Question : Pour ce qui est d’un bref instant, trente brefs instants couvrent
un jour et une nuit. L’instant dont il est question dans “pendant
un bref instant l’écouter”(réf.) désigne-t-il cette durée ? Je réponds : C’est comme il l’a été dit auparavant. Dans
le deuxième fascicule du Maka
Sikan de Zhiyi* il est écrit : “Ne rejetez pas même pendant un
bref instant”. Dans la “Décision de propager ”,
il est précisé : “Il n’est pas permis de
rejeter ne serait-ce qu’un instant. C’est pourquoi il est
dit un bref instant. C’est pourquoi un instant représente
un moment immédiat”.
Dialogue avec les écoles du Zen (1255)
Zhiyi* et Zhanlan*,
ces deux saints, l’ont commentée
dans le Hokke Gengi et le Hokke Mongu*,
disant : “Le cœur est semblable à une lueur illusoire.
Il n’a qu’un nom qu’on appelle cœur. Si par hasard
on dit qu’il existe, on n’en voit ni la couleur, ni la nature.
Si par hasard, on dit qu’il n’existe pas, les pensées
naissent. Ne pouvant être considéré en terme d’être
ou de non-être, il est appelé cœur et se trouve qualifié
de merveilleux (myo). La merveille suit le cœur : nommée alors dharma (ho). Le dharma du cœur
ne relève pas de la cause, ni de l’effet. Si on l’observe
en fonction du principe, on distingue alors la cause et l’effet.
On appelle cela fleur de lotus (renge). Un cœur, par son changement
né de l’observation, enseigne d’autres cœurs.
On nomme cela sutra (kyo)”.
Le Hokke Gengi Shakusen indique : “Si l’on dit qu’il existe, alors, aucune pensée
d'ichinen sanzen n’existe.
A fortiori, comment pourrait-il y avoir d’image des dix monde-états-états ? Si on dit qu’il n’existe
pas, alors trois mille pensées se manifestent. A fortiori, la pensée
d’un monde-état. C’est parce que l’on ne peut
pas le considérer à travers l’être ou le non-être que le cœur d’une pensée, à l’évidence,
est la Voie du milieu. C’est
pourquoi, il faut le savoir, le cœur est merveilleux (myo)”.
Les douze liens
causaux (1256 )
Zhiyi, le Grand-maître du Tendai, était le Yakuo
bosatsu (Roi des remèdes). Il élucida « le discours et l'introspection » (setsu ni kan ni). (note) Zhiyi développa quatre critères (quatre clés)* (shiju shaku) : selon les causes et conditions* (innen jaku), selon les enseignements,* (yakkyo shaku) selon l’originel et l’éphémère* (honjaku shaku) et selon la contemplation du cœur (kanjin shaku)*. Ceux qui ignorent qu'il y a quatre critères, n’en voyant qu’un, utilisent uniquement le critère et l’éphémère ou pronent seulement celui de la contemplation du cœur.
[...] Dans l’idée de Zhiyi, les dix ainsi impliquent les dix mondes-états. Ces dix mondes proviennent d'ichinen (une pensée), les êtres des dix ainsi également. Ces dix ainsi sont contenus dans le Sutra du Lotus.
[...] Dans le premier fascicule du Sens caché de la fleur du
Dharma* de Zhiyi, nous lisons : « Les êtres, par l’intermédiaire de leurs pratiques mineures, prennent refuge dans l’immense Véhicule unique ».
La doctrine d’Ichinen Sanzen, 1258
Dans le Maka
Shikan du Grand-maître* Zhiyi* on peut lire : "Celui qui connaît la véritable marche
du monde, connaît le Dharma bouddhique." Dans le Maka
Shikan Bugyoden Guketsu le Grand-maître* Zhanlan déclare : "Des enseignements universels, comme la bienséance
et la musique, se propagent d’abord, ouvrant la voie au Bouddha"
[...] En examinant
de manière plus approfondie les textes bouddhiques, je trouve,
dans le Maka Shikan du Grand-maître* Zhiyi* : "Moi, le Bouddha, ai envoyé les Trois
sages en Chine afin d’éclairer le pays" et, dans
le Maka Shikan Bugyoden Guketsu du Grand-maître* Zhanlan* on peut lire : "Le Bouddha, afin de propager le bouddhisme en
Chine, y envoya trois bodhisattvas pour enseigner au peuple les Cinq vertus,
et ainsi le préparer au bouddhisme." Si on considère
ces passages, on peut supposer que les cinq vertus, qui existaient en
Chine avant l’introduction du bouddhisme dans ce pays, équivalent
aux cinq préceptes du bouddhisme.
[...] Le Sutra Konkomyo* déclare : "Même les innocents sont touchés" ; et dans le Sutra du Lotus, chapitre III, Parabole : "Un malheur inattendu lui arrivera." Dans le Maka Shikan le Grand-maître* Zhiyi* dit : "Le karma positif d’une personne peu avancée
dans la pratique du bouddhisme est peu important ; par conséquent,
même si son aspiration à la bodhéité est mûre,
elle ne peut échapper aux nombreux malheurs engendrés par
le karma négatif qu’elle a créé par le passé."
Sainan
Koki Yurai - La cause des désastres (Kamakura,
février 1260)
On interrompt la pratique qui consiste à
retranscrire le Sutra du Lotus, pratique qui se poursuit depuis
plus de quatre cents ans au Mont Hiei,
et on la remplace par la transcription des trois
sutras de la Terre pure ; ou encore les conférences annuelles daishiko sur le Grand-maître Zhiyi* sont remplacées par des conférences sur les enseignements
de Shandao. En fait, les opposants
au Dharma et leurs complices sont si nombreux qu'on ne peut les compter.
Rissho Ankoku ron (Kamakura-Matsubagayatsu,
juillet 1260)
Toutes les rivières coulent vers l'océan, mais
a-t-on jamais vu l'océan, trop plein, repousser leurs eaux ? Les rivières des difficultés se jettent dans l'océan
du Sutra du Lotus, et assaillent son Pratiquant. L'océan
ne rejette pas plus les rivières que le Pratiquant du Sutra
du Lotus ne repousse les souffrances. Sans le flot des rivières,
il n'y aurait pas d'océan. Sans épreuves, il n'y aurait
pas non plus de Pratiquant du Sutra du Lotus. "Toutes
les rivières se jettent dans l'océan, et les bûches
attisent le feu", nous dit Zhiyi*. (réf.)
Un vaisseau pour
traverser l'océan des souffrances (Kamakura,
28 avril 1261, à Shiiji Shiro)
Ainsi,
comprendre que le Sutra du Lotus est le roi et le plus élevé
de tous les sutras, c'est avoir une compréhension correcte de
l'enseignement. Pourtant Fa-yun,
du temple Guangzhe-si, et Hui-guan,
du temple Daochang-si, ont
prétendu que le Sutra
du Nirvana était supérieur au Sutra du Lotus. Cheng-guan du Mont Qingliang et Kukai* du Mont Koya proclamèrent
que le Sutra Kegon* et le Sutra Vairocana étaient supérieurs au Sutra du Lotus. Jizang, du temple Jia-xiang-si,
et le moine Kui-ji, du temple Cien-si,
ont avancé que les deux sutras Hannya* et Jimmitsu étaient supérieurs au Sutra
du Lotus. Seul le Grand-maître* Sage
du Mont Tiantai établit, non seulement que parmi tous les sutras le Sutra
du Lotus est l'enseignement suprême, mais affirma que tous
ceux qui prétendaient certains sutras supérieurs devraient
être contredits. Il déclara que ceux qui continueraient
à soutenir de telles assertions fausses verraient leur langue
pourrir dans leur bouche en cette vie-ci et, après leur mort,
tomberaient dans l'enfer avici. Il
est possible de dire, de ceux qui parviennent à distinguer ce
qui est juste et ce qui est faux qu'ils ont une compréhension
correcte de l'enseignement.
L'enseignement,
les capacités, le temps et le pays (Izu,
10 février 1262 ? )
Le Grand-maître* Zhiyi* conclut que ce furent des déclarations de ce genre qui suscitèrent
les mots : "Ne serait-ce pas un démon ayant pris la
forme du Bouddha ? "(réf.) Si nous nous appuyons seulement sur les commentaires des divers
maîtres sans tenir compte des déclarations du Bouddha lui-même,
comment pouvons-nous appeler notre croyance bouddhisme ? Cela serait
de la plus grande absurdité !
[...] Zhiyi* a établi : "Ce qui est profond et en accord avec les
sutras, il faut le croire et le mettre en pratique, mais n'accordez
aucune foi à ce qui n'offre ni preuve littérale ni preuve
théorique."(réf.) Et il dit aussi : "Toute affirmation qui n'est pas fondée
sur une preuve littérale doit être dénoncée
comme fausse."(réf.)
[...] Zhiyi* déclare : "Après que l'Ainsi-Venu atteignît
l'Éveil, pendant quarante ans et plus, il ne révéla pas
la vérité. Avec le Sutra du Lotus, pour la première
fois, il révéla la vérité."(réf.)
[...] Zhiyi* a déclaré : "Ni le Sutra
Kegon* ni le Sutra Daibon ne pouvaient guérir [les maux de ces personnes des deux
véhicules. Seul le Sutra du Lotus pouvait planter
des racines de bonté chez ceux qui n'avaient plus rien à
apprendre (note) et leur rendre accessible la Voie du Bouddha. C'est la raison pour laquelle
on appelle ce sutra Myo, mystique. Les icchantika [personnes d'une incroyance incorrigible] ont néanmoins une conscience,
il leur est donc possible d'atteindre la bodhéité. Mais
les personnes des deux véhicules ont annihilé la conscience, si bien qu'elles ne peuvent plus
faire naître dans leur coeur l'aspiration à l'Éveil. Pourtant,
le Sutra du Lotus peut les guérir et c'est pourquoi
on l'appelle Myo."(réf.)
[...] Zhiyi* établit que l'atteinte de la bodhéité par les
personnes des deux véhicules est la preuve que tous les êtres humains sans exception peuvent
devenir bouddha.
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*,
dans ses commentaires, affirma qu'accepter les doctrines de mauvais
maîtres et leur prêter foi équivaut à boire
du poison.
[...] Comme l'a dit
le Grand-maître* Zhiyi*,
"Même du vivant du Bouddha, le Dharma fut révélée
par des personnes. Comment, par conséquent, à l'époque
des Derniers jours du Dharma,
pourrait-on affirmer que le Dharma est digne de respect mais que la
personne [qui s'y consacre] est méprisable ? "(réf.)
Questions et
réponses sur la pratique du Sutra du Lotus (Kamakura ? mars 1263 ? à Nichiji ?)
Et pourtant, les bienfaits obtenus
par cette cinquantième personne sont cent, mille, dix mille, cent mille fois supérieurs à
ceux que peuvent obtenir, en étudiant d'autres sutras, des personnes
naturellement dotées d'excellentes capacités et d'une
sagesse supérieure, comme Shariputra, Maudgalyayana, Manjushri,
capables de réciter par cœur l'intégralité
du texte des divers sutras.
Cela nous est dit dans le Sutra du Lotus même, ainsi que dans les soixante volumes de commentaires (note) de Zhiyi* et de Zhanlan*.
[...] Cela revient au même que réciter Namu
Ichijo Myoden. Mais il est préférable de réciter
seulement Namu
Myoho Renge Kyo comme le firent le bodhisattva Vasubandhu et le Grand-maître* Zhiyi* (note). J'ai de bonnes raisons de parler ainsi.
Sur la récitation
des chapitres Hoben et Juryo (Kamakura
- 1264, à la femme de Hiki Daigaku Saburo Yoshimoto)
Les mots écrits
sont une face différente de la vie du Bouddha. Aussi, ceux qui
lisent le Sutra du Lotus ne doivent pas penser qu’ils ont
sous les yeux uniquement des graphismes, car ces idéogrammes sont
l'esprit même du Bouddha. Pour cette raison, Zhiyi*,
dans son commentaire [Hokke gengi]
dit : "Lorsque, accédant à la prière réitérée
de ses auditeurs, le Bouddha prêcha, il exposa l'essence même
de sa doctrine. L'essence de la doctrine est le coeur du Bouddha et le
coeur du Bouddha est la Sagesse de l'Éveillé. La Sagesse de l'Éveillé
est incommensurablement profonde. C'est pourquoi il avait récusé
trois fois les quatre demandes. "Ce fut donc pour ses auditeurs un moment difficile
à comprendre. En comparaison, les autres sutras, eux, étaient
faciles". Dans ce commentaire, Zhiyi* utilise l’expression "cœur du Bouddha" pour montrer
que bien que possédant un aspect physique, le Sutra incarne le
"dharma de l'esprit", la spiritualité du Bouddha.
[...] Puisque le Sutra du Lotus est la manifestation
de l'aspect spirituel du Bouddha, lorsqu'on introduit cette spiritualité-là
dans une représentation peinte possédant trente et un aspects,
alors elle devient égale au Bouddha. C'est ce qu'on entend par
"atteinte de bodhéité
des végétaux" (somoku jobutsu). C’est aussi pour cette raison que Zhiyi* disait : "Toute chose possédant une couleur ou une odeur
manifeste la Voie du milieu"
[Maka Shikan]. Et Zhanlan* ajoute : "Même si tous admettent que les choses possédant
une couleur ou une odeur sont des manifestations de la Voie du milieu,
ils sont néanmoins choqués et émettent des doutes
lorsque, pour la première fois, ils entendent dire que les êtres
non-sensitifs possèdent la nature de bouddha. Cheng-guan de l'école Kegon s'appropria
le principe d'ichinen sanzen de Zhiyi* et prétendit qu'il était implicite dans le Sutra
Kegon* tout comme dans le Sutra du Lotus, mais que le Sutra
Kegon* était un enseignement
soudain (tonkyo) destiné à ceux qui y étaient
déjà prédisposés par un enseignement
antérieur, alors que le Sutra du Lotus était
un enseignement graduel (zenkyo), car il fut enseigné plus tard ; il affirma que le Sutra
Kegon* était le tronc et le Sutra du Lotus des branches et des
feuilles [Kegongyo].
L’ouverture
des yeux des images sculptées ou peintes (Kamakura 1264)
Le Grand-maître* Zhiyi* déclare : "Ce qui s'accorde avec les sutras doit être
accepté et suivi. Mais n'accordez pas foi à ce qui, par
la lettre ou par l'esprit, n'est pas conforme aux sutra."(réf.)
[...] Si nous étudions
le commentaire du Grand-maître* Zhiyi*,
nous lisons : "Les autres sutras nous disent que les bodhisattvas
peuvent devenir bouddha, mais que les personnes des deux
véhicules ne le pourront jamais. Les personnes bonnes peuvent
devenir bouddha, nous disent-ils, mais rien n'indique que les personnes
mauvaises puissent y parvenir. Et, selon eux, les hommes peuvent devenir
bouddha, mais les femmes sont condamnées comme des émissaires
de l'enfer. Les personnes dans les états d'humanité ou du ciel peuvent atteindre la bodhéité, mais nulle part on
ne lit que les créatures non humaines le peuvent aussi. Pourtant,
dans ce Sutra, il est dit que "tous ces êtres peuvent
parvenir à la bodhéité."(réf.)
[...] Le fait est que le Sutra Vairocana* comprend chacune des quatre sortes
d'enseignement, et expose cette sorte de préceptes qui n'apportent
plus de bienfait lorsque la forme corporelle est arrivée à
sa fin. C'est un enseignement provisoire, désigné par des
maîtres chinois (note) comme entrant dans la catégorie Hodo*,
un groupe de sutras qui, selon la classification de Zhiyi*,
furent enseignés dans la troisième période. Quelle
honte que de le placer au-dessus du Sutra du Lotus !
[...] 2 Si, parce
que l'on ne parvient pas à comprendre ce principe, on pratique shoju ou shakubuku au moment qui ne convient pas, non seulement on sera incapable d'atteindre
la bodhéité, mais on tombera dans les mauvaises
voies. Ce fait est clairement établi dans le Sutra du Lotus et le Sutra du Nirvana,
et se trouve nettement affirmé dans les commentaires de Zhiyi* et de Zhanlan*.
Il s'agit là d'un principe important de la pratique bouddhique.
[...] 2 Les six mille
feuilles (note) de commentaires par Zhiyi* et Zhanlan*,
comme des guirlandes de joyaux, et plusieurs rouleaux de commentaires
de Dao-Sui et Xing-man,
aussi précieux que leur pesant d'or, ne vont pas au-delà
de cet enseignement.
En
toute chose, les noms sont de grande importance, précisément
parce qu'ils véhiculent ainsi un sens général. C'est
ce qu'impliquait le Grand-maître* Zhiyi* lorsqu'il disait que les noms désignent la nature essentielle d'une
chose, alors que les phrases décrivent de quelle manière
elle diffère des autres choses, (réf.) ou en disant que la nature fondamentale d'une chose apparaît dans
le nom qu'on lui donne.
Le Grand-maître* Zhiyi* écrivit le Hokke Gengi,
le Hokke Mongu* et le Maka Shikan,
soit trente volumes de commentaires sur le Sutra du Lotus. Zhanlan*,
pour sa part, écrivit les trente volumes du Hokke
gengi shakusen, Hokke
Mongu Ki*
et Maka Shikan Bugyoden Guketsu, annotations sur les ouvrages de Zhiyi*.
Ensemble, ces écrits constituent ce que l'on appelle "les
soixante volumes (note) de l'école Tendai". Dans le Hokke
Gengi, Zhiyi* définit les cinq principes
majeurs du nom, de l'essence, de la qualité, de la fonction,
et de l'enseignement, et, dans cette perspective, expliqua le pouvoir
et l'efficacité des cinq caractères Myoho Renge Kyo.
Dans le Hokke
Mongu*, Zhiyi* donne une explication de tous les mots et phrases du Sutra du Lotus,
depuis les premiers mots "Ainsi
ai-je entendu", jusqu'aux derniers "...ils s'inclinèrent
et partirent." Il les explique du point de vue des quatre catégories,
nommément, causes et circonstances, enseignements reliés, enseignements théoriques*, essentiel* et introspection (kanjin). Ensuite,
dans le Maka Shikan,
il définit la méditation sur le domaine de l'insondable,
plus précisément sur les trois
mille mondes présents en un seul instant-pensée, en
se fondant sur sa compréhension profonde du Sutra du Lotus.
C'est une pratique qui découle de l'Éveil
primordial du Bouddha, et représente un principe de vérité
inhérent chez tout être. Je ne rentrerai pas dans les détails
ici.
Conversation
entre un sage et un ignorant (1265
? à un samouraï ? )
C'est pourquoi,
dans son commentaire sur le Sutra du Lotus, Zhiyi*,
le Grand-maître* de sagesse qui avait mémorisé
tous les enseignements sacrés exposés par le Bouddha de son vivant, déclare : "Les
autres sutras prédisent que seuls les bodhisattvas parviendront
à l'Éveil, mais pas les personnes des deux
véhicules. Ils annoncent que seules les personnes bonnes
atteindront la bodhéité mais pas les personnes mauvaises...
Ce Sutra [du lotus], lui, prédit que tous les êtres
vivants parviendront à la bodhéité." (réf.) Je n'irai pas plus loin dans l'explication des dix vertus de l'océan.
L'essentiel du chapitre
Yakuo (1265- ? peut-être
à la mère de Nanjo Tokimitsu)
Le Bouddha Shakyamuni, en présence du bouddha Taho et des autres bouddhas des
dix directions, enseigna le Sutra du Lotus pendant huit
ans, en un lieu appelé le Pic
du Vautour, au nord-est de Rajagriha,
la capitale du royaume de Magadha.
Le Grand-maître* Zhiyi* était présent et l'entendit prêcher.
[...] Quelque mille cinq cents ans après
la mort du Bouddha, apparut en ce pays un messager du Bouddha, le Grand-maître* Zhiyi*,
qui déclara que les femmes ne pourraient jamais atteindre la
bodhéité par un autre enseignement que le Sutra du
Lotus. A 3.000 ri à l'est
de la Chine se trouve un pays qu'on appelle le Japon. Quelque deux cents
ans après sa mort, le Grand-maître* Zhiyi* renaquit dans ce pays sous le nom de Grand-maître* Saicho*.
[...] Zhiyi* dit : "Même les icchantika ont un coeur, ils peuvent donc atteindre la bodhéité.
Mais les personnes des deux véhicules ont annihilé leur conscience et ne peuvent donc pas faire surgir
le coeur qui aspire à la bodhéité. Pourtant, le Sutra du Lotus peut les guérir, c'est pourquoi on l'appelle
Myo."(réf.) Zhanlan* commente : "La seule raison pour laquelle on appelle les autres
sutras Dai [grands] et non Myo [mystiques] est qu'il est facile de guérir
ceux qui ont un coeur, mais difficile de guérir ceux qui n'en
ont pas. Parce que le Sutra du Lotus peut guérir ce
que l'on croit incurable, on l'appelle mystique, Myo."(réf.)
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*,
qui entendit l'enseignement du Bouddha sur le Pic
du Vautour (note) et qui par la suite connut l'Éveil dans un lieu de méditation
en Chine, déclara sans équivoque : "Les autres
sutras ne promettent la bodhéité qu'aux hommes, pas aux
femmes. Seul ce Sutra prédit que les uns comme les autres atteindront
la bodhéité."(réf.)
Le Daimoku du Sutra
du Lotus (1266
à une femme d'Amatsu)
J'ai entendu
dire que les lettrés des dix
écoles - trois dans le sud [de la Chine] et sept dans le
nord - étaient d'une telle vertu et d'une telle autorité
qu'ils furent respectés dans leur pays entier pendant plus de
cinq cents années. Mais le Grand-maître* Zhiyi*,
qui vécut sous le règne des empereurs des dynasties Chen et Shui, étudia leurs principes et les réfuta en les déclarant
erronés. En entendant
cela, les gens lui vouèrent une grande haine, mais les empereurs
de Chen et de Shui étant des dirigeants
sages, invitèrent Zhiyi* à débattre
en public [avec les maîtres de dix écoles] pour régler
la question. Ainsi, ce qui était juste et ce qui était
erroné fut clairement établi, et, en corrigeant les principes
erronés acceptés par leur école depuis cinq cents
ans, tous les moines se convertirent à l'enseignement du Grand-maître* Zhiyi*.
Dans notre propre pays, le Grand-maître* Saicho*,
[fondateur de l'école Tendai]
sur le Mont Hiei, tint un débat
avec les lettrés de la capitale du Sud [Nara] et de la capitale
du Nord [Kyoto] et établit ce qui était correct et ce
qui était erroné en bouddhisme. Dans les deux cas, [Zhiyi* aussi bien que Saicho*]
leur démonstration s'appuya sur les sutras.
Réponse à
Hoshina Goro Taro (5
décembre 1267 à Hoshina)
Et le Grand-maître* Zhiyi* prédit : "Deux cents ans ou plus après mon trépas,
une personne naîtra dans un pays de l'est qui propagera mon Dharma
correct."
Genèse
du Rissho Ankoku Ron (Kamakura,
le 5 avril 1268, à Hokan-bo)
Le Grand-maître* Zhiyi* déclare dans son Hokke Mongu* : "L’on peut évaluer la taille du dragon à la
force de la pluie ; l’on peut estimer la profondeur de l’étang
à l’abondance des fleurs de lotus."(réf.) Nous devrions de même comprendre le sérieux des événementsà
venir en observant les présages inhabituels. La débâcle
nationale paraît imminente, aussi vous ai-je écris à
plusieurs reprises. Personne ne m’écoute ; je persiste toutefois
à vous mettre en garde.
Yadoya nyudo
Sai-gojo (septembre 1268 au nyudo Yadoya)
J’aimerai
commencer la Nouvelle année par la lecture du Maka
Shikan du Grand-maître* Zhiyi*,
fascicule 5, qui invite à «la sérénité
en cette vie et la renaissance en un monde meilleur». Ayez l’amabilité
de me le prêter, même si le livre est en mauvais état.
Je peux le faire réparer ici. Pardonnez-moi de vous importuner
par mon besoin incessant d’un nombre important d’ouvrages. C’est
avec gratitude que j’ai recueilli les 5 ligatures de pièces envoyées de votre part pour les lectures daishiko à la mémoire du Grand-maître*. Cela fait 3 ou 4 ans que
nous avons commencé ces séries de lectures en l’honneur
de Zhiyi* et celle de cette année a été des plus fructueuses.
Réponse
au seigneur Ota Kingo (1269 ou 1270 à Ota Kingo (Jomyo)
Ce n'est pas du tout la première fois que s'élèvent
des doutes de ce genre. A l'époque des dynasties Chen et Shui,
apparut un simple moine du nom de Zhiyi*,
qui devint par la suite le maître des empereurs des deux dynasties
et reçut le titre honorifique de Grand-maître* Sage Tiantai
dashi. Bien avant d'avoir obtenu ces honneurs, il réfuta,
non seulement les théories de divers moines lettrés et
maîtres ayant vécu pendant plus de cinq cents ans auparavant
en Chine, mais aussi la doctrine de maîtres apparus pendant mille
ans en Inde. Cela eut pour effet de faire s'élever contre lui
une nuée de sages du sud et du nord [de la Chine] et de faire
briller les personnes de mérite, à l'est et à l'ouest,
comme une constellation. Les critiques se mirent à pleuvoir sur
lui, et ses principes furent malmenés comme par une tempête.
Mais, finalement, Zhiyi* parvint à réfuter les préjugés et les principes
erronés des lettrés et des maîtres, et à
établir l'enseignement correct de l'école Tendai.
[...] Ceux qui critiquaient Zhiyi* et Saicho disaient : "Les fondateurs de notre école appartenaient
aux Quatre rangs de saints, étaient
des sages vertueux des temps anciens alors que vous n'êtes qu'un simple mortel ignorant de la fin de l'époque
du Dharma formel." La question, toutefois, n'est pas de savoir
si une personne vit à l'époque du Dharma
correct, du Dharma formel ou des Derniers
jours du Dharma, mais si elle s'appuie ou non sur le texte
du Sutra véridique. Une fois de plus, la question n'est pas de
savoir quelle est la personne qui enseigne mais si l'enseignement est
oui ou non vérifiable.
[...] Mais, en utilisant les sutras comme un clair miroir
et en conservant comme outil de divination les principes de Zhiyi* et de Saicho*,
j'ai réfuté ces enseignements pendant ces dix-sept dernières
années, depuis la cinquième année de l'ère Kencho (1253) (note) jusqu'à maintenant,
la septième année de l'ère Bun'ei (1270).
[...] Mais Shubhakarasimha*,
ayant lu le Sutra du Lotus, entreprit de voler ce profond principe
formulé par le Grand-maître* Zhiyi* et l'incorpora dans sa propre interprétation du Sutra Vairocana*.
Le savant maître
Chan-wou-wei (Kamakura, 1270 à
Joken-bo et Gijo-bo)
Le Grand-maître* Zhiyi* a dit : "Ils ignorent totalement la lune dans le ciel et ne font
qu'admirer son reflet dans l'étang"(réf.),
comparant ceux qui sont attachés aux enseignements
antérieurs au Sutra du Lotus et à l'enseignement
théorique* du Sutra du Lotus à des personnes qui ne verraient pas
la lune dans le ciel et n'auraient conscience que de son reflet dans
un étang.
Le coeur du chapitre
Juryo (17
avril 1271 ou 1272)
Le Sutra du Lotus parle du " véritabl aspect de tous les phénomènes (shoho
jisso)."(réf.) Zhiyi* a dit : "C'est par la voix que s'accomplit l'oeuvre du Bouddha."(réf.) Les sourds ne peuvent pas entendre le tonnerre et les aveugles ne peuvent
pas voir la lumière du soleil et de la lune.
La naissance de
Tsukimaro (8
mai 1271 à Shijo Kingo)
[Toutefois]
dans les passages du Sutra du Lotus [cités plus haut],
ce n'est pas à l'égard du Bouddha lui-même que s'exprime
l'hostilité. Mais plutôt, comme l'explique Zhiyi* [c'est au Sutra du Lotus lui-même que s'opposent]
"les divers auditeurs-shravakas, pratyekabuddhas et bodhisattvas
qui ne s'attachent qu'au bouddha à l'Éveil récent (note)." (réf.)
[...] Il est fait mention, dans le dix-huitième volume du Sutra
du Nirvana du "trésor qui, en acquittant la rançon,
sauve la vie." Le Grand-maître* Zhiyi* [après avoir étudié et médité sur
ce passage] conclut dans son commentaire que "la vie" désigne
le Sutra du Lotus et "le trésor", les trois
[des quatre] premiers enseignements
exposés dans le Sutra
du Nirvana.
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*,
dans son Shi'nenjo, cite un passage du Sutra du Lotus : "Bien qu'ils puissent proposer divers chemins..." et déclare
que les quatre saveurs [des sutras Kegon*, Agama*, Hodo* et Hannya*]
peuvent aussi être considérées comme un trésor.
S'il en est ainsi, aussi bien les sutras enseignés après
le Sutra du Lotus [comme le Sutra
du Nirvana] que les sutras
antérieurs au Sutra du Lotus peuvent tous être
considérés comme un trésor offert en échange
de la vie du Sutra du Lotus.
[...] Parmi ces
divers enseignements, celui de l'école Shingon est particulièrement erroné. [Ses fondateurs] Shubhakarasimha* et Vajrabodhi* ont affirmé : "Le concept d'ichinen
sanzen est le plus essentiel des principes énoncés
par Zhiyi* et le coeur même de tous les enseignements exposés par
le Bouddha Shakyamuni de son vivant. Mais indépendamment du principe
d'ichinen sanzen qui constitue la base des enseignements exotériques aussi bien qu'ésotériques,
les mudra et les mantra
dharani*,
forment la partie essentielle des enseignements bouddhiques."
[...] En Inde,
après la disparition du Bouddha, le bodhisattva Nagarjuna fut celui qui comprit véritablement le rapport entre le Sutra
du Lotus et les autres sutras ; et la première personne à
l'appréhender correctement en Chine fut le Grand-maître* sage Zhiyi*.
Des hommes comme Shubhakarasimha*,
de l'école Shingon, Cheng-guan de l'école Kegon, Jizang de l'école Sanron et Ci-en de l'école Hosso ont publiquement
professé la doctrine de l'école qu'ils avaient fondée
mais, dans leur coeur, ils étaient tous convertis à l'enseignement
de l'école de Zhiyi*.
La lettre de
Teradomari (Teradomari,
le 22 octobre 1271, à Toki Jonin)
Le Grand-maître* Zhiyi* l'a déclaré] : "Vasubandhu et Nagarjuna avaient clairement
perçu la vérité dans leur coeur, mais ils ne l'enseignèrent
pas. A sa place, ils exposèrent les enseignements
du Mahayana provisoire*,
qui étaient adaptés à leur époque."(réf.) Zhiyi* et Saicho* en donnèrent une indication générale, mais
laissèrent aux générations futures la tâche
de la propager.
L'aspiration
à la Terre de Bouddha (Sado,
le 23 novembre 1271 à Toki Jonin)
La nature de bouddha chez le non-sensitif étonne l’oreille et trouble le cœur”.
Cette couleur, quelle est-elle, parmi les cinq couleurs ? Ces dernières
- le bleu, le jaune, le rouge, le blanc et le noir - sont traduites par
“une couleur”. “Une” exprime la nature des dharmas.
C’est en ce sens que Zhanlan traduit par “la couleur et l’odeur permettent la voie du milieu”.
Le Grand-maître* Zhiyi* traduit lui aussi par “qui ne soit dans la voie de la médianeté”.
Le “Un” de “Une couleur, une odeur” n’est
pas le chiffre “un” par rapport à “deux”
ou “trois”. Ce “un” désigne la nature des dharmas de la voie du milieu. En fait,
il ne peut pas ne pas comporter dix
mondes-états, trois mille, le sujet
et environnement.
[...] Ce grand mandala est établi en agitant la doctrine d'ichinen
sanzen (Une pensée trois mille). Il s’agit d’une
doctrine que les faux érudits de notre époque ne peuvent
pas connaître même en rêve. Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho* la connaissaient intérieurement mais ne l’ont pas propagé.
Ils clamaient “une couleur, un parfum” et murmuraient que
cela trouble les oreilles et stupéfie les cœurs. Ils nommaient maka shikan parfait et soudain ce
qu’ils auraient dû appeler Myohorenge. Ainsi, l’Éveil
des végétaux est l’Éveil des morts. Peu de personnes
connaissent cette doctrine. C’est une doctrine sur laquelle l’on
se méprend parce que l’on ignore Myohorenge.
Transmission
orale sur l’éveil des végétaux (20 février
1272 à Sairenbo)
Zhiyi* écrivit : "Comprenez bien que les interactions des êtres sensitifs et de
leur environnement manifestent toutes la loi de la simultanéité
de la cause et de l'effet."(réf.) "Les êtres sensitifs et leur environnement" désignent
ici la réalité de la vie et de la mort. La loi de simultanéité
de la cause et de l'effet est clairement en jeu dans tout ce qui vit
et meurt.
[...] Zhiyi* dit encore, dans le Maka Shikan : "L'apparition de toute chose est la manifestation de sa nature
intrinsèque, et sa disparition, le retour de cette nature à
l'état de latence."(réf.)
[...] Dans le cinquième
volume du Maka Shikan, Zhiyi* dit : "Il y a des gens qui pratiquent ce que l'on appelle le Zen,
mais maîtres comme disciples sont aveugles [à la vérité]
et boiteux [pour ce qui est de la pratique], et ensemble maîtres
aussi bien que disciples tomberont en enfer." On lit dans le septième
volume : "[J'ai établi dix critères pour comprendre
et propager le Dharma.] Mais neuf de ces critères n'ont rien à
voir avec la pratique des moines ordinaires de notre époque qui
placent les écrits avant toute chose, ni avec celle des maîtres Zen qui donnent la priorité
à la méditation. Certains maîtres Zen se consacrent entièrement à la méditation, qui est
l'un des dix éléments de mon enseignement. Mais leur méditation
est superficielle et fausse, et ils négligent totalement les neuf
autres éléments. Je n'affirme pas cela sans preuves. Les
hommes vertueux des époques à venir qui auront des yeux
pour voir comprendront la vérité de mes propos."
L'héritage
du Dharma ultime de la vie (février 1272, à Sairen-bo Nichiji)
Le principe d'ichinen
sanzen ne se trouve que dans l'enseignement
essentiel* du Sutra du Lotus, caché dans les profondeurs du chapitre Juryo* (XVI). Les bodhisattvas Nagarjuna et Vasubandhu en avaient connaissance
mais ne le révélèrent pas. Seul le Grand-maître Zhiyi l'adopta et le conserva sans cesse à l'esprit.
[...] Comme le dit Zhiyi,
"ils ignorent tout de la lune dans le ciel, et ne regardent que la
lune dans l'étang."(réf.)
[...] Zhiyi* déclara : "Ce sera bien pire dans l'avenir* parce
que le Sutra du Lotus est très difficile à enseigner. La nature humaine est difficile à réformer"(réf.)
[...] Zhiyi* note : "Sad est un mot sanskrit que l'on traduit par myo, merveilleux, parfait."
[...] Mais des schismes se créèrent au sein de
la doctrine orthodoxe, aboutissant à ce que l'on appela les trois
écoles du Sud et les sept écoles du Nord, qui poussèrent
ici et là comme des orchidées ou des chrysanthèmes.
Sous les dynasties Chen et Shui, cependant, le Grand-maître* Zhiyi* triompha de ces diverses écoles pour rendre au bouddhisme son but
originel, celui de sauver tous les êtres vivants.
[...] Lorsque plus tard Xuanzang et Cien, fondateurs de l'école
Hosso en Chine, étudièrent en détail les oeuvres
de Zhiyi*,
ils découvrirent que les conceptions de leur propre école
étaient erronées. Sans la rejeter ouvertement, il semble
bien qu'ils se soient convertis aux enseignements de Zhiyi. Dès
l'origine, les écoles Kegon et Shingon furent toutes deux des
écoles provisoires basées sur des sutras provisoires. Mais Shubhakarasimha* et Vajrabodhi*,
qui introduisirent les enseignements ésotériques en Chine,
s'approprièrent le principe d'ichinen
sanzen de Zhiyi*,
pour en faire le coeur des enseignements de leur école, tout en
y ajoutant la pratique de mudra et
de mantra dharani* et prétendirent que leurs enseignements surpassaient ceux de Zhiyi.
De sorte que ceux qui étudiaient le bouddhisme, ignorant les faits
réels, en vinrent à croire que le principe d'ichinen
sanzen se trouvait déjà
dans le Sutra Vairocana* tel
qu'il était parvenu d'Inde. De même, à l'époque
de Cheng-guan, patriarche de
l'école Kegon, le principe
d'ichinen sanzen de Zhiyi fut subrepticement incorporé et utilisé pour interpréter
le passage du Sutra Kegon* qui dit : "L'esprit est semblable à un peintre habile."
[...] Zhiyi* déclara : "Dans le Sutra Konkomyo*,
il est indiqué que "tous les bons enseignements qui existent
en ce monde découlent de ce Sutra.
[...] Avoir une profonde connaissance
de ce monde est en soi le bouddhisme."(réf.) On lit dans le Maka Shikan : "Moi, le Bouddha, j'ai envoyé Trois
sages* pour instruire le peuple de Chine."
[...] Le Grand-maître Saicho établit aussi, clairement,
que les fondateurs des diverses autres écoles bouddhiques en Chine,
grâce à leur respect de la doctrine du Grand-maître Zhiyi,
ne commirent pas l'erreur de s'opposer aux véritables enseignements
du bouddhisme.
[...] Les maîtres
des Trois écoles bouddhiques
du Sud et des Sept écoles du Nord, en Chine, de même que
les innombrables autres érudits de Chine, considéraient
tous Zhiyi* avec ressentiment et animosité. Ainsi, Tokuichi dit : "Eh bien, Zhiyi*,
de qui es-tu le disciple ? Avec une langue de moins de trois pouces,
tu t'opposes aux enseignements prononcés par la longue et large langue du Bouddha."(réf.)
[...] A l'époque
du Dharma formel, seul le Grand-maître Zhiyi* comprit et exposa le sens du Sutra du Lotus et des autres sutras.
Cela lui valut d'être haï par les autres maîtres bouddhistes de Chine du Nord aussi bien que du Sud, mais les deux souverains sages*, assistèrent en personne
à un débat au cours duquel il établit le bien-fondé
de ses vues. Ainsi, à l'époque, il vainquit tous ses opposants.
[...] Ma capacité
à comprendre le Sutra du Lotus est infime, comparée
à celle de Zhiyi* et de Saicho*.
Mais par ma persévérance face aux persécutions et
par la profondeur de mon désir d'aider les autres, je crois que
je les dépasse.
[...] "Encore
et encore nous serons bannis", est-il écrit dans le Sutra.
Mais si Nichiren n'avait pas été banni maintes et maintes
fois pour la cause du Sutra du Lotus, qu'auraient pu signifier
les mots "encore et encore" ? Si Zhiyi* et Saicho* eux-mêmes n'ont pas concrétisé cette prédiction
d'être bannis "encore et encore", comment les autres l'auraient-ils
pu ?
[...] Ainsi, le bodhisattva Vasubandhu,
se référant aux graines de l'Éveil plantées par le Sutra du Lotus, les appelle "les graines sans pareilles". (réf.) Et ces graines de l'Éveil sont le principe d'ichinen
sanzen tel qu'il est défini par le Grand-maître* Zhiyi*. La graine
de l'Éveil de tous les bouddhas mentionnés dans le Sutra
Kegon*,
dans les divers autres sutras du Mahayana,
et dans le Sutra Vairocana*, est
l'unique principe d'ichinen
sanzen. Et le Grand-maître* Zhiyi* fut la seule personne capable de percevoir la vérité de
ce principe.
[...] 2 Zhiyi* commente ainsi l'étonnement de l'Assemblée : "Lorsqu'ils
virent d'aussi nombreuses émanations, il devint évident
pour eux que le Bouddha Shakyamuni avait dû atteindre l'Éveil dans
un passé illimité."
[...] 2 Zhiyi* dit à ce propos : "Depuis l'époque où,
juste après son Éveil, Shakyamuni enseigna le Sutra
Kegon*,
jusqu'au rassemblement au Pic du Vautour,
des bodhisattvas étaient constamment venus des dix
directions pour rejoindre l'Assemblée. Ils étaient en
nombre illimité, mais Maitreya,
avec la sagesse et le pouvoir propres à celui qui devait succéder
au Bouddha, les avait vus et les connaissait tous. Pourtant, parmi cette
multitude de nouveaux arrivants, il ne reconnaissait personne - et ceci
en dépit du fait qu'il avait voyagé dans les dix
directions, servi divers bouddhas, et qu'il était bien connu
parmi la multitude."(réf.)
[...] 2 Le Grand-maître* Zhiyi* dit : "Ce qui est en accord avec les sutras doit être accepté
et pris en considération. Mais ne prêtez aucune foi à
ce qui s'en écarte dans la lettre ou dans l'esprit."(réf.)
[...] 2 Zhiyi* déclare : "Dans la période du Dharma formel, les trois écoles du Sud et des sept
écoles du Nord de la Chine sont les ennemies du Sutra du
Lotus."(réf.)
[...] 2 On lit dans
le premier volume du Maka Shikan : "Rien n'égale en clarté et en sérénité
la méditation shikan."
[...] 2 On lit dans
le septième volume du Maka Shikan : "Par le
passé, le maître Zen [Bodhidharma]
de Ye et de Lo fut connu dans toute la Chine. Lorsqu'il arrivait en un
lieu, de toutes parts, les gens se rassemblaient comme une nuée
autour de lui, et lorsqu'il se déplaçait ailleurs, les foules
le suivaient [le long des routes] comme un troupeau. Mais quel profit
tirèrent-ils de tout ce tapage et ce tumulte ? Tous éprouvèrent
des regrets sur leur lit de mort." (note)
[...] 2 Zhiyi* dit : "Les maux et les douleurs dont je souffre à présent
sont tous dus à des causes passées, et les actions méritoires
que j'ai accomplies dans ma vie présente auront leur récompense
à l'avenir."(réf.)
[...] 2 Zhiyi* écrit dans le Hokke Mongu* : "Question : Il est clairement dit dans le Sutra
du Nirvana qu'il faut soutenir le roi, lui obéir en portant
arc et flèches pour l'aider à vaincre les personnes mauvaises."
[...] 2 Zhiyi* a déclaré que la pratique devait être "celle
qui convient au temps".
[...] 2 De la même
manière, Jizang de l'école Sanron, dans son Hokke
Genron en dix volumes, plaça le Sutra du Lotus dans la quatrième des cinq
périodes d'enseignement, déclarant qu'il ouvrait la
voie de bodhisattva aux personnes des deux
véhicules. Mais par la suite, il se convertit aux enseignements
de Zhiyi*.
Il cessa de donner des cours et renvoya ses disciples pour servir le Grand-maître* Zhiyi* pendant sept ans, en le portant [chaque fois que c'était nécessaire]
sur son propre dos.
[...] 2 Et moi, Nichiren, suis plus apte à juger des mérites
respectifs des sutras que Cheng-guan de l'école Kegon, Jizang de l'école Sanron, Cien de l'école Hosso, et Kukai* de l'école Shingon. Cela
parce que je suis rigoureusement les traces des maîtres Zhiyi* et Saicho*.
[...] 2 A l'époque
de Zhiyi* et de Saicho*,
les trois sortes d'ennemis [dont il était question plus tôt]
n'étaient pas encore apparus. [Mais il faut se rappeler que], lorsque
le Bouddha Shakyamuni et le bouddha Taho s'assirent côte à côte dans la Tour
aux Trésors, comme le soleil et la lune, et que les bouddhas,
émanations de Shakyamuni, en provenance des dix
directions, vinrent s'aligner sous les arbres comme autant d'étoiles,
il fut dit que, après le millénaire du Dharma
correct et le millénaire du Dharma
formel, au début des Derniers
jours du Dharma,
le Sutra du Lotus susciterait trois
sortes d'ennemis.
[...] 2 Les savants-maîtres* de notre époque trouvent probablement les doutes que vous formulez
tout à fait justifiés. De sorte que, malgré tous
mes efforts pour convaincre mes propres disciples, ils ne semblent pas
avoir encore surmonté leurs doutes. Ils se comportent comme des icchantika. J'ai donc cité
ces explications de Zhiyi*, Zhanlan* et d'autres afin de faire taire leurs critiques non fondées.
[...] 2 Et, [comme nous l'avons vu], Zhiyi* a déclaré qu'il fallait utiliser la méthode "qui
convient au temps". Sinon, c'est comme repiquer du riz à la
fin de l'automne.
[...] 2 Le Grand-maître* Zhiyi* [fut lui aussi attaqué par] les trois
écoles du Sud et des sept écoles du Nord ; plus tard
au Japon, Tokuichi, moine de l'école Hosso, lui reprocha "d'avoir
utilisé sa langue de trois pouces pour détruire le corps
de cinq shaku" du Bouddha. (réf.)
Traité pour
ouvrir les yeux (Sado,
février 1272 à Shijo Kingo)
Zhiyi* et Saicho* ont subi des persécutions et suscité haine et jalousie,
rien que pour avoir propagé "Une pensée - trois mille"
(ichinen sanzen) théorique
de l'enseignement provisoire.
[...] L'enseignement
que Nichiren propage maintenant peut paraître limité, mais
il est en fait extrêmement profond. Il est plus profond encore
que les doctrines de Zhiyi* et de Saicho*.
Les
désirs mènent à l'Éveil (Sado,
le 2 mai 1272 ; à Shijo Kingo)
Lorsque les gens
confondent totalement les enseignements du Hinayana et du Mahayana, les enseignements
provisoires et définitifs,
les doctrines ésotériques et exotériques, aussi
incapables de faire la différence entre eux que de distinguer
les pierres précieuses des cailloux, ou le lait de vache du lait
d'ânesse (note),
il faut faire une nette distinction entre eux, à l'instar des
Grands-maîtres Zhiyi* et Saicho*.
La Lettre de Sado (Sado, 20
mars 1272, à Toki
Jonin)
Vous posez,
dans votre lettre, la question : "Que représente la Tour
aux Trésors, sortant de terre, dans laquelle est assis le
bouddha Taho ? " L'apparition
de ce stupa orné de joyaux, est de grande importance. Dans le
huitième volume du Hokke
Mongu*,
le Grand-maître* Zhiyi* expliqua l'apparition de la Tour aux
Trésors. Il établit qu'elle avait deux fonctions distinctes : confirmer les chapitres précédents
et préparer la révélation qui suit. Ainsi, la Tour
aux Trésors apparut afin d'authentifier l'enseignement
théorique* et d'annoncer l'enseignement essentiel*.
La Tour aux Trésors (Sado,
mars 1272 à Abutsu-bo)
Kukai* écrivit aussi : "Les maîtres bouddhistes de Chine se
sont querellés pour voler le ghee."(réf.) Il voulait dire par là que le Grand-maître* Zhiyi et d'autres avaient volé le ghee,
le meilleur de l'enseignement Shingon,
pour en faire le ghee, le meilleur
du Sutra du Lotus. Voilà le point fondamental. Le Grand-maître* Zhiyi* utilisa cette comparaison du Sutra du Lotus au beurre clarifié
(ghee) en s'appuyant sur un passage
du Sutra du Nirvana,
et il déclara que parmi tous les sutras, c'est le Sutra du
Lotus qui mérite d'être comparé au ghee.
L'enseignement Shingon fut introduit
d'Inde en Chine deux cents ans ou plus après l'époque de Zhiyi*.
Comment alors Zhiyi* aurait-il pu voler le ghee de l'enseignement Shingon pour en faire le ghee du Sutra du Lotus ?
[...] Si l'on tient
le Grand-maître* Zhiyi* pour un voleur, comment, dans ce cas, interpréter le passage du Sutra du Nirvana ? Et si, tenant ce passage du Sutra
du Nirvana pour véridique, nous pensons que les écrits
de Kukai* sont mensongers, qu'arrivera-t-il aux personnes qui ont foi en ces enseignements
erronés ? Après avoir comparé les écrits
du Grand-maître* Kukai* et les déclarations du Bouddha concernant le Dharma, j'exhorte
simplement à croire en l'enseignement correct.
Sur la prière (Sado,
1272 à Sairen-bo)
Zhanlan* déclare : "Quand, finalement, dans le Maka Shikan Zhiyi* révéla comment percevoir la véritable nature de
la vie, il utilisa aussi l'expression "trois
mille mondes" pour la faire comprendre. (réf.)
[...] Voilà pourquoi Guanding* déclare dans son introduction : "Le Maka Shikan révèle l'enseignement que Zhiyi* lui-même pratiqua dans les profondeurs de son être. Il avait
de bonnes raisons pour parler ainsi. Je souhaite que ceux qui liront
le Maka Shikan, en essayant de le comprendre, ne laisseront
pas distraire leur esprit par d'autres influences."
[...] Le Grand
Sage [Zhiyi*]
propagea son enseignement pendant trente ans. Pendant les vingt-neuf
premières années, il exposa les doctrines contenues dans
le Hokke Gengi, le Hokke
Mongu* et divers autres ouvrages. Il révéla les "cinq
périodes et les huit
enseignements" ainsi que les cent Mondes-états et les
mille Modalités d'expression de la vie. Il réfuta les
doctrines erronées des cinq siècles précédents
et éclaircit encore des points laissés en partie inexpliqués
par les grands penseurs de l'Inde. Guanding* déclare : "Même les Grands- maîtres de l'Inde
ne lui étaient pas comparables ; quant aux maîtres de Chine,
mieux vaut ne pas en parler. Ces louanges n'ont rien d'excessif - la
doctrine qu'il enseigna fut réellement à ce point excellente."(réf.)
Comme il est regrettable que les successeurs de Zhiyi* aient permis à ces voleurs que sont les fondateurs des écoles Kegon et Shingon de s'emparer du joyau sans prix d'ichinen
sanzen pour ensuite,
avec tant d'inconscience, épouser leurs doctrines! Guanding* le savait bien lorsqu'il déclarait avec inquiétude : "Si ce principe devait se perdre, quelle tragédie pour l'avenir ! "
[...] Question - Si les êtres non-sensitifs sont dotés des Dix modalités,
faut-il en conclure que les plantes et les arbres ont un esprit et peuvent
atteindre la bodhéité comme les êtres sensibles ? Réponse - C'est difficile à croire et à comprendre. Zhiyi* a donné deux raisons à cela : l'une est liée au
type d'enseignement du Bouddha et l'autre à la nature de son Éveil.
[...] Les textes
bouddhiques et non bouddhiques admettent l'utilisation d'images sculptées
dans le bois, ou peintes, comme objets
de vénération, mais Zhiyi* et ses disciples furent les premiers à clarifier le principe
qui sous-tend cet usage. Si un morceau de bois ou de papier n'était
pas doté à la fois d'une nature non-matérielle
et d'une nature matérielle, ou s'il était privé
de la "cause latente" [nyoze in] qui peut lui permettre de
manifester une caractéristique spirituelle, il serait vain d'en
faire un objet de vénération.
[...] De même,
bien que divers sutras se réfèrent en maints endroits
aux six voies et aux quatre
nobles mondes, c'est seulement dans le clair miroir du Sutra
du Lotus et dans le Maka Shikan de Zhiyi* que l'on peut découvrir les trois mille conditions dans sa propre
vie - les dix mondes-états,
leur inclusion mutuelle, les
mille modalités.
[...] Le bodhisattva Ashvaghosha fut le onzième
successeur du Bouddha, dont l'apparition avait été
prédite dans les sutras. Le bodhisattva Vasubandhu fut l'un des plus grands bodhisattvas à avoir jamais vécu
et l'auteur de mille traités. Comment, alors, pouvez-vous croire
le Grand-maître* Zhiyi, ce simple moine vivant loin du lieu de naissance du bouddhisme, qui
interpréta les sutras mais n'écrivit pas un seul traité
?
[...] Aucun texte, des Grands-maîtres bouddhistes de la Chine du Nord
et du Sud ou des moines des sept
temples du Japon n'expose ce principe. Ce n'est qu'une déviation
doctrinale propre à Zhiyi* que Saicho* fit l'erreur de transmettre. C'est pourquoi le maître officiel
chinois Qing-liang affirmait
: "La théorie de Zhiyi* est fausse." Le moine Huai-yun déclara : "En rangeant les doctrines hinayana dans les enseignements tripitaka (zogyo) [destinés aux auditeurs et les pratyakabuddha], Zhiyi* a confondu Hinayana et Mahayana."
Ryoko (note)) le critiqua
en disant : "Zhiyi* est le seul à ne pas avoir compris le véritable sens du Sutra Kegon*." Tokuichi lui fit reproche en
disant : "Eh bien, Zhiyi*,
de qui êtes-vous le disciple ? Avec une langue de moins de
trois pouces, vous dénigrez les enseignements donnés par
l'immense langue du Bouddha ! "
[...] Le Grand-maître* Guanding* dit de Zhiyi* : "Même les érudits de l'Inde ne lui étaient
pas comparables. Quant aux maîtres de Chine, mieux vaut ne pas
en parler. Ces louanges n'ont rien d'excessif - la doctrine qu'il enseigna
fut réellement à ce point excellente."
[...] Plus de
mille huit cents ans ont passé dans les trois pays depuis l'accession
du Bouddha au parinirvana et
seulement trois personnes ont perçu le Dharma correct. Ce sont
le Bouddha Shakyamuni en Inde, le Grand-maître* Zhiyi* en Chine et le Grand-maître* Saicho* au Japon. Tous trois sont les sages du bouddhisme orthodoxe.
[...] Les traducteurs
des versions nouvelles des sutras découvrirent le principe d'ichinen
sanzen enseigné par Zhiyi* lorsqu'ils rentrèrent en Chine. En traduisant du sanskrit en
chinois, certains incorporèrent le principe de Zhiyi* dans leurs traductions, et d'autres prétendirent que les originaux
qu'ils avaient ramenés d'Inde le contenaient déjà.
Certains érudits de l'école de Zhiyi* furent simplement heureux que d'autres écoles exposent les mêmes
doctrines qu'eux, tandis que d'autres vantèrent le bouddhisme
venu de loin [d'Inde] et dénigrèrent celui qui était
proche d'eux [en Chine], ou bien encore rejetèrent leurs doctrines
anciennes pour en adopter de nouvelles. Ces érudits succombèrent
à leur nature démoniaque et à leur ignorance.
[...] Zhiyi* donna trois raisons pour lesquelles Shakyamuni arrêta ces bodhisattvas
et trois autres pour lesquelles il fit appel aux bodhisattvas Surgis
de Terre. Essentiellement, les bodhisattvas
de l'enseignement théorique et les bodhisattvas venus des
autres mondes n'étaient pas qualifiés pour hériter
de Namu Myoho Renge Kyo, le cœur
du chapitre Juryo* (XVI). A l'aube des Derniers
jours du Dharma,
les personnes mauvaises qui calomnieraient le Dharma rempliraient la terre ; le Bouddha rejeta donc l'offre solennelle,
préférant faire appel aux bodhisattvas Surgis
de Terre. Il leur confia Namu Myoho Renge Kyo pour le salut de l'humanité
toute entière. Les bodhisattvas de l'enseignement provisoire
n'étaient pas non plus aptes parce qu'ils n'étaient pas
les disciples primordiaux du Bouddha. Le Grand-maître* Zhiyi* déclare dans son Hokke Mongu* : "Le Bouddha a dit aux bodhisattvas Surgis
de Terre : "Vous êtes mes véritables disciples,
destinés à propager le Dharma auquel je me suis éveillé." Zhanlan* déclare, dans le Hokke
Mongu Ki* : "Quand les fils propagent les enseignements de leur père,
ils peuvent sauver tous les êtres."
[...] A la fin
du second millénaire, le bodhisattva Kannon renaquit sous la forme de Huisi et le bodhisattva Yakuo se manifesta
sous celle de Zhiyi*. Ils mirent en lumière l'enseignement
théorique* et laissèrent dans l'ombre l'enseignement
essentiel*. Zhiyi* révéla pleinement le principe des cent états et
des mille modalités d'expression de la vie et celui des trois
mille domaines d'existence.
[...] doublon Le Grand-maître* Zhiyi* dit : "Parce que les deux enseignements, théorique* et essentiel*,
contredisent totalement les sutras précédents, il est
extrêmement difficile d'y croire et de les comprendre."(réf.)
[...] Le Grand-maître* Zhiyi* commente : "En leur coeur, Vasubandhu et Nagarjuna perçurent
clairement la vérité mais ne l'enseignèrent pas ; au lieu de cela, ils exposèrent les enseignements du Mahayana
provisoire*,
qui convenaient à leur époque. Mais les maîtres
bouddhistes qui leur succédèrent n'eurent qu'une compréhension
faussée des choses, s'attachant obstinément à leurs
points de vue personnels. Ils finirent par lutter entre eux, chacun
défendant une petite parcelle des enseignements et s'éloignant
ainsi totalement de la Véritable
voie du Bouddha."(réf.)
[...] Car, dans le même
chapitre, on trouve ce passage : "Les bouddhas apparaissent en
ce monde pour ouvrir à tous les êtres la porte de la sagesse
de bouddha." Zhiyi* commente ce passage de la manière suivante : "Si les gens
ne possédaient pas en germe la sagesse de bouddha, comment le
Bouddha pourrait-il dire qu'il veut la développer ? Il faut
comprendre que la sagesse de bouddha est latente en tous les êtres
humains."(réf.)
[...] C'est pourquoi Zhiyi* affirme : "Parce que les enseignements théorique* et essentiel* du Sutra du Lotus contredisent tous les sutras
antérieurs, il est extrêmement difficile d'y croire
et de les comprendre - non moins difficile que de faire face à
un ennemi bien armé."
[...] Le Grand-maître* Zhiyi* fait remarquer : "Sad est un mot sanskrit que l'on traduit par
Myo."(réf.)
[...] Le Grand-maître* Zhiyi* déclare dans son Hokke Mongu* : "Le Bouddha a dit aux bodhisattvas Surgis
de Terre : "Vous êtes mes véritables disciples,
destinés à propager le Dharma auquel je me suis éveillé."
[...] Zhiyi dit : "La Grande assemblée fut témoin du fait que
seuls les bodhisattvas Surgis de Terre firent ce serment"(réf.).
[...] Zhiyi* dit : "C'est par ce paragraphe que débute la troisième
partie du chapitre où le Bouddha transmet l'essence de ses enseignements
aux bodhisattvas Surgis de Terre."(réf.)
[...] [Zhiyi* dit que] les cinq premières démonstrations de ces dix
grands pouvoirs supranaturels étaient destinées à
ceux qui vivaient à la même époque que Shakyamuni,
et les cinq dernières aux générations après
sa mort.
[...] [Zhiyi* prédit : "Dans la cinquième
période de cinq cents ans, la Voie
mystique se répandra et bénéficiera à
l'humanité pendant longtemps dans l'avenir."(réf.)
[...] Zhiyi* déclare : "En voyant la pluie faire rage, on devine la taille
du dragon qui l'a provoquée, et en voyant des fleurs de lotus
épanouies, on devine la profondeur de l'étang sur lequel
elles ont poussé."(réf.)
Le
véritable objet de vénération (Sado,
avril 1273 à Toki Jonin)
Le bienfait du Sutra du Lotus ne peut être
compris et partagé que par les bouddhas. C'est une sorte d'Éveil que même la sagesse des émanations du Bouddha Shakyamuni
dans l'univers entier a grand peine à concevoir. C'est pourquoi,
comme vous le savez, le Grand-maître* Zhiyi* a défini le mot Myo [de Namu
Myoho Renge Kyo] comme ce qui est mystérieux. Le Sutra prône une grande diversité de pratiques, mais seuls Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* ont su en comprendre le sens profond. Le Grand-maître Saicho*,
en particulier, fut la réincarnation de Zhiyi*.
[...] L'enseignement du chapitre Juryo* (XVI) revêt pour moi, Nichiren, une signification particulière. Zhiyi* et Saicho* le comprirent presque entièrement mais ne le révélèrent
pas explicitement, et c'est également vrai de Nagarjuna et Vasubandhu. Le Jigage indique : "N'ayant à l'esprit qu'un seul désir,
celui de voir le Bouddha, il ne donne pas sa vie à contre coeur."
Moi, Nichiren, j'ai fait surgir la bodhéité du plus profond de ma vie en vivant selon cette phrase. C'est ainsi
que j'ai révélé les Trois
grands Dharmas cachés, en concrétisant le principe
d'ichinen sanzen contenu dans le chapitre Juryo* (XVI). C'est une vérité précieuse
que nous devons garder !Le
Grand-maître* du Mont Hiei [Saicho*],
se rendit en Chine pour y apprendre le sens profond de cette phrase
du Sutra. "Seul" dans "n'ayant à l'esprit qu'un
seul désir" désigne l'unique voie pure* et "l'esprit"
indique tous les phénomènes. Le Grand-maître* Zhiyi* expliqua le caractère chinois "coeur" [ou "esprit"]
en disant qu'il consiste en quatre traits de pinceau représentant
la lune et trois étoiles et qu'il implique que le coeur des
hommes ordinaires est fondamentalement pur. Mon interprétation
de ce passage est que "Seul" correspond à Myo, "l'esprit",
à Ho, "désir" à Ren, "Voir"
à Ge et "Bouddha" à Kyo. Pour propager ces cinq caractères de Myoho
Renge Kyo, il faut être prêt à donner sa vie. "N'ayant
à l'esprit qu'un seul désir, celui de voir le Bouddha"
implique aussi voir le Bouddha dans son propre coeur, penser uniquement
à voir le Bouddha, et réaliser que voir son propre coeur
équivaut à voir le Bouddha. J'ai atteint la bodhéité,
les Trois Corps en vivant cette
phrase. En enseignant cela, je dépasse sans doute Zhiyi* et Saicho*, Nagarjuna et Mahakashyapa.
Lettre à Gijo-bo (Sado, mai 1273, à Gijo-bo)
Nichiren
est le seul à avoir jamais enseigné une telle doctrine. Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* la connaissaient dans leur coeur mais ils ne la proclamèrent
pas à voix haute. Il y avait des raisons à leur silence : le Bouddha ne leur avait pas confié cette mission, le temps n'était
pas encore venu et ils n'avaient pas été les disciples
du Bouddha dans le passé illimité.
[...] Zhiyi* définit ainsi l'Ainsi-Venu : "Tatagatha est le titre que
l'on donne aux bouddhas des
dix directions et des trois phases de la vie, aux deux bouddhas (note), aux trois bouddhas (note) et à tous les bouddhas,
fondamental et transitoires."(réf.)
[...] Zhiyi* déclare : " Le principe profond de “l'aspect réel”
est le Dharma originel Myoho Renge Kyo."
La
véritable réalité de la vie (Sado - Ichinosawa,
mai 1273 à Sairen-bo)
Shakyamuni rencontra les Neuf
grandes épreuves parce qu'il enseigna le Sutra du Lotus.
Dans un lointain passé, le bodhisattva Fukyo fut attaqué à coups de bâton et de pierres. Zhu
Daosheng fut exilé dans une montagne du Su-thou, le moine Fadao eut le visage marqué
au fer rouge, et Aryasinha fut décapité. Le Grand-maître* Zhiyi* fut en butte à l'hostilité des trois
écoles du Sud et des sept écoles du Nord. Quant
au Grand-maître Saicho*,
il fut dénigré par les six
écoles de l'ancienne capitale Nara.
Le Bouddha, ces bodhisattvas et grands sains étaient tous des
adeptes du Sutra du Lotus, et malgré cela, ils subirent
de grandes persécutions.
[...] C'est à juste titre
que Zhiyi* déclara : "La propagation du Sutra du Lotus est shakubuku, la réfutation
des enseignements provisoires."(réf.)
[...] Le véritable
Maître, le Bouddha Shakyamuni, pratiqua shakubuku pendant les huit dernières années de sa vie, le Grand-maître* Zhiyi* pendant plus de trente ans, et le Grand-maître* Saicho* pendant plus de vingt ans. Nichiren réfute les enseignements
provisoires depuis plus de vingt ans, et les grandes persécutions
qu'il a subies pendant cette période sont innombrables. Je
ne sais pas si elles sont égales aux neuf
grandes persécutions subies par le Bouddha, mais il est
certain que ni Zhiyi* ni Saicho* ne rencontrèrent jamais des persécutions aussi graves
que celles subies par Nichiren pour la cause du Sutra du Lotus.
Ils ne suscitèrent que jalousie et calomnies, alors que j'ai
été à deux reprises exilé par le Régent,
cette fois dans une province lointaine.
[...] Mes disciples ont également
été exilés et jetés en prison, tandis
que les croyants laïcs qui me suivent ont été expulsés
et leurs biens confisqués. Comment les persécutions
endurées par Nagarjuna, Zhiyi* ou Saicho* pourraient-elles être comparables ? Comprenez donc que
la personne qui pratique le Sutra du Lotus, exactement comme
le Bouddha l'enseigne, sera immanquablement attaquée par les trois grands ennemis. Shakyamuni lui-même, Zhiyi* et Saicho* furent les trois seuls à pratiquer en parfait accord avec l'enseignement
du Bouddha, en plus de deux mille ans. Maintenant, à l'époque
des Derniers jours du Dharma,
les seuls pratiquants de
cette sorte sont Nichiren et ses disciples. Si nous ne pouvons être
considérés comme des pratiquants fidèles aux
enseignements du Bouddha, alors Shakyamuni, Zhiyi* et Saicho* ne peuvent pas l'être non plus. Pourrait-on appeler pratiquants
du Sutra du Lotus Devadatta, Kokalika, Sunakshatra, Kukai*, Ennin*, Enchin, Shandao, Honen, Ryokan et leurs semblables ? Le Bouddha Shakyamuni, Zhiyi*, Saicho, ou Nichiren et ses disciples
pourraient-ils être des adeptes des écoles Nembutsu, Shingon, Zen, Ritsu ou autres ?
La Pratique telle
que le Bouddha l'Enseigne (mai
1273 à
plusieurs de ses disciples)
Zhu
Daosheng fut banni sur les montagnes de Su-thou, le moine Fa-zu fut assassiné, le Maître
du tripitaka, Fadao, eut le
visage marqué au fer rouge et le Maître
du Dharma Hui-yuan fut réprimandé
et inculpé. Le Grand-maître* Zhiyi* dut affronter en débat les dix
maîtres de la Chine du Sud et du Nord, et le Grand-maître* Saicho* réfuta les conceptions erronées des six
écoles de Nara.
[...] Quelque
cinq cents ans après le début
de l'époque du Dharma formel, le Grand-maître* Zhiyi* apparut en Chine et réfuta les principes erronés des écoles
du Nord et du Sud afin d'établir l'enseignement correct. Sur
le plan de l'étude doctrinale, il élabora le principe
des cinq périodes, et
sur le plan des pratiques de méditation-samadhi,
il forgea le concept d'ichinen
sanzen. La Chine tout entière fit son éloge, en l'appelant
Petit Shakyamuni. Pourtant, parmi les trois
sortes de discipline, il enseigna la méditation (note) et la sagesse-prajna parfaites,
mais pas les préceptes de l'enseignement parfait*.
[...] Ensuite, mille huit cents ans après la mort du Bouddha, le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon et réfuta les doctrines erronées des six écoles bouddhiques
répandues pendant deux cents ans ou plus, depuis l'époque
de l'empereur Kimmei. De plus,
il énonça les préceptes menant à l'Éveil
immédiat et parfait [que Zhiyi* n'avait pas révélés]. Ce furent les préceptes
d'ordination selon l'enseignement
parfait* conférés au kaidan du Mont Hiei.
[...] [A propos
de l'avenir], le Bouddha déclara : "Au cours de la
dernière des cinq périodes de cinq cents ans, après mon parinirvana,
propagez largement ce Sutra [du lotus] et ne laissez jamais son flot
tarir."(réf.) Et le Grand-maître* Zhiyi* fit cette prédiction : "Dans la cinquième
période de cinq cents ans, le Dharma Merveilleux se répandra et apportera des bienfaits à l'humanité pour longtemps dans l'avenir."(réf.)
[...] Un brahmane d'Inde dit un jour : "Cent ans après ma mort, le Bouddha
apparaîtra en ce monde." Et un lettré confucéen fit cette prédiction : "D'ici mille ans, le bouddhisme
sera introduit en Chine."(note) Même de telles prédictions, émanant de personnes
ordinaires, coïncident avec la vérité comme les deux
moitiés d'un même sceau. Comment, dans ce cas, les
affirmations de Saicho* et de Zhiyi* [considérés comme les bouddhas de l'époque du Dharma
formel], ou les claires prédictions sorties de la bouche d'or
des bouddhas Shakyamuni et Taho pourraient-elles être fausses ?
[...] Autrement dit, sans briser les entraves karmiques qui ont été les nôtres, il nous est toujours possible
d'atteindre la bodhéité. C'est pourquoi Zhiyi* écrivit : "Les autres sutras ne promettent la bodhéité
qu'aux personnes bonnes mais pas aux personnes mauvaises... Seul le Sutra du Lotus prédit que tous parviendront à
la bodhéité."(réf.) Et Zhanlan* indique : "Seul l'enseignement
parfait* permet de changer le lien d'opposition en lien d'adhésion. Les
trois autres formes d'enseignement considèrent ces deux sortes de causalité [lien d'opposition
et lien d'adhésion] comme strictement séparées."(réf.)
Réponse au seigneur
Hakiri Saburo (Sado,
3 août 1273 à Hakiri Sanenaga)
Le bodhisattva Yakuo apparut sous la forme du Grand-maître* Zhiyi*,
le bodhisattva Kanzeon prit celle
du Grand-maître* Huisi,
et le bodhisattva Maitreya prit
l'apparence de Fudaichi. De
plus, les disciples Mahakashyapa et Ananda propagèrent les
enseignements du Bouddha après sa disparition, le premier pendant
vingt ans et le second pendant quarante ans. Pourtant, durant tout ce
temps, les héritiers légitimes du Bouddha, ceux à
qui il confia les enseignements de Myoho Renge Kyo, n'apparurent toujours
pas.
[...] Le Bouddha Shakyamuni a précisément désigné
la cinquième période
de cinq cents ans après sa disparition, et non les deux mille
ans des époques du Dharma correct et du Dharma formel, comme l'époque
où se propagerait le Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Zhiyi* a déclaré : "Dans la cinquième période
de cinq cents ans, le Dharma Merveilleux se répandra et apportera des bienfaits à
l'humanité pour longtemps à l'avenir", (réf.) indiquant ainsi que la propagation ne se ferait qu'à
une époque ultérieure.
[...] Ainsi les six présages décrits dans le chapitre Jo* (I) du Sutra du Lotus sont des présages plus importants
que tous ceux qui étaient jusqu'alors apparus du vivant du Bouddha
Shakyamuni. Et les grands présages décrits dans le chapitre Yujutsu* (XV) sont encore beaucoup plus considérables. C'est pourquoi Zhiyi* déclara : "L'intensité de la pluie permet d'imaginer
la taille du dragon [qui l'a fait tomber] et la vue de la fleur de lotus
permet de deviner la profondeur de l'étang [sur lequel elle pousse."(réf.) Quant à Zhanlan*,
il écrivit : "Les sages savent lire les présages
et comprendre ce qu'ils annoncent, comme les serpents savent reconnaître
la trace des serpents."(réf.)
Réfuter l'opposition
au Dharma bouddhique pour se libérer de ses fautes passées (Sado, 1273
à Shijo Kingo)
Le Grand-maître* Zhanlan* commente cela de la manière suivante : "La véritable ainsité se révèle
immanquablement dans tous les phénomènes, et tous les phénomènes
possèdent immanquablement les dix
modalités d'expression de la vie. Les dix
modalités (nyoze) sont immanquablement en jeu dans les dix
mondes-états et les dix
mondes-états comprennent, immanquablement, à la fois
le sujet et son environnement." Zhiyi fait ce commentaire : "Tous les phénomènes comportant
les dix modalités, les dix
mondes-états et les trois
mille mondes sont les ainsités du Sutra du Lotus."(réf.) Le Grand-maître* Huisi déclare : "Question. Qu'appelle-t-on Miao Fa Lian Hua
Jing (Myo Ho Renge Kyo) ? Réponse.
Miao (Myo) indique que tous les êtres vivants sont myo ou merveilleux.
Fa (Ho) indique que tous les êtres vivants sont ho, dharmas."(réf.) Et Zhiyi* dit encore : "Le Dharma qui régit tous les êtres
vivants est myo [mystique ou merveilleuse]."(réf.)
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*,
dans son Maka Shikan,
déclare : "L'ignorance et l'illusion ne sont pas, par essence,
différentes de l'Éveil. Mais en raison de l'obscurité, c'est
l'ignorance qui se manifeste plutôt que l'Éveil." Le Grand-maître* Zhanlan* commente cela de la manière suivante : "l'Éveil ne constitue
pas une entité séparée, elle fait intégralement
partie de l'obscurité fondamentale ; et l'obscurité fondamentale
n'est pas une entité distincte, elle fait entièrement partie
de l'Éveil."
[...] Question.
Le Grand-maître* Zhiyi* a expliqué que le terme Myoho Renge est utilisé selon deux
sens différents, l'un désignant l'essence de Myoho Renge
et l'autre n'étant qu'une image. En quoi consistent ces deux sortes
de renge, ou lotus ? Réponse.
Le sens de renge, le lotus, utilisé comme image, est parfaitement
expliqué en trois points [dans les commentaires de Zhiyi*]
par les trois métaphores du bourgeon du lotus qui contient la graine ; de la fleur de lotus qui, en s'épanouissant, révèle
la graine contenue en elle ; et de la fleur de lotus qui tombe pour donner
un fruit. Il suffit donc de s'y reporter. Par rapport au lotus correspondant
à l'essence de Myoho Renge, on trouve dans le 7e volume du Hokke
Gengi l'explication suivante : "renge" n'est pas un symbole ; c'est le nom réel de l'ainsité.
Par exemple, au début du kalpa
de continuité, rien dans le monde ne possédait encore
de nom. Le sage observa les principes qui gouvernaient toutes choses et
attribua à chacune le nom qui convenait." Dans le même
texte, on lit aussi : "Maintenant, le mot renge n'est pas utilisé
dans un quelconque sens symbolique. Il désigne l'enseignement exposé
dans le Sutra du Lotus. Cet enseignement est pur et sans souillures,
et il élucide la complexité des relations de cause et d'effet.
C'est pourquoi on l'appelle renge ou lotus. Ce n'est pas une métaphore,
une image, mais le nom désignant la véritable ainsité révélée par la méditation du Sutra du
Lotus."
[...] Ce passage
de commentaires dans le Hokke Gengi du Grand-maître* Zhiyi* signifie que le principe suprême [qu'est le Dharma Merveilleux] n'avait pas de nom à l'origine. Quand le sage,
observant les principes et assignant un nom à toute chose, s'éveilla
à ce Dharma Merveilleux unique
possédant simultanément la cause et l'effet [renge], il
l'appela Myoho Renge. Ce Dharma unique qu'est Myoho Renge régit
tous les phénomènes dans les dix
mondes-états et les trois mille conditions de vie, sans en
omettre aucun. Quiconque pratique ce Dharma crée une cause dont
il obtient simultanément l'effet, la bodhéité.
[...] La plante qu'est le lotus a ceci de semblable
au principe de Myoho Renge qu'elle contient simultanément la cause
[le bourgeon] et l'effet [la graine]. Par conséquent la plante
en est venue à porter le même nom que le principe. Le lotus
qui pousse dans l'eau est une plante à deux variétés,
l'une rose et l'autre blanche. Au sens figuré, on utilise le lotus
comme une métaphore. Elle nous aide à clarifier le difficile
concept de Myoho Renge. C'est le sens du commentaire du Grand-maître* Zhiyi* quand il dit que grâce à cette image, le Dharma Merveilleux,
difficile à saisir, devient plus facile à comprendre.
[...] Question.
Comment savons-nous que, dans ce passage, le lotus désigne l'essence
du Dharma ? Réponse.
Parce que Zhiyi* et Zhanlan* le citent pour expliquer l'essence du Sutra du Lotus. Et dans
son commentaire, le Grand-maître Saicho* écrit lui aussi : "Question : Quelle est l'essence
du Sutra du Lotus ? Réponse. C'est "le véritable
aspect tous les phénomènes."(réf.) Ce commentaire
élucide la question. (Les maîtres de l'époque ont
conservé ce commentaire secret et n'ont pas révélé
le nom de l'essence, mais ce passage fait clairement allusion à
Myoho Renge.)
[...] On lit dans le Sutra : "...tout ce
qui caractérise le monde est éternel."(réf.)
Ces passages sont les preuves littérales avancées par les lettrés de notre temps. Mais
pour ma part, je trouve plus probant le passage du chapitre Hoben* (II) sur le véritable aspect de tous
les phénomènes, et le passage en quatre strophes du
chapitre Jinriki* (XXI) mentionnant "tous les principes
maîtrisés par l'Ainsi-venu."(réf.) Ce dernier passage est également cité dans le commentaire
du Grand-maître* Zhiyi* formulant cinq principes majeurs pour comprendre le Sutra du Lotus. Par conséquent, ce
passage précis [du chapitre Jinriki* (XXI)] me semble la preuve irréfutable que
c'est bien l'essence du Dharma Merveilleux qui est désignée.
[...] Question.
Mais qu' est-ce qui permet d'affirmer que Myoho Renge Kyo, inclus dans
le titre de chaque chapitre, désigne le lotus en tant qu'essence
réelle du Dharma Merveilleux ? Puisque le Grand-maître* Zhiyi*,
en commentant le titre du Sutra du Lotus, l'interprète
comme une image, ne devrions-nous pas plutôt penser que le lotus
est utilisé comme métaphore ? Réponse.
Le renge, lotus, dans le titre du Sutra est expliqué à
la fois comme essence réelle et comme métaphore. Vous parlez
de l'interprétation, donnée par Zhiyi*,
du lotus comme d'une métaphore. C'est l'explication que l'on trouve
dans le premier volume du Hokke Gengi où il commente les six métaphores des enseignements essentiel* et théorique*.
Mais dans le septième volume du même ouvrage, il interprète
le lotus comme l'essence réelle du Dharma Merveilleux. Ainsi, la doctrine de Zhiyi* est sans faille car on y trouve les deux interprétations, l'explication
du lotus dans le titre du Sutra à la fois comme essence
réelle et comme métaphore.
[...] Quand le Grand-maître* Huisi commenta les cinq caractères Myo Ho Ren Ge Kyo, il dit : "Myo
[merveilleux ou mystique] désigne une propriété de
tous les êtres vivants. Ho indique que tous les êtres vivants
sont ho ou l'essence réelle du Dharma. Renge est une plante, le
lotus, employée ici par le Bouddha au sens figuré."
Ne dirait-on pas que Zhiyi* aussi bien que Huisi ont considéré
le lotus comme une image ? Réponse.
L'interprétation de Huisi est la même que celle de Zhiyi*.
Les sutras n'établissent pas de façon tout à fait
claire que les deux interprétations sont possibles, autrement dit
que l'on peut considérer le lotus à la fois comme une essence
réelle et comme une image. Mais Huisi et Zhiyi* ont pu distinguer ces deux aspects en s'appuyant sur les traités
de Vasubandhu et de Nagarjuna.
[...] Zhiyi* commente ce passage du Hokke Ron de la manière suivante : "Pour expliquer le sens de ce
traité, on pourrait dire que l'Ainsi-venu, afin de permettre aux
simples mortels de saisir l'aspect pur et merveilleux du Corps
du Dharma*,
leur montre le lotus qui fleurit, illustrant ainsi le principe mystique
de la véritable cause. Et quand l'Ainsi-venu se mêle à
la multitude des auditeurs-shravakas et s'assied sur un lotus, il leur révèle le lotus résultant
du principe mystique du véritable effet."(réf.) De nouveau,
lorsque Zhiyi* veut donner une explication détaillée de cette double interprétation
du lotus, à la fois comme essence réelle et comme métaphore,
outre le passage du Hokke Ron mentionné plus haut, il cite le Sutra
Daijuku, dans lequel on lit : "Je m'incline maintenant avec
respect devant le lotus du Bouddha." Il écrit : "D'après
le Sutra Daijuku, le lotus représente à la fois
la cause et l'effet de la pratique religieuse. Quand les bodhisattvas
vont s'asseoir sur le lotus, c'est le lotus de la cause. Mais le lotus
du Bouddha, devant lequel on s'incline avec respect, est le lotus de l'effet.
Ou, comme il est dit dans le Hokke
Ron, c'est le lotus résultant du principe mystique du
véritable effet. Autrement dit, les bodhisattvas, grâce à
leur pratique du Dharma du lotus, obtiennent comme résultat le
lotus du domaine de l'environnement.
[...] Et ailleurs,
il [Zhiyi*]
dit : "Si ce n'était par le lotus, comment pourrait-on
illustrer les divers enseignements décrits plus haut ? On
emploie l'expression Myoho Renge parce qu'elle désigne à
la fois le Dharma et l'image."(réf.)
[...] Zhiyi* dit : "Même les successeurs du Bouddha des enseignements
provisoires ne connaissent personne ayant reçu directement
l'enseignement de ce Bouddha ; et ceux qui ont reçu son enseignement
ne connaissent personne ayant reçu directement l'enseignement du
Bouddha qui a révélé sa véritable identité."(réf.) Le Grand-maître* Saicho* explique : "C'est une voie directe mais ce n'est pas la Grande
Voie directe."(réf.) Il dit encore : "Parce qu'ils ignorent encore la Grande Voie
directe qui conduit à l'Éveil."(réf.)
[...] Un passage (note) du chapitre Yujutsu* (XV) mentionne une période de cinquante kalpa mineurs qui, en raison des pouvoirs supranaturels du Bouddha,
ne parut pas plus longue qu'une demi-journée aux membres de l'Assemblée ; à ce propos le Grand-maître* Zhiyi* fait le commentaire suivant : "Ce laps de temps en apparence très
court, les éveillés le perçurent comme la longue
période de cinquante kalpa mineurs ; mais à ceux qui étaient encore dans l'illusion, cette
longue période parut aussi courte qu'une demi journée."(réf.)
[...] Dans son
commentaire, Zhiyi* introduit les termes "personnes éveillées" et
"personnes dans l'illusion". Selon lui, les membres de l'Assemblée
ayant reçu l'enseignement du Bouddha sous une forme transitoire
étaient dans l'illusion, et croyaient donc que le temps écoulé
n'excédait pas une demi-journée, alors que c'était
une impression fausse. Tandis que les bodhisattvas Surgis
de Terre, étant, pour leur part, des "éveillés",
considéraient ce laps de temps comme une durée de cinquante kalpa mineurs, ce qui était
une juste compréhension des faits.
[...] [L'école
de] Zhiyi* commente cela en disant : "Ce Sutra du Lotus fait pousser
les graines de la bodhéité que possèdent tous les
êtres dans les six voies.
Mais en s'opposant au Sutra, on détruit les graines de
la bodhéité."(réf.) Moi, Nichiren, je voudrais dire ceci : dans le Sutra du
Lotus se trouvent les graines de la bodhéité pour
les êtres dans chacun des dix
mondes-états. Mais s'opposer à ce Sutra équivaut
à brûler les graines de la bodhéité contenues
dans chacun des dix mondes-états.
Ceux qui le font tomberont inévitablement dans l'enfer avici.
Et comment pourront-ils en sortir de nouveau ?
[...] Question.
Les Grands-maîtres Huisi, Zhiyi* et Saicho* ont utilisé le Sutra du Lotus pour répandre largement
le Corps du Dharma*,
le Corps de Sagesse* et le Corps de Manifestation* du Véhicule unique, mais pourquoi n'ont-ils pas récité Namu Myoho Renge Kyo ? Est-ce
parce qu'ils ignoraient le lotus de l'essence réelle ou parce qu'ils
ne s'y sont jamais éveillés ? Réponse.
Le Grand-maître* Huisi fut, dit-on, une incarnation du bodhisattva Kannon,
et le Grand-maître* Zhiyi*,
une incarnation du bodhisattva Yakuo.
S'il en est ainsi, ils étaient présents au Pic
du Vautour lorsque le Bouddha exposa le chapitre Juryo* (XVI) de l'enseignement
essentiel*,
et ils s'éveillèrent donc alors au lotus de l'essence réelle.
Mais lorsqu'ils réapparurent en ce monde [respectivement sous la
forme de Huisi et de Zhiyi*],
ils savaient que le temps propice n'était pas encore venu de répandre
le Dharma Merveilleux. Par conséquent,
aux termes "Dharma Merveilleux"
[Myoho], ils substituèrent les termes "concentration et intuition"
[shikan], et s'engagèrent plutôt dans la pratique d'ichinen
sanzen par la Triple contemplation
de l'unité. Mais ces Grands-maîtres récitèrent Namu Myoho Renge Kyo en privé,
et ils étaient intérieurement convaincus que ces mots exprimaient
la vérité.
[...] Les cinq
caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo sont le Grand Dharma pur qui doit
se répandre largement à l'époque des Derniers
jours du Dharma.
Il fut transmis aux grands bodhisattvas Surgis
de Terre aussi nombreux que les particules de mille mondes réduits
en poussière, afin qu'ils le répandent largement. C'est
pourquoi Huisi, Zhiyi et Saicho*,
bien que connaissant parfaitement la vérité au fond de leur
coeur, ont laissé la tâche de la propagation au guide et
au maître de l'époque des Derniers
jours du Dharma,
en s'abstenant de l'accomplir eux-mêmes.
L'ainsité
du Dharma Merveilleux (Sado, 1273
? à Sairen-bo)
Zhiyi fait ce commentaire : "Tous les phénomènes comportant
les dix modalités, les dix
mondes-états et les trois
mille mondes sont les ainsités du Sutra du Lotus."(réf.)
[...] Dans leur
cœur, ils avaient compris le sens du Sutra du Lotus, mais
ils ne l'exposèrent pas précisément. Une transmission
orale existe à ce sujet. Zhiyi* et Saicho* enseignèrent bien le Sutra du Lotus mais ils ne révélèrent
pas l'objet de vénération [gohonzon] de l'enseignement essentiel*,
les quatre bodhisattva,
le Grand sanctuaire et les sept
caractères Na Mu Myo Ho Ren Ge Kyo.
[...] Le moine Tokuichi, dont on vantait la grande
vertu, s'adressa au Grand-maître* Zhiyi* en ces termes insultants : "Eh bien, Zhiyi*,
de qui es-tu donc le disciple ? Avec une langue de moins de trois
pouces, tu dénigres les enseignements prononcés par la longue
et large langue du Bouddha
! " Tokuichi dit encore :
« Il [Zhiyi*]
doit être assurément un pervers et un fou."
[...] Le
Grand-maître* Zhiyi* eut confiance en Shakyamuni, suivit fidèlement son enseignement,
défendit les principes de l'école Hokke et les propagea à travers toute la Chine. Nous autres, qui avons
hérité de la doctrine de Zhiyi*,
représentons l'école Hokke du Mont Hiei et travaillons à
répandre ses enseignements partout au Japon." Du vivant
du Bouddha, ainsi que pendant les deux mille ans des époques du Dharma correct et du Dharma
formel [qui suivirent sa disparition], il n'y eut que trois pratiquants du Sutra du Lotus. Le Bouddha Shakyamuni lui-même, Zhiyi* et Saicho*.
[...] Si l'on s'en
tient à la prédiction du Sutra ["haines et jalousies
seront pires encore après son trépas"], Zhiyi* et Saicho* n'ont pas accompli la prophétie du Bouddha. Cela veut dire que
le Pratiquant du Sutra du Lotus doit apparaître au début
de l'époque des Derniers jours
du Dharma,
en parfait accord avec la prédiction du Bouddha.
[...] Toutes ces
épreuves ont été pour moi plus graves que celles
du Bouddha de son vivant. Ce sont des difficultés telles que Zhiyi* et Saicho* n'en ont jamais rencontrées.
Le pratiquant
du Sutra du Lotus rencontrera des persécutions (Sado, 14
janvier 1274 à Toki Jonin, Shijo Kingo, Kawanobe et Yamato Ajari)
Question. — Quelles sont les lois ésotériques qu'au cours de plus de deux mille ans qui se sont écoulés depuis la mort de l'Ainsi-Venu, Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi, Saicho, ont laissées de côté ? Réponse. — L'objet fondamental de la vénération (gohonzon), l'estrade d'ordination (kaidan) (note) et les cinq caractères du titre (daimoku), qui relèvent de la doctrine de l'état originel (honnu).
[...] Zhiyi dit : «Dès l'origine
c'est en suivant ce Bouddha que nous avons fait naître en nous l'esprit d'Éveil. C'est en suivant ce Bouddha que nous atteindrons la terre d'où l'on ne rétrograde pas. De même que tous les fleuves doivent aller emplir la mer, les liens bouddhiques nous conduisent vers une vie d'assistance (note) » (réf.)
[...] Selon Zhiyi faisant allusion (note) aux temps actuels : « La dernière période de cinq cents ans recevra pleinement les bienfaits de la Voie merveilleuse».
[...] Zhiyi a dit : «L'araignée tend-elle sa toile, une chose, heureuse va arriver. Le corbeau croasse-t-il, un visiteur va venir. Il en est ainsi pour les petites choses, à plus forte raison pour les grandes.
Traité sur l'essentiel du Lotus (Minobu, le 29 juin 1274, à Toki Jonin)
Quand Zhiyi* parlait de "Tirer de l'indigo un bleu encore plus profond"(réf.),
il voulait dire que ce qui est teint avec de l'indigo devient plus bleu
que l'indigo lui-même. Pour nous, le Sutra du Lotus est
l'indigo et l'intensité croissante de notre pratique est d'"un
bleu encore plus profond."
Enfer
et bodhéité (Minobu, le 11 juillet 1274 à
la mère de Nanjo Tokimitsu)
C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* dit, à propos du passage [du chapitre Yakuo* (XXIII)] du Sutra, dans le Hokke
Mongu* : "Ce ne sont pas seulement ceux qui vivent à l'époque
du Bouddha qui obtiendront de grands bienfaits. Dans la cinquième
période de cinq cents ans, la Voie mystique se propagera
[et contribuera au bien-être de l'humanité] pour longtemps
dans l'avenir."(réf.)
[...] La possibilité
pour les personnes des deux véhicules d'atteindre la bodhéité a été révélée
pour la première fois dans le Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Zhiyi* a affirmé cela et comment un maître aussi éclairé
pourrait-il avoir fabriqué des théories mensongères
n'étant fondées ni sur les mots ni sur le sens des sutras,
comme l'ont fait Kukai* et Ennin* ? Le Sutra du Lotus prédit que Devadatta atteindra la bodhéité dans une terre appelée Voie
céleste [tendo], mais quel autre sutra affirme qu'une personne
aussi mauvaise peut obtenir le suprême bienfait ? Même
en laissant de côté cette question, quel autre sutra enseigne
l'implication réciproque des dix mondes-états,
ou la possibilité pour les végétaux de manifester
l'état de Bouddha ? Zhiyi* a expliqué [ce principe de l'Éveil des végétaux] (note) en disant : "Tout ce qui est doté de couleur et de
parfum est une manifestation de la Voie
du milieu."
[...] Le Grand-maître* Zhiyi* est l'un des maîtres qui ont permis à le flambeau du bouddhisme
de continuer à briller à travers l'Inde, la Chine et le
Japon. Et il est un grand sage qui parvint à l'Éveil au monastère
Puxien ; il est aussi la réincarnation d'un bodhisattva (note) et parvint à l'Éveil
par sa propre sagesse. Comment aurait-il pu formuler une interprétation
personnelle qui ne soit pas fondée sur les sutras ou les traités ?
[...] C'est seulement en observant ce précepte que
les bouddhas des trois phases de
la vie ont obtenu le Corps du Dharma*,
le Corps de Manifestation* et le Corps
de Sagesse*,
et sont devenus des bouddhas dans le passé
infini et dans l'avenir sans limites. A ce propos, le Grand-maître* Zhiyi* écrivit : "Le Bouddha conserva ce précepte secret
et ne le révéla dans aucun autre sutra que le Sutra
du Lotus."(réf.) De nos jours, ceux qui vivent à l'époque des Derniers
jours du Dharma et se consacrent à la pratique de Myoho Renge Kyo telle qu'elle
est enseignée dans le Sutra, qu'ils soient sages ou
ignorants, moines ou laïcs, de la plus haute ou de la plus basse
condition, ne peuvent manquer d'atteindre la bodhéité.
Enseignement,
pratique et preuve (Minobu, 1274
? à Sammi-bo)
Une personne a deux épaules,
la gauche et la droite, sur lesquelles se trouvent deux divinités
appelées, l'une, Domyo,
et l'autre, Dosho. Ce sont deux
divinités que Bonten, Taishaku, Nitten et Gatten ont envoyées à chaque personne pour la protéger.
Depuis le moment où elle entre dans la matrice de sa mère
jusqu'au dernier instant de sa vie, elles accompagnent cette personne
comme son ombre ou comme ses yeux. Si elle commet des fautes ou de bonnes
actions, Domyo et Dosho rapportent tout aux divinités du ciel,
sans omettre le plus infime détail, fut-il aussi minuscule qu'une
goutte de rosée ou un grain de poussière. C'est dit dans
le Sutra
Kegon*,
et cité par le Grand-maître* Zhiyi* dans le 8e volume de son Maka
Shikan.
L'unité
de mari et femme (Minobu, le 27 janvier 1275, à Nichigen-nyo)
Bonten, Taishaku, le Nitten et Gatten ayant confié les
hommes à ces deux divinités, celles-ci les accompagnent
comme leur ombre et comme leurs yeux, dès leur conception dans
le ventre maternel, jusqu’à la fin de leur vie. Qu’ils
commettent mauvaises actions ou actes méritoires, elles le disent
aux cieux dans les détails sans laisser échapper la moindre
goutte ou la moindre poussière. Elles apparaissent
dans les phrases du Sutra Kegon*,
et sont citées par le Grand-maître* Zhiyi* dans le 8e volume de son Maka
Shikan. Toutefois, elles abandonnent les personnes à la
foi faible, même s’il s’agit d’une femme gardant
le Sutra de la Fleur du Dharma.
Réponse
à l’épouse de Messire Shijo Kingo ( Minobu,
le 27 janvier 1275, à Nichigen-nyo)
Des maîtres tels que Jizang (Grand-maître* Jiaxiang) de l’école Sanron, Chokan,
(Cheng-guan) de l'école Kegon et Jion (Kui-ji dit Cien) de l’école Hosso n’avaient pas conscience de la profondeur et de la supériorité
comparative des enseignements bouddhiques, que ce soit pour les textes
internes ou externes au bouddhisme. Pourtant, leur foi dans le bouddhisme
était si forte qu’ils suivirent Zhiyi*,
en dédaignant leurs propres position et réputation. Je ne
saurais donc dire si, oui ou non, ces maîtres étaient capables
de s’affranchir des illusions
de la vie et de la mort par la force de leur repentir (sange).
[...] A son arrivée en Chine, Shubhakarasimha*, après avoir consulté les trente fascicules qui constituent
les trois œuvres principales du Grand-maître* Zhiyi*,
tel le Maka Shikan,
resta bouche bée d’admiration et se dit : "Le Sutra Vairocana* ne parvient pas au niveau du Sutra du Lotus. Il est donc impossible
d’en répandre les enseignements en Chine.
[...] Les maîtres des trois
écoles du Nord et sept écoles du Sud ont médit
du Grand-maître* Zhiyi*,
mais comme les deux souverains des dynasties Chen (557 - 589) et Shui (581 - 618) le vénéraient, le peuple ne l'accabla pas de
sa haine. Au Japon, le Grand-maître* Saicho* jouissait de la profonde confiance de trois empereurs Kammu, Heizei et Saga,
si bien que ses pires ennemis ne pouvaient rien contre lui.
Souverains de notre
pays (Minobu,
février, 1275)
Le Grand-maître* Zhiyi* commente : "On reçoit grâce à la force de
la foi et on garde grâce à la force de l'invocation".
Il déclare encore : "Ce sutra est difficile à
garder. Celui qui le garde, ne serait-ce qu'un moment, me réjouira
et réjouira tous les bouddhas".
La difficulté
de garder la foi (Minobu, mars 1275,
à Shijo Kingo)
Le Grand-maître* Zhiyi* écrivit : "Ce sutra Myoho
Renge Kyo*,
devant lequel je m'incline - dans le seul casier qui le contient, avec
ses huit rouleaux, ses vingt-huit chapitres et chacun de ses 69 384
caractères - est le véritable Bouddha qui enseigne le
Dharma bénéfique à tous les êtres vivants."
[...] C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* écrivit qu'il fallait utiliser la méthode "en fonction
du temps"(réf.).
Lettre à Horen (Minobu,
avril 1275 à Soya Kyoshin)
Le Bouddha répondit : "Imaginons qu'un couple ait sept
enfants et que l'un d'eux tombe malade. Même si le père
et la mère portent un amour égal à tous leurs
enfants, c'est pour celui qui est malade qu'ils s'inquiéteront
le plus."(réf.) Zhiyi* a cité ce passage dans le Maka
Shikan. Le Bouddha considère tous les hommes comme
ses enfants.
A l'Hiver Succède
Toujours le Printemps (Minobu, mai 1275,
à Myoichi-Ama)
Il existe
par ailleurs deux périodes où le Sutra du Lotus se propage : ce sont l’époque du Bouddha et la fin
du Dharma. L’ascèse également montre deux significations : du vivant de l’Éveillé, c’était l’unique
l'enseignement parfait*,
alors que le temps présent, fin du Dharma (mappo) après
le parinirvana du Bouddha, est
le temps où uniquement la doctrine
primordiale doit être propagée (note).
Cela fait désormais plus de deux cents ans que le temps de la
propagation de la doctrine éphémère est révolu. Seuls Zhiyi* et Saicho* étaient capables de la propager.
Le Grand-maître* Zhiyi* disait : “la dernière période de cinq cents ans sera largement humectée par la voie merveilleuse”. (réf.)
Réponse à
Dame Myoichi (Minobu, mai 1275 à Myoichi)
Entre la
fin du quatrième centenaire et le début du cinquième
centenaire après l'introduction, sous la dynastie des
Han postérieurs, du bouddhisme en Chine, sous les dynasties Chen et Shui, vécut un jeune moine modeste du nom de Zhiyi* qui fut connu par la suite sous le nom de Grand-maître* Sage du Tiantai. Il réfuta les enseignements erronés des
écoles du Sud et du Nord, et établit clairement que, parmi
les enseignements sacrés exposés par Shakyamuni de son
vivant, le Sutra du Lotus est le plus élevé,
que le Sutra du Nirvana occupe la deuxième place et le Sutra
Kegon*,
la troisième. Voilà ce qui se produisit au cours de la
première période de cinq cents ans de l'époque
du Dharma formel, celle que le Sutra
Daijuku appelle l'ère de la lecture, de la récitation
et de l'écoute.
[...] Au cours de ces périodes, le Sutra du Lotus devait se
propager à deux reprises : pendant les huit dernières
années de la vie de Shakyamuni lorsqu'il enseigna le Sutra
du Lotus et, après sa disparition, dans les premiers cinq
cents ans de l'époque des Derniers
jours du Dharma. Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* n'ont pas vécu en ce monde au temps de Shakyamuni, lorsqu'il
enseigna le Sutra du Lotus ; et ils ne naquirent pas non plus
assez longtemps après sa disparition pour vivre à l'époque
des Derniers jours du Dharma.
Ils regrettèrent d'être nés dans la période
intermédiaire entre ces deux époques, et leurs écrits
montrent qu'ils auraient aimé connaître les Derniers
jours du Dharma.
[...] Le coeur
de cet enseignement de l'école Hosso réside dans l'affirmation que le bouddhisme doit tenir compte
des capacités de ceux à qui il s'adresse. Si les gens
ont la capacité de comprendre la doctrine du Véhicule
unique, la doctrine des trois
véhicules ne doit être qu'un moyen de les instruire
et la doctrine du Véhicule unique est la seule voie véritable
qui puisse les conduire à l'Éveil. Autrement dit à ce
genre de personnes, le Sutra du Lotus doit être enseigné.
Mais s'ils ont la capacité de comprendre la doctrine des trois
véhicules, celle du Véhicule unique n'est qu'un moyen
de les instruire et la doctrine des trois
véhicules est la seule voie véritable qui puisse les
conduire à l'Éveil. A ce genre de personnes, les sutras Jimmitsu* et Shrimala devraient
être enseignés. Selon les tenants de l'école Hosso,
c'est là un principe que le sage Zhiyi* n'a
pas compris.
[...] Sous les
règnes du fils héritier de Tang
Taizhong, l'empereur Tang Gaozhong, et de sa belle-mère,
l'impératrice Wu, vécut un moine du nom de Fa-zang.
Voyant l'école Tiantai attaquée par l'école Hosso,
il se fit le champion du Sutra
Kegon* que Zhiyi* avait précédemment réfuté et relégué
à une place inférieure, et déclara que, parmi les
enseignements exposés par Shakyamuni de son vivant, la première
place revenait au Sutra
Kegon*,
la deuxième, au Sutra du Lotus, et la troisième
au Sutra du Nirvana.
[...] Ainsi, toutes
ces écoles citées plus haut, Hosso, Kegon et Shingon,
se sont attaquées à l'école Tendai et aux enseignements du Sutra du Lotus. Mais, peut-être
parce les adeptes de l'école Tendai n'avaient pas la sagesse de leur maître, tout en sachant que ces
autres doctrines n'étaient pas fondées, aucun d'eux ne
proposa de les réfuter dans un débat public, comme Zhiyi* l'avait fait.
[...] Ce fut
comme ce qui s'était passé en Chine, lorsque les maîtres
des écoles bouddhiques du Sud et du Nord, après avoir
été vaincus dans un débat, au palais de la dynastie Chen, par le Grand-maître* Zhiyi*,
devinrent ses disciples. Mais des trois
disciplines Zhiyi* n'avait utilisé que la méditation parfaite et la sagesse
parfaite. Le Grand-maître* Saicho* fit plus. Il réfuta les principes spécifiques du Hinayana pour la réception des préceptes [que Zhiyi* avait omis de contester], et conféra, à huit maîtres
de ces six écoles (note), l'ordination
spécifique du Mahayana telle qu'elle est décrite dans le Sutra
Bonmo.
autres doctrines n'étaient pas fondées, aucun d'eux ne
proposa de les réfuter dans un débat public, comme Zhiyi* l'avait fait.
[...] Par conséquent
si nous voulons comparer leurs mérites, nous pouvons dire que
le Grand-maître* Saicho*,
par l'ampleur de la tâche qu'il accomplit, surpassa Nagarjuna et Vasubandhu, et fut plus
sage encore que Zhiyi* et Zhanlan*.
S'il en est ainsi, comment, à notre époque au Japon, les
moines des temples To-ji, Onjo-ji ou des sept grands temples et les
adeptes des huit écoles et du Shingon, Zen ou Ritsu, peuvent-ils transgresser
les préceptes parfaits du Grand-maître* Saicho* ? Les moines des neuf régions de Chine devinrent les disciples
de Zhiyi*, et adoptèrent les principes
de méditation parfaite et de sagesse parfaite qu'il enseignait.
[...] Si nous
nous intéressons maintenant à l'époque du Dharma
formel qui suivit, nous voyons que le Grand-maître* Zhiyi* apparut en Chine vers le milieu de cette période et écrivit
le Hokke Gengi, le Hokke
Mongu* et le Maka Shikan en trente volumes, ouvrages dans lesquels il étudia en profondeur
le Sutra du Lotus. A la fin de l'époque du Dharma formel,
le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon. Non seulement il propagea dans notre pays la sagesse
parfaite et la méditation parfaite enseignées par le Grand-maître* Zhiyi*,
mais il fit également construire au Mont Hiei le grand kaidan pour l'ordination selon les préceptes
qui mènent à l'Éveil parfait et immédiat.
[...] Vers le
milieu des mille ans de l'époque du Dharma formel, le Grand-maître* Zhiyi* apparut. Dans les dix volumes ou mille feuilles du Hokke
Gengi, il définit en détail le sens du Titre,
les cinq caractères Myoho Renge Kyo. Dans son Hokke
Mongu* en dix volumes, il commenta chaque mot et chaque phrase du Sutra depuis les premiers mots "Ainsi
ai-je entendu..." jusqu'aux tout derniers "Ils s'inclinèrent
et prirent congé". Il les interpréta en fonction
de quatre critères, c'est-à-dire
en étudiant les causes et les circonstances, les enseignements
corollaires, les enseignements
théoriques* et essentiel* et l'observation du coeur, y consacrant à nouveau mille feuilles. Dans les
vingt volumes que constituent ses deux ouvrages Hokke
Gengi et Hokke Mongu*, Zhiyi* a comparé tous les autres sutras à des rivières
et le Sutra du Lotus au grand océan. Il a démontré
que l'eau de tous les enseignements bouddhiques de tous les mondes des dix directions, sans qu'une
seule goutte en soit perdue, coule dans cette mer immense de Myoho Renge
Kyo. De plus, il étudia toutes les doctrines des grands maîtres
de l'Inde sans omettre un seul point, ainsi que les doctrines des Dix
Maîtres du Sud et du Nord de la Chine, en réfutant ce qu'il
y avait à réfuter et en se servant de ce qui était
utilisable. En plus des ouvrages mentionnés plus haut, il écrivit
encore le Maka Shikan en dix volumes, ouvrage dans lequel, résumant tous les enseignements
sur la méditation donnés par Shakyamuni de son vivant,
il formula le principe d'ichinen,
et appréhenda toutes les entités vivantes et leur environnement
dans les dix mondes-états par le concept de sanzen [trois
mille mondes]. Par ses qualités, cet écrit de Zhiyi* surpasse ceux de tous les Maîtres
de doctrine* qui vécurent en Inde pendant les mille ans de l'époque
du Dharma correct, dans un passé
lointain, et il est supérieur aussi, dans un passé plus
proche, aux commentaires des maîtres qui vécurent en Chine
dans les cinq cents années qui précédèrent. C'est pourquoi
le Grand-maître* Ji-zang,
de l'école Sanron dans
une de ses lettres, exhorta des centaines de maîtres et de bienfaiteurs
des écoles du Sud et du Nord de la Chine à assister aux
cours du Grand-maître* Zhiyi* sur les sutras. "Ce qui ne se produit qu'une fois tous les mille
ans, ce qui ne se produit qu'une fois tous les cinq cents ans se produit
concrètement aujourd'hui", (note) écrivit-il dans cette
exhortation. Par le passé Huisi,
avec sa forme supérieure de sagesse, Zhiyi*,
avec sa philosophie clairvoyante, ont reçu et pratiqué
le Sutra du Lotus par la pensée, la parole et l'action,
et, aujourd'hui, ils sont apparus à nouveau comme deux maîtres
honorés.
[...] Le maître
des préceptes Daoxuan du Mont Zhong-nan a fait l'éloge du Grand-maître* Zhiyi* en disant : "Sa connaissance profonde du Sutra du Lotus est comme le soleil de midi éclairant les plus sombres vallées ; il expose les principes du Mahayana avec autant de liberté qu'un grand vent balayant le ciel. Même
si les plus grands lettrés se réunissaient par milliers
pour s'efforcer de transcrire ses cours merveilleux, ils ne pourraient
pas entièrement les comprendre... Ses principes sont aussi clairs
qu'un index pointé vers la lune... et tous ses mots découlent
essentiellement de la vérité suprême."(réf.) Le Grand-maître* Fa-zang,
de l'école Kegon, fait l'éloge
de Zhiyi* en disant : "Huisi et Zhiyi* se sont intuitivement éveillés à la vérité
et sont déjà parvenus à la première* des dix étapes de
sécurité* dans la pratique
des bodhisattvas. Ils se souviennent du Dharma tel qu'il leur fut enseigné
au Pic du Vautour et l'exposent
de la même manière aujourd'hui."(réf.) Un récit
a été fait de la manière dont Amoghavajra*,
de l'école Shingon, et
son disciple Hanguang, abandonnèrent
l'enseignement de l'école Shingon pour devenir des disciples du Grand-maître* Zhiyi*.
[...] Mais
même en Chine rares sont ceux qui reconnaissent la grandeur de
l'enseignement de Zhiyi*.
Ils sont comparables aux habitants de l'état de Lu qui ignoraient
la grandeur de Confucius."(réf.)
[...] S'il était
resté en Inde des traités aussi importants que les trente
volumes de Zhiyi*,
pourquoi des moines indiens auraient-ils eu besoin de venir chercher
les commentaires de Zhiyi* en Chine ? Devant de telles évidences comment pouvez-vous
nier que, pendant l'époque du Dharma formel, le véritable
enseignement du Sutra du Lotus fut révélé
et que sa vaste propagation a eu lieu dans le Jambudvipa ? Réponse : Le Grand-maître* Zhiyi* exposa et propagea en Chine une méditation parfaite et une sagesse
parfaite qui dépassent l'enseignement donné par Shakyamuni
de son vivant et celui de tous les maîtres apparus au cours des
mille quatre cents ans écoulés depuis la disparition du
Bouddha, c'est-à-dire les mille ans de l'époque du Dharma
correct et les premiers quatre cents ans de l'époque du Dharma
formel. Et son influence s'exerça non seulement en Chine mais
même jusqu'en Inde.
[...] Quoi que
vous en pensiez, l'époque du Grand-maître* Zhiyi* correspond essentiellement à celle que le Sutra Daijuku appelle l'ère de la lecture, de la récitation et de l'écoute. (note) Le temps
n'était pas encore venu d'accomplir kosen-rufu ou de proclamer et propager largement le Sutra du Lotus. Question
: Le Grand-maître* Saicho* naquit au Japon et vécut sous le règne de l'empereur Kammu.
Il réfuta les enseignements erronés acceptés au
Japon pendant quelque deux cents ans, depuis le règne de l'empereur Kimmei. Il restaura les principes
de la sagesse et de la méditation parfaites enseignés
par le Grand-maître* Zhiyi*,
et, de plus, déclara sans valeur les trois sanctuaires pour l'ordination
selon les préceptes du Hinayana,
introduits au Japon par le moine Ganjin,
faisant construire à leur place, sur le Mont Hiei, le kaidan pour l'ordination selon les préceptes
du Mahayana menant à
l'Éveil parfait et immédiat. Au cours des mille huit cents ans
écoulés depuis la disparition du Bouddha, ce fut l'événement
le plus extraordinaire qui se soit produit, en Inde, en Chine, au Japon,
aussi bien que dans le monde entier. Je ne sais si son Éveil intérieur
fut inférieur ou supérieur à celui de Nagarjuna ou de Zhiyi*.
Mais je suis convaincu que le fait d'avoir exhorté tous les bouddhistes
à croire en un seul enseignement, celui du Sutra du Lotus l'amène à surpasser Nagarjuna et Vasubandhu et dénote
une sagesse encore plus grande que celle de Huisi et de Zhiyi*.
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*,
en suivant fidèlement Shakyamuni, a contribué à
la propagation de l'école Hokke en Chine. Nous, la famille du Mont Hiei,
en succédant à Zhiyi*,
contribuons à la propagation de l'école Hokke au Japon."
[...] Mais même
s'il y a peu de chances de rencontrer une personne capable de tels exploits
il serait beaucoup plus rare encore de trouver, à l'époque
des Derniers jours du Dharma une personne capable d'enseigner le Sutra du Lotus comme l'a
enseigné le Bouddha. Et pourtant le Grand-maître* Zhiyi et le Grand-maître* Saicho* furent précisément des personnes de ce genre, qui transmirent
la pratique telle que le Bouddha l'enseigna.
[...] Sur le
moment, l'empereur fut stupéfait et, le vingt-neuvième
jour du même mois, il dépêcha [Wake no] Hiroyo et
[Otomo no] Kunimichi (note) auprès
des maîtres des sept temples et des six
écoles pour les interroger longuement. Tous, l'un après
l'autre, envoyèrent une lettre reconnaissant qu'ils avaient été
vaincus lors du débat et convaincus par les arguments de Saicho*.
Dans ces lettres, ils disaient : "En analysant de plus près
le Hokke Gengi et les
autres commentaires de Zhiyi*,
nous avons constaté qu'ils résument l'ensemble des enseignements
exposés par Shakyamuni de son vivant.
[...] En Chine
par le passé, Jizang rassembla
une centaine d'autres moines qui, ensemble, reconnurent au Grand-maître* Zhiyi* la qualité de véritable sage.
Plus tard, au Japon, deux cents et quelques moines des sept
temples de Nara ont conféré au Grand-maître* Saicho* le titre de sage. Ainsi, au cours des deux mille et quelques années
écoulées depuis la disparition du Bouddha, ces deux sages
sont apparus dans les deux pays, l'un en Chine et l'autre au Japon.
De plus, Saicho* fit construire au Mont Hiei le Grand
Kaidan pour l'ordination selon les préceptes qui mènent
à l'Éveil parfait et immédiat, préceptes que le
Grand-maître* Zhiyi* lui-même n'avait pas enseignés.
[...] Il
y eut aussi un Grand Dharma qui ne fut pas totalement transmis à
la postérité par Nagarjuna et Vasubandhuet d'autres,
mais qui fut propagé par le Grand-maître* Zhiyi*.
Comme je l'ai démontré, il appartint au Grand-maître* Saicho* d'établir le kaidan pour l'ordination selon les préceptes
qui mènent à l'Éveil parfait et immédiat, alors
que le Grand-maître* Zhiyi* ne l'avait pas fait. Aussi étonnant
que cela puisse paraître, le Bouddha exprima totalement, dans
le texte du Sutra du Lotus, le Dharma
correct le plus profond et le plus secret, Dharma qui, après
sa disparition, ne fut jamais propagé par Mahakashyapa, Ananda, Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga ou Vasubandhu, ni même
par Zhiyi* ou Saicho*.
[...] Quand le
Grand-maître* Zhiyi* réfuta publiquement les maîtres des autres écoles
du Sud et du Nord, ces enseignements du Shingon n'avaient pas encore été introduits en Chine ;
[...] 2 C'est l'ouvrage que Kumarajiva traduisit en chinois et que le Grand-maître* Zhiyi* utilisa.
[...] 2 Mais je ne trouve pas un seul mot ou passage dans les sutras indiquant
que le Sutra du Lotus, comparé aux sutras Kegon* ou Vairocana* est un enseignement
puéril ; que, par rapport au Sutra
Rokuharamitsu, Zhiyi* agit comme un voleur, ou que le Sutra
Shugo décrit Shakyamuni "à l'étape de l'obscurité"(note). Ce sont là des affirmations totalement absurdes et pourtant,
depuis trois ou quatre cents ans, au Japon, un certain nombre de personnes
sensées les ayant acceptées, on en est maintenant venu
à penser qu'elles sont raisonnables et fondées. J'aimerais
souligner quelques erreurs de Kukai* particulièrement flagrantes afin que l'on comprenne qu'il en
va de même pour le reste. Ce fut
sous les dynasties de Chen (557 - 589) et Shui (581 - 618) que le Grand-maître* Zhiyi* compara le Sutra du Lotus au ghee.
[...] 2 Il aurait fallu que le Sutra Rokuharamitsu qui range
l'enseignement des dharani dans
la cinquième catégorie, la plus élevée,
le comparant au beurre clarifié ait été déjà
transmis aux époques de Chen et Shui pour que le Grand-maître* Zhiyi* puisse "voler le beurre clarifié de l'enseignement Shingon". Au Japon,
le moine Tokuichi offre un exemple
similaire. Il critiqua sévèrement le Grand-maître* Zhiyi* pour avoir rejeté la classification des enseignements en trois
périodes énoncée dans le Sutra Jimmitsu*,
en disant que Zhiyi* s'était servi d'une langue de trois pouces (sun) pour détruire
le corps [du Bouddha] de cinq pieds (shaku).
[...] 2 De plus,
comparer le Sutra du Lotus au beurre clarifié n'est
en rien une invention personnelle de Zhiyi*.
Le Bouddha lui-même, dans le Sutra
du Nirvana, a comparé le Sutra du Lotus au
beurre clarifié et, par la suite, le bodhisattva Vasubandhu compara de même le Sutra du Lotus et le Sutra
du Nirvana au beurre clarifié. (réf.)
[...] 2 Le Grand-maître* Saicho* a dit : "Ceux qui adressent des éloges au Grand-maître* Zhiyi* recevront des bienfaits qui s'accumuleront aussi haut que le Mont Sumeru,
tandis que ceux qui le calomnient commettent un crime qui les précipitera
dans l'enfer avici."(réf.)
[...] Zhiyi* dit (réf.) qu'il faut utiliser l'une ou l'autre méthode
"en fonction du temps." Et Guanding* dit (réf.)
: "Il faut savoir choisir entre les méthodes de shoju et de shakubuku et ne pas utiliser
exclusivement l'une ou l'autre."
[...] Je vais vous citer
les quelques passages de commentaires. Zhiyi* a déclaré : "Dans la cinquième
période de cinq cents ans, la Voie
mystique se propagera pour longtemps dans l'avenir."(réf.) Zhanlan* a dit : "Le début des Derniers
jours du Dharma ne sera pas sans bienfaits inapparents (myoyaku)."(réf.)
[...] Zhiyi* écrivit : "Il
est vain de comparer le Chu Ron* avec les enseignements du Sutra
du Lotus."(réf.) Et ailleurs
encore : "Vasubandhu et Nagarjuna perçurent
clairement la vérité dans leur coeur mais ne l'enseignèrent
pas. Exposant plutôt les enseignements
du Mahayana provisoire*,
ils agirent en fonction du temps."(réf.) Zhanlan* fit remarquer : "Pour réfuter les conceptions erronées
et pour établir la vérité le Chu Ron* n'est
en rien comparable au Sutra du Lotus. (réf.)
[...] 2 Le Grand-maître* Zhiyi* a dit : "Ce qui est en accord avec les sutras, il faut le croire
et le mettre en pratique, mais n'accordez aucune foi à ce qui
n'offre ni preuve littérale ni preuve théorique."(réf.)
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275
; adressé à Yui)
La Chine
souffrit d'une grande sécheresse sous la dynastie Chen, mais le Grand-maître* Zhiyi* récita le Sutra du Lotus et, sans délai, la pluie
se mit à tomber. Le souverain et ses ministres inclinèrent
la tête, et les personnes ordinaires joignirent leurs mains en
signe de respect. De plus, la pluie ne fut pas torrentielle, ni accompagnée
de vent ; ce fut une douce averse. Le souverain Chen s'assit, admiratif, devant le Grand-maître*, allant jusqu'à
en oublier de retourner dans son palais. Il s'inclina alors trois fois.
La prière pour
la pluie des trois maîtres du Tripitaka (Minobu,
22 juin 1275 au nyudo Nishiyama)
Renforcez
votre foi, plus que jamais. Quiconque enseigne les vérités
du bouddhisme aux autres encourt inévitablement la haine des
laïcs, hommes et femmes, ainsi que celle des religieux et religieuses.
Peu importe ce qu'ils disent. L'essentiel est de confier votre vie
aux enseignements d'or du Sutra du Lotus, du Bouddha Shakyamuni,
de Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho*,
et Guanding*.
C'est la manière correcte de pratiquer, en accord avec les
enseignements du Bouddha. Il est écrit dans le Sutra du
Lotus : "Si quelqu'un enseigne le Sutra, ne serait-ce
qu'un moment, dans l'époque effrayante à venir, il aura
le soutien de tous les cieux."(réf.) Ce passage indique qu'à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
lorsque domineront les personnes mauvaises en proie aux trois
poisons, ceux qui adhéreront à l'enseignement correct,
même pour peu de temps, seront aidés et soutenus par
les cieux.
Les Remparts de
la Foi (Minobu,
3 septembre 1275, à
Sennichi-ama)
Le Grand-maître* Jizang du temple Jiaxiang était parmi les plus éminents maîtres
bouddhistes de Chine. Fondateur de l'école Sanron,
il vivait à Huei, dans l'état de Wu. Convaincu de posséder
un savoir sans égal, il était très arrogant. Il lança
un défi au Grand-maître* Zhiyi* pour déterminer le sens de la phrase du Sutra du Lotus : "De tous les innombrables sutras que j'ai enseignés par le
passé, que j'enseigne maintenant, ou que j'enseignerai à
l'avenir, le Sutra du Lotus est le plus difficile à croire
et le plus difficile à comprendre." Au cours du débat, Jizang fut totalement vaincu, et
renonça dès lors à ses croyances erronées.
Afin d'expier la grave faute commise envers le Dharma correct et ceux
qui la pratiquaient, il rassembla plus de cent maîtres éminents
et supplia Zhiyi* de les instruire. Jizang fit un
pont de son corps pour permettre au Grand-maître* Zhiyi* de passer et le porta sur son dos (note).
De plus, il servit Zhiyi* pendant sept ans, coupant du bois pour le feu et lui apportant de l'eau.
Il cessa de donner lui-même des cours, dispersa ses disciples et,
afin de se guérir de son arrogance, il s'interdit de réciter
le Sutra du Lotus (note).
Après la mort de Zhiyi*, Jizang fut reçu par l'empereur
de la dynastie Shui pour lui présenter
ses respects.
[...] Zhiyi* expliqua plus en détails cette citation en disant que "ce
Sutra permet aux personnes des deux véhicules d'atteindre l'Éveil de la même manière qu'un bon médecin
peut changer le poison en remède." Ainsi, dans le Daichido Ron* il est dit : "Aucun autre sutra n'est ésotérique
mais le Sutra du Lotus est ésotérique." Dans
le Maka Shikan, on
lit : "Puisque le Sutra du Lotus a la capacité de
guérir la maladie, on l'appelle aussi myo [mystique]."
La Guérison
des Maladies Karmiques (Minobu,
3 novembre 1275, à Ota Jomyo)
Quand le Grand-maître* Zhiyi* commença à méditer sur le Sutra du Lotus,
ses parents décédés lui apparurent, s'assirent
sur ses genoux et tentèrent d'entraver sa pratique du bouddhisme.
C'était l'oeuvre du Démon
du sixième Ciel qui s'était incarné en ses
parents pour lui faire obstacle.
[...] Le Maka
Shikan, chef-d'oeuvre du Grand-maître* Zhiyi*,
contient l'essence de tous les sutras bouddhiques. Dans les cinq cents
ans qui suivirent l'introduction du bouddhisme en Chine, il y eut sept grands maîtres au
nord du fleuve Yangzi, et trois
au sud. Leur sagesse était aussi resplendissante que le soleil
et la lune, et leur vertu était vantée en tous lieux.
Ils étaient cependant incapables de discerner quels sutras
étaient profonds ou superficiels, inférieurs ou supérieurs,
et l'ordre dans lequel ils avaient été enseignés.
Ce fut le Grand-maître* Zhiyi* qui non seulement clarifia les enseignements du Bouddha mais aussi
découvrit ichinen
sanzen, le joyau qui exauce les
voeux, dans les profondeurs de Myoho Renge Kyo, et en fit don
à tous les hommes des Trois Pays [l'Inde, la Chine et le Japon].
Cet enseignement prit sa source en Chine. Même les grands érudits
de l'Inde ne purent formuler un tel concept.
[...] D'après
le Grand-maître* Zhiyi*,
"si quelqu'un se lie d'amitié avec une personne mauvaise,
il perdra l'esprit."(réf.) "Esprit" désigne ici le coeur qui croit au Sutra du Lotus, tandis que "perdre" signifie abandonner sa foi dans le Sutra du Lotus et suivre d'autres sutras.
Le Sutra du Lotus dit : "mais quand il leur donne
le médicament, ils refusent de le perdre." (réf.) Le Grand-maître* Zhiyi* affirma : "Ceux qui avaient perdu l'esprit ne voulurent
pas prendre l'excellent médicament qui leur était offert.
Perdus dans les souffrances, ils s'enfuirent vers d'autres pays."(réf.)
Lettre aux Frères (Minobu, 16 décembre 1275 aux
frères Ikegami)
On respecte le Bouddha pour sa capacité
à connaître le passé et à discerner le futur.
Il perçoit les trois phases de la vie avec une sagesse inégalée. Sans être
bouddha, des sages et des personnes
de mérite tels que Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* et Saicho*,
malgré une sagesse inférieure à celle du Bouddha,
eurent une perception d'ensemble des trois
phases, et leurs noms pour cela passèrent à la postérité.
Emissaires mongols (Minobu,
1275, au nyudo Nishiyama)
Parmi eux, le présage des tremblements
de terre indique que la terre a tremblé de six manières
différentes. Commentant ce phénomène, le Grand-maître Zhiyi* déclare dans le troisième volume (réf.) de son Hokke Mongu* : "[L'un
de ces six présages est que] l'est se surélève
et l'ouest descend. L'est correspond à la couleur verte et à
l'organe du foie. Et le foie lui-même est lié aux yeux.
L'ouest correspond à la couleur blanche et à l'organe
des poumons, et les poumons sont liés au nez. Par conséquent,
le fait que l'est se surélève et que l'ouest descende
annonce l'apparition des bienfaits des yeux, et, simultanément,
la diminution des désirs liés à l'odorat. Inversement,
quand les bienfaits liés à l'odorat apparaissent, les
désirs liés à la vision disparaissent. De la même
manière, l'ascension ou la chute des autres points cardinaux
indique l'apparition des bienfaits et la diminution des désirs
liés à l'organe qui leur correspond."
[...] Cela signifie
que des présages avaient bien précédé l'enseignement
de tous les autres sutras, mais qu'aucun n'avait jamais été
aussi extraordinaire que [les phénomènes décrits]
dans le Sutra du Lotus. A cet égard, le Grand-maître* Zhiyi* fit le commentaire suivant : "Les gens disent qu'une araignée
qui tisse sa toile est un heureux présage, et que la pie qui
chante annonce une visite. Si même des incidents courants sont
révélés par des présages, comment se pourrait-il
que rien n'augure de l'imminence d'événements importants ? Dans ce qui est proche, il y a l'annonce de ce qui est lointain."(réf.)
Sur les présages (Minobu, 1275, à Shijo Kingo
?)
Apportez aussi avec vous
les volumes 1 et 2 du Maka Shikan,
[Grand Arret et Examen] de Zhiyi*.
J'apprécierais aussi le Toshun commentaire sur le Hokke
Mongu* de Zhiyi par Zhi-du* et le Fusho Ki commentaire
de Zhanlan* sur le Hokke Mongu si vous
pouvez vous les procurer. Empruntez l'exemplaire du Shuyo
Shu* que possède Kanchi-bo, le disciple d'Enchi-bo.
Moines
du temple Seicho-ji (Minobu,
le 11 janvier 1276 aux moines du temple Seicho-ji)
Le Grand-maître* Zhiyi* déclare : "Le fils du ciel ne prononce pas un seul
mot en vain."(réf.) et "Les
paroles du roi du Dharma sont
exemptes de tout mensonge."(réf.)
La bonne fortune
en cette vie (Minobu,
le 19 janvier 1276, à Nanjo Tokimitsu)
Sous le
règne du quarante-quatrième souverain, l'impératrice
Gensho, un religieux
venu d'Inde [Shubhakarasimha*] introduisit le Sutra Vairocana* ; et, à l'époque du quarante-cinquième souverain,
l'empereur Shomu, le moine Ganjin,
venu de Chine, introduisit l'école Ritsu au Japon. Il apportait aussi avec lui des exemplaires du Hokke
Gengi, du Hokke Mongu*,
du Maka Shikan, du
Jomyo Sho, et d'autres ouvrages de l'enseignement de Zhiyi*.
Mais il ne propagea pas l'enseignement des écoles Shingon et Hokke.
[...] En Inde, au cours des mille ans qui
suivirent la disparition du Bouddha, il y eut de grands érudits
tels que Mahakashyapa, Ananda, Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga et Vasubandhu,
qui entreprirent de propager le bouddhisme dans les cinq
régions de l'Inde. Et, dans les premiers siècles qui
suivirent l'introduction du bouddhisme en Chine, des hommes tels que Kashyapa Matanga et Chu Fa-lan,
les Savants-maîtres* Kumarajiva, Huisi, Zhiyi* et Zhanlan* écrivirent des commentaires et firent connaître l'enseignement
des sutras. Mais aucun d'eux ne conseilla jamais d'invoquer le Titre
du Sutra du Lotus de la même manière que l'on
invoque le nom du bouddha Amida.
Ils se contentèrent de le réciter eux-mêmes, ou,
lorsqu'ils donnèrent des cours sur le Sutra du Lotus,
celui qui professait seul récitait [cette invocation, le daimoku].
[...] On appelle
juste celui qui suit la doctrine d'un bon maître. Et on appelle
sage celui qui parvient à la vérité par lui-même,
sans l'aide d'un maître. En Inde, en Chine et au Japon, depuis
la disparition du Bouddha, il y eut deux sages : Zhiyi* et Saicho*.
Ces deux hommes méritent pleinement le titre de sages. On peut
également les appeler des justes, car le Grand-maître* Zhiyi* pratiqua les principes enseignés par Huisi ; en ce sens, il fut un juste. Mais il appréhenda aussi, par lui-même,
sur le lieu de méditation, le Véhicule
suprême qui mène à la bodhéité ; en ce sens, il fut un sage.
[...] Shakyamuni,
seigneur du Dharma, est le plus grand sage en ce monde
Saha. Zhiyi* et Saicho* furent tous deux des sages, en même temps que des justes. Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga, Vasubandhu, Lao-Zi et Confucius furent à
la fois des sages et des justes, soit des enseignements du Hinayana,
soit du Mahayana
provisoire* ou des enseignements non bouddhiques ; toutefois, aucun d'eux ne fut
un sage ou un juste du Sutra du Lotus.
[...] Lorsque je pense
à cela, j'ai l'impression d'être l'égal des sages Zhiyi* et Saicho, et d'être supérieur
à Lao-Zi et Confucius.
Lettre à
Myomitsu Shonin (Minobu,
le 5ème jour du 3ème mois intercalaire 1276 à Myomitsu)
Ces principes,
les cinq sortes de vision et les Trois
Corps, ne sont exposés nulle part en dehors du Sutra
du Lotus. C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* écrivit : "Le Bouddha, à travers les trois
phases de la vie, est doté des Trois Corps. Mais dans les divers sutras, cela reste secret et n'est pas
transmis."(réf.)
[...] C'est le
pouvoir du Sutra du Lotus qui insuffle une "âme" (note) à ces images peintes ou sculptées. Telle fut la réalisation
du Grand-maître* Zhiyi*.
Pour les êtres vivants, ce principe se résume en "l'atteinte
de la bodhéité sans changer d'apparence" ; et par rapport aux images peintes et aux sculptures en bois, c'est ce
qu'on appelle "la bodhéité des plantes et des arbres".
[...] Cependant,
quelque deux cents ans ou plus après l'époque de Zhiyi* Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* ont fondé l'école que l'on appelle Shingon en s'appuyant sur le Sutra Vairocana*. Et
bien que ce principe n'apparaisse nulle part dans le Sutra Vairocana*, ils
volèrent le principe d'ichinen
sanzen dans le Sutra du Lotus, et les commentaires
qu'en avait fait Zhiyi*,
pour en faire le coeur de l'école Shingon.
La consécration
d'une statue du bouddha (Minobu, le 15
juillet 1276 à Shijo Kingo)
Désireux de résoudre
ce problème, j'ai fait un voeu. Celui de ne pas croire les affirmations
de ces huit ou dix écoles, et de faire plutôt comme le
Grand-maître* Zhiyi* : de prendre pour seul maître les sutras eux-mêmes, et de
déterminer ainsi, parmi les sutras enseignés par le Bouddha
de son vivant, lesquels sont supérieurs et lesquels sont inférieurs.
[Armé de cette résolution, ] j'ai entrepris de lire tous
les sutras.
[...] Seul le Sutra
du Nirvana contient des passages ressemblant au Sutra
du Lotus. C'est ce qui incita les maîtres
bouddhistes précédant Zhiyi*,
aussi bien en Chine du nord qu'en Chine du sud, à déclarer
à tort que le Sutra du Lotus était inférieur
au Sutra du Nirvana.
Mais si nous examinons le texte même du Sutra
du Nirvana, nous voyons que, comme dans le cas du Sutra
Muryogi, le Sutra
du Nirvana est comparé aux sutras des périodes Kegon, Agon, Hodo et Hannya, exposés par le Bouddha pendant les
premières quarante et quelques années de son enseignement.
[...] On peut admettre que certains,
autrefois, se soient trompés sur le sens de ces passages, mais
maintenant que de Grands Maîtres comme Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* en ont clarifié la signification, tous ceux qui ont des yeux
devraient pouvoir le comprendre. Pourtant, alors que Ennin* et Enchin, de l'école Tendai,
ont été eux-mêmes incapables d'en donner une interprétation
correcte, comment les tenants des autres écoles pourraient-ils
ne pas se tromper sur ce point ?
[...] Venons-en maintenant aux
premiers cinq cents ans de l'époque
du Dharma formel, soit mille cinq cents ans après la mort du
Bouddha. En ce temps-là vécut en Chine un homme sage,
que l'on appela d'abord Zhiyi*,
et plus tard, le sage Grand-maître* Zhiyi*.
Résolu à propager le véritable sens du Sutra
du Lotus, il étudia attentivement les enseignements de ses
prédécesseurs. Avant lui, des milliers et des milliers
de sages avaient défendu des opinions diverses concernant les
enseignements exposés par le Bouddha de son vivant, mais, dans
l'ensemble, ils s'étaient regroupés en dix écoles
ou traditions, les trois écoles [de la Chine] du Sud et les sept écoles [de la Chine] du Nord.
[...] Peu de temps après
la mort de Fayun, dans les dernières
années de la dynastie
Liang, et au début de la dynastie Chen, un jeune moine apparut, connu sous le nom de Maître
du Dharma Zhiyi*.
C'était un disciple du Grand-maître* Huisi.
Peut-être parce qu'il désirait éclaircir certains
points lui semblant étranges dans la doctrine de son maître,
il se rendit dans les lieux où étaient conservés
les textes et les étudia sans relâche.
[...] Zhiyi* se demanda que faire. Il sentit qu'il ne pouvait continuer à
se taire. Il déclara ouvertement que Fayun, du temple Guangzhe-si,
pour avoir commis des offenses au
Dharma correct, était tombé en enfer. En entendant
cela, les maîtres bouddhistes du Nord et du Sud se levèrent
comme des frelons en colère et fondirent sur Zhiyi* comme une nuée de corbeaux. Certains voulaient lui
briser la tête, d'autres l'exiler à l'étranger.
En apprenant cela, le souverain de la dynastie Chen [557 - 589] convoqua plusieurs
maîtres bouddhistes du Nord et du Sud et leur ordonna de débattre
avec Zhiyi* en sa présence. De nombreux moines vinrent, tels que Huiyong,
disciple de Fayun, et Fasui,
Huikuang et Huiheng, au total
plus de cent, tous préfets des
moines (sozu), administrateurs
des moines (sojo), ou d'un rang encore plus élevé. Ils firent
assaut de médisance à l'égard de Zhiyi*,
fronçant les sourcils, lui jetant des regards furieux et frappant
dans leurs mains avec colère. Zhiyi*,
tout en restant modestement assis, bien en dessous des autres, ne manifesta
aucune émotion et ne fit aucun écart de langage. Au contraire,
avec calme et dignité, il prit note de chacune des accusations
portées contre lui par les divers moines et parvint à
les réfuter l'une après l'autre. Puis il entreprit de
contre-attaquer, en disant : "Selon les enseignements de Fayun,
le Sutra Kegon* mérite la première place, le Sutra
du Nirvana, la deuxième, et le Sutra du Lotus,
la troisième. Dans quel sutra en trouve-t-on la preuve ? Je vous en prie, citez un passage où cela apparaisse de manière
claire et certaine ! " [Pris de court, ] les autres moines baissèrent
la tête et blêmirent, incapables de répondre un seul
mot. Il continua à les
presser de questions en disant : "Dans le Sutra
Muryogi, le Bouddha mentionne qu'il a "jusqu'alors exposé
les douze catégories de sutras Hodo*, le Daichido Ron* et
le Sutra Kegon*,
qui émane de la méditation (du Bouddha) de l'impression
sur l'océan." Ainsi, le Bouddha lui-même cite le Sutra
Kegon* et dénie sa valeur en disant, à propos des sutras exposés
avant le Sutra Muryogi,
"Je n'ai pas encore révélé la vérité".(réf.)
[...] C'est de cette manière
que le Grand-maître* Zhiyi* les admonesta. On aurait dit la lumière éclatante du soleil
et de la lune frappant les yeux des asuras,
ou l'épée du roi de Han, posée sur le cou de ses
barons, si bien que ses opposants fermèrent les yeux et baissèrent
la tête. Par son comportement, Zhiyi* ressemblait au roi des animaux, à un lion dont le rugissement
fait fuir les renards et les lapins, à un faucon ou à
un aigle fondant sur des pigeons ou des faisans. Ainsi, le fait que le Sutra
du Lotus était supérieur aux sutras Kegon* et Nirvana fut largement admis, non seulement dans toute la Chine mais aussi dans
les cinq régions de l'Inde.
Les traités de l'Inde concernant le bouddhisme du Mahayana aussi bien que du Hinayana étaient
inférieurs à la doctrine de Zhiyi*,
et les habitants de ce pays firent son éloge, en disant qu'il
était le Bouddha Shakyamuni venu en ce monde une deuxième
fois et que le bouddhisme allait désormais renaître. Puis le Grand-maître* Zhiyi* mourut et les dynasties Chen et Shui disparurent, remplacées par la dynastie
Tang. Le Grand-maître* Guanding* [successeur de Zhiyi] mourut à
son tour si bien que le bouddhisme de Zhiyi*,
de moins en moins étudié, fut bien près de disparaître.
[...] Cet enseignement est aussi
différent de celui de l'école de Zhiyi* que le feu de l'eau. Xuanzang apporta avec lui des ouvrages tels que le Sutra
Jimmitsu*,
le Yuga Ron et le Yuishiki
Ron que Zhiyi* ne connaissait pas et proclama que, bien que le Sutra du Lotus soit supérieur aux autres sutras, il était inférieur
au Sutra Jimmitsu*.
Puisque c'était un texte que Zhiyi* n'avait jamais vu, ses adeptes des époques ultérieures,
qui manquaient de sagesse et de connaissances, eurent tendance à
croire cette allégation. En résumé,
les maîtres du nord et du sud [de la Chine, tels que Fayun qui
précéda Zhiyi*]
donnaient la première place au Sutra
Kegon*,
la deuxième au Sutra
du Nirvana et la troisième au Sutra du Lotus.
Le Grand-maître* Zhiyi* avait établi que le Sutra du Lotus était le sutra
le plus élevé, que le Sutra
du Nirvana venait ensuite et, en troisième lieu, le Sutra Kegon*.
La nouvelle école Kegon,
elle, plaçait le Sutra
Kegon* en premier, le Sutra du Lotus en deuxième et le Sutra
du Nirvana en troisième.
[...] Mais, [dans l'école
de Zhiyi*]
apparut un moine appelé le Grand-maître* Zhanlan*.
Bien que né deux cents ans après le Grand-maître* Zhiyi*,
il était d'une sagesse exceptionnelle et comprenait avec clarté
les enseignements. Il perçut ainsi que l'essentiel des commentaires
de Zhiyi* consistait à établir la supériorité du Sutra
du Lotus sur le Sutra Jimmitsu* et sur l'école Hosso - introduits
en Chine après la mort de Zhiyi* -, ainsi que sa supériorité sur l'école Kegon et sur l'école Shingon basée sur son Sutra Vairocana*, deux
écoles établies précédemment en Chine. Jusque-là, soit
parce que les disciples de Zhiyi* n'étaient pas assez sages pour discerner le vrai du faux, soit
parce qu'ils redoutaient les autres ou les autorités, aucun n'avait
osé dire quoi que ce soit. La compréhension correcte de
ces enseignements était visiblement sur le point de se perdre,
et les erreurs et les hérésies communément admises
étaient plus graves encore que celles des écoles du Nord
et du Sud [en Chine] aux époques antérieures aux dynasties Chen et Shui. Zhanlan* compila donc en trente volumes ses commentaires [sur l'oeuvre de Zhiyi*],
connus sous le nom de Guketsu, Shakusen et Shoki.
Ces trente volumes, non seulement servirent à éliminer
les répétitions dans l'oeuvre de Zhiyi* et à élucider les points obscurs, mais ils réfutèrent
d'un trait les écoles Hosso, Kegon et Shingon que n'avait pu réfuter Zhiyi* parce qu'elles n'existaient pas de son vivant.
[...] Il [Saicho] découvrit alors un commentaire du Maître du Dharma Fazang,
de l'école Kegon, sur le Kishin Ron dans lequel il trouva
des citations d'ouvrages du Grand-maître* Zhiyi*.
Ces ouvrages lui parurent d'un très grand intérêt,
mais Saicho* ne savait même pas s'ils avaient été introduits
au Japon. Lorsqu'il demanda où
les trouver, on lui répondit qu'un moine du nom de Ganjin,
du temple Long-xing-si au Yang-Zhou en Chine, avait étudié
les enseignements de Zhiyi* et qu'il avait été le disciple du maître des préceptes Daoxian. Il vint au Japon à
la fin de l'ère Tempyo-Shoho
(753) et s'employa à transmettre les règles de vie monastique
du Hinayana. Il avait apporté
avec lui divers ouvrages de Zhiyi* mais n'avait pas essayé de les faire connaître. Tout cela
[répondit-on à Saicho*, ]
s'était produit au cours du règne du quarante-cinquième
Shomu.
[...] Ces représentants
des écoles Kegon, Sanron, Hosso et autres exposèrent
la doctrine des fondateurs de leur école respective [telle qu'elle
leur avait été enseignée]. Mais Saicho* prit des notes sur chaque point énoncé et en fit la critique
à la lumière du Sutra du Lotus, des ouvrages
de Zhiyi* et d'autres sutras et traités. Ses opposants furent incapables
de répondre un seul mot, comme si leur bouche n'était
plus que le prolongement de leur nez.
[...] Les deux dignitaires Wake
no Hiroyo et Matsuna (note) [présents au débat],
déclarèrent : "Grâce à Huisi,
le Dharma Merveilleux du Pic du Vautour a été dévoilée et Zhiyi* a révélé le merveilleux Éveil du Mont Dasu (note).
Mais nous regrettons que jusqu'à présent le Véhicule
unique du Sutra du Lotus ait été dissimulé
par les enseignements provisoires et que le principe de l'unification des trois
vérités n'ait pas encore été rendu manifeste."
[...] [C'est encore plus évident
si nous considérons que] après la mort de Shubhakarasimha* et de Vajrabodhi, le Savant-maître* [de l'école Shingon] Amoghavajra* se rendit en Inde où il rencontra le bodhisattva Nagabodhi.
Nagabodhi lui apprit qu'il n'existait pas en Inde de commentaires ou
de traités énonçant clairement la volonté
du Bouddha, mais qu'il se trouvait en Chine un traité, oeuvre
d'un nommé Zhiyi*,
qui permettait à tous de distinguer clairement les enseignements
corrects de ceux qui ne l'étaient pas, et de saisir la différence
entre doctrines complètes et incomplètes. Sa voix, lorsqu'il
lui dit cela, était pleine d'admiration et il lui demanda instamment
qu'un exemplaire de cet ouvrage fut envoyé en Inde.
[...] Il apparaît donc
que le Bouddha Shakyamuni, ainsi que les Grands-maîtres Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* sont unanimes pour considérer le Sutra du Lotus comme
le plus élevé de tous les sutras y compris le Sutra Vairocana*. De
plus, si l'on étudie attentivement le Daichido Ron* , il devient évident que son auteur, le bodhisattva Nagarjuna, considéré
comme le fondateur de l'école Shingon,
était du même avis. Mais malheureusement, le Bodaishin
Ron, ouvrage d'Amoghavajra*,
est pétri d'erreurs et a égaré tous ceux qui l'ont
lu, provoquant la confusion qui règne actuellement.
[...] "Le Grand-maître* Zhiyi* est un voleur. Il s'est approprié le beurre clarifié du Shingon en affirmant que le Sutra
du Lotus était le ghee [de tous les enseignements bouddhiques]." Voilà ce qu'écrivait Kukai*.
En entendant de tels propos, les gens, même ceux qui avaient cru
auparavant que le Sutra du Lotus était le plus élevé
des sutras, se mirent à le considérer comme sans valeur.
[...] Le plus secret des écrits
de Saicho* est un ouvrage intitulé Ebyo Shu. Dans sa préface,
on lit : "L'école Shingon,
récemment introduite [au Japon], déforme délibérément
ses enseignements pour les plier à ses buts (note), tandis que l'école Kegon, introduite plus tôt,
tente de dissimuler qu'elle a été influencée par
les principes de Zhiyi*.
L'école Sanron, si attachée
au concept de vacuité, a oublié
l'humiliation de Jizang et cache
le fait qu'il fut finalement acquis aux principes de Zhiyi*.
L'école Hosso, qui s'accroche
au concept d'être, nie le fait que son maître Zhizhou se soit converti aux enseignements de l'école de Zhiyi*,
et que Liang-pi ait utilisé les commentaires de ce dernier (note) dans son explication du Sutra
Ninno*. A présent, avec la plus grande attention, j'ai
écrit cet ouvrage intitulé Ebyo Shu en un volume
pour le léguer aux sages des temps futurs qui partageront mes
convictions." Fait sous le
règne du 52e souverain du Japon, dans la septième année
de l'ère Konin (816)." Plus loin, dans le corps
du même ouvrage, il écrit : "Un moine éminent
de l'Inde, ayant entendu dire que les enseignements d'un moine nommé Zhiyi*,
de la dynastie Tang, permettaient,
mieux que tout autre, de distinguer les principes corrects des principes
erronés, exprima le grand désir de les étudier." Il poursuit : "Cela
n'indique-t-il pas que le bouddhisme a disparu en Inde, son pays d'origine,
et qu'il faut le rechercher dans les pays voisins ? Mais, même
en Chine, ceux qui reconnaissent la grandeur des enseignements de Zhiyi* sont peu nombreux. Les gens y ressemblent aux habitants de Lu. Lu n'avait jamais été conscient de la grandeur de Confucius."(note) (réf.) [...] Et si les enseignements Shingon,
originaires de l'Inde, étaient équivalents ou supérieurs
à ceux de l'école Tendai,
pourquoi l'éminent moine en Inde aurait-il posé à Amoghavajra* des questions sur Zhiyi* et affirmé que le Dharma correct avait disparu d'Inde ?
[...] Après avoir cité
ce passage du Sutra du Lotus, Saicho* note un passage du Hokke Gengi de Zhiyi*,
qui, interprétant ce même passage, en donne l'explication
suivante : "Il faut savoir que les sutras sur lesquels s'appuient
les autres écoles ne sont pas les plus élevés.
Par conséquent, ceux qui croient dans ces sutras ne sont pas
non plus les meilleurs. Mais, puisque l'école Tiantai croit dans le sutra le plus élevé, ceux
qui croient dans le Sutra du Lotus sont les premiers parmi
la multitude. Ce sont là les mots mêmes du Bouddha. Comment
pourrait-il s'agir là d'une simple glorification de soi-même ? "
[...] Plus loin, dans l'ouvrage précédemment cité [Hokke
Shuku], Saicho* déclare : "Des explications détaillées concernant
les textes sur lesquels les autres écoles basent leurs enseignements
sont données dans un autre ouvrage." Dans cet autre écrit
auquel il se réfère, le Ebyo Shu, on lit : "[Le
fondateur de notre école, ] le Grand-maître* Zhiyi* enseigna le Sutra du Lotus, et les commentaires qu'il en fait
le placent très au-dessus de tous les autres maîtres ; dans
toute la Chine, il n'a pas son pareil. Il est clair qu'il est l'envoyé
du Bouddha.
[...] A la lumière des enseignements du Sutra du Lotus et
des commentaires de Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho*,
dans le Japon d'aujourd'hui, il n'y a pas un seul pratiquant du Sutra
du Lotus !
[...] En Chine, au temps de l'empereur Chen, le Grand-maître* Zhiyi* remporta la victoire au cours d'un débat l'opposant aux maîtres
des écoles du Nord et du
Sud, et il fut honoré du titre de Grand-maître de son vivant. Ainsi, Saicho* dit de lui qu'il fut "très au-dessus de tous les autres
maîtres ; dans toute la Chine, il n'eut pas son pareil". Au Japon, le Grand-maître* Saicho* remporta un débat l'opposant aux maîtres des six
écoles et devint le fondateur et le premier patriarche de
l'école japonaise du Tendai. En Inde, en Chine et au Japon, seules ces trois personnes - Shakyamuni, Zhiyi* et Saicho* - furent ce que le Sutra de lotus appelle "les premiers
parmi la multitude des êtres vivants".
[...] Ainsi, dans le Hokke
Shuku, Saicho* écrit : "Shakyamuni enseigna que "le superficiel est
facile [à saisir] mais le profond, difficile". Abandonner
le superficiel pour rechercher ce qui est profond [demande du courage],
c'est l'esprit de "rechercher le Bouddha". Le Grand-maître* Zhiyi*,
en suivant fidèlement le Bouddha Shakyamuni, a contribué
à la propagation de l'école Tiantai en Chine. [Nous, ] la famille du Mont Hiei,
en succédant à Zhiyi*,
contribuons à la propagation de l'école Hokke au Japon."
[...] En effet, Jizang était une personne qui détruisait le Sutra du Lotus.
Aussi, lorsque, après avoir été vaincu par le Grand-maître* Zhiyi* [au cours d'un débat], il se mit à son service, Jizang n'enseigna plus le Sutra du Lotus. Il déclara : "Je
ne peux plus l'enseigner. Si je le faisais, je retomberais inévitablement
dans les mauvaises voies." Et, pendant sept années, il fit
de son propre corps un pont (note).
[...] Jizang,
à un moment donné, alla voir le Grand-maître* Zhiyi* et le supplia de l'autoriser à entendre son enseignement. Devant
plus d'une centaine de disciples sages, il se jeta à terre et,
le corps totalement couvert de sueur, en larmes et les yeux injectés
de sang, il déclara que, désormais, il n'enseignerait
plus jamais le Sutra du Lotus. "Car, dit-il, si je devais
continuer à me présenter à mes disciples en donnant
des cours sur le Sutra du Lotus, ils pourraient avoir l'illusion
que j'ai compris le sens profond de ce Sutra, alors que ce n'est pas
le cas." Jizang était plus renommé et plus âgé que Zhiyi* et, néanmoins, en présence des autres, il décida
de porter Zhiyi* sur son dos pour lui faire traverser les rivières. Lorsque Zhiyi* devait monter en chaire pour enseigner, Jizang le prenait sur son dos pour l'aider à s'y hisser. A la mort de Zhiyi*,
quand l'empereur de la dynastie Shui
[Yang (569-618)] fit appeler Jizang,
on dit qu'il pleura et trépigna comme un petit enfant qui vient
de perdre sa mère.
[...] En Inde, il y eut des brahmanes capables de se verser toute l'eau du Gange dans l'oreille et de l'y
conserver pendant douze ans ; de boire d'un seul trait l'océan
tout entier, d'attraper de la main le soleil et la lune, et de changer
en boeufs ou en moutons les disciples du Bouddha Shakyamuni. Mais ces
pouvoirs n'eurent d'autre effet que de les rendre plus arrogants et
d'alourdir leur karma de souffrance
à travers vies et morts. C'est d'eux que parle Zhiyi* lorsqu'il dit : "Ils ne recherchent que la gloire et le profit,
et ne font qu'accroître les illusions de la pensée et du désir."(réf.)
[...] Fayun,
du temple de Guang-zhe-si,
était capable de faire tomber la pluie ou de faire éclore
les fleurs instantanément. Mais Zhanlan* écrit à son sujet : "Bien qu'il fut capable
de susciter des phénomènes de ce genre, sa compréhension
n'est pas en accord avec la vérité du Sutra du Lotus."(réf.) Lorsque le Grand-maître* Zhiyi* récita le Sutra du Lotus, une pluie légère
se mit [instantanément] à tomber, et le Grand-maître* Saicho* fit tomber une pluie d'amrita trois jours après [l'avoir enseigné]. Pourtant, ils ne
considérèrent pas ces phénomènes comme la
preuve que leur compréhension de la vérité coïncidait
avec celle du Bouddha.
[...] Le Grand-maître* Zhiyi*,
présent au Pic du Vautour (note) lorsque le Sutra du Lotus fut enseigné et qui l'entendit en personne, écrivit : "Le mot "ainsi" [nyoze] désigne un principe essentiel
entendu de la bouche même du Bouddha."(réf.) Et le Grand-maître* Guanding* écrit : "Celui qui transcrit [Guanding] commente [l'explication
du titre du Sutra du Lotus donnée par Zhiyi*]
en disant "Ainsi [son explication du titre dans] la préface
révèle le sens profond du Sutra tout entier et indique
que c'est là [dans le titre] le coeur de l'ouvrage." (réf.)
[...] Quelque mille cinq
cents ans ou plus après la mort du Bouddha, à l'est de
l'Inde, dans le pays qu'on appelle la Chine, le Grand-maître* Zhiyi* apparut, sous les dynasties Chen et Shui. Il affirma que, parmi les enseignements
sacrés exposés par le Bouddha, on trouvait des enseignements
du Mahayana et du Hinayana,
des enseignements exotériques et ésotériques,
des enseignements provisoireset définitifs. Il expliqua
que Mahakashyapa et Ananda avaient propagé exclusivement les enseignements du Hinayana ; Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga et Vasubandhu,
les enseignements du Mahayana
provisoire*.
Mais, pour ce qui est de l'enseignement du Mahayana
définitif* du Sutra du Lotus, ils n'avaient fait que l'effleurer rapidement,
en dissimulant sa signification profonde, ou en n'en donnant qu'une
explication superficielle, sans mentionner les différences entre
les enseignements du début, du milieu et de la fin de la vie
du Bouddha. Tantôt ils avaient décrit l'enseignement
théorique* mais pas l'enseignement essentiel*,
tantôt ils avaient bien distingué entre les enseignements théorique* et essentiel*,
mais pas défini kanjin.
[...] Au Japon, le Grand-maître* Saicho* apparut mille huit cents ans après la disparition du Bouddha.
Après avoir étudié les commentaires de Zhiyi*,
il commença à critiquer les six
écoles bouddhistes qui étaient apparues au Japon depuis
plus de deux cent soixante ans, depuis l'époque de l'empereur Kimmei. Il fut calomnié
à son tour, ses détracteurs disant que l'un des brahmanes contemporains du Bouddha ou l'un des taoïstes de Chine venaient de renaître au Japon.
[...] Les adversaires [de Saicho*]
ont continué à le rabaisser en disant : "A l'époque
du Bouddha, il y eut deux sanctuaires pour l'ordination, celui du Bouddha
et celui de Devadatta, et de
nombreuses personnes trouvèrent la mort dans le conflit qui s'ensuivit.
Cet homme peut bien défier les autres écoles, mais il
affirme qu'il doit établir un sanctuaire pour l'ordination afin
de conférer les préceptes menant à l'Éveil parfait et immédiat que son maître lui-même, le Grand-maître* Zhiyi*,
n'a pas réussi à construire.
[...] Ainsi, même si l'état
d'Éveil auquel ils parvinrent fut le même, du point de vue de
la propagation du bouddhisme, Ashvaghosha et Nagarjuna furent supérieurs
à Mahakashyapa et Ananda ; Zhiyi* fut supérieur à Ashvaghosha et Nagarjuna, et Saicho* surpassa Zhiyi*.
De nos jours, la sagesse des personnes ordinaires devient superficielle
alors que le bouddhisme devient plus profond. Par exemple, une maladie
bénigne peut être soignée par un remède ordinaire,
mais une maladie grave exige un traitement d'une efficacité exceptionnelle.
Lorsque l'on est faible, on a besoin d'alliés puissants.
[...] Question : Existe-t-il alors un Dharma correct qui n'ait encore jamais été
propagée même par Zhiyi* et Saicho* ? Réponse : Oui. Question : De quelle sorte d'enseignement s'agit-il ? Réponse : Il se compose de trois éléments. Le Bouddha l'a
légué à tous ceux qui vivraient à l'époque
des Derniers jours du Dharma.
C'est le Dharma correct qui n'a jamais été propagée
par Mahakashyapa ou Ananda, Ashvaghosha ou Nagarjuna, Zhiyi* ou Saicho*.
Traité
sur la dette de reconnaissance (Minobu,
le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)
Le chapitre Hoben* (II),
dans le premier volume du Sutra du Lotus, dit : "La sagesse
de tous les bouddhas est infiniment profonde et incommensurable."(réf.) Zhiyi* commente : "Infiniment profonde indique la réalité
atteinte par le Bouddha, qui est aussi vaste que le lit large et insondable
d'une rivière. Parce que le fond de la rivière est infiniment
profond, les eaux de la sagesse du Bouddha sont incommensurables."(réf.)
[...] Le Sutra
du Lotus nous enseigne encore : "Vie après vie, ils
sont toujours nés ensemble avec leurs maîtres dans les
terres de bouddha de l'Univers entier"(réf.) Et : "Si quelqu'un recherche celui qui enseigne le Dharma, il
atteindra rapidement la voie du bodhisattva.
S'il suit son maître et étudie avec lui, il pourra voir
autant de bouddhas qu'il y a de grains de sable dans le Gange."(réf.) Zhiyi* commente cela ainsi : "Celui qui, pour la première
fois, a recherché l'Éveil en suivant ce Bouddha, le suivra
à nouveau et atteindra un niveau
de foi d'où il ne pourra pas régresser."(réf.)
Mise
en Garde contre l'Offense au Dharma (Minobu, août 1276,
au nyudo Horen)
Ces événements
doivent être compris en fonction de l'époque et des circonstances
dans lesquelles ils se produisirent. Zhiyi* a écrit que la pratique doit "être en accord avec
l'époque."(réf.) Son disciple Guanding* interpréta cela en disant : "Vous devriez choisir judicieusement
entre les méthodes de shoju et de shakubuku selon l'époque
et ne jamais adhérer exclusivement à l'une ou à
l'autre."(réf.) Le Sutra du Lotus exprime une vérité unique,
mais sa pratique et sa propagation varie selon les dispositions des
hommes et l'époque.
[...] Maintenant,
au commencement de l'époque des Derniers jours du Dharma, moi, Nichiren, suis le premier à entreprendre
la propagation des cinq caractères de Myoho
Renge Kyo dans le monde entier. Ces cinq caractères sont
le coeur du Sutra du Lotus et la source de l'Éveil de tous les bouddhas. Plus de deux mille deux cent vingt ans se
sont écoulés depuis l'entrée dans le nirvana du Bouddha Shakyamuni, mais personne n'a jamais entrepris cette mission,
pas même les plus grands de ses disciples Mahakashyapa, Ananda, Ashvaghosha, Nagarjuna, Huisi ou Zhiyi*, Zhanlan* ou Saicho* ! formez vos rangs, mes disciples, et suivez-moi !
[...] Maintenant, rien ne me rend plus heureux que d'être
né à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
et d'être en butte à des persécutions pour avoir
propagé le Dharma des cinq caractères de Myoho Renge Kyo.
Pendant plus de deux mille deux cents ans depuis la mort du Bouddha
Shakyamuni, personne, pas même le grand sage Zhiyi*,
n'a vécu cette phrase du Sutra : "En ce monde, il
y aura beaucoup de haine et il sera difficile de croire."(réf.)
Sur le comportement
du Bouddha (Minobu,
1276, à Konichi-ama)
Zhiyi* indique : "La vie à chaque instant est dotée
des dix mondes-états."(réf.) Guanding* affirme : "Le Bouddha considérait cette doctrine comme
la raison ultime [de sa venue en ce monde]. Comment pourrait-elle être
facile à comprendre ? "(réf.) Zhanlan* ajoute : "C'est la révélation ultime de la vérité
finale et suprême."(réf.) Il est dit dans le Sutra du Lotus : "[Et tout ce
que le Bouddha enseigne pour l'avoir compris] ne s'écarte en
rien de l'aspect réel."(réf. Zhiyi* interprète cela en disant : "Ce qui concerne le travail
et la vie quotidienne n'est en rien différent de la réalité
ultime."(réf.)
Le
kalpa de déclin (Minobu, peu après 1276, à
un membre du clan du défunt nyudo Takahashi Rokuro Hyoe)
Par contre,
l'affirmation que le Sutra du Lotus est supérieur aux
divers autres sutras ne s'appuie pas sur les propos des Maîtres
de doctrine* mais sur le texte du Sutra lui-même. Ceci est comparable à
un souverain affirmant sa supériorité sur ses sujets, ou
à un guerrier rappelant à un homme de basse condition qu'il
ne fait pas partie de la classe des samouraïs.
Quel mal y a-t-il à cela ? Le Sutra du Lotus est
le sutra qui correspond à la véritable intention du Bouddha.
C'est le point central que saisirent Zhiyi* et Zhanlan*.
[...] Question : on lit, dans les commentaires du Grand-maître* Zhiyi* : "[Si les personnes des deux véhicules peuvent parvenir à l'Éveil grâce au Sutra du Lotus],
les bodhisattvas peuvent atteindre la bodhéité grâce
à divers sutras antérieurs."(réf.) Ce passage semble indiquer que le Sutra du Lotus ne s'adressait
qu'aux personnes des deux véhicules et non aux bodhisattvas, puisque les bodhisattvas étaient déjà
assurés de parvenir à l'Éveil grâce aux sutras
antérieurs. Dans ce cas, faut-il comprendre que les paroles
du Bouddha "Je n'ai pas encore révélé la vérité"(réf.),
et "En rejetant sincèrement les enseignements
provisoires, [je n'exposerai que la Voie
suprême]"(réf.),
ainsi que tout ce qui est dit dans les huit volumes du Sutra du Lotus,
est entièrement destiné aux personnes des deux
véhicules et ne convient pas à un seul bodhisattva ? Est-ce vrai ? Réponse : cette théorie, selon laquelle le Sutra du Lotus serait
destiné aux personnes des deux
véhicules et non aux bodhisattvas, fut exposée en Chine
avant l'apparition de Zhiyi* par [dix maîtres éminents] les représentants des trois
écoles du Sud et des sept écoles du Nord. Mais Zhiyi* réfuta définitivement cette idée, de sorte qu'elle
n'a plus cours aujourd'hui. Si vous dites qu'aucun bodhisattva ne tire
de bienfait du Sutra du Lotus, alors comment expliquez-vous
le passage : "Quand les bodhisattvas entendent ce Dharma, ils
se libèrent des filets du doute" ? (réf.)
[...] Le Bouddha déclare,
dans le chapitre Yakuo* (XXIII) : "Dans la cinquième
période de cinq cents ans après mon trépas, faites
largement connaître ce Sutra et ne laissez jamais son flot tarir."(réf.) Le Grand-maître* Zhiyi* commente cela en ces termes : "Dans la cinquième période
de cinq cents ans, le Dharma Merveilleux doit se répandre et apporter des bienfaits à toute l'humanité
pour très longtemps dans l'avenir."(réf.)
[...] De même, l'empereur de
la dynastie Chen, qui écarta les trois écoles
du Sud et des sept écoles du Nord, et s'appuya sur le Maître
du Dharma Zhiyi*,
et l'empereur Kammu, qui préféra
le Maître du Dharma Saicho* aux moines éminents des six écoles,
sont, de nos jours encore, respectés pour leur sagesse. Le Maître
du Dharma Zhiyi* fut par la suite honoré du titre de Grand-maître* Tiantai, et le Maître
du Dharma Saicho* reçut par la suite le nom de Grand-maître* Dengyo.
[...] A pareille
objection, répondez : "Dans le Sutra du Lotus il est
dit que, indépendamment des capacités des gens, à
l'époque des Derniers jours du
Dharma il faut enseigner à tout prix le Sutra du Lotus."
Puis demandez à votre contradicteur comment il interprète
cette exhortation. Appellera-t-il le Bouddha Shakyamuni, le bodhisattva Fukyo, Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* "des personnes aux vues
erronées" ou des non bouddhistes ?
[...] Il enseigna que même s'ils devaient tomber
en enfer [pour s'être opposés au Sutra du Lotus],
ceux dont les oreilles ont entendu le Sutra du Lotus ont reçu
la graine de la bodhéité qui leur permettra immanquablement
de devenir bouddha. C'est pourquoi Zhiyi* et Zhanlan* ont affirmé dans leurs commentaires qu'il fallait à tout
prix enseigner le Sutra du Lotus. De même qu'une personne
qui trébuche et tombe à terre prend ensuite appui sur la
terre pour se relever, si [pour s'être opposées au Sutra
du Lotus] des personnes tombent en enfer, elles se relèveront
rapidement et atteindront la bodhéité.
Parvenir directement
à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus (Minobu,
mars 1277 ? à Myoho-ama)
Les deux
grands sages Zhiyi* et Zhanlan* ont donné une définition de ces deux premiers niveaux
dans la foi et dans la pratique et les ont interprétés
de trois manières différentes. La première les
assimile au stade de soji-soku,
aux dix étapes de la foi et
à l'étape d'un roi-faisant-tourner-la-roue-de-fer (note).
La deuxième les fait correspondre à la première
des cinq étapes de la pratique,
considérées comme stade de kangyo-soku*, stade où l'on ne s'est
pas encore détaché des illusions
de la pensée et du désir. La troisième les
considère comme équivalentes au stade myoji-soku*.
[...] Zhiyi* fait ce commentaire : "Une personne parvenue au stade de soji-soku* n'oubliera
pas les bienfaits obtenus [quand elle renaîtra dans une autre
existence]. Mais la plupart des personnes aux stades de myoji-soku* ou de kangyo-soku*,
à quelques exceptions près, oublieront ces bienfaits [dans
leurs vies futures.] Toutefois, même les personnes qui ont oublié
ces bienfaits, si elles rencontrent un bon
ami bouddhique, verront refleurir les racines du bien plantées
dans leurs vies antérieures. Mais si elles rencontrent un mauvais
ami, elles perdront leur véritable esprit de recherche."(réf.)
[...] Ce sont des personnes de
ce genre [Ennin* et Enchin] que décrit le passage d'un écrit de Zhiyi* : "La rencontre d'un mauvais
ami leur fait perdre leur véritable esprit de recherche."
[...] Un nourrisson ne sait pas ce qui donne son goût au lait qu'il
boit, mais, lorsqu'il tête, naturellement, son corps s'en nourrit.
Quelqu'un a-t-il jamais cherché à connaître la composition
des merveilleux remèdes de Jivaka avant de les prendre ? L'eau n'a pas de conscience, elle n'en a
pas moins le pouvoir d'éteindre le feu. Le feu consume ce qu'il
rencontre mais pouvons-nous dire qu'il le fait intentionnellement ? Je ne fais que répéter ici les explications que donnaient
déjà Nagarjuna et Zhiyi*.
Les
Quatre Etapes de la foi (Minobu ; 10 avril 1277 ( ? )
à Toki Jonin)
C'est seulement lorsqu'une personne
a affronté de grandes épreuves que l'on peut estimer qu'elle
a maîtrisé le Sutra du Lotus. On pourrait croire
que les Grands-Maîtres Zhiyi* et Saicho* ont été des pratiquants du Sutra du Lotus, mais
ils n'ont pas subi des persécutions aussi sévères
que le Bouddha de son vivant. Ils n'ont rencontré que de petites
oppositions, [Zhiyi*]
de la part des trois écoles
du Sud et des sept écoles du Nord, et [Saicho*]
de la part des sept temples principaux
de Nara. Ni l'un ni l'autre n'ont subi l'hostilité du gouvernement,
n'ont été attaqués par des gens du peuple à
coups de sabre ou calomniés par le pays entier. [D'après
le Sutra du Lotus] ceux qui croient au Sutra du Lotus après la disparition du Bouddha connaîtront des persécutions
plus grandes encore que celles que le Bouddha a subies de son vivant.
Pourtant personne [ni Zhiyi* ni Saicho*]
n'a connu de persécutions comparables et, moins encore, des persécutions
plus graves ou plus nombreuses.
La protection
de Bonten et de Taishaku (Minobu,
15 mai 1277 à Nanjo Tokimitsu)
Il [Kukai] a aussi affirmé
: "Le Grand-maître* Zhiyi*,
de l'école Hokke, et
d'autres n'ont eu de cesse de voler le ghee."
Le Grand-maître* Cien,
fondateur de l'école Hosso,
a déclaré : "Le Sutra du Lotus n'est qu'un
moyen tandis que le Sutra
Jimmitsu* est véridique ; les êtres
sensitifs, qui, par nature, ne sont pas prédestinés
à l'illumination, ne pourront jamais, de toute éternité,
atteindre la bodhéité (voir Hosso
shu)."
Lettre de pétition
de Yorimoto (Minobu,
le 25 juin 1277, requête au seigneur Ema au nom de Shijo Kingo)
Après la mort du Bouddha, pendant les deux mille ans des époques
du Dharma correct et du Dharma
formel, le terme "gohonzon de l'enseignement essentiel*"
ne fut jamais mentionné, et l'objet lui-même pouvait donc
d'autant moins être concrétisé. Personne n'avait
non plus la capacité de l'inscrire. Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* le perçurent dans leur coeur mais, pour une raison ou une autre,
ne le divulguèrent jamais, de même que Yen-houei comprit
le vrai sens de l'enseignement de Confucius mais le garda secret. Pourtant, le Sutra lui-même, aussi bien
que les commentaires de Zhiyi* et de Zhalan établissent clairement que le Gohonzon apparaîtra
dans la dernière période de cinq
cents ans de l'époque des Derniers
jours du Dharma,
un peu plus de deux mille ans après la mort du Bouddha. Actuellement,
nous sommes entrés depuis plus de deux cents ans dans l'époque
des Derniers jours du Dharma.
Comme il est prodigieux que Nichiren ait, le premier, inscrit ce grand mandala, levant ainsi l'étendard
de la propagation du Sutra du Lotus, alors même que de
Grands-maîtres comme Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* et Zhanlan* furent incapables de le faire ! Ce mandala n'est en rien une invention
de Nichiren. C'est l'objet de vénération qui dépeint
parfaitement le vénérable Shakyamuni et tous les autres
bouddhas dans la Tour aux Trésors,
aussi fidèlement que l'estampe correspond à la planche
à graver.
[...] Le Sutra
définit ce principe par la phrase : "Tous les phénomènes
révèlent la véritable réalité"(réf.) (shoho jisso). Zhanlan* déclare : "L'aspect réel est immanquablement
présent dans tous les phénomènes ; dans tous les
phénomènes sont immanquablement en jeu les dix
modalités d'expression de la vie (nyoze). Ces dix modalités
opèrent immanquablement dans les dix
mondes-états et les dix
mondes-états caractérisent immanquablement à
la fois le sujet et son environnement."(réf.) Zhiyi* déclare : "Le principe profond de l'"aspect réel"
est le Dharma originel de Myoho Renge Kyo." Le Grand-maître* Saicho* écrivit : "La réalité d'ichinen
sanzen est le Bouddha qui a obtenu l'Éveil par lui-même et ce Bouddha n'est doté d'aucun attribut
extraordinaire."(réf.) Par conséquent, ce Gohonzon est le mandala suprême
sans précédent, car pendant plus de deux mille deux cent
vingt ans après la mort du Bouddha, il ne fut jamais révélé.
[...] Un classique chinois relate l'histoire de
l'empereur des Han [Guangwudi]
qui crut si aveuglément le rapport de son aide de camp qu'il
trouva réellement la rivière gelée. Un autre récit
relate comment Liguang, désireux
de venger son père, perça d'une flèche un rocher
enfoui dans l'herbe. Les commentaires de Zhiyi* et de Zhanlan* indiquent très clairement que la foi est la base de toute chose.
Parce que l'empereur des Han ne douta
pas un seul instant du rapport de son subordonné, la rivière
gela. Et Liguang parvint à
percer un rocher de sa flèche tant il était persuadé
qu'il s'agissait là du tigre qui avait tué son père.
La foi bouddhique est encore plus puissante.
Le Véritable
Aspect du Gohonzon (Minobu,
23 août 1277, à Dame Nichinyo)
Parce que les êtres vivants ont des natures différentes
(...) j'enseigne différentes doctrines. Cela, [l'oeuvre du Bouddha]
je ne l'ai jamais négligé un seul instant (note)." Zhiyi* et Zhanlan* ont commenté ce passage.
[...] Quant à
l'enseignement dont je parle : après la mort de l'Ainsi-venu,
en Inde, pendant plus de mille cinq cents ans, elle était connue
par les vingt-quatre successeurs du
Bouddha - parmi lesquels Nagarjuna et Vasubandhu - mais ils ne
l'ont pas révélée. En Chine, pendant plus de mille
ans, la plupart des gens l'ignoraient ; seuls Zhiyi* même pour le Grand-maître* Saicho*.
[...] L'enseignement de Nichiren représente le troisième. Le
premier et le deuxième ont déjà été
évoqués, même si cela a toujours été
en termes aussi vagues que la description d'un rêve. Mais le troisième
n'a jamais été clairement énoncé. Zhiyi*,
Zhalan et Saicho* y ont fait allusion, mais sans le révéler pleinement.
Ils ont laissé ce soin à notre époque, celle des Derniers jours du Dharma.
[...] De plus, il
existe des différences selon les époques, celles du Dharma
correct, du Dharma formel et
des Derniers jours du Dharma ; et il y a encore une différence si l'on pratique shoju ou shakubuku. Il faut également
conserver en mémoire l'expression employée par Zhiyi*"
[aussi insolite qu'] un tigre sur la place du marché". (réf.)
Le troisième
enseignement (Minobu,
1er octobre 1277, à Toki Jonin)
Myoho
Renge Kyo est non seulement le coeur de tous les enseignements
sacrés exposés par Shakyamuni de son vivant, mais
aussi le coeur et le corps du Sutra du Lotus, l'enseignement
suprême. Pourtant, si merveilleux que soit cet enseignement,
pendant les plus de deux mille deux cent vingt ans qui se sont écoulés
depuis la disparition du Bouddha, personne ne l'a propagé. Les vingt-quatre successeurs du Bouddha
ne l'ont pas propagé en Inde, pas plus que Zhiyi* et Zhanlan* en Chine. Au Japon, ni le prince Shotoku ni le Grand-maître* Saicho* ne l'ont propagé. Par conséquent, quand je l'expose, les
gens refusent de le croire pensant qu'il s'agit d'un enseignement faux.
C'est bien compréhensible. Par exemple, si un simple soldat avait
prétendu avoir séduit Wang
Zhao-gun, personne ne l'aurait cru. Puisque Zhiyi* et Saicho*,
d'un rang aussi élevé que celui de ministre et d'aristocrate,
n'ont pas propagé Namu
Myoho Renge Kyo, le coeur du Sutra, comment, se
demandent les gens, un moine d'une position aussi basse que la mienne
pourrait-il le faire ? Vous l'ignorez
peut-être mais il faut bien savoir que les corbeaux, les oiseaux
les plus méprisés qui soient, peuvent annoncer des événements
heureux ou malheureux qui se produiront dans l'année, alors que
les aigles et les vautours en sont incapables. Un serpent est bien moins
imposant qu'un dragon ou un éléphant, mais il peut pressentir
une inondation sept jours à l'avance. Même si Nagarjuna et Zhiyi* avaient ignoré l'enseignement que je propage, s'il est clairement
énoncé dans des passages du Sutra, comment est-il
possible d'en douter ?
"Ainsi ai-je
entendu" (Minobu, 28 novembre
1277, à Soya Kyoshin)
Cent ans ou plus après l'introduction du Sutra du Lotus en Chine, le Grand-maître* Zhiyi* établit, dans le domaines des études doctrinales, la classification
des cinq périodes et
des quatre enseignements. Il réfuta les interprétations doctrinales avancées
par les lettrés pendant les plus de cinq
cents années précédentes, et, par sa pratique
de la méditation-samadhi,
s'éveilla à la vérité d'ichinen
sanzen, comprenant pour la première fois le principe du Sutra
du Lotus. L'école Sanron,
créée avant la naissance du Grand-maître* Zhiyi*,
et l'école Hosso, créée
après sa mort, enseignèrent toutes deux un principe des
huit mondes-états (note) mais ne mentionnèrent
jamais dix mondes-états.
Par conséquent, ces deux écoles ne pouvaient en aucune
manière établir le principe d'ichinen
sanzen. L'école Kegon eut ses débuts dans l'enseignement des différents maîtres
de la Chine du Nord et du Sud avant la venue de Zhiyi*.
Ces maîtres ont déclaré que le Sutra
Kegon* était supérieur au Sutra du Lotus, mais, à
l'époque, ils ne se désignaient pas eux-mêmes comme
l'école Kegon.Cette école, dans ses interprétations
doctrinales, établit les cinq
enseignements, et, pour sa pratique de la méditation, énonce
les principes des dix mystères et des six formes, Tous ces enseignements
semblent extrêmement impressionnants, et l'on pourrait penser
qu'avec eux Cheng-guan aurait pu réfuter les enseignements de Zhiyi*.
Mais, en fait, Cheng-guan se borna à emprunter le principe d'ichinen
sanzen énoncé
par Zhiyi*,
et à le définir comme la véritable intention contenue
dans le passage du Sutra Kegon* qui dit : "L'esprit est comparable à un peintre de talent."
Par conséquent, nous pourrions dire que l'école Kegon fut en réalité vaincue par Zhiyi*,
ou peut-être qu'elle fut coupable de voler le principe d'ichinen
sanzen. Cheng-guan, sans aucun doute, observait très
rigoureusement les préceptes.
Il ne transgressa jamais, si peu que ce soit, aucune des règles
du Mahayana ou du Hinayana.
[...] J'ai éprouvé
la plus grande méfiance à l'égard du raisonnement
qui sous-tend l'argumentation de Shubhakarasimha*.
Ce Savant-maître* Shubhakarasimha* déclare que le Sutra du Lotus et le Sutra Vairocana* sont
égaux en principe, mais que ce dernier est supérieur du
point de vue de la pratique. Il prend le principe d'ichinen
sanzen, que le Grand-maître* Zhiyi* fut le premier à formuler, et prétend le trouver dans
le Sutra Vairocana*, et,
à partir de là, déclare arbitrairement que les
deux sutras sont identiques.
[...] Or ce principe
d'ichinen sanzen, pour la
première fois défini par le Grand-maître* Zhiyi*,
est le père et la mère des bouddhas. Pourtant, à
peu près cent ans plus tard, Shubhakarasimha* vola ce principe, et affirma dans ses écrits que le Sutra Vairocana* et le Sutra du Lotus étaient égaux du point de vue
théorique et qu'ils avaient en commun un principe, celui d'ichinen
sanzen. Une personne
dotée de sagesse ou d'intelligence devrait-elle prêter
foi à une déclaration de ce genre ?
[...] Ceux qui
prétendent supérieur [au Sutra du Lotus] un texte qui
ne dit rien de la possibilité, pour les personnes des deux
véhicules, d'atteindre la bodhéité, uniquement
parce qu'il comporte des mudra et des mantra dharani*,
sont nécessairement des voleurs, du point de vue des principes,
et des hérétiques, du point de vue de la pratique - des
gens qui considèrent comme supérieur ce qui est inférieur.
Parce qu'il commit cette erreur, Shubhakarasimha* fut puni par Yama, le roi des enfers.
Par la suite, il s'en repentit, révéra le Grand-maître* Zhiyi* et eut foi dans le Sutra du Lotus ; et, de cette manière,
il évita le royaume du mal.
Lettre à
Shomitsu-bo (Minobu,
1277 à Shomitsu-bo)
Après la disparition du Bouddha, de Grands-maîtres et lettrés
[du bouddhisme] comme Mahakashyapa, Ananda, Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho* et Gishin*,
connaissaient cette doctrine, mais l'ont gardée en leur coeur
et ne l'ont pas propagée de manière explicite. Car le
Bouddha leur avait interdit de le faire en disant qu'après sa
disparition, ce Grand Dharma ne devra pas être divulgué
jusqu'au début de l'époque des Derniers
jours du Dharma.
Lettre à Misawa (Minobu,
le 23 février 1278 à Misawa)
Celui qui, en dépit de ces dissemblances, confond honmon avec shakumon, n'a pas plus de bon sens qu'une personne incapable de distinguer
le feu de l'eau. Le Bouddha a clairement établi cette séparation
mais, au cours de plus de deux mille ans écoulés depuis
sa disparition, personne, dans les Trois pays, ou ailleurs dans le monde,
n'a parfaitement compris la différence. Seuls les Grands-maîtres Zhiyi* en Chine et Saicho* au Japon ont plus ou moins tenu compte de cette distinction. Mais le
précepte de l'Éveil parfait
sans supérieur [par la pratique] du Sutra du Lotus [qui se trouve dans l'enseignement
essentiel* et non dans l'enseignement théorique*]
n'était pas encore révélé. Zhiyi* et Saicho* le connaissaient dans leur coeur mais ne le dévoilèrent
pas pour trois raisons : d'abord le temps propice n'était pas
encore venu ; ensuite, les gens n'avaient pas la capacité de le
comprendre ; enfin, ni l'un ni l'autre n'avaient reçu la mission
de le transmettre.
Le Grand-maître* Zhiyi*,
dans le Maka Shikan,
décrivit la méditation sur les dix
objets et les dix méditations,
mais personne après lui ne les a pratiquées. A l'époque
de Zhanlan* et de Saicho*,
certaines personnes les ont un peu pratiquées mais sans rencontrer
de grandes difficultés parce qu'elles n'ont pas suscité
d'adversaires puissants. Les trois
obstacles et les quatre démons mentionnés dans le Maka Shikan ne viennent pas faire obstacle à la pratique
des enseignements provisoires.
Mais maintenant tous, sans exception, apparaissent pour me barrer la
route. Ils sont encore plus redoutables que les trois
obstacles et les quatre démons auxquels Zhiyi*, Saicho* et d'autres furent confrontés. Il
y a deux manières de percevoir le principe d'ichinen
sanzen. L'une est théorique
et l'autre concrète. Ichinen
sanzen, comme l'enseignaient Zhiyi* et Saicho*,
était un principe théorique, mais ichinen
sanzen comme je l'enseigne
maintenant est un principe concret. Parce que la voie que je pratique
est supérieure, les difficultés qui l'accompagnent sont
plus grandes. Ichinen
sanzen, dans la pratique
de Zhiyi* et de Saicho*,
se rattache à l'enseignement
théorique* tandis qu'ichinen sanzen,
dans la pratique de Nichiren, fait partie de l'enseignement
essentiel*.
Le traitement
de la maladie (Minobu,
26 juin 1278 (ou 1282) à Toki Jonin)
Dans le huitième
volume du Hokke Mongu Ki*, Zhanlan* stipule qu'en n'expliquant que le Titre, le Hokke
Gengi de Zhiyi* traite en fait du Sutra tout entier. Il voulait dire par là que,
même si le texte était omis, l'ensemble du Sutra était
contenu dans son seul titre. Toute chose a un point essentiel, et le
cœur du Sutra du Lotus, c'est son titre : Namu Myoho Renge
Kyo. En vérité, si vous récitez ce titre matin
et soir, vous lisez correctement l'ensemble du Sutra du Lotus.
[...] Réciter
deux fois daimoku revient à
lire deux fois le Sutra tout entier ; réciter cent fois daimoku équivaut à lire cent fois le Sutra ; et réciter
mille fois daimoku équivaut
à lire mille fois le Sutra. Donc, réciter continuellement daimoku revient à lire
continuellement le Sutra du Lotus. Les soixante volumes (note) de Zhiyi* offrent exactement la même interprétation. Ce Dharma si
facile à recevoir et si facile à pratiquer a été
enseigné pour le bien de toute l'humanité à l'époque
mauvaise des Derniers jours du Dharma
La phrase
unique et essentielle (Minobu,
le 3 juillet 1278, à Myoho-ama)
Le Grand-maître* Zhiyi*,
[...] fit remarquer : "Les
autres sutras prédisent que les hommes peuvent parvenir à
la bodhéité mais pas les femmes. Seul ce Sutra prédit
que tous les êtres humains atteindront la bodhéité."(réf.)
Le sutra permettant
véritablement d'honorer sa dette (Minobu,
le 28 juillet 1278 à Sennichi-ama)
Plus les
racines sont profondes, plus luxuriantes sont les branches. Plus la
source est lointaine, plus le courant est long. Tous les sutras autres
que le Sutra du Lotus ont des racines peu profondes et leur
cours n'est pas long. Par contre, le Sutra du Lotus a des racines
profondes et une source lointaine. C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* affirma qu'il se perpétuerait jusqu'à l'époque
mauvaise des Derniers jours du Dharma,
et s'y propagerait encore.
[...] Le bodhisattva Nagarjuna, Zhiyi* et Saicho furent persécutés
en raison de leur foi bouddhique, mais aucune des persécutions
qu'ils subirent ne furent aussi graves que celles que décrit
le Sutra. C'est parce qu'ils naquirent avant l'époque où
le Sutra du Lotus devait se propager.
[...] Nous sommes
maintenant déjà entrés dans "la dernière
période de cinq cents ans", c'est-à-dire au début
de l'époque des Derniers jours
du Dharma.
C'est un moment comparable au soleil le quinzième jour du cinquième
mois [du calendrier lunaire], ou à la lune des moissons, le quinzième
jour du huitième mois. Zhiyi* et Saicho* sont nés trop tôt pour connaître ce moment et ceux
qui naîtront après regretteront d'avoir vécu trop
tard.
Plus la
source est lointaine, plus le courant est long (Minobu,
le 15 septembre 1278, à Shijo Kingo)
L'ouvrage
du Grand-maître* Zhiyi*,
intitulé Hokke Sanmai Sengi déclare : "Bâtissez
un autel respectable dans le temple et enchâssez y le Sutra
du Lotus. Il n’est pas besoin d’y présenter des
figures de bouddhas ni aucun autre sutra, ni d’enchâsser les
cendres du Bouddha Shakyamuni. Seul le Sutra du Lotus est nécessaire."
Questions
- réponses concernant l’objet de vénération (Minobu,
septembre 1278 à
Joken-bo)
Question : L'ouvrage de Zhiyi*,
intitulé Maka Shikan décrit le pratiquant marchant autour d’une statue du Bouddha Amida comme objet de vénération lorsqu’il pratique
la deuxième des quatre méditations (shishu-sanmai, chaturdhyana).
La traduction d'Amoghavajra* du Manuel Rituel au moyen de la Sagesse et du Discernement du Sutra
du Lotus déclare : "Le Bouddha Shakyamuni et le
Bouddha Taho sont les objets de vénération."
Pourquoi rejetez vous leurs opinions et maintenez vous que le Titre du Sutra du Lotus est l’objet de vénération ? Réponse : Cela n’est absolument pas fondé sur ma réflexion
personnelle. C’est fondé sur les enseignements du Sutra
du Lotus, mentionnés plus haut, et sur l’interprétation
de Zhiyi*.
Quant au point douteux selon lequel le bouddha Amida est l’objet de vénération lorsqu'on on pratique les quatre niveaux de méditation d’après le Maka Shikan, c’est parce que le
bouddha Amida est regardé
comme l’objet de vénération seulement quand on pratique
la joza-sanmai", "la méditation
active continuelle pendant une période de 90 jours", pendant
laquelle le pratiquant marche autour de la statue du bouddha Amida en invocant son nom (nembutsu)
et en se le remémorant (jogyo-sanmai),
et "la méditation sur la réalité" (higyo-hiza-sanmai)
dans une posture non spécifiée pour une période de
temps non spécifiée. Ce sont trois des quatre niveaux de méditation concentrée (samadhi) de l’école Tendai.
[...] Comme on peut l’observer d’après l’interprétation
des sutras mentionnés ci-dessus, cela n’est pas basé
sur mon opinion personnelle et arbitraire. Le Bouddha Shakyamuni et le
Grand-maître* Zhiyi* tenaient le Sutra du Lotus comme leur objet de culte. Bien que
je sois apparu dans ce monde après eux, moi aussi, j’ai choisi
le Sutra du Lotus comme objet de culte.
[...] Les Japonais peuvent bien
lire avec leurs lèvres que le Sutra du Lotus est le premier,
mais, dans leur esprit, il occupe la seconde ou la troisième place
et ils l’exprimeront ainsi par les mots et par leurs corps. Personne
ne mentionnera le Sutra du Lotus comme le sutra suprême
et ne le traitera comme tel par les paroles, le corps et la pensée.
Seul le Grand-maître* Zhiyi* le fit.
[...] Cela fait
environ 2 200 ans depuis que le Bouddha Shakyamuni a prêché,
mais pas une seule personne dans ce monde n’a diffusé ce Gohonzon et les enseignements
du Bouddha Shakyamuni. Le Grand-maître* Zhiyi*,
de Chine, et le Grand-maître* Saicho*,
du Japon, sont au courant de ce Gohonzon,
mais il n’ont fait aucun effort pour le diffuser.
Questions
- réponses concernant l’objet de vénération (Minobu,
septembre 1278 à
Joken-bo)
Et dans
le Maka Shikan de Zhiyi* il est dit : "Les désirs terrestres conduisent à
la bodhéité (bonno soku bodai) ; les souffrances
de la naissance et de la mort conduisent au nirvana (shoji soku
nehan)."
L'octroi d'un nouveau
domaine (Minobu,
octobre 1278, à Shijo Kingo)
Il fallut au Bouddha un peu plus de quarante ans pour réaliser
la tâche qu'il avait à accomplir en ce monde ; il fallut
à Zhiyi* environ trente ans et à Saicho* quelque vingt ans. J'ai souvent mentionné les indescriptibles
persécutions qu'ils subirent pendant ces années. Pour
moi, il a fallu vingt-sept ans, et les persécutions dont j'ai
été l'objet pendant cette période sont bien connues
de vous.
[...] Dans les
deux mille ans et plus qui s'écoulèrent "après
sa mort", personne, pas même Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* ou Saicho*,
ne subit aucune des persécutions, encore plus grandes, qui étaient
prédites. Ils furent indéniablement des pratiquants du Sutra du Lotus, mais puisque tel est le cas, d'où
vient qu'aucun d'eux ne versa la moindre goutte de sang, à l'instar
du Bouddha, ou n'endura des épreuves encore plus grandes ? Les prédictions du Sutra pourraient-elles être
fausses et les paroles du Bouddha, de grands mensonges ?
[...] Je ne sais pas si ces
épreuves égalent ou surpassent celles du Bouddha. Ce que Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* et Saicho eurent à subir
n'est rien comparé à cela. Sans la venue de Nichiren dans
les Derniers jours du Dharma,
le Bouddha aurait été un grand menteur et les témoignages
apportés par Taho et tous
les autres bouddhas auraient été faux. Dans les 2230 et
quelques années écoulées depuis la mort du Bouddha
Shakyamuni, Nichiren est la seule personne, dans le monde entier, à
accomplir sa prophétie.
Sur les persécutions
subies par le Bouddha (Minobu,
le 1 février ou 1er octobre 1279 Shijo Kingo)
Même si les croyants des enseignements
provisoires répètent à l'envi que l'on peut
atteindre l'Éveil grâce aux enseignements
antérieurs au Sutra du Lotus, il est aussi facile
de réfuter leurs affirmations que de briser mille poteries avec
un seul marteau. [Zhiyi* déclare : ] "La pratique du Sutra du Lotus est shakubuku,
la réfutation des enseignements
provisoires."(réf.) Le Sutra du Lotus est, en vérité, de tous les
enseignements le plus profond et le plus ésotérique.
[...] [Nous savons
que] le bodhisattva Fukyo fut attaqué
à coups de cannes, comme il est dit dans le Sutra : "Ils
le frapperont à coups de cannes et de bâtons, et lui jetteront
des pierres et des tuiles." Mais il ne connut pas la persécution
par le sabre. Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho* et d'autres n'ont pas connu cela, [en accord avec la phrase : ] "Il
sera épargné par le sabre et le bâton."(réf.)
La persécution
par le sabre et le bâton (Minobu,
20 avril 1279 à Nanjo Tokimitsu)
Les quatre
rangs de saints aux époques du Dharma
correct et du Dharma formel ne
l'ont pas même mentionné, parce que c'est le bodhisattva Jogyo qui doit apparaître
pour l'établir, dans la première période de cinq
cents ans de l'époque des Derniers
jours du Dharma. Nagarjuna et Vasubandhu le connaissaient dans leur coeur mais ne le révélèrent
pas aux autres. Le Grand-maître* Zhiyi* en avait connaissance, mais, parce qu'il était un bodhisattva
des enseignements théoriques, il ne l'enseigna qu'en partie,
sans en révéler la véritable signification.
[...] Le moment est maintenant venu. C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi*,
qui aurait souhaité vivre à cette époque des Derniers
jours du Dharma,
disait dans le Hokke Mongu* : "Au cours de la cinquième
période de cinq cents ans, le Dharma Merveilleux se répandra et apportera ses bienfaits pour longtemps
à l'avenir."(réf.)
[...] D'un point
de vue profane, moi, Nichiren, je suis l'être le plus misérable
du Japon, mais à la lumière du bouddhisme, je suis la
personne la plus fortunée du monde. Cela est dû au temps.
Et, en le comprenant, je suis empli d'une telle joie que et ne peux
retenir mes larmes. Il m'est impossible de m'acquitter de ma dette de
reconnaissance envers Shakyamuni. Même les vingt-quatre
successeurs de Shakyamuni me semblent avoir moins de chance que
moi, et les bienfaits obtenus par Zhiyi* et Saicho* me paraissent inférieurs aux miens. Car maintenant, le temps
est venu d'établir l'objet de vénération représentant
les quatre bodhisattvas.
Sur l'établissement
des Quatre Bodhisattvas (Minobu,
17 mai 1279 à Toki Jonin)
L'autre
point de vue consiste à penser que, même si le Sutra
du Lotus diffère des autres sutras puisqu'il dépasse
les enseignements provisoires, ce qui n'est pas le cas des autres,
tous représentent l'enseignement
parfait*.
C'est une interprétation qui se fonde sur l'enseignement
théorique*.
Mais selon l'enseignement essentiel*,
les divers autres sutras correspondent aux cinq saveurs, alors que le Sutra du Lotus est le souverain des cinq saveurs. Zhiyi* et Zhanlan* abordèrent ce point dans leurs écrits, mais ils ne l'expliquèrent
pas clairement. C'est pourquoi seuls quelques maîtres en furent
conscients.
Le roi Rinda (Minobu,
le 17 août 1279 à Soya Doso, fils de Soya Kyoshin)
Le nom de
toute chose est important. C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* plaçait la "désignation" en tête des cinq
principes majeurs. M'être moi-même donné le nom
de Nichiren (Soleil-Lotus) signifie que j'ai atteint l'Éveil par moi-même.
Lettre
à Jakunichi-bo (Minobu,
16 septembre 1279, à Jakunichi-bo Nikke)
Plus
de mille cinq cents ans après la mort du Bouddha, vivait en
Chine un certain Shen-Shen. Il était prédit que cet
homme mourrait à l'âge de cinquante ans, mais en suivant
les préceptes du Grand-Maître Zhiyi*,
il put prolonger sa vie de quinze ans, et vécut jusqu'à
soixante-cinq ans.
Où qu'il se trouve, dans les montagnes, ou sur
la mer, dans le ciel ou dans les villes, l'homme ne peut échapper
à la mort. Toutefois, un passage tiré d'un des sutras
explique que l'on peut transformer même un karma fixe. Selon l'interprétation de Zhiyi*,
ce passage signifie que l'on peut prolonger la durée de sa vie.(réf.)
Sur la possibilité
de prolonger sa vie (Minobu,
1279 à Myojo, femme de Toki Jonin)
Le Grand-maître* Jizang écrivit le Hokke genron* en dix volumes, et aurait dû pour cela tomber dans l'enfer avici. Mais il abandonna ses interprétations
personnelles du Sutra du Lotus et servit le Grand-maître* Zhiyi*,
si bien qu'il échappa ainsi aux souffrances de l'enfer.
Lettre à
Akimoto (Minobu,
le 27 janvier 1280, à Akimo to)
Nombreux
sont ceux qui ont exposé les différents enseignements
de Shakyamuni, mais jusqu'à présent personne, pas même Zhiyi* ou Saicho*,
n'a enseigné le plus important de tous. Il devait en être
ainsi, car cet enseignement n'apparaît et ne se répand
qu'avec l'avènement du bodhisattva Jogyo pendant les premiers cinq cents ans des Derniers jours du Dharma.
Lettre à Niike (Minobu,
février 1280 à Niike Saemon no jo)
Voilà le sens de ce passage du Sutra du Lotus et des
commentaires de Zhiyi* et de Zhanlan* : recevoir et garder, protéger et croire, ne serait-ce qu'une
strophe du Sutra du Lotus, est encore plus bénéfique
que de faire des dons à tous les êtres vivants, des offrandes aux arhats, ou même d'offrir
à tous les bouddhas assez des Sept
sortes de trésors pour emplir la totalité d'un système
majeur de mondes.
[...] Au cours
des plus de 2200 ans écoulés depuis la disparition du
Bouddha, personne n'a encore totalement exposé et propagé
l'enseignement du Sutra du Lotus, exactement tel qu'il est
énoncé dans le Sutra. Cela ne veut pas dire que Zhiyi* et Saicho* en ignoraient la véritable signification. Mais parce que le temps
propice n'était pas encore venu, et parce que les capacités
des gens n'étaient pas adéquates, ils sont morts sans
avoir tout élucidé par écrit.
[...] Zhiyi* a affirmé "... la personne est de moins d'importance que
le Dharma qui est suprême."
La bonne fortune
inégalée (Minobu,
1l mai 1280, au seigneur Nishiyama)
Après
la disparition du Bouddha, trois personnes seulement ont véritablement
lu ce passage du Sutra du Lotus. Le bodhisattva Nagarjuna,
en Inde, dit dans son Daichido Ron* : "Le Sutra du Lotus est comme un grand
médecin qui change le poison
en remède". (note) C'est de cette manière qu'il expliqua le sens du passage "le
plus difficile à croire, le plus difficile à comprendre".
En Chine, le Grand-maître* Zhiyi* interpréta cette phrase en la replaçant dans son contexte
: "De tous ceux que j'ai enseignés, que j'enseigne et que
j'enseignerai le Sutra du Lotus est le plus difficile à
croire et le plus difficile à comprendre."(réf.)
Comparaison
du Sutra du Lotus avec les autres sutras (Minobu,
le 26 mai 1280 à Toki Jonin)
Le mot Namu exprime
un sentiment de respect et de vénération. C'est pourquoi
le vénérable Ananda plaça namu au-dessus des deux caractères de nyoze [dans
la phrase nyoze gamon, "Ainsi
ai-je entendu"] qu'il écrivit au début de tous
les sutras. Le Grand-maître* Huisi employa les mots Namu
Myoho Renge Kyo, et le Grand-maître* Zhiyi* les mots keishu Namu Myoho Renge
Kyo.
[...]
Le très sage Grand-maître* Zhiyi* commenta les cinq caractères de Myoho Renge Kyo dans les mille
pages de son Hokke
Gengi en dix volumes. Le point central de cet ouvrage
est le suivant : les quatre-vingt, soixante, ou quarante volumes du Sutra
Kegon* ; les quelques centaines de volumes des sutras Agama* ; les nombreux volumes du Sutra
Dajuku hodo ; les quarante ou six cents volumes du Sutra
Daibon hannya ; les quarante ou trente-six volumes du Sutra
du Nirvana, ainsi que les innombrables sutras en Inde, dans
les palais des Rois-dragons,
dans les cieux et dans les mondes des dix
directions, aussi nombreux que tous les grains de poussière
de la terre - tous ces sutras sont les serviteurs et les seconds du
seul caractère Kyo (sutra) de Myoho Renge Kyo. De plus, le Grand-maître* Zhanlan* écrivit des commentaires en dix volumes intitulés Hokke
gengi shakusen. Dans cet ouvrage, il déclara que tous
les sutras introduits en Chine après l'époque de Zhiyi* - y compris les sutras portant l'appellation de "nouvelles
traductions" - étaient tous des serviteurs et des seconds
du Sutra du Lotus.
Chevaux blancs et
cygnes blancs (Minobu,
14 août.1280, à la dame d'Utsubusa)
Sans préjuger
de ma sagesse, parce que ma fidélité au Sutra du Lotus m'a valu de subir persécutions et blessures, je surpasse même
le Grand-maître* Zhiyi* de Chine et le Grand-maître* Saicho* du Japon. C'est le temps [l'époque des Derniers
jours du Dharma]
qui l'a voulu ainsi. Si je suis bien le Pratiquant du Sutra du Lotus, alors Shakyamuni, qui enseigna la doctrine
au Pic du Vautour, le bouddha Taho, du Monde du trésor
de pureté, les bouddhas des dix
directions, émanations de Shakyamuni, les grands
bodhisattvas de l'enseignement essentiel et de l'enseignement
théorique, Bonten, Taishaku, les rois
dragons et les dix Filles-démones,
tous sont très certainement présents en ce lieu.
Réponse au
seigneur Shijo Kingo (Minobu,
le 8 octobre 1280 à Shijo Kingo)
Le Hokke Mongu,
dans son neuvième chapitre, interprète ce passage de la
manière suivante : "Hi : «caché», signifie
la vérité selon laquelle un
Corps est égal aux Trois Corps. Mitsu : «mystère»
signifie la vérité selon laquelle les Trois Corps sont égaux au Corps unique. Aussi, moi [Zhiyi*]
j’appelle hi ce qui n’a pas été révélé
depuis l’éternité, et j’appelle mitsu ce que
le Bouddha seul est capable de savoir. Le Bouddha dans les trois
phases de la vie est égal aux Trois Corps - et cette vérité, il l’a gardée
cachée et ne l’a révélée dans aucune
autre écriture."
[...] Le Titre Sacré (Daimoku)
est de deux sortes : le Titre Sacré des périodes du Dharma
correct et du Dharma formel,
et celui des Derniers jours du Dharma. Vasubundhu et Nagarjuna avaient l’habitude de réciter le Texte Sacré,
mais leur récitation du mantra n’allait pas plus loin qu’une
pratique personnelle ascétique. A la période du Dharma
formel, Huisi, Zhiyi* et les autres récitaient aussi le Titre sacré, mais cela
également était simplement fait comme une pratique ascétique
personnelle, et n’était pas enseigné pour le bénéfice
des autres. C’était le Titre Sacré compris comme
un concept à méditer.
Trois
grands Dharmas cachés (Minobu, le 27 ? avril 1281
à Ota Kingo)
Ensuite,
à l'époque du Dharma formel, sous les dynasties Chen et Shui, apparut un novice du nom de Zhiyi* qui fut appelé plus tard le Grand-maître* du Tiantai. Il formula de nombreux enseignements mais le point le plus important,
en définitive, fut qu'il établit un ordre de supériorité
relative entre le Sutra du Lotus, le Sutra
du Nirvana et le Sutra
Kegon*. Ce moine, Zhiyi*,
déclara que les maîtres bouddhistes inversaient totalement
l'ordre de priorité. Le souverain de la dynastie Chen,
pour clarifier ce point, convoqua un groupe de plus de cent personnes
parmi lesquelles les maîtres les plus éminents des dix
écoles de la Chine du Nord et du Sud : l'administrateur des moines Huiheng, le supérieur
des moines Huiguang, Hua-rong,
le Maître du Dharma Fasui et d'autres, pour débattre avec le Grand-maître* Zhiyi*.
[...] Essentiellement,
cette école enseigne que pour certaines personnes les trois
véhicules ne sont qu'un moyen provisoire et le Véhicule
unique représente l'enseignement
véritable et définitif,
tandis que pour d'autres le Véhicule unique est un moyen provisoire
et les trois véhicules constituent l'enseignement véritable et définitif (note).
Cette école enseigne aussi que les cinq
natures sont totalement distinctes les unes des autres et que certains
êtres sont naturellement prédestinés à certains
états de vie ou sont dépourvus par nature de la graine
de la bodhéité et ne pourront jamais atteindre l'Éveil. De tels
principes étaient aussi différents de ceux de l'école
de Zhiyi* que le feu de l'eau. Mais à cette époque-là, les
Grands-maîtres Zhiyi* et Guanding* n'étaient plus de ce monde et leurs successeurs n'étaient
pas de taille à réfuter les principes erronés.
L'école Tendai semblait
donc déjà vaincue. Plus tard,
sous le règne de l'impératrice Zetian,
l'école Kegon fut fondée
en Chine. On abandonna la traduction du Sutra
Kegon* en soixante volumes (note),
que le Grand-maître* Zhiyi* avait critiquée, et désormais l'école s'appuya
sur une nouvelle traduction du Sutra
Kegon en 80 volumes, introduite par le Maître
du tripitaka Jih-chao.
[...] Par la suite,
le Grand-maître* Zhanlan* réfuta les principes introduits par les écoles Hosso, Kegon et Shingon,
ce que n'avait évidemment pas pu faire le Grand-maître* Zhiyi.
Mais ces réfutations ne furent pas prononcées au cours
de débats publics, comme ce fut le cas avec le Grand-maître* Zhiyi*.
Ainsi, le Sutra du Lotus devint comparable à une pièce
de tissu de soie précieuse portée par une nuit obscure,
tandis que les mudra et les mantra
dharani*,
dont il n'est nulle part question dans le Sutra du Lotus, s'étalaient,
bien visibles aux yeux de tous. C'est pourquoi chacun s'accorda à
reconnaître la supériorité de l'école Shingon.
[...] Le grand
maitre Zhiyi* déclara : "Dans le Sutra du Lotus même,
on lit que "parmi tous les sutras, celui-ci tient la place la plus
élevée."(réf.) Le Bouddha
Shakyamuni dit aussi : "Parmi tous les sutras que j'ai enseigné,
que j'enseigne et que j'enseignerai, le Sutra du Lotus est
le plus difficile à croire et le plus difficile à comprendre."(réf.)
Le corps et
l'esprit des simples mortels (Minobu,à un disciple)
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