Kingo-dono Go-henji

Réponse au seigneur Ota Kingo (Jomyo)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin.

1269 ou 1270 à Ota Kingo (Jomyo)


INTRODUCTION

D’après le Showa Teihon, le Kingo-dono Go-henji serait une lettre écrite en 1270, adressée à Ota Kingo. Son contenu, cependant, incite à penser qu’elle aurait été rédigée plutôt en 1269. Le temple Nakayama Hokekyo-ji de la ville d’Ichikawa [située près de Tokyo, dans la préfecture de Chiba], préserve aujourd’hui les quatre pages manuscrites originales en tant que trésor culturel du Japon, exception faite des remarques supplémentaires en début et fin de lettre.
Ce message a pour objectif d’exprimer la gratitude de Nichiren pour le don du Seigneur Ota, envoyé à l'occasion du daishiko, cérémonie annuelle de lectures en mémoire du Grand-maître Zhiyi.

Réponse au seigneur Ota Kingo (Jomyo)

J’aimerai commencer la Nouvelle année par la lecture du Maka Shikan du Grand-maître* Zhiyi*, fascicule 5, qui invite à «la sérénité en cette vie et la renaissance en un monde meilleur». Ayez l’amabilité de me le prêter, même si le livre est en mauvais état. Je peux le faire réparer ici. Pardonnez-moi de vous importuner par mon besoin incessant d’un nombre important d’ouvrages.

C’est avec gratitude que j’ai recueilli les 5 ligatures de pièces envoyées de votre part pour les lectures daishi-ko à la mémoire du Grand-maître*. Cela fait 3 ou 4 ans que nous avons commencé ces séries de lectures en l’honneur de Zhiyi* et celle de cette année a été des plus fructueuses. Ma conviction est que la réussite de la propagation de l’enseignement du Sutra du Lotus dépend de la véracité ou de l’erreur du Rissho Ankoku-ron, dans lequel je prédisais les troubles intérieurs et l’invasion étrangère. L’année dernière, lorsque les lettres officielles du gouvernement mongol nous parvinrent en augurant une invasion étrangère, j’écrivis des lettres à diverses personnes, dirigeants politiques et religieux du Japon, leur demandant un débat public, mais ne reçus aucune réponse, qu’elle soit négative ou positive. Lorsque les lettres officielles du gouvernement mongol sont de nouveau arrivées cette année, je rédigeai, aux alentours du 11e mois, une fois de plus, des missives à différents destinataires, obtenant quelques réactions. Il semblerait que l’opinion publique soit devenue suffisamment sereine au point de m'accorder à moi, Nichiren, quelque crédit. Ou alors, mes lettres auront-elles interpellé le Régent (shikken).

En tous cas, le fait que j’ose m’exprimer au sujet d’une affaire aussi grave avait semblé déraisonnable à la plupart des gens et je m’attendais réellement à être puni de mort ou d’exil. Il est vraiment très étrange que rien ne me soit arrivé jusqu’à présent. Cela prouve-t-il que mes insistances furent assez fondées ?

Comme les prédictions des sutras d’une invasion étrangère se sont avérées exactes, la seconde prédiction portant sur les troubles intérieurs ne manquera pas d’être vraie également. J’ai ouïe dire que le temple Enryaku-ji du Mont Hiei a été ébranlé cent, mille, dix mille et même cent millions de fois de plus que par le passé. Il ne s’agit pas là d’une affaire banale, il doit y avoir une raison à cela.

La Chine et la Corée s’étant converties au Zen et au bouddhisme de la Terre Pure (Jodo), les divinités protectrices ont abandonné ces contrées, laissant les Mongols les conquérir. Au Japon également, ces enseignements pernicieux du Zen et de Jodo se propagent et l’enseignement Hokkeshu a été délaissé. Le Mont Hiei s’en retrouve très affaibli. Puisque les deux administrateurs bouddhistes et leurs disciples sont devenus des diffamateurs du Dharma correct, je crains qu’il y ait 8 ou 9 chances sur 10 pour que ce pays soit conquis par les Mongols, tout comme la Chine et la Corée l’ont été.

Heureusement, je suis né dans le monde des humains sans m’être laissé tromper par un mauvais maître. Pour préserver le Sutra du Lotus, j’ai été exilé à Izu, mais, à mon regret, je n’ai toujours pas été exécuté. Dans l’espoir qu’une telle chose m’arrive au nom du Sutra du Lotus, je m’étais évertué à adresser de sévères remontrances à diverses personnes.

J’ai maintenant presque 50 ans et ne sais combien d’années je pourrais vivre encore. Je prie pour pouvoir faire offrande au Sutra du Lotus du Véhicule Unique de mon corps, qui de toute façon serait jeté dans un champ en friche ; de pouvoir suivre les exemples de Sessen Doji des Montagnes neigeuses, «prêt à sacrifier sa vie à la recherche du Dharma», et du bodhisattva Yakuo* «qui a brûlé son propre coude afin d’en offrir la lumière au Sutra du Lotus» ; et que je devrais mener une vie à la hauteur des les rois Sen'yo et Utoku, les défenseurs du Dharma correct, en laissant mon nom aux générations à venir pour que le futur bouddha puisse le mentionner lorsqu’il enseignera les sutras du Nirvana et du Lotus.

Namu Myoho Renge Kyo !

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