Lettre à Niike
Lettres
et traités de Nichiren Daishonin. ACEP vol. 1, p. 283 ; SG* p. 1036. |
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Quel bonheur d'être né à l'époque des Derniers jours du Dharma et de participer à la propagation du véritable bouddhisme ! Comme ils sont à plaindre ceux qui, bien que vivant à la même époque, ne parviennent pas à avoir foi dans le Sutra du Lotus ! Né en tant qu'être humain, on ne peut échapper à l'impermanence. Dès lors pourquoi ne pas s'efforcer de pratiquer pour préparer l'existence future ? En observant attentivement les conditions de ce monde, on constate que même lorsqu'ils proclament leur foi dans le Sutra du Lotus, les rouleaux des sutras à la main, ceux dont les actes s'opposent au coeur de ce sutra ont du mal à échapper aux mauvaises voies. Ainsi, l'homme est doté de cinq organes vitaux. Qu'un seul d'entre eux fonctionne mal, il entraînera la maladie de tous les autres, parfois jusqu'à causer la mort. Le Grand-maître* Saicho* a écrit : "Même en faisant l'éloge du Sutra du Lotus, on peut en détruire le coeur."(réf.) Il voulait dire que même en gardant, en lisant et en faisant l'éloge du Sutra du Lotus, si l'on en trahit le coeur, c'est comme si l'on tuait, non seulement le révéré Shakyamuni, mais tous les bouddhas de l'univers. Quand bien même l'amoncellement de notre mauvais karma et des diverses fautes commises en ce monde s'élèverait aussi haut que le Mont Sumeru, si nous avons foi en ce sutra, tout cela disparaîtra comme du givre ou comme de la rosée sous le soleil du Sutra du Lotus. Par contre, si l'on commet ne serait-ce qu'un ou deux des quatorze actes d'opposition au Dharma tels qu'ils sont énoncés dans ce sutra, c'est une offense presque impossible à expier. Tuer un seul bouddha serait un crime infiniment plus grave que la destruction de tous les êtres vivants de l'univers, et violer l'esprit de ce sutra équivaut à commettre la faute de détruire tous les bouddhas. La personne qui commet l'une de ces quatorze offenses s'oppose au Dharma. L'enfer est une effroyable demeure en flammes et l'avidité un état misérable dans lequel les esprits affamés dévorent leurs propres enfants. Le monde-état d'asura est une guerre perpétuelle et l'animalité consiste à s'entretuer. L'enfer du lotus rouge est ainsi dénommé parce qu'il y règne un froid si intense que le corps se recroqueville et que la peau du dos, en se fendant, laisse apparaître la chair sanglante comme une fleur de lotus cramoisie. Et il y a des enfers encore plus horribles. A celui qui est tombé dans ces états infernaux, même un trône de roi ou un titre de général ne sert plus à rien. Torturé par les gardiens de l'enfer, il n'est ni plus ni moins qu'un singe au bout d'une ficelle. De quelle utilité pourraient lui être encore la renommée ou la fortune ? Comment pourrait-il conserver son arrogance et son attachement à des vues limitées ? Prenez le temps d'y réfléchir ! Comme elle est mystérieuse la volonté de faire, ne serait-ce qu'une fois, une offrande au moine qui connaît le coeur du Sutra du Lotus ! Celui qui fait une telle offrande, ne serait-ce qu'une fois, ne s'égarera jamais dans les mauvaises voies. A plus forte raison, si l'on renouvelle cette offrande dix fois, vingt fois, pendant cinq ans, dix ans, ou tout au long de sa vie, les bienfaits seront bien plus grands. Même la sagesse du Bouddha est incapable de les évaluer. Un seul don au Pratiquant du Sutra du Lotus entraîne des bienfaits cent mille myriades de fois plus importants que ceux que l'on pourrait obtenir en offrant d'innombrables trésors au Bouddha Shakyamuni pendant plus de huit milliards de kalpa. C'est ce que le Bouddha enseigne. Lorsque l'on a foi en ce Sutra, on déborde d'un tel bonheur qu'on en pleure des larmes de joie. Il semble impossible d'exprimer toute la reconnaissance que l'on ressent envers Shakyamuni ; mais par les dons que vous me faites fréquemment parvenir au fin fond de ces montagnes vous vous acquittez de la reconnaissance que suscite en vous la bienveillance du Sutra du Lotus et du Bouddha Shakyamuni. Fortifiez toujours plus votre foi et ne cédez jamais à la négligence. Au début, tous ceux qui rencontrent ce sutra semblent avoir une croyance sincère, mais à mi-chemin, cette croyance s'affaiblit ; ils ne respectent plus le moine, cessent de lui faire des dons, tombent dans l'arrogance et se forgent des conceptions erronées. Rien n'est plus effrayant ! Efforcez-vous d'approfondir votre foi jusqu'à votre dernier instant. Sinon, vous éprouverez des regrets. Ainsi, il faut douze jours pour aller de Kamakura à Kyoto. Si, ayant marché pendant onze jours, vous vous arrêtez au matin du dernier jour, comment pourrez-vous admirer le clair de lune sur la capitale ? Quoi qu'il advienne, restez toujours proche du moine qui connaît le coeur de ce sutra, continuez à recevoir de lui l'enseignement correct et poursuivez pas à pas votre voyage dans la foi. Avec quelle rapidité les jours s'enfuient ! En les voyant ainsi passer, nous comprenons la brièveté des moments qu'il nous reste à vivre. Les amis avec qui nous goûtions, par les matinées de printemps, la joie d'admirer les cerisiers en fleur, ne sont plus. Ils ont été emportés comme des pétales par les vents de l'impermanence, ne laissant derrière eux que leurs noms. Même si les fleurs se sont éparpillées, au printemps prochain, les cerisiers refleuriront. Mais quand et dans quel monde renaîtront les êtres disparus ? Nous n'en savons rien. Les compagnons avec qui nous écrivions, par les soirées d'automne, des poèmes inspirés par la lune, ont disparu, comme la lune, derrière les nuages de l'impermanence. Leur image demeure en nous mais elle reste muette. La lune s'est couchée derrière les montagnes à l'ouest et pourtant nous composerons à nouveau des poèmes avec elle à l'automne prochain. Mais où sont nos compagnons disparus ? Même quand le tigre de l'impermanence vient feuler à nos oreilles, nous ne l'entendons pas. Combien reste-t-il encore de jours à vivre au mouton sur le chemin de l'abattoir ? Au coeur des Montagnes neigeuses [Himalaya] vit un oiseau appelé Kankucho. Torturé par le froid cruel, il jure qu'à l'aube il construira un nid. Mais le jour levé, il dort pendant des heures dans la chaude lumière du matin, en oubliant sa promesse. Ainsi continue-t-il à gémir en vain toute sa vie. Il en va de même pour les êtres humains. Une fois tombés en enfer, suffoquant au milieu des flammes, ils n'ont d'autre souhait que de renaître en tant qu'êtres humains et font voeu de tout rejeter pour ne servir que les Trois trésors afin d'atteindre l'Éveil dans leur vie prochaine. Mais s'ils ont la rare chance de renaître sous forme humaine, sous le souffle violent des vents de la renommée et de la fortune, la lampe de la pratique bouddhique est facilement éteinte. Ils gaspillent sans hésiter leur richesse pour des choses futiles mais répugnent à faire la plus infime offrande au Bouddha, au Dharma et au Sangha. C'est extrêmement grave, car ils sont alors dominés par des messagers de l'enfer. C'est ce qu'illustre le proverbe "A faire peu de bien, on fait beaucoup de mal". De plus, parce que le pays est peuplé de gens qui s'opposent au Dharma, les divinités qui devraient les protéger, ayant soif du Dharma, abandonnent leurs sanctuaires et regagnent les cieux. Les sanctuaires désertés sont alors occupés par des démons qui égarent les croyants. Le Bouddha, ayant fini d'enseigner, s'en est retourné sur la Terre de la lumière éternellement paisible. Temples et sanctuaires abandonnés sont devenus le gîte des démons. Ces bâtiments imposants, construits aux frais de l'État, se dressent les uns à côté des autres, et pourtant le peuple souffre. Ce ne sont pas seulement mes propres mots, c'est ce que disent les sutras. Aussi devriez-vous y réfléchir. Ni les bouddhas, ni les divinités n'accepteraient jamais d'offrandes de ceux qui offensent le Dharma. Comment, alors, de simples êtres humains comme nous pourraient-ils les accepter ? La déité du sanctuaire Kasuga fit savoir par un oracle qu'elle n'accepterait rien de ceux dont le coeur est impur, même si elle devait manger des flammes de cuivre brulant ; qu'elle refuserait de pénétrer dans leur maison, même si elle devait s'asseoir sur du cuivre chauffé au rouge ; qu'elle préférerait plutôt descendre dans une hutte misérable dont l'entrée est barrée par les mauvaises herbes, ou dans une pauvre cabane au toit de chaume. Elle déclara qu'elle ne rendrait jamais visite aux infidèles, même s'ils décoraient leurs maisons de guirlandes sacrées pendant mille jours pour lui souhaiter la bienvenue, mais qu'elle se rendrait dans toute maison habitée par des gens qui croient sincèrement, sans se préoccuper de ceux que leur malheur a fait fuir. Déplorant que le pays soit dominé par des personnes qui offensent le Dharma, les divinités l'ont abandonné et sont remontées au Ciel. "Ceux dont le coeur est impur" sont ceux qui refusent d'adhérer au Sutra du Lotus, ainsi qu'il est dit dans le cinquième volume de ce Sutra. Si les divinités elles-mêmes considèrent les dons de ceux qui offensent le Dharma comme "des flammes de cuivre brulant", comment nous, simples mortels, pourrions-nous nous en satisfaire ? Si quelqu'un tuait nos parents, et essayait ensuite de nous offrir un quelconque cadeau, comment pourrions-nous l'accepter ? Même des sages et des saints ne pourront éviter l'enfer avici s'ils acceptent des offrandes de ceux qui offensent le Dharma.Vous ne devriez pas davantage vous associer à eux, car ce faisant, vous deviendriez aussi coupables qu'eux. Vous devriez redouter cela plus que tout. Shakyamuni est le souverain, maître et parent de tous les autres bouddhas, de toutes les divinités, de l'assemblée de tous les êtres humains et célestes, et de tous les êtres sensitifs. Quelle divinité pourrait se réjouir si Shakyamuni était tué ? De nos jours, tous les habitants de ce pays se sont révélés les ennemis de Shakyamuni, mais les pires ennemis du Bouddha ne sont pas les laïcs, hommes et femmes, ce sont les moines à la compréhension faussée. Il y a deux types de compréhension, exacte et dénaturée. Si savante qu'une personne puisse paraître, si ses idées sont faussées, vous ne devez pas l'écouter. Vous ne devriez pas davantage suivre des moines simplement parce qu'ils sont vénérés ou de haut rang. Mais une personne qui a la sagesse de comprendre l'esprit du Sutra du Lotus, de si modeste condition qu'elle soit en apparence, vous devriez la vénérer et la servir comme un bouddha vivant. C'est ce que dit le sutra. C'est pourquoi le Grand-maître* Saicho* dit que les laïcs, hommes et femmes, qui croient en ce Sutra, même s'ils manquent de connaissances ou transgressent les préceptes, doivent avoir la préséance sur les moines du Hinayana qui observent strictement chacun des deux cent cinquante préceptes. Les moines de ce Sutra mahayana doivent par conséquent être placés encore plus haut. Ryokan, du temple Gokuraku-ji, passe pour un bouddha vivant, mais les hommes et femmes qui croient au Sutra du Lotus devraient être placés bien au-dessus de lui. Il semble tout à fait extraordinaire que ce Ryokan, qui observe les deux cent cinquante préceptes, enrage et fulmine dès qu'il voit Nichiren ou qu'il entend parler de lui. On pourrait croire ce sage possédé par un démon. Il est comme une personne habituellement d'humeur égale qui, une fois ivre, révèle un côté malfaisant et crée du désordre. Le Bouddha enseigna que quiconque ferait des dons à Mahakashyapa, Shariputra, Maudgalyayana et Subhuti, qui ne connaissaient pas encore le Sutra du Lotus, tomberait pour cela dans les trois mauvaises voies. Il déclara que ces Quatre grands disciples étaient plus vils que des chiens sauvages ou des chacals. Ils respectaient rigoureusement les Deux cent cinquante prescriptions bouddhiques, et leur observance des Trois mille caractéristiques était aussi parfaite que la lune au temps des moissons. Mais jusqu'à ce qu'ils adhèrent au Sutra du Lotus, ils n'étaient encore que des chiens sauvages aux yeux du Bouddha. Comparés à eux, nos moines actuels sont d'une bassesse qui défie toute description. Les moines des temples Kencho-ji et Engaku-ji (note) violent les préceptes d'une conduite correcte de manière aussi flagrante qu'une montagne qui s'effondre et se change en gravats. Ils se comportent de manière aussi licencieuse que des singes. Il est absolument vain d'espérer le salut dans la vie prochaine en faisant des dons à des moines de cette sorte. Il est indubitable que les divinités protectrices ont abandonné notre pays. Dans un lointain passé, les divinités, bodhisattva et auditeurs-shravakas, en présence de Shakyamuni, firent solennellement serment, si un pays était hostile au Sutra du Lotus, de susciter grêle et gelées en été pour conduire le pays à la famine, ou d'envoyer des parasites dévorer les récoltes ; de provoquer sécheresse ou inondations pour ruiner les champs et les fermes ; de créer des typhons qui emporteraient les hommes ; ou de se transformer en démons pour les tourmenter. Le bodhisattva Hachiman était parmi ceux qui firent ce serment. Ne craint-il pas de violer l'engagement qu'il a pris au Pic du Vautour ? S'il violait sa promesse, il serait certainement condamné à l'enfer avici, perspective effroyable et terrible. Jusqu'à ce que l'Envoyé du Bouddha apparaisse réellement pour prêcher le Sutra du Lotus, les souverains du pays ne lui furent pas hostiles, car ils révéraient également tous les sutras. Mais, maintenant que je propage le Sutra du Lotus en tant qu'Envoyé du Bouddha, chacun, du souverain jusqu'au plus humble sujet, commet l'acte d'opposition. Jusqu'à présent, Hachiman a tout fait pour empêcher que l'hostilité envers le Sutra du Lotus ne se répande parmi les Japonais, répugnant à les abandonner autant que des parents contraints d'abandonner leur enfant unique. Mais maintenant, de peur de violer le serment fait au Pic du Vautour, il a rasé son temple pour remonter au Ciel. Malgré tout, s'il se trouve un pratiquant du Sutra du Lotus prêt à donner sa vie pour le sutra, Hachiman le protégera. Mais puisque Tensho Daijin* et Hachiman s'en sont allés, comment les autres divinités pourraient-elles demeurer dans leurs temples ? Même si elles n'avaient aucune envie de partir, comment pourraient-elles rester un jour de plus quand je leur reproche de ne pas tenir leur promesse ? Un homme peut voler et vivre sans problème où il le veut, tant que personne ne le sait. Mais s'il est accusé publiquement d'être un voleur par quelqu'un qui le connaît, il est forcé de fuir immédiatement. De la même manière, parce que j'ai connaissance de leur serment, les divinités sont forcées d'abandonner leurs temples. Contrairement à ce que croit le peuple cette terre est désormais habitée par des démons. Comme c'est pitoyable ! Nombreux sont ceux qui ont exposé les différents enseignements de Shakyamuni, mais jusqu'à présent personne, pas même Zhiyi* ou Saicho*, n'a enseigné le plus important de tous. Il devait en être ainsi, car cet enseignement n'apparaît et ne se répand qu'avec l'avènement du bodhisattva Jogyo pendant les premiers cinq cents ans des Derniers jours du Dharma. Quoi qu'il arrive, gardez toujours une foi inébranlable dans le Sutra du Lotus. Alors, aux derniers instants de votre vie, vous serez accueilli par mille bouddhas qui vous emmèneront sans tarder au paradis du Pic du Vautour, où vous vivrez dans le véritable bonheur du Dharma. Si votre foi faiblit, et si vous n'obtenez pas la bodhéité en cette vie*, ne m'en faites pas reproche. Car si vous me le reprochiez, vous seriez comme le patient qui refuse de prendre le remède que son médecin lui prescrit, qui prend un mauvais médicament à la place et qui, sans jamais penser que l'erreur lui est imputable, lorsqu'il ne guérit pas, en rejette la responsabilité sur le médecin. La foi en ce Sutra signifie que vous atteindrez à coup sûr la bodhéité si vous êtes fidèle à l'intégralité du Sutra du Lotus, en adhérant exactement à ses enseignements sans y ajouter la moindre de vos idées personnelles ni suivre les interprétations arbitraires des autres. Atteindre la bodhéité n'est en rien extraordinaire. Si vous récitez Namu Myoho Renge Kyo de tout votre coeur, vous obtiendrez naturellement les trente-deux traits et les quatre-vingts caractéristiques d'un bouddha. Shakyamuni a affirmé : "Dès le début, j'ai fait le voeu de rendre tous les êtres humains parfaitement semblables à moi, sans la moindre distinction entre moi et eux."(réf.) Il n'est donc pas difficile de devenir bouddha. Un oeuf d'oiseau ne contient que du liquide, et pourtant, de soi-même, cela se développe en un bec, deux yeux, et tout ce qui permet à un oiseau, finalement, de s'envoler dans le ciel. Nous aussi, dans notre ignorance et notre bassesse, sommes comparables à l'oeuf, mais lorsque nous sommes nourris par la récitation de Namu Myoho Renge Kyo, nous développons le bec des trente-deux traits et les plumes des quatre-vingt caractéristiques du Bouddha qui nous permettent de nous élancer librement dans le Ciel de la réalité ultime. Tous les être humains sont prisonniers de la coquille de l'ignorance, et privés du bec de la sagesse, dit le Sutra du Nirvana. Le Bouddha revient en ce monde comme une mère-oiseau retourne à son nid pour briser cette coquille et pour que tous les hommes, comme des oisillons, puissent prendre leur envol dans le vaste Ciel de l'Éveil. "La science sans la foi" est caractéristique de ceux qui ont une connaissance approfondie du Sutra du Lotus, mais n'y adhèrent pas par la croyance. Ils ne pourront jamais accéder à la bodhéité. Ceux qui ont "La foi sans la science" manquent peut-être de savoir, mais par la croyance, ils peuvent accéder à la bodhéité. Il ne s'agit pas là de simples interprétations personnelles, ce sont les mots mêmes du Sutra. Dans le second volume du Sutra du Lotus, le Bouddha dit à Shariputra : "C'est par la foi et non par votre propre intelligence que vous pouvez atteindre la bodhéité."(réf.) Cela explique pourquoi Shariputra, dont l'intelligence était sans égale, ne fut capable d'atteindre la bodhéité qu'en adhérant et en croyant fermement à ce Sutra. Son érudition à elle seule ne pouvait le conduire à l'Éveil. Si n'a pu atteindre l'Éveil en dépit de son vaste savoir, comment pourrions-nous, avec nos faibles connaissances, rêver d'atteindre la bodhéité sans avoir la foi ? Le Sutra explique qu'à l'époque des Derniers jours du Dharma, bien qu'ayant une connaissance superficielle du bouddhisme, les gens seront arrogants, ne respecteront pas les moines, négligeront le Dharma et, par conséquent, tomberont dans les mauvaises voies. Si quelqu'un comprend véritablement le bouddhisme, il doit le montrer par son respect envers le Sangha, sa vénération pour le Dharma et ses offrandes au Bouddha. Le Bouddha Shakyamuni n'est plus parmi nous maintenant ; aussi devez-vous respecter les personnes qui ont la sagesse de l'Éveil comme vous respecteriez le Bouddha lui-même. Si vous le suivez sincèrement, vos bienfaits seront abondants. Celui qui désire le bonheur dans sa vie prochaine doit renoncer à son désir de gloire et de fortune et respecter comme un boudha vivant le Moine qui enseigne le Sutra du Lotus, si humble que soit sa position. C'est ce qui est écrit dans le sutra. L'école
Zen viole aujourd'hui les cinq
points d'ethique d'humanité : la bienveillance, la droiture,
la bienséance, la sagesse et la foi. Honorer le sage
et la vertu, respecter les aînés et protéger la
jeunesse sont universellement reconnus comme des preuves d'un comportement
humain, dans le domaine bouddhique aussi bien que dans la société.
Mais les moines Zen, qui ne sont
qu'une racaille inculte, n'ont même pas assez d'intelligence
pour distinguer le noir du blanc. Ils arborent maintenant de somptueuses
robes de moines et sont devenus d'une telle arrogance qu'ils dénigrent
les savants-maîtres*
et vertueux des écoles Tendai
et Shingon. A cet égard, le Grand-maître* Saicho* écrivit que la loutre manifeste son respect en offrant le poisson qu'elle a pris, que le corbeau dans la forêt rapporte de la nourriture à ses parents et grands-parents, que la colombe prend soin de se percher trois branches plus bas que son père, que les oies sauvages restent en ordre parfait quand elles volent ensemble et que l'agneau s'agenouille pour boire le lait de sa mère. Puisque des animaux inférieurs observent tant de convenances, il se demande comment des êtres humains peuvent manquer à ce point de courtoisie. Si l'on en juge d'après les mots de Saicho*, il est bien naturel que les moines Zen soient dans la plus grande confusion concernant le bouddhisme puisqu'ils ignorent même les règles du comportement humain. Ils agissent comme des démons. Comprenez bien l'enseignement donné ici, et pratiquez sans négligence tous les enseignements des vingt-huit chapitres en huit volumes du Sutra du Lotus. Si vous êtes impatient de me voir, priez en vous tournant vers le soleil, et au même moment vous y verrez mon reflet. Demandez au moine qui me tient lieu de messager de vous lire cette lettre. Accordez lui la confiance que mérite la sagesse de l'Éveil et posez-lui toute question que vous pourriez avoir concernant le bouddhisme. Si vous ne posez pas de questions pour dissiper vos doutes, vous ne pourrez pas davantage écarter les nuages noirs de l'illusion que vous ne pourriez parcourir mille lieues sans jambes. Faites lui lire et relire cette lettre, et posez lui autant de questions qu'il vous plaîra. Dans l'attente de notre prochaine rencontre, je terminerai ici. Respectueusement, Le deuxième
mois de la troisième année de Koan
(1280). ARRIÈRE-PLAN - Nichiren Daishonin écrivit cette lettre en février 1280 à Niike Saemon-no-jo, un samouraï du régime de Kamakura. Niike portait le nom de la région dans laquelle il vivait. Son épouse et lui gardèrent leur foi même lorsque les disciples de Nichiren Daishonin furent en butte à de sévères persécutions. (Commentaire ACEP) En anglais : Letter to Niike - http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=1026&m=1&q=Niike |
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