Lettre à Gijo-bo
Lettres
de Nichiren Daishonin. ACEP vol. 2, p. 261; SG* p.392. |
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J'ai examiné attentivement votre question concernant la doctrine bouddhique. Le bienfait du Sutra du Lotus ne peut être compris et partagé que par les bouddhas. C'est une sorte d'Éveil que même la sagesse des émanations du Bouddha Shakyamuni dans l'univers entier a grand peine à concevoir. C'est pourquoi, comme vous le savez, le Grand-maître* Zhiyi* a défini le mot Myo [de Namu Myoho Renge Kyo] comme ce qui est mystérieux. Le Sutra prône une grande diversité de pratiques, mais seuls Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* ont su en comprendre le sens profond. Le Grand-maître Saicho*, en particulier, fut la réincarnation de Zhiyi*. Néanmoins, il envoya des émissaires en Chine en de nombreuses occasions, pour dissiper les doutes. Les principes essentiels du Sutra du Lotus sont l'implication réciproque des dix mondes-états, cent mondes et mille modalités d'expressions de la vie, ainsi que ichinen sanzen. Ce sont des principes d'une grande importance énoncés dans le Maka Shikan. L'enseignement du chapitre Juryo* (XVI) revêt pour moi, Nichiren, une signification particulière. Zhiyi* et Saicho* le comprirent presque entièrement mais ne le révélèrent pas explicitement, et c'est également vrai de Nagarjuna et Vasubandhu. Le Jigage indique : "N'ayant à l'esprit qu'un seul désir, celui de voir le Bouddha, il ne donne pas sa vie à contrecoeur." Moi, Nichiren, j'ai fait surgir la bodhéité du plus profond de ma vie en vivant selon cette phrase. C'est ainsi que j'ai révélé les Trois grands Dharmas cachés, en concrétisant le principe d'ichinen sanzen contenu dans le chapitre Juryo* (XVI). C'est une vérité précieuse que nous devons garder ! Le Grand-maître* du Mont Hiei [Saicho*], se rendit en Chine pour y apprendre le sens profond de cette phrase du Sutra. "Seul" dans "n'ayant à l'esprit qu'un seul désir" désigne l'unique voie pure* et "l'esprit" indique tous les phénomènes. Le Grand-maître* Zhiyi* expliqua le caractère chinois "coeur" [ou "esprit"] en disant qu'il consiste en quatre traits de pinceau représentant la lune et trois étoiles et qu'il implique que le coeur des hommes ordinaires est fondamentalement pur. Mon interprétation de ce passage est que "Seul" correspond à Myo, "l'esprit", à Ho, "désir" à Ren, "Voir" à Ge et "Bouddha" à Kyo. Pour propager ces cinq caractères de Myoho Renge Kyo, il faut être prêt à donner sa vie. "N'ayant à l'esprit qu'un seul désir, celui de voir le Bouddha" implique aussi voir le Bouddha dans son propre coeur, penser uniquement à voir le Bouddha, et réaliser que voir son propre coeur équivaut à voir le Bouddha. J'ai atteint la bodhéité, les Trois Corps en vivant cette phrase. En enseignant cela, je dépasse sans doute Zhiyi* et Saicho*, Nagarjuna et Mahakashyapa. Progressez sans cesse, sans relâche dans votre foi. Le Bouddha enseigne qu'il faut devenir maître de son coeur et non laisser son coeur devenir le maître (réf.). C'est pourquoi je vous ai toujours exhorté à vous consacrer au Sutra du Lotus sans ménager votre corps, au risque de votre vie. Namu Myoho
Renge Kyo, Nichiren ARRIERE-PLAN
- Bien que courte, cette lettre contient quelques principes très
importants. Elle fut envoyée le 28 mai 1273 à Gijo-bo,
qui avait été l'aîné de Nichiren au temple
Seicho-ji. Il y avait à peine plus d'un mois que Nichiren Daishonin
avait écrit le "Traité sur le véritable
objet de vénération" dans lequel il avait révélé
l'objet de vénération du point de vue du Dharma et de
la pratique correcte pour l'illumination dans la période des
Derniers Jours du Dharma. La "Lettre à Gijo-bo" réaffirme
le contenu profond du "Traité sur le véritable
objet de vénération", mais de façon beaucoup
plus concise. En anglais : Letter to Gijo-bo |
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