Réponse au nyudo Takahashi

(Réponse au moine séculier Takahashi)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 6, p. 137; SG* p. 609.
Gosho Zenshu p. 1458 - Takahashi nyudo dono gohenji


Minobu, 1275 au nyudo Takahashi Rokuru Hyoe

Notre père bienveillant, le Bouddha Shakyamuni, l'Honoré du monde parvenu à l'Éveil parfait sans supérieur (anokutara sammyaku sambodai), fit son apparition dans un royaume d'Inde centrale à une époque où la durée de la vie humaine était de cent ans ; et, toute sa vie durant, il exposa les enseignements sacrés à l'intention de tous les êtres vivants. Ceux qui vécurent à la même époque que le Bouddha Shakyamuni avaient déjà créé un lien karmique avec lui par le passé, et la profondeur de ce lien leur permit d'atteindre l'Éveil. Mais l'Honoré du monde se demandait profondément comment sauver ceux qui vivraient après sa mort. C'est pourquoi il voulut que ses quatre-vingt mille enseignements sacrés demeurent sous forme écrite. Parmi les enseignements sacrés dispensés de son vivant, il confia les sutras du Hinayana au vénérable Mahakashyapa, et les sutras du Mahayana, ainsi que le Sutra du Lotus et le Sutra du Nirvana au bodhisattva Manjushri. Mais le coeur des enseignements sacrés en quatre vingt-mille corbeilles, et l'oeil même du Sutra du Lotus, les cinq caractères de Myoho Renge Kyo, il ne les confia pas à Mahakashyapa ou à Ananda, et ne les transmit pas non plus aux grands bodhisattvas Manjushri, Fugen, Kannon, Maitreya, Jizo ou Nagarjuna. Ces grands bodhisattvas l'auraient souhaité et lui en firent la requête, mais le Bouddha n'y consentit pas. Il préféra faire appel au bodhisattva Jogyo de vénérable apparence (note) qui sortit des profondeurs de la terre. En présence du bouddha Taho et des autres bouddhas des dix directions, le Bouddha Shakyamuni s'assit alors dans la Tour (note) ornée des Sept sortes dejoyaux, et confia les cinq caractères de Myoho Renge Kyo au bodhisattva Jogyo.

En voici la raison. Le Bouddha considère tous les êtres qui vivront après sa mort comme ses propres enfants, et il les aime tous avec impartialité. Mais de même qu'un médecin prescrit divers médicaments en fonction de la maladie qu'il traite, pour les cinq cents premières années qui suivraient sa mort, le Bouddha recommanda à Mahakashyapa, Ananda et à d'autres disciples d'offrir comme remède à tous les êtres vivants les sutras du Hinayana. Pour les cinq cents ans qui suivraient, il confia aux bodhisattvas Manjushri, Maitreya, Nagarjuna et Vasubandhu, à l'intention de tous les êtres vivants, le remède des sutras Kegon*, Vairocana*, Hannya* et des autres sutras du Mahayana. Pour l'époque du Dharma formel, mille ans après sa mort, et à l'intention de tous les êtres vivants, il confia aux bodhisattvas Yakuo*, Kanzeon et à d'autres le remède que constituent les enseignements restants, à l'exception de Myoho Renge Kyo [Sutra du Lotus].

Mais à partir du début de l'époque des Derniers jours du Dharma, les sutras du Hinayana, les sutras du Mahayana et le Sutra du Lotus - confiés respectivement à Mahakashyapa, Ananda et à d'autres, aux bodhisattvas Manjushri, Maitreya et à d'autres, à Yakuo*, Kanzeon et à d'autres - seront certes toujours présents en tant que textes, mais aucun d'eux n'aura plus la capacité de guérir les maux des êtres vivants. Les maladies seront trop graves et ces médicaments trop faibles. Ce sera l'époque où le bodhisattva Jogyo fera son apparition dans le monde pour révéler à tous les êtres vivants du Jambudvipa, les cinq caractères de Myoho Renge Kyo.

Au moment où cela se produira, tous les simples mortels considéreront ce bodhisattva comme leur ennemi. Ils seront devant lui comme des singes devant un chien, ou comme des démons emplis de malveillance devant des êtres humains. Il sera traité comme le bodhisattva Fukyo du temps passé qui fut non seulement insulté et haï par tous mais attaqué à coups de canne et de bâton, de pierres et de tuiles, ou comme le moine Kakutoku qui faillit être mis à mort. Alors Mahakashyapa, Ananda et d'autres, se cacheront au Pic du Vautour ou disparaîtront dans le Gange. Maitreya, Manjushri, et d'autres se réfugieront dans la cour intérieure du Ciel Tushita ou se retireront sur le Mont des Parfums ; le bodhisattva Kanzeon s'en retournera vers les régions de l'Ouest, et le bodhisattva Fugen vers les régions de l'Est. Certains auront beau pratiquer les divers sutras, personne ne les défendra ni ne les protégera, et ces sutras n'auront donc plus le pouvoir de procurer des bienfaits. Les divinités célestes n'accorderont pas même leur protection à ceux qui réciteront le nom des divers bouddhas. Ils seront aussi impuissants que des veaux séparés de leurs mères ou des faisans poursuivis par des faucons.

À ce moment précis, de grands démons, venus de tous les mondes des dix directions, empliront le Jambudvipa et s'empareront des Quatre sortes de croyants, les incitant à blesser leurs parents ou à tuer leurs propres frères et soeurs. Ces esprits maléfiques pénétreront tout particulièrement le coeur de moines et de nonnes partout considérés comme des sages, apparemment rigoureux dans l'observance des préceptes. Et par l'intermédiaire de ces faux sages, les démons tromperont le souverain du pays et ses ministres.

A cette époque-là, s'il se trouve quelqu'un qui, avec la protection du bodhisattva Jogyo, transmet à tous les êtres humains le seul Titre du Sutra du Lotus, les cinq caractères de Namu Myoho Renge Kyo, ces Quatre sortes de croyants ainsi que les moines de haut rang lui manifesteront autant de haine que s'il était l'ennemi de leurs parents ou leur adversaire dans une vie antérieure ; ils éprouveront pour lui la même aversion que pour un ennemi juré de la maison impériale, prêt à tout pour obtenir vengeance.

A cette époque-là, des phénomènes très étranges se produiront dans le ciel. Il y aura des éclipses du soleil et de la lune, de grandes comètes traverseront le ciel, et la terre se mettra à trembler comme si elle était placée sur les pales d'un moulin à eau. Ensuite viendra le désastre d'une lutte intestine au cours de laquelle le souverain, ses frères et d'autres grands personnages du pays seront attaqués et tués. Puis se produira le désastre d'une invasion étrangère : le pays sera envahi par un pays voisin ; certains seront faits prisonniers, d'autres se suicideront et tous les habitants du pays, de haute comme de basse condition, seront confrontés à de grandes épreuves.

Tout cela se produira pour une seule raison : parce que la personne propageant le Titre du Sutra du Lotus sous la protection du bodhisattva Jogyo sera maltraitée, frappée, exilée et menacée d'exécution. Car nous lisons dans le Sutra que Bonten, Taishaku, les divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel, devant l'assemblée à qui était enseigné le Sutra du Lotus et en présence du Bouddha, ont fait serment de punir ceux qui seraient hostiles au Pratiquant du Sutra du Lotus avec plus de sévérité que s'ils étaient les ennemis jurés de leurs propres père et mère.

A notre époque, moi, Nichiren, je suis né dans ce pays, le Japon. Quand j'observe, dans le clair miroir du Sutra du Lotus et des autres sutras, le comportement des habitants de ce pays, je ne vois rien qui diffère, si peu que ce soit, des prédictions du Sutra. Exactement comme il était prédit, des phénomènes étranges se produisent dans le ciel et sur la terre.

J'avais conscience de tout cela depuis un certain temps déjà, et si je n'en disais rien, je savais que ce pays courrait à sa ruine. Je n'ignorais pas que, si j'en faisais part au souverain à un moment où il serait encore possible d'apporter la paix et la sécurité au pays, il me demanderait probablement de clarifier le sens de mon enseignement  ; mais je savais aussi que si le pays était déjà irrémédiablement condamné, le souverain ne tiendrait aucun compte de mes conseils et que, dans ce cas, je serais très probablement condamné à l'exil ou à la peine capitale. Mais le Bouddha ne nous a-t-il pas mis en garde  ? "Si connaissant cela [l'opposition au Dharma], par crainte pour votre propre vie vous hésitez encore et ne faites pas connaître [la vérité] aux autres, vous serez non seulement mon ennemi mais l'ennemi mortel de tous les êtres vivants, et vous tomberez inévitablement dans la grande citadelle de l'enfer avici." (note)

J'ai hésité et me suis demandé que faire. Si je parlais de tout cela, qu'adviendrait-il de moi  ? Ma propre sécurité m'importait peu, mais si mes parents, mes frères ou ne serait-ce qu'une personne sur mille ou dix mille me suivait, eux aussi seraient inévitablement haïs par le souverain comme par les personnes ordinaires. Et face à tant de haine, sans une compréhension approfondie du bouddhisme, ils auraient bien du mal à endurer de pareilles épreuves. Après s'être imaginé qu'ils obtiendraient paix et sécurité en pratiquant le Dharma du Bouddha, ils découvriraient, en réalité, que la pratique de cet enseignement les mettait en présence de grandes difficultés. Ils s'opposeraient alors à ce Dharma, la prenant pour un enseignement erroné, et cela les conduirait à tomber dans les mauvaises voies. Comme ce serait regrettable !

Mais si, d'un autre côté, je m'abstenais de parler, je trahirais la promesse solennelle faite au Bouddha. Pire, je deviendrais l'ennemi mortel de tous les êtres vivants et je tomberais inévitablement dans l'enfer avici. Ainsi, après m'être interrogé sur ce qu'il fallait faire, j'ai décidé de parler.

J'ai senti qu'une fois que j'aurais commencé, je ne devrais plus reculer quoi qu'il arrive, et j'ai donc parlé avec de plus en plus de force. Puis, comme le Bouddha l'avait prédit dans le Sutra, j'ai encouru la haine du souverain et les attaques du peuple. Parce qu'ils m'ont traité avec hostilité, le Ciel s'est mis en colère, de graves anomalies ont marqué le cours du soleil et de la lune, et d'énormes comètes sont apparues. La terre a tremblé à tel point qu'on aurait pu croire qu'elle se renversait, des luttes intestines ont éclaté au sein d'un même clan, et un pays étranger a attaqué celui-ci de l'extérieur. Les prédictions du Bouddha se sont révélées totalement exactes. Il n'y a donc plus aucun doute, moi, Nichiren, je suis le Pratiquant du Sutra du Lotus.

L'année dernière, lorsque j'ai quitté Kamakura pour me réfugier ici [au Mont Minobu], puisque c'était sur mon chemin, j'aurais pu venir vous rendre visite, à vous et aux autres, mais je ne l'ai finalement pas fait. De plus, je n'ai pas répondu à votre lettre précédente. Cela n'était aucunement dans l'intention d'être distant avec vous. Si j'adresse des remontrances aux moines du Nembutsu, aux adeptes du Zen et aux maîtres du Shingon, et même au souverain du pays et à d'autres personnages influents qui, tous, me poursuivent de leur grande haine, c'est dans le but de les aider. Et plus ils me haïssent plus j'éprouve de pitié envers eux. Comment pourrais-je alors ignorer ceux qui, ne serait-ce qu'un jour, m'ont manifesté leur soutien  ?

En réalité, pour ma part, je me sens soulagé lorsque des hommes ayant charge de femme et d'enfants s'écartent de moi par crainte des réactions du monde. Je n'ai pas le pouvoir de sauver ceux qui s'allient à moi. De plus, ils courent le risque de se voir confisquer par leur seigneur le peu de biens qu'ils possèdent. Je m'inquiète en imaginant les plaintes de leur femme, de leurs enfants et de leurs serviteurs, qui ne comprennent pas [la véritable raison d'une telle situation.]

Le 2e mois de l'année dernière, j'ai été gracié, et le 13e jour du 3e mois j'ai quitté la province de Sado pour arriver à Kamakura le 26e jour du même mois. Le 8e jour du 4e mois, j'ai rencontré Hei no Saemon. Il m'a posé plusieurs questions au cours de la discussion, et m'a demandé : "Quand les Mongols lanceront-ils une invasion contre le Japon  ? "

Je lui ai répondu : "Cette année. Et si vous abandonnez Nichiren, personne ne pourra sauver le Japon  ! Pour le salut du pays, ce sont tous les moines du Nembutsu, du Zen, du Ritsu et d'autres écoles du Japon qu'il aurait fallu faire décapiter, en exposant leurs têtes sur la plage de Yuinohama. Mais maintenant, il est sans doute déjà trop tard."

"On croit généralement que Nichiren se contente de réfuter les maîtres du Nembutsu, des moines du Zen et du Ritsu. Mais ce sont des gens de peu d'importance. C'est l'école Shingon, avec ses principes nuisibles, qui appelle, sur ce beau pays du Japon, une terrible malédiction. Les Grands-maîtres Kukai et Ennin* se sont laissé tromper par ces enseignements, conduisant le pays au bord de la ruine. Si l'on demande aux moines du Shingon de prier pour sa sécurité, même un pays inévitablement voué à la destruction d'ici deux ou trois ans sera attaqué avant qu'un an ou six mois ne s'écoulent  ! " Voilà ce que j'ai dit [à Hei no Saemon].

Tout ce que j'ai pu dire avait pour seul but de sauver les autres, et cela m'a valu une haine féroce. Par conséquent, une fois gracié de la peine d'exil, et libre de quitter l'île de Sado, peut-être aurais-je dû aller me cacher au coeur des montagnes ou aux confins d'un lointain littoral. Mais j'ai préféré me rendre à Kamakura pour redire tout cela une dernière fois à Hei no Saemon, dans l'espoir de sauver les éventuels survivants d'une invasion du Japon [par les Mongols]. Une fois présentées mes remontrances, je savais qu'il était préférable de ne pas rester à Kamakura. Je me mis donc en route, laissant mes pieds me conduire où ils le voudraient. Comme vous étiez sur mon trajet, même si cela devait vous donner quelque souci, j'ai pensé à quel point j'aimerais revoir chacun de vous. Mais cette idée a eu beau me traverser l'esprit mille fois, j'ai lutté contre mon grand désir de vous rencontrer et, finalement, j'ai poursuivi ma route sans m'arrêter.

En voici la raison. La province de Suruga est le domaine du seigneur de Sagami [Hojo Tokimune] et dans la région de Fuji en particulier résident plusieurs veuves de hauts dignitaires [du clan Hojo] et leur entourage. Ces personnes me détestent parce qu'elles me considèrent comme l'ennemi des défunts nyudo [Hojo Tokiyori et Hojo Shigetoki] des temples Saimyo-ji et Gokuraku-ji. J'ai craint, si elles apprenaient que je vous ai rendu visite, qu'elles ne vous causent à tous de graves ennuis. Jusqu'à présent j'ai voulu éviter de vous créer des problèmes, voilà pourquoi je n'avais toujours pas répondu à votre précédente lettre. J'ai même à plusieurs reprises conseillé aux moines Hoki-bo et Kakijo-bo de n'approcher sous aucun prétexte la région de Kajima, à Fuji, et malgré cela j'appréhende encore ce qui pourrait advenir [s'ils ne tenaient pas compte de mes mises en garde].

Mais vous vous interrogez peut-être sur les raisons d'une telle condamnation de l'école Shingon. Je pourrais vous donner quantité de raisons doctrinales mais vous auriez encore du mal à me suivre. Vous le comprendrez beaucoup mieux si je vous cite des exemples que chacun aura pu vérifier de ses yeux !

L'empereur retiré d'Oki [Go-Toba] était le 82e souverain du Japon sous forme humaine. Régnant plus de deux mille ans après l'époque de l'empereur Jimmu, il était la manifestation humaine de la déesse Amaterasu. Qui aurait eu l'audace de s'opposer à un souverain tel que lui  ? En outre, de l'époque de l'empereur Kimmei (509-571) à celle de l'empereur retiré d'Oki, les divers grands principes et enseignements ésotériques du bouddhisme, en provenance de Chine, de Paekche, de Silla et de Koguryo, ont été respectés et pratiqués au Mont Hiei, dans les temples To-ji, Onjo-ji, dans les sept temples majeurs de Nara et partout ailleurs au Japon. Cela dans le but d'assurer la protection du pays et d'assurer la sécurité de son souverain.

L'empereur retiré d'Oki, regrettant que le shogunat de Kamakura se soit emparé du pouvoir, faisant officiellement appel au soutien des moines éminents du Mont Hiei, du To-ji et de divers autres temples, leur ordonna de conduire des rituels pour la destitution de Yoshitoki. Cela ne dura pas seulement un an ou deux mais plusieurs années durant, les moines prièrent et jetèrent des sorts. Pourtant Gon no Tayu [Hojo Yoshitoki] n'en eut jamais conscience, même en rêve, et, pour sa part, n'ordonna pas un seul rituel de prières. Peut-être pensait-il que même s'il faisait conduire un rituel de ce genre, cela ne servirait à rien. En tout cas, l'empereur descendant des divinités célestes fut vaincu sur le champ de bataille et exilé sur l'île d'Oki.

Le souverain du Japon est l'incarnation vivante de l'esprit de la déesse Amaterasu  ; c'est parce qu'il a observé les dix préceptes de bien dans des vies antérieures qu'il est devenu souverain. Y aurait-il une seule personne au sein du peuple, dans le pays entier, qui puisse le renverser  ? Imaginons par exemple un fils qui haïrait son père parce qu'il a commis une faute dont lui-même est innocent. Même si le père était effectivement coupable, le Ciel permettrait-il jamais au fils de le punir  ?

Quelle grave erreur, alors, amena l'empereur retiré d'Oki à subir une telle humiliation  ? Ce fut uniquement son alliance avec les moines shingon du Japon qui sont les ennemis jurés du Sutra du Lotus  !

Ces derniers conduisent un rituel appelé kanjo, au cours duquel le participant pose les pieds sur des images peintes du Bouddha Shakyamuni et d'autres bouddhas assis sur un lotus à huit pétales. Ils considèrent cela comme une pratique ésotérique. Et c'est parce que l'empereur retiré d'Oki a révéré ceux qui prenaient part à des rituels aussi étranges en tant que supérieurs de divers temples que le pouvoir passa aux mains de ses sujets et que lui-même connut la disgrâce en cette vie.

De nos jours cette doctrine extrêmement nuisible du Shingon s'est répandue aussi dans la région de Kamakura, abusant à leur tour les membres du clan Hojo au pouvoir et risquant de précipiter la ruine du Japon. C'est un point de la plus haute importance dont je n'ai pas encore parlé, même avec mes disciples. Au contraire, je n'en ai rien dit, feignant de ne leur emplir les oreilles que de réfutations du Nembutsu et du Zen. Mais puisque l'on continue à ne pas tenir compte de mes remontrances, sans ménager ma vie je vais transmettre également cela à mes disciples.

Ces propos risquent de renforcer encore leurs doutes. Ils vont peut-être penser : "Si respectable que puisse être Nichiren, comment pourrait-il surpasser Ennin* et Kukai*  ? " Je crains de ne jamais réussir à dissiper de tels doutes. Comment y parvenir ?

Alors que tous me haïssent, vous, vous avez fait confiance, si peu que ce soit, à mon enseignement, et vous êtes venu de très loin pour me rendre visite. Cela ne peut être attribué uniquement au karma créé en cette vie-ci. Nous avons certainement déjà eu un lien dans des existences passées !

Je suis désolé d'apprendre que votre maladie s'est aggravée. Cependant, les sabres sont faits pour mettre en pièces les ennemis, comme la médecine est faite pour guérir les maladies. Le roi Ajatashatru en assassinant son père était devenu l'ennemi du Bouddha. Mais des pustules purulentes sont apparues sur son corps, et par la suite, il se convertit aux enseignements du Bouddha. Grâce à la pratique du Sutra du Lotus, ses plaies guérirent et il prolongea encore sa vie de quarante ans.

De plus, le Sutra du Lotus se décrit lui-même comme "le remède bénéfique pour toutes les maladies de tous les habitants de Jambudvipa." (réf.) Les habitants de notre monde, le continent de Jambudvipa, sont malades, mais le Sutra du Lotus est le médicament qui leur convient.

Actuellement, dans votre cas, les trois conditions sont déjà réunies. Par conséquent, comment pourriez-vous ne pas recouvrer la santé  ? Mais si vous nourrissez des doutes, je n'aurai pas le pouvoir de vous aider.

Namu Myoho Renge Kyo,
Namu Myoho Renge Kyo.

Demandez, si vous le voulez bien, à Kakujo-bo et Hokibo [Nikko] de vous lire cette lettre de temps en temps, et écoutez-les, écoutez-les avec la plus grande attention  !

Nichiren Le 12e jour du 7e mois.

Réponse envoyée à Son Excellence le nyudo Takahashi Rokuro Hyoe.

En anglais : Reply to Takahashi Nyudo ou Reply to the Lay Priest Takahashi

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=605&m=1&q=Takahashi
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_ReplyTakahashiNyudo.htm

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