Voir la très belle présentation du temple Enryaku-ji : https://www.kanpai.fr/otsu/enryaku-ji-mont-hiei#part-1
En 1242, Rencho (nom de moine de Nichiren) rejoignit le temple Enryaku-ji pour poursuivre
ses études. Le temple Enryaku-ji situé sur le Mont Hiei (Hieizan - colline entre le lac Biwa et
la ville de Kyoto), était, à ce moment-là, le temple
principal de l’école Tendai, (Tendai-shu) appelée aussi Hokke
Shu, introduite
au Japon par Saicho (Dengyo).
Les moines tendai étudiaient non seulement les écritures
bouddhiques, mais aussi les grands classiques chinois. Le Mont Hiei constituait ainsi le plus important centre culturel et religieux du
Japon pendant la période Heian (794-1192),
celle marquée par l’ascension de Kyoto comme capitale.
Depuis l’arrivée du bouddhisme au Japon, le Sutra du
Lotus, fréquemment récité et recopié,
était devenu l’un des sutras les plus populaires dans le
pays. Cependant, peu après Saicho,
l’école Tendai du Japon avait introduit d’autres
doctrines, notamment celles du bouddhisme ésotérique et
de la Terre Pure, dont les récitations
étaient encouragées avec celles du Sutra du Lotus.
Outre ces tendances syncrétiques, l’école Tendai du Japon était devenue une puissance locale, développant
des tendances expansionnistes pour affirmer sa prééminence.
A son apogée, le temple Enryaku-ji dirigeait ainsi 3 000 temples affiliés. Dès le début
du Xème siècle, une armée monastique fut formée
pour combattre les armées de moines d’autres monastères.
Les batailles s’intensifièrent notamment lorsque le temple Onjo-ji, situé à faible distance,
sur la rive du lac Biwa, au nord de Kyoto, fit sécession. En
1081, l’armée monastique du Mont Hiei brûla le Onjo-ji. Ce dernier fut
restauré, puis brûlé par la même armée
en 1121. En représailles, le temple Enryaku-ji fut brûlé par les troupes du Onjo-ji,
la même année, en 1121. Le temple Onjo-ji sera encore incendié
à plusieurs reprises, en 1140, 1240 et, une dernière fois,
en 1263. En 1571, un seigneur de guerre, Oda Nabunaga (1534-1582), furieux de l’opposition des moines du Mont Hiei, brûla complètement tous les bâtiments du temple Enryaku-ji. Celui-ci fut restauré
en 1584 mais il avait alors perdu tout pouvoir politique. En 1994, le
temple Enryaku-ji, considéré
comme un des monuments de l’ancienne Kyoto, a été
classé dans le patrimoine mondial de l’humanité
de l’UNESCO.
Les fondateurs de la plupart des écoles bouddhiques nouvelles,
celles de la période de Kamakura (1192-1333), étudièrent
au Mont Hiei, mais ils le quittèrent
à cause de ces combats incessants. Ainsi en fut-il, sans parler
de Nichiren, de Honen (Jodo
shu), Shinran (Jodo
Shin shu), Eisai (Zen
Rinzai) et Dogen (Zen
Soto). Le Mont Hiei a donc été,
à cette époque, un creuset majeur du bouddhisme japonais.
Rencho,
pour sa part, resta au Mont Hiei pendant
11 ans*,
étudiant les doctrines bouddhistes, le confucianisme, la calligraphie,
la littérature japonaise et visitant, entre 1246 et 1251, les
temples voisins, ou plus lointains, et leurs bibliothèques. Il
visita notamment, au moins à deux reprises, le Onjo-ji,
qui n’avait cessé de résister au temple principal,
et qui possédait une importante bibliothèque. Il visita
les temples de Nara, l’ancienne capitale,
située immédiatement au sud de Kyoto, en particulier le Yakushi-ji, pourvu d’une très
riche bibliothèque, ainsi que le Konkobu-ji,
sur le Mont Koya, alors temple principal
de l’école ésotérique Shingon,
à proximité d’Osaka, port situé au sud-ouest
de Kyoto. A Kyoto, il visita le temple Senyu-ji et les temples To-ji et Ninna-ji,
de l’école Shingon. Il visita
encore, en 1250-1251, le temple Shitenno-ji,
l’un des deux plus anciens temples bouddhistes du Japon, à
Osaka, y trouvant à nouveau une riche moisson de documents. Partout, Rencho dépouillait les textes des
sutras conservés dans ces monastères.
Dans ses discussions et confrontations, il se heurtait aux disciples
de Honen, qui estimait le Sutra du
Lotus trop difficile pour les gens de l’ "Age de la
dégénérescence", et qui préconisaient
la seule récitation de l’invocation au bouddha sauveur Amida, ou nembutsu.
En 1250, après avoir presque terminé ses pérégrinations
studieuses, Rencho écrivit
le Shogan Joju Sho.
Au début de 1253, à l’âge de 32 ans, parvenu
à la conviction que, dans la période des Derniers jours du Dharma (mappo), la récitation
du Sutra du Lotus était le seul moyen d’atteindre
l’Éveil, Rencho quitta le Mont Hiei et rentra à son
monastère Seicho-ji. C’est
là que, pour la première fois, le 28 avril 1253, il récita
le Daimoku, le "Grand Titre".
Ce Grand Titre (celui du Sutra du Lotus) offrait une alternative simple
à ceux qui récitaient l’invocation nembutsu.
Ainsi le Sutra du Lotus était-il mis à la portée
des gens ordinaires. Tel était, avec la proclamation du Daimoku comme voie de salut, le résultat fondamental des longues recherches
menées par Nichiren au temple Enryaku-ji.