Chevaux blancs et cygnes blancs

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 7, p. 289 ; SG* p. 1071.
Gosho Zenshu p. 1420 - Utsubusa nyobo gohenj - STN, 2:1784

Minobu le 14e j. 8e m.1280, à la dame d'Utsubusa

 

Vous dites, dans la lettre que vous avez écrite d'Utsubusa, que le 9e jour du 8e mois marquera le centième jour depuis le décès de votre père, et vous offrez, avec un profond respect, dix rouleaux de pièces de monnaie pour une cérémonie à sa mémoire.

Dans la déclaration que vous joignez à cette demande, vous dites : "J'ai récité une fois le Sutra du Lotus dans sa totalité, trente fois les chapitres Hoben* (II) et Jigage, trois cents fois le Jigage et cinquante mille fois le daimoku, Namu Myoho Renge Kyo." Et vous ajoutez : "Je me souviens avec reconnaissance du voyage de mille lieues, à travers montagnes et rivières, que moi, votre disciple, j'ai effectué pour recevoir de vous le daimoku du Dharma merveilleux, et comment moins de trente jours plus tard la vie de mon père est arrivée à son terme." Vous dites encore : "Même si, malheureusement, il ne reste plus de son corps que des os blanchis dans le jardin de rosée (note) du Jambudvipa, et même s'il n'est plus que poussière indissociable de la terre, je suis persuadée que, sur le Pic du Vautour, son esprit connaît l'épanouissement de l'Éveil." Et vous terminez par : "Avec tout mon respect, la femme disciple du clan de Nakatomi, 3e année de l'ère Koan [1280]."

En Inde, le Sutra du Lotus, enseignement du Véhicule unique, était assez volumineux pour emplir une ville entière d'une longueur et d'une largeur d'un yojana. Mais la version qui en a été introduite au Japon ne comporte que huit volumes. Par le passé, nombreux sont ceux qui, priant pour obtenir des bienfaits en cette vie-ci ou pour renaître dans de bonnes conditions dans la vie suivante, ont vu leurs vœux réalisés en récitant soit l'ensemble des huit volumes, soit un seul volume, soit les chapitres Hoben* (II) et Juryo* (XVI), ou simplement le Jigage. Je n'en dirai pas plus pour l'instant.

Vous dites dans votre lettre que vous avez récité Namu Myoho Renge Kyo cinquante mille fois. Je me suis demandé si d'autres personnes l'avaient fait avant vous mais elles sont probablement très rares. Certains ont peut-être obtenu des bienfaits en récitant daimoku une fois ou deux, mais je n'ai encore jamais entendu parler de personne qui l'ait récité cinquante mille fois.

Tous les phénomènes portent un nom et chaque nom exprime une qualité ou une propriété inhérente à ce qui est désigné. Par exemple, Sekko, le général Tigre-de-pierre, fut ainsi appelé parce qu'il avait transpercé d'une flèche un rocher qu'il avait pris pour un tigre. Et Matodate, le ministre Perce-cible (note) reçut ce nom parce qu'une de ses flèches avait traversé un bouclier d'acier. Dans les deux cas, le nom indique les qualités de la personne.

Quant au Sutra du Lotus, les mérites et les bienfaits de ses huit volumes et vingt-huit chapitres sont tous contenus dans les cinq caractères de son titre. C'est comparable au merveilleux joyau exauçant tous les vœux, capable de dispenser dix mille trésors. Ou bien l'équivalent du principe "un seul grain de poussière contient trois mille mondes".

Le mot Namu exprime un sentiment de respect et de vénération. C'est pourquoi le Vénérable* Ananda plaça namu au-dessus des deux caractères de nyoze [dans la phrase nyoze gamon, "Ainsi ai-je entendu"] qu'il écrivit au début de tous les sutras. Le Grand-maître* Huisi employa les mots Namu Myoho Renge Kyo, et le Grand-maître* Zhiyi* les mots keishu Namu Myoho Renge Kyo.

Le Vénérable* Ananda était le fils du roi Dronodana et un disciple du Bouddha Shakyamuni, Maître de la doctrine. Soixante jours après la disparition de Shakyamuni, Mahakashyapa et les autres disciples, mille personnes au total, ainsi que Manjushri et les quatre-vingt mille autres bodhisattvas se rassemblèrent dans une grande salle de pratique et pleurèrent la disparition du Bouddha. Ils se concertèrent et dirent : "Même nous, qui avons été aux côtés du Bouddha pendant tant d'années, au bout seulement de soixante jours, nous ressentons une grande tristesse d'être séparés de lui. Qu'arrivera-t-il alors à ceux qui vivront dans cent ans, dans mille ans ou à l'époque des Derniers jours du Dharma ? Quel moyen auront-ils de chérir sa mémoire ?

"Les six Maîtres de doctrine* non bouddhistes conservent les quatre Veda et les dix-huit principaux écrits enseignés et légués par les deux divinités [Shiva et Vishnu] et les trois ascètes il y a huit cents ans, afin que les propos de leurs maîtres soient transmis aux époques ultérieures. Ne devrions-nous pas, nous aussi, consigner par écrit les divers principes que, pendant cinquante ans, nous avons entendu le Bouddha enseigner aux auditeurs-shravakas et aux grands bodhisattvas, afin que ces enseignements deviennent les yeux des êtres humains à l'avenir ? "

D'un commun accord, ils invitèrent le Vénérable* Ananda à prendre place sur le siège le plus élevé. Ils levèrent les yeux vers lui avec autant de respect qu'ils en avaient manifesté au Bouddha, et prirent place eux-mêmes sur des sièges un peu plus bas. Puis, le bodhisattva Manjushri récita Namu Myoho Renge Kyo, et le Vénérable* Ananda répondit : Nyoze gamon, "Ainsi ai-je entendu". Alors, les 999 autres grands arhats trempèrent tous leur pinceau dans l'encre et écrivirent les mots prononcés.

La totalité des bienfaits représentés par les huit volumes et les vingt-huit chapitres du Sutra du Lotus sont contenus dans ces cinq caractères. C'est précisément pour cela que le bodhisattva Manjushri, les récita. Et le Vénérable* Ananda lui répondit en disant : "Oui, en vérité  ! " Les douze mille auditeurs-shravakas, les quatre-vingt mille grands bodhisattvas et les divers autres auditeurs des deux mondes [monde du désir et monde de la forme] et des huit groupes, exprimèrent leur assentiment parce que cela correspondait à ce qu'ils avaient entendu auparavant."

Le très sage Grand-maître* Zhiyi* commenta les cinq caractères de Myoho Renge Kyo dans les mille pages de son Hokke Gengi en dix volumes. Le point central de cet ouvrage est le suivant : les quatre-vingt, soixante, ou quarante volumes du Sutra Kegon*  ; les quelques centaines de volumes des sutras Agama*  ; les nombreux volumes du Sutra Dajuku hodo ; les quarante ou six cents volumes du Sutra Daibon hannya ; les quarante ou trente-six volumes du Sutra du Nirvana, ainsi que les innombrables sutras en Inde, dans les palais des Rois-dragons, dans les cieux et dans les mondes des dix directions, aussi nombreux que tous les grains de poussière de la terre - tous ces sutras sont les serviteurs et les seconds du seul caractère Kyo (sutra) de Myoho Renge Kyo.

De plus, le Grand-maître* Zhanlan* écrivit des commentaires en dix volumes intitulés Hokke gengi shakusen. Dans cet ouvrage, il déclara que tous les sutras introduits en Chine après l'époque de Zhiyi* - y compris les sutras portant l'appellation de "nouvelles traductions" - étaient tous des serviteurs et des seconds du Sutra du Lotus. Au Japon, pareillement, le Grand-maître* Saicho* établit que le Sutra Vairocana et les autres sutras de l'école Shingon - qui font partie des "nouvelles traductions" - étaient tous des serviteurs et des seconds du Sutra du Lotus. Toutefois, Kukai*, Ennin*, Enchin* et d'autres, avancèrent des opinions aussi différentes de ce principe que le feu de l'eau. J'y reviendrai un peu plus loin.

J'expliquerai cela par une comparaison : les cinq ou sept régions autour de la capitale ; les soixante-six provinces ; les deux îles et tous les districts, manoirs, villages, champs et parcelles de terre ; les personnes ; les vaches et les chevaux ; l'or et l'argent, ainsi que tout ce qui se trouve au Japon - tout cela sans exception est contenu dans les trois caractères Ni Hon Koku qui servent à désigner "le pays du Japon".

Le caractère chinois utilisé pour écrire "roi", s'écrit avec trois traits horizontaux et un trait vertical. Les trois traits horizontaux représentent le ciel, la terre et l'humanité, tandis que l'unique trait vertical représente le souverain qui règne sur les trois. Comme le Mont Sumeru s'élève, solidement posé sur la grande terre, on appelle souverain celui qui règne sur le ciel, la terre et les hommes, sans vaciller si peu que ce soit.

Il y a toujours eu deux sortes de souverains, la première étant celle des petits souverains. Dans cette catégorie, on peut ranger les souverains de moindre importance des domaines terrestres et célestes. La seconde sorte est celle des grands souverains. Le roi céleste Daibonten en fait partie. Dans le cas du Japon, celui qui règne sur le pays tout entier pourrait être considéré comme un grand souverain, et les gouverneurs des diverses provinces, comme de petits souverains.

De même, les sutras des périodes Kegon, Agon, Hodo et Hannya  ; le Sutra Vairocana*, le Sutra du Nirvana et les divers autres sutras enseignés avant le Sutra du Lotus, en même temps que lui ou après lui, sont des petits souverains comparables aux gouverneurs des diverses provinces du Japon.

Le Sutra du Lotus, en revanche, est comparable à un grand souverain, un Fils du Ciel. Par conséquent, les adeptes du Kegon, Shingon et des diverses autres écoles sont comme les sujets et les vassaux du dirigeant du pays. Mais quand les simples sujets tentent de s'approprier les vertus du Fils du Ciel, ils agissent comme des inférieurs essayant de détrôner leur supérieur. C'est comparable à des gens du peuple tournant le dos à leurs supérieurs pour obéir à des personnes de moindre valeur, ou à des subalternes qui, ayant vaincu leurs supérieurs, entraînent à la rébellion et créent des émeutes.

En pareil cas, tous les efforts faits pour ramener l'ordre dans le monde n'auront d'autre résultat que la confusion dans l'État et la perte des personnes impliquées. Ce sera comme vouloir déplacer un arbre sans troubler la paix de ses branches et de ses feuilles, ou souhaiter qu'un navire poursuive paisiblement sa route sur les vagues d'un océan en furie.

Les moines des écoles Kegon, Shingon et Nembutsu, comme ceux des écoles Ritsu et Zen, se vantent de respecter rigoureusement les préceptes, d'avoir une conduite honnête et de posséder une grande sagesse. Mais, en réalité, ils sont dans la situation de personnes nées dans des familles fomentant la rébellion d'inférieurs contre leur supérieur. En ce sens, ils sont les grands ennemis du Sutra du Lotus. Comment pourraient-ils éviter de tomber dans la grande citadelle de l'enfer avici   ? Parmi les adeptes des quatre-vingt quinze sortes d'écoles non bouddhiques (note) beaucoup étaient certainement honnêtes et sages. Mais parce qu'ils croyaient en des enseignements erronés, légués par les deux divinités et les trois ascètes, ils furent condamnés à renaître dans les voies mauvaises de l'existence.

De nos jours, ceux qui récitent Namu Amida Butsu se moquent de ceux qui récitent Namu Myoho Renge Kyo ou tentent de les égarer. C'est comme si le millet dénigrait le riz, ou comme si un fermier exprimait la haine de ses propres champs. Cela fait penser à des bandits qui, en l'absence d'un général en chef, croient que leurs raids nocturnes ou leurs actes de pillage resteront impunis ; ou à des taupes, qui, tant que le soleil ne s'est pas levé, se promènent sur le sol en se croyant en sécurité. Mais qu'apparaisse le commandant suprême ou le soleil, Namu Myoho Renge Kyo, ils disparaissent aussi rapidement que l'eau éteint des flammes furieuses, ou que des singes apeurés s'enfuient devant des chiens. De nos jours, quand ceux qui psalmodient Namu Amida Butsu entendent le son des voix récitant Namu Myoho Renge Kyo, leur visage perd ses couleurs et leurs yeux brûlent de colère, ils perdent la raison et ils tremblent de tout leur corps.

Le Grand-maître* Saicho* écrivit : "Quand le soleil se lève, les étoiles se cachent, et quand le talent se manifeste, l'absence de talent devient évidente."(réf.) Le bodhisattva Nagarjuna déclara  : "Les propos erronés sont faciles à réfuter, et les opinions fausses, difficiles à soutenir." Le bodhisattva Gunamati déclara  : "Son visage avait la couleur de la mort et du deuil, et dans sa voix s'entendaient le chagrin et le ressentiment." (note) Et Fasui : "Les tigres féroces des attaques d'autrefois sont maintenant devenus les daims craintifs de l'acceptation."(réf.) Il faut tenir compte de ces opinions et comprendre leur intention, celle d'affirmer la supériorité du Sutra du Lotus.

Proclamons ouvertement et clairement les mérites de Myohorengekyo  ! Comme le poison se change en élixir (hendoku iyaku), les sept caractères Na Mu Myo Ho Ren Ge Kyo transforment le mal en bien. La Source des Joyaux est appelée ainsi parce qu'en elle, les cailloux se transforment en pierres précieuses. De même, ces cinq caractères peuvent changer un simple mortel en bouddha. Ainsi, puisque votre défunt père a récité Namu Myoho Renge Kyo de son vivant, il a atteint la bodhéité sans changer d'apparence, comme une pierre ordinaire se change en joyau.

La façon dont vous avez agi est la plus noble forme de pitié filiale. Car il est dit dans un passage du Sutra du Lotus : "Ces deux fils qui sont les miens ont accompli l'œuvre du Bouddha." Et aussi  : "Ces deux fils ont été mes bons amis bouddhiques."(réf.) (note)

Il y eut, il y a bien longtemps, un grand roi appelé Rinda. Lorsque ce souverain entendait le hennissement de chevaux blancs, il conservait un teint frais, il était plein de force et de vitalité et se sentait rassasié sans même avoir besoin de manger. Même ses ennemis des pays voisins dénouaient leur armure et respectaient ses frontières.

Mais les chevaux blancs ne hennissaient qu'à la vue de cygnes blancs. Et, peut-être parce que les façons de gouverner du souverain étaient mauvaises, ou peut-être en raison d'un mauvais karma hérité du passé, un jour, tous les cygnes blancs disparurent. Alors, les chevaux blancs cessèrent de hennir. Parce qu'il n'entendait plus le hennissement des chevaux blancs, le teint du roi perdit ses belles couleurs, sa force diminua, son corps devint maigre et fragile, et les mesures prises par son gouvernement devinrent superficielles et inefficaces.

Le désordre régna bientôt dans le pays. Le roi se demandait ce qu'il pourrait faire si l'armée d'un pays étranger décidait d'attaquer le sien. Il émit donc un décret disant : "Nombreux sont ceux qui, dans notre pays, pratiquent des enseignements non bouddhiques et nous les protégeons et les soutenons. Et il en va de même pour les enseignements bouddhiques. Mais les non bouddhistes et les bouddhistes ne parviennent pas à s'entendre. Je décide aujourd'hui de rendre officielle la pratique de celui des deux groupes qui saura faire hennir les chevaux blancs. Et l'autre groupe sera banni du pays."

Alors, tous les maîtres des écoles non bouddhiques se réunirent. Ils s'efforcèrent de faire revenir les cygnes blancs afin que les chevaux blancs se remettent à hennir, mais aucun cygne ne réapparut. Par le passé, ces grands maîtres avaient fait apparaître des nuages et des brouillards, souffler le vent et se soulever les vagues ; ils avaient fait jaillir de leur corps de l'eau ou du feu, métamorphosé des hommes en chevaux et des chevaux en hommes, et réalisé tous leurs désirs quels qu'ils soient. Mais, pour une raison inconnue, en cette occasion, ils ne parvinrent pas à faire réapparaître les cygnes.

À la même époque vivait un disciple du bouddha appelé bodhisattva Ashvaghosha. Il adressa des prières à tous les bouddhas des dix directions, et immédiatement, quelques cygnes revinrent et plusieurs chevaux blancs se remirent à hennir. Dès que ce son parvint aux oreilles du roi, son teint s'améliora quelque peu, sa force revint et sa peau reprit meilleure apparence. Un cygne blanc, puis deux, puis mille réapparurent, et mille chevaux blancs se mirent à hennir tous ensemble, comme des coqs annonçant l'aube. Le roi entendit cela et son teint devint aussi resplendissant que le soleil, sa peau aussi fraîche que la lune, sa force aussi grande que celle du roi Narayana, et son gouvernement aussi sage que celui du dieu Bonten.

Et dès lors, parce que les décrets du souverain sont irréversibles et qu'il est aussi impossible d'empêcher leur application que de retenir sa propre sueur, tous les lieux de culte des écoles non bouddhiques furent changés en temples bouddhiques.
Le Japon d'aujourd'hui fait penser à cette histoire du roi Rinda. Au début, le pays connut le règne des empereurs célestes. Mais, à l'approche des Derniers jours, les conceptions des gens se déformèrent et l'avidité, la colère et l'ignorance se renforcèrent. La sagesse des divinités étant devenue superficielle, leur autorité et leur pouvoir diminuèrent, et elles ne réussirent même plus à protéger ceux qui leur adressaient des prières. C'est alors que ce grand enseignement, le bouddhisme, fut introduit dans le pays et s'y répandit peu à peu. Le cœur des gens redevint honnête et droit, et le pouvoir et l'autorité des divinités furent renforcés. Mais de nombreuses conceptions erronées vinrent se mêler aux croyances bouddhiques et, pour cette raison, la situation du pays devint périlleuse.

Le Grand-maître* Saicho* entreprit donc de voyager jusqu'en Chine et se livra, là-bas, à une comparaison rigoureuse de tous les enseignements sacrés du Japon, de Chine et d'Inde. Il rejeta ceux qui étaient inférieurs et choisit ceux qui étaient valables, les examinant un par un, sans préjugé ni parti-pris. Pour finir, il choisit le Sutra du Lotus et deux autres sutras, les désignant comme les trois sutras qui assureraient la protection du pays.

D'autres sages, toutefois, comme le Grand-maître* Kukai*, le Grand-maître* Ennin* et le Grand-maître* Enchin*, en prétendant fonder leurs arguments sur des enseignements venus de Chine ou d'Inde, entreprirent de reléguer le Sutra du Lotus au deuxième ou troisième rang parmi les sutras, le qualifiant de "théorie puérile", (réf.) ou prétendant qu'il n'était pas encore sorti du "domaine de l'obscurité". A la place du Sutra du Lotus, ils donnèrent la position suprême aux trois sutras du Shingon.

Ainsi, l'époque devint-elle peu à peu celle de la rébellion des inférieurs contre leurs supérieurs, et ces théories erronées se répandirent dans le pays entier. Cela entraîna de nombreuses personnes dans les mauvaises voies de l'existence. Les divinités perdirent peu à peu toute autorité, trouvant de nouveau difficile de protéger même ceux qui leur adressaient des prières. Ainsi, on constate que les cinq souverains du pays, du 81e au 85e, ou bien se sont noyés dans l'océan de l'ouest, ou bien ont été abandonnés sur des îles au beau milieu des quatre mers. De leur vivant, ils furent considérés comme des démons et, après leur mort, ils tombèrent dans l'enfer avici.

Tant que personne ne comprenait la cause de cette situation, il était impossible d'y remédier. Mais maintenant, moi, Nichiren, étant conscient de tout cela, j'en ai une vision d'ensemble. Pour m'acquitter de ma dette de reconnaissance envers mon pays, je m'efforce de l'expliquer. Mais cela ne fait que susciter de la haine envers moi.

J'en resterai là. Je voudrais seulement dire que votre père aimé est comparable au roi Rinda, et vous, au bodhisattva Ashvaghosha. Les cygnes blancs représentent le Sutra du Lotus, les chevaux blancs symbolisent Nichiren, et le hennissement des chevaux blancs est le son de Namu Myoho Renge Kyo. Ainsi, de même que, lorsqu'il entendait le hennissement des chevaux blancs, le corps du roi Rinda gagnait en force et son teint en éclat, au son de votre voix récitant Namu Myoho Renge Kyo, votre père regretté se réjouit dans l'état de bouddha.

Le 14e jour du 8e mois de la 3e année de Koan (1280).

Réponse à la dame d'Utsubusa.

ARRIÈRE-PLAN - Cette lettre est datée du 14e jour du 8e mois de 1280, Nichiren Daishonin étant alors âgé de cinquante-neuf ans. Elle fut envoyée du Mont Minobu à une disciple femme connue seulement sous le nom de "dame d'Utsubusa", vivant à Utsubusa, dans le district Ihara de la province de Suruga. C'est un remerciement pour des offrandes et la réponse à une lettre dans laquelle sa disciple demandait à Nichiren Daishonin de conduire une cérémonie à la mémoire de son père défunt, cent jours après son décès. Compte tenu de la relative importance de la somme envoyée - dix rouleaux de pièces - et du contenu de sa requête, on peut penser que cette dame d'Utsubusa était d'un milieu plutôt favorisé. (Commentaire ACEP)

En anglais : White Horses and White Swans
http://www.nichirenlibrary.org/en/wnd-1/Content/152
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_WhiteHorsesSwans.htm

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