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Hannya (période et sutras) - Prajna
 

Par la suite, Honen déclare : "Dans le Jogen Nyuzo Roku, nous lisons que, à partir des six cents volumes du Sutra Daihannya jusqu'au Sutra Hojoju, les sutras exotériques et ésotériques du bouddhisme du Mahayana comportent un total de 637 ouvrages répartis en 2883 volumes. Il faut maintenant remplacer tout cela par la seule récitation de la phrase du Mahayana. Sachez que, à l'époque où le Bouddha prêchait en fonction de la capacité de ses divers auditeurs, il enseigna pendant un certain temps les deux méthodes de la méditation concentrée et de la méditation sans concentration  ? Mais, lorsqu'il révéla plus tard son propre Éveil, il cessa d'enseigner ces deux méthodes. Le seul enseignement qui, une fois révélé, ne cessera jamais d'être enseigné, est la doctrine unique du Nembutsu."
Rissho Ankoku ron (Kamakura-Matsubagayatsu, juillet 1260)

La classification des sutras Agama* parmi les enseignements du Hinayana provient de divers sutras du Mahayana tels que les sutras Hodo*, Hannya*, le Sutra du Lotus et le Sutra du Nirvana. Dans le Sutra du Lotus, le Bouddha déclare que, s'il avait seulement exposé l'enseignement du Hinayana sans enseigner le Sutra du Lotus, il aurait été coupable de vouloir conserver pour lui seul la vérité.
[...] Cheng-guan du Mont Qingliang et Kukai* du Mont Koya proclamèrent que le Sutra Kegon* et le Sutra Vairocana étaient supérieurs au Sutra du Lotus. Qi-Zang, du temple Jia-xiang-si, et le moine Kui-ji, du temple Cien-si, ont avancé que les deux sutras Hannya* et Jimmitsu étaient supérieurs au Sutra du Lotus. Seul le Grand-maître* Sage du Mont Tiantai établit, non seulement que parmi tous les sutras le Sutra du Lotus est l'enseignement suprême, mais affirma que tous ceux qui prétendaient certains sutras supérieurs devraient être contredits.
[...] Même les lettrés des Six Écoles du bouddhisme ancien qui étudiaient des enseignements du Mahayana comme du Hinayana, tels que les sutras Kegon, * Hannya, Jimmitsu* et Agama* considéraient le Sutra du Lotus comme l'enseignement suprême. C'était vrai pour les lettrés des écoles Tendai et Shingon et encore plus vrai pour les laïcs sans connaissance approfondie du bouddhisme.
L'enseignement, les capacités, le temps et le pays (Izu, 10 février 1262  ? )

En entendant cette déclaration, le bodhisattva Daishogon et les 80000 autres bodhisattvas approuvèrent d'une seule voix, ayant compris que "[celui qui n'a jamais pu entendre enseigner ce Sutra...] en définitive, ne pourra jamais atteindre l'Éveil suprême, même au terme d'un nombre incalculable, infini, inconcevable, d'asogi kalpa. Ce passage établit que, si grand que soit le désir d'une personne d'entrer dans la Voie bouddhique, si elle récite le nom du bouddha Amida ou suit les enseignements du Zen - si elle s'appuie sur les sutras des périodesKegon, Agon, Hodo et Hannya exposés par le Bouddha pendant les quarante et quelques années précédentes - elle ne parviendra jamais à l'Éveil suprême, même pendant un nombre incalculable, infini, inconcevable d'asogi kalpa.
[...] Et, dans les sutras Hannya*, nous lisons que les personnes qui ont commis les cinq forfaits peuvent atteindre la bodhéité, mais que les personnes des deux véhicules sont considérées comme en étant incapables. L'Ainsi-Venu déclare maintenant sa véritable intention - que les personnes dans ces deux états, pitoyables et abandonnées, puissent concrètement atteindre la bodhéité - démontrant ainsi la supériorité du Sutra du Lotus.
Questions et réponses sur la pratique du Sutra du Lotus (Kamakura ? mars 1263 ? à Nichiji ?)

Shakyamuni enseigna pendant cinquante ans. Au cours des quarante et quelques premières années, il exposa successivement  : le Sutra Kegon* dans lequel il est dit : "L'esprit, bouddha et tous les êtres vivants n'appartiennent pas à trois catégories distinctes" ; les sutras Agama*, énonçant les principes de souffrance, non-substantialité, impermanence, et non-moi ; le Sutra Daijuku qui affirme que l'on ne peut dissocier le pur de l'impur ; le Sutra Daibon hannya qui énonce les principes d'identification mutuelle et de non-dualité  ; et les sutras Muryoju, Kammuryoju et Amida, qui parlent de la renaissance sur la Terre de la béatitude parfaite. Tous ces enseignements furent très clairement exposés afin de sauver tous les êtres humains aux périodes du Dharma correct, du Dharma formel et des Derniers jours du Dharma.
Encouragements à une personne malade (décembre 1264, à Nanjo Hyoe Shichiro)

Si, devant les images en bois ou peintes, on pose les sutras Agama*, elles deviennent égales aux auditeurs-shravakas. Si l’on pose les enseignements communs hannya (tsukyo) exposés lors de différents assemblées des périodes Hodo et Hannya, ces images deviennent égales aux pratyekabuddhas. Si on place des enseignements spécifiques (bekkyo) et parfaits (enkyo) prêchés pendant les périodesKegon,, Hodo et Hannya, elles deviennent alors égales aux bodhisattvas. Elles ne deviennent cependant nullement Bouddha, elles non plus.
[...] Un sage éveillé à la doctrine parfaite contenue dans les enseignements des périodes Kegon, Hodo et Hannya, peut amener le corps d’un défunt à shojin tokunin. C’est ce qu’indique le Sutra du Nirvana : "bien que son corps soit celui d’un homme, son esprit est identique à celui du bouddha".
L’ouverture des yeux des images sculptées ou peintes (Kamakura 1264)

Ce passage de commentaire indique que, par rapport à la première des pratiques incorrectes, dans la lecture et la récitation des sutras, il y a des règles précises pour les moines et les laïcs du Nembutsu, aussi bien hommes que femmes, désignant les sutras qui doivent être lus et ceux qu'il ne faut pas lire. Parmi les sutras qu'il ne faut pas lire, sont classés le Sutra du Lotus, les sutras Ninno*, Yakushi, Daijuku, Hannya Shin, Tennyo Jobutsu, et Hokuto Jumyo, et, en particulier parmi les huit volumes du Sutra du Lotus, le prétendu Sutra Kannon [en fait le chapitre Kanzeon bosatsu* (XXV)] dont la lecture est si répandue. Même s'ils sont des pratiquants assidus du Nembutsu, ceux qui lisent, ne serait-ce qu'une seule phrase ou un seul vers de ces sutras, entrent [à leurs yeux] dans la catégorie des personnes dont la pratique est incorrecte, et ne pourront pas renaître sur la Terre pure.
[...] L'ignorant parut stupéfait, puis, soudain, poussa un soupir. Au bout d'un moment, il dit : "Le Grand-maître* Kukai* connaissait parfaitement les textes bouddhiques aussi bien que non bouddhiques, il était un maître et un guide pour le plus grand nombre. Il n'avait pas d'égal à son époque dans les pratiques vertueuses, et sa réputation était connue partout. On rapporte que, quand il était en Chine, il lança un sceptre de diamant en forme de trident qui parcourut dans les airs plus de quatre-vingt mille ri au-dessus de l'océan, jusqu'à ce qu'il parvienne au Japon (note)  ; on dit également que, lorsqu'il expliqua le sens du Hannya Shin, des pestiférés guérirent en si grand nombre qu'ils remplirent les rues. Ainsi, il n'était sans doute pas une personne ordinaire mais un bouddha se manifestant sous une forme temporelle. Il semble impossible de ne pas éprouver pour lui de l'estime ni de ne pas avoir foi en ses enseignements.
[...]2 De plus, si l'on s'efforce de faire comprendre la Voie bouddhique, il est impossible d'en faire comprendre la signification sans avoir recours à des mots et à des phrases. Bodhidharma arriva en Chine par l'ouest, pointa le doigt directement sur l'esprit des hommes, et déclara que leur esprit était le Bouddha. Mais on trouve ce principe déjà énoncé en plusieurs endroits, dans des sutras du Mahayana provisoire* antérieurs au Sutra du Lotus, tels que les sutras Kegon*, Daijuku et Daihannya. Considérer ce principe comme quelque chose de rare et de merveilleux est trop ridicule pour être discuté. Hélas  ! Comment les gens de notre époque peuvent-ils avoir la pensée à ce point faussée  ? Ils devraient avoir foi dans les paroles de vérité prononcées par le Tathagata de l'Éveil parfait et de la rétribution complète, qui incarne le principe de la Voie du milieu, véritable aspect de toute chose.
[...]2 Mais, si nous disons qu'il faut s'appuyer sur les sutras, nous devons également prendre la peine de nous demander si ces sutras appartiennent au Hinayana ou au Mahayana, si ce sont des enseignements provisoires ou des enseignements définitifs (jikkyo). Pour ce qui est de faire usage des sutras, l'école Zen s'appuie sur des ouvrages tels que le Sutra Ryoga, le Sutra Shuryogon et le Sutra Kongo Hannya. Ce sont tous des enseignements provisoires exposés avant le Sutra du Lotus, des doctrines qui dissimulent la vérité).
Conversation entre un sage et un ignorant (1265 ? à un samouraï ? )

Parmi des sutras antérieurs au Sutra du Lotus tels que Kegon*, Agama*, Hodo*, Hannya*, Jimmitsu*, Amida, Nirvana, Vairocana*, Kongocho*, Soshitsuji* et Mitsugon, parmi tous les sutras enseignés par les bouddhas Shakyamuni, Vairocana, Amida, Yakushi*, et par les divers bouddhas des trois phases de l'existence, le Sutra du Lotus est le plus élevé. Les autres sont donc comparables à des grands fleuves, à des rivières moyennes et petites, tandis que le Sutra du Lotus est semblable au grand océan.
[...] Le Sutra Kegon* énonce le principe que la conscience seule crée le monde phénoménal ; les sutras Hannya* enseignent qu'il y a dix-huit sortes de non-substantialité  ; le Sutra Vairocana* définit les cinq aspects de la méditation pour parvenir à la bodhéité, et dans le Sutra Kammuryoju se trouve le principe de la renaissance sur la Terre pure. Mais le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence (sokushin jobutsu), contenu dans le Sutra du Lotus, les dépasse
[...] Même sous la lumière additionnée de millions et de millions d'étoiles, de toutes les étoiles des quatre continents, d'un système majeur de mondes et de tous les mondes des dix directions, cette clarté resterait toujours inférieure à celle de la lune toute seule. Comment pourrait-on prétendre alors que la clarté répandue par une seule étoile est plus forte que celle de la lune ? Ainsi, même si l'on réunissait tous les divers sutras - Kegon*, Agama*, Hodo*, Hannya*, Nirvana, Sutra Vairocana* et Kammuryoju - ils ne seraient même pas l'équivalent d'un seul caractère du Sutra du Lotus.
L'essentiel du chapitre Yakuo (1265-  ? peut-être à la mère de Nanjo Tokimitsu)

De plus, il y a les sutras du Hinayana, tels que les sutras Agama*, et les divers sutras du Mahayana des catégories Hodo et Hannya. Parmi ces derniers, le texte sanscrit du Sutra Vairocana* consacre un total de 3.500 vers à la seule explication des cinq caractères du mantra avarahakha pour ne rien dire des vers innombrables qui décrivent les "graines" (note), les augustes formes et les samaya des divers bouddhas. En Chine toutefois, le texte ne comporte que six ou sept volumes. Le Sutra du Nirvana, qui fut le dernier enseignement du Bouddha dans le bosquet de shala, est conservé en Chine dans une version qui ne comprend que quarante volumes, bien que dans ce cas également, les versions sanscrites du texte comprennent un beaucoup plus grand nombre de volumes. Tous ces sutras découlent du Sutra du Lotus, le coeur des enseignements du Bouddha Shakyamuni.
[...] Si un grenier regorge de trésors mais que l'on n'en a pas la clef, il est difficile de l'ouvrir ; et si l'on ne peut l'ouvrir, les trésors qu'il contient demeurent invisibles. Le Bouddha enseigna le Sutra Kegon*, mais il ne donna pas l'explication qui aurait pu servir de clef pour ouvrir ce sutra. De même, pendant les quarante ans et plus qui suivirent, il enseigna d'autres sutras tels que les sutras Agama*, Hodo*, Hannya* et Kammuryoju, mais il ne révéla pas leur sens. Leurs portes restèrent closes, et par conséquent personne ne parvint à comprendre ces sutras. Même ceux qui prétendirent les comprendre n'en eurent, en réalité, que des conceptions déformées.
Ces passages expliquent pourquoi des sutras tels que le Daihokobutsu Kegon, le Daijuku, le Sutra Daibon hannya et le Dai Nehan ont tous le caractère Dai dans leur titre et non le caractère Myo. C'est parce qu'ils ne peuvent guérir que les vivants et pas les morts. Tandis que le Sutra du Lotus peut guérir les morts c'est pourquoi on l'appelle Myo.
Le Daimoku du Sutra du Lotus (1266 à une femme d'Amatsu)

Dans le Daichido Ron*, Nagarjuna établit une distinction de grande importance parmi les enseignements exposés de son vivant par Shakyamuni lorsqu'il écrit : "Les sutras Hannya* ne sont pas des enseignements ésotériques, parce qu'ils ne mentionnent pas la possibilité d'atteindre la bodhéité pour les personnes des deux véhicules. Le Sutra du Lotus est l'enseignement esotérique, car il enseigne ce principe." On y lit aussi : "Les sutras qui enseignent qu'il est possible pour les personnes des deux véhicules d'atteindre la bodhéité sont des enseignements ésotériques, et ceux qui ne l'enseignent pas sont des enseignements exotériques."
[...] Les sutras du Shingon sont inférieurs même aux sutras Hannya*. Comment pourraient-ils donc soutenir la comparaison avec le Sutra du Lotus  ? Malgré cela, dans le Hizo Hoyaku Kukai* prétend que tous les sutras enseignés du vivant de Shakyamuni sont contenus dans l'enseignement du Shingon. Non seulement il relègue le Sutra du Lotus au troisième rang [par ordre d'importance] mais il le qualifie d'"enseignement puéril". Pourtant, lorsque je lis avec respect le Sutra du Lotus, je vois qu'il se définit lui-même comme le plus élevé de tous les enseignements du Bouddha, ainsi que comme le sutra suprême, "parmi tous ceux que j'[Shakyamuni] ai enseigné, que j'enseigne et que j'enseignerai."(réf.)
Réponse à Hoshina Goro Taro (5 décembre 1267 à Hoshina)

Le Sutra du Lotus est le coeur, l'essentiel des enseignements sacrés exposés par Shakyamuni de son vivant, et la base des quatre-vingt mille corbeilles. Le bouddhisme comprend divers sutras, exotériques et ésotériques, tels que les sutras Vairocana*, Kegon*, Hannya* et Jimmitsu* qui ont été propagés en Chine, en Inde, dans le palais des Rois-dragons et dans les cieux. De plus, il y a les enseignements exposés par tous les bouddhas des dix directions, aussi nombreux que les grains de sable du Gange.
[...] Néanmoins, parmi les diverses écoles en Inde et parmi ceux qui se sont intéressés au bouddhisme au Japon, de nombreux maîtres et fondateurs de doctrine n'ont pas su comprendre les véritables intentions du Bouddha. Certains ont dit que le Sutra Vairocana* était supérieur au Sutra du Lotus. D'autres ont dit que le Sutra du Lotus était non seulement inférieur au Sutra Vairocana*, mais même inférieur au Sutra Kegon*, ou que le Sutra du Lotus était inférieur aux Sutra du Nirvana, Hannya* et Jimmitsu*. D'autres encore ont affirmé que chaque sutra ayant ses caractéristiques propres est tantôt supérieur, tantot inférieur sur certains points.
[...] J'ai longuement étudié la question et j'ai conclu que Shubhakarasimha* avait été conduit devant Emma, roi des enfers, pour deux fautes qu'il avait commises. Tout d'abord, le Sutra Vairocana* est non seulement inférieur au Sutra du Lotus mais il n'est même pas du niveau du Sutra du Nirvana et des sutras Kegon* et Hannya*. Pourtant, Shubhakarasimha* prétendit qu'il était supérieur au Sutra du Lotus, commettant ainsi la faute de dénigrer le Dharma.
Le savant maître Chan-wou-wei (Kamakura, 1270 à Joken-bo et Gijo-bo)

Les sutras antérieurs au Sutra du Lotus ont deux défauts. Premièrement "en enseignant que les dix mondes-états sont séparés les uns des autres, ils ne dépassent pas le stade des enseignements provisoires."(réf.) Autrement dit, ils ne révèlent pas le principe d'ichinen sanzen, ni le principe de "rejeter le provisoire pour révéler le définitif", ni la possibilité, pour les personnes des sutras Hannya d'atteindre la bodhéité, principes qui découlent tous de la définition des dix modalités donnée dans le chapitre Hoben* (II) de l'enseignement théorique*. Deuxièmement, "en enseignant que Shakyamuni atteignit la bodhéité pour la première fois en ce monde, ils omettent de révéler son statut de bouddha provisoire."(réf.) Ainsi, ils n'établissent pas le fait, mentionné dans le chapitre Juryo* (XVI), que Shakyamuni atteignit l'Éveil dans un passé illimité. Ces deux grands principes sont la charpente de tous les enseignements exposés par Shakyamuni de son vivant et le coeur même de tous les sutras.
Dans l'enseignement théorique* du Sutra du Lotus fut énoncé le principe de l'atteinte de la bodhéité par les personnes des sutras Hannya, ce qui combla l'une des lacunes des sutras enseignés pendant quarante et quelques années. Mais, comme le chapitre Juryo* (XVI) n'avait pas encore été enseigné, le véritable principe d'ichinen sanzen restait obscur et la possibilité pour les personnes des sutras Hannya d'atteindre la bodhéité n'était pas clairement confirmée. A cet égard, l'enseignement théorique* est comparable au reflet de la lune dans l'eau, ou à des algues sans racines flottant au gré des vagues.
[...] Si l'on réfléchit à tout cela, il devient évident que le bouddha Vairocana, dépeint dans le Sutra Kegon* comme étant assis sur un trône en forme de lotus et que le Bouddha Shakyamuni décrit comme mesurant seize pieds (note) dans les sutras Agama*, aussi bien que les autres bouddhas provisoires mentionnés dans les sutras Hodo*, Hannya*, Konkomyo*, Amida et Vairocana*, ne sont que des reflets du bouddha du chapitre Juryo* (XVI).
Le coeur du chapitre Juryo (17 avril 1271 ou 1272)

Le Grand-maître* Zhiyi*, dans son Shi'nenjo, cite un passage du Sutra du Lotus  : "Bien qu'ils puissent proposer divers chemins..." et déclare que les quatre saveurs [des sutras Kegon*, Agama*, Hodo* et Hannya*] peuvent aussi être considérées comme un trésor. S'il en est ainsi, aussi bien les sutras enseignés après le Sutra du Lotus [comme le Sutra du Nirvana] que les sutras antérieurs au Sutra du Lotus peuvent tous être considérés comme un trésor offert en échange de la vie du Sutra du Lotus.
La lettre de Teradomari (Teradomari, le 22 octobre 1271, à Toki Jonin)

On lit dans le Sutra Daibon hannya : "Vous qui êtes dans le monde-état du ciel, (note) si vous n'avez pas encore conçu le désir d'atteindre la bodhéité, il est maintenant temps de le faire. Si vous pénétriez, ne serait-ce qu'une fois, dans le monde-état d'auditeurs-shravakas, vous ne pourriez plus concevoir l'aspiration à l'Éveil (note). Pourquoi cela  ? Parce que vous seriez sortis du monde de la naissance-mort." Ce passage indique que le Bouddha (note) n'est pas satisfait des personnes des sutras de la période Hannya (note) parce qu'elles n'ont pas le désir de devenir bouddha mais qu'il se réjouit lorsque ceux qui sont dans le monde-état du ciel conçoivent réellement ce désir.
[...] Par le passé, quand le Bouddha prêcha pour la première fois (note) après avoir atteint l'Éveil, les bouddhas des dix directions apparurent pour le conseiller et l'encourager, et envoyèrent vers lui divers grands bodhisattvas. Quand il prêcha les sutras hannya*, il couvrit un système de mondes majeur avec sa longue langue, et mille bouddhas apparurent dans les dix directions.
[...] Dans le cas des sutras Daijuku*, Hannya*, Konkomyo* et Amida*, pour corriger les personnes des deux véhicules attachées à l'Hinayana et pour donner aux bodhisattvas et aux simples mortels le désir d'y parvenir, le Bouddha décrivit les Terres pures* des dix directions.
[...] Les sutras Agama*, Hodo*, Hannya* et Vairocana*, enseignements du Bouddha, sont des oeuvres splendides, et pourtant ils sont loin d'être comparables au Sutra Kegon*. Comment des principes encore cachés même dans le Sutra Kegon* pourraient-ils être révélés dans ces sutras ? Ainsi le Sutra Zo-Agon (note) dit que le Bouddha Shakyamuni "atteignit l'Éveil pour la première fois en Inde."(note)
[...] Il n'est pas étonnant de lire cela dans tous ces sutras (note) . Mais ce qu'il est surprenant de lire aussi bien que d'entendre, c'est que le Sutra Muryogi (note) tienne le même langage car dans le Sutra Muryogi, le Bouddha refute le concept, énoncé dans le Sutra Kegon, selon lequel le monde phénoménal n'est qu'une création de l'esprit (note). Il réfute aussi le concept, présent dans le Sutra Daijuku, de la méditation du reflet sur l'océan  (note), et le concept, développé dans le Sutra Hannya* de la non-distinction entre tous les êtres (note).
[...] Les enseignements provisoires tels que les sutras Kegon*, Hannya* et Vairocana*, non seulement cachent le fait que les personnes des deux véhicules peuvent atteindre la bodhéité, mais ne révèlent pas non plus que le Bouddha atteignit l'Éveil d'innombrables kalpas auparavant. Ces sutras commettent deux erreurs. D'abord, parce qu'ils enseignent que les dix mondes-états sont distincts les unes des autres, ils sont incapables d'aller plus loin que les enseignements provisoires et de révéler le principe d'ichinen sanzen tel qu'il est exposé dans les enseignements théoriques* du Sutra du Lotus. Ensuite, parce qu'ils enseignent que le Bouddha Shakyamuni atteignit l'Éveil pour la première fois dans ce monde et n'élucident pas sa véritable identité, ils ne révèlent pas le fait, établi dans l'enseignement essentiel*, que le Bouddha atteignit l'Éveil dans un passé atemporel.
[...] De ce point de vue, nous comprenons que le bouddha Vairocana* décrit dans le Sura Kegon*, le Bouddha Shakyamuni décrit dans les sutras Agama*, et les bouddhas venus de toutes les directions de l'univers décrits dans les sutras Hodo* et Hannya* ainsi que dans les sutras Konkomyo*, Amida et Vairocana ne sont que des reflets du Bouddha du chapitre Juryo* (XVI), semblables aux reflets de la lune flottant à la surface de vasques emplies d'eau, grandes et petites. Les maîtres des diverses écoles bouddhiques, égarés par la doctrine de leur propre école et ignorant les enseignements du chapitre Juryo* du Sutra du Lotus, confondent le reflet dans l'eau avec la lune elle-même, certains entrant dans l'eau pour essayer de la saisir avec leurs mains, tandis que d'autres s'efforcent de l'amarrer avec une corde et l'immobiliser.
[...] Ce fut seulement lorsque le Bouddha exposa les quatre sortes d'enseignements* dans les sutras Agama*, Hodo * et Hannya* qu'il acquit des disciples. Et même si ces enseignements étaient énoncés par le Bouddha lui-même, ils n'étaient pas de sa création. Pourquoi ? Parce que les enseignements spécifique* et parfait*, les deux formes d'enseignements les plus élevés, tels qu'ils sont exposés dans les sutras Hodo* et Hannya*, n'apportent rien de nouveau par rapport aux enseignements spécifique et parfait du Sutra Kegon*. Les enseignements spécifique et parfait du Sutra Kegon* ne sont pas les enseignements spécifique et parfait du Bouddha Shakyamuni. Ce sont les enseignements spécifique et parfait du bodhisattva Dharmaprajna* et des autres bodhisattvas mentionnés plus haut. Ces grands bodhisattvas passent, aux yeux de beaucoup, pour les disciples du Bouddha Shakyamuni, mais on peut aussi les considérer comme ses maîtres. Shakyamuni écouta l'enseignement de ces bodhisattvas, et, après avoir ainsi développé sa sagesse, entreprit d'exposer les enseignements spécifique et parfait des sutras Hodo* et Hannya*. Mais ceux-ci ne diffèrent en aucune façon des enseignements spécifique et parfait du Sutra Kegon*.
[...] Le Grand-maître* Saicho* commente : "Depuis les temps anciens, nous avons souvent entendu les Vénérés du Monde" indique qu'ils avaient entendu exposer les grands principes du Sutra Kegon* et d'autres sutras antérieurs au Sutra du Lotus. "Jamais encore nous n'avons entendu un tel Dharma supérieur, profond et sublime" indique qu'ils n'avaient jamais entendu le principe du Véhicule unique et suprême contenu dans le Sutra du Lotus."(réf.) C'est-à-dire qu'ils comprirent qu'aucun des sutras du Mahayana antérieur - tels que les sutras Kegon*, Hodo*, Hannya*, Jimmitsu* et Sutra Vairocana* - aussi nombreux que les grains de sable du Gange, n'avaient jamais clarifié le grand principe d'ichinen sanzen, qui est le coeur de tous les enseignements donnés par le Bouddha de son vivant, ou l'os et la moelle de ces enseignements, ni les principes de l'atteinte de la bodhéité par les personnes des deux véhicules, et de l'Éveil du Bouddha dans le passé atemporel.
[...]2 Les mille bouddhas décrits dans le Sutra Daibon hannya et les bouddhas des six directions représentés dans le Sutra Amida ne se sont jamais assemblés en ce monde, comme le firent les émanations du Bouddha dans le Sutra du Lotus. [D'autre part, ] les bouddhas dont le Sutra Daijuku décrit l'Assemblée en ce monde n'étaient pas des émanations de Shakyamuni. Pareillement, les bouddhas des quatre directions dépeints dans le Sutra Konkomyo* n'incarnent qu'eux-mêmes (note).
[...]2 De plus, une multitude de grands bodhisattvas de la Terre apparut, sortant du sol. Même Fugen et Manjushri, les principaux disciples de Shakyamuni, ne pouvaient soutenir la comparaison avec eux. Les grands bodhisattvas des assemblées décrites dans les sutras Kegon*, sutras Hodo* et Hannya*, et dans le chapitre Hoto* (XI) du Sutra du Lotus, Kongosatta et les autres seize grands bodhisattvas du Sutra Vairocana* ressemblaient à une bande de singes, auprès de ces bodhisattvas nouvellement arrivés, resplendissants comme Taishaku. Ce fut comme si des nobles de la cour étaient venus se mêler à des montagnards incultes. Et même Maitreya, qui devait devenir le prochain bouddha après Shakyamuni, fut stupéfait de leur apparition, pour ne rien dire des personnages moindres de l'Assemblée.
[...]2 Quand le Bouddha enseigna le Sutra Kegon*, Hoe et d'innombrables grands bodhisattvas apparurent dans l'Assemblée. Maitreya et les autres se demandaient qui ils étaient, mais lorsque le Bouddha leur dit : "Ce sont mes amis bouddhiques", ils pensèrent que c'était possible. Plus tard, lorsque le Bouddha enseigna le Sutra Daijuku dans la Grande Chambre aux trésors, et le Sutra Daibon hannya au lac du Héron blanc, de grands bodhisattvas apparurent dans l'Assemblée et Maitreya et les autres supposèrent qu'ils étaient, eux aussi, de bons amis bouddhiques.
Dans les sutras antérieurs et les chapitres de l'enseignement théorique* du Sutra du Lotus, les autres bouddhas présents étaient dépeints comme pratiquant diverses austérités et disciplines religieuses aux côtés du Bouddha Shakyamuni. C'est pourquoi ceux qui considèrent l'un ou l'autre de ces bouddhas comme objet de vénération commettent la faute de rabaisser le Bouddha Shakyamuni. Il apparaît maintenant clairement que le bouddha Vairocana* du Sutra Kegon* ainsi que les divers bouddhas des sutras Hodo*, Hannya* et Vairocana* sont tous, en fait, des disciples du Bouddha Shakyamuni.
[...]2 Question : Peut-on considérer qu'enseigner les sutras Kegon*, Hodo*, Hannya*, Jimmitsu*, Ryoga, Sutra Vairocana* et le Sutra du Nirvana fait partie des neuf actes aisés ou des six actions difficiles ? Réponse : Dushun, Zhiyan, Fa-zang et Cheng-guan de l'école Kegon, qui tous maîtrisaient les trois parties du Tripitaka, établirent que le Sutra du Lotus aussi bien que le Sutra Kegon* rentrent dans la catégorie des Six actions difficiles. Bien qu'étant deux sutra de noms différents, ils sont identiques dans leurs enseignements et principes. C'est comparable au fait que "bien qu'il y ait quatre approches distinctes de la réalité, la vérité (note) à laquelle on parvient est la même."(réf.)
[...]2 Jizang de l'école Sanron déclara : "Le Sutra Hannya* et le Sutra du Lotus sont des noms différents qui recouvrent une réalité unique, deux sutra exprimant la même vérité." Shubhakarasimha*, Vajrabodhi (Jin-gang-zhi) et Amoghavajra* de l'école Shingon ont dit que le Sutra Vairocana* et le Sutra du Lotus étaient identiques en théorie et appartenaient tous deux à la catégorie des "Six actions difficiles".
[...]2 Il est dit dans le Sutra Daihannya : "En écoutant et en suivant les enseignements profanes aussi bien que bouddhiques, tous les êtres peuvent, par ces moyens efficaces, parvenir à comprendre et à accepter les profonds principes de la prajna [sagesse]. Et ils en viendront ainsi à comprendre et à accepter la vérité selon laquelle, grâce à la prajna, toutes les actions accomplies dans le monde de la vie quotidienne sont en accord avec le Dharma bouddhique, et qu'il n'existe absolument rien qui ne soit régi par ce Dharma."
[...]2 Le Bouddha a utilisé douze procédés d'enseignements sacrés. De ces douze procédés, il a extrait les sutras, des sutras, il a extrait les sutras du Mahayana, des sutras du Mahayana, il a extrait les sutras Hannyaharamitsu, des sutras Hannyaharamitsu, il a extrait le Sutra du Nirvana. Le Sutra du Nirvana est comparable au beurre clarifié (ghee). Le beurre clarifié est ici une métaphore représentant l'état de bouddha [inhérent à tous les êtres humains]."
[...]2 Même celui qui pratique les sutras les plus élevés enseignés dans cette période emprunte encore une mauvaise voie. A plus forte raison celui qui prend pour base une oeuvre dont la doctrine est aussi élémentaire que le Sutra Kammuryoju, que l'on ne peut même pas comparer aux sutras Kegon* et Hannya*. Même si une telle personne emprunte certains principes du Sutra du Lotus, elle exhorte les autres à "rejeter, refermer, ignorer et abandonner" le Sutra du Lotus et à se consacrer au Nembutsu.
Traité pour ouvrir les yeux (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

En Chine, avant l'arrivée du bouddhisme, certains étaient parvenus à la vision correcte grâce au taoïsme et au confucianisme. Beaucoup de bodhisattvas et de personnes ordinaires d'une grande sagesse perçurent que le Bouddha avait planté en eux la graine de la bodhéité dans le lointain passé avant qu'ils aient entendu le Sutra du Lotus. Ils le comprirent à l'écoute des sutras du Mahayana provisoire* des périodesKegon, Hodo et Hannya. Ils sont comparables aux pratyekabuddhas capables de percevoir l'impermanence de la vie en voyant des fleurs perdre leurs pétales ou des feuilles tomber. Ils représentent donc le type de personnes parvenues à comprendre la vérité grâce à d'autres enseignements que le Sutra du Lotus.
[...] Lorsqu'il prêcha le Sutra Kegon*, le Bouddha apparut sous la forme du bouddha Vairochana, assis au centre d'une fleur de lotus à mille pétales. Lorsqu'il exposa les sutras Agama*, il apparut sous la forme d'un bouddha qui a brisé toutes les entraves en pratiquant trente-quatre sortes de purification spirituelle. Quand il prêcha les sutras Hodo*, il fut accompagné par une grande multitude de bouddha. Dix mille bouddhas se joignirent à lui lorsqu'il exposa les sutras Hannya*. Dans les sutras Vairocana* et Kongocho*, il fit une apparition solennelle, sous la forme de cinq cents bouddhas et bodhisattvas dans l'un, et de sept cents dans l'autre. Dans le onzième chapitre du Sutra du Lotus, le Bouddha se manifesta de quatre manières différentes en transformant la terre trois fois.
[...] On lit dans un passage du Sutra Ninno* : "Il est possible de remonter jusqu'à la source ultime de l'illusion et d'en extirper la nature mauvaise jusqu'à ce que seule la sagesse parfaite demeure." Dans le Sutra Kongo Hannya, il est dit : "[Quand il atteint la bodhéité ] rien ne subsiste en lui que la pure bonté."
[...] Tout au long de sa vie, le Bouddha Shakyamuni donna divers enseignements, exotériques et ésotériques, hinayana aussi bien que mahayana. Si nous considérons plus spécifiquement les sutras sur lesquels chaque école, Kegon, Shingon, etc. s'appuie pour fonder leur doctrine, nous voyons, par exemple, que le Sutra Kegon* décrit le bouddha Vairochana assis au centre d'une fleur de lotus à mille pétales ; le Sutra Daijuku dépeint une nuée de bouddha venus de toutes les directions de l'univers ; le Sutra Hannya* relate l'apparition de mille bouddhas  ; et les sutras Vairocana* et Kongocho* parlent de plus de mille deux cents bouddhas et bodhisattva.
[...] Tous les enseignements de Shakyamuni, ensemble - les enseignements provisoires dans les quatre premières périodes, et le Sutra du Lotus et le Sutra du Nirvana dans la cinquième et dernière periode - ne forment qu'un enseignement unique, comme un seul sutra parfait. [Ils peuvent être divisés en trois parties - préparation, révélation et transmission.] La préparation comprend la partie qui va du Sutra Kegon*, son premier enseignement à Bodh-Gaya, jusqu'aux sutras Hannya* ; la révélation comprend le Sutra Muryogi, le Sutra du Lotus et le Sutra Fugen (dix volumes en tout) ; et le Sutra du Nirvana constitue la transmission.
[...] Dans le Sutra Amida, il est dit que les bouddhas recouvrirent de leur langue un système de mondes majeur, mais c'est une simple affirmation qui ne recouvre aucune vérité. Le Sutra Hannya* rapporte que, lorsqu'il exposa ce sutra, la langue du Bouddha recouvrit un système de mondes majeur en irradiant une lumière infinie. Cela n'est pourtant pas comparable à la preuve donnée dans le chapitre Jinriki* (XXI).
Le véritable objet de vénération (Sado, avril 1273 à Toki Jonin)

A ce moment se rassemblèrent là, en ce monde Saha, de grands bodhisattvas comme Sagesse du Dharma, Forêt de Mérites, Bannière de Diamants, Dépôt de Diamants et d'autres, aussi nombreux que les particules de poussière des mondes des dix directions, qui s'étaient déjà réunis dans les Sept Lieux et les Huit Assemblées décrits dans le Sutra Kegon* (note) en tant que disciples de Vairocana, le bouddha qui trône sur le piédestal en forme de lotus soutenant tous les mondes des dix directions, étaient également présents les bouddhas et bodhisattva regroupés en ordre aussi serré que des nuages dans la Grande Salle aux trésors (note) où furent enseignés les sutras Hodo* (Sutra du grand dharani)  ; Subhuti, Taishaku et les mille bouddhas réunis pour entendre les sutras Hannya*  ;
Réfuter l'opposition au Dharma bouddhique pour se libérer de ses fautes passées (Sado, 1273 à Shijo Kingo)

Comme preuve [littérale] nous pouvons citer le passage suivant du Sutra Muryogi : " Puis j'ai exposé les douze catégories de sutras Hodo*, le Sutra Makahannya et l'enseignement Kegon de 'la méditation du reflet sur l'océan' décrivant les nombreux kalpas de la pratique de bodhisattva."
L'ainsité du Dharma Merveilleux (Sado, 1273 ? à Sairen-bo)

Les sutras et shastras qui sont arrivés au Japon du pays des Yuezhi*, qui est dans l'Ouest, par la Chine sont au nombre de plus de cinq ou sept mille. Il est au-delà de nos forces de distinguer parmi eux, en nous en remettant à notre propre jugement, ceux qui sont supérieurs ou inférieurs, superficiels ou profonds, difficiles ou faciles. Si l'on écoute telle personne ou si l'on s'appuie sur telle école pour le savoir on ne trouve que confusion. L'école Kegon dit : « Parmi tous les sutras celui-ci est le premier. » L'école Hosso dit : « Parmi tous les sutras, le Jimmitsu* est le premier. » L'école Sanron dit : « Parmi tous les sutras, c'est le Hannyakyo* qui est le premier. » L'école Shingon dit : « Parmi tous les sutras, ce sont les trois sutras de Vairocana* qui sont les premiers. » L'école Zen dit tantôt : « Parmi les enseignements, c'est le Ryogakyo* qui est le premier», tantôt  : « C'est le Shuryogonkyo* qui est le premier », tantôt : « Notre école existe en dehors des enseignements [écrits], par transmission spéciale. » L'école Jodo dit : « Parmi tous les sutras, les trois sutras de la Terre Pure sont ceux qui conviennent le mieux aux Derniers jours du Dharma eu égard à la doctrine et aux capacités des hommes. » Les écoles Kusha, Jojitsu, Ritsu disent : « Les explications du Bouddha sont dans les quatre Agon et dans les Préceptes, le Kegonkyo* et le Sutra du Lotus* ne sont pas des explications du Bouddha, ce sont des livres de non-bouddhistes », etc. Les patriarches de ces écoles furent Dushun, Zhiyan, Fazang, Cheng-guan (de l'école Kegon), Xuanzang, Cien (de l'école Hosso), Jizang, Daolang (de l'école Sanron), Shubhakarasimha, Vajrabodhi, Amoghavajra (de l'école Shingon), Daoxuan, Jian-zhen* (de l'école Ritsu), Tanluan, Daochuo, Shandao (de l'école Jodo), Bodhidharma, Huiko (de l'école Zen).
[...] Dans le Kegonkyo*, il est dit que «croire en ce sutra est la chose la plus difficile qui soit ». Dans le Hannyakyo* : «On ne voit pas une seule chose qui ne rentre dans la Nature d'Essence » (note). Le Dazhidu lun* dit que la vertu de sagesse prime tout, le Sutra du Nirvana: «Aujourd'hui, comprendre le principe profond du nirvana... ». Tous ces passages ressemblent à l'affirmation des trois mots du Sutra du Lotus «Jadis, maintenant, dans l'avenir... ».
[...] Parmi tous les bodhisattvas tels que Manjushri, Maitreya, puis Bonten, Taishaku, Nitten, Gatten, divinités des Etoiles, les Quatre Rois du Ciel, etc., entre le moment de l'Éveil atemporel (hongaku) et la prédication du Hannyakyo* incluse, il n'est pas un seul être qui ait été disciple du Vénéré Shakyamuni. Au moment de l'Éveil atemporel, alors que le Bouddha n'avait pas encore prêché le Dharma, tous ces bodhisattvas et ces devas demeuraient dans une libération extraordinaire et ne discouraient que sur les deux enseignements spécifique (bekkyo) et parfait (enkyo). Puis le Vénéré Shakyamuni exposa les sutras Agon, Hodo, Hannya, mais ils n'y trouvaient aucun bénéfice, car, puisqu'ils connaissaient déjà les deux enseignements spécifique et parfait, ils connaissaient [a fortiori] les enseignements tripitaka (san zokyo) et commun (tsukyo) : ce qui est supérieur englobe ce qui est inférieur. En poussant plus loin l'argumentation, on peut se demander s'ils n'étaient pas comme des instructeurs vis-à-vis du Vénéré Shakyamuni, ou comme des amis-de-bien (zenchishiki). Ils ne suivaient pas le Vénéré Shakyamuni. Quand arriva la prédication des huit chapitres de la doctrine des états terrestres* du Sutra du Lotus, ils entendirent le Dharma qu'ils n'avaient jamais entendu. Ces êtres devinrent alors des disciples. Dès le Parc aux Cerfs, Shariputra, Maudgalyayana et autres furent des disciples qui ressentirent pour la première fois la production d'Éveil.
Traité sur l'essentiel du Lotus (Minobu, le 29 juin 1274, à Toki Jonin)

Ceux dont les capacités de compréhension du Sutra du Lotus étaient parfaites et mures atteignirent la bodhéité du vivant de Shakyamuni, mais ceux dont les capacités étaient médiocres et limitées furent incapables de parvenir à l'Éveil à l'époque du Dharma correct et réapparurent à l'époque du Dharma formel où en pratiquant des enseignements du Mahayana provisoire* tels que les sutras Vimalakirti, Shiyaku, Kammuryoju, Ninno* et Hannya*, ils purent obtenir les mêmes preuves que les personnes de capacités supérieures parvenues à l'Éveil du vivant de Shakyamuni.
[...] Quel autre sutra enseigne qu'il est possible d'obtenir un inestimable bienfait en ayant, ne serait-ce qu'un instant, foi en ce Sutra (réf.) ou que d'incommensurables bienfaits rejailliront jusque sur la cinquantième personne qui se réjouira d'en avoir entendu parler (réf.)  ? Les autres sutras ne promettent même pas un aussi grand bienfait au premier, deuxième, au troisième ou dixième auditeur, par conséquent moins encore au cinquantième. Ils ne mentionnent même pas le passé de ichi ni jintengo. Par conséquent, ils ne peuvent rien dire d'un passé encore plus lointain comme gohyaku jintengo* ou sanzen jintengo*. Seul le Sutra du Lotus promet la bodhéité aux personnes des deux véhicules et permet à la fille du Roi-Dragon de devenir bouddha sans changer d'apparence. Où, dans les sutras Kegon* ou Hannya*, dans quel autre sutra du Mahayana trouve-t-on des principes aussi merveilleux  ?
Enseignement, pratique et preuve (Minobu, 1274 ? à Sammi-bo)

Les prêtres du Shingon rapportent tous que les trois Maîtres du Tripitaka (sanzo), nommés Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra*, sont les cinquièmes ou sixièmes propagateurs de l’enseignement de Vairocana et qu’ils sont les précurseurs de l’enseignement promettant la bodhéité sans changer d'apparence (sokushin jobutsu). Ils sont cependant, à mes yeux, les instigateurs du vol d'enseignement ainsi que les auteurs de ce vol. Ils ont rapporté d’Inde des écrits tels que le Sutra Vairocana*, le Sutra Kongocho*, ainsi que le Soshitsuji*. Tous sont non seulement inférieurs au Sutra Kegon* aux sutras Hannya*, aux sutras du Nirvana et aux autres, mais se trouvent à sept degrés au-dessous du Sutra du Lotus. Cela ressort clairement des sutras.
Souverains de notre pays (Minobu, février, 1275)

Ainsi, chacune de ces écoles défendit ses propres principes et développa des notions en apparence aussi différentes que l'eau du feu. Pourtant, essentiellement, leur perspective était la même. Parmi les enseignements sacrés exposés par Shakyamuni de son vivant, elles plaçaient le Sutra Kegon* au premier rang, le Sutra du Nirvana, au deuxième, et au troisième, le Sutra du Lotus. Toutes ces écoles admettaient que par rapport au sutras Agama*, Hannya*, Vimalakirti et Shiyaku, le Sutra du Lotus était l'expression de la vérité, un "enseignement complet" énonçant des principes corrects. Mais elles maintenaient que, comparé au Sutra du Nirvana, il représentait un enseignement dont la vérité n'est pas éternelle, un sutra incomplet contenant certains principes erronés.
[...] Le Sutra parle de "la personne qui a la force de pratiquer ce Sutra"(réf.) et de "la personne capable de l'enseigner."(réf.) Que signifie "capable de l'enseigner"  ? Cela ne désigne-t-il pas celui qui affirmera, comme il est dit dans un passage du Sutra lui-même : "De tous les sutras, c'est le plus élevé"(réf.) et qui proclamera, comme le Sutra l'enseigne, la supériorité du Sutra du Lotus sur les sutras Vairocana*, Kegon*, du Nirvana, Hannya* et autres  ? N'est-ce pas celui-là que le Sutra désigne comme "le Pratiquant du Sutra du Lotus"  ? S'il faut en croire ces passages du Sutra, en plus de sept cents ans, depuis l'introduction du bouddhisme au Japon, à l'exception du Grand-maître* Saicho* et de moi Nichiren, il n'y a pas eu un seul pratiquant du Sutra du Lotus.
[...] Question : Est-ce à dire que Nagarjuna, Vasubandhu et d'autres n'ont pas enseigné les véritables principes du Sutra du Lotus ?Réponse : C'est exact. Ils ne l'ont pas fait. Question : Quel enseignement ont-ils donc propagé ? Réponse : Ils ont enseigné les sutras du Mahayana provisoire*, divers enseignements ésotériques comme exotériques, tels que les sutras Kegon*, Hodo*, Hannya*, et Vairocana*, mais ils n'ont pas exposé les principes du Sutra du Lotus.
[...] Et nous constatons que par la suite, soixante-dix maîtres poursuivirent la lignée de Nagarjuna, tous des Maîtres de doctrine*. Chacun de ces soixante-dix maîtres appuya son enseignement sur le Chu Ron*. Le Chu Ron* est un ouvrage en quatre volumes composant vingt-sept chapitres, et l'essentiel de son enseignement consiste en une strophe de quatre vers (note) énonçant que tous les phénomènes sont, à l'origine, interdépendants. Cette strophe de quatre vers résume les Quatre Enseignements et la Triple Explication comme on les trouve dans les sutras Kegon* et Hannya et autres sutras provisoires, mais elle n'énonce pas la Triple Explication telle que la définit le Sutra du Lotus.
[...]2 Un tel principe ne peut même pas soutenir la comparaison avec le remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique de l'état de Bouddha, notion énoncée dans les sutras Kegon* et Hannya* et n'est pas même aussi profond que l'enseignement spécifique (bekkyo) et l'enseignement parfait* qui précédèrent le Sutra du Lotus comme l'a clarifié l'école Tendai. Pour ce qui est de sa signification essentielle un tel principe correspond tout au plus aux deux types d'enseignement les moins élevés, les enseignements tripitaka (zogyo) et commun (tsugyo).
[...]2 Par "les maîtres des quatre enseignements du véhicule exotérique", il désigne ceux qui enseignent les doctrines des écoles Hosso, Sanron, Kegon et du Sutra du Lotus. Par "le bouddha aux trois corps d'âne ou de boeuf", il désigne Shakyamuni, le bouddha qui a enseigné le Sutra du Lotus, les sutras Kegon*, Hannya* et Sutra Jimmitsu*. Il prétend que ce bouddha et les moines de ces écoles ne sont pas dignes d'être les palefreniers ou les porteurs de sandales de maîtres du Shingon tels que Kukai* ou de Shokaku-bo lui-même.
[...]2 "Il y a deux sortes d'enseignements. L'un est l'enseignement exotérique, c'est-à-dire l'enseignement des trois véhicules. Là, l'enseignement profane et l'enseignement bouddhique ne coïncident pas. L'autre est l'enseignement ésotérique. C'est l'enseignement du Véhicule unique, ainsi appelé parce que l'enseignement profane et l'enseignement bouddhique fusionnent et n'en font plus qu'un seul. L'enseignement ésotérique, à son tour, se divise en deux catégories. La première est celle de l'enseignement théorique*, qui comprend les sutras Kegon*, Hannya*, Vimalakirti, le Sutra du Lotus et du Nirvana. Bien qu'ils enseignent l'inséparabilité des vérités profanes et de la vérité suprême du bouddhisme, ils n'enseignent pas les mudra et les mantra dharani*. La deuxième catégorie est celle de l'enseignement ésotérique à la fois la pratique et théorique. Ce sont les principes que l'on trouve dans les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji*. Ils enseignent la non-dualité des vérités profanes et bouddhiques ainsi que les mantra dharani* et les mudra."
[...]2 Il est dit dans le septième volume du Sutra du Lotus  : "De même que le Mont Sumeru est la plus élevée de toutes les montagnes, ce Sutra est le plus élevé de tous les sutras."(réf.) Les sutras Kegon*, Hannya*, Vairocana*, qui précèdent le Sutra du Lotus, et le Sutra Muryogi et le Sutra du Nirvana qui le suivent, c'est-à-dire cinq ou sept mille volumes, aussi bien que tous les sutras de l'Inde, du palais du Roi-Dragon, du Ciel des quatre Rois célestes, du Ciel Trayastrimsha, de Nitten, de Gatten, et ceux de tous les mondes des dix directions, tous ces sutras sont des montagnes moins élevées que le Sutra du Lotus.
[...]2 Examinons le sens de ce passage du Sutra. Les autres sutras ont leurs adeptes. Ainsi, le Sutra Kegon* est révéré par les bodhisattvas Fugen, Gedatsugatsu, Nagarjuna et Ashvaghosha, par le Grand-maître* Fa-zang, le maître Qingliang, l'impératrice Ze-tian (Tse-t'ien), le Précepteur Shinjo, l'administrateur de moines, Ryoben et l'empereur Shomu. Les sutras Jimmitsu* et Hannya* ont pour adeptes le bodhisattva Shogisho, le vénérable Subhuti, le Grand-maître* Jizang, l'éminent lettré Xuanzang, les empereurs Taizong et Gaozong, les moines Kanroku et Dosho et l'empereur Kotoku. Ceux qui croient dans le Sutra Vairocana*, de l'école Kegon, sont les bodhisattvas Kongosatta, Nagarjuna, Nagabodhi, le roi Satavahana, les Savant-maître* Shubhakarasimha* (Shan-wu-wei), Vajrabodhi* et Amoghavajra*, les empereurs Xuanzong et Taizong, le moine Huiguo et les Grands-maîtres Kukai* et Ennin*. Et ceux qui révèrent le Sutra du Nirvana sont le bodhisattva Kasho Doji, les cinquante-deux sortes d'êtres, le Savant-maître* Dharmakshema, Fa-yun du temple Guangzhe-si et les dix moines éminents (note) des trois écoles de la Chine du Sud et des sept écoles de la Chine du Nord, ont eux aussi suivi d'autres sutras que le Sutra du Lotus.
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

A plus forte raison si l'on s'appuie sur un texte comme le Sutra Vairocana* qui, bien qu'inférieur aux sutras Kegon* et Hannya*, est quand même un peu supérieur aux sutras Agama* [du Hinayana]  ! La pluie tomba donc effectivement, mais le fait qu'elle ait été accompagnée de vents violents indique que les principes appliqués étaient entachés de terribles erreurs. Quant au fait que le Grand-maître* Kukai* ne sut pas faire tomber la pluie même au bout de vingt et un jours de prières, tout en s'appropriant indûment le mérite de la pluie tombée grâce aux prières de l'empereur, cela montre que [ce Grand-maître* ] était encore plus gravement dans l'erreur que Shubhakarasimha* et les autres.
La prière pour la pluie des trois maîtres du Tripitaka (Minobu, 22 juin 1275 au nyudo Nishiyama)

Ainsi, la différence entre tous les sutras et les enseignements non bouddhiques est aussi grande qu'entre l'or et les pierres. Et tous les autres sutras du Mahayana, les sutras Kegon*, Vairocana*, Kammuryoju, Amida, et Hannya* sont, par rapport au Sutra du Lotus, comme des lucioles comparées à la lumière du soleil ou de la lune, comme une fourmilière comparée au Mont Hua. De plus, la différence est grande, non seulement entre ces sutras, mais aussi entre ceux qui les pratiquent. Les divers maîtres du Shingon, qui croient au Vairocana*, lorsqu'ils sont confrontés en débat aux pratiquants du Sutra du Lotus sont comme un feu éteint par de l'eau, ou comme de la rosée dispersée par le vent. On dit que si un chien aboie après un lion, ses entrailles pourriront. L'asura qui décocha une flèche au soleil eut la tête brisée en sept morceaux (réf.). Les divers maîtres du Shingon, [qui croient dans le Sutra Vairocana*] sont comme le chien ou l'asura, et les pratiquants du Sutra du Lotus sont comme le soleil ou le lion.
La suprématie du Dharma (Minobu, 4 août 1275, à Oto, fille de Nichimyo)

Dans le Daichido Ron*, le bodhisattva Nagarjuna écrit : "Question : s'il en est ainsi, aucun des sutras, du Sutra Kegon* au Sutra Hannya*, n'est un enseignement ésotérique, mais le Sutra du Lotus est ésotérique. Le Sutra du Lotus est comparable à un excellent médecin qui change le poison en remède."
La Guérison des Maladies Karmiques (Minobu, 3 novembre 1275, à Ota Jomyo)

C'est à une époque aussi reculée, dans le lointain passé de sanzen-jintengo, que les trois groupes de disciples de Shakyamuni, comprenant, Mahakashyapa, Ananda et Rahula, eurent connaissance du Sutra du Lotus par la bouche d'un bodhisattva, seizième fils du bouddha Daitsu. Pourtant, trompés par des personnes mauvaises, ils finirent par abandonner le Sutra du Lotus. Ils retombèrent dans les enseignements des sutras Kegon*, Hannya*, Daijuku ou du Nirvana ou plus bas encore, dans ceux des sutras Vairocana*, Jimmitsu* ou Kammuryoju, voire même retombèrent dans l'erreur des enseignements Hinayana des sutras Agama*.
[...] Quand il se trouve par hasard que l'un d'entre eux a l'esprit de recherche, s'il se sent impuissant à faire tomber un croyant du Sutra du Lotus dans le mal, il essaie de l'abuser progressivement en l'attirant par ruse vers le Sutra Kegon*, qui ressemble au Sutra du Lotus. C'est ce que firent les moines Dushun, Zhiyan, Fa-zang et Cheng-guan. Puis les moines Jizang et Seng-quan incitèrent habilement les croyants du Sutra du Lotus à retomber dans les sutras Hannya*. Xuan-zang et Cien les conduisirent vers le Sutra Jimmitsu*, tandis que Shubhakarasimha*, Vajrabodhi*, Amoghavajra*, Kukai*, Ennin* et Enchin les abusèrent en leur faisant suivre le Sutra Vairocana*. Bodhidharma et Huiko les firent s'égarer dans l'enseignement du Zen, tandis que Shandao et Honen les incitèrent à croire au Sutra Kammuryoju. Dans chaque cas, le Démon du sixième Ciel avait pris possession de ces éminents bouddhistes, afin de tromper les croyants.
[...] La phrase : "Si vous tombez sous leur influence, vous serez entraînés dans les mauvaises voies" ne fait pas seulement référence aux trois voies mauvaises, mais aussi aux mondes-états des hommes et du ciel, et plus généralement à l'ensemble des neuf états. Par conséquents, tous les sutras, à l'exception du Sutra du Lotus - compris les sutras des périodes Kegon, Agon, Hodo et Hannya ainsi que le Sutra du Nirvana et le Sutra Vairocana* - entraîneront les êtres humains dans les mauvaises voies. A l'exception des tenants de l'école Tendai, tous les adeptes des sept autres principales écoles bouddhiques son en réalité des agents de l'enfer qui poussent les autres dans les mauvaises voies.
Lettre aux Frères (Minobu, 16 décembre 1275 aux frères Ikegami)

Le Bouddha considère tous les êtres qui vivront après sa mort comme ses propres enfants, et il les aime tous avec impartialité. Mais de même qu'un médecin prescrit divers médicaments en fonction de la maladie qu'il traite, pour les cinq cents premières années qui suivraient sa mort, le Bouddha recommanda à Mahakashyapa, Ananda et à d'autres disciples d'offrir comme remède à tous les êtres vivants les sutras du Hinayana. Pour les cinq cents ans qui suivraient, il confia aux bodhisattvas Manjushri, Maitreya, Nagarjuna et Vasubandhu, à l'intention de tous les êtres vivants, le remède des sutras Kegon*, Vairocana*, Hannya* et des autres sutras du Mahayana. Pour l'époque du Dharma formel, mille ans après sa mort, et à l'intention de tous les êtres vivants, il confia aux bodhisattvas Yakuo, Kanzeon et à d'autres le remède que constituent les enseignements restants, à l'exception de Myoho Renge Kyo [Sutra du Lotus].
Réponse au nyudo Takahashi (Minobu, 1275 au nyudo Takahashi Rokuru Hyoe)

En réalité, les sutras du Shingon appartiennent aux enseignements provisoires et sont même inférieurs aux sutras Kegon* ou Hannya*. Pourtant, Ennin* et Kukai* se sont trompés sur ce point et ont prétendu que les sutras du Shingon étaient égaux ou même supérieurs au Sutra du Lotus. La cérémonie "d'ouverture des yeux" d'une nouvelle effigie du Bouddha est donc conduite avec le mudra de la déesse Butsugen-son (Vénérable-œil-du-Bouddha) et le mantra dharani* du bouddha Vairocana*. Il en résulte que toutes les images peintes et sculptures en bois [représentant le Bouddha] au Japon, ont été privées d'âme et d'yeux, et qu'elles sont en fin de compte possédées par le Démon du sixième Ciel, causant la perte de ceux-là mêmes qui leur rendent un culte.
Moines du temple Seicho-ji (Minobu, le 11 janvier 1276 aux moines du temple Seicho-ji)

Le Sutra Kegon* constitue le premier énoncé de l'enseignement soudain (tonkyo), exposé immédiatement après l'Éveil du Bouddha, un sutra concrétisant l'enseignement complet et parfait, et pourtant il fut confié aux quatre bodhisattvas, au nombre desquels Sagesse-du-Dharma, pour qu'ils l'exposent. Les sutras Hannya*, bien que d'un autre niveau que le Sutra Kegon*, sont néanmoins les plus élevés de tous les sutras exposés par le Bouddha jusqu'alors. Et pourtant ce fut Subhuti qui reçut la mission de les exposer.
[...] Parce que les fondateurs des diverses écoles lurent et enseignèrent le Sutra du Lotus, leurs disciples respectifs pensèrent tous que leur propre maître avait saisi le coeur du Sutra du Lotus. Toutefois, si nous y regardons de plus près, nous voyons que le Grand-maître* Cien lut le Sutra du Lotus tout en faisant ses maîtres du Sutra Jimmitsu* et du Yuishiki Ron, de même que le Grand-maître* Jizang lut aussi le Sutra du Lotus avec pour maîtres les sutras Hannya* et le Chu Ron*. Des hommes comme Dushun et Fa-zang ont lu le Sutra du Lotus en se fondant sur le Sutra Kegon* et le Jujubibasha Ron. Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* ont lu le Sutra du Lotus en prenant le Sutra Vairocana* pour base.
Lettre à Myomitsu Shonin (Minobu, le 5ème jour du 3ème mois intercalaire 1276 à Myomitsu)

Les sutras Kegon*, Agama*, Hodo*, Hannya* et Vairocana* prétendent en théorie conférer les cinq sortes de vision mais ne les procurent pas en réalité. Le Sutra du Lotus les confère en théorie aussi bien que de manière concrète. Et même s'il ne les promettait pas nommément, il est absolument certain qu'il les procurerait en réalité.
[...] Ces principes, les cinq sortes de vision et les Trois Corps, ne sont exposés nulle part en dehors du Sutra du Lotus. C'est pourquoi le Grand-maître* Zhiyi* écrivit : "Le Bouddha, à travers les trois phases de la vie, est doté des Trois Corps. Mais dans les divers sutras, cela reste secret et n'est pas transmis."(réf.) Dans ce commentaire, les mots "les divers sutras" ne désignent pas seulement les sutras Kegon*, Hodo* et Hannya* mais la totalité des sutras à l'exception du Sutra du Lotus. Et le passage "cela reste secret et n'est pas transmis" signifie que dans tous les sutras, à l'exception du chapitre Juryo* (XVI) du Sutra du Lotus, le Bouddha Shakyamuni a dissimulé ce principe et ne l'a nulle part exposé. Par conséquent, la seule cérémonie de consécration d'une représentation peinte ou sculptée du Bouddha d'une quelconque utilité est celle qui se fonde sur le Sutra du Lotus et l'école Tendai (note).
La consécration d'une statue du bouddha (Minobu, le 15 juillet 1276 à Shijo Kingo)

Le Pratiquant du Sutra du Lotus, qui l'enseigne à l'époque des Derniers jours du Dharma, dépasse encore les bouddhas et bodhisattva apparaissant dans les sutras des périodes Kegon, Agon, Hodo et Hannya, et les plus de mille deux cents Honorés du Sutra Vairocana* - qui n'ont pas enseigné le Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Zhanlan* déclare, dans son commentaire : "Ceux qui font des offrandes [au Pratiquant du Sutra du Lotus] obtiendront une bonne fortune plus grande que celle des dix titres honorables, tandis que ceux qui [lui] créent des troubles auront la tête brisée en sept morceaux (réf.)."
Grandes lignes du chapitre Zokurui et d'autres (Minobu, juin 1278, à Dame Nichinyo)

Seul le Sutra du Nirvana contient des passages ressemblant au Sutra du Lotus. C'est ce qui incita les maîtres bouddhistes précédant Zhiyi*, aussi bien en Chine du nord qu'en Chine du sud, à déclarer à tort que le Sutra du Lotus était inférieur au Sutra du Nirvana. Mais si nous examinons le texte même du Sutra du Nirvana, nous voyons que, comme dans le cas du Sutra Muryogi, le Sutra du Nirvana est comparé aux sutras des périodes Kegon, Agon, Hodo et Hannya, exposés par le Bouddha pendant les premières quarante et quelques années de son enseignement. C'est par rapport à ces sutras précédents que le Sutra du Nirvana se déclare supérieur.
[...] Dans le quatorzième volume du Sutra du Nirvana, les mérites du Sutra du Nirvana sont comparés à ceux des sutras des périodesKegon, Agon, Hodo et Hannya, mais on ne trouve nulle part mentionné qu'il est supérieur au Sutra du Lotus. "Précédemment, par contre, dans le neuvième volume de ce même sutra, les mérites relatifs des sutras du Nirvana et du Lotus sont très clairement énoncés : "Au moment où ce Sutra [du Nirvana] est exposé... il a déjà été prédit dans le Sutra du Lotus que les huit mille auditeurs-shravakas atteindront la bodhéité, prédiction annonçant une grande récolte. Ainsi la récolte d'automne est terminée et a été engrangée pour l'hiver. [Maintenant], il ne reste plus que quelques glanes à récolter."
[...] Vajrabodhi avait, par ailleurs, un disciple que l'on appelait le Savant-maître* Amoghavajra*. Ces trois hommes étaient indiens, issus de familles nobles et d'un caractère bien différent des moines chinois. Les doctrines qu'ils enseignèrent firent une forte impression parce qu'elles comportaient des mudra et des mantra dharani*, éléments inconnus en Chine depuis l'introduction du bouddhisme à l'époque des Han postérieurs. Devant ce nouveau bouddhisme qui semblait si élevé, l'empereur inclina la tête et le peuple joignit les mains, en signe de révérence.Ces maîtres enseignaient que, quels que soient leurs mérites respectifs, les sutras Kegon*, Jimmitsu*, Hannya*, Nirvana et le Sutra du Lotus étaient tous des enseignements exotériques, des enseignements du Bouddha Shakyamuni.
[...] Ces quatorze hommes avaient, par le passé, transmis les enseignements des divers patriarches chinois et japonais de leur école respective, tels que Fazang et Shinjo de l'école Kegon, Jizang et Kanroku de l'école Sanron, Cien et Dosho de l'école Hosso, ou Daoxuan et Ganjin de l'école Ritsu. Bien que les récipients contenant l'eau de la doctrine eussent changé de génération en génération, l'eau restait la même. Mais, en se convertissant à la doctrine du Sutra du Lotus telle que l'avait enseignée Saicho*, le Grand-maître* Saicho*, ils abandonnèrent les doctrines erronées qu'ils avaient soutenues jusqu'alors. Comment peut-on alors, des années plus tard, affirmer que les sutras Kegon*, Hannya* ou Jimmitsu* sont supérieurs au Sutra du Lotus  ? Ces quatorze hommes avaient, bien sûr, étudié les doctrines des trois écoles du Hinayana [Jojitsu, Kusha et Ritsu] mais, puisque même les trois écoles du Mahayana [Kegon, Sanron et Hosso] avaient été réfutées, il devrait être inutile de les mentionner ici.
[...] Le Grand-maître* Saicho*, cependant, réalisa qu'il s'agissait là d'une erreur de la part de Shubhakarasimha*, et comprit que le Sutra Vairocana* était inférieur au Sutra du Lotus. C'est pourquoi il renonça à établir une huitième école fondée sur les enseignements shingon et préféra les incorporer aux enseignements de la septième école du Japon, l'école Hokke, après leur avoir retiré le nom de Shingon-shu. Il déclara que le Sutra Vairocana* devait être considéré comme un sutra supplémentaire de l'école Tendai-Hokke, et le situa au même niveau que les sutras Kegon*, Sutra Daibon hannya (note) et du Nirvana.
[...] Voici comment Kukai* évaluait les mérites respectifs des enseignements exposés par le Bouddha Shakyamuni de son vivant : "Le Sutra Vairocana* de l'école Shingon vient en premier, le Sutra Kegon* en deuxième, et la troisième place revient au Sutra du Lotus et au Sutra du Nirvana. "Comparé aux sutras Agon, Hodo* et Hannya*, le Sutra du Lotus est un sutra véridique mais, comparé aux sutras Kegon* et Vairocana*, il n'offre que des théories puériles.
[...] Question : Kukai*, dans son Shingyo Hiken (Clé secrète du Sutra du coeur), écrit : "Au printemps de la neuvième année de Konin (818), le pays fut victime d'une grande épidémie. L'empereur lui-même trempa son pinceau dans de l'encre dorée, prit un rouleau de papier bleu foncé et fit une copie du Hannya Shin sur un seul et unique rouleau. Le souverain m'avait demandé d'enseigner ce sutra. J'avais terminé mes commentaires sur le sens de ce sutra [et je commençais à l'enseigner] mais je n'avais même pas rédigé mes conclusions quand l'épidémie s'arrêta et les rues se remplirent de gens libérés de la maladie. De plus, lorsque vint la nuit, le soleil continua à briller de tout son éclat. "Cela n'était certainement pas dû à la vertueuse observance des préceptes d'un ignorant tel que moi, mais plutôt à la force de la croyance d'un souverain semblable à un roi faisant tourner la roue d'or. Néanmoins, ceux qui se rendent aux sanctuaires des dieux devraient désormais réciter ce Hannya Shinkyo Hikken. Car j'étais présent au Pic du Vautour lorsque le Bouddha exposa ce sutra, et je l'entendis moi-même enseigner ses principes profonds. Comment pourrais-je dès lors me méprendre sur son véritable sens  ? "
[...] Réponse : Le coeur du Sutra Kegon* est son titre, Sutra Daihokobutsu Kegon (note) . Le coeur des sutras Agama* est le titre, Sutra Bussetsu Chu-Agon (note). Le coeur du Sutra Daijuku (note) est son titre, Sutra Daihodo Daijuku (Sutra du déploiement de la grande assemblée). Le coeur du Sutra Hannya* est son titre, Sutra Makahannya Haramitsu*.
Traité sur la dette de reconnaissance (Minobu, le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)

"Il faut suivre le Dharma et non la personne. Il faut s'appuyer sur l'enseignement du Bouddha et non sur les paroles des maîtres. Il faut se servir de la sagesse et non des connaissances. Il faut accorder sa confiance aux sutras complets et définitifs et non aux sutras incomplets et provisoires."(réf.) Ce passage signifie qu'il ne faut pas s'appuyer sur les déclarations des bodhisattvas et des maîtres mais sur celles du Bouddha. [Plus précisément encore] cela veut dire qu'il ne faut pas s'appuyer sur les sutras Kegon*, Agama*, Hodo* et Hannya*, qui fondent les écoles Shingon, Zen et Nembutsu, mais avoir foi dans les sutras complets et définitifs. Et s'appuyer sur les "sutra complets et définitifs" signifie avoir foi dans le Sutra du Lotus.
[...] Ces passages indiquent que, dès le début, le Bouddha voulait révéler ce principe du véhicule du Bouddha. Mais il savait que les simples mortels, sans aucun désir de rechercher cet enseignement, non seulement ne le croiraient pas mais s'y opposeraient. Aussi, afin d'élargir graduellement leurs capacités, il consacra d'abord plus de quarante années à enseigner les sutras Kegon*, Agama*, Hodo* et Hannya*, pour ne révéler qu'à la fin le Sutra du Lotus.
[...] Il faut répondre que si le Sutra mentionne les dix directions, sans en préciser aucune, il y a à cela une excellente raison. Car, au terme de leur vie, ceux qui croient au Sutra du Lotus renaîtront parmi les mondes des dix directions, auprès d'un bouddha qui enseigne le Sutra du Lotus. Ils ne renaîtront jamais sur une Terre pure où sont enseignés d'autres sutras comme les sutras Kegon, Agama*, Hodo* ou Hannya*.
[...] ces passages signifient que parmi les diverses doctrines qu'il exposa pendant cinquante ans, le Bouddha Shakyamuni n'exposa la vérité ni dans le Sutra Kegon*, qui représente le début de son enseignement, ni dans les sutras Hodo* et Hannya* enseignés par la suite. Voilà pourquoi ceux qui pratiquent l'enseignement des écoles Zen, Nembutsu ou Ritsu, même s'ils pratiquent pendant un nombre incalculable et infini de kalpa, n'atteindront jamais la bodhéité.
Parvenir directement à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus (Minobu, mars 1277 ? à Myoho-ama)

Cheng-guan, de l'école Kegon, prétendit : "Le Sutra Kegon* représente l'enseignement premier, et le Sutra du Lotus, l'enseignement dérivé." Il dit encore : "Le Sutra Kegon* est la doctrine qui conduit à l'illumination les personnes capables de comprendre l'enseignement soudain (tonkyo), et le Sutra du Lotus, la doctrine qui mène à l'illumination les personnes capables de comprendre l'enseignement graduel (zenkyo)."(note) Le Grand-maître* Jizang de l'école Sanron écrivit : "Parmi tous les sutras du Mahayana, les sutras Hannya* sont suprêmes.
Lettre de pétition de Yorimoto (Minobu, le 25 juin 1277, requête au seigneur Ema au nom de Shijo Kingo)

Au début du Sutra Hannya* on lit   : « Sutra Makahannya Haramitsu, ainsi ai-je entendu. » Le titre du Sutra Vairocana* comporte la mention   : « Daibirushana Jimbenkaji*, ainsi ai-je entendu. »
[...] Les titres des sutras Agama*, par exemple, énoncent la conclusion de ces sutras, le principe que rien n'est constant. Ces titres sont cent millions de fois supérieurs aux deux caractères qui désignent l'existence et la non-existence utilisés dans les titres des textes non bouddhiques. [Les disciples de] 95 écoles non bouddhiques, après avoir entendu les titres des sutras Agama*, ont abandonné leurs conceptions erronées et ont reconnu comme une vérité le principe de l'impermanence. Ceux qui ont entendu les titres des sutras du Hannya haramita* se sont éveillés aux trois principes de taiku*, de tanchu* et de futanchu*. Ceux qui ont entendu le titre du Sutra Kegon* se sont éveillés à tanchu* ou futanchu*. Ceux qui ont entendu les titres des sutras Vairocana*, Hodo* et Hannya* , ont compris le principe de shakku* ou de taiku*  ; le principe de tanku* ou celui de futanku*, les principes de tanchu* et de futanchu*. Mais il n'est pas encore possible d'appréhender les principes de jikkai gogu, l'inclusion mutuelle des dix mondes-états, des cent mondes, des mille mondes ou des trois mille mondes qui conduisent au bienfait de myogaku, l'Éveil complet sans supérieur.
"Ainsi ai-je entendu" (Minobu, 28 novembre 1277, à Soya Kyoshin)

Ni les adeptes de l'école Kegon s'appuyant sur le Sutra Kegon ; ni ceux de l'école Hosso qui se réfèrent au Sutra Jimmitsu* ; ni ceux de l'école Sanron, fondée sur les sutras Hannya*  ; ni ceux de l'école Shingon qui part du Sutra Vairocana*  ; ni ceux de l'école de la Terre pure, qui révèrent le Sutra Kammuryoju ; ni ceux de l'école Zen, ayant pour origine le Sutra Ryoga ; ni les adeptes des diverses autres écoles fondées sur leurs sutras respectifs - quand bien même ils liraient et réciteraient les sutras sur lesquels s'appuie leur école aussi rigoureusement qu'on le leur enseigne, - aucun d'eux ne pourra se libérer du monde des trois plans ni échapper aux trois mauvaises voies. Et encore moins ceux qui affirment que ces sutras sont les véritables enseignements et les proclament supérieurs au Sutra du Lotus  ! Ils sont comparables à ces personnes qui, de rage, crachent vers le ciel ou essaient d'agriper la terre à mains nues.
Le troisième enseignement (Minobu, 1er octobre 1277, à Toki Jonin)

Quant aux écoles Kegon et Shingon, si nous voulions être indulgents avec elles, nous pourrions dire qu'elles représentent la doctrine de la Voie du milieu (note) [qui échappe au dilemme de l'existence ou de la non-existence], mais, si nous voulons être vraiment rigoureux, nous devons dire qu'elles sont au même niveau que les deux conceptions des phénomènes Mahayana mentionnées plus tôt. Par son contenu, le Sutra Vairocana* n'est plus même pas comparable aux sutras Kegon* ou Hannya*. Mais, parce que tant de personnes de haut rang ont foi en ce Sutra Vairocana*, la situation ressemble à celle d'un roi amoureux d'une femme d'humble condition.
Lettre à Shomitsu-bo (Minobu, 1277 à Shomitsu-bo)

Les maladies de l'esprit connaissent divers degrés de gravité. Les affections dues aux trois poisons, et leurs 84000 variations frappant les simples mortels dans les six voies, peuvent êtres guéries par le bouddha des écoles Kusha, Jojitsu et Ritsu, s'appuyant sur les trois Corbeilles [Tripitaka] du Hinayana. Toutefois, si l'on s'efforce de remédier par le Hinayana aux trois poisons et aux 84000 maladies provoquées par l'opposition à des sutras du Mahayana tels que les sutras Kegon*, Hannya* et Vairocana*, ces maladies ne feront qu'empirer et ne seront jamais guéries. Elles ne peuvent être traitées que par les enseignements du Mahayana. De plus, si l'on s'efforce de guérir les trois poisons et les 84000 maladies dues à l'opposition au Sutra du Lotus des pratiquants des divers sutras du Mahayana par les sutras Kegon*, Hannya* et Vairocana*, ou par ceux du Shingon et du Sanron, ces maladies s'aggravent de plus en plus. Pour donner une comparaison, un feu de bois ou de charbon peut facilement s'éteindre avec de l'eau, mais si c'est un liquide combustible qui brûle, et qu'on verse sur lui de l'eau, les flammes ne feront que brûler de plus belle et monteront encore plus haut.
Les deux sortes de maladies (Minobu, le 26 juin 1278, à Shijo Kingo

Mais, si les adeptes du Hinayana, par attachement aux enseignements qu'ils pratiquent, s'opposent à l'enseignement du Mahayana, ils seront atteints par diverses maladies. Ou bien, si les pays du Hinayana, même sans s'opposer au bouddhisme du Mahayana, se considèrent comme égaux aux pays du Mahayana, diverses maladies frapperont leurs populations. Si l'on essaye de les guérir par la pratique des sutras du Hinayana, ces maladies ne feront que s'aggraver. Elles ne peuvent être guéries que par la pratique des sutras du Mahayana. [Même à l'intérieur du Mahayana] si les nombreux adeptes du Mahayana provisoire*, qui s'appuient sur les sutras Kegon*, Jimmitsu*, Hannya* et Vairocana*, confondant l'inférieur avec le supérieur, prétendent que les enseignements de leur école sont égaux ou supérieurs au Sutra du Lotus et s'ils convertissent le souverain ou les gouvernants du pays à ces enseignements erronés, les trois poisons et les 84000 maladies se répandront. Alors, si ces adeptes du Mahayana provisoire* essayent de guérir ces maladies par la pratique des sutras du Mahayana provisoire* auxquels ils croient, elles ne feront que s'aggraver. Et, même s'ils essayent d'utiliser le Sutra du Lotus, ils n'obtiendront aucun résultat bénéfique. Car le Sutra en lui-même est suprême mais il reste sans effet lorsque ceux qui le pratiquent ont des conceptions erronées.
Le traitement de la maladie (Minobu, 26 juin 1278 (ou 1282) à Toki Jonin)

Par conséquent, le Sutra Fugen, l'épilogue du Sutra du Lotus (note), dit  : "Les Trois Corps illuminés de la vie du Bouddha naissent de hodo." Le terme hodo vient d'un mot ancien de l'Inde et fut traduit en Chine par "grand véhicule". Mahayana [Grand Véhicule] désigne le Sutra du Lotus. Les sutras Agama*, quand on les compare aux écrits non bouddhiques, sont considérés comme des sutras du Mahayana (note). De même, les sutras Kegon*, Hannya*, Vairocana* et autres, comparés aux sutras Agama*, sont considérés comme des sutras du Mahayana  ; mais ils tombent à leur tour dans la catégorie des sutras du Hinayana, celle des sutras d'un véhicule de moindre importance, lorsqu'on les compare au Sutra du Lotus. Parce que nul sutra ne dépasse le Sutra du Lotus, il est le seul et l'unique sutra du Mahayana.
Le tambour à la porte du Tonnerre (Minobu, 19e jour du 10 mois (intercalaire) 1278, à Sennichi-ama)

Parmi les enseignements bouddhiques], on pourrait dire que les sutras Agama* ont la simple saveur du lait ; le Sutra Kammuryoju et les autres sutras de la période Hodo, celle de la crème ; les sutras Hannya*, celle du lait caillé ; le Sutra Kegon*, celle du beurre, et le Sutra Muryogi, le Sutra du Lotus et le Sutra du Nirvana ont la saveur suprême du ghee.
[...] L'école Tendai avance deux interprétations à cet égard. La première consiste à dire que les sutras Kegon*, Hodo*, Hannya*, ainsi que les sutras du Nirvana et le Sutra du Lotus, correspondent tous à la saveur du ghee. Cela conduit à mettre sur le même plan les sutras antérieurs au Sutra du Lotus et le Sutra du Lotus lui-même. Les maîtres de notre époque ne connaissent que cette interprétation et ignorent le principe qui fait du Sutra du Lotus le souverain des cinq saveurs. Ils se laissent donc tromper et égarer par les tenants des diverses autres écoles.
[...] Au sein même des enseignements bouddhiques, une grave erreur a été commise. Parmi tous les sutras, le roi des sutras est le Sutra du Lotus, tandis que les autres sutras - Kegon*, Daibon, Jimmitsu* et Agama*, doivent avoir le rang de ministre, de serviteur ou de roturier. Pourtant, les adeptes de l'école Sanron affirment que les sutras Hannya* sont supérieurs au Sutra du Lotus ;
Le roi Rinda (Minobu, le 17 août 1279 à Soya Doso, fils de Soya Kyoshin)

Des hommes d'une sagesse aussi brillante que le soleil et la lune ont transmis le bouddhisme d'une génération à l'autre, et chaque province est pleine de personnes dont les mérites brillent autant que des myriades d'étoiles. Pour leur propre compte, ils pratiquent le Shingon, les sutras Hannya* ou Ninno*, ils invoquent le nom du bouddha Amida, ou croient en Kannon, Jizo, les trois mille bouddhas, ou encore lisent et récitent le Sutra du Lotus. Mais lorsqu'ils exhortent à la pratique des moines ignorants et des laïcs, ils leur disent : "Il vous suffit de réciter "Namu Amida Butsu".
Lettre au nyudo Nakaoki (Minobu, le 30 novembre 1279 au nyudo Nakaoki et à son épouse)

Tout le monde au Japon admet ces deux interprétations. Mais voici l'interprétation que je donne, moi, Nichiren, de ce passage : je considère que les enseignements non bouddhiques sont plus faciles à croire et à comprendre que les sutras du Hinayana ; les sutras du Hinayana sont plus faciles à croire et à comprendre que le Sutra Vairocana* et d'autres sutras Hodo*  ; le Sutra Vairocana* est plus facile à croire et à comprendre que les sutras Hannya*  ; les sutras Hannya* sont plus faciles que le Sutra Kegon ; le Sutra Kegon* est plus facile que le Sutra du Nirvana  ; le Sutra du Nirvana est plus facile que le Sutra du Lotus, et l'enseignement théorique* est plus facile que l'enseignement essentiel* du Sutra du Lotus. Il y a ainsi différents niveaux de difficulté ou de facilité relative [à croire et à comprendre].
[...] Il est dit dans le Sutra Shrimala : "Le Bouddha permet aux simples mortels qui n'ont pratiqué que des enseignements non bouddhiques de créer de bonnes causes qui les conduiront vers les mondes des hommes et du ciel ; à ceux qui recherchent la voie de l'étude, le Bouddha enseigne le véhicule qui mène à cet état ; à ceux qui recherchent la voie de l'Éveil personnel, il révèle le véhicule qui mène à cet état ; et à ceux qui recherchent la voie du Mahayana, il enseigne cette voie." Cette affirmation décrit le principe de zuitai [enseigner selon les capacités], celui des enseignements faciles à croire et faciles à comprendre. Les sutras Kegon*, Vairocana*, Hannya*, Nirvana et divers autres sutras entrent dans cette catégorie.
Comparaison du Sutra du Lotus avec les autres sutras (Minobu, le 26 mai 1280 à Toki Jonin)

Quant à l'enseignement de la fin, le Sutra du Nirvana je ne sais pas non plus sous quelle forme il se présente en Inde ou dans le palais du roi-dragon mais dans notre pays, il en existe une version en quarante volumes, une version en trente-six volumes, une version en six volumes et une version en deux volumes. De plus, il y a les sutras Agama*, Hodo* et Hannya*, au total pas moins de cinq ou sept mille volumes. Mais même si l'on n'a jamais vu ou entendu aucun de ces sutras, lire ne serait-ce qu'un seul mot, ou un seul vers du Sutra du Lotus équivaut à lire tous ces sutras dans leur intégralité.
Le trésor d'un enfant dévoué à ses parents (Minobu, été 1280 à Sennichi-ama)

Le très sage Grand-maître* Zhiyi* commenta les cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo dans les mille pages de son Hokke Gengi en dix volumes. Le point central de cet ouvrage est le suivant : les quatre-vingt, soixante, ou quarante volumes du Sutra Kegon*  ; les quelques centaines de volumes des sutras Agama*  ; les nombreux volumes du Sutra Dajuku hodo ; les quarante ou six cents volumes du Sutra Daibon hannya ; les quarante ou trente-six volumes du Sutra du Nirvana, ainsi que les innombrables sutras en Inde, dans les palais des Rois-dragons, dans les cieux et dans les mondes des dix directions, aussi nombreux que tous les grains de poussière de la terre - tous ces sutras sont les serviteurs et les seconds du seul caractère Kyo (sutra) de Myoho Renge Kyo.
[...] De même, les sutras des périodes Kegon, Agon, Hodo et Hannya  ; le Sutra Vairocana*, le Sutra du Nirvana et les divers autres sutras enseignés avant le Sutra du Lotus, en même temps que lui ou après lui, sont des petits souverains comparables aux gouverneurs des diverses provinces du Japon.
Chevaux blancs et cygnes blancs (Minobu, 14 août.1280, à la dame d'Utsubusa)

Les tenants des sutras Kegon*, Agama*, Hoto, Hannya*, Vairocana* et Amida considèrent le sutra qui fonde leur pratique comme le meilleur, sans se préoccuper de la position de supériorité ou d'infériorité relative des sutras. Ils disent : "Notre Sutra Amida est égal au Sutra du Lotus" ; ou bien : "Il lui est supérieur." Les autres adeptes d'une école particulière, en entendant ainsi faire l'éloge de leur sutra, y voient une raison de se réjouir. Mais, tout au contraire, cela constitue une faute grave, et les maîtres de ces écoles et leurs disciples tomberont, aussi rapidement qu'un jet de flèche, dans les mauvaises voies.
Réponse à la mère du seigneur d'Ueno (Minobu, octobre 1280 à la mère de Nanjo Tokimitsu)

De plus, si nous examinons ces sutras du Shingon, nous voyons clairement qu'ils appartiennent aux quatre premières des cinq catégories, celles qui combinent [enseignements spécifique et parfait*], qui excluent l'enseignement parfait*, qui correspondent [aux capacités des gens] et qui incluent [divers enseignements provisoires]." Ils ne mentionnent pas la possibilité, pour les personnes des sutras Hannya*, d'atteindre la bodhéité, et ne font nulle part la moindre allusion au fait que Shakyamuni, en réalité, atteignit la bodhéité dans un passé illimité.
Le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence (Minobu, en 1280? , à Myoichinyo)

Le Sutra Trapusha traite des mondes-états des hommes et du ciel. Les sutras Agama* décrivent les personnes des deux véhicules. Le Sutra Kegon* décrit les bodhisattvas. Les sutras Hodo* et Hannya* ressemblent soit aux sutras Agama* et Trapusha, soit au Sutra Kegon*. (voir les huit enseignements).
[...] Le grand maitre Zhiyi* déclara  : "Dans le Sutra du Lotus même, on lit que "parmi tous les sutras, celui-ci tient la place la plus élevée."(réf.) Le Bouddha Shakyamuni dit aussi  : "Parmi tous les sutras que j'ai enseigné, que j'enseigne et que j'enseignerai, le Sutra du Lotus est le plus difficile à croire et le plus difficile à comprendre."(réf.) Il est clairement indiqué dans le Sutra Muryogi que les sutras déjà enseignés par le Bouddha désignent le Sutra Makahannya, le principe kegon du vide de l'océan (note) et d'autres. A propos des sutras qu'il enseignerait à l'avenir, on lit dans le Sutra du Nirvana  : "Du Sutra Hannya Haramitsu découle le grand Sutra du Nirvana." Ces passages scripturaux démontrent la supériorité du Sutra du Lotus sur le Sutra Kegon* et le Sutra du Nirvana ; tout cela est d'une clarté aveuglante, il est impossible de ne pas le comprendre."
[...] Mais je persiste à croire que ces interprétations avancées par Ennin*, Enchin et d'autres ne correspondent absolument pas au voeu du Bouddha. Lorsqu'on lit les huit volumes et vingt-huit chapitres du Sutra du Lotus, il apparaît que si un autre sutra lui était supérieur, le Sutra du Lotus ne serait plus qu'un rassemblement de bouddha venus des dix directions pour amonceler mensonge sur mensonge. Mais en réalité, lorsque nous étudions attentivement les sutras Kegon*, Nirvana, Hannya*, Vairocana* et Jimmitsu*, nous ne trouvons nulle part le moindre passage contredisant cette claire affirmation du Sutra du Lotus : "parmi tous les sutras, celui-ci est de tous le plus élevé".
Le corps et l'esprit des simples mortels (Minobu, à un disciple)

 

 

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