L'aspiration à la Terre de bouddha

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 5, p. 149; SG* p.213
Gosho Zenshu p. 955 - Ganbo Bukkoku no koto (Toki nyudo dono Gohenji) ; STN 2:1522

Le 23 jour du onzième mois 1271 à Sado ; adressé à Toki Jonin

 

Nous sommes maintenant dans la dernière décade du 11e mois. Quand je vivais à Kamakura, dans la province de Sagami, je croyais le changement des saisons identique dans toutes les provinces, mais, durant ces deux mois depuis mon arrivée (note) dans cette province du nord, à Sado, les vents glacés ont soufflé sans arrêt, et, même quand, à certains moments, il ne gèle plus et la neige cesse de tomber, on ne voit jamais briller le soleil. Je fais l'expérience des huit vents froids de l'enfer dans mon corps en cette vie-ci. Les gens d'ici ont un coeur semblable à celui des oiseaux ou des bêtes sauvages  ; ils ne reconnaissent ni souverain, ni maître, ni parents. Encore moins distinguent-ils ce qui est vrai de ce qui est faux en bouddhisme, ou les bons maîtres des mauvais. Mais je n'en dirai pas plus.

Lorsque j'ai renvoyé de Teradomari le nyudo que vous aviez chargé de m'accompagner, le 10e jour du 10e mois, j'ai écrit à votre intention certains de mes enseignements, et je les lui ai confiés (Voir Lettre de Teradomori). Comme cette lecture vous l'a probablement fait comprendre, l'avènement du Grand Dharma est déjà là, devant nos propres yeux. Au cours des plus de 2200 ans écoulés depuis la disparition du Bouddha, dans toute l'Inde, la Chine, le Japon et le monde entier [comme le Grand-maître* Zhiyi* l'a déclaré]  : "Vasubandhu et Nagarjuna avaient clairement perçu la vérité dans leur coeur, mais ils ne l'enseignèrent pas. A sa place, ils exposèrent les enseignements du Mahayana provisoire*, qui étaient adaptés à leur époque."(réf.) Zhiyi* et Saicho* en donnèrent une indication générale, mais laissèrent aux générations futures la tâche de la propager. Ce Dharma caché, l'unique grande raison pour laquelle les bouddhas viennent en ce monde, sera propagée pour la première fois dans ce pays. Et Nichiren n'est-il pas précisément la personne qui la propage ?

Les signes précurseurs de son émergence sont déjà apparus. Le grand tremblement de terre de l'ère Shoka (1257) était un présage important, comme on n'en avait jamais vu auparavant, un événement absolument sans précédent durant 12 générations de règne divin, 90 règnes d'empereurs humains, et en plus de 2200 ans écoulés depuis la disparition du Bouddha. Il est dit dans le chapitre Jinriki* (XXI)  : "C'est afin qu'après la disparition du Bouddha, on puisse garder ce Sutra, que tous les bouddhas avec joie manifestent d'innombrables pouvoirs supranaturels." Il y est fait également allusion à "tous les dharmas du Bouddha". Lorsque ce Grand Dharma se répand, les enseignements antérieurs au Sutra du Lotus, aussi bien que les enseignements théoriques* du Sutra du Lotus, ne procurent plus le moindre bienfait. Le Grand-maître* Saicho* déclare  : "Quand le soleil se lève, les étoiles se cachent."(réf.). Et, dans la Préface écrite par Zunshi, on lit  : "Au début de l'époque des Derniers jours du Dharma, le bouddhisme se lève à l'est et illumine l'ouest." Ce Grand Dharma est déjà apparu. Les signes annonçant sa venue dépassent de beaucoup ceux des époques précédentes. En m'interrogeant sur la signification de tout cela, je comprends que c'est parce que le temps est arrivé. On lit dans le Sutra : "Parmi ces bodhisattvas, il y en avait quatre qui conduisaient leur multitude. Le premier s'appelait Jogyo…"(réf.) On lit encore  : "Celui qui parviendra à garder ce Sutra à l'époque mauvaise des Derniers jours du Dharma... "(réf.) et "se saisir du Mont Sumeru et le jeter au loin..."(note.)

J'aimerais que vous réunissiez les cinq cahiers dont je vous ai parlé, et que vous les conserviez ensemble. Ils contiennent les passages essentiels des divers sutras et du Daichido Ron*. Veillez bien également à ce que les principaux passages des traités et des commentaires ne soient ni dispersés ni perdus. Dites aux jeunes moines de ne pas négliger l'étude. Ne vous affligez pas trop de mon exil. Les chapitres Kanji* (XIII) et Fukyo (XX) établissent clairement [que le pratiquant du Sutra du Lotus rencontrera des persécutions]. Notre vie est limitée, et nous ne devons pas la ménager. Le but auquel nous aspirons, en définitive, est la Terre de Bouddha.

Nichiren
Le 23e jour du 11e de la 8e année de Bun'ei (1271).

Je renvoie certains des jeunes moines [qui m'ont accompagné ici à Sado]. Vous pourrez leur demander à quoi ressemble cette province, et les interroger sur les conditions dans lesquelles je vis. C'est impossible à décrire dans une lettre.

Arrière-plan : Le dixième jour du dixième mois de 1271, Nichiren quitta Echi, sous escorte armée, pour l'île de Sado, lieu d'exil. Le 21, leur groupe arriva au port de Teradomari, sur la mer du Japon, où des vents contraires les contraignirent à attendre plusieurs jours avant d'effectuer la traversée jusqu'à Sado. Nichiren débarqua le 28, et, le premier jour du onzième mois, arriva à Tsukahara, un terrain vague utilisé comme cimetière, lieu où il devait rester banni. Là, on lui donna pour logement un petit sanctuaire en ruines, appelé Sammai-do. Le vent et la neige y pénétraient par les trous béants des murs et de la toiture. Peut-être parce que la nourriture et la protection contre les intempéries étaient très insuffisantes, Nichiren renvoya rapidement sur les îles principales quelques-uns des jeunes moines qui l'avaient accompagné. Immédiatement avant de le faire, il écrivit l'Aspiration à la Terre de Bouddha et leur confia ce texte à l'intention de Toki Jonin. (Nichijo). C'était la première lettre qu'il écrivait de l'île de Sado.

En anglais : Aspiration for the Buddha Land
- http : //www.sgilibrary.org/pdf/028_0213.pdf
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_AspirationBuddhaLand.htm

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