Les désirs impliquent l'Éveil (note) Lettres
et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 2, p.253; SG* p.320 |
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Je vous suis très reconnaissant de votre récente visite et de vos attentions, au milieu des nombreuses persécutions qui se sont abattues sur moi. C'est en tant que pratiquant du Sutra du Lotus que j'ai rencontré ces grandes persécutions et je n'en éprouve pas la moindre rancoeur. Il ne pourrait y avoir de vie plus heureuse que la mienne, même au terme d'innombrables répétitions du cycle de la naissance et de la mort. J'aurais pu rester dans les trois ou quatre mauvaises voies. Mais maintenant, à ma grande joie, je suis certain de rompre le cycle des souffrances de la vie et de la mort pour atteindre la bodhéité. Zhiyi* et Saicho* ont subi des persécutions et suscité haine et jalousie, rien que pour avoir propagé "Une pensée - trois mille" (ichinen sanzen) théorique de l'enseignement provisoire. Au Japon, cet enseignement fut propagé et transmis successivement par Saicho*, Gishin*, Encho*, Ennin* et d'autres. Parmi les nombreux disciples du Grand-maître* Ryogen*, dix-huitième patriarche de l'école Tendai, les quatre principaux furent Kaku'un, Genshin*, Soga et Zenyu. A l'époque, cette école dispensait deux sortes d'enseignement : le révérend Kaku'un transmettait la doctrine, et le moine Genshin* se consacrait aux pratiques de méditation. La doctrine est comparable à la lune, et la pratique au soleil. Les études doctrinales sont superficielles, alors que les pratiques de méditation sont profondes. Les enseignements exposés par Kaku'un étaient donc étendus mais superficiels, alors que les enseignements de Genshin* étaient limités mais profonds. L'enseignement que Nichiren propage maintenant peut paraître limité, mais il est en fait extrêmement profond. Il est plus profond encore que les doctrines de Zhiyi* et de Saicho*. Il révèle les trois points importants contenus dans le chapitre Juryo* (XVI). Pratiquer seulement les sept caractères Na Mu Myo Ho Ren Ge Kyo peut sembler limité ; mais, puisque ce Dharma est le maître de tous les bouddhas des trois phases de la vie [passé, présent, futur], puisqu'il instruit tous les bodhisattvas de l'univers, et puisqu'il est le guide qui permet à tous les êtres humains d'atteindre la bodhéité, sa pratique est d'une profondeur sans égale. Il est dit dans le sutra : "La sagesse de tous les bouddhas est infiniment profonde et incommensurable."(réf.) "Tous les bouddhas" désigne chaque bouddha dans l'univers et dans les trois phases de l'existence y compris le bouddha Vairocana* de l'école Shingon et le bouddha Amida de l'école Jodo. Cela désigne tous les bouddhas et tous les bodhisattvas sans exception de tous les sutras ou toutes les écoles, du passé, du présent et du futur, y compris le Bouddha Shakyamuni. Il est question de sagesse. Mais qu'entend-on par "la sagesse" de tous les bouddhas ? C'est le principe de shoho jisso [l'aspet réel est tous les phénomènes] que Shakyamuni expliqua par les dix modalités (dix nyoze) d'expression de la vie. En quoi consiste ce principe ? C'est Namu Myoho Renge Kyo... Zhiyi* écrivit : "Le profond principe de jisso (aspect réel) est le Dharma primordial (atemporel) de Myoho Renge Kyo". La véritable réalité manifestée dans tous les phénomènes est représentée par les deux bouddhas Shakyamuni et Taho. Taho représente tous les phénomènes et Shakyamuni, l'aspect réel. Les deux bouddhas symbolisent également kyo [l'objet] et chi [le sujet]. Le bouddha Taho représente l'objet et Shakyamuni, le sujet. Bien qu'ils soient deux, ils ne font qu'un dans l'Éveil du Bouddha. Ces enseignements sont de la plus grande importance. Ils indiquent que les désirs [illusions, troubles] mènent à l'Éveil et que les souffrances de la vie et de la mort s'identifient au nirvana. Vivre Namu Myoho Renge Kyo, même pendant l'union sexuelle entre homme et femme, voilà le principe qui permet de changer les désirs en Éveil et les souffrances de la vie et de la mort en nirvana. Les souffrances ne deviennent le nirvana que si l'on réalise que la réalité de la vie humaine, à travers vie et mort ne peut ni apparaître ni disparaître. Il est dit dans le Sutra Fugen : "Même sans éteindre leurs désirs terrestres et sans supprimer les cinq désirs, ils parviennent à purifier tous leurs sens et à effacer toutes leurs mauvaises actions. On lit dans le Maka Shikan : "L'ignorance et la poussière des désirs impliquent l'Éveil et les souffrances de la naissance et de la mort mènent au nirvana". Il est dit dans le chapitre Juryo* (XVI) : "Je réfléchis sans cesse à la manière de conduire tous les hommes au chemin suprême pour qu'ils puissent atteindre la bodhéité sans délai" ; et dans le Hoben* (II) : "Tous les phénomènes sont des manifestations du Dharma et sont par essence éternels." Ce Dharma n'est autre que Namu Myoho Renge Kyo. Ce Sutra du Lotus si noble et si précieux, par le passé je l'ai piétiné, rejeté avec dégoût et j'ai refusé d'avoir foi en lui. Ou bien encore je me suis cruellement moqué de ceux qui étudiaient le Sutra du Lotus et qui l'enseignaient à ne serait-ce qu'une autre personne afin de transmettre ainsi le Dharma pour l'avenir. Ou j'ai tout fait pour les dissuader d'avoir foi en ce sutra, en leur disant que sa pratique était peut-être bonne pour la vie prochaine mais qu'ils n'en tireraient aucun bienfait en cette vie-ci. Des actes d'opposition au Dharma de ce genre ont maintenant attiré sur moi les nombreuses et sévères persécutions que je rencontre en cette vie. Parce que j'ai autrefois dénigré le plus élevé des sutras, je suis maintenant méprisé et l'on ne tient pas compte de ce que je dis. On lit dans le chapitre Hiyu* (III) que [parce qu'une personne s'est opposée au Sutra du Lotus par le passé] les autres n'auront aucune sympathie pour lui, même s'il fait des efforts sincères pour gagner leur amitié. En tant que pratiquant du Sutra du Lotus, vous avez subi de graves persécutions, mais vous m'êtes quand même venu en aide. Dans le chapitre Hosshi* (X), [le Bouddha déclare] : "J'enverrai des moines, des nonnes, des laïcs hommes et femmes [pour faire des offrandes à celui qui enseigne le Sutra du Lotus et entendre l'enseignement du Dharma]." Si vous n'êtes pas l'un de ces laïcs, à qui d'autre ce passage pourrait-il s'appliquer ? Vous avez non seulement entendu le Dharma mais vous avez eu foi en lui et vous l'avez suivi depuis sans vous en écarter. Comme c'est merveilleux ! Comme c'est extraordinaire ! Dès lors, qui pourrait douter encore que Nichiren soit bien celui qui enseigne le Sutra du Lotus ? Je concrétise [les mots du sutra] : "Il est l'envoyé du Bouddha. Il est celui qui accomplit "l'oeuvre" du Bouddha." J'ai propagé les cinq caractères du Sutra qui furent confiés au bodhisattva Jogyo alors que les deux bouddhas étaient assis côte à côte dans la Tour aux Trésors. Cela n'indique-t-il pas que je suis l'envoyé du bodhisattva Jogyo ? De plus, tout en suivant mon enseignement comme celui du pratiquant du Sutra du Lotus, vous faites également connaître ce Dharma aux autres. N'est-ce pas précisément la transmission [du Dharma Merveilleux] ? Conservez sans relâche votre foi dans le Sutra du Lotus. Il est impossible d'obtenir du feu [avec des silex] si l'on ne va pas au bout. Faites surgir le grand pouvoir de la foi et soyez reconnu par tous les habitants de Kamakura et du reste du Japon comme étant "Shijo Kingo de l'école du Sutra du Lotus." Une mauvaise réputation se répand très facilement. Une bonne réputation se répandra plus loin encore, surtout si c'est celle d'être dévoué au Sutra du Lotus. Expliquez
tout cela à votre femme, et oeuvrez en accord avec elle comme
le soleil et la lune, comme les deux yeux d'une personne, ou les deux
ailes d'un oiseau. Avec le soleil et la lune, comment peut-on sombrer
dans les voies de l'obscurité ? Avec deux yeux, comment
pourrait-on ne pas voir les visages de Shakyamuni, de Taho
et de tous les autres bouddhas de l'univers ? Avec une paire d'ailes,
vous volerez et atteindrez en un instant la Terre
de Bouddha du bonheur éternel.
ARRIERE-PLAN
- Vers la fin de mars 1272, Shijo Kingo envoya un messager à
Nichiren Daishonin qui vivait en exil sur l'île de Sado. Le messager
revint à Kamakura avec un traité intitulé "Pour
ouvrir les yeux" que le Daishonin avait adressé à
l'ensemble de ses disciples et confié à Shijo Kingo. Dans
cet écrit, Nichiren Daishonin révèle clairement
qu'il est le Bouddha doté des trois propriétés
de souverain, maître et parent. Il dit notamment : "Ma capacité
à comprendre le Sutra du Lotus est infime comparée à
celle de T'ien-t-ai et Dengyo. Mais par ma persévérance
face aux persécutions et par la profondeur de mon désir
d'aider les autres, je crois que je pourrais les stupéfier."
Dans un autre passage du même traité, on lit : "Moi,
Nichiren, suis le souverain, le maître, le père et la mère
de tous les habitants du Japon." Le Daishonin définit là
le véritable objet de vénération du point de vue
de la personne, c'est-à-dire du point de vue du Bouddha qui guide,
protège et instruit tous les hommes dans leurs efforts pour atteindre
la bodhéité. En anglais : Earthly Desires Are Enlightenment -http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=317&m=1&q=Earthly%20Desires |
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