Il y eut autrefois des hommes comme Saicho*, Gishin*, Ennin* et Enchin qui parcoururent dix
mille lieues sur les océans à la recherche des enseignements
sacrés, ou qui franchirent toutes les montagnes et rivières
du Japon pour contempler les statues du Bouddha qu'ils vénéraient.
Dans certains cas, ils bâtirent des temples au sommet de hautes
montagnes pour y préserver ces écritures et ces statues ; dans d'autres cas, ils construisirent, au fond de vallées encaissées,
des lieux de culte où l'on pouvait vénérer et honorer
de tels objets.
Rissho Ankoku ron (Kamakura-Matsubagayatsu,
juillet 1260)
Le Japon est un pays auquel convient exclusivement le Mahayana,
et, plus particulièrement dans le Mahayana,
il devrait se consacrer uniquement au Sutra du Lotus. On trouve
confirmation de cela dans le Yuga
Ron, dans
les écrits de Seng-zhao,
dans les écrits du prince Shotoku,
du Grand-maître* Saicho* et d'Annen. Comprendre cela,
c'est comprendre le pays.
[...] Sous le
règne de l'empereur Kammu,
le Grand-maître* Saicho* apparut. Il révéla le véritable sens du Sutra
du Lotus en réfutant les enseignements du Hinayana et du Mahayana provisoire*.
A dater de ce jour, les opinions divergentes cessèrent de prévaloir
et, dans le pays entier, chacun accorda pleinement foi au Sutra
du Lotus.
L'enseignement,
les capacités, le temps et le pays (Izu,
10 février 1262 ? )
L'opinion que le Sutra du Lotus fut enseigné pour
le bien des personnes des deux véhicules [auditeurs-shravakas et pratyekabuddhas],
et non pour les personnes dans l'état de bodhisattva,
et que les mots "je n'ai pas encore révélé
la vérité"(réf.) ne concernent que ces personnes des deux
véhicules, était celle du Grand-maître* Tokuichi,
un moine de l'école Hosso.
Cette opinion fut réfutée par le Grand-maître* Saicho* qui écrivit : "De nos jours, un amateur d'aliments
de saveur inférieure a
composé plusieurs volumes d'écrits falsifiés, offensant
le Dharma et calomniant les personnes. Comment pourrait-il ne pas
tomber en enfer ? "(réf.) Ces critiques
sévères eurent pour effet que la langue de Tokuichi se fendit en huit morceaux et qu'il mourut.
[...] Lorsque le Grand-maître* Saicho* enseigna le Sutra du Lotus, le Grand Bodhisattva Hachiman lui fit don d'une robe pourpre, et quand le moine Kuya récita le Sutra du Lotus, la grande divinité
du sanctuaire Matsuo fut protégée
du vent froid.
Questions et
réponses sur la pratique du Sutra du Lotus (Kamakura ? mars 1263 ? à Nichiji ?)
Mais, en pensant que toutes les bonnes actions se valent,
les gens accomplissent des gestes de petite bonté sans comprendre
qu'ils commettent du même coup un grand mal. Aussi, lorsqu'ils
voient se délabrer des sanctuaires associés à Saicho*,
à Ennin* et à d'autres Grands-maîtres, ils les laissent tomber
en ruines sous prétexte que ces petits temples ne sont pas consacrés
au Nembutsu.
Encouragements
à une personne malade (décembre
1264, à Nanjo Hyoe Shichiro)
Nous voyons
là qu'il faudrait accepter ce qui est clairement établi
dans le texte des sutras, mais rejeter tout ce qui ne peut être
soutenu par le texte. Le Grand-maître* Saicho* dit : "Fiez-vous aux enseignements du Bouddha, et non aux enseignements
transmis oralement"(réf.),
ce qui exprime la même idée que le passage du commentaire
de Zhiyi*.
Et le bodhisattva Nagarjuna dit : "Fiez-vous aux traités qui sont fidèles au sutra ; ne vous fiez pas aux traités qui déforment le sutra."(réf.) Une signification possible de ce passage est que, parmi les divers sutras,
il faut rejeter les enseignements
provisoires énoncés avant le Sutra du Lotus,
et accorder sa foi à ce Sutra. Ainsi, les sutras aussi
bien que les traités rendent parfaitement clair qu'il faut rejeter
tout sutra autre que le Sutra du Lotus.
[...] Ainsi, il
advint que cette traduction, en particulier, du Sutra du Lotus par le Savant-maître* Kumarajiva se répandit
sans difficulté à travers toute la Chine. Et c'est pourquoi,
quand le Grand-maître* Saicho* du temple Enryaku-ji attaqua les
enseignements des autres écoles, il les réfuta en disant : "Nous avons la preuve, parce que la langue du Savant-maître* Kumarajiva, le traducteur du Sutra du Lotus, n'a pas été consumée par
les flammes. Les sutras sur lesquels vous vous appuyez sont tous dans
l'erreur ! "
[...] 2 Le Grand-maître* Saicho* déclare : "Ni les maîtres ni les disciples, pour atteindre
la bodhéité, n'ont besoin de poursuivre des pratiques austères
pendant d'innombrables kalpas. Grâce
au pouvoir du Sutra du Lotus, ils peuvent y parvenir sans changer
d'apparence." Cela signifie que le maître qui expose les principes
du Sutra du Lotus, aussi bien que le disciple qui reçoit
ses enseignements, sans avoir à attendre longtemps, parviendront
ensemble à la bodhéité grâce au pouvoir du Sutra du Lotus.
Conversation
entre un sage et un ignorant (1265
? à un samouraï ? )
Le Grand-maître* Kompon, plus connu sous
le nom de Grand-maître Saicho*,
le commente en disant : "Les époques du Dharma
correct et du Dharma formel arrivent
à leur terme, et les Derniers
jours du Dharma sont tout proches. Le temps est maintenant venu où le Véhicule
unique du Sutra du Lotus prouvera qu'il est bien celui
qui convient parfaitement aux capacités de tous les êtres
humains."(réf.)
L'essentiel du chapitre
Yakuo (1265- ? peut-être
à la mère de Nanjo Tokimitsu)
A 3.000 ri à l'est
de la Chine se trouve un pays qu'on appelle le Japon. Quelque deux cents
ans après sa mort, le Grand-maître* Zhiyi* renaquit dans ce pays sous le nom de Grand-maître* Saicho*.
Il écrivit un ouvrage intitulé Hokke
Shuku dans lequel il déclara : "Ni les maîtres
ni les disciples n'ont besoin de passer par d'innombrables kalpas de pratique des austérités pour atteindre la bodhéité.
Grâce au pouvoir du Sutra du Lotus, ils peuvent y parvenir
sans changer d'apparence." Ainsi, il expliqua clairement pourquoi
la fille du Roi-Dragon avait pu
devenir bouddha. Il semble parfois difficile, pour les femmes de notre
époque, d'atteindre la bodhéité sans
changer d'apparence. Mais, si elles font confiance au Sutra
du Lotus, il ne fait aucun doute qu'après leur mort elles
renaîtront dans la Terre
pure de la béatitude parfaite. Elles l'atteindront plus facilement
encore que les rivières et les ruisseaux ne rejoignent le grand
océan, plus rapidement encore que la pluie ne tombe du ciel.
Le Daimoku du Sutra
du Lotus (1266
à une femme d'Amatsu) Gosho signé Nichiren, disciple du Grand-maître* Saicho*
Dans notre propre pays, le Grand-maître* Saicho*,
[fondateur de l'école Tendai]
sur le Mont Hiei, tint un débat
avec les lettrés de la capitale du Sud [Nara] et de la capitale
du Nord [Kyoto] et établit ce qui était correct et ce
qui était erroné en bouddhisme. Dans les deux cas, [Zhiyi* aussi bien que Saicho*]
leur démonstration s'appuya sur les sutras.
Réponse à
Hoshina Goro Taro (5
décembre 1267 à Hoshina)
Sous le
règne de l'empereur Kammu,
vivait un jeune moine du nom de Saicho*,
disciple du moine Gyoho du temple
Yamashina. On le connut par la suite sous le nom de Grand-maître* Dengyo. Il étudia
en profondeur l'enseignement des six
écoles précédemment introduites au Japon ainsi
que celui de l'école Zen,
mais aucune de ces doctrines ne parut le satisfaire. Quelque quarante
ans plus tot, sous le règne de l'empereur Shomu,
un moine chinois du nom de Ganjin était venu au Japon, apportant avec lui les commentaires du Grand-maître* Zhiyi*.
Quand Saicho* les lut, c'est lui qui le premier parvint à saisir le véritable
sens du bouddhisme.
Dans la quatrième année de l'ère Enryaku [785], Saicho* fonda un temple au Mont Hiei afin
d'assurer une paix perpétuelle au ciel et sur terre. L'empereur Kammu honora ce nouveau bâtiment
en le désignant comme un lieu de culte où des prières
devaient être offertes à l'étoile qui guide le souverain. Il n'accorda
plus aucun crédit aux enseignements des six
écoles et adhéra totalement aux doctrines parfaites
de l'école Tendai. Au cours
de la treizième année de l'ère Enryaku [794], l'empereur
déplaça la capitale, de Nagaoka à
Heian [Kyoto]. Dans la vingt-et-unième
année de la même ère [802], le dix-neuvième
jour du premier mois, l'empereur convoqua, au temple Takao-dera, quatorze
maîtres des six écoles des sept grands temples de Nara,
parmi lesquels des moines tels que Gonso et Choyo, et leur ordonna d'engager un débat avec Saicho*.
Ces maîtres éclairés des six
écoles, incapables de répondre, même à
une seule question de Saicho*,
gardèrent les lèvres si étroitement serrées
qu'on aurait pu croire que leur bouche était soudée à
leur nez. Les "cinq enseignements"
de l'école Kegon, les "trois
périodes" de l'école Hosso,
les "deux resserres"
et "trois ères"
professées par l'école Sanron,
tous ces principes furent totalement démontés par Saicho*.
[...] Moi, Nichiren,
je sais quelles sont les mesures à prendre pour remédier
à la situation. A l'exception du sage du Mont Hiei [Saicho*],
je suis le seul à le savoir.
Genèse
du Rissho Ankoku Ron (Kamakura,
le 5 avril 1268, à Hokan-bo)
De même, au Japon, sous le règne de l'empereur Kammu, apparut un simple moine
du nom de Saicho*,
qui reçut par la suite le titre honorifique de Grand-maître* Dengyo. Il réfuta
les principes des écoles établies depuis deux cents ans,
depuis [l'introduction du bouddhisme sous] le règne de l'empereur Kimmei. Au début, il suscita
beaucoup de colère, mais par la suite, tous finirent par devenir
ses disciples.
[...] Ceux qui critiquaient Zhiyi* et Saicho disaient : "Les fondateurs de notre école appartenaient
aux Quatre rangs de saints, étaient
des sages vertueux des temps anciens alors que vous n'êtes qu'un simple mortel ignorant de la fin de l'époque
du Dharma formel." La question, toutefois, n'est pas de savoir
si une personne vit à l'époque du Dharma
correct, du Dharma formel ou des Derniers
jours du Dharma, mais si elle s'appuie ou non sur le texte
du Sutra véridique. Une fois de plus, la question n'est pas de
savoir quelle est la personne qui enseigne mais si l'enseignement est
oui ou non vérifiable.
[...] J'ai pensé : "Comment pourrais-je arrêter la propagation du Nembutsu alors même que les réfutations des temples
de Nara et du Mont Hiei et les puissantes interdictions des empereurs n'y sont
pas parvenues ? Mais, en utilisant les sutras comme un clair miroir
et en conservant comme outil de divination les principes de Zhiyi* et de Saicho*,
j'ai réfuté ces enseignements pendant ces dix-sept dernières
années, depuis la cinquième année de l'ère Kencho (1253) (note) jusqu'à maintenant,
la septième année de l'ère Bun'ei (1270).
Le savant maître
Chan-wou-wei (Kamakura, 1270 à
Joken-bo et Gijo-bo)
Au cours des plus de 2200 ans écoulés depuis la
disparition du Bouddha, dans toute l'Inde, la Chine, le Japon et le
monde entier [comme le Grand-maître* Zhiyi* l'a déclaré] : "Vasubandhu et Nagarjuna avaient clairement
perçu la vérité dans leur coeur, mais ils ne l'enseignèrent
pas. A sa place, ils exposèrent les enseignements
du Mahayana provisoire*,
qui étaient adaptés à leur époque."(réf.) Zhiyi* et Saicho* en donnèrent une indication générale, mais
laissèrent aux générations futures la tâche
de la propager. Ce Dharma caché, l'unique grande raison pour
laquelle les bouddhas viennent en ce monde, sera propagée pour
la première fois dans ce pays. Et Nichiren n'est-il pas précisément
la personne qui la propage ?
[...] Le
Grand-maître* Saicho* déclare : "Quand le soleil se lève, les étoiles
se cachent."(réf.).
L'aspiration
à la Terre de Bouddha (Sado,
le 23 novembre 1271 à Toki Jonin)
Ce grand mandala est établi en agitant la doctrine d'ichinen
sanzen (Une pensée trois mille). Il s’agit d’une
doctrine que les faux érudits de notre époque ne peuvent
pas connaître même en rêve. Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho* la connaissaient intérieurement mais ne l’ont pas propagé.
Ils clamaient “une couleur, un parfum” et murmuraient que
cela trouble les oreilles et stupéfie les cœurs. Ils nommaient maka shikan parfait et soudain ce
qu’ils auraient dû appeler Myohorenge.
Transmission
orale sur l’éveil des végétaux (20 février
1272 à Sairenbo)
Quand le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon, il ne se contenta pas d'exposer les erreurs des six
écoles de Nara mais établit clairement que l'école Shingon avait volé les principes
du Sutra du Lotus exposés par Zhiyi* pour en faire l'essentiel de sa propre doctrine. Le Grand-maître Saicho exhorta les maîtres des autres écoles à renoncer à
leurs conceptions et interprétations arbitraires pour n'examiner
les choses qu'à la seule lumière des écrits eux-mêmes.
En conséquence, il parvint à vaincre en débat huit
moines éminents des six écoles de Nara, puis douze moines, puis quatorze, puis plus de trois cents, parmi
lesquels Kukai* (note).
Il n'y eut bientôt plus une seule personne dans tout le Japon qui
ne reconnut pas la supériorité de l'école Tendai,
et les grands temples de Nara, le
temple du Shingon To-ji à Kyoto, et d'autres temples de toutes les provinces furent rattachés
au temple principal de l'école Tendai au Mont Hiei. Le Grand-maître Saicho établit aussi, clairement,
que les fondateurs des diverses autres écoles bouddhiques en Chine,
grâce à leur respect de la doctrine du Grand-maître Zhiyi,
ne commirent pas l'erreur de s'opposer aux véritables enseignements
du bouddhisme.
[...] Moi, Nichiren,
je dis ceci : le bouddhisme a été introduit au Japon
depuis maintenant plus de sept cents ans (note). Pendant cette période,
seul le Grand-maître* Saicho* a vraiment compris le Sutra du Lotus, mais personne ne veut tenir
compte de ce fait.
[...] Par ailleurs,
les écoles Kegon et Shingon sont d'un niveau incomparablement plus élevé que les écoles Hosso et Sanron.
Elles affirment que : "Les concepts de nijo jobutsu* et celui de kuon
jitsujo* ne sont pas limités au seul Sutra du Lotus mais sont également présents dans les sutras Kegon* et Vairocana*.Les patriarches du Kegon, Dushun, Zhiyan, Fa-zang et Cheng-guan ainsi que les maîtres du Shingon, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* étaient supérieurs à Zhiyi* ou Saicho*."
[...] Le Grand-maître Saicho* écrivit dans son Kenkai
Ron (note) : "Les supérieurs des moines* à Nara,
ont soumis au trône un réquisitoire disant : "Il y eut dans l'Ouest*, un mauvais
brahmane que l'on appelait 'Démon
d'Eloquence', qui égarait les hommes ; de même, de nos
jours, dans ce pays de l'Est*, se trouve un moine au crâne
rasé (note) qui profère des paroles habiles. Les personnes
de ce genre jettent l'obscurité sur toute chose et égarent le monde." J'*ai répondu à
cela : "Nous connaissons l'histoire de Huiguang qui fut vaincu dans un débat et essaya d'empoisonner le Grand-maitre Bodhidharma en en Chine. Maintenant nous voyons les six
moines arrogants vaincus dans un débat, essayer de persécuter Saicho. Comme elle est juste la prédiction du Bouddha
selon laquelle, après sa mort, ses disciples rencontreraient haine et jalousie ! " Dans le Hokke
Shuku, le Grand-maître* Saicho* dit aussi : "La propagation de l'enseignement correct commencera à
la fin de l'époque du Dharma formel et au début des Derniers
jours du Dharma,
dans un pays à l'est de Tang (note) et à l'ouest de Katsu (note),
parmi des hommes en proie aux cinq
impuretés et vivant à une époque
de conflits. Le Sutra dit : "Ce Sutra, alors même que l'Ainsi-Venu
est présent en personne, est déjà en butte aux haines et jalousies ; à plus forte raison alors après son passage
en parinirvana."(réf.
[...] A la fin de l'époque du Dharma formel, seul le Grand-maître Saicho* sut faire comprendre le Sutra du Lotus et les autres sutras en
accord avec les enseignements du Bouddha. Les moines des Sept
grands temples de Nara se soulevèrent contre lui et protestèrent
mais deux souverains sages, l'empereur Kammu et l'empereur Saga, lui donnèrent raison et les choses n'allèrent pas plus loin.
[...] Ma capacité
à comprendre le Sutra du Lotus est infime, comparée
à celle de Zhiyi* et de Saicho*.
Mais par ma persévérance face aux persécutions et
par la profondeur de mon désir d'aider les autres, je crois que
je les dépasse. Je pense mériter la protection du ciel mais je n'en vois pour l'instant aucun indice.
[...] Mais si Nichiren n'avait pas été banni maintes et maintes
fois pour la cause du Sutra du Lotus, qu'auraient pu signifier
les mots "encore et encore" ? Si Zhiyi* et Saicho* eux-mêmes n'ont pas concrétisé cette prédiction
d'être bannis "encore et encore", comment les autres l'auraient-ils
pu ?
[...] Le Grand-maître* Saicho* commente : "Depuis les temps anciens,
nous avons souvent entendu les Vénérés du Monde" indique qu'ils avaient
entendu exposer les grands principes du Sutra
Kegon* et d'autres sutras antérieurs au Sutra du Lotus. "Jamais encore nous n'avons entendu un tel
Dharma supérieur, profond et sublime" indique
qu'ils n'avaient jamais entendu le principe du Véhicule
unique et suprême contenu dans le Sutra du Lotus."(réf.) C'est-à-dire qu'ils comprirent qu'aucun des sutras du Mahayana antérieur - tels que les sutras Kegon*, Hodo*, Hannya*, Jimmitsu* et Sutra Vairocana* - aussi nombreux que les grains de sable du Gange, n'avaient jamais
clarifié le grand principe d'ichinen
sanzen, qui est le coeur de tous les enseignements donnés par
le Bouddha de son vivant, ou l'os et la moelle de ces enseignements, ni
les principes de l'atteinte de la bodhéité par les personnes
des deux véhicules, et de l'Éveil
du Bouddha dans le passé atemporel.
[...] 2 Le Grand-maître* Saicho* fut le fondateur du bouddhisme ésotérique aussi bien que
du bouddhisme exotérique au Japon (note).
Dans son Hokke Shuku, il
écrit : "Les sutras sur lesquels sont basés les autres
écoles expriment la qualité maternelle du bouddha. Mais
ils ne véhiculent que cette forme d'amour et la rigueur paternelle
leur fait défaut. Seule l'école Tendai,
basée sur le Sutra du Lotus, allie l'amour et la rigueur.
Le Sutra est un père pour tous les hommes vertueux, les
sages, ceux qui étudient et ceux qui n'ont plus rien à étudier,
ainsi que ceux qui ont éveillé en eux-mêmes l'esprit
du bodhisattva."
[...] 2 C'est pourquoi
le Grand-maître* Saicho* écrivit : "L'école Shingon récemment implantée au Japon, déforme les écrits
sur lesquels elle est fondée [pour justifier sa propre supériorité (note) ] alors que l'école Kegon,
introduite antérieurement, dissimule le fait qu'elle a été
influencée par les principes de Zhiyi*."(réf.)
[...] 2 Kukai* offre un exemple similaire. Sans miroir, on ne peut voir son propre visage,
et sans opposants, on ne peut connaître ses propres erreurs. Les
maîtres de l'école Shingon et des diverses autres écoles n'étaient pas conscients de
leurs erreurs. Mais, après avoir eu la chance de rencontrer le
Grand-maître* Saicho*,
ils prirent conscience des erreurs de leurs propres écoles.
[...] 2 En outre, les bouddhas
des six directions et les vingt-cinq bodhisattva de l'école Jodo, les 1 200 vénérables (note) de l'école Shingon,
et les divers êtres vénérables et divinités
protectrices et bienveillantes des sept
écoles protègent aussi Nichiren. Il en était
de même pour le Grand-maître* Saicho* protégé par les divinités gardiennes des Sept écoles.
[...] 2 Ce Dharma
[dont je parle] a fait deux fois son apparition sur la terre du Japon.
Il faut savoir qu'il est apparu [une première fois] avec le Grand-maître* Saicho* et [de nouveau] avec Nichiren. Mais les aveugles en doutent et n'ont pas
la force de croire.
[...] 2 Le Grand-maître* Saicho* dit : "Appuyez-vous sur les enseignements du Bouddha et n'ayez
pas foi dans les traditions transmises oralement."(réf.) Chisho, le Grand-maître* Enchin,
dit : "Pour transmettre les enseignements, appuyez-vous sur
les écrits."(réf.)
[...] 2 Et moi, Nichiren, suis plus apte à juger des mérites
respectifs des sutras que Cheng-guan de l'école Kegon, Jizang de l'école Sanron, Cien de l'école Hosso, et Kukai* de l'école Shingon. Cela
parce que je suis rigoureusement les traces des maîtres Zhiyi* et Saicho*.
Par contre Cheng-guan et les autres, qui n'ont pas totalement pris en
compte les enseignements de Zhiyi* et Saicho*,
n'ont pu éviter de commettre la faute d'opposition au Dharma.
[...] 2 Et Saicho* affirme : "A la fin de la période du Dharma formel, les
maîtres des six écoles de Nara sont les ennemis du Sutra du Lotus."(réf.)
[...] 2 A l'époque
de Zhiyi* et de Saicho*,
les trois sortes d'ennemis [dont il était question plus tôt]
n'étaient pas encore apparus.
[...] 2 De même,
le Grand-maître* Saicho* déclare : "Les périodes du Dharma
correct et du Dharma formel sont
presque terminées, et l'époque des Derniers
jours du Dharma est proche. En vérité, le temps est maintenant venu où
le Véhicule unique exposé
dans le Sutra du Lotus prouvera qu'il convient parfaitement aux
capacités de tous les hommes."(réf.) Comment le
savons-nous ? Parce que le chapitre Anrakugyo* (XIV) affirme : "dans la dernière période,
quand le Dharma sera sur le point de disparaître" [le Sutra
du Lotus sera exposé très largement]."(réf.) Et Genshin* déclare : "Tous les habitants du Japon, sans exception,
ont la même capacité d'atteindre la bodhéité
grâce aux enseignements
parfaits* [du Sutra du Lotus]."(réf.) A quelle
opinion faut-il se fier, à celle de Daochuo et de Honen ou à celle de Saicho* et de Genshin* ? Aucun sutra ne confirme la première alors que la seconde s'appuie
rigoureusement sur le Sutra du Lotus. [...] 2 De plus,
le Grand-maître* Saicho* du Mont Hiei est honoré par
les moines de tout le Japon comme le maître qui fait recevoir les préceptes [l'ordination].
Comment des moines peuvent-ils être attirés par un homme
comme Honen, possédé
par le Démon du sixième
Ciel, et rejeter le Grand-maître* Saicho*,
qui instaura jusqu'à la tonsure qui leur a été conférée ? Si Honen était vraiment un
sage, pourquoi n'a-t-il pas mentionné dans son Senchaku
Shu, les commentaires de Saicho* et Genshin* que je viens de citer, afin de résoudre ainsi la question ? [Il ne l'a pas fait, parce qu'] il est de ceux qui cachent les enseignements
des autres. [Ce que le Sutra du Lotus appelle] la seconde sorte
d'ennemis, "les moines de cette époque mauvaise", sont
précisément ceux qui, comme Honen,
transgressent les préceptes et ont des conceptions erronées.
[...] 2 Par le passé,
vers la fin des Jours du Dharma formel, Gomyo, Shuen et d'autres moines présentèrent
des pétitions au gouvernement dans lesquelles ils calomniaient
le Grand-maître* Saicho*.
[...] 2 Le Grand-maître* Saicho* fut dénigré par les moines de Nara qui disaient : "Ce Saicho* n'a jamais vu la capitale des Tang ! "(réf.) Mais toutes ces insultes furent suscitées par la fidélité
au Sutra du Lotus, et n'ont rien de honteux pour ceux qui les
ont subies. Il n'y a pas de plus grande honte que d'être complimenté
par des insensés.
[...] 2 Shakyamuni apparut en ce monde Saha, Kumarajiva voyagea
jusqu'en Chine sous la dynastie
des Qin, et Saicho* se rendit lui aussi en Chine. [Tous voyagèrent ainsi pour enseigner
et propager le Sutra du Lotus.]
Traité pour
ouvrir les yeux (Sado,
février 1272 à Shijo Kingo)
Le Grand-maître* Saicho* déclara : "La naissance et la mort sont l'oeuvre mystérieuse
de l'essence de la vie. La réalité
ultime de la vie se trouve dans l'existence et la non-existence."
Aucun phénomène, ciel ou terre, Yin ou Yang, soleil ou lune, ni les cinq
planètes, ni aucune des conditions de vie, du monde-état
d'enfer au monde-état de bouddha, rien n'échappe
à la naissance et à la mort.
L'héritage
du Dharma ultime de la vie (février 1272, à Sairen-bo Nichiji)
Lorsque les gens
confondent totalement les enseignements du Hinayana et du Mahayana, les enseignements
provisoires et définitifs,
les doctrines ésotériques et exotériques, aussi
incapables de faire la différence entre eux que de distinguer
les pierres précieuses des cailloux, ou le lait de vache du lait
d'ânesse (note),
il faut faire une nette distinction entre eux, à l'instar des
Grands-maîtres Zhiyi* et Saicho*.
La Lettre de Sado (Sado, 20
mars 1272, à Toki
Jonin)
Zhiyi* et Saicho* ont subi des persécutions et suscité haine et jalousie,
rien que pour avoir propagé "Une pensée - trois mille"
(ichinen sanzen) théorique
de l'enseignement provisoire.
Au Japon, cet enseignement fut propagé et transmis successivement
par Saicho*, Gishin*, Encho*, Ennin* et d'autres.
[...] L'enseignement
que Nichiren propage maintenant peut paraître limité, mais
il est en fait extrêmement profond. Il est plus profond encore
que les doctrines de Zhiyi* et de Saicho*.
Il révèle les trois points importants contenus dans le
chapitre Juryo* (XVI). Pratiquer seulement les sept caractères Na Mu Myo Ho Ren Ge Kyo peut sembler limité ; mais, puisque
ce Dharma est le maître
de tous les bouddhas des trois phases de la vie [passé, présent, futur], puisqu'il instruit
tous les bodhisattvas de l'univers, et puisqu'il est le guide qui
permet à tous les êtres
humains d'atteindre la bodhéité, sa pratique est
d'une profondeur sans égale.
Les
désirs mènent à l'Éveil (Sado,
le 2 mai 1272 ; à Shijo Kingo)
L'école Hosso est une branche du Mahayana,
mais elle enseigne un principe, celui des cinq
natures distinctes, qui est un grand fléau du bouddhisme.
C'est un principe pernicieux, pire que le plus fallacieux des principes
enseignés par des religions non bouddhiques, et il n'aurait jamais
dû être accepté par quiconque, dans aucun des trois
pays, Inde, Chine et Japon. Pour finir, il fut réfuté
au Japon par le Grand-maître* Saicho*.
Et pourtant, malgré la gravité des erreurs de l'école Hosso, l'empereur Taizong eut foi en sa doctrine, et tous suivirent cet exemple, sans le contester.
[...] Mais plus de six cents ans se
sont écoulés depuis que le Shingon fut introduit en Chine, et plus de quatre cents ans depuis qu'il s'est
répandu au Japon, et j'ai pris connaissance de l'ensemble des
attaques ou réfutations qu'il a suscitées de la part des
maîtres pendant cette période. Le Grand-maître* Saicho* fut le seul à saisir les points essentiels de la doctrine de
cette école. C'est pourtant celle qui, de nos jours, au Japon,
commet les plus graves oppositions
au Dharma.
La voix pure et
portant loin (Sado,
septembre 1272, à Shijo Kingo)
Parlons d'abord
du premier temple du Mont Hiei. Il
fut fondé par le Grand-maître* Saicho* sous le règne de l'empereur Kammu,
deux cent et quelques années après l'introduction du bouddhisme
dans ce pays. Déjà auparavant, le prince Shotoku avait vu dans Kyoto, la future capitale, un lieu parfait pour y établir
la résidence royale. Mais ce ne fut qu'après l'introduction
de l'école Tendai au Japon
que la capitale y fut véritablement installée. Dans les Annales du prince Jogu (Shotoku),
on lit : "Deux cents ans ou plus après mon trépas, le
Dharma bouddhique se répandra à travers le Japon tout entier."(réf.) Par la suite,
à l'ère Enryaku, le Grand-maître* Saicho* fonda le temple du Mont Hiei, et l'empereur Kammu établit Heian-kyo [la
capitale de la Paix]. De cette manière, la prédiction du
prince Shotoku fut réalisée.
[...] De plus, après son retour de Chine, le Grand-maître* Ennin*,
trahissant les principes de son premier maître, le Grand-maître* Saicho*,
entreprit de propager la doctrine du Shingon au Mont Hiei. Il prétendit
que ses prières dans ce but avaient eu pour résultat un
rêve dans lequel il transperçait le soleil d'une flèche,
et le faisait ainsi tomber.
Sur la prière (Sado,
1272 à Sairen-bo)
Le Grand-maître* Guanding* commente cela ainsi : "Le Bouddha a voulu donner là
son enseignement ultime. Comment pourrait-il être facile à
comprendre ? "(réf.) Le Grand-maître* Saicho* déclare : "Le Sutra du Lotus est le plus difficile
à croire et à comprendre parce que le Bouddha y révéla
explicitement l'état qu'il avait atteint."
[...] Le Grand-maître* Saicho* écrit : "Le Sutra du Lotus est le plus difficile
à croire et à comprendre parce que le Bouddha y révéla
explicitement l'état qu'il avait atteint." Plus de
mille huit cents ans ont passé dans les trois pays depuis l'accession
du Bouddha au parinirvana et
seulement trois personnes ont perçu le Dharma correct. Ce sont
le Bouddha Shakyamuni en Inde, le Grand-maître* Zhiyi* en Chine et le Grand-maître* Saicho* au Japon. Tous trois sont les sages du bouddhisme orthodoxe.
[...] Après
la venue de Zhiyi* et de Saicho*,
de nombreux bouddhistes connurent le principe d'ichinen
sanzen grâce à l'enseignement de ces deux sages.
Parmi eux se trouvaient Jiaxiang de l'école Sanron ; plus
de cent moines des trois écoles
du Sud et des sept écoles du Nord, Fazang et Qingliang de l'école Kegon, Xuanzang et Cien de l'école Hosso ; Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* de l'école Shingon ; et Dao-xuan de l'école Ritsu. D'abord,
tous s'opposèrent à Zhiyi*,
mais plus tard, ils acceptèrent totalement ses enseignements.
[...] Zhiyi* dit : "C'est par ce paragraphe que débute la troisième
partie du chapitre où le Bouddha transmet l'essence de ses enseignements
aux bodhisattvas Surgis de Terre."(réf.) Saicho* déclare : "Il est dit dans le chapitre Jinriki* (XXI) : "J'ai brièvement
décrit dans ce Sutra tous les dharmas du Bouddha..."
[...] Le Grand-maître* Saicho* déclare : "Les jours du Dharma
correct et du Dharma formel sont
presque terminés et les Derniers
jours sont proches."(réf.) Il exprimait ainsi son regret de ne pas être né
à la bonne époque pour la propagation. Né au Japon,
il prévoyait le début des Derniers
jours du Dharma,
en disant : "La propagation de l'enseignement orthodoxe commencera
à la fin des Jours du Dharma formel et au début des Derniers
jours du Dharma,
dans un pays à l'est de Tang (note) et à l'ouest de Katsu (note),
au sein d'un peuple souillé par les cinq
impuretés qui vivra à une époque de conflits.
Le Sutra dit : " Puisque haine et jalousie abondent
déjà du vivant du Bouddha, ne seront-elles pas pires encore
après son trépas ? "(réf.) "Il y a une bonne raison pour déclarer cela."(réf.)
[...] Le Grand-maître* Saicho* révéla presque la vérité du Sutra,
mais parce que l'époque n'était pas encore venue, il érigea
une statue du bouddha Yakushi*,
qui réside dans une région orientale de l'univers, mais
il ne représenta pas les Quatre Bodhisattva Surgis de Terre sous
quelque forme que ce soit.
Le
véritable objet de vénération (Sado,
avril 1273 à Toki Jonin)
Comme vous le savez, le Grand-maître* Zhiyi* a défini le mot Myo [de Namu
Myoho Renge Kyo] comme ce qui est mystérieux. Le Sutra prône une grande diversité de pratiques, mais seuls Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* ont su en comprendre le sens profond. Le Grand-maître Saicho*,
en particulier, fut la réincarnation de Zhiyi*.
[...] L'enseignement du chapitre Juryo* (XVI) revêt pour moi, Nichiren, une signification particulière. Zhiyi* et Saicho* le comprirent presque entièrement mais ne le révélèrent
pas explicitement, et c'est également vrai de Nagarjuna et Vasubandhu. Le Jigage indique : "N'ayant à l'esprit qu'un seul désir,
celui de voir le Bouddha, il ne donne pas sa vie à contrecoeur."
Moi, Nichiren, j'ai fait surgir la bodhéité du plus profond de ma vie en vivant selon cette phrase. C'est ainsi
que j'ai révélé les Trois
grands Dharmas cachés, en concrétisant le principe
d'ichinen sanzen contenu dans le chapitre Juryo* (XVI). C'est une vérité précieuse
que nous devons garder ! Le
Grand-maître* du Mont Hiei [Saicho*],
se rendit en Chine pour y apprendre le sens profond de cette phrase
du Sutra. "Seul" dans "n'ayant à l'esprit qu'un
seul désir" désigne l'unique voie pure* et "l'esprit"
indique tous les phénomènes.
Pour propager ces cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo, il faut être prêt à donner sa vie. "N'ayant
à l'esprit qu'un seul désir, celui de [...] Voir le Bouddha"
implique aussi voir le Bouddha dans son propre coeur, penser uniquement
à voir le Bouddha, et réaliser que voir son propre coeur
équivaut à voir le Bouddha. J'ai atteint la bodhéité,
les Trois Corps en vivant cette
phrase. En enseignant cela, je dépasse sans doute Zhiyi* et Saicho*, Nagarjuna et Mahakashyapa. Progressez sans cesse, sans relâche dans votre
foi. Le Bouddha enseigne qu'il faut devenir maître de son coeur
et non laisser son coeur devenir le maître (réf.).
Lettre à Gijo-bo (Sado, mai 1273, à Gijo-bo)
D'une certaine
façon, je trouve regrettable que plus de deux mille deux cent vingt
ans se soient déjà écoulés depuis la mort
du Bouddha. Quel mauvais karma m'a
empêché de naître de son vivant ? Pourquoi n'ai-je
pas pu voir les quatre rangs de saints à l'époque du Dharma correct,
ou Zhiyi* et Saicho* à l'époque du Dharma formel ?
[...] Cela ne décrit-il
pas l'époque de kosen-rufu ? Le Grand-maître* Saicho* a dit : "Les périodes du Dharma
correct et du Dharma formel sont
presque terminées, et celle des Derniers
jours du Dharma est proche."(réf.) Ces mots indiquent son grand désir de vivre au commencement de
l'époque des Derniers jours du
Dharma.
Lorsque l'on compare les bienfaits de vivre aux trois époques différentes,
il est clair que les miens dépassent non seulement ceux de Nagarjuna et de Vasubandhu, mais aussi
ceux de Zhiyi* et de Saicho*.
[...] De même, ce Sutra brise les attachements aux
Cinq Véhicules et établit l'enseignement
suprême et unique. Il montre leurs erreurs aux personnes ordinaires,
et critique les saints, corrige le Mahayana et réfute le Hinayana.
Tous ceux qui sont réfutés persécutent les croyants
du Sutra du Lotus."(réf.) Le Grand-maître* Saicho* a dit : "La propagation de l'enseignement correct commencera
à la fin de l'époque du Dharma formel et au début
de celle des Derniers jours du Dharma,
dans une terre à l'est de Tang (note) et à l'ouest de Katsu (note),
parmi des gens souillés par les cinq
impurtés et vivant dans une période de conflits. Le
Sutra dit : "Puisque jalousie et haine abondent déjà
du vivant du Bouddha, cela ne sera-t-il pas pire encore dans le monde
après son trépas ? "(réf.) Il y a de bonnes raisons pour dire cela. (réf.) Le Grand-maître* Saicho* écrivait comme s'il
s'était agi de sa propre époque mais, en fait, il se référait
à l'époque actuelle. C'est ce qui donne une signification
si profonde à ses mots : "Les époques du Dharma
correct et du Dharma formel sont
presque terminées et celle des Derniers
jours du Dharma est proche."
[...] Le Grand-maître* Saicho* déclara : "Shakyamuni a enseigné qu'il est facile d'adhérer
à ce qui est superficiel, mais difficile de croire à ce
qui est profond. Rejeter le superficiel pour rechercher ce qui est profond
demande du courage."(réf.) Le Grand-maître* Zhiyi* pratiqua en accord avec la doctrine de Shakyamuni et fit rayonner l'école
du Sutra du Lotus à travers toute la Chine. Saicho* et ses disciples reçurent l'enseignement transmis par Zhiyi* et le propagèrent partout au Japon. Nichiren, de la province d'Awa,
a hérité du bouddhisme dans la lignée de ces trois
maîtres et propagé le Sutra du Lotus dans les Derniers
jours du Dharma.
A ces trois maîtres du bouddhisme s'en ajoute donc un autre. Ensemble,
il faudrait les appeler "les Quatre Maîtres des Trois pays
[Inde, Chine, Japon]".
Sur les prédictions
du Bouddha (Sado,
11 mai 1273 aux croyants)
Le Grand-maître* Zhiyi* fut en butte à l'hostilité des trois
écoles du Sud et des sept écoles du Nord. Quant
au Grand-maître Saicho*,
il fut dénigré par les six
écoles de l'ancienne capitale Nara.
Le Bouddha, ces bodhisattvas et grands sains étaient tous des
adeptes du Sutra du Lotus, et malgré cela, ils subirent
de grandes persécutions. Si vous niez qu'ils aient pratiqué
comme le Bouddha l'enseigne, où donc trouverez-vous des personnes
qui l'aient fait ? Nous sommes à l'époque des conflits,
celle où le Dharma pur a disparu.
[...] Le véritable
Maître, le Bouddha Shakyamuni, pratiqua shakubuku pendant les huit dernières années de sa vie, le Grand-maître* Zhiyi* pendant plus de trente ans, et le Grand-maître* Saicho* pendant plus de vingt ans. Nichiren réfute les enseignements
provisoires depuis plus de vingt ans, et les grandes persécutions
qu'il a subies pendant cette période sont innombrables. Je
ne sais pas si elles sont égales aux neuf
grandes persécutions subies par le Bouddha, mais il est
certain que ni Zhiyi* ni Saicho* ne rencontrèrent jamais des persécutions aussi graves
que celles subies par Nichiren pour la cause du Sutra du Lotus.
Ils ne suscitèrent que jalousie et calomnies, alors que j'ai
été à deux reprises exilé par le Régent,
cette fois dans une province lointaine. Qui plus est, je fus bien
près d'être décapité à Tatsunokuchi,
je fus blessé au front à Komatsubara,
et constamment calomnié. Mes disciples ont également
été exilés et jetés en prison, tandis
que les croyants laïcs qui me suivent ont été expulsés
et leurs biens confisqués. Comment les persécutions
endurées par Nagarjuna, Zhiyi* ou Saicho* pourraient-elles être comparables ? Comprenez donc que
la personne qui pratique le Sutra du Lotus, exactement comme
le Bouddha l'enseigne, sera immanquablement attaquée par les
Trois grands ennemis. Shakyamuni lui-même, Zhiyi* et Saicho* furent les trois seuls à pratiquer en parfait accord avec l'enseignement
du Bouddha, en plus de deux mille ans. Maintenant, à l'époque
des Derniers jours du Dharma,
les seuls pratiquants de
cette sorte sont Nichiren et ses disciples. Si nous ne pouvons être
considérés comme des pratiquants fidèles aux
enseignements du Bouddha, alors Shakyamuni, Zhiyi* et Saicho* ne peuvent pas l'être non plus. Pourrait-on appeler pratiquants
du Sutra du Lotus Devadatta, Kokalika, Sunakshatra, Kukai*, Ennin*, Enchin, Shandao, Honen, Ryokan et leurs semblables ? Le Bouddha Shakyamuni, Zhiyi*, Saicho, ou Nichiren et ses disciples
pourraient-ils être des adeptes des écoles Nembutsu, Shingon, Zen, Ritsu ou autres ?
La Pratique telle
que le Bouddha l'Enseigne (mai
1273 à
plusieurs de ses disciples)
Nichiren
est le seul à avoir jamais enseigné une telle doctrine. Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* la connaissaient dans leur coeur mais ils ne la proclamèrent
pas à voix haute. Il y avait des raisons à leur silence : le Bouddha ne leur avait pas confié cette mission, le temps n'était
pas encore venu et ils n'avaient pas été les disciples
du Bouddha dans le passé illimité.
La
véritable réalité de la vie (Sado - Ichinosawa,
mai 1273 à Sairen-bo)
Zhu
Daosheng fut banni sur les montagnes de Su-thou, le moine Fa-zu fut assassiné, le Maître
du tripitaka, Fadao, eut le
visage marqué au fer rouge et le Maître
du Dharma Hui-yuan fut réprimandé
et inculpé. Le Grand-maître* Zhiyi* dut affronter en débat les dix
maîtres de la Chine du Sud et du Nord, et le Grand-maître* Saicho* réfuta les conceptions erronées des six
écoles de Nara.
[...] Ensuite, mille huit cents ans après la mort du Bouddha, le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon et réfuta les doctrines erronées des six écoles bouddhiques
répandues pendant deux cents ans ou plus, depuis l'époque
de l'empereur Kimmei. De plus,
il énonça les préceptes menant à l'Éveil
immédiat et parfait [que Zhiyi* n'avait pas révélés]. Ce furent les préceptes
d'ordination selon l'enseignement
parfait* conférés au sanctuaire du Mont Hiei.
[...] Quant au Grand-maître* Saicho*,
il écrivit : "Les époques du Dharma
correct et du Dharma formel sont
presque terminées, et celle des Derniers
jours du Dharma est toute proche. C'est maintenant le moment où le Véhicule
unique exposé dans le Sutra du Lotus se révélera
parfaitement adapté aux capacités de tous."(réf.)
[...] Un brahmane d'Inde dit un jour : "Cent ans après ma mort, le Bouddha
apparaîtra en ce monde." Et un lettré confucéen fit cette prédiction : "D'ici mille ans, le bouddhisme
sera introduit en Chine."(note) Même de telles prédictions, émanant de personnes
ordinaires, coïncident avec la vérité comme les deux
moitiés d'un même sceau. Comment, dans ce cas, les
affirmations de Saicho* et de Zhiyi* [considérés comme les bouddhas de l'époque du Dharma
formel], ou les claires prédictions sorties de la bouche d'or
des bouddhas Shakyamuni et Taho pourraient-elles être fausses ?
Réponse au seigneur
Hakiri Saburo (Sado,
3 août 1273 à Hakiri Sanenaga)
Le Grand-maître* Saicho* écrivit : "Les époques du Dharma
correct et du Dharma formel sont
presque terminées et celle des Derniers
jours du Dharma est maintenant très proche."(réf.) Ainsi, il établissait lui-même à son grand
regret que, à la fin de l'époque du Dharma formel, le
moment n'était pas encore venu de propager l'enseignement du Sutra du Lotus.
[...] A peine le supérieur Xing-man eut-il posé les
yeux sur le Grand-maître* Saicho* qu'il s'exclama : "Les ouvrages sacrés ne disparaîtront
jamais, maintenant que j'ai rencontré cet homme ! Tous les
principes que j'ai appris, je les transmettrai à cet acarya venu du Japon."
Réfuter l'opposition
au Dharma bouddhique pour se libérer de ses fautes passées (Sado, 1273
à Shijo Kingo)
Ainsi, le
Grand-maître* Saicho* écrit : "Un seul esprit, l'essence réelle de Myoho Renge,
amène simultanément à maturité à la
fois le bourgeon de la cause et la corolle de l'effet. Les trois formes
d'enseignement utilisées par le Bouddha contiennent toutes les
trois à la fois le lotus-ainsité et le lotus-métaphore. L'ensemble du Sutra du Lotus est
à la fois ainsité et métaphore : dans les sept
paraboles, les trois non-dualités et les dix points de supériorité
de ce Sutra, le lotus qui est désigné est celui
de l'essence [du Dharma]. Et on appelle Myoho Renge Kyo [Sutra du Lotus]
l'enseignement qui expose pleinement ce principe."
[...] Et dans
son commentaire, le Grand-maître Saicho* écrit lui aussi : "Question : Quelle est l'essence
du Sutra du Lotus ? Réponse. C'est "le véritable
aspect tous les phénomènes."(réf.) Ce commentaire
élucide la question. (Les maîtres de l'époque ont
conservé ce commentaire secret et n'ont pas révélé
le nom de l'essence, mais ce passage fait clairement allusion à
Myoho Renge.)
[...] On lit encore,
dans le Daichido Ron* du bodhisattva Nagarjuna : "Le lotus représente à la fois le Dharma lui-même
et une métaphore pour l'exprimer." Pour expliquer ces passages
des traités de Vasubandhu et de Nagarjuna, le Grand-maître* Saicho* écrivit : "Le Hokke
Ron donne deux explications à l'emploi du lotus dans Myoho
Renge Kyo. Il ne dit pas que le mot désignant un lotus ordinaire
a deux sens différents. Ce qu'il y a d'admirable ici, en définitive,
c'est que le Dharma et l'image qui la symbolise se ressemblent. Si elles
ne se ressemblaient pas, en quoi l'image aiderait-elle à comprendre ? C'est pourquoi il est dit, dans le Daichido Ron* , que le lotus est à la fois le Dharma lui-même
et sa représentation. L'unité fondamentale, l'essence réelle
de Myoho Renge, fait s'épanouir simultanément le bourgeon
de la cause et la corolle de l'effet. Grâce à l'image, ce
concept difficile à comprendre, devient accessible. Le sutra qui
énonce pleinement ce principe a pour nom Myoho Renge Kyo."(réf.)
[...] En dernière
analyse, le sens du Sutra du Lotus est que l'image équivaut
à l'essence réelle du Dharma, et que l'essence réelle
du Dharma équivaut à l'image. C'est pourquoi le Grand-maître* Saicho* fait le commentaire suivant : "Il y a de nombreuses métaphores
et paraboles dans le Sutra du Lotus, mais les principales paraboles
sont au nombre de sept. Ces sept paraboles expriment le Dharma, et le
Dharma équivaut à ces métaphores et paraboles. Il
n'y a pas d'essence réelle du Dharma en dehors des images et des
paraboles, et il n'y a pas d'images et de paraboles en dehors de l'essence
réelle du Dharma. En d'autres termes, on appelle "essence
réelle du Dharma" le principe de la nature réelle des
phénomènes, tandis que les images et paraboles représentent
l'essence réelle du Dharma Merveilleux telle qu'elle se manifeste dans les phénomènes concrets.
Les manifestations équivalent à la véritable réalité,
et la véritable essence réelle équivaut à
ses manifestations. Ainsi, le Dharma et ses métaphores ne font
qu'un. Les passages des traités ainsi que leurs commentaires par
l'école Tendai voient
tous dans le lotus à la fois le Dharma lui-même et l'image
la désignant."
[...] Le Grand-maître* Saicho* explique : "C'est une voie directe mais ce n'est pas la Grande
Voie directe."(réf.) Il dit encore : "Parce qu'ils ignorent encore la Grande Voie
directe qui conduit à l'Éveil."(réf.)
[...] À
propos du lotus de "la grande raison unique" [pour laquelle
le Bouddha apparut en ce monde] le Grand-maître* Saicho* écrivit : "Le grand sujet unique", coeur et essence même
du Sutra du Lotus, est la révélation du lotus.
"Unique" signifie qu'il s'agit de la réalité fondamentale
[l'essence réelle]. "Grand" indique qu'elle est vaste
et intrinsèquement capable de tout inclure. Et "sujet"
renvoie à l'aspect réel
des phénomènes. Cette grande raison unique, ou "sujet
ultime", est la vérité, l'enseignement, la sagesse
et la pratique de l'enseignement
parfait*,
autrement dit le Corps du Dharma*,
le Corps de Sagesse* et le Corps de Manifestation* de l'enseignement parfait*.
Grâce à cette révélation, les personnes du
Véhicule unique, des trois
véhicules, des groupes prédestinés, du groupe
non prédestiné, ceux qui croient aux enseignements bouddhiques,
ceux qui croient aux enseignements non bouddhiques, ceux qui n'ont aucun
désir de devenir bouddha, comme ceux qui sont incapables de croire
aux enseignements corrects - tous ces êtres, sans la moindre exception,
ont accès au domaine de la sagesse imprégnant tous les phénomènes ; ainsi cette "grande raison unique" ouvre la porte de la sagesse
du Bouddha à tous les êtres vivants [kai], la révèle
[ji], les incite à s'y éveiller [go] et les fait accéder
[nyu] à la bodhéité."(réf.)
[...] Et le document [allusion au Shuzen-ji ketsu] mentionnant le voeu exprimé
par le Grand-maître* Saicho* sur son lit de mort, contient les mots Namu
Myoho Renge Kyo.
[...] Les cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo sont le Grand Dharma pur qui doit
se répandre largement à l'époque des Derniers
jours du Dharma.
Il fut transmis aux grands bodhisattvas Surgis
de Terre aussi nombreux que les particules de mille mondes réduits
en poussière, afin qu'ils le répandent largement. C'est
pourquoi Huisi, Zhiyi et Saicho*,
bien que connaissant parfaitement la vérité au fond de leur
coeur, ont laissé la tâche de la propagation au guide et
au maître de l'époque des Derniers
jours du Dharma,
en s'abstenant de l'accomplir eux-mêmes.
L'ainsité
du Dharma Merveilleux (Sado, 1273
? à Sairen-bo)
Nagarjuna et Vasubandhu furent tous deux des Maîtres, auteurs de mille ouvrages. Cependant,
ils n'exposèrent que les enseignements du Mahayana
provisoire*. Dans leur
cœur, ils avaient compris le sens du Sutra du Lotus, mais
ils ne l'exposèrent pas précisément. Une transmission
orale existe à ce sujet. Zhiyi* et Saicho* enseignèrent bien le Sutra du Lotus mais ils ne révélèrent
pas l'objet de vénération [Gohonzon] de l'enseignement essentiel*,
les quatre bodhisattvas,
le Grand sanctuaire et les sept
caractères Na Mu Myo Ho Ren Ge Kyo.
[...] Tokuichi dit encore :
« Il [Zhiyi*]
doit être assurément un pervers et un fou." Plus de
trois cents moines des sept temples principaux de Nara, dont certains hautement respectés, tels le Supérieur
des moines Gomyo et le maître
des préceptes Keishin, calomnièrent violemment le Grand-maître* Saicho* en disant : "De même qu'il y eut autrefois, à l'ouest,
dans le pays de Sia, en Asie Centrale, un mauvais brahmane appelé Kiben dont les propos mensongers
abusaient les gens, maintenant, dans ce pays de l'est, le Japon, il y
a un crâne tondu qui égrène des paroles habiles. Les
démons de ce genre attirent toujours à eux des gens qui
leur ressemblent et c'est ainsi qu'ils trompent et égarent le monde."(réf.)
[...] Pourtant,
il est dit, dans le Hokke Shuku [de Saicho*] : "Shakyamuni a enseigné qu'il était facile de croire
au superficiel mais difficile de croire en ce qui est profond. Écarter
le superficiel pour rechercher ce qui est profond exige du courage. Le
Grand-maître* Zhiyi* eut confiance en Shakyamuni, suivit fidèlement son enseignement,
défendit les principes de l'école Hokke et les propagea à travers toute la Chine. Nous autres, qui avons
hérité de la doctrine de Zhiyi*,
représentons l'école Hokke du Mont Hiei et travaillons à
répandre ses enseignements partout au Japon."
[...] Du vivant
du Bouddha, ainsi que pendant les deux mille ans des époques du Dharma correct et du Dharma
formel [qui suivirent sa disparition], il n'y eut que trois pratiquants du Sutra du Lotus. Le Bouddha Shakyamuni lui-même, Zhiyi* et Saicho*.
[Les autres, ] Shubhakarasimha (Shan-wu-wei) et Amoghavajra* de l'école Shingon, Dushun et Zhiyan de l'école Kegon,
ainsi que les maîtres des écoles Sanron et Hosso interprétèrent
tous les phrases du Sutra du Vrai Dharma pour les concilier avec
le sens des sutras provisoires. Les maîtres Nagarjuna et Vasubandhu appréhendèrent
intérieurement le sens du Sutra du Lotus mais ne le révélèrent
pas explicitement. Même les quatre
rangs de saints de l'époque du Dharma
correct sont inférieurs à Zhiyi* et Saicho* pour ce qui est de la propagation de l'enseignement du Sutra du Lotus tel qu'il est exposé dans le Sutra.
[...] Si l'on s'en
tient à la prédiction du Sutra ["haines et jalousies
seront pires encore après son trépas"], Zhiyi* et Saicho* n'ont pas accompli la prophétie du Bouddha. Cela veut dire que
le Pratiquant du Sutra du Lotus doit apparaître au début
de l'époque des Derniers jours
du Dharma,
en parfait accord avec la prédiction du Bouddha.
[...] Toutes ces
épreuves ont été pour moi plus graves que celles
du Bouddha de son vivant. Ce sont des difficultés telles que Zhiyi* et Saicho* n'en ont jamais rencontrées. Il faut que vous le sachiez : en ajoutant
Nichiren aux trois autres, il y a maintenant un quatrième Pratiquant
du Sutra du Lotus, apparu à l'époque des Derniers
jours du Dharma
Le pratiquant
du Sutra du Lotus rencontrera des persécutions (Sado, 14
janvier 1274 à Toki Jonin, Shijo Kingo, Kawanobe et Yamato Ajari)
Selon Zhiyi faisant allusion (note) aux temps actuels : « La dernière période de cinq cents ans recevra pleinement les bienfaits de la Voie merveilleuse». Saicho, parlant des temps actuels, a dit : «Les périodes du Dharma Correct et du Dharma Formel se sont progressivement écoulées, celle des Derniers jours du Dharma s'approche rapidement. » Ces derniers mots signifient que son temps n'était pas celui où le Sutra du Lotus devait se répandre.
[...] Question. — Quelles sont les lois ésotériques qu'au cours de plus de deux mille ans qui se sont écoulés depuis la mort de l'Ainsi-Venu, Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi, Saicho, ont laissées de côté ? Réponse. — L'objet fondamental de la vénération (gohonzon), l'estrade d'ordination (kaidan) (note) et les cinq caractères du titre (daimoku), qui relèvent de la doctrine de l'état originel (honnu). Question. — Pourquoi n'ont-ils pas été propagés au cours des périodes du Dharma Correct et du Dharma Formel? Réponse. — S'ils avaient été propagés dans les périodes du Dharma Correct et du Dharma Formel, les doctrines du Hinayana, du Mahayana provisoire, des états terrestres* (du Lotus) se seraient éteintes du coup.
Traité sur l'essentiel du Lotus (Minobu, le 29 juin 1274, à Toki Jonin)
Durant le
règne du 50e souverain, l’empereur Kammu,
un sage nommé Saicho* fonda la Hokkeshu, supérieure
aux autres écoles bouddhiques, et défia au cours d’un
débat les six écoles de Nara : Kusha, Jojitsu, Ritsu, Hosso, Sanron et Kegon. Le Grand-maître* Saicho* apprit l’existence de l’école bouddhique Shingon en Chine. Il s’y rendit en 804 (la 23e année de la ère
Enryaku) pour étudier et transmettre quatre écoles bouddhiques.
Il étudia les écoles mahayana Tiantai, Zhenyan, Chan et Ly-zong.
Après quoi, il s’en retourna au Japon, pour n’y propager
que les doctrines mahayana Hokke et Ritsu, sans mentionner le Zen.
En effet, Saicho* ne reconnu pas l’indépendance de cette dernière école,
tout comme pour celle du Shingon,
se contentant de permettre aux moines des sept
grands temples de Nara d’accomplir le rite ésotérique nommé "cérémonie
d'ondoiement". Ne connaissant pas la véritable intention
du Grand-maître*, le peuple supposa alors
qu’il n’avait approfondi que l’école de Tendai-Hokke,
en délaissant la doctrine de l’ésotérisme du Shingon.
[...] Au Japon, le Grand-maître* Saicho* jouissait de la profonde confiance de trois empereurs Kammu, Heizei et Saga,
si bien que ses pires ennemis ne pouvaient rien contre lui. Mais moi,
Nichiren, je suis non seulement haï des prêtres des 171 037
temples du Japon mais je ne suis pas en grâce auprès des
dirigeants nationaux, de sorte que tous les Japonais me méprisent
plus que leurs vieux adversaires ou leurs ennemis héréditaires.
Souverains de notre
pays (Minobu,
février, 1275)
Le Grand-maître* Saicho* apprit l’existence de l’école bouddhique Shingon en Chine. Il s’y rendit en 804 (la 23e année de la ère
Enryaku) pour étudier et transmettre quatre écoles bouddhiques.
Il étudia les écoles mahayana Tiantai, Zhenyan, Chan et Ly-zong.
Après quoi, il s’en retourna au Japon, pour n’y propager
que les doctrines mahayana Hokke et Ritsu, sans mentionner le Zen.
En effet, Saicho* ne reconnu pas l’indépendance de cette dernière école,
tout comme pour celle du Shingon,
se contentant de permettre aux moines des sept
grands temples de Nara d’accomplir le rite ésotérique nommé "cérémonie
d'ondoiement". Ne connaissant pas la véritable intention
du Grand-maître*, le peuple supposa alors
qu’il n’avait approfondi que l’école de Tendai-Hokke,
en délaissant la doctrine de l’ésotérisme du Shingon.
Le Grand-maître* Saicho* dit : “La fille du Roi-Dragon
qui enseigna, n’avait pas pratiqué pendant des kalpas ; les êtres à qui elle enseigna n’avaient pas pratiqué
non plus pendant des kalpas. L’enseignante
comme les enseignés n’ont pas pratiqué pendant des kalpas. Le pouvoir du Sutra
du Dharma Merveilleux est de permettre de devenir bouddha dès
ce corps”.
[...] Cela fait désormais plus de deux cents ans que le temps de la
propagation de la doctrine éphémère est révolu. Seuls Zhiyi* et Saicho* étaient capables de la propager. Or, tous deux sont entrés
dans le parinirvana. Nichiren
a compris le temps. Ne doit-il pas propager la doctrine primordiale
dont il a reçu la transmission ? La prédisposition,
l’enseignement et le temps de l’éphémère
et ceux de l’originel sont très différents.
[...] Vasubandhu, Nagarjuna voyaient clairement à l’intérieur d’eux-mêmes”.
Le Grand-maître* Zhiyi* disait : “la dernière période de cinq cents ans sera largement humectée par la voie merveilleuse”. (réf.) Le Grand-maître* Saicho* disait : “Les période du Dharma
correct et du Dharma formel sont
déjà passées et terminées. La fin
du Dharma est extrêmement proche. C’est véritablement
le temps, à présent, de la prédisposition au Véhicule
unique de la Fleur du Dharma. Comment peut-on le savoir ? Le
chapitre Pratiques
paisibles indique : "Dans l’ère finale, lorsque le Dharma disparaîtra…"(réf.) Ces maîtres des traités, ces maîtres hommes
savaient que la période de luttes et de controverses que sera
la période de la fin du Dharma, sera le temps où le bodhisattva
sortira de terre pour propager Namu
Myoho Renge Kyo, cœur essentiel de la doctrine primordiale.
Ils en soupiraient (note), c’est pourquoi, ils
faisaient de tels commentaires.
Réponse à
Dame Myoichi (Minobu, mai 1275 à Myoichi)
Le Grand-maître* Saicho* a dit : "Les époques des jours du Dharma
correct et des jours du Dharma formel sont presque terminées
et l'époque des Derniers jours
du Dharma est proche. C'est maintenant le temps où le Véhicule
unique du Sutra du Lotus se révélera totalement
adapté aux capacités des hommes. Comment le savons-nous ? Parce qu'il est dit dans le chapitre Anrakugyo* (XIV) : "A l'époque des Derniers
jours du Dharma,
quand le Dharma est sur le point de disparaître le Sutra du
Lotus sera largement répandu."(réf.) Saicho* dit encore : "La propagation l'enseignement correct commencera à
la fin de l'époque du Dharma formel et au début des Derniers
jours du Dharma dans un pays à l'est de Tang (note) et à l'ouest de Katsu (note), parmi des gens imprégnés des cinq
impuretés qui vivront à une époque de conflits.
Il est dit dans le Sutra : "Puisque haine et jalousie
abondent déjà du vivant du Bouddha, cela ne sera-t-il
pas pire encore en ce monde après son trépas ? "
Ces paroles ont un sens profond."(réf.)
[...] Le Grand-maître Saicho (Dengyo) étudia les enseignements Tendai
et Shingon pendant quinze ans au
Japon, par lui-même. Il possédait de manière innée
des capacités de compréhension merveilleuses, et, sans l'aide
d'un maître, s'éveilla à la vérité.
Mais, pour dissiper les doutes des autres, il se rendit en Chine où
il reçut l'enseignement des écoles Tendai
et Shingon. Les maîtres,
en Chine, avaient à cet égard diverses opinions mais, dans
son coeur, Dengyo était certain que l'enseignement du Sutra
du Lotus était supérieur au Shingon.
C'est pourquoi il n'utilisa jamais le terme "école" pour
se référer au Shingon,
parlant seulement des "pratiques shikan (concentration et intuition)*
et Shingon (paroles véritables
ou mantra dharani*)
de l'école Tendai"
Il décida que, chaque année, seraient ordonnés deux
novices qui devraient étudier pendant douze ans [au Mont Hiei].
De plus, il obtint que fut promulgué un édit impérial
désignant le Sutra du Lotus, le Sutra Konkomyo* et le Sutra Ninno* comme les trois sutras destinés à assurer la protection
et la prospérité du pays, et décrétant qu'ils
devaient être lus et récités au Shikan-in. Cet édit poursuivait en les comparant aux trois trésors
de la maison impériale, de toute éternité les trésors
les plus précieux du Japon, les bijoux sacrés, le sabre
sacré et le miroir sacré. Après la mort de Saicho,
le premier patriarche au Mont Hiei,
Gishin*,
et le deuxième patriarche, Encho*,
prolongèrent cet enseignement sans le dénaturer.[...] Au cours de ces périodes, le Sutra du Lotus devait se
propager à deux reprises : pendant les huit dernières
années de la vie de Shakyamuni lorsqu'il enseigna le Sutra
du Lotus et, après sa disparition, dans les premiers cinq
cents ans de l'époque des Derniers
jours du Dharma. Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* n'ont pas vécu en ce monde au temps de Shakyamuni, lorsqu'il
enseigna le Sutra du Lotus ; et ils ne naquirent pas non plus
assez longtemps après sa disparition pour vivre à l'époque
des Derniers jours du Dharma.
Ils regrettèrent d'être nés dans la période
intermédiaire entre ces deux époques, et leurs écrits
montrent qu'ils auraient aimé connaître les Derniers
jours du Dharma.
[...] Puis, sous
le règne du cinquantième souverain, l'empereur Kammu,
huit cents ans après le début de l'époque du Dharma
formel, apparut un jeune moine appelé Saicho*,
qui serait connu plus tard sous le nom de Grand-maître* Dengyo. Il étudia
tout d'abord les enseignements des six écoles Sanron, Hosso, Kegon, Kusha, Jojitsu, Ritsu, ainsi que le Zen sous la direction du moine Gyoho et d'autres. Par la suite, il fit construire le temple Kokucho-ji, appelé
plus tard Hiei-san. Là, il
fit une étude comparative rigoureuse des principaux sutras de
ces six écoles ainsi que
des traités et des commentaires de leurs maîtres. Il découvrit
de nombreuses différences entre les commentaires des maîtres
de ces écoles et les sutras et traités sur lesquels ils
s'appuyaient, ainsi que quantité d'interprétations arbitraires.
Il devint clair à ses yeux que ceux qui croiraient de tels enseignements
tomberaient tous dans les voies mauvaises.
De plus, bien que chacun des maîtres de ces écoles prétende
avoir saisi le véritable sens du Sutra du Lotus et s'enorgueillisse
de sa propre interprétation, aucun d'eux ne l'avait correctement
compris. Saicho* sentit que, s'il déclarait cela ouvertement, il créerait
inévitablement des conflits mais que, s'il se taisait, il trahirait
le voeu du Bouddha. Cette pensée lui était désagréable
et il hésita longtemps. Finalement, craignant d'aller à
l'encontre des injonctions du Bouddha, il présenta des remontrances
à l'empereur Kammu. L'empereur,
stupéfait, convoqua les maîtres de ces six
écoles et leur ordonna d'organiser un débat. Au début,
l'orgueil de ces maîtres était comme un étendard
brandi aussi haut que le sommet des montagnes et leurs pensées
mauvaises étaient aussi empoisonnées que la morsure d'un
serpent venimeux. Mais, finalement, ils furent contraints de s'incliner
et d'avouer leur défaite en présence de l'empereur ; et
tous les adeptes des six écoles et des sept temples principaux de Nara devinrent les disciples de Saicho*.
[...] Ce fut
comme ce qui s'était passé en Chine, lorsque les maîtres
des écoles bouddhiques du Sud et du Nord, après avoir
été vaincus dans un débat, au palais de la dynastie Chen, par le Grand-maître* Zhiyi*,
devinrent ses disciples. Mais des trois
disciplines Zhiyi* n'avait utilisé que la méditation parfaite et la sagesse
parfaite. Le Grand-maître* Saicho* fit plus. Il réfuta les principes spécifiques du Hinayana pour la réception des préceptes [que Zhiyi* avait omis de contester], et conféra, à huit maîtres
de ces six écoles (note), l'ordination
spécifique du Mahayana telle qu'elle est décrite dans le Sutra
Bonmo. De plus, il fit construire au Mont Hiei un kaidan pour l'ordination selon les préceptes
à l'Éveil complet et immédiat du Sutra du Lotus.
[...] Par conséquent
si nous voulons comparer leurs mérites, nous pouvons dire que
le Grand-maître* Saicho*,
par l'ampleur de la tâche qu'il accomplit, surpassa Nagarjuna et Vasubandhu, et fut plus
sage encore que Zhiyi* et Zhanlan*.
S'il en est ainsi, comment, à notre époque au Japon, les
moines des temples To-ji, Onjo-ji ou des sept grands temples et les
adeptes des huit écoles et du Shingon, Zen ou Ritsu, peuvent-ils transgresser
les préceptes parfaits du Grand-maître* Saicho* ? Les moines des neuf régions de Chine devinrent les disciples
de Zhiyi*, et adoptèrent les principes
de méditation parfaite et de sagesse parfaite qu'il enseignait.
Mais puisque aucun kaidan pour conférer universellement l'ordination
qui mène à l'Éveil parfait
et immédiat n'avait été construit en Chine,
certains auraient pu ne pas le suivre dans ce domaine des préceptes.
Par contre, au Japon, puisque Saicho* établit un tel sanctuaire, ceux qui ne suivent pas le Grand-maître* Saicho* ne peuvent être considérés que comme des non bouddhistes
et des personnes mauvaises. Le Grand-maître* [Saicho*]
savait parfaitement laquelle des deux écoles nouvellement introduites
de Chine au Japon, Tendai ou Shingon, était supérieure
à l'autre. Mais il ne le démontra pas au cours d'un débat
public comme il l'avait fait pour établir la supériorité
du Tendai sur les six
écoles plus anciennes. Pour cette raison peut-être,
après la disparition du Grand-maître* Saicho*,
les moines du To-ji, des sept temples
de Nara, du Onjo-ji aussi bien
que des autres temples du Japon tout entier proclamèrent l'école Shingon supérieure à
l'école Tendai, et tous,
des personnes du plus haut rang jusqu'à celles dont la condition
était la plus modeste, en furent persuadés. Ainsi le
véritable esprit de l'école Tendai-Hokke ne fleurit véritablement que du vivant du Grand-maître* Saicho*. Saicho* vécut à la fin de l'époque du Dharma formel, dans
la période qui correspond à ce que le Sutra
Daijuku appelle l'ère
de la construction des temples et des stupas. Le temps n'était
pas encore arrivé où "parmi les adeptes de mes enseignements,
il y aura des conflits et des disputes et le Dharma pur sera obscurci
"
[...] N'est-ce pas celui-là que le Sutra désigne comme "le Pratiquant du Sutra du Lotus" ? S'il faut en croire ces passages du Sutra, en plus de sept
cents ans, depuis l'introduction du bouddhisme au Japon, à l'exception
du Grand-maître* Saicho* et de moi Nichiren, il n'y a pas eu un seul pratiquant du Sutra
du Lotus.
[...] Si nous
nous intéressons maintenant à l'époque du Dharma
formel qui suivit, nous voyons que le Grand-maître* Zhiyi* apparut en Chine vers le milieu de cette période et écrivit
le Hokke Gengi, le Hokke
Mongu* et le Maka Shikan en trente volumes, ouvrages dans lesquels il étudia en profondeur
le Sutra du Lotus. A la fin de l'époque du Dharma formel,
le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon.
[...] Pour ce qui est des traducteurs qui vécurent après lui,
si leur langue a brûlé lors de leur incinération,
c'est la preuve qu'ils avaient commis des erreurs. Ainsi, l'école Hosso fut un temps florissante
au Japon. Mais le Grand-maître* Saicho* l'a réfutée en faisant remarquer que, si la langue de Kumarajiva n'avait pas brûlé,
celle de Xuanzang et celle de Cien avaient été
réduites en cendres avec le reste de leur corps. Impressionné
par cet argument, l'empereur Kammu se convertit à l'école Tendai-Hokke.
[...] Question
: Le Grand-maître* Saicho* naquit au Japon et vécut sous le règne de l'empereur Kammu.
Il réfuta les enseignements erronés acceptés au
Japon pendant quelque deux cents ans, depuis le règne de l'empereur Kimmei. Il restaura les principes
de la sagesse et de la méditation parfaites enseignés
par le Grand-maître* Zhiyi*,
et, de plus, déclara sans valeur les trois sanctuaires pour l'ordination
selon les préceptes du Hinayana,
introduits au Japon par le moine Ganjin,
faisant construire à leur place, sur le Mont Hiei, le kaidan pour l'ordination selon les préceptes
du Mahayana menant à
l'Éveil parfait et immédiat.
Mais,
à l'époque mauvaise qui suivra la disparition du Bouddha,
savoir enseigner ce Sutra, voilà ce qui est véritablement
difficile ! "(réf.) [...] Saicho* commente ainsi : "Shakyamuni enseigna que "le superficiel
est facile à saisir mais le profond, difficile." Abandonner
le superficiel pour rechercher ce qui est profond demande du courage,
c'est l'esprit de "rechercher le Bouddha" (jobu). Le Grand-maître* Zhiyi*,
en suivant fidèlement Shakyamuni, a contribué à
la propagation de l'école Hokke en Chine. Nous, la famille du Mont Hiei,
en succédant à Zhiyi*,
contribuons à la propagation de l'école Hokke au Japon."
[...] Mais même
s'il y a peu de chances de rencontrer une personne capable de tels exploits
il serait beaucoup plus rare encore de trouver, à l'époque
des Derniers jours du Dharma une personne capable d'enseigner le Sutra du Lotus comme l'a
enseigné le Bouddha. Et pourtant le Grand-maître* Zhiyi et le Grand-maître* Saicho* furent précisément des personnes de ce genre, qui transmirent
la pratique telle que le Bouddha l'enseigna.
[...] Quant à [des
personnages des époques ultérieures tels que] Cien, Fazang et Shubhakarasimha* étaient
capables de prétendre que l'est était l'ouest, et de faire
passer le ciel pour la terre. Et il ne s'agit pas là d'affirmations
présomptueuses de la part du Grand-maître* Saicho*.
Le dix-neuvième jour du premier mois de la vingt et unième
année de l'ère Enryaku (802), l'empereur Kammu se rendit au temple du Mont Takao. Il invita plus de dix maîtres
des six écoles et des sept
grands temples de Nara : Zengi, Shoyu, Hoki, Chonin, Kengyoku, Ampuku, Gonso*,
Shuen*,
Jikko, Gen'yo, Saiko, Dosho, Kosho et Kambin à
venir débattre avec le Maître
du Dharma Saicho*.
Mais certains furent réduits au silence dès leur première
réplique, incapables d'en prononcer une deuxième ou une
troisième. Tous baissèrent la tête et joignirent
les mains en signe de respect. Les principes de l'école Sanron tels que les deux sortes d'enseignements (note),
les trois périodes,
les trois tours de la roue du Dharma ; les principes de l'école Hosso tels que les trois périodes et les cinq natures ; les principes de l'école Kegon tels que les quatre enseignements et les cinq enseignements (note), l'enseignement principal et
secondaire (note),
les six formes et les dix
mystères, tous furent réfutés. [...] Sur le
moment, l'empereur fut stupéfait et, le vingt-neuvième
jour du même mois, il dépêcha [Wake no] Hiroyo et
[Otomo no] Kunimichi (note) auprès
des maîtres des sept temples et des six
écoles pour les interroger longuement. Tous, l'un après
l'autre, envoyèrent une lettre reconnaissant qu'ils avaient été
vaincus lors du débat et convaincus par les arguments de Saicho*.
[...] En Chine
par le passé, Jizang rassembla
une centaine d'autres moines qui, ensemble, reconnurent au Grand-maître* Zhiyi* la qualité de véritable sage.
Plus tard, au Japon, deux cents et quelques moines des sept
temples de Nara ont conféré au Grand-maître* Saicho* le titre de sage. Ainsi, au cours des deux mille et quelques années
écoulées depuis la disparition du Bouddha, ces deux sages
sont apparus dans les deux pays, l'un en Chine et l'autre au Japon.
De plus, Saicho* fit construire au Mont Hiei le Grand
Kaidan pour l'ordination selon les préceptes qui mènent
à l'Éveil parfait et immédiat, préceptes que le
Grand-maître* Zhiyi* lui-même n'avait pas enseignés. N'est-ce pas l'indication
qu'une vaste propagation du Sutra du Lotus s'est accomplie
à la fin de l'époque du Dharma formel ?
[...] Comme je l'ai déjà expliqué, il
y eut aussi un Grand Dharma qui ne fut pas totalement transmis à
la postérité par Nagarjuna et Vasubandhuet d'autres,
mais qui fut propagé par le Grand-maître* Zhiyi*.
Comme je l'ai démontré, il appartint au Grand-maître* Saicho* d'établir le kaidan pour l'ordination selon les préceptes
qui mènent à l'Éveil parfait et immédiat, alors
que le Grand-maître* Zhiyi* ne l'avait pas fait. [...] Aussi étonnant
que cela puisse paraître, le Bouddha exprima totalement, dans
le texte du Sutra du Lotus, le Dharma
correct le plus profond et le plus secret, Dharma qui, après
sa disparition, ne fut jamais propagé par Mahakashyapa, Ananda, Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga ou Vasubandhu, ni même
par Zhiyi* ou Saicho*.
[...] 2 Quand le
Grand-maître* Zhiyi* réfuta publiquement les maîtres des autres écoles
du Sud et du Nord, ces enseignements du Shingon n'avaient pas encore été introduits en Chine ; et, lorsque
le Grand-maître* Saicho* vainquit les maîtres des Six Écoles au Japon, il ne fut plus question
de la doctrine Shingon. A plusieurs
reprises le Shingon évita
la confrontation avec ses puissants ennemis, et réussit à
supplanter et mettre en danger le Grand Dharma du Sutra du Lotus.
De plus, Ennin*,
disciple du Grand-maître* Saicho*,
alla jusqu'à adopter l'enseignement de cette école [Shingon],
et à l'introduire au Mont Hiei,
obscurcissant ainsi les principes du Tendai et livrant l'école tout entière à l'influence du Shingon. Mais qui pouvait s'opposer
ouvertement à un personnage aussi écouté que Ennin* ?
[...] 2 Avec le
passage des années, la racine frauduleuse de ces enseignements
erronés de l'école Shingon aurait pu rester bien cachée. Le Grand-maître* Saicho*,
après s'être rendu du Japon en Chine, en revint avec les
textes de l'école Tiantai, mais aussi avec ceux de l'école Shingon.
Il recommanda l'enseignement de l'école Tendai à l'empereur du Japon et fit étudier celui de l'école Shingon aux maîtres des
Six Écoles. Il avait déjà clairement mis en évidence
la supériorité de l'enseignement du Tendai sur celui des Six Écoles avant son voyage en Chine. Après être
rentré de Chine, il décida de faire construire le kaidan pour l'ordination selon les préceptes menant à l'Éveil parfait et immédiat, mais cela suscita de nombreuses controverses.
Peut-être pensa-t-il qu'il avait déjà beaucoup d'ennemis,
et que la réalisation de ce Grand Sanctuaire serait suffisamment
difficile même s'il y consacrait tous ses efforts. Ou peut-être
a-t-il pensé que ce serait à l'époque des Derniers
jours du Dharma qu'il faudrait réfuter l'école Shingon.
Quoi qu'il en soit, il ne mentionna pas le Shingon en présence de l'empereur et n'en parla pas non plus de manière
décisive à ses disciples. Toutefois il laissa bel et bien
un ouvrage secret en un volume intitulé Ebyo Shu (note) dans lequel il décrit de quelle manière divers moines
des Sept Écoles furent convaincus par l'enseignement du Tendai.
Dans la préface de ce texte, il mentionne le caractère
frauduleux des enseignements du Shingon.
[...] 2 Au Japon,
le moine Tokuichi offre un exemple
similaire. Il critiqua sévèrement le Grand-maître* Zhiyi* pour avoir rejeté la classification des enseignements en trois
périodes énoncée dans le Sutra Jimmitsu*,
en disant que Zhiyi* s'était servi d'une langue de trois pouces (sun) pour détruire
le corps [du Bouddha] de cinq pieds (shaku). Le Grand-maître* Saicho* [à son tour] rétorqua à Tokuichi que le Sutra Jimmitsu* avait été introduit en Chine par Xuanzang dans les premières décennies de la dynastie
Tang. Et que le Sutra Jimmitsu* était donc arrivé en Chine plusieurs années après
la mort de Zhiyi* qui vécut sous les dynasties Chen et Shui. Comment aurait-il pu réfuter un sutra qui ne fut introduit en
Chine qu'après sa mort ? Tokuichi fut non seulement réduit au silence mais sa langue se fendit
en huit morceaux, et il mourut.
[...] 2 Il y a pourtant
encore beaucoup plus pernicieux que ces trois enseignements, un fait
d'autant plus nuisible qu'il est infiniment plus difficile à
admettre. Bien que Ennin* fut le troisième successeur du Grand-maître* Saicho*,
tous au Japon, du souverain jusqu'au plus humble de ses sujets, en vinrent
à le considérer comme supérieur au Grand-maître* Saicho* lui-même. Il étudia de manière approfondie l'enseignement
des écoles Shingon et
du Sutra du Lotus, et affirma dans ses écrits que la
doctrine du Shingon est supérieure
à celle du Sutra du Lotus. Cela conduisit les trois
mille moines des monastères du Mont Hiei et tous les maîtres du Japon à accepter son opinion
en la matière.
[...] 2 Le Grand-maître* Saicho* étudia les enseignements Tendai et Shingon pendant quinze ans au Japon, par lui-même. Il possédait
de manière innée des capacités de compréhension
merveilleuses, et, sans l'aide d'un maître, s'éveilla à
la vérité. Mais, pour dissiper les doutes des autres,
il se rendit en Chine où il reçut l'enseignement des écoles Tiantai et Shingon.
Les maîtres, en Chine, avaient à cet égard diverses
opinions mais, dans son coeur, Saicho* était certain que
l'enseignement du Sutra du Lotus était supérieur
au Shingon. C'est pourquoi il
n'utilisa jamais le terme "école" pour se référer
au Shingon, parlant seulement
des "pratiques shikan et
"paroles véritables" de l'école Tendai".
Il décida que, chaque année, seraient ordonnés
deux novices qui devraient étudier pendant douze ans au Mont Hiei. De plus, il obtint que fut promulgué un édit
impérial désignant le Sutra du Lotus, le Sutra Konkomyo* et
le Sutra Ninno* comme
les trois sutras destinés à assurer la protection et la
prospérité du pays, et décrétant qu'ils
devaient être lus et récités au Shikan-in. Cet édit
poursuivait en les comparant aux trois trésors de la maison impériale,
de toute éternité les trésors les plus précieux
du Japon, les bijoux sacrés, le sabre sacré et le miroir
sacré. Après la mort de Saicho*,
le premier patriarche de l'école Tendai au Mont Hiei, Gishin*,
et le deuxième patriarche, Encho*,
prolongèrent cet enseignement sans le dénaturer.
[...] 2 Saicho* incorpora à la fois des pratiques shikan et shingon en considérant la pratique Shingon comme une pratique parmi d'autres, dans l'ensemble des pratiques de
l'école Tendai et Wei-Juan.
Mais, dans son coeur, il [Ennin] croyait le Shingon supérieur au Tendai.
Il estimait que le Grand-maître* Saicho* n'avait pas étudié le sujet à fond, n'était
pas resté suffisamment longtemps en Chine et n'avait pris connaissance
que superficiellement de l'enseignement Shingon.
[...] 2 Au Japon, Ennin* étudia en profondeur l'enseignement de Saicho* et celui de Kukai*,
puis, sous la direction des huit
maîtres éminents y compris celle du Maître
du tripitaka Baoyue, d'Inde du Sud, il passa dix ans en Chine à
étudier les enseignements les plus secrets et les plus profonds.
[...] 2 Par conséquent,
de tous les temples et sanctuaires construits par l'empereur Kammu et par le Grand-maître* Saicho* au Japon, il n'en est plus un seul qui ne propage la doctrine Shingon.
Les aristocrates comme les samouraïs invitent les maîtres du Shingon à conduire leurs cérémonies, les considèrent
comme des maîtres, leur confèrent des fonctions et leur
confient des temples.
[...] 2 Le Grand-maître* Saicho* a dit : "Il faut s'appuyer sur les enseignements du Bouddha et
ne pas prêter foi aux traditions transmises de manière
orale."(réf.)
[...] 2 Si l'on en croit ces exemples, le rêve d'Ennin* signifie qu'il se servit de ses deux commentaires comme de flèches
dirigées contre Tensho Daijin*, contre le Grand-maître* Saicho*,
contre le Bouddha Shakyamuni et contre le Sutra du Lotus.
[...] 2 Dans ses
écrits, le Grand-maître* Saicho* appelle les Grands-maîtres des écoles Sanron, Hosso et Kegon au Japon "les
six parasites."(réf.) Moi, Nichiren, j'appellerais volontiers les fondateurs des écoles Shingon, Zen et Jodo "les trois parasites"
et Ennin*, Annen et Genshin*,
de l'école Tendai, "les
trois parasites" ayant rongé le corps de lion du Sutra
du Lotus et du Grand-maître* Saicho* !
[...] 2 Les plus
de trois cents moines des sept temples principaux de Nara au Japon affirmèrent
que le moine Saicho* était une réincarnation de Mahadeva ou du Brahmane-au-ventre-de-fer.
Pourtant, le ciel ne l'a pas puni. Au contraire, il l'a protégée
de multiples manières et la terre ne s'est pas ouverte, restant
sous ses pieds aussi solide qu'un diamant. Le Grand-maître* Saicho* fit construire le temple du Mont Hiei et devint les yeux du peuple entier. Pour finir, les moines des sept
temples principaux reconnurent leur erreur et devinrent ses disciples,
et les habitants des diverses provinces devinrent ses adeptes laïcs.
Ainsi, faire ouvertement l'éloge de ce qui est véritablement
supérieur ressemble à un acte d'arrogance, mais, en réalité,
cela entraîne de grands bienfaits parce que cela revient à
faire l'éloge du Grand Dharma auquel on adhère. Le Grand-maître* Saicho* déclara : "L'école Tendai-Hokke est supérieure à toutes les autres écoles, en raison
du Sutra sur lequel elle s'appuie. Par conséquent, lorsqu'elle
se dit supérieure, ce n'est pas pour chanter ses propres louanges
ni pour dénigrer les autres écoles."(réf.)
[...] 2 Le Grand-maître* Saicho* a déclaré : "Il faut savoir que les sutras sur lesquels
s'appuient les autres écoles ne sont pas les plus élevés.
Par conséquent, ceux qui croient dans ces sutras ne sont pas
non plus les meilleurs. Mais, puisque l'école Tendai-Hokke croit dans le sutra le plus élevé, ceux qui croient dans
le Sutra du Lotus sont les premiers parmi la multitude. Ce
sont là les mots mêmes du Bouddha. Comment cela pourrait-il
être un simple éloge de soi-même ? "(réf.)
[...] 2 Le Grand-maître* Saicho* a dit : "Ceux qui adressent des éloges au Grand-maître* Zhiyi* recevront des bienfaits qui s'accumuleront aussi haut que le Mont Sumeru,
tandis que ceux qui le calomnient commettent un crime qui les précipitera
dans l'enfer avici."(réf.) Et on lit dans le Sutra du Lotus : "Ils mépriseront,
haïront, envieront et éprouveront de la rancune à
l'égard de ceux qui lisent, récitent, transcrivent ce Sutra et y adhèrent, et, après leur mort, ils
tomberont dans l'enfer avici."(réf.)
[...] 2 Lorsque je ne faisais que débuter dans la voie bouddhique,
je pensais que la phrase "sans ménager sa vie" signifiait
voyager jusqu'en Chine sur l'ordre de l'empereur comme le firent Saicho*, Kukai*, Ennin* et Enchin. Ou aller de Chine jusqu'en
Inde, comme le fit Xuanzang en mourant six fois.
Le choix en fonction
du temps (Minobu, 10 juin 1275 à
Yui)
Masakado et Sadato se rebellèrent
contre l'empereur et le Grand-maître* Saicho* fut détesté par les moines des sept
temples de Nara, mais il ne fut pas en butte à la haine des
moines, des nonnes, des croyants et croyantes laïques du Japon
tout entier.
Lettre à
Ko-no ama Gozen (Minobu
le 16 juin 1275 à Ko-no ama Gozen)
Au Japon,
au printemps de la 9e année de l'ère Konin, survint aussi
une grande sécheresse. L'empereur
Saga ordonna à Fujiwara
no Fuyutsugu d'envoyer un fonctionnaire à son service, Wake
no Matsuna auprès du Grand-maître* Saicho* afin de lui demander d'offrir des prières pour faire tomber la
pluie. Le Grand-maître* Saicho* pria pour la pluie en récitant le Sutra du Lotus et
les sutras Konkomyo* et Ninno*, et, le
troisième jour, de légers nuages apparurent et une pluie
douce se mit à tomber lentement. L'empereur en fut si heureux
qu'il donna l'autorisation de construire le sanctuaire pour l'ordination
(kaidan) selon les préceptes
du Mahayana, qu'il avait été
si difficile d'établir au Japon (note). Gomyo,
qui instruisit le Grand-maître* Saicho*,
était un sage, le moine le plus important de [Nara] la capitale
du Sud. Avec quarante de ses disciples, ils récitèrent
ensemble le Sutra Ninno* pour faire tomber la pluie ; cinq jours plus tard, il plut. Il est certainement
merveilleux que la pluie soit tombée le cinquième jour,
mais c'est moins impressionnant que si elle était tombée
dès le troisième jour. De plus, la pluie fut très
violente, ce qui marque l'infériorité de Gomyo. D'après
ces exemples, il est clair que les efforts de Kukai* pour faire tomber la pluie eurent des résultats encore inférieurs.
La prière pour
la pluie des trois maîtres du Tripitaka (Minobu,
22 juin 1275 au nyudo Nishiyama)
Le Savant-maître* Xuanzang se rendit en Inde,
la terre sacrée, pour trouver la vérité, le Savant-maître* Amoghavajra* entreprit le même voyage pour dissiper ses doutes (note) et le Grand-maître* Saicho* alla chercher des confirmations
en Chine. Tous ces hommes n'agirent-ils pas comme ils le firent pour
protéger le véritable sens des sutras et des traités ?
La question
à approfondir jour et nuit (Minobu,
28 août 1275 ? , Toki Jonin)
Renforcez
votre foi, plus que jamais. Quiconque enseigne les vérités
du bouddhisme aux autres encourt inévitablement la haine des
laïcs, hommes et femmes, ainsi que celle des religieux et religieuses.
Peu importe c e qu'ils disent. L'essentiel est de confier votre vie
aux enseignements d'or du Sutra du Lotus, du Bouddha Shakyamuni,
de Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho*,
et Guanding*.
Les Remparts de
la Foi (Minobu,
3 septembre 1275, à
Sennichi-ama)
Le Sutra
du Lotus, Véhicule suprême,
est l'enseignement d'or des Trois sages.
Comme un joyau sans pareil, il occupe le rang le plus élevé
parmi tous les enseignements du passé, du présent et du
futur. Il est dit dans le Sutra du Lotus : "ce Sutra est
supérieur à tous les autres sutras", et "le Sutra
du Lotus est le plus élevé de tous les enseignements."
Le Grand-maître* Saicho* déclara que [de toutes les écoles au Japon], l'école Hokke est la seule et unique "qui ait été fondée par
le Bouddha Shakyamuni lui-même."
La Guérison
des Maladies Karmiques (Minobu,
3 novembre 1275, à Ota Jomyo)
Le Grand-maître* Cien fut le disciple du moine Xuan-zang et le précepteur de l'empereur Taizong.
Ce fut un saint, non seulement familier des textes sanscrits et chinois,
mais qui avait également appris par coeur l'intégralité
des sutras du Bouddha. On dit que les cendres du Bouddha tombaient
de son pinceau et que des rayons de lumière filtraient entre
ses dents. Ses contemporains le respectaient comme le soleil ou la
lune, et les hommes des époques suivantes recherchèrent
avec ferveur ses enseignements pour guider leur vie. Et pourtant,
le Grand-maître* Saicho* le critiqua, en écrivant : "Tout en faisant l'éloge
du Sutra du Lotus, il en détruit le coeur." Cette
citation indique que, tout en voulant honorer le Sutra du Lotus,
en fait, il le détruisait.
Lettre aux Frères (Minobu, 16 décembre 1275 aux
frères Ikegami)
Permettez-moi d’examiner ce qui a amené
notre pays au bord de la ruine, en écartant pour le moment la question
du vrai ou faux dans les enseignements bouddhiques en Inde et en Chine.
Les Grands-maîtres Kukai*,
fondateur de l’école Shingon au Japon, et Ennin*,
troisième Grand-patriarche du Enryaku-ji sur le Mont Hiei, ont dénaturé
l’enseignement correct du Grand-maître* Saicho,
qui était le plus grand sage du Japon. Car, dans la comparaison
entre de Sutra du Lotus et le Sutra Vairocana* la supériorité du premier était pour eux trop embarrassante.
Les temples du Mont Hiei ont depuis
lors pris parti pour la fourberie d'Ennin*,
tandis que le temple Jigo-ji à Takao et les sept
grands temples de Nara ont tous suivis le faux enseignement de Kukai*.
Réponse à
Gonin (Minobu, le 26 décembre
1275)
On respecte le Bouddha pour sa capacité
à connaître le passé et à discerner le futur.
Il perçoit les trois phases de la vie avec une sagesse inégalée. Sans être
bouddha, des sages et des personnes
de mérite tels que Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* et Saicho*,
malgré une sagesse inférieure à celle du Bouddha,
eurent une perception d'ensemble des trois
phases, et leurs noms pour cela passèrent à la postérité.
Emissaires mongols (Minobu,
1275, au nyudo Nishiyama)
Sous le
règne du cinquantième souverain, l'empereur Kammu,
vécut un jeune moine du nom de Saicho*,
que l'on connaîtrait ensuite sous le nom de Grand-maître* Dengyo. Avant de se rendre
en Chine, il passa quinze ans à étudier seul les écrits
et les commentaires des écoles Shingon et Tendai. Puis, le septième
mois de la vingt-troisième année de l'ère Enryaku (804), il fit voile vers la Chine. Il revint au Japon au cours
du sixième mois de l'année suivante, et, dès lors,
enseigna, à plusieurs douzaines de moines érudits des sept temples principaux de Nara,
les doctrines des écoles Tendai et Shingon.
[...] Pour finir,
comme le dit le Grand-maître* Saicho* : "Même en faisant l'éloge du Sutra du Lotus,
il est possible d'en détruire le coeur."(réf.)
[...] On appelle
juste celui qui suit la doctrine d'un bon maître. Et on appelle
sage celui qui parvient à la vérité par lui-même,
sans l'aide d'un maître. En Inde, en Chine et au Japon, depuis
la disparition du Bouddha, il y eut deux sages : Zhiyi* et Saicho*.
Ces deux hommes méritent pleinement le titre de sages. On peut
également les appeler des justes, car le Grand-maître* Zhiyi* pratiqua les principes enseignés par Huisi ; en ce sens, il fut un juste. Mais il appréhenda aussi, par lui-même,
sur le lieu de méditation, le Véhicule
suprême qui mène à la bodhéité ; en ce sens, il fut un sage. De même,
le Grand-maître* Saicho* reçut, de ses maîtres Dao-sui et Xing-man,
les principes de la méditation
shikan, et les grands préceptes de l'Éveil
parfait. Cela fait de lui un juste.
[...] Shakyamuni,
seigneur du Dharma, est le plus grand sage en ce monde Saha. Zhiyi* et Saicho* furent tous deux des sages, en même temps que des justes.
[...] Si moi,
Nichiren, je n'étais pas né sur la terre du Japon, ces
passages du Sutra n'auraient été que de vaines
paroles dans la bouche du Bouddha - des mots vides de toute signification.
Ils auraient été comme des bourgeons fleurissant sans
donner de fruit, ou des coups de tonnerre jamais suivis de pluie. Ces
paroles d'or du Bouddha auraient été prononcées
en vain, et le Sutra du Lotus, dont chaque mot est véridique,
aurait été extrêmement mensonger. Lorsque je pense
à cela, j'ai l'impression d'être l'égal des sages Zhiyi* et Saicho, et d'être supérieur
à Lao-Zi et Confucius.
Lettre à
Myomitsu Shonin (Minobu,
le 5ème jour du 3ème mois intercalaire 1276 à Myomitsu)
On peut admettre que certains,
autrefois, se soient trompés sur le sens de ces passages, mais
maintenant que de Grands Maîtres comme Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* en ont clarifié la signification, tous ceux qui ont des yeux
devraient pouvoir le comprendre. Pourtant, alors que Ennin* et Enchin, de l'école Tendai,
ont été eux-mêmes incapables d'en donner une interprétation
correcte, comment les tenants des autres écoles pourraient-ils
ne pas se tromper sur ce point ? Sous le règne de
l'empereur Kammu, un jeune moine
du nom de Saicho*,
disciple de Gyoho, administrateur des moines du temple Yamashina-dera, étudia en profondeur les
enseignements de l'école Hosso et des cinq autres mentionnées plus haut. Mais il sentit qu'aucune
d'elles n'avait acquis une compréhension correcte du bouddhisme.
Il découvrit alors un commentaire du Maître du Dharma Fazang,
de l'école Kegon, sur le Kishin Ron dans lequel il trouva
des citations d'ouvrages du Grand-maître* Zhiyi*.
Ces ouvrages lui parurent d'un très grand intérêt,
mais Saicho* ne savait même pas s'ils avaient été introduits
au Japon. Lorsqu'il demanda où
les trouver, on lui répondit qu'un moine du nom de Ganjin,
du temple Long-xing-si au Yang-Zhou en Chine, avait étudié
les enseignements de Zhiyi* et qu'il avait été le disciple du maître des préceptes Daoxian. Il vint au Japon à
la fin de l'ère Tempyo-Shoho
(753) et s'employa à transmettre les règles de vie monastique
du Hinayana. Il avait apporté
avec lui divers ouvrages de Zhiyi* mais n'avait pas essayé de les faire connaître. Tout cela
[répondit-on à Saicho*, ]
s'était produit au cours du règne du quarante-cinquième
souverain, l'empereur Shomu. Lorsque Saicho* demanda à voir ces textes, on les lui présenta. Dès
la première lecture, il eut l'impression de sortir de l'ivresse
des illusions concernant la vie et la mort. Et lorsqu'il se
mit à examiner les doctrines de base des six
écoles à la lumière de ces écrits, il
lui apparut clairement que toutes commettaient des erreurs doctrinales.
Les adeptes des six
écoles et des sept temples
principaux ressentaient [à l'égard de Saicho*]
une haine de plus en plus intense. Mais, le dix-neuvième jour
du premier mois de la vingt et unième année de l'ère
Enryaku (802), l'empereur Kammu se rendit au temple Takao-dera et invita quatorze moines éminents
- Zengi, Shoyu, Hoki, Chonin, Kengyoku, Ampuku, Gonso,
Chuen, Jiko, Gen'yo, Saiko, Dosho, Kosho et Kambin - à venir débattre [dans ce temple] avec Saicho*.
[...] Les adeptes des six
écoles et des sept temples
principaux ressentaient [à l'égard de Saicho*]
une haine de plus en plus intense. Mais, le dix-neuvième jour
du premier mois de la vingt et unième année de l'ère Enryaku (802), l'empereur Kammu se rendit au temple Takao-dera et invita quatorze moines éminents
- Zengi, Shoyu, Hoki, Chonin, Kengyoku, Ampuku, Gonso,
Chuen, Jiko, Gen'yo, Saiko, Dosho, Kosho et Kambin - à venir débattre [dans ce temple] avec Saicho*. Ces représentants
des écoles Kegon, Sanron, Hosso et autres exposèrent
la doctrine des fondateurs de leur école respective [telle qu'elle
leur avait été enseignée]. Mais Saicho* prit des notes sur chaque point énoncé et en fit la critique
à la lumière du Sutra du Lotus, des ouvrages
de Zhiyi* et d'autres sutras et traités. Ses opposants furent incapables
de répondre un seul mot, comme si leur bouche n'était
plus que le prolongement de leur nez. Stupéfait, l'empereur
questionna Saicho* en détail sur divers points. Après quoi, il promulgua
un édit critiquant les quatorze hommes qui s'étaient opposés
à Saicho*.
Ces derniers, à leur tour, rédigèrent des lettres
dans lesquelles ils reconnaissaient leur défaite et s'excusaient
en ces termes : "Nous, disciples des Sept temples principaux et
des six écoles... avons
compris pour la première fois l'enseignement suprême."
[...] Saicho*,
pour évaluer les enseignements de ses quatorze opposants, écrivit : "Chacun de vous ne s'appuie que sur le seul écrit de sa
propre école et, bien que vous battiez les tambours du Dharma
dans les vallées profondes, les maîtres aussi bien que
leurs auditeurs continuent à s'égarer dans les voies des trois véhicules. Vous
brandissez, du haut des sommets les plus élevés, la bannière
de la doctrine qui veut que maîtres et disciples soient libérés
des entraves du monde des trois plans,
mais vous persistez à emprunter la voie selon laquelle il faut
des kalpas pour atteindre la bodhéité.
Vous confondez les trois sortes de chariots [les enseignements
provisoires] avec le chariot tiré par un grand boeuf blanc qui
se trouve devant la porte (note).
Comment pourriez-vous atteindre la première étape
de sécurité et parvenir à l'Éveil en ce monde
semblable à une maison en feu ? "(réf.)
[...] Mais, en se convertissant
à la doctrine du Sutra du Lotus telle que l'avait enseignée Saicho*,
le Grand-maître* Dengyo*,
ils abandonnèrent les doctrines erronées qu'ils avaient
soutenues jusqu'alors. Comment peut-on alors, des années plus
tard, affirmer que les sutras Kegon*, Hannya* ou Jimmitsu* sont supérieurs au Sutra du Lotus ?
[...] Le Grand-maître* Saicho* étudia ces ouvrages
mais il eut des doutes sur leur évaluation des mérites
relatifs du Sutra du Lotus et du Sutra Vairocana*. C'est
pourquoi, le septième mois de la vingt-troisième année
de l'ère Enryaku (804), il se rendit en Chine ; il y rencontra
les moines Daosui du temple Xi-ming-si et Xingman, du temple Folong-si, et reçut
les enseignements shikan ainsi
que les grands préceptes pour l'Éveil parfait et immédiat.
Il rencontra également le moine Shun-xiao,
du temple Ling-gang-si, et étudia sous sa direction le Shingon.
Il revint au Japon le sixième mois de la vingt-quatrième
année de l'ère Enryaku (805). L'empereur Kammu lui accorda une audience et fit publier un décret recommandant
aux étudiants des six écoles la pratique de shikan [la méditation
du Tiantai ] et de shingon [la récitation de mantra dharani* ésotériques], et incitant à les adopter dans les
Sept temples principaux [de Nara].
[...] Si seulement le Grand-maître* Saicho* avait encore été en vie, il aurait certainement réfuté
ces erreurs. Mais d'où vient que ses disciples Gishin*, Encho*, Ennin* et Enchin n'aient jamais remis
en question la doctrine de Kukai ? Ce fut là un grand malheur pour le monde !
[...] Mais la question
de savoir s'il fallait ou non établir un kaidan pour l'ordination
selon les préceptes menant à l'Éveil
parfait et immédiat, élément d'une grande importance
pour le Mahayana, suscitait
à l'époque de vives polémiques au Japon. C'est
peut-être pour cela que le Grand-maître* Saicho* ne laissa pas à ses disciples d'instructions claires quant à
la supériorité relative des enseignements Shingon et Tendai.
[...] Cette histoire fut rapportée au Grand-maître* par Hanguang,
disciple d'Amoghavajra*,
et elle est relatée par Zhanlan* à la fin du dixième volume du Hokke
Mongu Ki*,
ainsi que dans le Ebyo Shu du Grand-maître* Saicho*.
De ce passage, il ressort clairement que le Grand-maître* Saicho* estimait le Sutra Vairocana* inférieur
au Sutra du Lotus.Il apparaît donc
que le Bouddha Shakyamuni, ainsi que les Grands-maîtres Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* sont unanimes pour considérer le Sutra du Lotus comme
le plus élevé de tous les sutras y compris le Sutra Vairocana*.
[...] Le Grand-maître* Saicho* décéda le quatrième jour du sixième mois
de la treizième année de Konin (822), sous le règne
de l'empereur Saga. A partir de la quatorzième année de
la même ère (823), Kukai* prodigua officiellement ses enseignements au souverain.
[...] De nouveau, au troisième
jour du sixième mois [de la même année], un édit
proclama : "Depuis que, par le passé, le Grand-maître* Saicho* a établi les deux disciplines (note) comme la
voie correcte de l'école Tendai,
les patriarches successifs de cette école les ont reçues
et transmises toutes deux, de génération en génération.
Pourquoi leurs disciples, par la suite, devraient-ils s'écarter
de cette ancienne tradition ? "Pourtant, nous apprenons
que les moines du Mont Hiei ne cessent
de s'opposer aux enseignements de leur patriarche Saicho* pour suivre des interprétations personnelles erronées.
Ils semblent se consacrer presque exclusivement à la propagation
des doctrines d'autres écoles, sans garder ni transmettre les
traditions de l'école Tendai.
Si les disciples veulent suivre la voie héritée du maître,
ils ne peuvent ignorer aucune des deux pratiques [de shikan et de shingon].
Si l'on désire transmettre et propager la doctrine, ne doit-on
pas maîtriser ces deux formes d'enseignements ? Désormais,
la fonction de Grand-patriarche du temple Enrakyu-ji [de l'école Tendai]
ne sera confiée qu'à une personne les ayant parfaitement
comprises toutes deux et il en ira toujours de même à l'avenir."
[...] Ennin* et Enchin furent tous deux les
disciples de Saicho* et de Gishin*.
De plus, ils se rendirent en Chine et y rencontrèrent des maîtres
éminents du Tiantai et
du Shingon. Mais peut-être
avaient-ils des doutes concernant les mérites relatifs de ces
deux écoles. Tantôt, ils déclaraient le Shingon supérieur, tantot le Sutra du Lotus ; parfois encore,
ils les disaient équivalents en théorie, bien que le Shingon soit supérieur en pratique. C'est alors qu'un édit proclama
que quiconque débattrait des mérites comparés de
ces deux écoles se rendrait coupable de désobéissance
aux ordres impériaux. Les déclarations
d'Ennin* et Enchin étaient de toute
évidence contradictoires et les adeptes des autres écoles
ne leur accordaient pas la moindre confiance. Pourtant, l'édit
impérial établissait que les deux écoles étaient
équivalentes, prétendant que c'était là
l'opinion du patriarche fondateur [de l'école Tendai],
le Grand-maître* Saicho*.
Mais dans lequel de ses écrits trouve-t-on une telle affirmation ? C'est là un point qu'il faut examiner avec le plus grand soin. On peut penser que Nichiren,
s'il met en doute l'interprétation faite par Ennin* et Enchin de l'enseignement du
Grand-maître* Saicho*,
est comme un enfant qui se prétendrait plus vieux que ses parents,
ou comme quelqu'un qui regarderait le soleil en affirmant que ses propres
yeux sont plus brillants. Pourtant, ceux qui voudraient défendre
les vues d'Ennin* et de Enchin doivent produire
une preuve écrite s'ils veulent que l'on accorde un crédit
quelconque à ce qu'ils avancent.
[...] De même, Ennin* rencontra bien le Grand-maître* Saicho* et étudia sous sa direction, et Enchin reçut bien l'enseignement de la bouche du moine Gishin*.
Mais s'ils avancent des théories contraires aux principes exposés
dans les authentiques écrits de Saicho* et de Gishin*,
comment pourraient-ils ne pas susciter de doutes ? Le plus secret des écrits
de Saicho* est un ouvrage intitulé Ebyo Shu. Dans sa préface,
on lit : "L'école Shingon,
récemment introduite [au Japon], déforme délibérément
ses enseignements pour les plier à ses buts (note), tandis que l'école Kegon, introduite plus tôt,
tente de dissimuler qu'elle a été influencée par
les principes de Zhiyi*.
[...] Si le Grand-maître* Saicho* avait considéré les écoles Tendai et Shingon comme de valeur équivalente,
pourquoi aurait-il critiqué cette dernière ? De plus,
il compara le patriarche Amoghavajra* et les autres au peuple ignorant de l'Etat de Lu. S'il avait réellement
approuvé les enseignements Shingon formulés par Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra*,
pourquoi les aurait-il ainsi comparés au peuple de Lu ? De toute évidence, Ennin* et Enchin se proclamèrent
tous deux disciples du Grand-maître* Saicho*,
mais ne l'étaient pas du tout dans leur coeur. C'est pourquoi Saicho* écrivit dans la préface de son ouvrage : "A présent,
avec la plus grande attention, j'ai écrit cet ouvrage intitulé Ebyo Shu en un volume pour le léguer aux sages des temps
futurs qui partageront mes convictions." Les mots "qui partageront
mes convictions" désignent en réalité "ceux
qui partageront ma conviction que l'école Shingon est inférieure à l'école Tendai."
[...] Mais dans le décret
impérial édicté à la demande d'Ennin* lui-même, on lit : "Ils ne cessent de s'opposer aux enseignements
du patriarche Saicho* pour suivre des interprétations personnelles erronées."
Il y est dit par ailleurs : "Si les disciples veulent suivre la
voie héritée du maître, ils ne peuvent ignorer aucune
des deux pratiques [de shikan et de shingon]."
[...] [Parce qu'ils s'étaient eux-mêmes trompés, ] il est
normal que ces deux hommes, Ennin* aussi bien que Enchin n'aient
pas osé accuser Kukai* d'erreurs doctrinales. Au lieu de gaspiller le coût de leur voyage
et de donner du travail aux autres en voulant à tout prix se
rendre en Chine, ils auraient dû étudier plus à
fond l'enseignement de leur propre maître, le Grand-maître* Saicho* !
[...] Le Dharma correct ne fut
enseignée au Mont Hiei que
du temps des trois premiers maîtres de l'école Tendai : le Grand-maître* Saicho*,
le moine Gishin* et le Grand-maître* Encho*.
Après eux, les patriarches de l'école Tendai devinrent des maîtres du Shingon.
Le lieu continua (note) à être appelé
le Mont du Tendai, mais il
fut dirigé par un maître du Shingon.
[...] Le Grand-maître* Saicho* dans son Hokke Shuku écrit : "Ce Sutra est de même nature... il est le plus élevé
de tous les sutras. Celui qui parvient à accepter et à
observer ce Sutra sera semblable à lui - il sera le premier parmi
la multitude des êtres vivants." Après avoir cité
ce passage du Sutra du Lotus, Saicho* note un passage du Hokke Gengi de Zhiyi*,
qui, interprétant ce même passage, en donne l'explication
suivante : "Il faut savoir que les sutras sur lesquels s'appuient
les autres écoles ne sont pas les plus élevés.
Par conséquent, ceux qui croient dans ces sutras ne sont pas
non plus les meilleurs. Mais, puisque l'école Tiantai croit dans le sutra le plus élevé, ceux
qui croient dans le Sutra du Lotus sont les premiers parmi
la multitude. Ce sont là les mots mêmes du Bouddha. Comment
pourrait-il s'agir là d'une simple glorification de soi-même ? "
Plus loin, dans l'ouvrage précédemment cité [Hokke
Shuku], Saicho* déclare : "Des explications détaillées concernant
les textes sur lesquels les autres écoles basent leurs enseignements
sont données dans un autre ouvrage."
[...] A la lumière des enseignements du Sutra du Lotus et
des commentaires de Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho*,
dans le Japon d'aujourd'hui, il n'y a pas un seul pratiquant du Sutra
du Lotus !
[...] En Chine, au temps de l'empereur Chen, le Grand-maître* Zhiyi* remporta la victoire au cours d'un débat l'opposant aux maîtres
des écoles du Nord et du
Sud, et il fut honoré du titre de Grand-maître de son vivant. Ainsi, Saicho* dit de lui qu'il fut "très au-dessus de tous les autres
maîtres ; dans toute la Chine, il n'eut pas son pareil". Au Japon, le Grand-maître* Saicho* remporta un débat l'opposant aux maîtres des six
écoles et devint le fondateur et le premier patriarche de
l'école japonaise du Tendai. En Inde, en Chine et au Japon, seules ces trois personnes - Shakyamuni, Zhiyi* et Saicho* - furent ce que le Sutra de lotus appelle "les premiers
parmi la multitude des êtres vivants". Ainsi, dans le Hokke
Shuku, Saicho* écrit : "Shakyamuni enseigna que "le superficiel est
facile [à saisir] mais le profond, difficile". Abandonner
le superficiel pour rechercher ce qui est profond [demande du courage],
c'est l'esprit de "rechercher le Bouddha". Le Grand-maître* Zhiyi*,
en suivant fidèlement le Bouddha Shakyamuni, a contribué
à la propagation de l'école Tiantai en Chine. [Nous, ] la famille du Mont Hiei,
en succédant à Zhiyi*,
contribuons à la propagation de l'école Hokke au Japon."
[...] Au Japon [comme nous l'avons
vu] sur le Mont Hiei, et seulement
du vivant du Grand-maître* Saicho*,
il y eut un pratiquant du Sutra du Lotus. Gishin* et Encho* lui succédèrent, respectivement premier et deuxième
patriarches de cette école. Mais, seul le premier patriarche Gishin* suivit la voie du Grand-maître* Saicho*.
Le deuxième patriarche, Encho*,
fut à moitié disciple de Saicho* et à moitié disciple de Kukai*. Le troisième patriarche, Ennin*,
se comporta d'abord comme un disciple du Grand-maître* Saicho*.
Mais, après son voyage en Chine, à l'âge de quarante
ans, tout en continuant à se dire disciple de Saicho* et en agissant en apparence comme un continuateur de sa doctrine, il
enseigna une forme de bouddhisme totalement indigne d'un véritable
disciple. Il ne joua le rôle d'un disciple fidèle de Saicho* qu'en administrant les préceptes pour l'Éveil parfait et immédiat
tels que les avaient établis Saicho*.
[...] Par conséquent, les moines du temple To-ji ne sont ni les disciples de Ganjin, ni ceux de Kukai*.
Par rapport aux préceptes, ils sont disciples de Saicho*.
Mais ils ne se conduisent pas en vrais disciples de Saicho* car ils rejettent le Sutra du Lotus que Saicho* considère comme l'enseignement suprême.
[...] D'autres encore que [pour répondre à
ses prières] le soleil était apparu en pleine nuit ; qu'il
[Kukai] était la réincarnation du bouddha Vairocana*,
ou encore qu'il avait initié le Grand-maître* Saicho* aux dix-huit voies (note) du bouddhisme ésotérique.
Ils espéraient ainsi, en attribuant à leur maître
quantité de mérites et de prodiges inventés, le
faire passer pour un sage, accréditer ses principes erronés
et tromper le souverain et ses ministres.
[...] De même, le Grand-maître* Cien écrivit un ouvrage en dix volumes, le Hokke
Genzan, dans lequel il fit l'éloge du Sutra du Lotus,
mais le Grand-maître* Saicho* le critiqua en disant : "Bien qu'il fasse l'éloge du Sutra du Lotus, il en détruit le coeur."(réf.)
[...] Lorsque le Grand-maître* Zhiyi* récita le Sutra du Lotus, une pluie légère
se mit [instantanément] à tomber, et le Grand-maître* Saicho* fit tomber une pluie d'amrita trois jours après [l'avoir enseigné]. Pourtant, ils ne
considérèrent pas ces phénomènes comme la
preuve que leur compréhension de la vérité coïncidait
avec celle du Bouddha.
[...] Plus loin, on lit encore : "Dosho, de l'école Sanron, Gennin,
de l'école Hosso, Doo,
de l'école Kegon, et Encho*,
de l'école Tendai..." (note) Encho,
connu, à titre posthume, sous le nom de Jakko Daishi, fut le
deuxième Grand-patriarche de l'école Tendai.
Pourquoi donc, à cette époque, Gishin*,
le premier Grand-patriarche ou le Grand-maître* Saicho*,
fondateur de l'école, ne furent-ils pas invités [à
participer à la cérémonie ainsi décrite
au cours de laquelle fut fondée l'école Shingon] ?
[...] On lit dans le Kujakukyo no Ongi : "Dès lors, l'école Shingon ou Yuga, avec sa doctrine des mandala secrets, fut solidement établie." Cela semble désigner
une époque où Saicho* et Gishin* étaient tous deux
encore vivants. Depuis la deuxième année de Daido (807),
sous le règne de l'empereur Heizei, jusqu'à la treizième
année de Konin (822) [l'année où mourut Saicho*], Kukai* s'employa à propager les principes du Shingon et, durant cette même période, Saicho* et Gishin* étaient encore vivants.
[...] Mais vous deux, Joken-bo
et Gijo-bo, vous avez été mes maîtres dans ma jeunesse.
Vous êtes semblables à Gonso et Gyohyo, précepteurs du Grand-maître* Saicho* mais qui, par la suite, devinrent à leur tour ses disciples.
Lorsque, Tojo Kagenobu me poursuivant
de sa haine, j'ai décidé de quitter le Mont Kiyosumi,
vous m'avez aidé à m'enfuir secrètement. Vous avez
rendu un service incomparable au Sutra du Lotus. Il est certain
que vous n'avez pas la moindre inquiétude à vous faire
pour votre sort dans la prochaine vie.
[...] Au Japon, le Grand-maître* Saicho* apparut mille huit cents ans après la disparition du Bouddha.
Après avoir étudié les commentaires de Zhiyi*,
il commença à critiquer les six
écoles bouddhistes qui étaient apparues au Japon depuis
plus de deux cent soixante ans, depuis l'époque de l'empereur Kimmei. Il fut calomnié
à son tour, ses détracteurs disant que l'un des brahmanes contemporains du Bouddha ou l'un des taoïstes de Chine venaient de renaître au Japon. Saicho* proposa également de créer un lieu d'ordination pour administrer
les préceptes menant à l'Éveil
parfait et immédiat, comme il n'en avait jamais existé
ni en Inde ni en Chine ni au Japon, dans les mille huit cents ans écoulés
depuis la disparition du Bouddha. Il alla même plus loin en affirmant
que les sanctuaires d'ordination du temple Kannon-ji, du temple Ono-dera (note) et du temple Todai-ji (note) répandaient tous l'odeur fétide des préceptes
du Hinayana (note), et ne valaient pas plus que
des cailloux ou des débris de tuiles. Et, selon lui, les moines
qui faisaient observer de tels préceptes ne valaient guère
mieux que des renards et des singes.
[...] Les adversaires [de Saicho*]
ont continué à le rabaisser en disant : "A l'époque
du Bouddha, il y eut deux kaidan pour l'ordination, celui du Bouddha
et celui de Devadatta, et de
nombreuses personnes trouvèrent la mort dans le conflit qui s'ensuivit.
Cet homme peut bien défier les autres écoles, mais il
affirme qu'il doit établir un kaidan pour l'ordination afin
de conférer les préceptes menant à l'Éveil parfait et immédiat que son maître lui-même, le Grand-maître* Zhiyi*,
n'a pas réussi à construire. Comme c'est étrange ! Et comme c'est effrayant, comme c'est effrayant ! " Mais Saicho* pouvait citer des textes à l'appui de ses thèses et le
kaidan pour l'ordination selon les préceptes du Mahayana a finalement été construit, il se trouve depuis longtemps
déjà sur le Mont Hiei.
[...] Question : Existe-t-il alors un Dharma correct qui n'ait encore jamais été
propagée même par Zhiyi* et Saicho* ?Réponse : Oui. Question : De quelle sorte d'enseignement s'agit-il ? Réponse : Il se compose de trois éléments. Le Bouddha l'a
légué à tous ceux qui vivraient à l'époque
des Derniers jours du Dharma.
C'est le Dharma correct qui n'a jamais été propagée
par Mahakashyapa ou Ananda, Ashvaghosha ou Nagarjuna, Zhiyi* ou Saicho*.
Traité
sur la dette de reconnaissance (Minobu,
le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)
En arrivant dans l'avenue Wakamiya (note), je regardai la foule des soldats
qui m'entouraient et leur dis : "Ne craignez rien, je n'ai pas l'intention
de vous créer des ennuis. Je veux seulement dire mes derniers
mots au bodhisattva Hachiman."
Je descendis de cheval et m'écriai : "Bodhisattva Hachiman,
es-tu donc vraiment une divinité ? Quand Wake
no Kiyomoro allait être décapité, tu as pris
la forme d'une lune de dix pieds de large. Quand le Grand-maître* Saicho* exposait le Sutra du Lotus, tu lui as fait don d'un surplis
pourpre. Moi, Nichiren, je suis le plus grand Pratiquant
du Sutra du Lotus au Japon et je ne suis coupable d'aucun
crime. J'ai exposé le Dharma pour éviter à tous
les êtres de tomber dans l'enfer avici auquel les condamne leur opposition au Sutra du Lotus. D'ailleurs,
si le grand empire mongol attaque ce pays, comment les divinités
bouddhiques comme Tensho Daijin* et Hachiman pourraient-elles êtres épargnées ?
Sur le comportement
du Bouddha (Minobu,
1276, à Konichi-ama)
Ainsi on
lit, dans un commentaire du Grand-maître* Saicho* : "L'école Hokke [dont Zhiyi* clarifia l'enseignement] est celle qui fut fondée par Shakyamuni,
l'Honoré du monde."(réf.) Le Sutra du Lotus est le seul dans lequel on trouve un
passage concernant tous les autres sutras que le Bouddha "a enseignés,
enseigne maintenant et enseignera". Ici, "a enseignés"
désigne les divers sutras exposés par le Bouddha pendant
les quarante et quelques années précédant l'enseignement
du Sutra du Lotus. "Enseigne maintenant" désigne
le Sutra Muryogi.
"Enseignera" désigne le Sutra
du Nirvana. (note)
[...] On lit aussi
dans un commentaire du Grand-maître* Saicho* : "L'époque [de la propagation du véritable enseignement]
sera, après l'époque du Dharma formel, au début de
celle des Derniers jours du Dharma.
Quant au pays, il sera situé à l'est de Tang (note et à l'ouest de Katsu (note).
Quant aux personnes [parmi lesquelles il sera propagé], elles seront
en proie aux cinq impuretés qui sévissent dans une époque
de conflits. Il est dit dans le Sutra : "Puisque haines et jalousies
abondent déjà du vivant du Bouddha, ne seront-elles pas
pires encore dans le monde après son trépas ! "(réf.) Une telle affirmation est parfaitement véridique."(réf.)
[...] Il y eut, par le passé, un homme appelé le Grand-maître* Tokuichi qui enseigna ce principe aux autres et le crut lui-même totalement,
lisant le Sutra du Lotus dans ce même esprit. Mais le Grand-maître* Saicho* le réfuta en disant : " Même en faisant l'éloge
du Sutra du Lotus, il en détruit le cœur."(réf.) Après quoi, on dit que lorsqu'il mourut, la langue du Grand-maître* Tokuichi se fendit en huit morceaux.
[...] De même, l'empereur de
la dynastie Chen, qui écarta les trois écoles
du Sud et des sept écoles du Nord, et s'appuya sur le Maître
du Dharma Zhiyi*,
et l'empereur Kammu, qui préféra
le Maître du Dharma Saicho* aux moines éminents des six écoles,
sont, de nos jours encore, respectés pour leur sagesse. Le Maître
du Dharma Zhiyi* fut par la suite honoré du titre de Grand-maître* Tiantai, et le Maître
du Dharma Saicho* reçut par la suite le nom de Grand-maître* Dengyo.
[...] "Dans le Sutra du Lotus il est
dit que, indépendamment des capacités des gens, à
l'époque des Derniers jours du
Dharma il faut enseigner à tout prix le Sutra du Lotus."
Puis demandez à votre contradicteur comment il interprète
cette exhortation. Appellera-t-il le Bouddha Shakyamuni, le bodhisattva Fukyo, Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* "des personnes aux vues
erronées" ou des non bouddhistes ?
Parvenir directement
à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus (Minobu,
mars 1277 ? à Myoho-ama)
Le Grand-maître* Saicho* déclara : "J'ai immédiatement rejeté
les deux cent cinquante préceptes ! "(réf.) Et le Grand-maître* Saicho* ne fut pas le seul à agir ainsi. Joho et Dochu, disciples de Ganjin,
ainsi que les moines des sept temples
principaux de Nara (note),
tous les rejetèrent de la même façon. De plus, le
Grand-maître* Saicho* laissa cette mise en garde pour les époques à venir : "S'il y avait, à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
des personnes observant les préceptes, ce serait un phénomène
extrêmement rare, aussi étrange que l'apparition d'un tigre
sur la place d'un marché. Qui pourrait le croire ? "(réf.)
[...] Le bouddhisme
fut pour la première fois introduit au Japon sous le règne
du trentième souverain, l'empereur Kimmei.
Au cours des vingt règnes qui suivirent, et pendant les plus
de deux cents ans qui s'écoulèrent jusqu'au règne
de l'empereur Kammu, il y eut bien
ce que l'on appelle les six écoles bouddhiques au Japon, mais la supériorité relative des
divers enseignements bouddhiques ne fut pas clairement établie.
Puis, durant l'ère Enryaku [782-805], un sage apparut dans ce
pays, qui fut connu sous le nom de Grand-maître* Dengyo (Saicho).
Il réfuta les enseignements des six
écoles, déjà propagés avant lui, et
tous les moines des Sept Temples principaux de Nara devinrent ses disciples. Avec le temps, il établit un
temple sur le Mont Hiei qui devint
Temple principal, et les autres temples du pays y furent rattachés.
C'est ainsi que les enseignements bouddhiques du Japon furent unifiés
en une seule école. La société, de même,
ne fut plus divisée, et le gouvernement appliquant des règles
claires, le mal disparut d'un pays purifié. Si nous voulions
évaluer les mérites de Saicho*,
nous devrions dire qu'ils découlent tous de sa fidélité
au passage [déclarant que le Sutra du Lotus est le plus
élevé de tous les sutras] "que j'ai enseignés,
que j'enseigne maintenant et que j'enseignerai à l' avenir."(réf.) Dans la
période qui suivit, les trois Grands-maîtres Kukai*, Ennin* et Enchin, en prétendant
s'appuyer sur des enseignements faisant autorité en Chine, soutinrent
l'idée que le Sutra Vairocana* et les deux autres principaux sutras
du Shingon étaient
supérieurs au Sutra du Lotus. De plus, ils qualifièrent
d'"école" les enseignements Shingon,
terme que le Grand-maître* Saicho* n'avait délibérément jamais utilisé.
Les
Quatre Etapes de la foi (Minobu ; 10 avril 1277 ( ? )
à Toki Jonin)
C'est seulement lorsqu'une personne
a affronté de grandes épreuves que l'on peut estimer qu'elle
a maîtrisé le Sutra du Lotus. On pourrait croire
que les Grands-Maîtres Zhiyi* et Saicho* ont été des pratiquants du Sutra du Lotus, mais
ils n'ont pas subi des persécutions aussi sévères
que le Bouddha de son vivant. Ils n'ont rencontré que de petites
oppositions, [Zhiyi*]
de la part des trois écoles
du Sud et des sept écoles du Nord, et [Saicho*]
de la part des sept temples principaux
de Nara. Ni l'un ni l'autre n'ont subi l'hostilité du gouvernement,
n'ont été attaqués par des gens du peuple à
coups de sabre ou calomniés par le pays entier. [D'après
le Sutra du Lotus] ceux qui croient au Sutra du Lotus après la disparition du Bouddha connaîtront des persécutions
plus grandes encore que celles que le Bouddha a subies de son vivant.
Pourtant personne [ni Zhiyi* ni Saicho*]
n'a connu de persécutions comparables et, moins encore, des persécutions
plus graves ou plus nombreuses.
La protection
de Bonten et de Taishaku (Minobu,
15 mai 1277 à Nanjo Tokimitsu)
Dans les
temps anciens, en de nombreuses occasions, des prières pour la
pluie ont servi à déterminer la supériorité
d'un enseignement sur un autre, comme dans les défis que se lancèrent Gomyo et le Grand-maître* Saicho*,
ou Shubin et Kukai*."
[...] Le Grand-maître* Saicho* écrivit : "En règle générale, s'il
le voit agir avec injustice, un fils doit en faire reproche à
son père, et un ministre présenter des remontrances à
son seigneur. En vérité, il faut savoir cela : ce qui
vaut dans la relation d'un seigneur et de son ministre, ou dans celle
d'un père et de son fils, est également valable dans la
relation du maître et du disciple. Un disciple doit parler haut
et clair si son maître s'écarte de la voie."(réf.)
[...] Plus de
quatre cents ans se sont maintenant écoulés depuis que
cet enseignement nuisible qu'on appelle Shingon a été introduit au Japon. Le Grand-maître* Saicho* le rapporta de Chine dans la vingt-quatrième année de
l'ère Enryaku (805), mais il le considéra comme peu souhaitable
pour ce pays, et ne lui accorda donc pas le statut d'une école
à part entière, le désignant seulement comme un
enseignement provisoire de l'école Tendai-Hokke.
Plus tard, après la mort du Grand-maître* Saicho*,
le Grand-maître* Kukai*,
pour ne pas être considéré comme moins important
que lui, s'empressa de présenter le Shingon comme une école indépendante ; mais le temple Enrakyu-jidu Mont Hiei refusa de l'admettre.
Toutefois, Ennin* et Enchin (Chisho) n'avaient qu'une
clairvoyance limitée, et, bien que résidant au Mont Hiei, leur cœur penchait vers le temple To-ji de Kukai*.
C'est peut-être la raison pour laquelle ils contredirent leur
maître [Saicho*]
et, les premiers, introduisirent l'école Shingon au temple Enrakyu-ji. Ce jour-là
commença la destruction de notre pays.
[...] Le Grand-maître* Saicho* les qualifia de lait d'ânesse et les compara à un crapaud. (note) Les disciples tardifs de Ganjin (note) accusèrent le Grand-maître* Saicho* de calomnie, et firent directement appel à l'empereur Saga ; mais, parce que les propos de Saicho* étaient clairement fondés sur les sutras, leurs efforts
[pour lui nuire] furent vains. La pétition présentée
à l'empereur par les écoles
de Nara se révéla sans objet, et le grand kaidan d'ordination [pour conférer les préceptes du Mahayana]
fut construit au temple Enrakyu-ji du Mont Hiei ; les préceptes du Hinayana sont donc depuis longtemps discrédités.
Lettre de pétition
de Yorimoto (Minobu,
le 25 juin 1277, requête au seigneur Ema au nom de Shijo Kingo)
Après la mort du Bouddha, pendant les deux mille ans des époques
du Dharma correct et du Dharma
formel, le terme "gohonzon de l'enseignement essentiel*"
ne fut jamais mentionné, et l'objet lui-même pouvait donc
d'autant moins être concrétisé. Personne n'avait
non plus la capacité de l'inscrire. Zhiyi*, Zhanlan* et Saicho* le perçurent dans leur coeur mais, pour une raison ou une autre,
ne le divulguèrent jamais, de même que Yen-houei comprit
le vrai sens de l'enseignement de Confucius mais le garda secret.
[...] Le Grand-maître* Saicho* écrivit : "La réalité d'ichinen
sanzen est le Bouddha qui a obtenu l'Éveil par lui-même et ce Bouddha n'est doté d'aucun attribut
extraordinaire."(réf.)
[...] Ceux qui
croient au Sutra du Lotus et récitent Namu
Myoho Renge Kyo accomplissent les Cinq Sortes de pratiques qui furent
personnellement transmises au Grand-maître* Saicho* par le moine Dao-sui lorsqu'il
se rendit en Chine. C'est l'enseignement primordial pour les disciples
de Nichiren et les croyants. Telle est la pratique décrite dans
le chapitre Jinriki* (XXI).
Le Véritable
Aspect du Gohonzon (Minobu,
23 août 1277, à Dame Nichinyo)
Quant à
l'enseignement dont je parle : après la mort de l'Ainsi-venu,
en Inde, pendant plus de mille cinq cents ans, elle était connue
par les vingt-quatre successeurs du
Bouddha - parmi lesquels Nagarjuna et Vasubandhu - mais ils ne
l'ont pas révélée. En Chine, pendant plus de mille
ans, la plupart des gens l'ignoraient ; seuls Zhiyi* même pour le Grand-maître* Saicho*.
[...] L'enseignement de Nichiren représente le troisième. Le
premier et le deuxième ont déjà été
évoqués, même si cela a toujours été
en termes aussi vagues que la description d'un rêve. Mais le troisième
n'a jamais été clairement énoncé. Zhiyi*,
Zhalan et Saicho* y ont fait allusion, mais sans le révéler pleinement.
Ils ont laissé ce soin à notre époque, celle des Derniers jours du Dharma.
Le troisième
enseignement (Minobu,
1er octobre 1277, à Toki Jonin)
Myoho
Renge Kyo est non seulement le coeur de tous les enseignements
sacrés exposés par Shakyamuni de son vivant, mais
aussi le coeur et le corps du Sutra du Lotus, l'enseignement
suprême. Pourtant, si merveilleux que soit cet enseignement,
pendant les plus de deux mille deux cent vingt ans qui se sont écoulés
depuis la disparition du Bouddha, personne ne l'a propagé. Les vingt-quatre successeurs du Bouddha
ne l'ont pas propagé en Inde, pas plus que Zhiyi* et Zhanlan* en Chine. Au Japon, ni le prince Shotoku ni le Grand-maître* Saicho* ne l'ont propagé. Par conséquent, quand je l'expose, les
gens refusent de le croire pensant qu'il s'agit d'un enseignement faux.
C'est bien compréhensible. Par exemple, si un simple soldat avait
prétendu avoir séduit Wang
Zhao-gun, personne ne l'aurait cru. Puisque Zhiyi* et Saicho*,
d'un rang aussi élevé que celui de ministre et d'aristocrate,
n'ont pas propagé Namu
Myoho Renge Kyo, le coeur du Sutra, comment, se
demandent les gens, un moine d'une position aussi basse que la mienne
pourrait-il le faire ?
"Ainsi ai-je
entendu" (Minobu, 28 novembre
1277, à Soya Kyoshin)
Au Japon, les doctrines
des six écoles de Nara
furent réfutées après avoir été acceptées
pendant plus de deux cent soixante ans ; en fait, le Grand-maître* Saicho* réfute certaines d'entre elles dans quelques-uns de ses écrit.
[...] Le Grand-maître* Saicho* reçut l'enseignement des deux écoles, Tendai et Shingon [en Chine], et les
rapporta au temple Enryaku-ji,
sur le Mont Hiei. Mais, en voulant
créer un sanctuaire pour conférer les préceptes (kaidan), Saicho* aspirait à la méditation parfaite, à la sagesse
parfaite et aux préceptes parfaits menant à l'Éveil
parfait sans supérieur et immédiat selon l'école Tendai. Il semble bien qu'il
jugea incorrecte l'utilisation du terme "école" pour
désigner le Shingon comme
une doctrine distincte de l'école Tendai.
Dans le mémorandum qu'il adressa à la cour impériale,
il mentionne les pratiques shikan (concentration et intuition) et shingon (la discipline de Vairocana)
de l'école Tendai-Hokke.
Et le serment concernant les préceptes transmis par Saicho* à son disciple Ennin* parle, en fait, des "shikan et shingon de l'école Tendai-Hokke",
en évitant clairement l'emploi du terme "école Shingon".
Lettre à
Shomitsu-bo (Minobu,
1277 à Shomitsu-bo)
Mais dans
la nuit du douzième jour du neuvième mois de la huitième
année de Bun'ei [1271], j'ai failli être décapité à Tatsunokuchi.
Depuis lors, j'ai regretté de n'avoir encore révélé
la vérité à aucun de ceux qui me suivent. [Pour
cette raison, ] j'ai secrètement partagé cet enseignement
avec mes disciples sur l'île de Sado.
Après la disparition du Bouddha, de Grands-maîtres et lettrés
[du bouddhisme] comme Mahakashyapa, Ananda, Nagarjuna, Vasubandhu Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho* et Gishin*,
connaissaient cette doctrine, mais l'ont gardée en leur coeur
et ne l'ont pas propagée de manière explicite. Car le
Bouddha leur avait interdit de le faire en disant qu'après sa
disparition, ce Grand Dharma ne devra pas être divulgué
jusqu'au début de l'époque des Derniers
jours du Dharma.
Lettre à Misawa (Minobu,
le 23 février 1278 à Misawa)
Le Bouddha a clairement établi cette séparation
mais, au cours de plus de deux mille ans écoulés depuis
sa disparition, personne, dans les Trois pays, ou ailleurs dans le monde,
n'a parfaitement compris la différence. Seuls les Grands-maîtres Zhiyi* en Chine et Saicho* au Japon ont plus ou moins tenu compte de cette distinction. Mais le
précepte de l'Éveil parfait
sans supérieur [par la pratique] du Sutra du Lotus [qui se trouve dans l'enseignement
essentiel* et non dans l'enseignement théorique*]
n'était pas encore révélé. Zhiyi* et Saicho* le connaissaient dans leur coeur mais ne le dévoilèrent
pas pour trois raisons : d'abord le temps propice n'était pas
encore venu ; ensuite, les gens n'avaient pas la capacité de le
comprendre ; enfin, ni l'un ni l'autre n'avaient reçu la mission
de le transmettre.
[...] Le
précepte de l'Éveil parfait
sans supérieur [par la pratique] du Sutra du Lotus [qui se trouve dans l'enseignement
essentiel* et non dans l'enseignement théorique*]
n'était pas encore révélé. Zhiyi* et Saicho* le connaissaient dans leur coeur mais ne le dévoilèrent
pas pour trois raisons : d'abord le temps propice n'était pas
encore venu ; ensuite, les gens n'avaient pas la capacité de le
comprendre ; enfin, ni l'un ni l'autre n'avaient reçu la mission
de le transmettre. C'est maintenant, à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
que les bodhisattvas Surgis de Terre apparaîtront pour le propager.
[...]A l'époque
de Zhanlan* et de Saicho*,
certaines personnes les ont un peu pratiquées mais sans rencontrer
de grandes difficultés parce qu'elles n'ont pas suscité
d'adversaires puissants. Les trois
obstacles et les quatre démons mentionnés dans le Maka Shikan ne viennent pas faire obstacle à la pratique
des enseignements provisoires.
Mais maintenant tous, sans exception, apparaissent pour me barrer la
route. Ils sont encore plus redoutables que les trois
obstacles et les quatre démons auxquels Zhiyi*, Saicho* et d'autres furent confrontés.
[...] Il
y a deux manières de percevoir le principe d'ichinen
sanzen. L'une est théorique
et l'autre concrète. Ichinen
sanzen, comme l'enseignaient Zhiyi* et Saicho*,
était un principe théorique, mais ichinen
sanzen comme je l'enseigne
maintenant est un principe concret. Parce que la voie que je pratique
est supérieure, les difficultés qui l'accompagnent sont
plus grandes. Ichinen
sanzen, dans la pratique
de Zhiyi* et de Saicho*,
se rattache à l'enseignement
théorique* tandis qu'ichinen sanzen,
dans la pratique de Nichiren, fait partie de l'enseignement
essentiel*.
C'est aussi différent que le ciel de la terre.
Le traitement
de la maladie (Minobu,
26 juin 1278 (ou 1282) à Toki Jonin)
Le Grand-maître* Saicho* a déclaré que le pouvoir du Sutra du Lotus permet
à tous les êtres humains de manifester la bodhéité.
Il affirma cela parce que même la fille
du Roi-dragon réussit à atteindre la bodhéité
grâce au pouvoir du Sutra du Lotus. N'ayez aucun doute
à ce sujet. Dites à votre mari que je lui expliquerai
cela en détail quand je le verrai.
La phrase
unique et essentielle (Minobu,
le 3 juillet 1278, à Myoho-ama)
Le Grand-maître* Saicho*,
fondateur du temple Enrakyu-ji du Mont Hiei, le premier à
répandre les véritables enseignements du Sutra du
Lotus au Japon, commente ce point en ces termes : "Ni maîtres
ni disciples n'ont besoin de persévérer dans la pratique
des austérités [vie après vie] pendant d'innombrables kalpas pour atteindre la bodhéité. Le Sutra du Dharma Merveilleux a le pouvoir de faire atteindre
la bodhéité sans changer d'apparence."(réf.)
Le sutra permettant
véritablement d'honorer sa dette (Minobu,
le 28 juillet 1278 à Sennichi-ama)
Beaucoup se sont décrits eux-mêmes comme des sages et des hommes de vertu, mais aucun d'eux n'a jamais vécu la prédiction
du Sutra : "[Puisque haine et jalousie abondent déjà
du vivant du Bouddha, ] ne seront-elles pas pires encore après
son trépas ? "(réf.) Le bodhisattva Nagarjuna, Zhiyi* et Saicho furent persécutés
en raison de leur foi bouddhique, mais aucune des persécutions
qu'ils subirent ne furent aussi graves que celles que décrit
le Sutra. C'est parce qu'ils naquirent avant l'époque où
le Sutra du Lotus devait se propager.
[...] Nous sommes
maintenant déjà entrés dans "la dernière
période de cinq cents ans", c'est-à-dire au début
de l'époque des Derniers jours
du Dharma.
C'est un moment comparable au soleil le quinzième jour du cinquième
mois [du calendrier lunaire], ou à la lune des moissons, le quinzième
jour du huitième mois. Zhiyi* et Saicho* sont nés trop tôt pour connaître ce moment et ceux
qui naîtront après regretteront d'avoir vécu trop
tard.
Plus la
source est lointaine, plus le courant est long (Minobu,
le 15 septembre 1278, à Shijo Kingo)
Ennin*,
originaire de Shimotsuke, et troisième Supérieur du temple Enraku-ji, était un disciple
de Kochi, qui fut moine du temple Ono-ji, à Shimotsuke. Kochi
étudia le bouddhisme auprès de Dochu,
un disciple de Ganjin, et reçut
ultérieurement la transmission directe de l’enseignement
de Saicho*.
Après avoir terminé ses études, Kochi prêcha
les enseignements de l’école Tendai dans toute la région du Kanto. En 803, Ennin*,
à l’âge de 13 ans, entra au Mont Hiei, où il passa 15 ans à acquérir la connaissance
de six écoles, y compris
l’école Hosso et l’école Sanron, et, en plus, les enseignements
du Sutra du Lotus et la doctrine de l’école Shingon.
[...] Enchin (Chisho Daishi), originaire de Sanuki, entra au Mont Hiei en 828, à l’âge de 14 ans, et devint un disciple
de Maître Gishin*,
un disciple de Saicho* qui était originaire de Sagami. Enchin avait
aussi voyagé en Chine avec son maître. Au Japon, Enchin étudia les enseignements de six
écoles, y compris les écoles Sanron et Hosso, en plus des enseignements
de l’école du Sutra du Lotus (Hokkeshu)
et de l’école Shingon auprès de Maître Gishin*, d'Ennin*,
d’Encho* et de Kojo*,
disciple de Saicho*.
[...] En juillet
804, le Grand-maître* Saicho* sur instruction de l’empereur Kammu,
partit en Chine, où il rencontra le moine Daosui (Dosui) et le Grand-maître* Xingman (Gyoman), qui étaient tous les deux des disciples du Grand-maître* Zhanlan*.
Sous leur supervision, le Grand-maître* Saicho* étudia l’enseignement du Maka
Shikan de l’école Hokke et apprit aussi les Règles de conduite des bodhisattvas, qui avaient
été enseignées par le Grand-maître* Daoxuan,
fondateur de la branche Nanchan de l'école Lu (Ritsu)
en Chine. Le Grand-maître* Saicho* reçut également, du moine Shunxiao,
l’initiation ésotérique de l’école Shingon.
Après être retourné au Japon, le Grand-maître* Saicho* ne propagea pas les enseignements de l’école Shingon.
A la place, il rechercha les enseignements du Sutra Vairocana* et du Sutra du Lotus pour déterminer quel sutra était
supérieur. Il s’était aperçu, en effet, que
les lettrés chinois ne lui fourniraient pas la réponse.
Le Grand-maître* Saicho* en vint à la conclusion que le Sutra Vairocana* de l’école Shingon était inférieur
au Sutra du Lotus, et aussi que certaines idées de l’école Tendai étaient incorporées
dans le Commentaire sur le Sutra Vairocana*, en
particulier, par Yixing.
[...] Les Grands maîtres Ennin* et Enchin ne reconnaissaient pas
les sutras de l’école Kegon comme supérieurs au Sutra du Lotus. Cependant, ils apportèrent
leur soutien à l’affirmation du Grand-maître* Kukai* selon laquelle le Sutra Vairocana* de l’école Shingon était supérieur
au Sutra du Lotus, bien qu’ils appartinssent à l’école Tendai. Ainsi, sans le savoir,
ils devinrent l’ennemi du Grand-maître* Saicho* qui avait fondé l’école Tendai au Japon.
[...] L’école Ritsu a initialement enseigné
les enseignements du Hinayana et a exposé plus tard les enseignements du Mahayana
provisoire*.
Maintenant, ils croient qu’ils exposent les enseignements véritables
du Mahayana. Une autre
école Ritsu, qui fut transmise
au Grand-maître* Saicho* par le moine Daosui (Dosui) n’est
pas identique à l’école Ritsu mentionnée ci-dessus.
[...] Cela fait
environ 2 200 ans depuis que le Bouddha Shakyamuni a prêché,
mais pas une seule personne dans ce monde n’a diffusé ce Gohonzon et les enseignements
du Bouddha Shakyamuni. Le Grand-maître* Zhiyi*,
de Chine, et le Grand-maître* Saicho*,
du Japon, sont au courant de ce Gohonzon,
mais il n’ont fait aucun effort pour le diffuser.
Questions
- réponses concernant l’objet de vénération (Minobu,
septembre 1278 à
Joken-bo)
Il fallut au Bouddha un peu plus de quarante ans pour réaliser
la tâche qu'il avait à accomplir en ce monde ; il fallut
à Zhiyi* environ trente ans et à Saicho* quelque vingt ans. J'ai souvent mentionné les indescriptibles
persécutions qu'ils subirent pendant ces années. Pour
moi, il a fallu vingt-sept ans, et les persécutions dont j'ai
été l'objet pendant cette période sont bien connues
de vous.
[...] Dans les
deux mille ans et plus qui s'écoulèrent "après
sa mort", personne, pas même Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* ou Saicho*,
ne subit aucune des persécutions, encore plus grandes, qui étaient
prédites. Ils furent indéniablement des pratiquants du Sutra du Lotus, mais puisque tel est le cas, d'où
vient qu'aucun d'eux ne versa la moindre goutte de sang, à l'instar
du Bouddha, ou n'endura des épreuves encore plus grandes ? Les prédictions du Sutra pourraient-elles être
fausses et les paroles du Bouddha, de grands mensonges ?
[...] Ce que Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* et Saicho eurent à subir
n'est rien comparé à cela. Sans la venue de Nichiren dans
les Derniers jours du Dharma,
le Bouddha aurait été un grand menteur et les témoignages
apportés par Taho et tous
les autres bouddhas auraient été faux.
Sur les persécutions
subies par le Bouddha (Minobu,
le 1 février ou 1er octobre 1279 Shijo Kingo)
Le Grand-maître* Saicho* énuméra dix principes remarquables qui placent le Sutra
du Lotus au-dessus de tous les autres. L'un d'eux est l'atteinte
de la bodhéité sans changer d'apparence [en tant que simple mortel]. C'est le principe le plus important de la doctrine de
l'école Tendai, et une
partie du Hokke Mongu* a pour titre : "Le principe suprême de l'atteinte
de la bodhéité sans changer d'apparence".
Le bodhisattva Fukyo fut attaqué
à coups de cannes, comme il est dit dans le Sutra : "Ils
le frapperont à coups de cannes et de bâtons, et lui jetteront
des pierres et des tuiles." Mais il ne connut pas la persécution
par le sabre. Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho* et d'autres n'ont pas connu cela, [en accord avec la phrase : ] "Il
sera épargné par le sabre et le bâton."(réf.) Cependant, moi, Nichiren, j'ai subi coups de bâtons et de sabres.
La persécution
par le sabre et le bâton (Minobu,
20 avril 1279 à Nanjo Tokimitsu)
Le Grand-maître* Saicho* fit construire l'Enryaku-ji, mais il fit enchâsser dans le bâtiment principal une image
du bouddha Yakushi* du royaume
de l'Est comme objet de culte. Il ne prit pas pour objet de vénération
le Bouddha Éveillé depuis un passé illimité et
ceux qui n'ont jamais cessé depuis lors d'être auprès
de lui.
[...] Voilà pourquoi aussi le Grand-maître* Saicho* parlait de cette période avec envie en disant : "Les époques
du Dharma correct et du Dharma
formel sont presque terminées et celle des Derniers
jours du Dharma est proche. C'est à ce moment-là que le Véhicule
unique enseigné dans le Sutra du Lotus se propagera
et prouvera qu'il convient parfaitement aux capacités de tous
les hommes."(réf.) D'un point
de vue profane, moi, Nichiren, je suis l'être le plus misérable
du Japon, mais à la lumière du bouddhisme, je suis la
personne la plus fortunée du monde. Cela est dû au temps.
Et, en le comprenant, je suis empli d'une telle joie que et ne peux
retenir mes larmes. Il m'est impossible de m'acquitter de ma dette de
reconnaissance envers Shakyamuni. Même les vingt-quatre
successeurs de Shakyamuni me semblent avoir moins de chance que
moi, et les bienfaits obtenus par Zhiyi* et Saicho* me paraissent inférieurs aux miens. Car maintenant, le temps
est venu d'établir l'objet de vénération représentant
les quatre bodhisattvas.
Sur l'établissement
des Quatre Bodhisattvas (Minobu,
17 mai 1279 à Toki Jonin)
C'est alors que, sous le règne
de l'empereur Kammu, apparut un
sage appelé le Grand-maître* Saicho*.
Ayant réfléchi à ce problème, il déclara : "Les divinités ont été vaincues et le Bouddha
a été victorieux. Le Bouddha est considéré
comme souverain et les divinités comme subalternes ; cette hiérarchie
a été correctement établie, par conséquent
le pays devrait être en paix. Or, le pays est en proie à
de nombreux troubles !
[...] Saicho* affirma que telle était la raison de la colère du ciel
et de l'affaiblissement des divinités
protectrices du pays. Et il déclara que même ceux qui
faisaient l'éloge du Sutra du Lotus en détruisaient
le cœur. En entendant
cela, les moines des Sept temples principaux
de Nara, des quinze grands temples, et de tous les temples et monastères
de montagne du Japon, devinrent furieux. Ils s'écrièrent : "Mahadeva, de l'Inde,
et les moines taoïstes de la
Chine se sont réincarnés dans notre pays ! Ils ont
pris la forme de ce petit moine appelé Saicho* ! Si quelqu'un le rencontre, qu'il lui brise la tête en deux, qu'il
lui coupe les bras, qu'il le frappe et l'insulte ! "
[...] Ainsi, en même temps que le Grand-maître* Saicho* apparut un sage désigné sous le nom de Grand-maître* Kukai*.
Il alla jusqu'en Chine pour y étudier le Sutra Vairocana* et les
enseignements du Shingon, et
puis revint au Japon. Tant que
le Grand-maître* Saicho* était encore vivant, Kukai* ne proclama pas ouvertement la supériorité du Sutra Vairocana* sur
le Sutra du Lotus. Mais après la mort du Grand-maître* Saicho*,
le 4e jour du 6e mois de la 13e année de l'ère Konin (822),
il pensa sans doute que le temps était venu de le faire.
[...] Dans la
période qui suivit, tous les habitants du Japon devinrent des
adeptes de l'école Shingon.
De plus, un disciple du Grand-maître* Saicho*, Ennin*,
se rendit jusqu'en Chine où il fit une étude approfondie
des enseignements secrets du Tendai et du Shingon avant de rentrer
au Japon.
[...] De plus,
le soutien que lui accordèrent l'empereur et ses ministres fut
encore plus grand que celui dont avaient bénéficié
en leur temps Saicho* et Kukai*.
Si bien que les moines du Mont Hiei,
les Sept temples de Nara et, en fait, tous les habitants du Japon, s'entendirent
sur ce point que le Sutra du Lotus était inférieur
au Sutra Vairocana*.
Le roi Rinda (Minobu,
le 17 août 1279 à Soya Doso, fils de Soya Kyoshin)
Ainsi, l'homme est doté de cinq
organes vitaux. Qu'un seul d'entre eux fonctionne mal, il entraînera
la maladie de tous les autres, parfois jusqu'à causer la mort.
Le Grand-maître* Saicho* a écrit : "Même en faisant l'éloge du Sutra du Lotus, on peut en détruire le coeur."(réf.) Il voulait dire que même en gardant, en lisant et en faisant
l'éloge du Sutra du Lotus, si l'on en trahit le coeur,
c'est comme si l'on tuait, non seulement le révéré
Shakyamuni, mais tous les bouddhas de l'univers.
[...] C'est pourquoi le Grand-maître* Saicho* dit que les laïcs, hommes et femmes, qui croient en ce Sutra,
même s'ils manquent de connaissances ou transgressent les préceptes,
doivent avoir la préséance sur les moines du Hinayana qui observent strictement chacun des deux
cent cinquante préceptes.
[...] Nombreux
sont ceux qui ont exposé les différents enseignements
de Shakyamuni, mais jusqu'à présent personne, pas même Zhiyi* ou Saicho*,
n'a enseigné le plus important de tous. Il devait en être
ainsi, car cet enseignement n'apparaît et ne se répand
qu'avec l'avènement du bodhisattva Jogyo pendant les premiers cinq cents ans des Derniers jours du Dharma.
[...] A cet
égard, le Grand-maître* Saicho* écrivit que la loutre manifeste son respect en offrant le poisson
qu'elle a pris, que le corbeau dans la forêt rapporte de la
nourriture à ses parents et grands-parents, que la colombe
prend soin de se percher trois branches plus bas que son père,
que les oies sauvages restent en ordre parfait quand elles volent
ensemble et que l'agneau s'agenouille pour boire le lait de sa mère.
Puisque des animaux inférieurs observent tant de convenances,
il se demande comment des êtres humains peuvent manquer à
ce point de courtoisie. Si l'on en juge d'après les mots de Saicho*,
il est bien naturel que les moines Zen soient dans la plus grande confusion concernant le bouddhisme puisqu'ils
ignorent même les règles du comportement humain.
Lettre à Niike (Minobu,
février 1280 à Niike Saemon no jo)
Si rien ne fait obstacle, la rosée
s'évapore vers le ciel et la pluie tombe sur la terre. Mais un
vent contraire peut renvoyer la pluie vers le ciel et, lorsque le soleil
se lève, la rosée peut retomber à terre. De même,
avant l'apparition de Saicho*,
les six écoles, dont fait
partie l'école Kegon, étaient
comparables à de la rosée s'élevant vers le ciel.
Il en va de même pour l'école Shingon.
[...] Au cours
des plus de 2200 ans écoulés depuis la disparition du
Bouddha, personne n'a encore totalement exposé et propagé
l'enseignement du Sutra du Lotus, exactement tel qu'il est
énoncé dans le Sutra. Cela ne veut pas dire que Zhiyi* et Saicho* en ignoraient la véritable signification. Mais parce que le temps
propice n'était pas encore venu, et parce que les capacités
des gens n'étaient pas adéquates, ils sont morts sans
avoir tout élucidé par écrit. Toutefois, ceux qui
deviennent aujourd'hui les disciples de Nichiren peuvent sans difficulté
comprendre le sens profond du Sutra.
La bonne fortune
inégalée (Minobu,
1l mai 1280, au seigneur Nishiyama)
Après
la disparition du Bouddha, trois personnes seulement ont véritablement
lu ce passage du Sutra du Lotus. Le bodhisattva Nagarjuna,
en Inde, dit dans son Daichido Ron* : "Le Sutra du Lotus est comme un grand
médecin qui change le poison
en remède". (note) C'est de cette manière qu'il expliqua le sens du passage "le
plus difficile à croire, le plus difficile à comprendre".
En Chine, le Grand-maître* Zhiyi* interpréta cette phrase en la replaçant dans son contexte
: "De tous ceux que j'ai enseignés, que j'enseigne et que
j'enseignerai le Sutra du Lotus est le plus difficile à
croire et le plus difficile à comprendre."(réf.) Et, au Japon, le Grand-maître* Saicho* commenta ainsi cette phrase : "Tous les sutras des quatre
premières des cinq périodes enseignés auparavant, le Sutra
Muryogi qui fut enseigné en même temps, et le Sutra du Nirvana qui fut enseigné plus tard, sont tous des enseignements faciles
à croire et faciles à comprendre. C'est parce que tous
ces sutras furent exposés en fonction
des capacités de ceux à qui le Bouddha s'adressait.
Le Sutra du Lotus est le plus difficile à croire et
à comprendre, parce que l'enseignement
définitif (jikkyo) y est révélé directement,
indépendamment de la capacité de ses auditeurs à
le comprendre."(réf.)
[...] Maintenant,
au commencement de l'époque des Derniers jours du Dharma, moi, Nichiren, suis le premier à entreprendre
la propagation des cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo dans le monde entier. Ces cinq caractères sont
le coeur du Sutra du Lotus et la source de l'Éveil de tous les bouddhas. Plus de deux mille deux cent vingt ans se
sont écoulés depuis l'entrée dans le nirvana du Bouddha Shakyamuni, mais personne n'a jamais entrepris cette mission,
pas même les plus grands de ses disciples Mahakashyapa, Ananda, Ashvaghosha, Nagarjuna, Huisi ou Zhiyi*, Zhanlan* ou Saicho* ! formez vos rangs, mes disciples, et suivez-moi ! Vous dépasserez
même Mahakashyapa ou Ananda, Zhiyi* ou Saicho*.
Si vous fléchissez devant les menaces des dirigeants de cette
petite île qu'est le Japon et abandonnez votre foi, comment pourrez-vous
résister à la colère tellement plus terrible de Yama, le roi de l'enfer ? Vous
vous dites les messagers du Bouddha ; mais si vous perdez courage, personne
ne sera plus méprisable que vous.
Comparaison
du Sutra du Lotus avec les autres sutras (Minobu,
le 26 mai 1280 à Toki Jonin)
De plus, le Grand-maître* Zhanlan* écrivit des commentaires en dix volumes intitulés Hokke
gengi shakusen. Dans cet ouvrage, il déclara que tous
les sutras introduits en Chine après l'époque de Zhiyi* - y compris les sutras portant l'appellation de "nouvelles
traductions" - étaient tous des serviteurs et des seconds
du Sutra du Lotus. Au Japon, pareillement, le Grand-maître* Saicho* établit que le Sutra
Vairocana et les autres sutras de l'école Shingon - qui font partie des "nouvelles traductions" - étaient
tous des serviteurs et des seconds du Sutra du Lotus. Toutefois, Kukai*, Ennin*, Enchin et d'autres, avancèrent des opinions aussi différentes
de ce principe que le feu de l'eau.
[...] Le Grand-maître* Saicho* écrivit : "Quand le soleil se lève, les étoiles
se cachent, et quand le talent se manifeste, l'absence de talent devient
évidente."(réf.)
[...] Le Grand-maître* Saicho* entreprit donc de voyager jusqu'en Chine et se livra, là-bas,
à une comparaison rigoureuse de tous les enseignements
sacrés du Japon, de Chine et d'Inde. Il rejeta ceux qui étaient
inférieurs et choisit ceux qui étaient valables, les examinant
un par un, sans préjugé ni parti-pris. Pour finir, il
choisit le Sutra du Lotus et deux autres sutras, les désignant
comme les trois sutras qui assureraient la protection du pays.
Chevaux blancs et
cygnes blancs (Minobu,
14 août.1280, à la dame d'Utsubusa)
Sans préjuger
de ma sagesse, parce que ma fidélité au Sutra du Lotus m'a valu de subir persécutions et blessures, je surpasse même
le Grand-maître* Zhiyi* de Chine et le Grand-maître* Saicho* du Japon. C'est le temps [l'époque des Derniers
jours du Dharma]
qui l'a voulu ainsi. Si je suis bien le Pratiquant du Sutra du Lotus, alors Shakyamuni, qui enseigna la doctrine
au Pic du Vautour, le bouddha Taho, du Monde du trésor
de pureté, les bouddhas des dix
directions, émanations de Shakyamuni, les grands
bodhisattvas de l'enseignement essentiel et de l'enseignement
théorique, Bonten, Taishaku, les rois
dragons et les dix Filles-démones,
tous sont très certainement présents en ce lieu.
Réponse au
seigneur Shijo Kingo (Minobu,
le 8 octobre 1280 à Shijo Kingo)
Question - Au Japon, le bouddhisme se divise en six
écoles, sept écoles ou huit écoles. Parmi elles,
quelle est celle qui enseigne le principe de sokushin jobutsu, l'atteinte
de la bodhéité sans changer d'apparence ? Réponse
- Selon le Grand-maître* Saicho*,
ce principe se trouve uniquement dans le Sutra du Lotus. Alors
que, d'après le Grand-maître* Kukai*,
il se trouve seulement que dans l'enseignement du Shingon. Question - Quelle preuve pouvez-vous en donner ? Réponse
- On lit dans le Hokke
Shuku du Grand-maître* Saicho* : "Sachez que, parmi les sutras sur lesquels s'appuient les autres
écoles, aucun ne contient le principe de l'atteinte de la bodhéité
sans changer d'apparence. Même si certains d'entre eux semblent
y faire vaguement allusion, cela ne concerne que des personnes parvenues
à la huitième* des dix
étapes de développement* ou au-dessus. Ces sutras ne reconnaissent pas la possibilité
d'atteindre la bodhéité sous la forme d'un simple mortel*.
Seule l'école Tendai-Hokke énonce clairement ce principe de l'atteinte de la bodhéité
sans changer d'apparence."
[...] Ces deux Grands-maîtres étaient tous deux des sages éminents.
Ils partirent en Chine la même année et y étudièrent
l'un et l'autre les enseignements ésotériques du Shingon.
Le Grand-maître* Saicho* eut pour maître, dans l'étude des deux
mandala, le Savant-maître* Shunxiao. Le Grand-maître Kukai*,
quant à lui, étudia les deux
mandala avec pour maître le Savant-maître* Huiguo. Shunxiao
et Huiguo étaient
tous deux des disciples d'Amoghavajra*.
Et le Maître du tripitaka, Amoghavajra* était le sixième disciple d'une lignée
directement reliée au bouddha Vairocana*.
Ainsi, tant pour la transmission qu'ils avaient reçue que pour
leurs propres réalisations, les Grands-maîtres Saicho* et Kukai* étaient considérés par les personnes de leur temps
comme le soleil et la lune. Ils étaient aussi respectés
que les ministres de la Gauche et de la Droite.
[...] "Le
Grand-maître* Ennin* était un disciple de Saicho* et Gishin* ; le Grand-maître* Enchin,
un disciple de Gishin* et de Ennin* ; et le Savant-maître*Annen,
un disciple du Savant-maître* An'ne*.
Ces trois hommes ont déclaré que l'école Tendai-Hokke n'enseigne que la partie théorique du principe ésotérique de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence,
alors que l'école Shingon enseigne à la fois la partie théorique et pratique de
ce même principe (note).
Les Grands-maîtres Saicho* et Kukai* n'étaient ni l'un ni l'autre stupides. De plus, les sages font
preuve d'impartialité. Ces trois maîtres, Ennin*, Enchin et Annen,
vivaient bien dans "le temple de la montagne" [Enriyaku-ji]
fondé par Saicho*,
mais leur esprit était celui de l'enseignement de Kukai* du temple To-ji. Si bien que, au
cours des quatre cents dernières années, au Japon, personne
n'a contredit leur opinion. Comment donc une personne d'aussi basse
condition que vous ôse-t-elle soutenir des raisonnements aussi
néfastes ? (C'est leur deuxième point.) Réponse : [...] Pour ce
qui est de Ennin*, Enchin et Annen,
les Grands-maîtres Ennin* et Enchin, tant qu'ils étaient
encore au Japon, ont d'abord adhéré aux principes du Grand-maître* Saicho*.
Mais, après leur voyage en Chine, ils ont adopté l'enseignement
de maîtres tels que Yuan-zheng et Faxian,
et, dans leur coeur, ils ont abandonné l'enseignement du Grand-maître* Saicho*.
Alors même qu'ils vivaient physiquement dans "le temple de
la montagne" fondé par Saicho*,
ils s'y trouvaient superficiellement, mais, en réalité,
ils trahissaient son esprit.
[...] Pour ce
qui est de Ennin*, Enchin et Annen,
les Grands-maîtres Ennin* et Enchin, tant qu'ils étaient
encore au Japon, ont d'abord adhéré aux principes du Grand-maître* Saicho*.
Mais, après leur voyage en Chine, ils ont adopté l'enseignement
de maîtres tels que Yuan-zheng et Faxian,
et, dans leur coeur, ils ont abandonné l'enseignement du Grand-maître* Saicho*.
Alors même qu'ils vivaient physiquement dans "le temple de
la montagne" fondé par Saicho*,
ils s'y trouvaient superficiellement, mais, en réalité,
ils trahissaient son esprit.
[...] On lit, dans les
commentaires du Grand-maître* Saicho* : "Il faut bien comprendre que la question, de savoir si certains
ont atteint ou non la bodhéité, a pour but de montrer
le grand pouvoir et l'autorité de ce Sutra." Cette citation
renvoie à un autre passage, mentionné plus tôt dans
ce commentaire, du chapitre Daibadatta* (XII) du Sutra du Lotus. [Manjushri dit] : "Quand j'étais dans l'océan, [j'ai sans relâche
enseigné uniquement le Sutra du Lotus]." Ce commentaire
de Saicho* souligne essentiellement que, même lorsque certains parlent d'atteinte
de la bodhéité sans changer d'apparence, s'ils ne donnent
pas d'exemples de personnes y étant réellement parvenues,
il ne faut pas suivre leurs principes. Il est évident que, tant
que l'on ne s'appuie pas sur le Sutra de la vérité unique,
pur et parfait, il ne peut y avoir d'atteinte de la bodhéité
sans changer d'apparence.
[...] D'après
le Grand-maître* Saicho*,
grâce au Sutra du Lotus, il est possible d'atteindre
la bodhéité sans changer d'apparence, que l'on ait ou
non rejeté le corps sujet à la transmigration à
travers les illusions, les différences et les limitations dans
les six première voies.
[...] Question - Le Grand-maître* Ennin* rencontra personnellement le Grand-maître* Saicho*,
étudia directement sous sa direction et hérita de ses
enseignements. Mais, en ce qui vous concerne, plus de quatre siècles
vous séparent [de Saicho*],
n'est-ce pas ? Réponse [...] Les commentaires
écrits du Grand-maître* Saicho* sont-ils seulement bons à jeter, alors que la tradition orale
transmise depuis le Grand-maître* Ennin* serait seule guide vers la vérité ? Le Grand-maître* Saicho* énumère dans
le Hokke Shuku les dix
points qui ne se trouvent dans aucun autre sutra [que le Sutra du
Lotus]. Le huitième point est "la supériorité
de permettre l'atteinte de la bodhéité sans changer d'
apparence". Plus loin, dans ces mêmes commentaires, on lit : "Il faut bien comprendre que ce passage, en posant la question
de savoir s'il existe des personnes parvenues à la bodhéité
sans changer d'apparence, démontre le grand pouvoir et l'autorité
de ce sutra (...) Et il faut bien comprendre aussi que les sutras sur
lesquels s'appuient les autres écoles ne contiennent pas ce principe
de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence."
[...] Question - Parmi les commentaires du Grand-maître* Saicho*,
y en a-t-il qui mettent en doute la validité du mot "seul"
dans le Bodaishin Ron [dans l'expression "seul le Shingon permet d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence"] ? Réponse
- On lit dans le Hokke
Shuku : "Ni le maître ni les disciples n'ont
besoin de pratiquer les austérités pendant d'innombrables kalpas afin d'atteindre la bodhéité.
Grâce au pouvoir du Sutra du Lotus, ils peuvent y parvenir
sans changer d'apparence [en cette vie-ci]. Ici, le Grand-maître* Saicho* ne semble pas accorder de crédit au mot "seul" du Bodaishin
Ron. Dans ce
même Hokke Shuku,
il est dit encore : "Ni le maître ni les disciples n'ont besoin
de pratiquer des austérités pendant d'innombrables kalpas avant d'atteindre la bodhéité.
Grâce au pouvoir du Sutra du Lotus, ils peuvent y parvenir
sans changer d'apparence."
Le principe de l'atteinte
de la bodhéité sans changer d'apparence (Minobu,
en 1280? , à Myoichinyo)
A partir
du moment où la charge de zasu fut pour la première fois établie au Hieizan,
les troisième et quatrième spérieurs des moines,
Jitaku et Chigo, sans aucune raison, agirent contrairement aux enseignements
du Grand Maître Saicho* et de son disciple Gishin*,
et déclarèrent que les doctrines conceptuelles du Shingon et du Sutra du Lotus avaient la même valeur, mais que,
dans les conditions concrètes, le Shingon était supérieur au Sutra du Lotus. Ainsi apportèrent
ils la disgrâce sur notre montagne (Hiei),
et ridiculisèrent-ils le Sutra du Lotus et, sans raison,
transformèrent-ils en boue les excellents préceptes qui étaient la Voie du milieu pure et sans tache jadis professée au Enryaku-ji.
Trois
grands Dharmas cachés (Minobu, le 27 ? avril 1281
à Ota Kingo)
Sous le
règne de l'empereur Kammu vécut un Maître du Dharma, Saicho*,
qui devint par la suite le Grand-maître* Dengyo. Avant de se rendre
en Chine, il étudia en profondeur les doctrines des six
écoles. De plus, pendant quinze ans, retiré dans la
montagne [le Mont Hiei], il compara
les doctrines des écoles Tendai et Shingon. Par conséquent,
avant même son départ pour la Chine, en s'appuyant sur
l'enseignement du Tendai, il
parvint à réfuter celui des six premières écoles ; si bien que, reconnaissant leur défaite, les supérieurs
des sept temples principaux de Nara
devinrent ses disciples. Ainsi, les principes de ces six
écoles furent invalidés.
Par la suite, dans la 23e année de l'ère Enryaku [804], Saicho* partit en Chine, et il revint au Japon dans la 24e année de la
même ère [805]. Il propagea alors au Japon les enseignements
du Tendai et du Shingon.
Mais s'il semble bien qu'il ait discerné dans son coeur la supériorité
des uns par rapport aux autres, il ne s'est pas exprimé publiquement
à ce sujet.
[...] Il [Enchin] déclara
que les mérites relatifs des écoles Tendai et Shingon lui apparaissaient
aussi clairement que dans un miroir mais que, parce que ce point susciterait
probablement des polémiques à l'avenir, il désirait
résoudre définitivement la question. A son avis, les deux
écoles, Tendai et Shingon étaient comparables
aux deux yeux d'une personne ou aux deux ailes d'un oiseau. Ceux qui
donneraient des interprétations différentes trahiraient
l'enseignement du fondateur de la doctrine, le Grand-maître* Saicho*,
et n'auraient plus le droit de résider sur le Mont Hiei. Un nouveau décret impérial fit largement connaître
cette position d'Enchin à travers tout le
pays.
[...] Le Grand-maître* Saicho* eut un disciple du nom d'Ennin*,
plus tard connu sous le nom de Grand-maître* Jikaku Daishi.
Ce dernier se rendit en Chine dans la 5e année de l'ère
Jowa [838] et revint au Japon dans la 14e année de la même
ère [847]. Pendant cette décennie, il étudia à
la fois les doctrines du Shingon et du Tendai. Au Japon, il
avait étudié en profondeur les doctrines Tendai et Shingon sous la direction
des Grands-maîtres Saicho*, Gishin* et Encho*.
De plus, durant les dix années de son séjour en Chine,
il étudia le Shingon sous
la direction de huit maîtres
éminents et le Tendai sous la direction de Zongjui, Zhi-yuan et d'autres. De retour
au Japon, il déclara que les écoles Tendai et Shingon correspondaient toutes
deux à la saveur du ghee,
et que les sutras de ces deux écoles étaient également
profonds et ésotériques. Cette déclaration fut
officialisée par un édit impérial.
[...] Ceux qui,
par leurs dons, soutiennent le Pratiquant du Sutra du Lotus recevront les mêmes bienfaits qu'ils auraient obtenu en faisant des offrandes au Sutra lui-même. Le Grand-maître* Saicho* écrivit dans un commentaire : "Ceux qui feront son éloge accumuleront une bonne
fortune aussi haute que le Mont Sumeru, et ceux qui le calomnieront tomberont dans l'enfer avici." (note)
Le corps et
l'esprit des simples mortels (Minobu,
à un disciple) |