L'ainsité du Dharma merveilleux

(L'Entité de la Loi merveilleuse)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 7, p. 75; SG* p. 420.
Gosho Zenshu p. 510 -Totaigi sho (Totaigi sho okuro-jo)
Authenticité non prouvée - STN 1:76
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Ichinosawa (Sado) 1273-  ? à Sairen-bo

Question. Qu'est-ce que l'essence réelle de Myoho Renge Kyo, le Dharma Merveilleux du Lotus ?

Réponse. Tous les êtres et leur environnement dans chacun des dix mondes-états sont eux-mêmes la réalité du Dharma Merveilleux.

Question. S'il en est ainsi, peut-on dire que tous les êtres vivants sont, y compris nous-mêmes, simples mortels, des ainsités duDharma Merveilleux dans son intégralité ?

Réponse : Absolument. Il est dit dans le Sutra  : "La réalité de tous les phénomènes consiste en l'apparence (so), la nature (sho)... et leur cohérence* de 1'origine jusqu'à la fin."(réf.)

Le Grand-maître* Zhanlan* commente cela de la manière suivante  : "La véritable ainsité se révèle immanquablement dans tous les phénomènes, et tous les phénomènes possèdent immanquablement les dix modalités d'expression de la vie. Les dix modalités (nyoze) sont immanquablement en jeu dans les dix mondes-états et les dix mondes-états comprennent, immanquablement, à la fois le sujet et son environnement."

Zhiyi fait ce commentaire  : "Tous les phénomènes comportant les dix modalités, les dix mondes-états et les trois mille mondes sont les ainsités du Sutra du Lotus."(réf.)

Le Grand-maître* Huisi déclare  : "Question. Qu'appelle-t-on Miao Fa Lian Hua Jing (Myo Ho Renge Kyo) ?

Réponse. Miao (Myo) indique que tous les êtres vivants sont myo ou merveilleux. Fa (Ho) indique que tous les êtres vivants sont ho, dharmas."(réf.)

Et Zhiyi* dit encore  : "Le Dharma qui régit tous les êtres vivants est myo [mystique ou merveilleuse]."(réf.)

Question. Si l'essence réelle de tous les êtres vivants constitue l'intégralité du Dharma Merveilleux, est-ce que toutes leurs actions et leurs rétributions dans les neuf mondes-états, de l'état d'enfer à l'état de bodhisattva, sont, elles aussi, l'essence réelle du Dharma Merveilleux ?

Réponse. Le principe mystique de la nature essentielle de tous les phénomènes possède deux aspects, impur et pur. Lorsque l'aspect impur est en jeu, c'est l'obscurité [ou monde de l'illusion] ; lorsque l'aspect pur est en jeu, c'est l'Éveil. L'Éveil est la caractéristique de l'état de bouddha. L'obscurité est l'apanage des simples mortels, dans les neuf états.

Ces deux aspects, obscurité et Éveil, sont bien deux phénomènes distincts, mais tous deux régis par un principe unique, celui de la nature essentielle de tous les phénomènes, ou le véritable aspect de la réalité (shoho jisso). C'est comparable à un morceau de cristal. En plein soleil, le cristal attire les rayons et produit du feu. Mais placé sous les rayons de la lune, il produit de simples reflets comparables à de l'eau. Le cristal est une ainsité unique mais les effets qu'il produit varient selon les circonstances. Il en va de même pour le principe mystique du véritable aspect de la réalité (shoho jisso). Il n'existe, en fait, qu'un seul principe véridique [celui de l'Éveil fondamentalement inhérent aux dix mondes-états], mais s'il rencontre de mauvaises influences, il prend l'aspect de l'illusion, et s'il rencontre de bonnes influences, il prend l'aspect de l'Éveil. L'Éveil, c'est l'Éveil à la nature essentielle des phénomènes (ainsité), et l'illusion, c'est l'ignorance de cette nature, l'obscurité fondamentale.

On pourrait comparer cela à une personne qui, dans un rêve, se voit accomplir diverses actions, bonnes et mauvaises. Au réveil, elle réalise que tout cela n'était qu'un rêve, le produit de son seul esprit. Cet esprit correspond au principe unique de la nature essentielle des phénomènes, le véritable aspect de la réalité (shoho jisso); tandis que le bien et le mal apparus dans le rêve correspondent respectivement à l'Éveil et à l'obscurité fondamentale. Lorsque l'on prend conscience de cela, on préfère évidemment sortir de l'obscurité liée au mal et à l'illusion, et rechercher la bodhéité liée à l'Éveil.

On lit dans le Sutra Daiengaku shutara ryogi : "Les illusions et l'obscurité fondamentale affligeant tous les êtres vivants depuis le temps sans commencement se produisent toutes dans le coeur des bouddhas parfaitement éveillés au Dharma."

Le Grand-maître* Zhiyi*, dans son Maka Shikan, déclare : "L'ignorance et l'illusion ne sont pas, par essence, différentes de l'Éveil. Mais en raison de l'obscurité, c'est l'ignorance qui se manifeste plutôt que l'Éveil." Le Grand-maître* Zhanlan* commente cela de la manière suivante : "l'Éveil ne constitue pas une entité séparée, elle fait intégralement partie de l'obscurité fondamentale ; et l'obscurité fondamentale n'est pas une entité distincte, elle fait entièrement partie de l'Éveil."

L'obscurité fondamentale est un état illusoire qu'il faut éliminer, tandis que l'Éveil est l'état que l'on s'efforce de manifester. Comment peut-on dire alors qu'elles constituent une seule et même réalité  ? Pour pleinement clarifier ce point, il faut bien comprendre les passages cités précédemment. La comparaison avec un rêve, que l'on trouve dans le 95e volume du Daichido Ron*, et l'exemple, donné par l'école Tendai, du morceau de cristal, cités plus haut, sont deux explications très intéressantes.

Une preuve supplémentaire qu'obscurité et Éveil constituent fondamentalement une réalité unique se trouve dans le passage du Sutra du Lotus  : "Tous ces phénomènes sont des aspects d'un Dharma immuable, et toutes les caractéristiques du monde sont éternelles."(réf.) Il est dit dans le Daichido Ron*  : "l'Éveil et l'obscurité ne sont pas deux choses différentes, deux réalités distinctes. Comprendre cela, c'est ce que l'on appelle la Voie du milieu."

De nombreux passages apportent la preuve littérale que le principe mystique de la nature essentielle des phénomènes possède deux aspects, impur et pur. Mais aucun n'est plus clair que celui du Sutra Kegon* dans lequel il est dit : "Entre son propre esprit, le Bouddha et tous les êtres vivants, il n'y a aucune distinction à établir", ou le passage du Sutra du Lotus décrivant "le véritable aspect de tous les phénomènes" (shoho jisso).

Le Grand-maître* Huisi déclara : "La véritable essence de l'esprit est dotée des deux aspects, pur et impur. Mais elle n'a pas deux formes différentes, elle est par nature unique et n'établit pas de distinction." Et l'exemple qu'il donne du miroir [Par l'exemple de l'impossibilité à dissocier un objet de son image reflétée dans un miroir, Huisi révèle que Bouddha et simple mortel sont "deux mais non deux"], s'accompagne d'une explication détaillée. Pour une compréhension encore plus approfondie, on peut aussi lire ses commentaires dans le Daijo shikan.

On trouve une autre bonne explication dans le passage suivant du 6e volume du Hokke Gengi Shakusen de Zhanlan*  : "Tant que les trois mille mondes [d'ichinen sanzen], demeurent latents [chez les êtres ordinaires], on les appelle tous "l'obscurité". Mais quand les trois mille mondes manifestent l'effet [de la bodhéité], on peut tous les appeler "bonheur éternel". Dans les deux cas, puisque le principe d'ichinen sanzen est immuable, l'obscurité fondamentale ne fait essentiellement qu'une avec l'Éveil. Puisque les trois mille mondes restent tous constants, ils sont à la fois l'ainsité et fonction." C'est un point parfaitement clarifié par ce commentaire.

Question. Si tous les êtres vivants sont l'essence réelle de Myoho Renge Kyo, nous qui sommes de simples mortels, ignorants et dans l'illusion, dans l'obscurité et dotés de capacités de compréhension médiocres, sommes-nous également l'essence réelle du Dharma Merveilleux ?

Réponse. De nos jours, bien que de très nombreux êtres humains peuplent le monde, ils entrent tous dans deux catégories - ceux qui croient dans les enseignements provisoires, et ceux qui croient dans les enseignements définitifs (jikkyo). On ne peut pas considérer comme des essences réelles de Myoho Renge Kyo ceux qui croient en des enseignements provisoires, utilisés comme moyens, tels que le Nembutsu. Mais ceux qui croient dans le Sutra du Lotus, l'enseignement véridique, sont l'essence réelle de Myoho Renge Kyo, l'essence mystique du véritable aspect de la réalité. Il est dit dans le Sutra du Nirvana : "Parmi tous les êtres vivants, ceux qui croient en cet enseignement du Mahayana sont appelés peuple du Mahayana."

Le Grand-maître Huisi, dans son Shianrakugyo, écrit : "On lit dans le sutra Daigo shojin "Les êtres ordinaires et l'Ainsi-venu partagent le Corps unique du Dharma. Pur, merveilleux et sans équivalent, c'est lui que l'on désigne par Miao Fa Lian Hua Jing (Myo Ho Renge Kyo)." Il dit encore : "Ceux qui pratiquent le Sutra du Lotus cherchent, par cette seule pratique, à acquérir l'esprit qui engendre toutes sortes de résultats bénéfiques. Ces résultats se présentent simultanément et non pas progressivement au cours d'une longue période de temps. C'est comparable à la fleur de lotus qui, quand elle s'ouvre, possède déjà un grand nombre de graines ou de fruits. C'est pourquoi on appelle ces pratiquants 'Personnes du Véhicule unique". Il dit aussi : "Les personnes des deux véhicules, dans les mondes-états d'auditeurs-shravakas et de pratyekabuddhas, et les bodhisattvas de moindres capacités choisissent de suivre la voie des moyens provisoires, en pratiquant des méthodes qui assurent un progrès graduel sur une longue période de temps. Mais les bodhisattvas de capacités supérieures rejettent sincèrement les moyens provisoires et n'effectuent pas la pratique du progrès graduel. En accomplissant la méditation fondée sur le Sutra du Lotus, ils obtiennent ainsi toutes sortes de résultats heureux. On appelle les personnes de ce genre `personnes du Véhicule unique".

Les lettrés de notre époque considèrent que l'expression "pratique du progrès graduel" employée ici par Huisi désigne l'enseignement spécifique (bekkyo). Mais en réalité elle désigne la voie des moyens provisoires, et non celle du Sutra du Lotus qui est la voie de la simultanéité de la cause et de l'effet. Par conséquent l'expression "pratique du progrès graduel" recouvre les enseignements dispensés avant le Sutra du Lotus, les divers sutras du Mahayana exposés avant le Sutra du Lotus, et les sutras du Mahayana et du Hinayana entrant dans la catégorie des enseignements soudain (tonkyo) et graduel (zenkyo).

Comme preuve [littérale] nous pouvons citer le passage suivant du Sutra Muryogi : " Puis j'ai exposé les douze catégories de sutras Hodo*, le Sutra Makahannya et l'enseignement Kegon de 'la méditation du reflet sur l'océan' décrivant les nombreux kalpas de la pratique de bodhisattva."

Mais les bodhisattvas de capacités supérieures rejettent sincèrement les moyens provisoires et n'effectuent pas la pratique du progrès graduel. Ils pratiquent le Sutra du Lotus, et, quand ils en saisissent la vérité, ils acquièrent simultanément toutes sortes de résultats bénéfiques. Les personnes de ce genre sont celles que l'on appelle personnes du Véhicule unique.

A la lumière de ces divers passages, nous comprenons que pas un seul de tous les simples mortels et des sages des trois véhicules, pas plus que les tenants des cinq véhicules, des sept moyens provisoires, des neuf états ou des quatre saveurs et trois enseignements, aucun d'eux ne peut être considéré comme un adepte du Mahayana, essence réelle de Myoho Renge Kyo. Bien qu'ils soient des bouddhas selon ces enseignements, ils sont des bouddhas des enseignements provisoires et ne méritent pas le titre de bouddha au sens strict. Car les Trois Corps des bouddhas des enseignements provisoires ne se sont pas encore libérés de l'impermanence. Comment, alors, des êtres dans les neuf mondes-états pourraient-ils être appelés ainsi  ? C'est pourquoi il est dit qu'une personne de position modeste née à l'époque des Derniers jours du Dharma est encore plus respectable que les rois et les grands ministres ayant vécu pendant les deux mille ans des époques du Dharma correct et du Dharma formel.

Huisi dit dans son commentaire : "Tous les êtres vivants ont en eux-mêmes le grenier du Corps du Dharma*, par conséquent ils ne sont en rien différents du Bouddha."(réf.) C'est pourquoi nous lisons dans le Sutra du Lotus  : "Les yeux, les oreilles, le nez, la langue, le corps et l'esprit purs qu'une personne a naturellement reçus de son père et de sa mère à sa naissance, sont aussi de la même nature que le Bouddha."(réf.)

Huisi écrit aussi  : "Dans quel sutra le Bouddha définit-il les yeux et les autres organes des sens par le nom d'Ainsi-venu  ? Réponse. Il est dit dans le sutra Daigo shojin  : "Les personnes ordinaires et l'Ainsi-venu ne font qu'un avec le Corps unique du Dharma. Pur, merveilleux, sans pareil, il a pour nom Myoho Renge Kyo."(réf.) Cela vient d'un autre sutra que le Sutra du Lotus, mais puisque le Sutra du Lotus a, par la suite, clarifié ce même point, il est légitime de le citer ici.

En reprenant les mots "ne font qu'un" utilisés dans ce passage, nous pourrions dire que ceux qui croient au Sutra du Lotus, et ne font qu'un avec lui, sont l'essence réelle de ce Sutra merveilleux. Mais ceux qui ne s'identifient pas à lui, comme les croyants du Nembutsu, ne sont pas l'essence réelle du Sutra merveilleux parce que leur état de bouddha inhérent s'écarte de l'Ainsi-venu qui ne fait qu'un avec le Corps du Dharma*.

Fondamentalement, l'essence réelle de Myoho Renge Kyo désigne le corps physique que les disciples et adeptes de Nichiren, qui croient dans le Sutra du Lotus, ont reçu de leurs père et mère à la naissance. Ces personnes, qui, en rejetant sincèrement les moyens provisoires, ont uniquement foi dans le Sutra du Lotus et récitent Namu Myoho Renge Kyo, transformeront les Trois Voies - désirs terrestres, karma et souffrance - en Trois Corps (sanjin) - Corps du Dharma*, Corps de sagesse* et Corps de manifestation*. La triple contemplation de l'unité (isshin sangan) et la triple vérité (santai) deviendront immédiatement manifestes dans leur esprit [kyochi myogo], et le lieu où elles résident se changera en Terre de la lumière éternellement paisible. Le Bouddha - essence de Myoho Renge Kyo du chapitre Juryo* (XVI) de l'enseignement essentiel*, à la fois sujet habitant et domaine habité, vie et environnement, corps et esprit, ainsité et fonction, le Bouddha éternellement doté des Trois Corps - désigne les disciples et les adeptes de Nichiren. Ils incarnent la véritable ainsité de Myoho Renge Kyo ; tel est le bienfait du Sutra du Lotus, libérant l'intégralité des pouvoirs transcendantaux que ces disciples possèdent de manière inhérente. Il n'y a pas le moindre doute à cet égard. En vérité, il ne faut jamais en douter  !

Question. Le Grand-maître* Zhiyi* a expliqué que le terme Myoho Renge est utilisé selon deux sens différents, l'un désignant l'essence de Myoho Renge et l'autre n'étant qu'une image. En quoi consistent ces deux sortes de renge, ou lotus  ?

Réponse. Le sens de renge, le lotus, utilisé comme image, est parfaitement expliqué en trois points [dans les commentaires de Zhiyi*] par les trois métaphores du bourgeon du lotus qui contient la graine ; de la fleur de lotus qui, en s'épanouissant, révèle la graine contenue en elle ; et de la fleur de lotus qui tombe pour donner un fruit. Il suffit donc de s'y reporter. Par rapport au lotus correspondant à l'essence de Myoho Renge, on trouve dans le 7e volume du Hokke Gengi l'explication suivante : "renge" n'est pas un symbole ; c'est le nom réel de l'ainsité. Par exemple, au début du kalpa de continuité, rien dans le monde ne possédait encore de nom. Le sage observa les principes qui gouvernaient toutes choses et attribua à chacune le nom qui convenait." Dans le même texte, on lit aussi : "Maintenant, le mot renge n'est pas utilisé dans un quelconque sens symbolique. Il désigne l'enseignement exposé dans le Sutra du Lotus. Cet enseignement est pur et sans souillures, et il élucide la complexité des relations de cause et d'effet. C'est pourquoi on l'appelle renge ou lotus. Ce n'est pas une métaphore, une image, mais le nom désignant la véritable ainsité révélée par la méditation du Sutra du Lotus."

Le Grand-maître* Zhiyi* écrit encore : "Question. Le terme renge désigne-t-il en réalité le lotus qui est l'essence de la méditation fondée sur le Sutra du Lotus  ? Ou désigne-t-il cette sorte de plante qu'est le lotus ordinaire  ? Réponse. Il désigne clairement le Dharma essentiel révélé dans le Sutra du Lotus. Mais parce que l'essence du Sutra du Lotus est difficile à comprendre, on utilise la métaphore de cette plante qu'est le lotus. Une personne aux facultés aiguisées, à la simple écoute du mot renge, en saisira immédiatement le principe. Elle n'a pas besoin d'avoir recours à une image et comprend directement le Sutra du Lotus. Mais une personne aux facultés moyennes ou médiocres ne comprendra pas immédiatement et aura besoin d'une image pour comprendre. Voilà pourquoi l'image facile à saisir de la plante que l'on nomme lotus a été utilisée pour clarifier le sens de l'essence réelle du Sutra du Lotus, qui est difficile à appréhender.

"Ainsi, dans le Sutra du Lotus, le Bouddha enseigna de trois façons différentes selon qu'il s'adressait à des personnes de capacités supérieures, moyennes ou moindres. Pour les personnes de capacités supérieures, renge, le lotus, est le nom donné au Dharma. Mais pour les personnes de capacités moyennes ou moindres, le lotus a une valeur métaphorique ou symbolique. Si l'on comprend bien que le mot est utilisé soit pour désigner le Dharma lui-même, soit comme une métaphore, selon les trois catégories de personnes à qui l'on s'adresse, alors la question ne se pose plus."

Ce passage de commentaires dans le Hokke Gengi du Grand-maître* Zhiyi* signifie que le principe suprême [qu'est le Dharma Merveilleux] n'avait pas de nom à l'origine. Quand le sage, observant les principes et assignant un nom à toute chose, s'éveilla à ce Dharma Merveilleux unique possédant simultanément la cause et l'effet [renge], il l'appela Myoho Renge. Ce Dharma unique qu'est Myoho Renge régit tous les phénomènes dans les dix mondes-états et les trois mille conditions de vie, sans en omettre aucun. Quiconque pratique ce Dharma crée une cause dont il obtient simultanément l'effet, la bodhéité.

Le sage, en prenant ce Dharma pour maître, est parvenu à l'Éveil. Il a créé la cause fondamentale (honnin-myo) et obtenu simultanément l'effet fondamental (honga-myo), la bodhéité, en devenant l'Ainsi-venu de l'Éveil parfait, aux vertus pleinement réalisées.

Ainsi, le Grand-maître* Saicho* écrit : "Un seul esprit, l'essence réelle de Myoho Renge, amène simultanément à maturité à la fois le bourgeon de la cause et la corolle de l'effet. Les trois formes d'enseignement utilisées par le Bouddha contiennent toutes les trois à la fois le lotus-ainsité et le lotus-métaphore. L'ensemble du Sutra du Lotus est à la fois ainsité et métaphore : dans les sept paraboles, les trois non-dualités et les dix points de supériorité de ce Sutra, le lotus qui est désigné est celui de l'essence [du Dharma]. Et on appelle Myoho Renge Kyo [Sutra du Lotus] l'enseignement qui expose pleinement ce principe."

Le Grand-maître* Zhanlan* écrivit aussi  : "En interprétant ces sept paraboles, il faut comprendre renge (lotus) dans chacune d'elles en faisant la distinction entre enseignements provisoires et définitifs. Pourquoi  ? Parce que les lotus, dans ce cas, ne sont rien d'autre que des images indiquant que les enseignements provisoires ont été exposés pour préparer l'enseignement définitif (jikkyo), et que les enseignements provisoires, en mûrissant, s'ouvrent pour révéler le fruit de l'enseignement définitif (jikkyo). Les sept paraboles devraient toutes être comprises de cette manière."(réf.) Au commencement du kalpa de continuité se trouvait une plante. Le sage en observa le principe, auquel il donna le nom de renge, le lotus. La plante qu'est le lotus a ceci de semblable au principe de Myoho Renge qu'elle contient simultanément la cause [le bourgeon] et l'effet [la graine]. Par conséquent la plante en est venue à porter le même nom que le principe. Le lotus qui pousse dans l'eau est une plante à deux variétés, l'une rose et l'autre blanche. Au sens figuré, on utilise le lotus comme une métaphore. Elle nous aide à clarifier le difficile concept de Myoho Renge. C'est le sens du commentaire du Grand-maître* Zhiyi* quand il dit que grâce à cette image, le Dharma Merveilleux, difficile à saisir, devient plus facile à comprendre.

Question. Depuis le début du kalpa de continuité, quelqu'un s'est-il éveillé au lotus en tant que "Dharma Merveilleux" ?

Réponse. Le Bouddha Shakyamuni du passé encore plus lointain que gohyaku-jintengo s'éveilla au lotus essence du Dharma Merveilleux. Par la suite, époque après époque et vie après vie, il déclara qu'il avait atteint la voie et révéla le principe fondamental de sagesse et réalité.

En ce monde, également, il apparut dans le royaume du Magadha, dans l'intention de révéler ce lotus du Dharma Merveilleux. Mais les gens n'avaient pas les capacités adéquates, et le temps n'était pas encore venu. Par conséquent, bien que le Dharma du lotus soit unique, il établit des distinctions au sujet de ce lotus qu'il présenta comme trois fleurs distinctes, en dispensant aux gens les enseignements provisoires des trois véhicules. Pendant plus de quarante ans, il les a guidés et conduits avec ces enseignements transitoires, en fonction de leurs capacités. Durant cette période, les capacités des personnes à qui il s'adressait étant très variées, il leur offrit les diverses fleurs et plantes des enseignements provisoires, mais ne parla jamais de Myoho Renge. C'est pourquoi, dans le Sutra Muryogi le Bouddha déclara : "Par le passé, je suis resté assis en méditation sous l'arbre bodhi... En plus de quarante ans, je n'ai encore jamais révélé la vérité".

Mais quand il enseigna le Sutra du Lotus, il rejeta les diverses plantes et fleurs qu'étaient les principes du Hinayana et les enseignements provisoires, les moyens opportuns des quatre saveurs et des trois enseignements, et il énonça le principe unique de Myoho Renge. En dépassant les trois images de lotus pour révéler le lotus unique de Myoho Renge, il permit, aux personnes des enseignements provisoires dotés des quatre saveurs et trois enseignements, de parvenir au lotus de la première* des dix étapes de sécurité*. Ce n'est que lorsqu'il exposa le lotus "dépassant le proche pour révéler le lointain" qu'il devint possible à ces personnes de parvenir au lotus le plus élevé, progressant de la deuxième étape de sécurité, jusqu'à la troisième, la dixième, l'étape de l'Éveil presque parfait [togaku], et finalement jusqu'au niveau le plus élevé de tous, celui de l'Éveil parfait [myogaku].

Question. Dans quels passages et quels chapitres du Sutra du Lotus précisément le lotus désigne-t-il l'essence du Dharma Merveilleux, et dans lesquels est-il utilisé comme une métaphore ?

Réponse. En considérant les trois catégories d'auditeurs, on peut dire que tout le chapitre Hoben* (II) expose [pour la première catégorie] le lotus essence du Dharma, tandis que dans les chapitres Hiyu* (III) et chapitre Kejoyu* (VII) [pour les deuxième et troisième catégories] le lotus est employé comme métaphore. Mais cela ne signifie pas que le lotus ne soit jamais utilisé comme image dans le chapitre Hoben* (II), ni que les autres chapitres ne se réfèrent jamais au lotus en tant qu'essence du Dharma.

Question. S'il en est ainsi, quel passage offre une explication complète de l'essence ?

Réponse. Le passage du chapitre Hoben* (II) qui traite du véritable aspect de tous les phénomènes (shoho jisso).

Question. Comment savons-nous que, dans ce passage, le lotus désigne l'essence du Dharma  ?

Réponse. Parce que Zhiyi* et Zhanlan* le citent pour expliquer l'essence du Sutra du Lotus. Et dans son commentaire, le Grand-maître Saicho* écrit lui aussi  : "Question  : Quelle est l'essence du Sutra du Lotus  ? Réponse. C'est "le véritable aspect tous les phénomènes." (shoho jisso) (réf.) Ce commentaire élucide la question. (Les maîtres de l'époque ont conservé ce commentaire secret et n'ont pas révélé le nom de l'essence, mais ce passage fait clairement allusion à Myoho Renge.)

De plus, une preuve tangible de l'essence est donnée par l'exemple des trois sortes de bouddhas décrits dans le chapitre Hoto* (XI), par les bodhisattvas Surgis-de-Terre et par l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence de la fille du Roi-Dragon. Pourquoi les bodhisattvas Surgis-de-Terre en offrent-ils une preuve concrète  ? Parce qu'il est dit, dans un passage du Sutra du Lotus : "Comme la fleur de lotus dans l'eau d'un étang boueux, ils ne sont pas souillés par les choses de ce monde."(réf.) C'est en ces termes que nous est annoncée la véritable essence de ces bodhisattvas. Quant à la fille du Roi-Dragon, elle offre une preuve tangible en apparaissant, à l'Assemblée du Pic du Vautour, "assise sur une fleur de lotus à mille pétales, aussi large que la roue d'un chariot."(réf.).

Les trente-trois manifestations du bodhisattva Myoon* et les trente-trois manifestations du bodhisattva Kannon constituent des preuves supplémentaires. Car, comme il est dit dans le commentaire de Zhanlan*  : "S'ils n'avaient pas obtenu le pouvoir mystérieux de la parfaite liberté d'action donné par la méditation sur le Sutra du Lotus, comment pourraient-ils se manifester en ces trente-trois corps différents  ? "(réf.)

En outre, on lit dans le Sutra : "...tout ce qui caractérise le monde est éternel."(réf.)  Ces passages sont les preuves littérales avancées par les lettrés de notre temps. Mais pour ma part, je trouve plus probant le passage du chapitre Hoben* (II) sur le véritable aspect de tous les phénomènes (shoho jisso), et le passage en quatre strophes du chapitre Jinriki* (XXI) mentionnant "tous les principes maîtrisés par l'Ainsi-venu."(réf.) Ce dernier passage est également cité dans le commentaire du Grand-maître* Zhiyi* formulant cinq principes majeurs pour comprendre le Sutra du Lotus. Par conséquent, ce passage précis [du chapitre Jinriki* (XXI)] me semble la preuve irréfutable que c'est bien l'essence du Dharma Merveilleux qui est désignée.

Question. Les preuves littérales et tangibles que vous avez citées sont extrêmement convaincantes. Mais pourquoi accordez-vous une importance toute particulière à ce passage du chapitre Jinriki* (XXI) ?

Réponse. C'est qu'il revêt un sens profond, et définit l'essence avec beaucoup de pertinence.

Question. Quel est ce sens profond  ?

Réponse. Dans ce passage, le Bouddha Shakyamuni annonce qu'il va confier à ses disciples primordiaux, les bodhisattvas Surgis-de-Terre, les cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo, qui sont l'essence du Sutra du Lotus (note). Shakyamuni, parvenu à l'Éveil il y a d'innombrables kalpas par le passé, dit ailleurs : "Maintenant, mes voeux sont exaucés. J'ai converti tous les êtres vivants et leur ai permis d'accéder à la Voie du bouddha." Il a ainsi déjà réalisé son voeu originel. Ensuite, désireux de confier à ses disciples la tâche de répandre largement le Dharma dans la cinquième période de cinq cents ans après sa mort, il a convoqué les bodhisattvas Surgis-de-Terre et leur a transmis le coeur du Sutra, le lotus essence de l'enseignement définitif (jikkyo). C'est le but ultime de la venue du Bouddha Shakyamuni en ce monde, le Dharma secret auquel il s'est éveillé sur le lieu de méditation. Ce passage est la preuve littérale que pour nous qui vivons à l'époque des Derniers jours du Dharma, le lotus de l'essence est l'enseignement qui nous conduira immanquablement à la bodhéité, au présent comme à l'avenir.

A notre époque, celle des Derniers jours du Dharma, seul l'Envoyé de l'Ainsi-Venu peut comprendre et citer ce passage comme preuve du lotus de l'essence. C'est véritablement un passage dont le sens est secret. Il contient une vérité de la plus grande importance qu'il convient d'honorer et de respecter. Namu Myoho Renge Kyo, Namu Myoho Renge Kyo !

C'est le sens de l'affirmation (réf.), faite dans le Sutra du Lotus, que les bodhisattvas des enseignements parfaits* exposés avant le Sutra, se sont rassemblés, au nombre de quatre-vingt mille, pour entendre la doctrine totalement parfaite.

Question. Selon les principes de notre école, quand des adeptes d'autres écoles nous demandent quels passages prouvent que le lotus est l'essence réelle, quelles phrases du Sutra du Lotus devons-nous citer ?

Réponse. Vous devez rappeler que le titre, Myoho Renge Kyo, se trouve tout au début de chacun des vingt-huit chapitres du Sutra du Lotus.

Question. Mais qu' est-ce qui permet d'affirmer que Myoho Renge Kyo, inclus dans le titre de chaque chapitre, désigne le lotus en tant qu'essence réelle du Dharma Merveilleux  ? Puisque le Grand-maître* Zhiyi*, en commentant le titre du Sutra du Lotus, l'interprète comme une image, ne devrions-nous pas plutôt penser que le lotus est utilisé comme métaphore  ?

Réponse. Le renge, lotus, dans le titre du Sutra est expliqué à la fois comme essence réelle et comme métaphore. Vous parlez de l'interprétation, donnée par Zhiyi*, du lotus comme d'une métaphore. C'est l'explication que l'on trouve dans le premier volume du Hokke Gengi où il commente les six métaphores des enseignements essentiel* et théorique*. Mais dans le septième volume du même ouvrage, il interprète le lotus comme l'essence réelle duDharma Merveilleux. Ainsi, la doctrine de Zhiyi* est sans faille car on y trouve les deux interprétations, l'explication du lotus dans le titre du Sutra à la fois comme essence réelle et comme métaphore.

Question. Quelle preuve avons-nous que ces deux interprétations sont possibles et que le titre peut être compris à la fois comme essence réelle et comme métaphore  ? Quand le Grand-maître* Huisi commenta les cinq caractères Myo Ho Ren Ge Kyo, il dit : "Myo [merveilleux ou mystique] désigne une propriété de tous les êtres vivants. Ho indique que tous les êtres vivants sont ho ou l'essence réelle du Dharma. Renge est une plante, le lotus, employée ici par le Bouddha au sens figuré." Ne dirait-on pas que Zhiyi* aussi bien que Huisi ont considéré le lotus comme une image ?

Réponse. L'interprétation de Huisi est la même que celle de Zhiyi*. Les sutras n'établissent pas de façon tout à fait claire que les deux interprétations sont possibles, autrement dit que l'on peut considérer le lotus à la fois comme une essence réelle et comme une image. Mais Huisi et Zhiyi* ont pu distinguer ces deux aspects en s'appuyant sur les traités de Vasubandhu et de Nagarjuna.

En effet, nous lisons dans le Hokke Ron  : "Les mots Myoho Renge ont deux significations. Premièrement, ils désignent le lotus tel qu'on le voit sur l'eau. (...) Le lotus sortant de l'eau boueuse est une image évoquant la façon dont l'Ainsi-venu rejoint la multitude des auditeurs-shravakas, s'assied sur un lotus comme les divers bodhisattvas, révèle la sagesse suprême de l'Ainsi-venu et l'état de pureté de l'Éveil, permettant ainsi aux divers auditeurs-shravakas d'avoir accès à la resserre secrète de l'Ainsi-venu. Deuxièmement, les mots Myoho Renge désignent l'épanouissement du lotus. Cette image montre que les simples mortels, même après avoir entendu l'enseignement du Mahayana, restent indécis et timorés, incapables de croire. C'est pourquoi l'Ainsi-venu fait s'épanouir sous leurs yeux le Corps du Dharma* pur et merveilleux, éveillant ainsi leur croyance." Dans ce passage, 'divers', dans l'expression 'les divers bodhisattvas' désigne les bodhisattvas des enseignements du Mahayana et du Hinayana qui, en rejoignant le lieu où le Sutra du Lotus était enseigné, eurent pour la première fois la capacité de comprendre le lotus du Bouddha. Cela ressort clairement du passage du Hokke Ron mentionné plus haut. L'affirmation (réf.) - que les bodhisattvas étaient déjà parvenus sur la voie de l'Éveil grâce aux divers sutras - n'était donc rien de plus qu'un moyen provisoire.

Zhiyi* commente ce passage du Hokke Ron de la manière suivante  : "Pour expliquer le sens de ce traité, on pourrait dire que l'Ainsi-venu, afin de permettre aux simples mortels de saisir l'aspect pur et merveilleux du Corps du Dharma*, leur montre le lotus qui fleurit, illustrant ainsi le principe mystique de la véritable cause. Et quand l'Ainsi-venu se mêle à la multitude des auditeurs-shravakas et s'assied sur un lotus, il leur révèle le lotus résultant du principe mystique du véritable effet."(réf.)

De nouveau, lorsque Zhiyi* veut donner une explication détaillée de cette double interprétation du lotus, à la fois comme essence réelle et comme métaphore, outre le passage du Hokke Ron mentionné plus haut, il cite le Sutra Daijuku, dans lequel on lit : "Je m'incline maintenant avec respect devant le lotus du Bouddha." Il écrit : "D'après le Sutra Daijuku, le lotus représente à la fois la cause et l'effet de la pratique religieuse. Quand les bodhisattvas vont s'asseoir sur le lotus, c'est le lotus de la cause. Mais le lotus du Bouddha, devant lequel on s'incline avec respect, est le lotus de l'effet. Ou, comme il est dit dans le Hokke Ron, c'est le lotus résultant du principe mystique du véritable effet. Autrement dit, les bodhisattvas, grâce à leur pratique du Dharma du lotus, obtiennent comme résultat le lotus du domaine de l'environnement. Ainsi, nous devrions comprendre que le domaine objectif et l'être subjectif qui en dépend, la cause [le bodhisattva] et l'effet [le Bouddha] sont tous régis par le Dharma de Renge, c'est-à-dire l'essence réelle du lotus. Par conséquent, quel besoin a-t-on d'avoir recours à une métaphore  ? Puisque certaines personnes à l'esprit engourdi sont incapables de comprendre le lotus de la nature essentielle des phénomènes, un lotus ordinaire est introduit comme métaphore, afin des les aider. En quoi cela serait-il gênant  ? "(réf.)

Et ailleurs, il [Zhiyi*] dit  : "Si ce n'était par le lotus, comment pourrait-on illustrer les divers enseignements décrits plus haut  ? On emploie l'expression Myoho Renge parce qu'elle désigne à la fois le Dharma et l'image."(réf.)

On lit encore, dans leDaichido Ron* du bodhisattva Nagarjuna  : "Le lotus représente à la fois le Dharma lui-même et une métaphore pour l'exprimer." Pour expliquer ces passages des traités de Vasubandhu et de Nagarjuna, le Grand-maître* Saicho* écrivit : "Le Hokke Ron donne deux explications à l'emploi du lotus dans Myoho Renge Kyo. Il ne dit pas que le mot désignant un lotus ordinaire a deux sens différents. Ce qu'il y a d'admirable ici, en définitive, c'est que le Dharma et l'image qui la symbolise se ressemblent. Si elles ne se ressemblaient pas, en quoi l'image aiderait-elle à comprendre  ? C'est pourquoi il est dit, dans le Daichido Ron*, que le lotus est à la fois le Dharma lui-même et sa représentation. L'unité fondamentale, l'essence réelle de Myoho Renge, fait s'épanouir simultanément le bourgeon de la cause et la corolle de l'effet. Grâce à l'image, ce concept difficile à comprendre, devient accessible. Le sutra qui énonce pleinement ce principe a pour nom Myoho Renge Kyo."(réf.)

Ces passages des traités, et leurs explications citées ici, éclairciront ce point. Il faut donc les examiner avec attention. Rien n'est caché ni dissimulé, les explications concernant le lotus, à la fois comme essence réelle et comme métaphore, sont pleinement développées.

En dernière analyse, le sens du Sutra du Lotus est que l'image équivaut à l'essence réelle du Dharma, et que l'essence réelle du Dharma équivaut à l'image. C'est pourquoi le Grand-maître* Saicho* fait le commentaire suivant : "Il y a de nombreuses métaphores et paraboles dans le Sutra du Lotus, mais les principales paraboles sont au nombre de sept. Ces sept paraboles expriment le Dharma, et le Dharma équivaut à ces métaphores et paraboles. Il n'y a pas d'essence réelle du Dharma en dehors des images et des paraboles, et il n'y a pas d'images et de paraboles en dehors de l'essence réelle du Dharma. En d'autres termes, on appelle "essence réelle du Dharma" le principe de la nature réelle des phénomènes, tandis que les images et paraboles représentent l'essence réelle du Dharma Merveilleux telle qu'elle se manifeste dans les phénomènes concrets. Les manifestations équivalent à la véritable réalité, et la véritable essence réelle équivaut à ses manifestations. Ainsi, le Dharma et ses métaphores ne font qu'un. Les passages des traités ainsi que leurs commentaires par l'école Tendai voient tous dans le lotus à la fois le Dharma lui-même et l'image la désignant."

Ce passage est suffisamment clair, je n'en dirai donc pas plus.

Question. Du vivant de l'Ainsi-venu, qui eut la capacité de percevoir le lotus comme essence réelle du Dharma ?

Réponse. Pendant la période des quatre saveurs et trois enseignements précédant le Sutra du Lotus, il y eut, certes, des personnes des trois véhicules, des cinq véhicules, des sept moyens provisoires et des neuf états, les bodhisattvas des enseignements provisoires et parfaits, ainsi que le bouddha de ces enseignements. Mais, hormis le bouddha du chapitre Juryo* (XVI) de l'enseignement essentiel*, aucune de ces personnes, pas plus que le bouddha des enseignements théoriques*, n'avait ne serait-ce qu'entendu le nom du lotus de l'essence réelle, révélé dans l'enseignement essentiel*. Ils pouvaient donc d'autant moins s'y éveiller.

Pendant plus de quarante années, depuis qu'il avait commencé à enseigner, le Bouddha n'avait pas élucidé le principe du lotus de l'Éveil insurpassable qui révèle le remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique (kokai san ke ichi). C'est pourquoi il est dit dans le Sutra Muryogi : "Ils ne parviendront jamais à l'Éveil insurpassable", ce qui veut dire que le lotus du remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique, révélé par le Bouddha dans l'enseignement théorique*, n'avait jamais été exposé avant le Sutra du Lotus. Il révéla donc d'autant moins le lotus de l'essence réelle, les principes de "dépasser le proche pour révéler le lointain", de "la véritable identité [du Bouddha] difficile à concevoir", de l'adéquation de la réalité et de la sagesse" (kyochi myogo) et de "ce qui est inhérent et non créé". Comment Maitreya et les autres, instruits et convertis par le Bouddha sous sa forme provisoire, auraient-ils pu, si peu que ce soit, comprendre cela ?

Question. Qu'est-ce qui permet d'affirmer que les bodhisattvas des enseignements parfaits* antérieurs au Sutra du Lotus, ou les bodhisattvas de l'enseignement parfait* de la partie théorique* du Sutra du Lotus, n'ont pas perçu le lotus de l'enseignement essentiel* ?

Réponse. Les bodhisattvas des enseignements parfaits* antérieurs au Sutra du Lotus n'ont pas compris le lotus de la partie théorique du Sutra du Lotus ; et les bodhisattvas de l'enseignement parfait* de cette partie théorique* n'ont pas compris le lotus de l'enseignement essentiel*.

Zhiyi* dit : "Même les successeurs du Bouddha des enseignements provisoires ne connaissent personne ayant reçu directement l'enseignement de ce Bouddha  ; et ceux qui ont reçu son enseignement ne connaissent personne ayant reçu directement l'enseignement du Bouddha qui a révélé sa véritable identité."(réf.) Le Grand-maître* Saicho* explique  : "C'est une voie directe mais ce n'est pas la Grande Voie directe."(réf.) Il dit encore  : "Parce qu'ils ignorent encore la Grande Voie directe qui conduit à l'Éveil."(réf.) C'est on ne peut plus clair.

Les bodhisattvas des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus ou de l'enseignement théorique* ont, dans une certaine mesure, éradiqué les illusions et appréhendé la vérité. Mais, à la lumière de l'enseignement essentiel*, ils ne se sont libérés que provisoirement et partiellement des illusions. C'est pourquoi on les appelle "ceux qui, en réalité, n'ont pas encore dissipé les illusions".

Il est dit parfois que les bodhisattvas ont déjà "obtenu l'accès" [à l'Éveil ] grâce à divers sutras [antérieurs au Sutra du Lotus], mais il ne s'agit là que d'une étape provisoire, un terme employé surtout pour souligner l'infériorité du résultat obtenu par les personnes des deux véhicules. Par conséquent, c'est seulement quand ils rencontrent l'enseignement essentiel* que même de grands bodhisattvas des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus aussi bien que de l'enseignement théorique* arrivent à appréhender l'essence réelle du Dharma, le lotus du Bouddha ; ils ne parviennent à véritablement éliminer les illusions que lorsqu'ils entendent l'enseignement du chapitre Juryo* (XVI).

Un passage (note) du chapitre Yujutsu* (XV) mentionne une période de cinquante kalpa mineurs qui, en raison des pouvoirs supranaturels du Bouddha, ne parut pas plus longue qu'une demi-journée aux membres de l'Assemblée ; à ce propos le Grand-maître* Zhiyi* fait le commentaire suivant : "Ce laps de temps en apparence très court, les éveillés le perçurent comme la longue période de cinquante kalpa mineurs ; mais à ceux qui étaient encore dans l'illusion, cette longue période parut aussi courte qu'une demi journée."(réf.)

Zhanlan*, à son tour, développe ce commentaire en disant  : "Ceux que l'on appelle ici les «éveillés» sont les bodhisattvas déjà libérés de l'ignorance. Par contre, les êtres ordinaires de l'Assemblée n'ont pas encore progressé au-delà du rang de "personnes de mérite" (note) et c'est pourquoi on les dit "encore dans l'illusion". (réf.)

La signification de ces passages est on ne peut plus claire. Ils indiquent que les bodhisattvas des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus et de l'enseignement théorique* étaient en fait toujours dans l'illusion, et que seuls les bodhisattvas Surgis-de-Terre méritaient le nom d'"éveillés".

À notre époque, toutefois, certains adeptes de l'école Tendai prétendent qu'il n'y a aucune différence entre les enseignements théorique* et essentiel*, et, interprétant les passages mentionnés plus haut, affirment que des personnes instruites et converties par le Bouddha dans l'une de ses manifestations provisoires doivent être considérées comme "éveillées". C'est une grossière erreur d'interprétation !

Le sens du passage du Sutra et de ses commentaires est tout à fait évident. Comment est-il possible de les interpréter de manière aussi déraisonnable ?

En examinant le passage du chapitre Yujutsu* (XV), nous voyons qu'il y est dit que les bodhisattvas Surgis-de-Terre ont fait l'éloge de l'Ainsi-venu pendant une période de cinquante kalpa mineurs, mais que les membres de l'Assemblée du Pic du Vautour, ayant reçu l'enseignement du Bouddha sous une forme provisoire, eurent l'impression que cela ne durait qu'une demi-journée.

Dans son commentaire, Zhiyi* introduit les termes "personnes éveillées" et "personnes dans l'illusion". Selon lui, les membres de l'Assemblée ayant reçu l'enseignement du Bouddha sous une forme transitoire étaient dans l'illusion, et croyaient donc que le temps écoulé n'excédait pas une demi-journée, alors que c'était une impression fausse. Tandis que les bodhisattvas Surgis-de-Terre, étant, pour leur part, des "éveillés", considéraient ce laps de temps comme une durée de cinquante kalpa mineurs, ce qui était une juste compréhension des faits.

Zhanlan* développe encore ce commentaire en appelant "éveillés" les bodhisattvas libérés de l'ignorance, et "personnes encore dans l'illusion" celles qui n'en étaient toujours pas libérées. Ce sont des affirmations on ne peut plus claires. Il se trouve des maîtres pour dire que, parmi les bodhisattvas instruits par le Bouddha sous sa forme transitoire, certains, sur la voie de la pratique de bodhisattva, étaient parvenus à la première étape de sécurité ou l'avaient dépassée, autrement dit qu'ils s'étaient déjà libérés de l'ignorance. Cette affirmation vient du fait qu'on leur avait appris qu'il était possible d'atteindre la bodhéité au moyen des divers sutras antérieurs au Sutra du Lotus, alors qu'en réalité, il n'en est rien.

On mentionne bien l'étape de l'Éveil parfait (myokaku) dans les enseignements antérieurs au Sutra du Lotus ou dans l'enseignement théorique*, mais par rapport au véritable Bouddha du chapitre Juryo* (XVI) de l'enseignement essentiel*, ceux qui y sont parvenus restent "des personnes dans l'illusion" ou demeurent au stade [intermédiaire de la pratique qu'est celui] des "personnes de mérite". Les Trois Corps du Bouddha, tels qu'ils sont définis dans les enseignements provisoires, sont encore du domaine de l'impermanence ; ils ne correspondent en réalité qu'à des bouddhas fantômes ou à des apparitions de rêve.

Tant qu'ils n'ont pas été instruits de l'enseignement essentiel*, les bodhisattvas ayant reçu les enseignements antérieurs au Sutra du Lotus, ou l'enseignement théorique*, doivent être considérés comme n'étant pas encore libérés des illusions. Mais une fois qu'ils ont reçu cet enseignement, on peut dire qu'ils ont accédé à la première* des dix étapes de sécurité* sur la voie de la pratique de bodhisattva.

Zhanlan* fait le commentaire suivant : "Quand le Bouddha, transcendant son statut transitoire, révèle sa véritable identité, tous les auditeurs-shravakas parviennent à la première étape de sécurité."(réf.) Cela peut se comparer à ce qui a été dit plus haut des bodhisattvas "encore au stade des personnes de mérite"(note). Les auditeurs-shravakas des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus ou de l'enseignement théorique* restent dans la catégorie des personnes dans l'illusion. Ce sont des bouddhas et des bodhisattvas qui ne se sont pas encore libérés de l'ignorance. C'est absolument vrai, on ne peut nier une telle vérité !

Il est certain que, une fois l'enseignement essentiel* du chapitre Juryo* (XVI) révélé, tous les participants à l'Assemblée du Pic du Vautour se sont éveillés au lotus de l'essence réelle. Les personnes des deux véhicules, les icchantika, et les groupes prédestinés, ainsi que les femmes et les personnes mauvaises, tous se sont éveillés au lotus de l'essence réelle, au Dharma du Bouddha fondamental.

À propos du lotus de "la grande raison unique" [pour laquelle le Bouddha apparut en ce monde] le Grand-maître* Saicho* écrivit : "Le grand sujet unique", coeur et essence même du Sutra du Lotus, est la révélation du lotus. "Unique" signifie qu'il s'agit de la réalité fondamentale [l'essence réelle]. "Grand" indique qu'elle est vaste et intrinsèquement capable de tout inclure. Et "sujet" renvoie à l'aspect réel des phénomènes (shoho jisso). Cette grande raison unique, ou "sujet ultime", est la vérité, l'enseignement, la sagesse et la pratique de l'enseignement parfait*, autrement dit le Corps du Dharma*, le Corps de sagesse* et le Corps de manifestation* de l'enseignement parfait*. Grâce à cette révélation, les personnes du Véhicule unique, des trois véhicules, des groupes prédestinés, du groupe non prédestiné, ceux qui croient aux enseignements bouddhiques, ceux qui croient aux enseignements non bouddhiques, ceux qui n'ont aucun désir de devenir bouddha, comme ceux qui sont incapables de croire aux enseignements corrects - tous ces êtres, sans la moindre exception, ont accès au domaine de la sagesse imprégnant tous les phénomènes ; ainsi cette "grande raison unique" ouvre la porte de la sagesse du Bouddha à tous les êtres vivants [kai], la révèle [ji], les incite à s'y éveiller [go] et les fait accéder [nyu] à la bodhéité."(réf.)

Cela signifie que du vivant du Bouddha les femmes, les personnes d'une incroyance incorrigible, ceux que l'on disait par nature prédestinés, et les personnes des deux véhicules, tous se sont éveillés, au Pic du Vautour, au lotus de l'essence réelle du Dharma Merveilleux.

Question. À l'époque actuelle, celle des Derniers jours du Dharma, quelqu'un s'est-il éveillé au lotus de l'essence réelle ?

Réponse. En observant le monde de nos jours, nous voyons que de nombreuses personnes sont vouées à tomber dans le grand enfer avici, mais que pas une seule n'a obtenu le lotus du Bouddha. Cela est dû au fait que les gens ont foi dans les enseignements provisoires, qui ne sont que des moyens et ne peuvent pas conduire à la bodhéité, et qu'ils calomnient le Lotus de la véritable réalité, l'essence du Sutra du Lotus.

Le Bouddha a affirmé : "Si une personne est incapable d'avoir foi en ce Sutra et, au contraire, s'y oppose, elle détruira immédiatement toutes les graines qui lui permettraient de devenir bouddha en ce monde. [...] Quand sa vie arrivera à son terme, elle tombera dans l'enfer avici."(réf.)

[L'école de] Zhiyi* commente cela en disant  : "Ce Sutra du Lotus fait pousser les graines de la bodhéité que possèdent tous les êtres dans les six voies. Mais en s'opposant au Sutra, on détruit les graines de la bodhéité."(réf.) Moi, Nichiren, je voudrais dire ceci  : dans le Sutra du Lotus se trouvent les graines de la bodhéité pour les êtres dans chacun des dix mondes-états. Mais s'opposer à ce Sutra équivaut à brûler les graines de la bodhéité contenues dans chacun des dix mondes-états. Ceux qui le font tomberont inévitablement dans l'enfer avici. Et comment pourront-ils en sortir de nouveau  ?

Mais les disciples de Nichiren rejettent sincèrement les principes erronés des enseignements provisoires, et les théories fausses des maîtres égarés. Avec une foi solide dans le Véritable Dharma, et en suivant les principes justes du maître qui expose l'enseignement correct, ils peuvent accéder au lotus de l'essence réelle et concrétiser le principe mystique de la Terre de la lumière éternellement paisible. Cela parce qu'ils ont foi dans les paroles d'or du Bouddha, qui se trouvent dans le chapitre Juryo* (XVI) de l'enseignement essentiel*, et qu'ils récitent Namu Myoho Renge Kyo.

Question. Les Grands-maîtres Huisi, Zhiyi* et Saicho* ont utilisé le Sutra du Lotus pour répandre largement le Corps du Dharma*, le Corps de Sagesse* et le Corps de Manifestation* du Véhicule unique, mais pourquoi n'ont-ils pas récité Namu Myoho Renge Kyo  ? Est-ce parce qu'ils ignoraient le lotus de l'essence réelle ou parce qu'ils ne s'y sont jamais éveillés  ?

Réponse. Le Grand-maître* Huisi fut, dit-on, une incarnation du bodhisattva Kannon, et le Grand-maître* Zhiyi*, une incarnation du bodhisattva Yakuo*. S'il en est ainsi, ils étaient présents au Pic du Vautour lorsque le Bouddha exposa le chapitre Juryo* (XVI) de l'enseignement essentiel*, et ils s'éveillèrent donc alors au lotus de l'essence réelle. Mais lorsqu'ils réapparurent en ce monde [respectivement sous la forme de Huisi et de Zhiyi*], ils savaient que le temps propice n'était pas encore venu de répandre le Dharma Merveilleux. Par conséquent, aux termes "Dharma Merveilleux" [Myoho], ils substituèrent les termes "concentration et intuition" [shikan], et s'engagèrent plutôt dans la pratique d'ichinen sanzen par la Triple contemplation de l'unité. Mais ces Grands-maîtres récitèrent Namu Myoho Renge Kyo en privé, et ils étaient intérieurement convaincus que ces mots exprimaient la vérité.

Ainsi, le Grand-maître* Huisi dans son Hokke sempo (note) utilisa les mots Namu Myoho Renge Kyo. Le Grand-maître* Zhiyi* employa les mots Nam Byodo Daie Ichijo Myoho Renge Kyo ["dévotion sans partage au Véhicule unique", c'est-à-dire Myoho Renge Kyo de la grande sagesse qui perçoit tout en toute impartialité], keishu Myoho Renge Kyo [J'incline la tête devant Myoho Renge Kyo], et Kimyo Myoho Renge Kyo [Je consacre ma vie à Myoho Renge Kyo]. Et le document [allusion au Shuzen-ji ketsu] mentionnant le voeu exprimé par le Grand-maître* Saicho* sur son lit de mort, contient les mots Namu Myoho Renge Kyo.

Question. Toutes ces preuves littérales que vous avez apportées sont parfaitement claires. Mais si ces hommes connaissaient la vérité, comme cela semble évident, pourquoi ne l'ont-ils pas largement fait connaître ?

Réponse. Pour deux raisons. D'abord, le temps n'était pas encore venu. Ensuite, ce n'était pas à eux qu'avait été confiée la tâche de la transmission.

Les cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo sont le Grand Dharma pur qui doit se répandre largement à l'époque des Derniers jours du Dharma. Il fut transmis aux grands bodhisattvas Surgis-de-Terre aussi nombreux que les particules de mille mondes réduits en poussière, afin qu'ils le répandent largement. C'est pourquoi Huisi, Zhiyi et Saicho*, bien que connaissant parfaitement la vérité au fond de leur coeur, ont laissé la tâche de la propagation au guide et au maître de l'époque des Derniers jours du Dharma, en s'abstenant de l'accomplir eux-mêmes.

Lettre d'accompagnement

Question. Le lotus de l'essence réelle du Dharma Merveilleux étant difficile à comprendre, on utilise une métaphore pour en clarifier le sens. Mais trouve-t-on dans d'autres sutras des exemples de ce genre ?

Réponse. Il est dit dans le Sutra : [les bodhisattvas de l'enseignement essentiel] ne sauraient être souillés par les choses de ce monde, comme la fleur de lotus dans l'eau boueuse. Émergeant de la terre..." C'est l'indication que les bodhisattvas Surgis-de-Terre sont le lotus de l'essence réelle du Dharma Merveilleux, et il est évident que le lotus est utilisé là comme une image. Mais je vous écrirai encore à ce sujet.

Cet enseignement est le principe ultime du Sutra du Lotus tout entier. Il est la raison suprême de la venue du Bouddha Shakyamuni en ce monde, ainsi que le coeur et l'essence du Sutra du Lotus confié aux grands bodhisattvas qui jaillirent de Terre pour le répandre largement à l'époque des Derniers jours du Dharma. C'est seulement quand le souverain de notre pays aura personnellement foi en elle que nous pourrons révéler cette doctrine. Mais jusque là, elle devrait demeurer un enseignement secret. J'ai maintenant fini de vous le transmettre, à vous, Sairenbo.
Nichiren

ARRIÈRE-PLAN - La lettre d'accompagnement indique sans ambiguïté que cette lettre était adressée à Sairen-bo, l'un des disciples de Nichiren Daishonin. Toutefois, elle ne comporte aucune date ni mention du lieu d'expédition. On pense qu'elle fut peut-être écrite en 1273, à Ichinosawa, sur l'île de Sado, alors que Nichiren Daishonin, âgé de 52 ans, y vivait en exil.
Sairen-bo était un adepte du Tendai extrêmement érudit et versé dans l'enseignement de son école. Il vivait sur l'île de Sado pour une raison qui ne nous est pas connue. L'une des lettres qui lui furent adressées, intitulée "Réponse à Sairen-bo", nous apprend qu'il se convertit à l'enseignement de Nichiren Daishonin, au cours de l'exil de ce dernier, en février 1272. "L'essence réelle du Dharma merveilleux" est l'un des écrits les plus profonds de Nichiren Daishonin. Il y explique le grand bienfait d'avoir foi dans le Gohonzon, objet fondamental de vénération. Envisagé sous l'angle du concept bouddhique "enseignement, pratique et preuve", ce traité correspond à la "preuve", tandis que le "Traité pour ouvrir les yeux" et "l'Objet fondamental de vénération" représentent respectivement "l'enseignement" et "la pratique". "Enseignement" désigne l'enseignement du Bouddha, et "pratique" indique la pratique en parfait accord avec cet enseignement. "Preuve" est le nom que l'on donne au bienfait ou mérite résultant de la pratique de cet enseignement.
On trouve énoncés, dans le "Traité pour ouvrir les yeux", "Cinq Critères de comparaison", un système de classification de tous les enseignements du Bouddha Shakyamuni, démontrant la supériorité du Sutra du Lotus sur tous les autres sutras. En définitive, ce gosho rend évidente la supériorité de Namu Myoho Renge Kyo sur tous les autres enseignements bouddhiques, et correspond donc à "l'enseignement".

Dans "l'Objet fondamental de vénération pour l'observation de son propre esprit", il est dit qu'avoir foi dans le Gohonzon est en soi la bodhéité. La croyance
dans le Dharma merveilleux équivaut à toutes les pratiques effectuées par tous les bouddhas, et permet d'acquérir les bienfaits et les vertus obtenus grâce à ces pratiques. Par conséquent, ce texte définit "la pratique".
"L'essence réelle du Dharma merveilleux" correspond à "la preuve", car ce traité révèle que, en croyant
dans le Dharma merveilleux, on peut manifester en soi-même l'essence réelle de Myoho Renge Kyo. (Commentaire ACEP)

En anglais : The Entity of the Mystic Law

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=417&m=1&q=Entity%20of%20the%20Mystic%20Law
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_EntityMysticLaw.htm

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