Mise en garde contre l'offense au Dharma

(Les éléments nécessaires pour atteindre la bouddhéité)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP vol. 1, p.181; SG* p. 751.
Gosho Zenshu p. 1055 - Soya Dono Gohenji

Minobu, août 1276, au nyudo Horen (seigneur Soya)

 

Le chapitre Hoben* (II), dans le premier volume du Sutra du Lotus, dit : "La sagesse de tous les bouddhas est infiniment profonde et incommensurable."(réf.) Zhiyi* commente : "Infiniment profonde indique la réalité atteinte par le Bouddha, qui est aussi vaste que le lit large et insondable d'une rivière. Parce que le fond de la rivière est infiniment profond, les eaux de la sagesse du Bouddha sont incommensurables."(réf.)

Le sutra et son interprétation disent clairement que le chemin de l'Éveil est contenu dans les deux éléments de la réalité (kyo) et de la sagesse (chi). La réalité désigne l'aspect de tous les phénomènes (shoho jisso) de l'Univers, et la sagesse représente la manifestation parfaite de cet aspect dans la vie de l'individu. Quand la réalité est le lit d'une rivière infiniment large et profonde, les eaux de la sagesse s'écoulent sans fin. l'Éveil est l'adéquation de la sagesse et de la réalité (kyo chi myogo).

Tous les sutras exposés avant le Sutra du Lotus sont des enseignements provisoires, qui ne peuvent conduire à l'Éveil parce qu'ils séparent sagesse et réalité. A l'inverse, le Sutra du Lotus lie les deux. Il expose le but de la venue des bouddhas en ce monde : ouvrir la porte de la sagesse du Bouddha, la révéler, la faire connaître à tous les êtres et les y faire entrer. Tout le monde peut atteindre la bodhéité en s'éveillant à cette sagesse du Bouddha.

Le chapitre Hoben* (II) dit que la sagesse du Bouddha est bien au-delà de la compréhension des personnes des deux véhicules  : "Ni les hommes dans le monde-état des auditeurs-shravakas, ni les sages dans le monde-état de pratyekabuddha, ne peuvent la saisir."

Que sont alors ces deux éléments de réalité et de sagesse  ? Simplement Namu Myoho Renge Kyo. Shakyamuni fit appel aux bodhisattvas Surgis-de-Terre, ses disciples depuis le passé illimité, pour leur transmettre ce Dharma, essence de ses enseignements.

Le Sutra du Lotus dit que le bodhisattva Jogyo et les autres bodhisattvas Surgis-de-Terre apparaîtront pendant les cinq cents premières années des Derniers jours du Dharma pour propager le Dharma mystique, cristallisation de la réalité et de la sagesse. C'est parfaitement clair dans le Sutra. Qui oserait le contester? Moi, Nichiren, ne suis ni le bodhisattva Jogyo ni son envoyé, mais j'ai été le premier à entreprendre la propagation du Dharma mystique, et l'ai déjà enseignée largement. Le bodhisattva Jogyo a reçu l'eau de la sagesse du Dharma mystique du Bouddha Shakyamuni pour la répandre sur cette terre dévastée qu'est la vie des hommes dans la période des Derniers jours du Dharma. Telle est la fonction de la sagesse. Shakyamuni a confié cet enseignement au bodhisattva Jogyo et maintenant Nichiren le propage au Japon. Au sens large, cette transmission concerne tous les bodhisattvas Surgis-de-Terre mais, au sens étroit, elle a été confiée spécifiquement au bodhisattva Jogyo. Si vous confondez le général et le spécifique, si peu que ce soit, vous ne serez jamais en mesure d'atteindre l'Éveil et errerez sans fin dans des vies de souffrance.

Ainsi, les auditeurs-shravakas à l'époque de Shakyamuni avaient reçu de lui la graine de l'Éveil dans un passé sanzen jintengo, lorsqu'il était le seizième fils du bouddha Daitsu. Ils ne peuvent donc atteindre l'Éveil en suivant Amida, Yakushi* ni aucun autre bouddha. Ou, pour prendre un autre exemple, si quelqu'un ramène chez lui de l'eau de l'océan, toute sa famille peut s'en servir. Il serait terriblement inopportun et même insensé de refuser absolument d'en faire usage pour aller chercher l'eau d'un autre océan. De même, celui qui oublierait le maître originel qui, le premier, lui a apporté l'eau de la sagesse puisée dans le grand océan du Sutra du Lotus, et en suivrait un autre à la place, sombrerait à coup sur dans le cycle sans fin des souffrances de la vie et la mort.

Un disciple doit abandonner même son maître, si celui-ci s'égare. Pourtant, cela n'est pas nécessaire. Il doit prendre sa décision en tenant compte à la fois des lois de la société et du bouddhisme. Ignorants du Dharma bouddhique, la plupart des moines dans les Derniers jours du Dharma deviennent si prétentieux qu'ils méprisent le maître originel et flattent de nouveaux protecteurs. Seuls les moines honnêtes qui ont peu de désirs et sont heureux avec le peu qu'ils ont peuvent être appelés "moines" dans le vrai sens du mot. Le premier volume du Hokke Mongu* dit : "Un moine qui n'a pas encore atteint l'Éveil doit se faire humble devant le Dharma suprême et tous les saints bouddhiques. Alors, il a la véritable modestie. Quand il manifestera la sagesse du Bouddha, il deviendra un véritable moine."

Dans le Sutra du Nirvana, Shakyamuni affirma : "Si un moine, même vertueux, voit quelqu'un s'opposer au Dharma et ne s'en soucie pas, négligeant de lui faire des reproches, de le chasser ou de le punir pour son offense, alors ce moine trahit le bouddhisme. Mais s'il réprimande durement celui qui s'oppose au Dharma, le chasse ou le punit, alors il est mon disciple et quelqu'un qui comprend véritablement mes enseignements." N'oubliez jamais cette exhortation à ne pas laisser les autres s'opposer au bouddhisme. Le maître et le disciple tomberont sans aucun doute dans l'enfer avici s'ils voient des ennemis du Sutra du Lotus et négligent de leur en faire reproche. Le Grand-maître* Huisi écrivit  : "Ils tomberont en enfer avec les personnes mauvaises."(réf.) Rechercher l'Éveil sans rejeter l'opposition au Dharma est aussi futile qu'essayer de trouver de l'eau au milieu des flammes, ou du feu dans l'eau. Même celui qui a sincèrement foi dans le Sutra du Lotus finira par tomber immanquablement en état d'enfer s'il transgresse ses enseignements, tout comme une seule patte de crabe suffit à gâcher mille pots de laque. Tel est le sens de cette citation du Sutra du Lotus  : "Le poison a pénétré profondément, les amenant à perdre l'esprit."(réf.)

Le Sutra du Lotus nous enseigne encore : "Vie après vie, ils sont toujours nés ensemble avec leurs maîtres dans les Terres de bouddha de l'Univers entier"(réf.) Et : "Si quelqu'un recherche celui qui enseigne le Dharma, il atteindra rapidement la voie du bodhisattva. S'il suit son maître et étudie avec lui, il pourra voir autant de bouddhas qu'il y a de grains de sable dans le Gange."(réf.) Zhiyi* commente cela ainsi  : "Celui qui, pour la première fois, a recherché l'Éveil en suivant ce Bouddha, le suivra à nouveau et atteindra un niveau de foi d'où il ne pourra pas régresser."(réf.) Zhanlan* ajoute  : "Celui qui entend parler du Dharma pour la première fois, de la bouche d'un bouddha ou d'un bodhisattva, reviendra auprès du même bouddha ou bodhisattva pour atteindre l'Éveil."(réf.) Par-dessus tout, ne suivez personne d'autre que votre maître initial et persévérez jusqu'à atteindre la bodhéité. Shakyamuni est le maître originel de tous les êtres humains, ainsi que leur souverain et leur parent. Parce que j'ai exposé cet enseignement, j'ai été exilé et j'ai failli être tué. Comme le dit le proverbe : "Un bon conseil est difficile à entendre", mais je n'en suis pas pour autant découragé. Le Sutra du Lotus est comme la graine, le Bouddha comme le semeur, et les hommes comme le champ. Si vous allez contre ces principes, même moi, Nichiren, ne pourrai vous sauver dans votre prochaine vie.

Avec mon profond respect,
Nichiren.

Le troisième jour du huitième mois de la seconde année de Kanji (1276).

ARRIÈRE-PLAN — Le seigneur Soya, à qui est adressée cette lettre, s'appelait Soya Jiro Hyoe-no-jo Kyoshin et était officier de la Cour Suprême du shogunat de Kamakura. Il fut converti au bouddhisme de Nichiren Daishonin en 1260 par Ota Jomyo qui, comme lui, vivait dans la province de Shimosa.
En 1271, soit onze ans après sa conversion, le seigneur Soya devint nyudo, ou moine-laïc. Il reçut alors de Nichiren Daishonin le nom bouddhique de Horen («Loi du lotus»). Horen fit construire deux temples et vécut dans l'un d'eux jusqu'à la fin de sa vie, en mai 1291, à l'âge de soixante-huit ans. (Commentaire ACEP)

En anglais : Admonitions Against Slander ou The Essentials for Attaining Buddhahood

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=746&m=1&q=Essentials%20for%20Attaining%20Buddhahood
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_AdmonitionsAgainstSlander.htm

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