Le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence (Doctrine de l'atteinte de la bouddhéité en cette vie) Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 7, p. 271 ; SG* p. 1062 Minobu, 1280?, à Myoichinyo |
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Question - Au Japon, le bouddhisme se divise en six écoles, sept écoles ou huit écoles. Parmi elles, quelle est celle qui enseigne le principe de sokushin jobutsu, l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence ? Réponse - Selon le Grand-maître* Saicho*, ce principe se trouve uniquement dans le Sutra du Lotus. Alors que, d'après le Grand-maître* Kukai*, il se trouve seulement que dans l'enseignement du Shingon. Question - Quelle preuve pouvez-vous en donner ? Réponse - On lit dans le Hokke Shuku du Grand-maître* Saicho* : "Sachez que, parmi les sutras sur lesquels s'appuient les autres écoles, aucun ne contient le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence. Même si certains d'entre eux semblent y faire vaguement allusion, cela ne concerne que des personnes parvenues à la huitième* des dix étapes de développement* ou au-dessus. Ces sutras ne reconnaissent pas la possibilité d'atteindre la bodhéité sous la forme d'un simple mortel*. Seule l'école Tendai-Hokke énonce clairement ce principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence." Dans ce même Hokke Shuku, il est dit encore : "Ni le maître ni les disciples n'ont besoin de pratiquer des austérités pendant d'innombrables kalpas avant d'atteindre la bodhéité. Grâce au pouvoir du Sutra du Lotus, ils peuvent y parvenir sans changer d'apparence." On y lit encore : "Sachez bien que dans ce Sutra la question est posée de savoir si certaines personnes ont atteint la bodhéité ou non (note). C'est ainsi qu'apparaît le grand pouvoir et l'autorité de ce sutra." Ces passages indiquent clairement que le principe de l'atteinte de la bodhéité tel que l'on est et sans changer de forme, n'est contenu que dans le Sutra du Lotus. Question - Quels textes pourraient appuyer l'opinion du Grand-maître* Kukai* ? Réponse - Dans son Nikyo ron, le Grand-maître* Kukai* affirme : "Il est dit dans le Bodaishin ron : "Seule la doctrine du Shingon permet d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence, car elle enseigne la pratique de samadhi*, une sorte de méditation qui n'est exposée dans aucun autre sutra. Si nous étudions le sens de ce traité, j'aimerais souligner qu'il est la resserre secrète, le coeur et le noyau des mille ouvrages écrits par le grand sage Nagarjuna. Dans la phrase précédemment citée, les mots "aucun autre sutra" désignent les divers principes exposés par le [Bouddha sous la forme du] Corps de la bienfaisance* et se manifestant par divers Corps de transformation. Ce sont les principes des enseignements exotériques. Mais les mots "cette doctrine enseigne la pratique de la méditation-samadhi*" désignent l'enseignement énoncé par le Corps du Dharma*, ainsi que la pratique de samadhi*, et font partie des enseignements ésotériques du Shingon. Ces principes sont exposés dans les cent mille vers de louanges du Sutra Kongocho* et dans d'autres textes." Question - Les opinions avancées par ces deux Grands-maîtres sont aussi incompatibles que l'eau et le feu. Quel enseignement devons-nous croire ? Réponse : Ces deux Grands-maîtres étaient tous deux des sages éminents. Ils partirent en Chine la même année et y étudièrent l'un et l'autre les enseignements ésotériques du Shingon. Le Grand-maître* Saicho* eut pour maître, dans l'étude des deux mandala, le Savant-maître* Shunxiao. Le Grand-maître Kukai*, quant à lui, étudia les deux mandala avec pour maître le Savant-maître* Huiguo. Shunxiao et Huiguo étaient tous deux des disciples d'Amoghavajra*. Et le Maître du tripitaka, Amoghavajra* était le sixième disciple d'une lignée directement reliée au bouddha Vairocana*. Ainsi, tant pour la transmission qu'ils avaient reçue que pour leurs propres réalisations, les Grands-maîtres Saicho* et Kukai* étaient considérés par les personnes de leur temps comme le soleil et la lune. Ils étaient aussi respectés que les ministres de la Gauche et de la Droite. Il est bien difficile pour une personne au savoir limité de déterminer ce qui est correct et ce qui est erroné. En essayant de le faire, je suis assuré d'acquérir une mauvaise réputation dans tout le pays et d'attirer sur moi de grandes difficultés. Néanmoins, à la lumière du bon sens, je m'efforcerai d'établir ce qui est correct et ce qui est erroné. Question - Quand le Grand-maître* Kukai* dit que le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence ne se trouve que dans les enseignements Shingon, sur quels sutras ou traités s'appuie-t-il ? Réponse - Le Grand-maître* Kukai* s'appuie sur le Bodaishin ron du bodhisattva Nagarjuna. Question - Pouvez-vous avancer une preuve écrite ? Réponse : Dans son Nikyo ron, le Grand-maître* Kukai* étaye son affirmation sur un passage du Bodaishin ron qui dit : "Seule la doctrine du Shingon [permet d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence]... Cette assertion ne se trouve dans aucun autre sutra." Question -. Y a-t-il un passage de sutra soutenant cette interprétation ? Réponse - Dans son Sokushin jobutsu gi, le Grand-maître* Kukai* déclare : "Les six grands éléments s'interpénètrent sans obstruction et s'harmonisent sans cesse. Les quatre sortes de mandala ne sont pas distinctes les unes des autres. Quand le Bouddha manifeste ses trois propriétés mystérieuses et que nous répondons par les trois propriétés mystérieuses [Dharma, sagesse, action] inhérentes en chacun de nous, notre bodhéité devient immédiatement manifeste. La multiplication d'un aspect de soi-même, telles des facettes se réfléchissant mutuellement à l'infini, comparables aux joyaux du filet d'Indra : voilà ce que l'on appelle "sans changer d'apparence." Le Bouddha est naturellement doté de la sagesse incluant tout. Ceux qui possèdent l'essence fondamentale de l'esprit, et les fonctions mentales qui lui sont liées, sont plus nombreux que les grains de poussière [de plusieurs mondes]. Chacun d'eux est doté des cinq sortes de sagesse, d'une sagesse illimitée. Quand le pouvoir de la sagesse ronde comme un miroir est pleinement utilisé, c'est la véritable sagesse de l'Éveil. Question - J'aimerais savoir sur quels sutras s'appuie ce commentaire. Réponse - Il est fondé sur les sutras Kongocho* et Vairocana*. Question - Puis-je vous demander précisément sur quels passages ? Réponse - Le Grand-maître* Kukai* présente comme preuve le passage : "Ceux qui pratiquent cette méditation [samadhi*] peuvent immédiatement manifester l'Éveil."(réf.) Il cite encore cet extrait : "Sans abandonner ce corps, on peut obtenir le pouvoir d'être présent partout où on le souhaite. On accède au domaine du Grand Vide, et au principe mystérieux [de la maîtrise] du corps."(réf.) Il s'appuie encore sur les passages : "Moi [Vairocana], j'ai réalisé qu'originellement je suis non-né."(réf.) et "Tous les phénomènes sont sans origine, fondamentalement non-nés."(réf.) Question - A cela j'aimerais faire une objection. Ces passages proviennent bien des sutras Vairocana* et Kongocho*. Mais l'un se rapporte à l'atteinte de l'illumination du bouddha Vairocana* ; un autre affirme que les pratiquants du Shingon peuvent acquérir les cinq pouvoirs surnaturels en conservant leur corps actuel ; et un troisième passage décrit la façon dont un bodhisattva parvenu au dixième des dix transferts peut sans changer d'apparence progresser jusqu'à l'étape suivante. Mais ils n'expliquent pas comment, sans changer d'apparence, on peut prendre conscience en cette vie-ci de la non-naissance et de la non-extinction de tous les phénomènes, et, moins encore, comment il est possible d'atteindre la bodhéité. De plus, le Bodaishin ron [sur lequel s'appuie l'argumentation de Kukai*] n'est même pas un sutra. Fonder ses arguments sur un commentaire, c'est commettre l'erreur de rabaisser ce qui est supérieur et préférer ce qui est inférieur. C'est transgresser aussi l'exhortation du Bouddha à "suivre le Dharma et non les personnes."(réf.) Mais les moines Shingon du temple To-ji calomnient Nichiren en disant : "Vous n'êtes qu'un homme ordinaire (bompu) alors que le Grand-maître* Kukai* était un bodhisattva parvenu à la troisième* des dix étapes de développement*. Vous n'êtes pas encore parvenu au stade où l'on prend conscience, sans changer d'apparence, de la non-naissance et de la non-extinction de tous les phénomènes, alors que le Grand-maître* Kukai* était parvenu à la bodhéité sans changer d'apparence, sous les yeux mêmes de l'empereur. De plus, aucun édit impérial ne vous ayant décerné ce titre, vous n'êtes pas un Grand-maître* . Vous n'avez donc pas la qualité de maître pour le Japon ! (C'est leur premier point.) "Le Grand-maître* Ennin* était un disciple de Saicho* et Gishin* ; le Grand-maître* Enchin*, un disciple de Gishin* et de Ennin* ; et le Savant-maître*Annen, un disciple du Savant-maître* Anne*. Ces trois hommes ont déclaré que l'école Tendai-Hokke n'enseigne que la partie théorique du principe ésotérique de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence, alors que l'école Shingon enseigne à la fois la partie théorique et pratique de ce même principe (note). Les Grands-maîtres Saicho* et Kukai* n'étaient ni l'un ni l'autre stupides. De plus, les sages font preuve d'impartialité. Ces trois maîtres, Ennin*, Enchin* et Annen, vivaient bien dans "le temple de la montagne" [Enriyaku-ji] fondé par Saicho*, mais leur esprit était celui de l'enseignement de Kukai* du temple To-ji. Si bien que, au cours des quatre cents dernières années, au Japon, personne n'a contredit leur opinion. Comment donc une personne d'aussi basse condition que vous ôse-t-elle soutenir des raisonnements aussi néfastes ? (C'est leur deuxième point.) Réponse - Si vous vous contentez de m'insulter et d'adopter une attitude agressive, je ne vous expliquerai rien. Je ne parlerai de cela que si vous êtes sincèrement à la recherche de l'enseignement juste. Mais les personnes comme vous pensent que ne pas leur répondre, c'est en être incapable. C'est pourquoi je vous répondrai. Mais plutôt que de prendre une attitude haineuse ou de tenir des propos grossiers, vous feriez mieux de produire un passage de sutra prouvant clairement le bien-fondé des assertions du Grand-maître* Kukai* auxquelles vous accordez tant de crédit. A entendre vos propos insultants et haineux, je serais tenté de croire qu'il n'existe en réalité aucun passage de sutra [étayant la conception de l'école Shingon] de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence. Pour ce
qui est de Ennin*,
Enchin* et Annen,
les Grands-maîtres Ennin*
et Enchin*, tant qu'ils étaient
encore au Japon, ont d'abord adhéré aux principes du Grand-maître* Saicho*.
Mais, après leur voyage en Chine, ils ont adopté l'enseignement
de maîtres tels que Yuan-zheng et Faxian,
et, dans leur coeur, ils ont abandonné l'enseignement du Grand-maître* Saicho*.
Alors même qu'ils vivaient physiquement dans "le temple de
la montagne" fondé par Saicho*,
ils s'y trouvaient superficiellement, mais, en réalité,
ils trahissaient son esprit. Réponse - On lit, dans les commentaires du Grand-maître* Saicho* : "Il faut bien comprendre que la question, de savoir si certains ont atteint ou non la bodhéité, a pour but de montrer le grand pouvoir et l'autorité de ce Sutra." Cette citation renvoie à un autre passage, mentionné plus tôt dans ce commentaire, du chapitre Daibadatta* (XII) du Sutra du Lotus. [Manjushri dit] : "Quand j'étais dans l'océan, [j'ai sans relâche enseigné uniquement le Sutra du Lotus]." Ce commentaire de Saicho* souligne essentiellement que, même lorsque certains parlent d'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence, s'ils ne donnent pas d'exemples de personnes y étant réellement parvenues, il ne faut pas suivre leurs principes. Il est évident que, tant que l'on ne s'appuie pas sur le Sutra de la vérité unique, pur et parfait, il ne peut y avoir d'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence. Et dans les écrits du Shingon tels que les sutras Vairocana* et Kongocho*, nulle part on ne trouve mention d'une telle personne. De plus, si nous examinons ces sutras du Shingon, nous voyons clairement qu'ils appartiennent aux quatre premières des cinq catégories, celles qui combinent [enseignements spécifique et parfait*], qui excluent l'enseignement parfait*, qui correspondent [aux capacités des gens] et qui incluent [divers enseignements provisoires]." Ils ne mentionnent pas la possibilité, pour les personnes des sutras Hannya*, d'atteindre la bodhéité, et ne font nulle part la moindre allusion au fait que Shakyamuni, en réalité, atteignit la bodhéité dans un passé illimité. Peut-être Ennin* et Enchin* se sont-ils laissé tromper par les commentaires de Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* ? Tous deux semblent avoir été des personnes respectables et sages, mais ils avaient tendance à mépriser le proche pour honorer le lointain. Ils ont été ensorcelés par le fait que trois sutras du Shingon contiennent des mudra et des mantra dharani*, et ont totalement perdu de vue la voie primordiale de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence. Ainsi, les moines du Mont Hiei semblent enseigner le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence tel qu'il est énoncé dans le Sutra du Lotus, mais en réalité le principe qu'ils exposent est celui de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence établi par le Grand-maître* Ennin*, par Annen et d'autres. Lorsqu'ils parlent d'atteinte de la bodhéité, ce ne sont que des mots qui ne désigne rien de concret. Les principes qu'ils exposent sont tout à fait différents de l'enseignement du Grand-maître* Saicho*. D'après le Grand-maître* Saicho*, grâce au Sutra du Lotus, il est possible d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence, que l'on ait ou non rejeté le corps sujet à la transmigration à travers les illusions, les différences et les limitations dans les six première voies. Mais selon le Grand-maître* Ennin*, si l'on a rejeté le corps sujet à la transmigration, alors on ne peut pas parler d'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence. Ceux qui partagent ce point de vue ne comprennent pas le véritable sens de "la bodhéité sans changer d'apparence. Question - Le Grand-maître* Ennin* rencontra personnellement le Grand-maître* Saicho*, étudia directement sous sa direction et hérita de ses enseignements. Mais, en ce qui vous concerne, plus de quatre siècles vous séparent [de Saicho*], n'est-ce pas ? Réponse - Ceux qui ont reçu l'enseignement directement de la bouche de leur maître sont-ils nécessairement incapables d'erreurs ? Ceux qui vivent à une époque ultérieure, qui étudient cet enseignement et en viennent à le comprendre parfaitement, sont-ils inévitablement dans l'erreur ? Il faudrait en ce cas abandonner les sutras et s'appuyer plutôt sur l'enseignement des Quatre rangs de Bodhisattva. Devrait-on rejeter les documents écrits par lesquels un père ou une mère transmettent un héritage, et leur préférer la transmission orale ? Les commentaires écrits du Grand-maître* Saicho* sont-ils seulement bons à jeter, alors que la tradition orale transmise depuis le Grand-maître* Ennin* serait seule guide vers la vérité ? Le Grand-maître* Saicho* énumère dans le Hokke Shuku les dix points qui ne se trouvent dans aucun autre sutra [que le Sutra du Lotus]. Le huitième point est "la supériorité de permettre l'atteinte de la bodhéité sans changer d' apparence". Plus loin, dans ces mêmes commentaires, on lit : "Il faut bien comprendre que ce passage, en posant la question de savoir s'il existe des personnes parvenues à la bodhéité sans changer d'apparence, démontre le grand pouvoir et l'autorité de ce sutra (...) Et il faut bien comprendre aussi que les sutras sur lesquels s'appuient les autres écoles ne contiennent pas ce principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence." Trahissant l'esprit de ces commentaires, devons-nous leur préférer le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence se trouvant dans le Sutra Vairocana*, qui représente, selon le Grand-maître* Ennin*, la théorie et la pratique de l'enseignement ésotérique ? Question - Parmi les commentaires du Grand-maître* Saicho*, y en a-t-il qui mettent en doute la validité du mot "seul" dans le Bodaishin Ron [dans l'expression "seul le Shingon permet d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence"] ? Réponse - On lit dans le Hokke Shuku : "Ni le maître ni les disciples n'ont besoin de pratiquer les austérités pendant d'innombrables kalpas afin d'atteindre la bodhéité. Grâce au pouvoir du Sutra du Lotus, ils peuvent y parvenir sans changer d'apparence [en cette vie-ci]. Ici, le Grand-maître* Saicho* ne semble pas accorder de crédit au mot "seul" du Bodaishin Ron. Question - Mais rejeter le Bodaishin Ron, n'est-ce pas rejeter Nagarjuna ? Réponse - Il est probable que c'est le traducteur qui a déformé le sens originel en le pliant à ses conceptions personnelles. Question - Si vous contestez la fiabilité d'un traducteur, ne devriez-vous pas douter aussi de Kumarajiva, le traducteur du Sutra du Lotus ? Réponse - Pour ce qui est de Kumarajiva, il y a une preuve concrète [démontrant la justesse de sa traduction], mais aucune preuve de ce genre n'existe dans le cas d'Amoghavajra*. Question - Puis-je vous demander à quelle preuve vous faites allusion ? Réponse - Le fait que la langue de Kumarajiva n'ait pas brûlé. Vous devriez vous renseigner à ce sujet plus en détail. Question - Ennin* et Enchin* ignoraient-ils donc cela ? Réponse - Ces deux hommes croyaient en l'enseignement de maîtres du tripitaka comme Shubhakarasimha*. C'est probablement pourquoi ils rejetèrent l'enseignement correct du Grand-maître* Saicho*. D'autres comme eux ont déjà suivi la personne et se détournant du Dharma. Question - Jusqu'à ce jour au Japon, personne n'a encore jamais réfuté l'enseignement d'Ennin*, Enchin* et Annen. Comment expliquez-vous cela ? Réponse - Les disciples du Grand-maître* Kukai* acceptent-ils l'enseignement d'Ennin* et de Enchin* ? Les disciples d'Ennin* et de Enchin* acceptent-il l'enseignement du Grand-maître* Kukai ? Question - Bien que ces deux courants diffèrent quelque peu, ils ne sont pas, comme le sont vos enseignements par rapport aux leurs, aussi incompatibles que le feu et l'eau. Et ils n'accusent personne d'opposition au Dharma, n'est-ce pas ? Réponse - Mais qu'est-ce en réalité que l'opposition au Dharma correct ? Quand les non bouddhistes calomnient le bouddhisme, quand les adeptes du Hinayana attaquent le Mahayana, quand les adeptes du Mahayana provisoire* dénigrent le Mahayana définitif*, ou quand le Mahayana définitif* cherche à s'allier avec le Mahayana provisoire* - en définitive, chaque fois que ce qui est supérieur est désigné comme inférieur - de tels actes sont contraires au Dharma, et peuvent être appelés "oppositions au Dharma correct". Où peut-on trouver la moindre preuve écrite pour appuyer l'affirmation du Grand-maître* Kukai* que le Sutra Vairocana* est supérieur au Sutra du Lotus et au Sutra Kegon* ? En revanche, dans le Sutra du Lotus, certains passages affirment clairement l'infériorité des sutras Kegon* et Vairocana*. Tel est le sens, par exemple, des mots : "parmi tous les sutras que le Bouddha a enseignés, enseigne et enseignera à l'avenir (note) [le Sutra du Lotus est le plus élevé (réf.)]. Si respecté que soit Kukai*, il ne pourra pas échapper à la grave accusation de s'opposer à Shakyamuni, Taho et à tous les autres bouddhas des dix directions, émanations du Bouddha Shakyamuni ! Au lieu de faire appel aux autorités dans l'espoir de m'intimider, pourquoi ne présentez-vous pas quelque passage précis donnant la preuve écrite de la justesse de votre point de vue ? Vous autres, les alliés que vous recherchez sont des hommes. Mais les alliés de Nichiren sont Nitten et Gatten, Taishaku et Bonten. Divinités Nitten et Gatten, ouvrez vos yeux célestes et observez ce qui se passe ! Dans les palais de Nitten et de Gatten, se trouvent sûrement des copies du Sutra du Lotus et des sutras Vairocana* et Kegon*. Comparez-les et voyez où se trouve la vérité ! Quels enseignements méritent la plus haute place ? Ceux de Kukai*, Ennin*, Enchin* et Annen, ou ceux de Nichiren ? Si, parmi les principes que j'avance, il en est un sur cent, un sur mille, qui s'accorde avec le Dharma correct, pourquoi les divinités ne viennent-elles pas à mon aide ? Et si les enseignements de Kukai* et des autres sont erronés, tous les habitants du Japon subiront la rétribution de naître aveugles (note). Les êtres célestes n'éprouveront-ils pas alors la plus grande pitié pour eux ? Moi, Nichiren, j'ai été exilé à deux reprises, et j'ai failli être décapité. En réalité, c'est comme si l'on avait essayé de couper la tête de Shakyamuni, de Taho et de tous les autres bouddhas des dix directions ! Il n'y a qu'une divinité du Soleil (Nitten), qu'une divinité de la Lune (Gatten), mais à elles deux, elles sont les yeux et la vie de tous les êtres vivants des quatre continents. Il est écrit dans les sutras que Nitten et Gatten sont nourris par le Dharma bouddhique, et qu'en goûtant sa saveur, ils gagnent en force et en éclat. Ceux qui dénaturent le goût du Dharma bouddhique sapent les forces de Nitten et Gatten. Ils sont les ennemis de tous les êtres vivants. Pourquoi, alors, le soleil et la lune continuent-ils à briller au-dessus leur tête, et à leur accorder longue vie, vêtements et nourriture ? Lorsque les disciples de ces trois Grands-maîtres [du Shingon, Kukai*, Ennin* et Enchin*] s'opposent au Sutra du Lotus, est-ce donc l'esprit de Nitten et Gatten qui les possède et les incite à s'y opposer ? Ou bien, si ce n'est pas le cas, et si c'est moi, Nichiren, qui ai tort, que la divinité Nitten me le montre ! Que ces disciples soient sommés de débattre avec moi. Si je devais être vaincu dans ce débat, et si je refusais quand même de changer d'opinion, alors, que ces divinités m'ôtent la vie ! Mais ce n'est pas ce qui se passe. Au lieu de cela, sans explications, les divinités me livrent à mes ennemis comme on donne en pâture à un chien un singe nouveau-né, ou comme on lance un souriceau dans les griffes d'un chat. Vous me laissez entre les mains de mes tourmenteurs, leur permettant de m'attaquer et de me torturer sans les punir ! C'est ce que j'ai du mal à comprendre ! Nitten et la Gatten traitent Nichiren comme s'il était leur grand ennemi. Quand je serai en présence du Bouddha Shakyamuni, Maître du Dharma, je ne manquerai pas de me plaindre d'eux. Et à ce moment-là, vous, les divinités, il ne faudra pas m'en vouloir ! Vous tous, dieux Nitten, Gatten, dieux de la terre et de la mer, écoutez bien ce que je vous dis ! Et vous, divinités protectrices du Japon, écoutez-moi aussi ! Je n'ai pas la moindre intention vous nuire. Mais hâtez-vous de réagir comme c'est votre devoir de le faire. Si vous intervenez trop tard, il ne faudra pas m'en tenir rigueur ! Namu Myoho
Renge Kyo ! Avec grand
respect, Le 14e jour du 7e mois. Réponse à Myoichi Nyo. ARRIÈRE-PLAN. - Cette lettre, écrite par Nichiren Daishonin alors qu'il vivait à Minobu, est adressée à Myoichinyo, une femme disciple dont on ne sait pas grand-chose par ailleurs. Une hypothèse l'identifie à Myoichi-ama, de la famille de Nissho, l'un des premiers disciples de Nichiren Daishonin. On pense que ce gosho fut écrit en 1280, Nichiren Daishonin étant alors âgé de cinquante-neuf ans. Utilisant la forme du dialogue, il aborde la question de savoir si le principe de "l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence" (sokushin jobutsu), qui donne son titre au gosho, se trouve dans le Sutra du Lotus ou dans les enseignements ésotériques du Shingon. (Commentaire ACEP) En anglais : The Doctrine of Attaining Buddhahood in One's Present Form - http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=3&m=1&q=Attaining%20Buddhahood |
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