa les mots Namu Myoho Renge Kyo, et le Grand-maître* Zhiyi* les mots keishu Namu Myoho Renge Kyo.
[...] Le très sage Grand-maître* Zhiyi* commenta les cinq caractères de Myoho Renge Kyo dans les mille pages de son Hokke Gengi en dix volumes. Le point central de cet ouvrage est le suivant : les quatre-vingt, soixante, ou quarante volumes du Sutra Kegon*  ; les quelques centaines de volumes des sutras Agama*  ; les nombreux volumes du Sutra Dajuku hodo ; les quarante ou six cents volumes du Sutra Daibon hannya ; les quarante ou trente-six volumes du Sutra du Nirvana, ainsi que les innombrables sutras en Inde, dans les palais des Rois-dragons, dans les cieux et dans les mondes des dix directions, aussi nombreux que tous les grains de poussière de la terre - tous ces sutras sont les serviteurs et les seconds du seul caractère Kyo (sutra) de Myoho Renge Kyo. De plus, le Grand-maître* Zhanlan* écrivit des commentaires en dix volumes intitulés Hokke gengi shakusen. Dans cet ouvrage, il déclara que tous les sutras introduits en Chine après l'époque de Zhiyi* - y compris les sutras portant l'appellation de "nouvelles traductions" - étaient tous des serviteurs et des seconds du Sutra du Lotus.
Chevaux blancs et cygnes blancs (Minobu, 14 août.1280, à la dame d'Utsubusa)

Sans préjuger de ma sagesse, parce que ma fidélité au Sutra du Lotus m'a valu de subir persécutions et blessures, je surpasse même le Grand-maître* Zhiyi* de Chine et le Grand-maître* Saicho* du Japon. C'est le temps [l'époque des Derniers jours du Dharma] qui l'a voulu ainsi. Si je suis bien le Pratiquant du Sutra du Lotus, alors Shakyamuni, qui enseigna la doctrine au Pic du Vautour, le bouddha Taho, du Monde du trésor de pureté, les bouddhas des dix directions, émanations de Shakyamuni, les grands bodhisattvas de l'enseignement essentiel et de l'enseignement théorique, Bonten, Taishaku, les rois dragons et les dix Filles-démones, tous sont très certainement présents en ce lieu.
Réponse au seigneur Shijo Kingo (Minobu, le 8 octobre 1280 à Shijo Kingo)

Le Hokke Mongu, dans son neuvième chapitre, interprète ce passage de la manière suivante : "Hi : «caché», signifie la vérité selon laquelle un Corps est égal aux Trois Corps. Mitsu : «mystère» signifie la vérité selon laquelle les Trois Corps sont égaux au Corps unique. Aussi, moi [Zhiyi*] j’appelle hi ce qui n’a pas été révélé depuis l’éternité, et j’appelle mitsu ce que le Bouddha seul est capable de savoir. Le Bouddha dans les trois phases de la vie est égal aux Trois Corps - et cette vérité, il l’a gardée cachée et ne l’a révélée dans aucune autre écriture."
[...] Le Titre Sacré (Daimoku) est de deux sortes : le Titre Sacré des périodes du Dharma correct et du Dharma formel, et celui des Derniers jours du Dharma. Vasubundhu et Nagarjuna avaient l’habitude de réciter le Texte Sacré, mais leur récitation du mantra n’allait pas plus loin qu’une pratique personnelle ascétique. A la période du Dharma formel, Huisi, Zhiyi* et les autres récitaient aussi le Titre sacré, mais cela également était simplement fait comme une pratique ascétique personnelle, et n’était pas enseigné pour le bénéfice des autres. C’était le Titre Sacré compris comme un concept à méditer.
Trois grands Dharmas cachés (Minobu, le 27 ? avril 1281 à Ota Kingo)

Ensuite, à l'époque du Dharma formel, sous les dynasties Chen et Shui, apparut un novice du nom de Zhiyi* qui fut appelé plus tard le Grand-maître* du Tiantai. Il formula de nombreux enseignements mais le point le plus important, en définitive, fut qu'il établit un ordre de supériorité relative entre le Sutra du Lotus, le Sutra du Nirvana et le Sutra Kegon*. Ce moine, Zhiyi*, déclara que les maîtres bouddhistes inversaient totalement l'ordre de priorité. Le souverain de la dynastie Chen, pour clarifier ce point, convoqua un groupe de plus de cent personnes parmi lesquelles les maîtres les plus éminents des dix écoles de la Chine du Nord et du Sud : l'administrateur des moines Huiheng, le supérieur des moines Huiguang, Hua-rong, le Maître du Dharma Fasui et d'autres, pour débattre avec le Grand-maître* Zhiyi*.
[...] Essentiellement, cette école enseigne que pour certaines personnes les trois véhicules ne sont qu'un moyen provisoire et le Véhicule unique représente l'enseignement véritable et définitif, tandis que pour d'autres le Véhicule unique est un moyen provisoire et les trois véhicules constituent l'enseignement véritable et définitif (note). Cette école enseigne aussi que les cinq natures sont totalement distinctes les unes des autres et que certains êtres sont naturellement prédestinés à certains états de vie ou sont dépourvus par nature de la graine de la bodhéité et ne pourront jamais atteindre l'Éveil. De tels principes étaient aussi différents de ceux de l'école de Zhiyi* que le feu de l'eau. Mais à cette époque-là, les Grands-maîtres Zhiyi* et Guanding* n'étaient plus de ce monde et leurs successeurs n'étaient pas de taille à réfuter les principes erronés. L'école Tendai semblait donc déjà vaincue. Plus tard, sous le règne de l'impératrice Zetian, l'école Kegon fut fondée en Chine. On abandonna la traduction du Sutra Kegon* en soixante volumes (note), que le Grand-maître* Zhiyi* avait critiquée, et désormais l'école s'appuya sur une nouvelle traduction du Sutra Kegon en 80 volumes, introduite par le Maître du tripitaka Jih-chao.
[...] Par la suite, le Grand-maître* Zhanlan* réfuta les principes introduits par les écoles Hosso, Kegon et Shingon, ce que n'avait évidemment pas pu faire le Grand-maître* Zhiyi. Mais ces réfutations ne furent pas prononcées au cours de débats publics, comme ce fut le cas avec le Grand-maître* Zhiyi*. Ainsi, le Sutra du Lotus devint comparable à une pièce de tissu de soie précieuse portée par une nuit obscure, tandis que les mudra et les mantra dharani*, dont il n'est nulle part question dans le Sutra du Lotus, s'étalaient, bien visibles aux yeux de tous. C'est pourquoi chacun s'accorda à reconnaître la supériorité de l'école Shingon.
[...] Le grand maitre Zhiyi* déclara  : "Dans le Sutra du Lotus même, on lit que "parmi tous les sutras, celui-ci tient la place la plus élevée."(réf.) Le Bouddha Shakyamuni dit aussi  : "Parmi tous les sutras que j'ai enseigné, que j'enseigne et que j'enseignerai, le Sutra du Lotus est le plus difficile à croire et le plus difficile à comprendre."(réf.)
Le corps et l'esprit des simples mortels (Minobu,à un disciple)


 

 

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