Les douze liens causaux Juni innen gosho Lettres et traités de Nichiren Daishonin. 1256 |
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Définissant l’Éveil, il est dit que se connaître soi-même, c’est devenir bouddha. Se connaître soi-même, c’est percevoir notre réalité de bouddha à l’origine. L’intégralité des êtres, qu’ils soient grillon, fourmi, moustique ou taon, tout être doté de vie, est constitué des dix-huit domaines : les six racines, les six objets et les six consciences. Ces êtres expriment l’union harmonieuse des cinq agrégats. Un commentaire dit : “On appelle être*, l’union harmonieuse des cinq agrégats”. Ces cinq agrégats relèvent en effet des douze liens causaux. Les douze liens causaux sont : l’ignorance fondamentalle*, l'action*, la conscience*, les noms et formes*, les six entrées*, le contact*, la sensation*, le désir*, l’attachement*, l'existence*, naissance*, la vieillesse et la mort*. Les douze liens causaux représentent les deux catégories de relations causales dans les trois phases. Le premier (ignorance*), le huitième (désir*) et le neuvième (attachement*) ont trait aux mauvaises passions. Le deuxième (action*) et le dixième (existence*) se rapportent au karma. Les sept autres, la conscience*, les noms et formes*, les six entrées*, le contact*, la sensation*, la naissance*, la vieillesse et la mort*, se rapportent tous à la souffrance. Les douze liens causaux représentent les trois voies des mauvaises passions, du karma et de la souffrance. L’ignorance fondamentalle* et les actes sont les deux causes du passé. La conscience, les noms et les formes, les six entrées, le contact et la sensation sont les cinq effets du présent. Le désir, l’attachement et l’existence-bhava constituent les trois causes du présent. La naissance, la vieillesse et la mort constituent les deux effets du futur. Les trois maux physiques sont le meurtre, le vol et la fornication. Les quatre maux oraux sont la calomnie, le double langage, le mensonge et les paroles spécieuses ; ces sept maux constituent le karma. Les trois maux mentaux sont l'avidité, l'arrogance et l'ignorance ; ces trois maux relèvent des mauvaises passions. Si l’on croit et garde les douze liens causaux conformément au Dharma, alors, devenir bouddha dès ce corps est indéniable. Il n’existe pas de Dharma du bouddha en dehors de ces douze liens causaux qui sont le Sutra du Lotus. Le savoir est se connaître. Ne pas le savoir revient à offenser le Dharma. C’est ce que signifie “Si certains, sans y prêter foi, calomnient ce Sutra, ils briseront alors l’ensemble des graines de bodhéité de ce monde.”(réf.) Il n’existe pas de bouddha, il n’y a pas de Sutra du Lotus ailleurs et séparément de nous. La production conditionnée* et ce qui n’est pas produit de manière conditionnée sont les deux branches du passé. Ce qui est produit de manière conditionnée et qui n’est pas production conditionnée* sont les deux branches* du futur. La production conditionnée* et ce qui est produit de manière conditionnée* sont les huit branches intermédiaires. Ce qui n’est ni production conditionnée* ni produit de manière conditionnée* sont les facteurs inconditionnés. Pour les douze heures, l’obscurité fondamentale est l’heure de toutes les unions du passé. Les agissements sont l’heure des actes du passé. La conscience est l’heure de l’esprit de continuation et de parenté. Les noms et formes sont l’heure où la vie est reçue en continuité (naissance) mais où les quatre sortes de racines physiques ne sont pas encore apparues et où les six entrées ne sont pas encore présentes. Les cinq niveaux à l’intérieur de la matrice sont premièrement kalala, deuxièmement arbudai, troisièmement pesi, quatrièmement ghana et cinquièmement prasakha. Ainsi né dans la matrice, il devient un homme, c’est un être. Le sixième fascicule de la Détermination (Guketsu) indique : “La rondeur de la tête représente le ciel. La forme carrée des pieds imite la terre. Les creux au sein du corps sont l’espace. La chaleur du ventre est conforme au printemps et à l’été. La rigidité du dos est conforme à l’automne et à l’hiver. Les quatre membres sont conformes aux quatre saisons. Les douze grandes jointures sont conformes aux douze mois de l’année et les trois cent soixante petites jointures sont conformes aux trois cent soixante jours. L’inspiration et l’expiration nasales sont semblables au vent des montagnes, des marécages, des vallées et des plaines. L’inspiration et l’expiration buccales imitent le vent de l’espace. Les yeux sont identiques au soleil et à la lune. Leur ouverture et leur fermeture imitent le jour et la nuit. Les cheveux sont les étoiles. Les sourcils ressemblent au grand chariot. Les veines sont les rivières et les os imitent les pierres précieuses. La chair est la terre, les poils sont les forêts. Dans le ciel, les cinq viscères sont les cinq étoiles ; sur terre, ce sont les cinq montagnes. La chair du corps est la terre, la moelle des os est l’eau, le sang est le feu, la peau est le vent, les ligaments sont les arbres. Quant aux six racines des hommes, la vue voit la couleur des choses, l’ouie entend le son des choses, l’odorat sent le parfum des choses, le goût connaît la saveur des choses, le corps souffre au contact du froid, du chaud, du rude et de l’acéré. Les fonctions des cinq premières racines sont faciles à discerner : elles sont perceptibles. La sixième, la conscience, tous les êtres, la possédant pourtant en leur corps, l’ignorent. Même leur cœur ne la connaît, ni ne la voit. A plus forte raison quand il s’agit de celles des autres. Les personnes présentes au même endroit, peuvent-elles la connaître ? L’Éveillé lui-même dit que le cœur était inconcevable. A plus forte raison, ceux qui lui sont inférieurs. La raison de cette ignorance est que le cœur se situe hors des formes, longues, courtes, carrées ou rondes ; qu’il n’est pas de couleur bleue, jaune, rouge, blanche ou noire ; qu’il est un phénomène indescriptible par les mots et situé là où cesse l’activité mentale. Il ne peut faire l’objet de métaphores exprimant la marche, l’arrêt, les positions assise ou couchée, la parole ou le silence, les causes et les conditions. Ce n’est pas non plus quelque chose qu’il est possible de représenter par une image dessinée. On ne peut non plus l’étudier. L’Éveillé ne l’a pas non plus notifié. Il ne fait pas l’objet d’une prédiction divine, n’est transmis ni par les parents ni par le maître. Il ne tombe pas du ciel, ni ne jaillit de la terre. C’est quelque chose d’immense et d’inconcevable. Une chose aussi ambiguë, Zhiyi* et Zhanlan*, ces deux saints, l’ont commentée dans le Hokke Gengi et le Hokke Mongu*, disant : “Le cœur est semblable à une lueur illusoire. Il n’a qu’un nom qu’on appelle cœur. Si par hasard on dit qu’il existe, on n’en voit ni la couleur, ni la nature. Si par hasard, on dit qu’il n’existe pas, les pensées naissent. Ne pouvant être considéré en terme d’être ou de non-être, il est appelé cœur et se trouve qualifié de merveilleux (myo). La merveille suit le cœur : nommée alors dharma (ho). Le dharma du cœur ne relève pas de la cause, ni de l’effet. Si on l’observe en fonction du principe, on distingue alors la cause et l’effet. On appelle cela fleur de lotus (renge). Un cœur, par son changement né de l’observation, enseigne d’autres cœurs. On nomme cela sutra (kyo)”. Le Hokke Gengi Shakusen indique : “Si l’on dit qu’il existe, alors, aucune pensée d'ichinen sanzen n’existe. A fortiori, comment pourrait-il y avoir d’image des dix monde-états-états ? Si on dit qu’il n’existe pas, alors trois mille pensées se manifestent. A fortiori, la pensée d’un monde-état. C’est parce que l’on ne peut pas le considérer à travers l’être ou le non-être que le cœur d’une pensée, à l’évidence, est la Voie du milieu. C’est pourquoi, il faut le savoir, le cœur est merveilleux (myo)”. Ici, il faut le savoir, notre cœur est le Sutra du Lotus. Le Sutra du Lotus est notre cœur. Ne pas connaître le Sutra du Lotus revient à ne pas se connaître soi-même. En effet, il est des hommes inconnus à eux-mêmes. On dit que lorsqu’ils déménagent, ils oublient leur femme. Ainsi, il est des hommes qui ne deviennent pas bouddhas. Ce sont ceux qui oublient le Sutra du Lotus avant de passer dans la vie suivante. Aussi, ceux qui ne croient pas dans le Sutra du Lotus et l’offensent, tournent le dos à tous les bouddhas, tournent le dos à toutes les divinités, se détournent de leurs parents, s’opposent au souverain et au maître. Ils s’opposent aux montagnes, s’opposent aux océans. Ils s’opposent au soleil et à la lune, s’opposent par conséquent à toutes les choses. Ils ne peuvent s’assortir aux dix métaphores de Yakuo*. Dans le Hokke Gengi, il est dit : “la vue, l’ouïe, l’odorat et le goût sont les portes de la quiétude. En dehors de ces éléments, il n’est pas d’autre porte de la quiétude”. Le Hokke Gengi Shakusen dit : “La présence permanente du véritable aspect est comparable à l’hydromel céleste. C’est le remède contre la mort. Transposant ce principe au Dharma merveilleux, il communique bien avec le véritable aspect, c’est pourquoi on l’appelle la "porte". La quiétude, c’est le Sutra du Lotus. L’hydromel, c’est le Sutra du Lotus. Dans le troisième fascicule du Maka Shikan il est écrit : “Les rouleaux du Sutra (contenant) la sagesse sans entrave de l’Ainsi-Venu sont tous présents dans le corps des êtres. Perturbés, ils la recouvrent et n’y croient pas, ne la voient pas”. En considérant méticuleusement le cœur des choses, comprenez en fermant les yeux et en calmant votre cœur que les six racines de tous les êtres sont entièrement la substance du Sutra du Lotus. Si le cœur est la substance du Sutra du Lotus, il est hors de doute que les cinq premières racines sont contenues dans la substance du Sutra du Lotus. Le cœur est un roi. Les cinq racines sont ses féaux. Si les yeux voient et si les oreilles entendent, c’est que le cœur leur fait voir et entendre. Les comportements des cinq racines sont telles quelles les inclinations du cœur. En regardant les choses, si le cœur est en mouvement, même les yeux deviennent le Sutra du Lotus. Même à écouter, si le cœur fonctionne, les oreilles sont le Sutra du Lotus. Il en est de même pour les autres racines. Lorsque l’on meurt, les cinq racines s’en vont également. Même si la substance des cinq racines meurt, leur forme ne s’éteint pas. Cependant, sans le cœur, comment un mort peut-il voir et entendre ? Cela ne correspond pas à ce que l’on sait et il en va de même pour les offenseurs du Lotus. Notre cœur est dans le Lotus. Or, offenser le Lotus, perdre son cœur, c’est ne pas posséder les six racines. Faut-il choisir les sutras antérieurs et perdre le cœur du Sutra du Lotus ? Les écoles (fondées sur les sutras) antérieurs, n’ayant pas la foi dans le Lotus et l’offensant par le Hinayana et les enseignements provisoires, sont des cadavres sans cœur. A présent, nous, école du Lotus, si nous abandonnons le Sutra du Lotus, notre cœur, serons des cadavres ayant perdu leurs six racines. Le cœur est les cinq racines et les cinq racines sont le cœur. Aussi, si la Loi du cœur devient bouddha, en même temps, la Loi de la matière devient aussi bouddha. La matière et le cœur étant en non-dualité (shiki shin funi), l’intérieur et l’extérieur se possèdent mutuellement. Le commentaire dit : “Les huit pétales de la fleur du lotus représentent les huit enseignements (de Shakyamuni). Le siège unique du lotus exprime le rassemblement des huit en un. Dans un, il y a huit. Dans huit, il y a un. C’est toujours huit et c’est toujours un. Il n’y a qu’un et il n’y a que huit. C’est un ou c’est huit. Il n’y a pas d’avant, il n’y a pas d’après”. Le Maka Shikan énonce : “Un cœur est doté des dix mondes de dharmas. S’il est doté ne serait-ce qu’un peu du cœur, alors, il possède trois mille”. La Transmission précise : “Un corps, une pensée emplissent le monde des dharmas”. Le Hokke Gengi indique : “Que l’on parle de trois mille ou que l’on parle du monde des dharmas, il s’agit de synonymes du Sutra du Lotus”. Dans le Sutra, il est dit : “faites en la vaste propagation dans le Jambudvipa”. Le Jambudvipa, c’est le ciel et la terre. C’est le père et la mère. Il dit encore : “C’est le bon remède pour les maux des hommes du Jambudvipa”. Le bon remède, c’est le ciel et la terre. C’est le père et la mère. Ainsi, alors que notre corps est tel quel, la substance du Lotus, nous, êtres, pensons que le Sutra du Lotus est un élément d’un autre pays, d’un royaume différent. Nous pensons que le ciel, la terre, l’eau et le feu sont ailleurs, dans d’autres lieux. Nous abandonnons ainsi notre précieux et noble corps et, en outre, en l’offensant, tombons dans les mauvais lieux. C’est stupéfiant, c’est pitoyable ! Le chapitre Zuiki kudoku* (XVIII) du sixième rouleau, fait notre louange lorsque nous avons la foi. Le chapitre Kambutsu* (XXVIII) du huitième rouleau décrit notre malheur lorsque nous l'offensons. Le Sutra de la Méthode de contemplation du bodhisattva Fugen indique : “Ce sutra du Mahayana est le précieux réceptacle des Éveillés. Il est les yeux des bouddhas des dix directions et des trois phases. Il est la graine des Ainsi-Venus surgis dans les trois phases. Celui qui garde ce sutra garde le corps d’Éveillé, pratique l’œuvre d’Éveillé”. Dans le chapitre Parabole, il est dit : “Si certains, sans y prêter foi, calomnient ce Sutra, ils briseront alors l’ensemble des graines de bodhéité de ce monde”. (réf.) Dans le Sutra Fugen, il est dit : “Vous êtes les enfants du véritable Dharma de tous les Éveillés et Ainsi-venus. Pratiquez ce Mahayana et n’interrompez pas la graine du Dharma”. Nichiren |
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