La doctrine d’Ichinen Sanzen

(La doctrine des trois mille mondes en un instant-pensée)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin.
Ichinen sanzen homon, STN, 3:2036 non autentifié;
GZ-412, 一念三千法門

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Pourquoi le Sutra du Lotus est-il supérieur aux autres sutras ? Parce qu'il contient les doctrines d'isshin sangan (triple contemplation de l'unité (note) ) et ichinen sanzen.                                        

Le bodhisattva Yakuo*, apparut en Chine sous le nom du Grand-maître Tendai* qui s'est éveillé à ce principe. Toutefois, bien qu’il prêcha de nombreuses doctrines : les dix fascicules du Hokke gengi*, les dix fascicules du Hokke Mongu,* la Samadhi kakui zammai, la Contemplation mineure, les Commentaires sur le Nom-Pur, les quatre méditations-smriti, le Shidai Zem-mon*, il ne parla pas d’ichinen sanzen. Il n’évoqua que cent mondes-états et mille ainsi (nyoze).

Au mois d’avril du printemps de ses cinquante-sept ans, dans le temple Yuquan si* dans la province de Jing, il enseigna un livre en dix fascicules appelé Maka Shika (Grand arrêt et introspection) à son disciple, le Grand-maître Zhanlan.*

Là, encore, au cours des quatre premiers fascicules, il ne parla pas de cette doctrine, enseignant uniquement les six identités (soku) et les quatre formes de concentration. Parvenu au cinquième fascicule, il établit les dix objets de méditation (jikkyo), les dix méthodes (jujo-kampo) et, enfin, ichinen sanzen. Il dit : « Cela est présent dans un cœur-esprit (jin) ».

Deux cents ans plus tard, le Grand- maître Zhanlan.* disait : « Il faut le savoir : le corps et la terre sont trois mille manifestations d'ichinen (une pensée). Aussi, au moment de la réalisation de la Voie, conformément à ce principe fondamental, le corps et la pensée englobent le monde des dharmas ».

La doctrine d'ichinen sanzen* - isshin sangan* provient des dix ainsi exposés dans le premier fascicule du Sutra du Lotus. Le sens de ces phrases est : cent mondes-états (kai, gati), mille ainsi (nyoze), trois mille domaines (san seken).

En ce qui concerne la triple contemplation de l'unité (isshin sangan), les autres écoles se contentent de « ainsi est »  (nyo ze), ce qui constitue une erreur. Il manque, en effet, deux significations. C'est parce que ces écoles ne connaissent pas les doctrines de Zhiyi et de Huisi. Dans mon école, comme le commente le Tendai, l'examen des trois permutations* des dix ainsi augmente les mérites (kudokus).

Premièrement, « l’aspect est ainsi » (ze so nyo) ; l’aspect (so), la nature (sho), l'entièrté (tai), l’énergie (riki) et les autres éléments des dix modalités d'expression de la vie, sont « ainsi » (nyo). Ici, ainsi exprime la vacuité (kutai). En lisant ze so nyo et le contemplant de la sorte, notre corps devient le Corps de Rétribution* (hoshin, sambhogakaya) de l’Ainsi-Venu. On l’appelle également quatre vingt quatre mille, ou encore la sagesse (ho).

Deuxièmement, « ainsi est l’aspect » (nyo ze so), l'aspect par lequel se manifestent la couleur et la forme conditionnées de notre corps. L’aspect (so), la nature (sho), l'entièrté (tai), l’énergie (riki) et les autres éléments des dix ainsi, indiquent que tous les dix mondes-états (jikkai) sont conditionnés, ce qui exprime la vérité de la conditionnalité (ketai). En lisant nyo ze so et le contemplant de la sorte, notre corps devient le Corps de Manifestation* de l’Ainsi-Venu (ojin, nirmanakaya). On l’appelle également délivrance (gedatsu).

Troisièmement, « l’aspect ainsi est » (so nyo ze) indique la Voie du milieu (chutai), la forme du Corps du Dharma*. En lisant so nyo ze et le contemplant de la sorte, notre corps devient le Corps du Dharma* de l’Ainsi-Venu. On l’appelle également Voie du milieu (chutai) ou nature du dharma du paranirvana (extinction suprême), jakumetsu (extinction sereine).

Ces trois permutations expriment aussi bien les Trois Corps (sanjin, trikaya*), que la triple vérité (santai*) ou que les trois propriétés du Corps de Bouddha*.

Les Trois Corps de l’Ainsi-Venu ne se situent absolument pas à l’extérieur de nous. Notre corps possède par essence les trois propriétés (sanjin). Et les Trois Corps sont le Bouddha de l’Éveil primordial (hongaku) en un seul corps.

Celui qui le sait est appelé Ainsi-Venu, Sage ou Éveilé. Celui qui l’ignore est appelé homme ordinaire (bompu), être dans l'illusion. Les êtres dans ce monde possèdent les dix mondes-états qui s'incluent mutuellement, ce qui donne cent mondes. Chacun des cent mondes s'exprime par dix ainsi ; nous obtenons donc mille modalités d'expression de la vie. Chacune de ces mille modalités s'exprime en relation avec le domaine (seken) des êtres, le domaine du territoire et le domaine des cinq agrégats. Il resulte de cela trois mille mondes-états (sanzen).

La couleur et la forme manifestées par les cent mondes étant conditionnées, elles représentent toutes la vérité de la conditionnalité (ketai). Les mille ainsi, exprimant la signification de la vacuité, représentent la vérité de la non-substantialité (shunya, kutai). Les trois mille mondes-états (sanzen), étant tous le Corps du Dharma, représentent la Voie du milieu (chutai).

Bien que les doctrines soient nombreuses, elles expriment toutes la triple vérité (santai) que l'on peut aussi appeler le Triple Corps (sanjin) de l’Ainsi-Venu ou encore les trois propriétés de bouddha.

Les trois premiers ainsi (nyoze) représentent l’Ainsi-Venu de l’Éveil originel. Les sept nyoze suivants forment une seule entité. Ils ne sont ni séparables, ni spécifiques. C'est ce qu'exprime hon matsu ku kyo to (globalité/inséparabilité du début jusqu'à la fin).

Le début (hon), c’est la nature de bouddha. La fin (matsu), c’est le bouddha non encore révélé, les neuf mondes-états. Ce qu’on appelle globalité/inséparabilité (ku kyo) est l’identité d'essence (to) entre l’Ainsi-Venu de l'Éveil parfait et complet, sans supérieur (anokutara sammyaku sambodai) et nous, hommes ordinaires, au degré de l’identité (soku) de dénomination.* Telle est l’égalité parfaite, appelée également Fleur de lotus du Dharma merveilleux.*

Les trois 'ainsi' du début représentent l’Ainsi-Venu de l’Éveil originel (hongaku). En ce qui concerne le Bouddha de l'Éveil parfait et complet, sans supérieur (anokutara sammyaku sambodai), dont émerge l'Éveil hongaku d'Ainsi-Venu, nous sommes le père et la mère de l’Éveil sambodai, et le Bouddha est le fils auquel nous donnons naissance. Dans le premier fascicule du Maka Shikan, il est dit : « L’arrêt, ou concentration (samatha, samadhi*, shi, zhi) est la mère de l’Éveillé, la contemplation/introspection (vipassana, kan, guan) en est le père ».

Supposons dix hommes. Chacun possède des greniers, dans lesquels s’accumulent des trésors. Or, ils n'en ont pas connaissance. Aussi, souffrent-ils de faim, souffrent-ils de froid sans les utiliser. Que l’un d’entre eux, un homme intelligent, s’éveille, les neuf autres, malgré cela demeureront dans l’ignorance. Toutefois, si l’Éveillé leur enseigne comment  manger, ou encore, si lui-même les alimente, ils reçoivent la nourriture.

Le premier volume du Maka Shikan indique que les deux caractères « arrêt/concentration et introspection » montrent clairement l'importance de l’écoute. La globalité/inséparabilité ultime du début et de la fin de celui qui n’écoute pas est nule.

Souvent, les enfants surpassent les parents. Ainsi, Zhonghua respecta son père stipide et obtint l'appelation de Sage. Même devenu empereur, le duc de Pei* vénéra son père. Le père respecté ne fut pas appelé souverain. Le fils respectueux, quant à lui, fut respecté en tant que souverain.

Alors que l’Éveillé état enfant, sa sagesse était déjà supérieure et il manifestait l’Éveil. Ses parents étaient des hommes ordinaires (bompu). Dans leur ignorance, ils ne sont simplement pas encore éveillés.

Les hommes, ne possédant pas une connaissance précise des doctrines, médisent en foulant au pied le sommet du crâne de Vairocana (note). C’est une grave erreur.

Quant à la triple contemplation de l'unité (isshin sangan), il existe la triple contemplation successive et la triple contemplation non successive. Je ne préciserai cependant pas davantage ce point.

Réaliser l’obtention de la triple contemplation de l'unité est appelé, dans le Sutra Kegon* :  « les trois mondes sont le cœur/esprit ».

La nature primordiale de l’Éveillé et de tous les êtres est unique, sans différence entre eux. Ce principe est appelé « grande sagesse de l’égalité ». (note) On écrit ''égalité'', mais on lit ''universel''.

La doctrine de la triple contemplation de l'unité, ichinen sanzen, est absente des autres sutras. Comment alors, devenir bouddha sans rencontrer le Sutra du Lotus ? Les autres sutras éclaircissent six mondes, huit mondes, dix mondes. Ils ne révèlent toutefois pas leur inclusion mutuelle (jikkai gogu).

Si on applique la triple contemplation de l'unité, ichinen sanzen, au Sutra du Lotus, on s’éveille au fait que son propre corps est l’Ainsi-Venu de l’Éveil originel. A cet instant, les nuages de l’ignorance se dissipent, dévoilant la lune de la nature du Dharma ; les rêves illusoires s’évaporent, remplacés par la pleine lune de l’Éveil originel. Alors, le corps physique des parents procréateurs, bien qu'entravé par les mauvaises passions,  devient l’Ainsi-Venu existant à l’origine et présent en permanence. C’est ce que l’on nomme devenir bouddha dès ce corps (sokushin jobutsu), identité des désirs terrestres et de la bodhéité (bonno soku bodai), identité des vies/morts et du nirvana (shoji soku nehan). A ce moment, les mondes des dharmas, éclairés, apparaissent. Chacun d’entre eux,  montre le principe unique de la Voie du milieu (chutai), selon lequel l’Éveillé et les êtres son Un. Ce principe est commenté dans le Tendai par l’expression : « Même une couleur, même une senteur relèvent de la Voie du milieu ». A ce moment, les mondes dans les dix directions sont la Terre pure de la lumière paisible (jakko-do) et sont qualifiés de Terre pure d’Amida ou de Yakushi*. Fort de ce principe, le Sutra du Lotus enseigne : «Ce Dharma existe par les attributs propres aux dharmas.» (réf.) L’aspect réel du monde est permanent.

Si l’on se pose la question : « Même sans lire le Sutra du Lotus, peut-on devenir bouddha, uniquement en contemplant son cœur/esprit ? ». Que ce soit la contemplation d’ichinen sanzen (trois mille mondes en un seul instant-pensée) ou la contemplation d’isshin sangan (triple contemplation de l'unité), toutes deux sont contenues dans les cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo. Ces derniers sont eux-mêmes contenus dans notre coeur/esprit.

Les commentaires du Tendai disent : « Myoho-renge-kyo est la corbeille profonde de la nature essentielle, attestation obtenue par les ainsi-venus des trois phases ».

Ainsi, au moment où l’on récite Myoho-renge-kyo, apparaît le Bouddha de l’Éveil originel (hongaku) contenu dans notre coeur/esprit. Notre corps et notre esprit sont symbolisés par le grenier, le mot Myo est, lui, exprimé par le sceau (in) (note).

Les commentaires tendai indiquent : « ouvrir le grenier profond secret correspond à Myo. Indiquer le modèle correct de l'éphémère et du véritable correspond au Dharma (Ho). Désigner l’effet fondamental (honga-myo) du passé lointain correspond au lotus (Ren). Rencontrer la voie parfaite de la non-dualité (jippu-nimon) est symbolisé par la fleur (Ge). La voix faisant l’œuvre du Bouddha correspond à Kyo (sutra) ».

Ils disent encore : « Myo atteste du Dharma inconcevable. Myo est le Dharma des dix mondes, des dix ainsi, de la non-dualité de éphemère/réel ».

Il est difficile de comprendre que la récitation du Titre (daimoku) du Sutra équivaut à la contemplation/introspection (kan). Les ignorants doivent cependant réfléchir à cette affirmation. Ainsi, le deuxième fascicule du Maka Shikan parle «de vocalisation et de silence ». La vocalisation se rapporte au Sutra (shi), le silence à la contemplation de la pensée (kan).

La doctrine des quatre enseignements* (keha no shikyo) précise : « Non seulement leurs mérites ne seront ni perdus ni vains, mais, de plus, ils constitueront l’essentiel répondant au principe ».

Zhiyi, le Grand-maître du Tendai, était Yakuo*. Il élucida « le discours et l'introspection » (setsu ni kan ni). (note)

Zhiyi développa quatre critères (quatre clés)* (shiju shaku) : selon les causes et conditions* (innen jaku), selon les enseignements,* (yakkyo shaku) selon l’originel et l’éphémère* (honjaku shaku) et selon la contemplation du cœur (kanjin shaku)*. Ceux qui ignorent qu'il y a quatre critères, n’en voyant qu’un, utilisent uniquement le critère et l’éphémère ou pronent seulement celui de la contemplation du cœur.

Dans le Sutra du Lotus, il y a le Dharma, la parabole et la cause/condition. Lors de la phase de l’exposition du Dharma, les bouddhas déterminent la voie directe pour l’obtention de la bodhéité par tous les êtres, but unique de leur venue en ce monde.

Le daimoku est ce qui détermine la cause/condition (innen) pour que, non seulement moi, mais tous les êtres parviennent directement au lieu de la voie, le Sutra du Lotus : ''Montés sur ce Véhicule précieux, ils parviennent directement au lieu de la voie'', autrement dit, c'est l'obtention immédiate de la vision correcte ou l’Éveil dès ce corps»." (note)

Dans le premier fascicule du Sens caché de la fleur du Dharma* de Zhiyi, nous lisons : « Les êtres, par l’intermédiaire de leurs pratiques mineures, prennent refuge dans l’immense Véhicule unique ». Immense signifie que tous, sans exception, sont attirés et guidés.

Par exemple, même si seul Shakyamuni révéla l’objet unique de sa venue en ce monde, les êtres en dessous de l'Éveil d'indifférenciation (togaku)* devaient croire en ce Sutra et le vénérer; il en était de même du but de la venue en ce monde de tous les bouddhas.

Les écoles du Zen vénèrent la contemplation/introspection (kanjin) comme le but ultime de la venue en ce monde. Or, il s’agit là d’un seul des quatre critères. Pour ces écoles, seule la contemplation du cœur (kanjin, introspction) ichinen sanzen - isshin sangan*, représente l’essentiel du Sutra du Lotus. Or il n’y a pas de raison de placer tout le Sutra du Lotus au-dessus du daimoku, là où il convient de placer les dix ainsi.

Les écoles contemporaines du Zen prétendent que la transmission s’est effectuée de manière particulière, en dehors même des enseignements. Aussi, bien qu’elles citent les phrases du Sutra de l’Éveil parfait (Engaku kyo) - que pourtant elles rejettent - elles ne parviennent pas à l’éclat du Sutra véritable.

Les sages doivent associer la contemplation du cœur (kanjin, introspction) à la lecture et à la récitation. Les ignorants, même s’ils ne récitent que le daimoku, rencontrent eux aussi l'essence.

Ce Sutra Myohorengekyo désigne le lotus blanc à huit pétales (hachiyo no renge) (note) de la nature de notre cœur/esprit et, dans son acception générale, de la nature du cœur/esprit de tous les êtres. Ce sont là les paroles du Bouddha.

Depuis le temps sans commencement, l’errance de mon cœur/esprit, à l’intérieur de mon corps, m’a amené à tourner inlassablement dans le cycle des vies-morts. A présent, ayant rencontré ce Sutra, j’apparais comme celui qui récite l’Ainsi-Venu à l’Éveil primordial (hongaku) aux Trois Corps en un (sanjin soku ichi). Attester intérieurement de l’Éveil dans cette vie s’appelle devenir bouddha dès ce corps (sokushin jobutsu).

En mourant, émettre une lueur s’appelle "fonction extérieure de l’Éveil". C’est obtenir de devenir bouddha dans la vie suivante.

Selon le principe de la phrase "Lorsque, sous forme abrégée, nous mentionnons le Titre du Sutra, c'est le Sutra dans son intégralité qui est évoqué."(réf.), une seule récitation du daimoku équivaut au Sutra entier. Lorsque l’on récite Myohorengekyo, l’Ainsi-Venu de la nature de notre cœur/esprit se révèle alors. Ceux qui l’entendent voient s’effacer leurs fautes, commises pendant une infinité de kalpas. Lorsque, même notre ichinen (une pensée) se réjouit en conséquence, c’est devenir bouddha dès ce corps.

Même sans y croire, cela devient une graine, qui mûrit progressivement. Grâce à cette attitude, infailliblement, on devient bouddha. Le Grand-maître Zhanlan dit : « qu’on l’accepte ou qu’on le rejette, cela devient la condition, par l’intermédiaire des oreilles. Que l’on s’y conforme ou que l’on s’en détourne, finalement, c’est la cause de la récolte». Moi, Nichiren, dis que la formule “qu’on l’accepte ou qu’on le rejette, que l’on s’y conforme ou que l’on s’en détourne” exprime des paroles que l’on doit graver dans son cœur. Le Sutra du Lotus enseigne cela par :  « S'il se trouve des gens pour entendre le Dharma, il n'en est pas un qui ne deviendra Éveillé.» (réf.)

Il est question d'entendre le Dharma. Si l’on devenait bouddha uniquement par la contemplation du cœur (kanjin, introspction), il serait dit : « des gens pour contempler le Dharma ».

Dans l’idée de Zhiyi, les dix ainsi impliquent les dix mondes-états. Ces dix mondes proviennent d'ichinen (une pensée), les êtres des dix ainsi également. Ces dix ainsi sont contenus dans le Sutra du Lotus.

Ce monde de l’Endurance* est l'endroit où l’on obtient la voie par la racine de l’ouïe. Comme il est dit (note) auparavant : « Sachez-le bien: notre vie et son environnement sont l'expression d'ichinen sanzen».

Eclaircissant le fait que cent mondes, mille ainsi, trois mille domaines sont présents dans le corps de tous les êtres, tous les êtres qui entendent ce principe reçoivent des bienfaits (kudokus).

Lorsqu’on dit tous les êtres, même les herbes, les arbres, les cailloux et le sable, font partie des êtres (sensitifs et non-sensitifs). En fait, que sont les herbes et les arbres ? Il est dit dans le Kongobei Ron* : "Une plante, un arbre, un galet, un grain de poussière - tout cela possède la nature de bouddha (bussho, buddha-dhatu) à l'état latent, en même temps que les autres causes et conditions (innen) nécessaires pour atteindre la bodhéité."

Au début du chapitre Maîtres du Dharma* , il est écrit :

"Cette vaste multitude, les innombrables devas*, rois dragons, yakshas*, gandharvas*, asuras*, garudas*, kimnaras*, mahoragas*, humains et non-humains, ainsi que les bhiksus* et bhiksunis*, upasakas* et upasikas*, ceux qui sont en quête de l'état d'auditeur-shravaka*, en quête de l'état de pratyekabuddha*, en quête de la Voie de bouddha? Ces êtres de toutes espèces qui, face à l'Éveillé, entendent ne serait-ce qu'une stance ou un verset du Sutra du Lotus du Dharma merveilleux et qui, ne serait-ce qu'un instant, s'en réjouissent en conséquence, je leur octroie à tous la prédiction (note) qu'ils obtiendront l'Éveil complet et parfait sans supérieur*."

Les êtres ''non humains'' font référence à l’ensemble du monde des êtres sensitifs dotés d'affectivité, en dehors du monde des hommes. Si ceux-là deviennent bouddhas, à plus forte raison les hommes le deviennent. Si les adeptes du Sutra du Lotus pratiquent la discipline selon l’enseignement proposé, infailliblement, tous, sans exception, deviendront bouddha au cours de cette vie. Si les rizières sont ensemencées, tôt ou tard, au printemps ou en été, la récolte aura lieu au cours de l’année.

Que les pratiquants du Lotus appartiennent aux racines supérieures, médianes ou inférieures, infailliblement, ils obtiendront l’attestation au cours de cette vie. Dans le premier fascicule du Sens caché de la fleur du Dharma (Hokke gengi), il est dit : « les racines supérieures, moyennes et inférieures, toutes reçurent la prédiction du nom ». (note)
Réponse à Messire Soya entré dans la voie (Minobu, 11e mois 1277 au nyudo Soya)

Ceux qui pensent devenir bouddha uniquement par la contemplation du cœur (kanjin, introspction) sont des hommes auxquels il manque un élément important. A plus forte raison, ceux qui s’adonnent à la concentration assise* de la transmission particulière en dehors des enseignements. Dans le chapitre Maître du Dharma, il est dit :

"Yakuo*, des nombreuses personnes, laïques et religieuses, qui pratiquent la voie des bodhisattvas, mais sans voir, entendre, lire, réciter, copier, garder, honorer ce Sutra du Lotus du Dharma ne maîtrisent pas encore, il faut le savoir, la pratique de la voie de bodhisattva. Celles qui obtiendront d'entendre ce Sutra pourront pratiquer correctement la voie de bodhisattva."

Si l’on devenait bouddha uniquement par la contemplation du cœur, pourquoi, alors, serait-il écrit « voir, entendre, lire et réciter » ? L’essentiel de ce sutra réside principalement dans l’écoute.

Le Sutra ne discrimine ni les mauvais hommes, ni les femmes, ni les deux véhicules ni les icchantika. Pour cette raison, il représente vraiment la Voie de la bodhéité proposée à tous. Pour cette raison encore, on qualifie ce sutra de Grande sagesse équanime.

Entendre la non-dualité du bien et du mal (zen'aku-funi), la non-dualité de l'impur et du pur (senjo funi), fait qu’un jour enfin, on atteste intérieurement de la réalisation de la bodhéité. Pour cette raison, on dit ''devenir bouddha dès ce corps'' (sokushin jobutsu). Si on obtient cette attestation en une vie, on évoque l’Éveil merveilleux (myogaku) en une vie.

Même ignorant la doctrine, celui qui récite, les Éveillés et seulement les Éveillés se réjouissent. Il est bien dit : « Garder ce Sutra est difficile. / Quiconque le fera sien, ne serait-ce qu'un seul instant, / provoquera mon allégresse / et celle des autres bouddhas ». (réf.)

C’est comme si l’on possédait un remède composé de cent, de mille (ingrédients). Si on ne le boit pas, il ne peut soulager la maladie. Même en possédant un trésor dans son grenier, si on ne sait pas en ouvrir la porte, on meurt de faim. C’est comme si l’on possédait un remède dans sa poche mais que, faute de connaître son utilisation, on choisisse de ne pas le prendre et de mourir.

Les vertus de ce sutra sont semblables au joyau appelé cintamani, évoqué au chapitre Cinq cents disciples reçoivent la prédiction (VIII) et et deviennent naturelles, si on associe la contemplation du cœur (kanjin, introspction) à la lecture du sutra.

Même sans contempler sa pensée, lorsqu’on lit, comme je l’ai dit au début : shoi shoho nyoze so nyo (tous les dharmas sont ainsi, l’aspect de la réalité), l'Aisi (nyo), représentant le principe de la vacuité (kutai), notre aspect (so), notre nature (sho), notre entièreté (tai), notre énergie potentielle (riki), fruits de notre karma du passé, dotés des quatre vingt huit sbires des égarements de la vue et des quatre vingt un égarements de la pensée, par cette vacuité deviennent le Corps du Dharma* de l’Ainsi-Venu.

Lorsqu’on lit «Tous les dharmas sont ainsi l’aspect (shoi shoho nyoze so», il s’agit alors du principe de la conditionnalité (ketai). Aussi, notre aspect, notre nature, notre entièreté, notre énergie, reçus en fonction de notre karma du passé, dotés des égarements des poussières, deviennent entièrement tous le Corps de Manifestation* (ojin, nirmanakaya) de l’Ainsi-Venu dès ce corps.

Lorsqu’on lit « tous les dharmas ainsi sont (shoi shoho nyoze) », cela correspond au principe de la Voie du milieu (chutai). Aussi, notre aspect, notre nature, notre substance, notre énergie, reçus en fonction de notre karma du passé, obéissant aux égarements de l’obscurité, ceux-ci s’effacent et notre cœur s’ouvre au Corps de Rétribution* de l’Ainsi-Venu dès ce corps.

La triple lecture des dix ainsi représente le principe du triple corps en un corps (san-jin soku ichi), d’un corps en Trois Corps. Bien que répartis en trois, il n’y en a qu’un. Bien qu’il n’y en ait qu’un, il y en a trois.

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