L'héritage du Dharma ultime de la vie
ou
Transmission du Dharma unique, vital et essentiel
à travers vie et mort

(L'héritage de la Loi ultime de la vie et de la mort)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol.1, p.21; SG* p.216
Gosho Zenshu p. 1336 - Shoji Ichi Daiji Kechimyaku Sho; Teihon no. 95, 1:522

Sado, février 1272, à Sairen-bo Nichiji

 

Je viens de lire votre lettre avec soin. Le Dharma ultime de la vie et de la mort transmis par le Bouddha à tous les êtres vivants est Myoho Renge Kyo. Les deux bouddhas dans la Tour aux Trésors, Shakyamuni et Taho, confièrent les cinq caractères de Myoho Renge Kyo au bodhisattva Jogyo et cette transmission s'est poursuivie sans interruption depuis le passé infini. Myo représente la mort et Ho représente la vie. Vie et mort sont les deux phases par lesquelles passent les entités des dix états et l'entité de tous les êtres sensitifs qui manifestent la loi de cause et d'effet (Renge).

Zhiyi* écrivit  : "Comprenez bien que les interactions des êtres sensitifs et de leur environnement manifestent toutes la loi de la simultanéité de la cause et de l'effet."(réf.) "Les êtres sensitifs et leur environnement" désignent ici la réalité de la vie et de la mort. La loi de simultanéité de la cause et de l'effet est clairement en jeu dans tout ce qui vit et meurt.

Le Grand-maître* Saicho* déclara  : "La naissance et la mort sont l'oeuvre mystérieuse de l'essence de la vie. La réalité ultime de la vie se trouve dans l'existence et la non-existence." Aucun phénomène, ciel ou terre, Yin ou Yang, soleil ou lune, ni les cinq planètes, ni aucune des conditions de vie, du monde-état d'enfer au monde-état de bouddha, rien n'échappe à la naissance et à la mort. Ainsi, la vie et la mort de tous les phénomènes ne sont que les deux phases de Myoho Renge Kyo.

Zhiyi* dit encore, dans le Maka Shikan : "L'apparition de toute chose est la manifestation de sa nature intrinsèque, et sa disparition, le retour de cette nature à l'état de latence."(réf.) Les bouddhas Shakyamuni et Taho représentent également les deux phases de la vie et de la mort. Shakyamuni qui atteignit l'Éveil il y a d'innombrables kalpas, le Sutra du Lotus qui conduit tous les êtres humains à l'Éveil et nous, personnes ordinaires, ne sommes en rien différents ou séparés les uns des autres. Par conséquent, réciter Myoho Renge Kyo en s'éveillant à ce fait, c'est hériter du Dharma ultime à travers vie et mort. Poursuivre cette transmission, telle est la tâche principale des disciples de Nichiren, et c'est précisément ce que signifie garder le Sutra du Lotus.

A propos de celui qui fait jaillir sa foi en récitant Namu Myoho Renge Kyo avec la conviction profonde que maintenant est le dernier instant de sa vie, le sutra enseigne  : "Après sa mort, mille bouddhas lui tendront la main pour le libérer de toute peur et pour l'empêcher de tomber dans les voies mauvaises."(réf.) Comment retenir nos larmes de joie, sachant que ce ne sont pas seulement un ou deux, cent ou deux cents, mais pas moins de mille bouddhas qui viendront bras ouverts à notre rencontre  !

Au contraire, celui qui n'a pas foi dans le Sutra du Lotus aura les mains étroitement ligotées par les gardiens de l'enfer. Comme le dit le sutra  : "Après sa mort, il tombera dans l'enfer avici."(réf.) Comme c'est regrettable  ! Les dix rois de l'enfer le feront passer en jugement, et les messagers du ciel, présents à ces côtés depuis sa naissance, le réprimanderont pour ses mauvaises actions.

Imaginez plutôt ces mille bouddhas tendant la main à tous les disciples de Nichiren, moines et laïcs, qui récitent Namu Myoho Renge Kyo, comme autant de melons ou de plantes étendant leurs fins rameaux. Si mes disciples ont pu recevoir et garder le Sutra du Lotus, c'est en vertu des liens solides qu'ils ont créés avec cet enseignement dans leurs existences passées. Il est alors certain qu'à l'avenir, ils atteindront la bodhéité. L'héritage du Sutra du Lotus coule dans la vie de ceux qui ne le trahissent dans aucune existence, passée, présente ou future. Mais ceux qui doutent du Sutra du Lotus et s'y opposent "détruisent immédiatement la graine de la bodhéité en ce monde."(réf.) Parce qu'ils se privent de la possibilité d'atteindre la bodhéité, ils ne partagent pas l'héritage ultime de la foi.

Le Sutra du Nirvana mentionne également des personnes incapables d'atteindre la bodhéité même avec le Sutra du Lotus, les appelant icchantika, personnes d'une incroyance incorrigible, qui prennent l'apparence d'arhat ou de grands bodhisattvas. Ils sont comparables à l'eau troublée qui, bien qu'originellement pure, ne reflète pas le clair de lune. C'est là le véritable but de l'enseignement que propage Nichiren. Avec une telle unité, même le grand voeu de kosen-rufu ne peut manquer de se réaliser.

Par contre, si l'un des disciples de Nichiren brise cette unité d'itai doshin, ce sera comme s'il détruisait de l'intérieur son propre château.

Nichiren s'efforce d'éveiller tous les habitants du Japon à la foi dans le Sutra du Lotus pour qu'ils puissent eux aussi partager cet héritage et atteindre la bodhéité. Mais, au lieu de cela, ils m'ont attaqué à plusieurs reprises et finalement exilé sur cette île. Vous avez néanmoins suivi Nichiren, ce qui vous a valu bien des souffrances. Votre douleur me touche profondément. L'or ne peut être ni détruit par la flamme, ni terni ou érodé par l'eau. Tandis que le fer est vulnérable au feu comme à l'eau. Le sage est comparable à l'or et l'insensé au fer.

Vous êtes comparable à de l'or pur car vous gardez l'or du Sutra du Lotus. Il est dit dans le Sutra : "De même que le Mont Sumeru est la plus haute de toutes les montagnes, le Sutra du Lotus est le plus élevé de tous les sutras."(réf.) On y lit aussi  : "La bonne fortune de celui qui croit au Sutra du Lotus ne peut être ni brûlée par le feu, ni emportée par l'eau."(réf.) Ce sont sans doute nos liens karmiques dans un lointain passé qui ont fait de vous mon disciple à une époque comme celle-ci. Les bouddhas Shakyamuni et Taho connaissent certainement cette vérité. La phrase du Sutra "Vie après vie, ils renaissent toujours avec leur maître dans toutes les Terres de bouddha de l'univers"(réf.), ne peut en aucun cas être mensongère.

Comme il est admirable que vous m'interrogiez sur la transmission du Dharma ultime à travers vie et mort  ! Personne ne l'avait encore fait auparavant. J'y ai répondu en détail dans cette lettre  ; gravez-la donc dans votre coeur. Le plus important est de poursuivre votre pratique, convaincu que Namu Myoho Renge Kyo est le sang même de la transmission vitale que les bouddhas Shakyamuni et Taho firent au bodhisattva Jogyo.

Le feu a pour fonction de brûler et d'éclairer ; l'eau, de purifier ; le vent, de balayer la poussière et d'insuffler la vie aux plantes, aux animaux et aux êtres humains. La fonction de la terre est de nourrir les plantes et les arbres, et celle du ciel de les arroser. Myoho Renge Kyo agit en tout point de la même manière. C'est l'accumulation des bienfaits apportés par les bodhisattvas Surgis-de-Terre. Le Sutra du Lotus annonce que le bodhisattva Jogyo devrait apparaître maintenant, pour propager cet enseignement à l'époque des Derniers jours du Dharma. Mais cela s'est-il réellement produit  ? Que le bodhisattva Jogyo soit ou non apparu en ce monde, Nichiren, du moins, a commencé à propager cet enseignement.

Faites résolument surgir la grande force de votre croyance et récitez Namu Myoho Renge Kyo en priant pour avoir une foi solide et correcte au moment de votre mort. Ne recherchez jamais ailleurs le moyen d'hériter de ce Dharma ultime et de le manifester dans votre vie. C'est alors seulement que vous réaliserez que les désirs terrestres impliquent l'Éveil, et que les souffrances de la vie et de la mort sont le nirvana. Sans l'élément vital qu'est la foi, même garder le Sutra du Lotus est vain.

Si vous avez d'autres questions, j'y répondrai volontiers.

Avec mon profond respect,
Nichiren, le shramana du Japon.

Le onzième jour du second mois de la neuvième année de Bun'ei (1272)

ARRIÈRE-PLAN - Quoique les documents soient peu détaillés, on pense généralement que Sairen-bo Nichijo était un moine éminent de l'école Tendai qui, pour des raisons inconnues, vécut pendant quelques années en exil à Sado. Il y rencontra Nichiren Daishonin et devint son disciple. L'héritage du Dharma ultime de la vie est daté du 11 février 1272 et constitue la réponse à une question de Sairen-bo. Nichiren Daishonin lui envoya aussi plusieurs de ses écrits les plus importants, parmi lesquels la Véritable entité de la vie, Sur la prière et l'Illumination des plantes
Au cours du XIIIe siècle, l'ancienne et prestigieuse école Tendai s'affaiblissait à mesure qu'elle intégrait les enseignements ésotériques de l'école Shingon. Le célèbre sanctuaire Mahayana du Mont Hiei était, depuis deux siècles, le centre du monde religieux japonais, mais le bouddhisme qui y était pratiqué n'était plus en rapport avec les nécessités du temps ni même avec l'orthodoxie. L'école Tendai sombrait dans le formalisme et la répétition monotone de rituels anciens.
Sairen-bo était un érudit avisé. Il avait dû être effrayé par le manque de discipline et d'orthodoxie dans sa propre école et avait rapidement perçu la sagesse et la vérité enseignées par Nichiren Daishonin.
(Commentaire ACEP)

En anglais : Heritage of the Ultimate Law of Life

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=216&m=1&q=Heritage%20of%20the%20Ultimate%20Law
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/HeritageUltimateLawLife.htm
- http : //www.sgilibrary.org/view.php ?page=218&m=0&q=

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