La
guérison des maladies karmiques
Lettres
et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 2, p. 273 ; SG* p. 635.
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J'apprends par votre lettre que vous souffrez d'une maladie grave. Vous
savoir souffrant me désole mais, d'un autre côté,
c'est aussi une cause de réjouissance. Le Sutra Vimalakirti
dit : "Un jour, le riche Vimalakirti
tomba volontairement malade. Alors, le Bouddha demanda au bodhisattva
Manjushri de lui rendre visite
et de s'informer de sa santé." Le Sutra
du Nirvana dit que "A ce moment-là, l'Ainsi-venu
prit l'apparence d'une personne au corps souffrant et s'étendit
sur le flanc droit comme un homme malade" bien que le Sutra du
Lotus dise que "[L'Ainsi-Venu ne connaît] que peu de maladies
et peu de souffrances."(réf.)
Le huitième volume du Maka
Shikan explique ainsi que : "A Vaishali,
Vimalakirti, alité, exposa
ses enseignements. L'Ainsi-Venu se servit de sa mort comme d'un moyen
pour enseigner l'éternité de la vie, et de la maladie, pour
illustrer le pouvoir du bouddhisme." Il y dit ainsi que "Il
y a six causes de maladie : Le Sutra
du Nirvana dit que "Il y a trois types de personnes dont
la maladie est extrêmement difficile à guérir. Ce
sont : 1. Ceux qui s'opposent au bouddhisme Mahayana
Il dit encore que "Celui qui crée un mauvais karma dans cette vie souffrira inévitablement les tourments de l'enfer dans la vie prochaine. Cependant, s'il fait des offrandes aux Trois trésors, il évitera de tomber en enfer dans la prochaine vie, mais souffrira dans celle-ci de maux de tête, d'yeux ou de dos." Le Maka Shikan dit que "Même ceux qui ont commis de graves fautes d'opposition peuvent recevoir une rétribution allégée en cette vie. Ainsi, la maladie se présente quand le mauvais karma est sur le point d'être résorbé." Dans le Daichido Ron*, le bodhisattva Nagarjuna écrit : "Question : s'il en est ainsi, aucun des sutras, du Sutra Kegon* au Sutra Hannya*, n'est un enseignement ésotérique, mais le Sutra du Lotus est ésotérique. Le Sutra du Lotus est comparable à un excellent médecin qui change le poison en remède." Zhiyi* expliqua plus en détails cette citation en disant que "ce Sutra permet aux personnes des deux véhicules d'atteindre l'Éveil de la même manière qu'un bon médecin peut changer le poison en remède." Ainsi, dans le Daichido Ron* il est dit : "Aucun autre sutra n'est ésotérique mais le Sutra du Lotus est ésotérique." Dans le Maka Shikan, on lit : "Puisque le Sutra du Lotus a la capacité de guérir la maladie, on l'appelle aussi myo [mystique]." Zhanlan* dit : Parce qu'il peut guérir ce que l'on pense incurable, on l'appelle myo [mystique]."(réf.) Dans le Sutra du Nirvana, on peut lire : "Le roi Ajatashatru, de Rajagriha, était mauvais de nature. Il tua son père, mais plus tard, pris de remords, il fut saisi d'une forte fièvre et tout son corps se couvrit de pustules. Elles étaient purulentes et puantes, dissuadant quiconque de s'approcher. Sa mère, Vaidehi, s'efforça de l'aider en appliquant divers remèdes, mais la purulence ne fit qu'empirer ; il semblait n'y avoir aucun espoir de guérison. Le roi expliqua à sa mère que la cause de sa maladie était de nature spirituelle et que, parce qu'elle n'était pas due à un déséquilibre des quatre éléments, les médecins ordinaires ne pourraient pas le guérir. Alors l'Honoré du monde, maître d'une compassion immense, entra dans une méditation aussi bienveillante que la lune (note) pour le bien du roi Ajatashatru. Lorsqu'il parvint au degré le plus profond de sa méditation, un éblouissant rayon de lumière émana du Bouddha et vint toucher le corps du roi. Instantanément ses pustules disparurent." On lit dans le septième volume du Sutra du Lotus, Sutra d'une sagesse universelle : "Ce Sutra est le remède bénéfique pour les maux de toute l'humanité. Si un malade peut entendre ce Sutra, sa maladie disparaîtra aussitôt, et il ne souffrira ni de la vieillesse ni de la mort." A la lumière des citations précédentes, il est impossible que votre maladie ait une autre origine que les six causes de maladie. Je laisserai de côté les cinq premières pour le moment. Les maladies de la sixième sorte, qui résultent du karma, sont les plus difficiles à guérir. Elles varient en gravité et nous ne savons rien de précis sur elles, sinon que les plus graves sont dues à l'opposition au Sutra du Lotus. Même Shennong, Huangdi, Hua-To et Bian-Que baissèrent les bras et Jisui, Rusui, Jivaka et Vimalakirti ne surent que dire. De telles maladies ne peuvent être guéries que par le bon remède, par le Sutra du Lotus du Bouddha Shakyamuni, comme il est dit dans ce Sutra lui-même. Dans le Sutra du Nirvana, à propos du Sutra du Lotus, il est dit : "Même si l'on s'oppose au Dharma correct, si l'on se repent et si l'on se convertit au Dharma correct cet acte d'opposition sera effacé. Aucun enseignement autre que le Dharma correct ne peut nous sauver ou nous protéger, c'est pourquoi il faut se consacrer au Dharma correct." Le Grand-maître* Zhanlan* écrivit : "Shakyamuni lui-même dit dans le Sutra du Nirvana que le Sutra du Lotus est le plus élevé de ses enseignements."(réf.) Il écrit plus loin : "Celui qui tombe par terre s'appuie sur le sol pour se relever. De la même façon, un homme mauvais, destiné à tomber en enfer, en s'opposant au Dharma correct, peut être sauvé par lui."(réf.) Le bodhisattva Vasubandhu fut d'abord un maître du bouddhisme Hinayana. Pour entraver la propagation du bouddhisme Mahayana dans l'Inde entière, il écrivit cinq cents traités sur le Hinayana. Cependant, il réalisa que ses conceptions étaient fausses en dialoguant avec le bodhisattva Asanga. Vasubandhu dit à Asanga qu'il voulait se couper la langue pour expier son crime. Asanga l'en dissuadaien disant : "Utilise plutôt ta langue pour faire l'éloge du Mahayana." Vasubandhu se mit alors immédiatement à écrire cinq cents traités sur le Mahayana afin de réfuter le Hinayana. Il fit aussi le serment de ne plus jamais enseigner, tant qu'il vivrait, un seul mot du Hinayana. De cette façon, il effaça son offense et renaquit plus tard dans le Ciel [Tushita] où vit le bodhisattva Maitreya. Le bodhisattva Ashvaghosha, né en Inde de l'est, fut le treizième successeur de Shakyamuni. Ashvaghosha avait été d'abord un maître brahmane. Cependant, en débattant avec le moine bouddhiste Punyayasha de la validité de leurs enseignements respectifs, il prit vite conscience de la supériorité du bouddhisme. Ashvaghosha voulait se trancher la gorge pour expier sa grave offense, en disant : "Je n'ai eu de pire ennemi que moi-même, et cela m'a conduit en enfe." Mais Punyayasha l'en découragea en disant : "Ne te coupe pas la tête ! Utilise plutôt ton esprit et ta bouche pour faire l'éloge du Mahayana". Ashvaghosha écrivit peu après le Daijo Kishin Ron [Traité sur l'Éveil de la foi dans le Mahayana], dans lequel il réfutait tous les enseignements du brahmanisme ainsi que le Hinayana. C'est ainsi que commença la propagation du bouddhisme du Mahayana en Inde. Le Grand-maître* Jizang du temple Jiaxiang était parmi les plus éminents maîtres bouddhistes de Chine. Fondateur de l'école Sanron, il vivait à Huei, dans l'état de Wu. Convaincu de posséder un savoir sans égal, il était très arrogant. Il lança un défi au Grand-maître* Zhiyi* pour déterminer le sens de la phrase du Sutra du Lotus : "De tous les innombrables sutras que j'ai enseignés par le passé, que j'enseigne maintenant, ou que j'enseignerai à l'avenir, le Sutra du Lotus est le plus difficile à croire et le plus difficile à comprendre." Au cours du débat, Jizang fut totalement vaincu, et renonça dès lors à ses croyances erronées. Afin d'expier la grave faute commise envers le Dharma correct et ceux qui la pratiquaient, il rassembla plus de cent maîtres éminents et supplia Zhiyi* de les instruire. Jizang fit un pont de son corps pour permettre au Grand-maître* Zhiyi* de passer et le porta sur son dos (note). De plus, il servit Zhiyi* pendant sept ans, coupant du bois pour le feu et lui apportant de l'eau. Il cessa de donner lui-même des cours, dispersa ses disciples et, afin de se guérir de son arrogance, il s'interdit de réciter le Sutra du Lotus (note). Après la mort de Zhiyi*, Jizang fut reçu par l'empereur de la dynastie Shui pour lui présenter ses respects. En partant, il serra les genoux de Sa Majesté et prit congé en larmes. Quelques temps plus tard, Jizang voyant son reflet dans un vieux miroir, adressa à sa propre image des reproches pour les erreurs qu'il avait commises par le passé. Il accomplit ces nombreux actes de pénitence pour effacer son mauvais karma. Le Sutra du Lotus, Véhicule suprême, est l'enseignement d'or des Trois sages. Comme un joyau sans pareil, il occupe le rang le plus élevé parmi tous les enseignements du passé, du présent et du futur. Il est dit dans le Sutra du Lotus : "ce Sutra est supérieur à tous les autres sutras", et "le Sutra du Lotus est le plus élevé de tous les enseignements." Le Grand-maître* Saicho* déclara que [de toutes les écoles au Japon], l'école Hokke est la seule et unique "qui ait été fondée par le Bouddha Shakyamuni lui-même." J'ai étudié de manière approfondie les sutras Vairocana*, Kongocho*, Soshitsuji* et autres sur lesquels s'appuie l'école Shingon, mais je n'ai rien trouvé dans ces écrits qui justifie l'affirmation qu'ils sont supérieurs au Sutra du Lotus. Cette affirmation ne fait que reprendre la conception erronée défendue par Shubhakarasimha*, Vajrabodhi*, Amoghavajra*, Kukai*, Ennin*, Enchin* et d'autres. Maintenant, plus que jamais, je comprends que la Véritable intention des bouddhas Shakyamuni et Vairocana* était de placer le Sutra du Lotus au-dessus de tous les autres sutras. Quand Kukai*, fondateur de l'école Shingon au Japon, ainsi que Ennin* et Enchin*, se rendirent en Chine [sous la dynastie Tang], Huiguo et Faxian leur léguèrent les principes erronés d'abord défendus par Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra*. De retour au Japon, ils propagèrent le Sutra du Lotus et les enseignements Shingon en s'efforçant de masquer l'éclat de la pleine lune [le Sutra du Lotus], le Véhicule suprême qui surpasse tous les autres sutras du passé et de l'avenir, pour faire briller une faible lueur de lucioles, les deux mandalas du Shingon. Pis encore, ils ont dénigré le Sutra du Lotus en prétendant que sa doctrine était puérile et que le bouddha du Sutra du Lotus était encore dans l'obscurité. Toutefois, ces commentaires furent comme un poignard qui se retourna contre leurs auteurs. Ce n'est pas le Sutra du Lotus mais le Sutra Vairocana* qui regorge de doctrines puériles, et c'est Vairocana lui-même qui se trouve dans le monde de l'obscurité. Si le tronc, c'est-à-dire les maîtres, est tordu comment les branches, pourraient-elles être droites ? Si une rivière est contaminée à la source, tout son cours sera pollué. Pour cette raison, l'arbre du Japon a connu une longue et sombre nuit et il est sur le point d'être détruit par le gel venu de l'étranger. Bien que n'étant pas dans le courant principal du Shingon, vous avez néanmoins servi un maître de cette école. Vous avez vécu de nombreuses années dans une maison dont la famille pratiquait une doctrine erronée, et mois après mois, votre esprit a été contaminé par les mauvais maîtres. Même si d'énormes montagnes s'effondraient et si des mers immenses s'asséchaient, votre offense ne pourrait facilement s'effacer. Cependant, en raison de votre karma passé et de la bienveillance que vous témoigne le Bouddha dans cette vie, vous m'avez rencontré et avez décidé de réformer votre conduite. Par conséquent, de plus grandes souffrances vous seront épargnées à l'avenir mais, pour l'instant, sont apparues ces pustules. Le roi Ajatashatru souffrit d'une grave infection pour avoir commis les cinq forfaits et s'être opposé au Sutra du Lotus. Mais ses pustules disparurent instantanément lorsque la lumière produite par la méditation du Bouddha, aussi bienveillante que la lune (note), éclaira son corps. Et, malgré la prédiction qu'il ne restait au roi que vingt et un jours à vivre, sa vie fut prolongée de quarante ans. Profondément reconnaissant, il accorda son plein soutien à mille arhats pour qu'ils recueillent par écrit les enseignements d'or du Bouddha, permettant ainsi la propagation du bouddhisme dans les périodes du Dharma correct, du Dharma formel, et des Derniers jours du Dharma. Si mes paroles se révèlent fausses, vous serez en droit de crier : "Le Bouddha, oeil du monde entier, est un grand menteur, et le Sutra du Lotus du Véhicule suprême n'est qu'une collection de mensonges ! L'Honoré du monde doit me donner une preuve, s'il se soucie de son honneur ! Tous les hommes vertueux et les sages doivent venir me protéger s'ils ne veulent pas trahir leur engagement ! " Il est impossible de confier à une lettre tout ce que l'on voudrait dire, et les mots ne suffisent pas pour exprimer tout ce que l'on a dans le coeur. Le reste devra attendre jusqu'à notre prochaine rencontre. Respectueusement, Le troisième jour du onzième mois. ARRIERE-PLAN
— Cette lettre est une réponse à Ota Jomyo qui avait
écrit à Nichiren Daishonin qu'il était malade. Elle
fut écrite le 3 novembre 1275, au Mont Minobu, alors que Nichiren
Daishonin avait cinquante-quatre ans. L'année précédente,
il avait quitté Kamakura pour se retirer au Mont Minobu. Là,
après s'être installé dans un lieu isolé, il
se consacra à établir les fondations éternelles qui
feraient de son bouddhisme une religion universelle. En anglais : Curing Karmic Disease - http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=631&m=1&q=Curing%20Karmic%20Disease | |
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