Le
coeur du chapitre Juryo
(L'essence du chapitre "Durée de la vie") Lettres
et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 3, p. 247; SG* p. 183. |
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Lorsque le Vénéré Shakyamuni enseigna le chapitre Juryo* (XVI), il déclara, en faisant allusion à ce que tous les êtres vivants avaient entendu dans les enseignements antérieurs au Sutra du Lotus et dans l'enseignement théorique* du Sutra du Lotus : "Tous les êtres dans les mondes-états du Ciel et des hommes et tous les asuras pensent que Shakyamuni atteignit l'Éveil suprême après avoir quitté le palais des Shakya et s'être assis sur le lieu de méditation, non loin de la ville de Gaya."(réf.) Cette phrase exprime la conception répandue chez tous les disciples et tous les grands bodhisattvas depuis le moment où Shakyamuni commença à enseigner le Sutra Kegon* jusqu'au moment où il finit d'exposer le chapitre Anrakugyo* (XIV) du Sutra du Lotus. Les sutras antérieurs au Sutra du Lotus ont deux défauts. Premièrement "en enseignant que les dix mondes-états sont séparés les uns des autres, ils ne dépassent pas le stade des enseignements provisoires."(réf.) Autrement dit, ils ne révèlent pas le principe d'ichinen sanzen, ni le principe de "rejeter le provisoire pour révéler le définitif", ni la possibilité, pour les personnes des sutras Hannya d'atteindre la bodhéité, principes qui découlent tous de la définition des dix modalités donnée dans le chapitre Hoben* (II) de l'enseignement théorique*. Deuxièmement, "en enseignant que Shakyamuni atteignit la bodhéité pour la première fois en ce monde, ils omettent de révéler son statut de bouddha provisoire."(réf.) Ainsi, ils n'établissent pas le fait, mentionné dans le chapitre Juryo* (XVI), que Shakyamuni atteignit l'Éveil dans un passé illimité. Ces deux grands principes sont la charpente de tous les enseignements exposés par Shakyamuni de son vivant et le coeur même de tous les sutras. Dans l'enseignement théorique* du Sutra du Lotus fut énoncé le principe de l'atteinte de la bodhéité par les personnes des sutras Hannya, ce qui combla l'une des lacunes des sutras enseignés pendant quarante et quelques années. Mais, comme le chapitre Juryo* (XVI) n'avait pas encore été enseigné, le véritable principe d'ichinen sanzen restait obscur et la possibilité pour les personnes des sutras Hannya d'atteindre la bodhéité n'était pas clairement confirmée. A cet égard, l'enseignement théorique* est comparable au reflet de la lune dans l'eau, ou à des algues sans racines flottant au gré des vagues. Le Bouddha dit aussi : "Maintenant, hommes de foi sincère... le temps est sans limites ni bornes, cent, mille, dix mille, cent mille nayuta asogi kalpa depuis que j'ai en fait atteint la bodhéité."(réf.) Par cette seule affirmation, il réfute comme de grands mensonges les mots du Sutra Kegon* : "J'atteignis pour la première fois la bodhéité", impliquant que Shakyamuni atteignit la bodhéité pour la première fois en ce monde ; les sutras Agama* dans lesquels on lit : "Je parvins pour la première fois sur la Voie" ; le Sutra Vimalakirti dans lequel est écrit : "Pour la première fois le Bouddha s'assit sous l'arbre de la sagesse" ; le Sutra Daijuku dans lequel il est dit : "Seize ans se sont écoulés [depuis que le Bouddha parvint pour la première fois à l'Éveil]" ; le passage du Sutra Vairocana* qui décrit l'Éveil du Bouddha comme s'étant produit "il y a quelques années, lorsque je m'assis sur le lieu de méditation" ; le Sutra Ninno* [qui se réfère à l'Éveil du Bouddha comme à un événement s'étant produit] "il y a vingt-neuf ans" ; le Sutra Muryogi [dans lequel le Bouddha déclare] : "Au préalable, je suis resté assis sur le lieu de méditation" ; et le chapitre Hoben* (II) du Sutra du Lotus dans lequel on peut lire : "Je m'assis d'abord sur le lieu de méditation". Quand nous en venons au chapitre Juryo* (XVI) de l'enseignement essentiel*, la croyance que Shakyamuni atteignit la bodhéité pour la première fois de son vivant en Inde est annulée, et par conséquent, les effets des quatre enseignements sont également niés. Si les effets des Quatre Enseignements sont annulés, leurs causes perdent aussi toute efficacité. Le mot "causes" désigne ici la pratique bouddhique pour parvenir à l'Éveil ou les différentes étapes des disciples dans la pratique. Ainsi les causes et les effets des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus et de l'enseignement théorique* du Sutra du Lotus sont-ils entièrement réfutés, et les causes et les effets des dix mondes-états de l'enseignement essentiel* sont révélés (note). C'est le principe de la cause fondamentale (honnin-myo) et de l'effet fondamental (honga-myo). Il enseigne que les neuf autres états sont tous présents dans l'état de bouddha depuis le temps sans commencement et que l'état de bouddha est éternellement inhérent aux neuf autres états. C'est le véritable sens de l'inclusion mutuelle des dix mondes-états, des cent mondes et mille modalités, le vrai principe d'ichinen sanzen. Si l'on réfléchit à tout cela, il devient évident que le bouddha Vairocana, dépeint dans le Sutra Kegon* comme étant assis sur un trône en forme de lotus et que le Bouddha Shakyamuni décrit comme mesurant seize pieds (note) dans les sutras Agama*, aussi bien que les autres bouddhas provisoires mentionnés dans les sutras Hodo*, Hannya*, Konkomyo*, Amida et Vairocana*, ne sont que des reflets du bouddha du chapitre Juryo* (XVI). Ils sont comme des images flottantes de la lune se reflétant dans des vasques de différentes tailles emplies d'eau. Mais les moines éminents et les maîtres des diverses écoles se trompent tout d'abord sur le sens des sutras qui servent de base à leur doctrine, et, plus fondamentalement encore, ignorent le chapitre Juryo* (XVI) du Sutra du Lotus. Par conséquent, ils prennent pour la lune son reflet dans l'eau. Certains d'entre eux entrent dans l'eau et essayent d'attraper l'astre brillant avec la main, tandis que d'autres tentent de s'en saisir avec une corde et un noeud coulant. A leur propos, le Grand-maître* Zhiyi* a dit : "Ils ignorent totalement la lune dans le ciel et ne font qu'admirer son reflet dans l'étang"(réf.), comparant ceux qui sont attachés aux enseignements antérieurs au Sutra du Lotus et à l'enseignement théorique* du Sutra du Lotus à des personnes qui ne verraient pas la lune dans le ciel et n'auraient conscience que de son reflet dans un étang. On lit aussi dans le Sogi Ritsu que cinq cents singes, descendant de la montagne, aperçurent le reflet de la lune dans l'eau et essayèrent de la saisir. Mais, parce que ce n'était qu'un reflet, ils n'y parvinrent pas, tombèrent dans l'eau et se noyèrent. Ce texte compare à ces singes Devadatta et le groupe des six moines qui vécurent à la même époque que le Bouddha. Si le chapitre
Juryo*
(XVI) n'existait
pas, tous les enseignements de Shakyamuni seraient comme un ciel sans
soleil ni lune, comme des montagnes ou des mers sans trésors,
ou comme une personne sans âme. Ainsi, sans le chapitre Juryo*
(XVI), tous les sutras n'auraient aucun sens.
Des herbes sans racines ne tardent pas à se dessécher
et une rivière sans source ne coulera pas loin. Un enfant sans
parents sera méprisé. Avec mon
profond respect, Le dix-septième jour du quatrième mois ARRIERE-PLAN - Cette lettre est datée du 17 avril, mais l'année où elle fut écrite aussi bien que l'identité du destinataire restent incertaines. Son contenu est très proche de ce que Nichiren Daishonin écrit, concernant l'importance du chapitre Juryo, dans le "Traité pour ouvrir les yeux". Par conséquent, bien qu'elle soit le plus souvent datée de 1271, certains pensent qu'elle fut peut-être terminée après la rédaction de ce traité, en 1272. Quoi qu'il en soit, elle formule de manière extrêmement claire et concise les comparaisons successives entre les enseignements précédant le Sutra du Lotus, les enseignements théorique et essentiel du Sutra du Lotus et le bouddhisme de Nichiren Daishonin. (Commentaire ACEP) En anglais : The Essence of the Juryo Chapter ou The Essence of the Life Span Chapter - http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=182&m=1&q=Essence%20of%20the%20Life%20Span |
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