L'octroi
d'un nouveau domaine
(L'obtention de nouvaux fiefs) Lettres
et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 6, p. 287 ; SG* p. 955. |
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J'ai bien reçu un kan de pièces de monnaie. Ainsi, votre seigneur vous a octroyé un nouveau fief ! Cela paraît tout à fait incroyable ; c'est si mystérieux que cela semble un rêve. Et je m'interroge sur la meilleure façon de répondre à votre lettre. Car votre foi en l'enseignement de Nichiren vous a valu l'inimitié de tous les Japonais, celle de tous les habitants de Kamakura aussi bien que des serviteurs de votre seigneur et des membres du clan. Que vous restiez ainsi fidèle à votre foi était déjà difficilement compréhensible. Que vous n' ayez pas été exclu du clan de votre seigneur était également mystérieux. Qui plus est, à chaque fois qu'un domaine vous était proposé, invariablement, vous le refusiez. Ces refus devaient paraître bien étranges aux samouraïs de votre rang, et votre comportement aurait pu irriter votre seigneur ! Dans ces conditions, j'étais inquiet à votre sujet, surtout après avoir appris que des dizaines de membres de votre clan vous avaient calomnié auprès de votre seigneur. Je pensais donc que vous ne pourriez pas obtenir de fief et, pour toutes ces raisons, votre situation me semblait alarmante. Même vos propres frères vous avaient abandonné. Or, malgré tout cela, vous avez bénéficié d'une telle faveur. Il s'agit là d'un très grand honneur. [Vous dites que] votre nouveau domaine est trois fois plus grand que [votre ancien fief de] Tono'oka. Un homme de Sado habite en ce moment ici [à Minobu] et connaît parfaitement l'endroit. Selon lui, l'un des trois villages, Ikada, est de tout premier ordre. Les champs et les rizières n'y sont pas très nombreux, mais d'un très grand rapport. Il dit que les récoltes, dans deux domaines de cette région, rapportent chaque année mille kan, et dans le troisième, trois cents kan. Voilà ce que j'ai appris sur vos terres. Les autres samouraïs, comme vos proches, vous avaient abandonné et tourné en ridicule. L'octroi d'un fief quel qu'il soit, même inférieur à Tono'oka, aurait donc pu paraître une bonne chose. Or, votre nouveau domaine est trois fois plus étendu. Même si vous en trouvez la terre mauvaise, ne vous en plaignez à personne, ni aux autres ni à votre seigneur. Si vous dites, en toutes circonstances, que vous trouvez ces terres excellentes, il n'est pas impossible que, par la suite, votre seigneur vous en octroie de nouvelles. Mais si vous dites que vous les trouvez pauvres et d'un maigre rapport, le Ciel et les hommes, inévitablement, vous abandonneront. Soyez bien conscient de cela. Le roi Ajatashatru était une personne dotée de quelques mérites, mais au moment où il tua son propre père, le Ciel aurait dû l'abandonner et la terre, pour l'engloutir, s'ouvrir sous ses pieds. Pourtant, parce que son père, le roi assassiné, avait acquis de grands mérites pour avoir fait don au Bouddha, chaque jour, pendant plusieurs années, du chargement de cinq cents charrettes, et grâce aux mérites qu'Ajatashatru obtiendrait lui-même par la suite en devenant un protecteur du Sutra du Lotus, le Ciel ne l'abandonna pas, et la terre ne l'engloutit pas non plus. Pour finir, non seulement il ne tomba pas en enfer mais il devint bouddha. Ce qui vous arrive est de même nature. Vos frères vous ont abandonné, vos compagnons samouraïs vous ont détesté, vous avez été persécuté par les membres de votre clan, et haï à travers tout le Japon. Pourtant, le 12e jour du 9e mois de la 8e année de Bun'ei, entre l'heure du Rat et celle du Boeuf* (note) alors que moi, Nichiren, j'avais encouru la disgrâce des autorités, vous m'avez accompagné, de Kamakura à Echi dans la province de Sagami, en tenant fermement mon cheval par la bride. Parce que, dans le monde entier, il n'y eut jamais plus valeureux défenseur du Sutra du Lotus que vous, Bonten et Taishaku n'ont probablement pas pu se résoudre à vous abandonner. Il est non moins certain que vous atteindrez la bodhéité. Quelle que soit la gravité des fautes que vous ayez pu commettre, parce que vous ne vous êtes pas opposé au Sutra du Lotus mais avez, au contraire, fait preuve, en m'accompagnant, de la plus grande fidélité, il ne fait aucun doute que vous deviendrez bouddha. Vous êtes comparable au roi Utoku qui sacrifia sa propre vie pour sauver le moine Kakutoku et qui devint [dans une vie ultérieure] le Bouddha Shakyamuni. Croire
dans le Sutra du Lotus équivaut à prier [pour
atteindre la bodhéité]. Renforcez toujours plus votre
désir d'entrer sur la voie qui mène à la bodhéité
en cette vie-ci*. Nichiren Le 10e mois de la 1ère année de Koan (1278), sous le signe cyclique tsuchinoe-tora ARRIERE-PLAN
- Cette lettre fut envoyée du Mont Minobu à Shijo Kingo,
le dixième mois de l'année 1278. Pendant une période
assez longue, le seigneur Ema, que servait Shijo Kingo, s'était
opposé à la foi dans le Sutra du Lotus de son vassal et
l'avait harcelé de différentes manières, notamment
en menaçant de l'envoyer dans une province lointaine s'il n'abandonnait
pas sa foi. Les autres samouraïs s'étaient également
montrés hostiles à Kingo et, à un moment donné,
il avait même été bien près d'être
chassé du clan et de perdre totalement ses moyens de subsistance.
Kingo endura plusieurs années d'adversité jusqu'en 1277
où sa situation s'améliora du fait que, en sa qualité
de médecin, il parvint à guérir le seigneur Ema
d'une maladie grave. Vers le début de 1278, il fut autorisé
à accompagner le seigneur dans des déplacements officiels.
En octobre, au moment où cette lettre fut écrite, ce furent
trois nouveaux domaines qui furent octroyés à Kingo. En anglais : The Receipt of New Fiefs - http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=945&m=1&q=New%20Fiefs |
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