Dans le Sutra Daijuku il est dit : "Même si le souverain d'un État
a observé la pratique du
don pendant d'innombrables existences passées, en obéissant
aux préceptes et aux
principes de la sagesse, s'il voit que mon Dharma, le Dharma du Bouddha,
est menacée de périr et reste passif, sans rien faire
pour la protéger, l'accumulation inestimable de toutes les bonnes
causes dues à ses pratiques passées sera entièrement
annulée et son pays deviendra le théâtre de trois
événements malencontreux. Le premier est le prix élevé
des céréales, le deuxième la guerre, et le troisième
les épidémies.
[...] Il est dit dans le Sutra
Ninno* : "De mauvais moines, dans l'espoir d'acquérir
gloire et profit, se présentent en grand nombre devant le souverain,
l'héritier présomptif ou les autres princes, pour prêcher
des doctrines qui mènent à l'opposition
au Dharma bouddhique et à la destruction du pays. Incapables
de distinguer le vrai du faux, les souverains écoutent et adoptent
de telles doctrines, créant des lois injustes et en désaccord
avec les préceptes bouddhiques.
[...] On lit dans le Sutra du Nirvana : "Le Bouddha dit : 'A l'exception d'une seule catégorie de
personnes, vous pouvez faire des dons à tout le monde et cela
vous vaudra le respect de tous.' Chunda demanda : 'Quelle est donc la catégorie de personnes dont vous
parlez ? ' Le Bouddha répondit : 'Je désigne par là
ceux que j'ai décrits dans ce sutra comme ayant enfreint les préceptes.' Chunda insista : 'Je ne comprends toujours pas très bien. Pourriez-vous m'expliquer
un peu plus ? ' Le Bouddha reprit : 'Ceux qui enfreignent les préceptes sont les icchantika.
[...] Le Bouddha dit encore : "Certains peuvent observer les cinq
préceptes sans mériter pour autant le nom de pratiquant
du Mahayana. A l'inverse, même une personne qui n'observe pas
les cinq préceptes, si elle défend le Dharma correct,
on peut la considérer comme un pratiquant du Mahayana. Les défenseurs
du Dharma correct doivent s'armer de couteaux et de sabres, d'épées
et de gourdins. Même s'ils portent épées et gourdins,
ère comme des hommes qui suivent les préceptes."
[...] En ce temps-là, vivait un moine du nom de Kakutoku qui observait les préceptes. Il y avait alors de nombreux moines
qui les transgressaient, et lorsqu'ils entendirent prêcher Kakutoku,
tous conçurent de mauvais desseins dans leur coeur, et, s'armant
de sabres et de gourdins, ils attaquèrent ce Maître
du Dharma. A cette époque, le souverain du royaume avait pour nom Utoku. Dès qu'il apprit
ce qui se passait, désireux de défendre le Dharma, il
se rendit sur le lieu où le moine prêchait l'enseignement
correct et combattit de toutes ses forces contre les mauvais moines
qui n'observaient pas les préceptes. [...] C'est pourquoi
j'autorise maintenant les moines qui observent les préceptes à vivre et à s'associer avec des laïcs portant sabres
et bâtons. Car, même s'ils portent des sabres et des bâtons,
je les considérerai comme des hommes observant les préceptes.
Pourtant, même autorisés à porter sabres et bâtons,
ils ne devront jamais les utiliser pour ôter la vie."
[...] Ainsi, il est dit dans le Sutra Daijuku : "Même
si le souverain d'un État a pratiqué le don d'offrandes
pendant d'innombrables existences passées, en observant les préceptes et en obéissant aux principes de la sagesse, s'il voit ma Loi,
le Dharma du Bouddha menacé de périr et reste passif,
sans rien faire pour la protéger, l'accumulation inestimable
de toutes les bonnes causes créées par ses pratiques passées
sera entièrement effacée. (...) Peu après, le souverain
tombera gravement malade, perdra la vie et renaîtra dans l'un
des enfers majeurs.
Rissho Ankoku ron (Kamakura-Matsubagayatsu,
juillet 1260)
Question : Vous, un moine bouddhiste, dénoncez les fautes des prêtres
bouddhistes. N’est-ce pas une violation de deux préceptes bouddhiques : celui qui défend de dire du mal des quatre congrégations
bouddhistes, et celui qui défend de calomnier
les Trois trésors?Réponse : Le Bouddha nous avertit dans le Sutra
du Nirvana : "Supposez qu’il y ait un bon bhiksu qui, alors qu’il voit un homme calomnier et transgresser le vrai
Dharma, ne le réprimande pas, ne le chasse pas, et ne le corrige
pas ; ce bhiksu est un ennemi du
bouddhisme. Si le bhiksu chasse,
réprimande et corrige cet homme, il est de fait un vrai disciple
du Bouddha." Tout en adhérant à cette avertissement
du Bouddha, je prédis que les détracteurs du vrai Dharma
tomberont tous dans l'enfer avici.
[...] Avant que le bouddhisme ne soit introduit en Chine, de sages souverains
comme l’Empereur Jaune gouvernèrent leurs royaumes sur la
base des cinq vertus. Après
l’introduction du bouddhisme, nous pouvons observer que ces cinq
vertus sont les mêmes que les cinq
préceptes du bouddhisme qui proscrivent le meurtre, le vol,
l’inconduite sexuelle, l’usage de stupéfiants. Les
anciens sages chinois comme Lao-zi et Confucius sont parmi les Trois sages que le Bouddha envoya en Chine pour préparer le pays à la
future adoption du bouddhisme. Par conséquent, le manquement aux cinq vertus de Jie de la dynastie Xia, de l'empereur Shang Zhou de la dynastie Yin (Shang), et de
l'empererur You de la dynastie Zhou qui causa
la ruine de leurs royaumes, équivaut au manquement aux cinq
préceptes. De la même
manière, avoir la chance de naître en tant qu’être
humain et de devenir roi est dû au mérite d’avoir observé
les cinq préceptes et les dix
actes vertueux. Bien que les doctrines non bouddhiques soient superficielles,
puisqu’elles ne font pas connaître la relation de cause à
effet entre les actes méritoires du passé et leurs rétributions
futures, ceux qui observèrent les cinq préceptes et les
dix actes vertueux devinrent roi. [...] Ainsi, tout le peuple japonais
néglige la bienséance, en se joignant aux moines et aux nyudo qui n’observent pas les préceptes bouddhiques.
[...] Le Koshaku de Annen dit ceci: "Le Bouddha envoya Trois sages [Laozi, Confucius et Yan-Hui]
en Chine pour enseigner les cinq préceptes, par le biais des cinq
vertus [...] Comme leurs [anciens souverains chinois] capacités
de compréhension n’étaient pas encore suffisamment
développées, même si les cinq préceptes du
bouddhisme avaient été enseignés, ils n’auraient
pas pu comprendre la relation entre les causes plantées dans le
passé et leurs conséquences plus tard. Aussi, s’appliquèrent-ils
à gouverner le pays et à établir leur pouvoir en
observant strictement les principes moraux de la loyauté et de
la piété filiale dans ce monde.
[...] "Le Bouddha, afin de propager le bouddhisme en
Chine, y envoya trois bodhisattvas pour enseigner au peuple les cinq vertus,
et ainsi le préparer au bouddhisme." Si on considère
ces passages, on peut supposer que les cinq vertus, qui existaient en
Chine avant l’introduction du bouddhisme dans ce pays, équivalent
aux cinq préceptes du bouddhisme.
Sainan
Koki Yurai - La cause des désastres (Kamakura,
février 1260)
Considérons
tout d'abord l'enseignement : on appelle ainsi tous les sutras,
tous les préceptes de la vie monastique (vinaya)
et tous les traités (abhidharma)
exposés par le Bouddha Shakyamuni (note), constituant 5048 volumes sous
forme de rouleaux contenus dans 480 coffrets. [...] Le contenu de
l'ensemble de ces sutras, préceptes et traités, se divise en différentes catégories
qu'il faut soigneusement distinguer les unes des autres : hinayana et mahayana, sutras provisoires* et définitifs*,
enseignements exotérique et ésotérique.
[...] Le lendemain
de la mort du Bouddha commencèrent les mille ans de l'époque
du Dharma correct, époque
où ceux qui observent les préceptes sont nombreux, et où ceux qui les transgressent sont rares. Au
terme des mille ans de l'époque du Dharma
correct commencent les mille ans de l'époque du Dharma
formel,
époque où ceux qui transgressent les préceptes sont nombreux et où ceux qui les ignorent totalement sont rares.
Et lorsque sont terminés les mille ans de l'époque du
Dharma
formel, commencent les dix mille ans de l'époque des Derniers
jours du Dharma,
époque où ceux qui transgressent les préceptes sont rares et où ceux qui n'en observent aucun sont très
nombreux. A l'époque
du Dharma correct, en rejetant ceux
qui transgressent les préceptes ou ceux qui les ignorent, il
faut faire des offrandes à
ceux qui respectent les préceptes. A l'époque du Dharma
formel, en ne soutenant pas ceux qui ignorent les préceptes,
il faut faire des offrandes à ceux qui vont au delà des préceptes. Et dans les dix mille ans et plus de l'époque
des Derniers jours du Dharma,
il faut offrir à ceux qui n'observent aucun précepte les
mêmes dons que l'on offrirait au Bouddha. Par contre,
dans les trois périodes,
aux époques du Dharma correct,
du Dharma
formel et des Derniers jours
du Dharma,
il ne faut jamais faire d'offrandes à des personnes qui s'opposent
au Sutra du Lotus, qu'elles observent les préceptes,
les transgressent ou les ignorent totalement. Si des offrandes sont
faites à ceux qui s'opposent au Sutra du Lotus, inévitablement
les trois calamités et les sept désastres frapperont le pays et ceux qui font ces dons tomberont dans la grande
citadelle de l'enfer avici.
[...] Mais au
Japon, à notre époque, des maîtres exhortent à
abandonner la pratique du Sutra du Lotus pour se consacrer
exclusivement à l'invocation du nom du bouddha Amida.
Certains enseignent les préceptes du Hinayana,
et parlent avec mépris des grands moines du Mont Hiei tandis que d'autres font état d'une vérité
particulière (note) qui leur aurait été
transmise en dehors des sutras, dénigrant le Véritable
Dharma du Sutra du Lotus.
[...] Pourtant,
les maîtres bouddhistes, à notre époque, en s'adressant
aux habitants du Japon, ne leur enseignent que les préceptes du Hinayana ou s'efforcent d'en
faire des adeptes exclusifs du Nembutsu.
Cela ressemble à "mettre des aliments avariés dans
un vase précieux"(réf).
L'enseignement,
les capacités, le temps et le pays (Izu,
10 février 1262 ? )
Ainsi, ceux
qui ont foi dans le Sutra du Lotus et le pratiquent sont absolument
assurés d'en obtenir les bienfaits. A l'inverse, il est possible
de s'abstenir de toute mauvaise action sa vie durant, d'observer scrupuleusement
les cinq préceptes,
les huit préceptes,
les dix préceptes,
les dix préceptes de
bien, les deux cent cinquante préceptes, les cinq
cents préceptes, ou d'innombrables préceptes ; d'apprendre
par cœur tous les autres sutras, de faire des offrandes à tous les autres bouddhas et bodhisattva et d'accumuler un mérite
inestimable : si l'on ne parvient pas à avoir foi dans le Sutra
du Lotus, ou si l'on a foi en ce sutra tout en le plaçant
sur le même plan que les autres sutras et les enseignements d'autres
bouddhas ; ou si l'on reconnaît sa supériorité tout
en s'engageant sans cesse dans d'autres disciplines religieuses, ne
pratiquant le Sutra du Lotus que de temps en temps ; ou si l'on
s'associe et se lie d'amitié avec des adeptes du Nembutsu qui ne croient pas au Sutra du Lotus et s'opposent au Dharma ; ou si l'on pense qu'il n'y a aucune faute à affirmer que le Sutra
du Lotus n'est pas adapté aux capacités des personnes
vivant à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
tous les mérites acquis par les innombrables bonnes actions d'une
vie entière s'évanouiront en un instant.
[...] Même si une personne a commis les dix
mauvaises actions ou les cinq
forfaits, aussi longtemps qu'elle ne s'écarte pas
du Sutra du Lotus, il est certain qu'elle renaîtra sur
la Terre pure et atteindra la bodhéité
dans sa prochaine vie. Au contraire, le Sutra nous enseigne
que même une personne observant les préceptes, adhérant
à tous les autres sutras, et croyant en divers bouddhas et bodhisattvas,
tombera à coup sur dans les voies mauvaises si elle ne parvient pas à avoir foi dans le Sutra
du Lotus.
[...] L'étude attentive des sutras et des traités
révèle un principe, celui de zuiho
bini, valable pour des cas de ce genre. Il implique que, tant qu'aucun
acte de transgression grave n'est commis, même si l'on s'écarte
légèrement des enseignements bouddhiques, il est préférable
de ne pas s'opposer aux moeurs et aux coutumes du pays. C'est un précepte exposé par le Bouddha. [...] En accord avec ce précepte de zuiho
bini, puisque les divinités du Japon ont le plus souvent
formulé des restrictions concernant la période des règles,
ceux qui sont nés dans ce pays devraient peut-être en tenir
compte et respecter de telles interdictions.
Sur la récitation
des chapitres Hoben et Juryo (Kamakura
- 1264, à la femme de Hiki Daigaku Saburo Yoshimoto)
On appelle les mille ans qui suivirent la mort du
Bouddha l'époque du Dharma correct,
période où ceux qui observaient les préceptes étaient nombreux et où certains parvinrent à l'Éveil. Les mille ans de l'époque du Dharma
correct ont été suivis d'une période
de mille ans également, l'époque du Dharma
formel. Durant cette période, ceux qui transgressèrent
les préceptes étaient nombreux, et rares furent ceux qui parvinrent à l'Éveil. Cette époque du Dharma
correct est suivie par celle des Derniers
jours du Dharma,
d'une durée de dix mille ans. Au cours de cette période,
les êtres humains n'observent pas les préceptes et ne les
transgressent pas non plus ; le pays est empli uniquement de personnes
ignorant les préceptes. D'ailleurs, on l'appelle l'ère
de l'impureté et du désordre. A une époque non
corrompue, dans une ère de pureté, les hommes peuvent
rejeter ce qui est erroné et reconnaître ce qui est juste,
de même qu'un morceau de bois tordu peut être redressé
en suivant le tracé au cordeau d'un charpentier.
Encouragements
à une personne malade (décembre
1264, à Nanjo Hyoe Shichiro)
Si l’on pose les Sutra
des cinq préceptes (note)
devant une sculpture ou une image aux trente et un signes,
ce Bouddha devient dès lors égal Roi-qui-fait-tourner-la-Roue-du-Dharma.
Si l’on pose le Discours sur les dix actes de bien (Juzen
ron), il devient alors égal à Taishaku.
Si l’on pose un Discours sur l’émancipation du
monde des désirs (Shutsu-yoku
ron), il devient l’égal à Daibonten.
Cependant, il ne devient nullement Bouddha.
L’ouverture
des yeux des images sculptées ou peintes (Kamakura, 1264)
Si vous voulez
rapidement vous libérer des souffrances de la vie
et de la mort, vous devriez observer les cinq
préceptes et les deux cent cinquante préceptes. Cultivez votre bienveillance à
l'égard des autres, interdisez-vous de tuer tout être vivant,
et, comme l'éminent moine Ryokan, entreprenez la construction de
routes et de ponts. C'est le plus élevé de tous les enseignements.
Etes-vous prêt à y adhérer ?
[...] L'ignorant
joignit les mains avec encore plus de ferveur et dit : "En vérité,
c'est mon grand souhait d'y adhérer ! Je vous en prie, expliquez-moi
plus en détail. Vous parlez des cinq
préceptes et des deux cent cinquante préceptes, mais
j'ignore en quoi ils consistent. Accepteriez-vous de me les énumérer
précisément ? Le religieux
dit : Votre ignorance est un gouffre ! Même un enfant connaît
les cinq préceptes et les deux cent cinquante préceptes.
Je vais pourtant vous les expliquer. Ces cinq préceptes sont, premièrement,
l'interdiction d'ôter la vie ; deuxièmement, l'interdiction
de voler ; troisièmement, l'interdiction de mentir ; quatrièmement,
l'interdiction d'avoir des relations sexuelles illégitimes ; et,
cinquièmement, l'interdiction de boire des breuvages intoxicants.
Les deux cent cinquante préceptes sont nombreux, je ne les passerai
donc pas en revue ici.
[...] J'ai entendu
dire que les sages des temps anciens, observant les préceptes,
ne s'autorisaient même pas à prononcer les mots "tuer"
ou "amasser", leur substituant des circonlocutions plus pures
à leurs oreilles, et que, si leur regard rencontrait par hasard
la beauté d'une femme, ils s'efforçaient d'imaginer un cadavre.
Mais si nous regardons le comportement des moines qui, de nos jours, sont
censés observer les préceptes, nous voyons qu'ils amassent
de la soie, de l'argent et des bijoux, et ne dédaignent pas de
prêter de l'argent avec intérêt. Si leurs principes
et leur pratique diffèrent à ce point, qui pourrait leur
accorder la moindre confiance ?
[...][L'ignorant] A quoi l'éminent
personnage répondit : "Vous devez écouter avec les
oreilles de Ling Lun, emprunter
les yeux de Li Liu, faire le calme dans votre esprit, et je vais vous
expliquer cela. Il n'y a pas moins de 80000 enseignements bouddhiques, mais le père et la mère de toutes
les écoles, l'enseignement le plus important, est celui qui concerne
les préceptes et les règles
de conduite. En Inde, les bodhisattvas Vasubandhu et Ashvaghosha, et, en Chine,
les moines Huiguang et Daoxuan ont souligné leur importance. Et dans notre pays, sous le règne
du quarante-cinquième souverain, l'empereur Shomu,
le moine chinois Ganjin introduisit
au Japon les enseignements de l'école Ritsu en même temps que ceux de l'école Tendai,
et il établit au temple Todai-ji une salle pour y conférer les préceptes. Depuis cette époque
jusqu'à nos jours, pendant de longues années, les préceptes ont été révérés et ils sont chaque
jour un peu plus respectés.
[...] Si vous voulez
rapidement vous libérer des souffrances de la vie
et de la mort, vous devriez observer les cinq
préceptes et les deux cent cinquante préceptes. Cultivez votre bienveillance à
l'égard des autres, interdisez-vous de tuer tout être vivant,
et, comme l'éminent moine Ryokan, entreprenez la construction de
routes et de ponts. C'est le plus élevé de tous les enseignements.
Etes-vous prêt à y adhérer?
[...] Shubhakarasimha* et Amoghavajra* volèrent ces principes vitaux du Sutra du Lotus, et s'efforcèrent
d'en faire les points essentiels de leurs propres sutras. Mais, en fait,
c'est une supercherie ; leurs propres sutras et traités ne contiennent
pas la plus petite trace de ces principes. Vous devez vous hâter
de réformer votre jugement sur ce point ! Le fait est que le Sutra Vairocana* comprend chacune des quatre sortes
d'enseignement, et expose cette sorte de préceptes qui n'apportent
plus de bienfait lorsque la forme corporelle est arrivée à
sa fin. C'est un enseignement provisoire, désigné par des
maîtres chinois (note) comme entrant dans la catégorie Hodo*,
un groupe de sutras qui, selon la classification de Zhiyi*,
furent enseignés dans la troisième période.
[...]2 Voilà
pourquoi le Grand-maître* Guanding*,
dans son commentaire sur le Sutra
du Nirvana, déclare : "Jadis, l'époque
était paisible et le Dharma facile à propager dans tout
le pays. A l'époque, il convenait d'observer les préceptes et de ne pas porter de bâton. Mais, maintenant, l'époque
est dangereuse et le Dharma obscurci. Il convient donc de porter un bâton
et de ne pas observer les préceptes. Et si le présent,
comme le passé, était une époque paisible, il conviendrait
dans ces deux périodes d'observer les préceptes.
[...] D'innombrables moines, coupables d'avoir
transgressé les préceptes, éprouvaient un profond
ressentiment à l'encontre de ce dévot et l'attaquèrent,
mais le roi Utoku, décidé
à protéger le Dharma correct, lutta contre ces opposants.
Conversation
entre un sage et un ignorant (1265
? à un samouraï ?)
Il est donc encore moins concevable
que des auditeurs-shravakas,
des bodhisattvas ou des bouddhas puissent mentir ! Par le
passé, alors que le Bouddha n'était encore qu'un simple
mortel pratiquant les enseignements des sutras du Hinayana,
il observa les cinq préceptes.
Le quatrième d'entre eux est l'interdiction du mensonge. Il respecta
rigoureusement ce précepte, sans jamais le transgresser, même
si cela mettait ses biens ou sa vie en danger. Quand il
commença à pratiquer les enseignements des sutras du Mahayana,
il observa les dix préceptes
majeurs, le quatrième proscrivant totalement le mensonge.
Il observa fidèlement ce précepte sans le violer une seule
fois durant un nombre incalculable de kalpa,
jusqu'à ce que finalement, grâce au mérite ainsi
acquis, il obtînt le corps d'un bouddha ; et, parmi les trente-deux
traits caractéristiques du corps d'un bouddha, la langue longue et large. [...] Sous elle [la langue] se trouvent
deux joyaux qui sécrètent la rosée d'ambroisie. Tel est
le bienfait acquis par le Bouddha en observant le précepte de
ne jamais mentir.
[...] De même, il est dit dans les divers
sutras que les bodhisattvas et les personnes de grandes capacités parviendront à la bodhéité. Mais les personnes
des deux véhicules, les personnes
ordinaires, les personnes mauvaises et les femmes, ou encore les personnes
qui vivront à une époque future, âgées, oisives
et n'observant pas les préceptes, ne reçoivent pas l'assurance
de renaître sur la Terre pure ou d'atteindre la bodhéité.
L'essentiel du chapitre
Yakuo (1265- ? peut-être
à la mère de Nanjo Tokimitsu)
Le Bouddha
est comparé à l'amoncellement des nuages, ses enseignements,
aux pluies abondantes, et les plantes et arbres assoiffés, à
tous les êtres vivants. Quand ces derniers sont arrosés par
la pluie des enseignements bouddhiques et quand ils observent les cinq
préceptes, les dix
préceptes de bien, et les
pratiques de méditation, ce qui est source de bienfaits,
ils fleurissent et portent des fruits.
[...] Quand des nuages s'amoncellent dans le ciel,
après une période de grande sécheresse et qu'une
forte pluie tombe sur le sol, partout, d'innombrables plantes et arbres
assoiffés vont bourgeonner et donner des fruits. Mais cela n'est
pas vrai des graines que l'on a brûlées. Elles ne germeront
jamais. Au contraire, une pluie abondante les fera pourrir. Le Bouddha
est comparé à l'amoncellement des nuages, ses enseignements,
aux pluies abondantes, et les plantes et arbres assoiffés, à
tous les êtres vivants. Quand ces derniers sont arrosés
par la pluie des enseignements bouddhiques et quand ils observent les cinq préceptes, les dix préceptes de bien,
et les pratiques de méditation,
ce qui est source de bienfaits,
ils fleurissent et portent des fruits. Mais les graines brûlées
ne germeront jamais, même si elles sont exposées à
la pluie.
[...] Le moine Sunakshatra observait les deux cent cinquante préceptes,
maîtrisait les quatre niveaux
de méditation, avait mémorisé les douze
procédés de sutra ; et Devadatta connaissait parfaitement les 60 000 enseignements non bouddhiques, les
80000 enseignements bouddhiques et pouvait manifester 18 pouvoirs
surnaturels. Mais parce qu'ils avaient des connaissances et pas
la foi, on dit qu'ils sont maintenant dans la grande citadelle de l'enfer avici.
[...] Sous le règne de l'empereur Xuanzong de la dynastie Tang, au
total 176 traducteurs se rendirent en Chine, emmenant avec eux 1.076
sutras, recueils de préceptes et traités comprenant 5.048
rouleaux contenus dans 480 étuis. Ces écrits sacrés
découlent tous du seul caractère Kyo du Sutra du Lotus.
Le Daimoku du Sutra
du Lotus (1266
à une femme d'Amatsu)
Les lettrés de notre époque s'accrochent
à des conceptions erronées. Ils auront beau être
des sages ayant maîtrisé l'enseignement des quatre-vingt
mille corbeilles et connaissant par coeur les douze
catégories de sutras, et observer strictement les préceptes du Hinayana et du Mahayana,
s'ils tournent le dos à ce principe, il faut savoir qu'ils ne
pourront éviter de tomber dans les mauvaises
voies.
[...] Mais un jour, subitement, le Savant-maître* mourut. Et de nombreux gardiens de l'enfer apparurent, le ligotèrent
avec sept chaînes de fer et le conduisirent au palais du roi.
N'est-ce pas là une grande source d'étonnement ? Quel crime avait-il bien pu commettre pour recevoir une telle punition ? Peut-être dans la vie qu'il venait de vivre avait-il commis certaines
des dix mauvaises actions,
mais il ne s'était certainement rendu coupable d'aucune des cinq
forfaits. Et en réfléchissant à ses
existences passées, pour être né fils de roi, prince
héritier d'un grand royaume, il devait avoir strictement observé
les dix préceptes de bien et loyalement servi cinq cents bouddhas. Quelle faute, alors, pouvait-il
avoir commise ?
[...]Nous lisons aussi que ces personnes ne se
trouveront nulle part ailleurs que parmi les sages qui observent les deux cent cinquante préceptes,
ceux qui revêtent la triple robe du moine bouddhiste et portent le bol
à aumônes.
Le savant maître
Chan-wou-wei (Kamakura, 1270 à
Joken-bo et Gijo-bo)
Les
confucianistes enseignèrent tout d'abord les principes de bienséance* et de musique (note) de sorte que, quand les écrits
bouddhiques furent introduits en Chine, les concepts de préceptes, méditation et sagesse-prajna (note) furent plus aisément compris.
[...] Les fervents
adeptes des enseignements non bouddhiques observent les cinq
préceptes et les dix
préceptes du bien, pratiquent une forme élémentaire
de méditation et, s'élevant à travers les mondes
de la forme et du sans
forme, s'imaginent avoir atteint le nirvana lorsqu'ils parviennent au plus haut niveau du monde des trois
plans. [...] Avec le temps, le bouddhisme se
répandit et certains moines bouddhistes choisirent de revenir aux
croyances autochtones ou furent contraints de retourner à la vie
profane parce qu'ils avaient enfreint les préceptes.
Par leur intermédiaire, les principes bouddhiques furent usurpés
par les écoles confucianiste et taoïste.
[...] De plus, Shariputra, Mahakashyapa et les autres disciples, personnes des deux
véhicules, observaient scrupuleusement les deux
cent cinquante préceptes et les trois mille règles de
conduite (note), pratiquaient les trois
sortes de méditation*, appliquaient les enseignements des sutras agama*,
et s'étaient libérés des illusions de la pensée et du désir dans le monde des trois
plans. Par conséquent, ils auraient dû être exemplaires
dans la compréhension de leurs obligations et l'acquittement de
leurs dettes de reconnaissance.
[...] Il est écrit dans le Sutra
du Nirvana : "Portez des sabres et des bâtons"
et dans le troisième volume il est dit que les défenseurs
du Dharma correct n'ont pas besoin d'observer les cinq préceptes ou de respecter les règles de la conduite correcte...
[...] Il y est dit, par conséquent, que les défenseurs du
Dharma correct n'ont pas besoin de se plier à des règles
tatillonnes. Et c'est pourquoi il y est dit qu'ils ont pas besoin de respecter
les règles de la conduite correcte. Jadis, l'époque était
paisible et le Dharma facile à propager dans le pays entier. A
l'époque, il convenait d'observer les cinq préceptes et de ne pas porter de bâtons. Mais maintenant, l'époque
est dangereuse et le Dharma obscurci. Il convient donc de porter des bâtons
et de ne pas observer les cinq préceptes. Cela
vaut pour le passé comme pour le présent. Si l'époque
est dangereuse, il convient de porter des bâtons. Et, au présent
comme par le passé, si l'époque est paisible, il convient
d'observer les cinq préceptes.
[...] Quand le
Bouddha se trouvait au Parc aux Daims,
il fit l'éloge des sutras Agama* et prescrivit aux hommes d'observer les deux
cent cinquante préceptes, félicitant chaleureusement
ceux qui agissaient ainsi ; mais, par la suite, il revint dessus et
se mit à les condamner. C'était une de ces contradictions qu'il est difficile de passer sous silence.
[...] Le Bouddha
dit dans le Sutra du Nirvana.
"Après ma disparition, [lorsque la période du Dharma
correct sera achevée et] que les hommes seront entrés
dans la période du Dharma
formel, on verra des moines qui, en apparence,
respecteront les préceptes. Mais c'est à peine s'ils liront
ou réciteront les sutras, et ils préféreront rechercher
avec avidité toutes sortes d'aliments et de boissons pour satisfaire
leur corps. Tout en portant la robe de moine, ils seront comme des chasseurs,
épiant et traquant leur proie. Ils seront comme un chat qui rode
en quête de souris. Et sans cesse ils répéteront : "J'ai atteint le stade d'arhat ! "
Extérieurement, ils auront l'air sages et bons, mais au fond d'eux-mêmes
ils éprouveront convoitise* et jalousie.
[...]2 De plus,
le Grand-maître* Saicho* du Mont Hiei est honoré par
les moines de tout le Japon comme le maître qui fait recevoir les préceptes [l'ordination].
Comment des moines peuvent-ils être attirés par un homme
comme Honen, possédé
par le Démon du sixième
Ciel, et rejeter le Grand-maître* Saicho*,
qui instaura jusqu'à la tonsure qui leur a été conférée ? Si Honen était vraiment un
sage, pourquoi n'a-t-il pas mentionné dans son Senchaku
Shu, les commentaires de Saicho* et Genshin* que je viens de citer, afin de résoudre ainsi la question ? [Il ne l'a pas fait, parce qu'] il est de ceux qui cachent les enseignements
des autres. [Ce que le Sutra du Lotus appelle] la seconde sorte
d'ennemis, "les moines de cette époque mauvaise", sont
précisément ceux qui, comme Honen, transgressent les préceptes et ont des conceptions erronées.
[...] Le principe [de la rétribution karmique s'exerce dans les dix
mondes-états, il] s'exerce même dans l'état de
bouddha. Même si quelqu'un tue quantité de personnes, au
Japon, en Chine et dans tous les pays, s'il ne commet aucun des cinq
forfaits et ne s'oppose pas au Dharma, il ne tombera pas dans l'enfer avici. Mais il renaîtra dans
les mauvaises voies et en
restera prisonnier pendant d'innombrables années. Même si
l'on observe de nombreux préceptes et si l'on accomplit quantité de bonnes actions, si l'on agit ainsi
avec un esprit qui n'est pas totalement dirigé vers le bien, on
ne peut pas renaître au ciel,
dans le monde de la forme [où
les êtres sont libérés des désirs].
[...] Quand on lit dans le Sutra du Nirvana : "Portez des sabres et des bâtons et coupez-leur la tête!",
cela désigne la méthode de shakubuku.
Ces méthodes différent parce que l'une est indulgente et
l'autre sévère, mais toutes deux amènent des bienfaits." Dans le Guketsu, Zhanlan* commente ce passage ainsi : "A propos des deux méthodes
de propagation de l'enseignement du Bouddha, il est écrit dans
le Sutra du Nirvana : "Portez des sabres et des bâtons" et dans le troisième
volume il est dit que les défenseurs du Dharma correct n'ont pas
besoin d'observer les cinq préceptes ou de respecter les règles de la conduite correcte. [...] Les défenseurs du Dharma
correct n'ont pas besoin de se plier à des règles tatillonnes.
Et c'est pourquoi il y est dit qu'ils ont pas besoin de respecter les
règles de la conduite correcte. Jadis, l'époque était
paisible et le Dharma facile à propager dans le pays entier. A
l'époque, il convenait d'observer les cinq
préceptes et de ne pas porter de bâtons. Mais maintenant,
l'époque est dangereuse et le Dharma obscurci. Il convient donc
de porter des bâtons et de ne pas observer les cinq préceptes.
[...] On lit
dans le Sutra du Nirvana : "Le bodhisattva Kasho s'adressa au Bouddha et lui demandai : "Le Corps du Dharma* que vous possédez est aussi indestructible qu'un diamant. Mais
je ne comprends toujours pas comment vous l'avez acquis. Pourriez-vous
me le dire ?" "Le Bouddha répondit : "Kasho,
c'est parce que j'ai protégé le Dharma correct que j'ai
pu obtenir ce corps semblable à un diamant, éternel et indestructible. "Hommes de foi sincère, ceux qui protègent
le Dharma correct n'ont pas besoin d'observer les cinq préceptes ou d'obéir aux règles de conduite correcte. Ils doivent
plutôt porter poignards et sabres, arcs et flèches. [...] Même s'ils observent rigoureusement
les préceptes et se comportent de manière irréprochable,
vous devez comprendre qu'ils sont incapables [de protéger le Dharma]. "Puis, à d'autres époques, certains
transgressent les préceptes. A peine ont-ils fini d'écouter
le moine qui enseigne le Dharma qu'ils deviennent furieux et l'attaquent.
Celui qui enseigne le Dharma de cette manière, même si pour
cela il doit finalement perdre la vie, est encore digne d'être considéré
comme une personne qui observe les préceptes et obtient des bienfaits pour lui-même et pour les autres."
Traité pour
ouvrir les yeux (Sado,
février 1272 à Shijo Kingo)
Quand il n'y a pas de papier,
il faut se servir de sa propre peau. Et en l'absence de pinceau, il
faut se servir de ses propres os. A une époque où la société
accepte le Dharma correct, suit les préceptes et condamne ceux
qui les transgressent ou les ignorent, il faut fidèlement les
observer tous.
[...] Celui
qui vole la nourriture ou les vêtements d'autrui est assuré
de tomber dans l'état d'avidité. Celui qui se moque des
gens nobles ou de quiconque observe les préceptes naîtra
dans une famille pauvre. Celui qui calomnie une famille qui pratique le Dharma correct naîtra dans une famille
qui pratiquera des enseignements erronés. Celui qui ridiculise
ceux qui observent les préceptes naîtra parmi les gens
du commun et sera persécuté par son souverain. Tel est
le Dharma général de cause à effet.
La Lettre de Sado (Sado, 20
mars 1272, à Toki
Jonin)
En fait,
depuis le 2e mois [février], j'ai commencé à vous
enseigner des principes importants. Cela a eu pour résultat que
le 8e jour du 4e mois [le 8 avril], dans la nuit, à l'heure du Tigre [4 h du matin], j'ai conduit pour vous la cérémonie
d'ordination au précepte (note) de l'enseignement
parfait* du Dharma Merveilleux. Comment
une personne ayant reçu cette ordination pourrait-elle ne pas
devenir, au cours de son existence présente, un bouddha de l'Éveil
parfait.
Réponse
à Sairen-bo (Sado,
le 13 avril 1272, à Sairenbo Nichijo)
Ce joyau
qu'est le caractère Myo contient toutes les rétributions
reçues par le Bouddha en pratiquant les six paramitas dans ses existences passées : les bienfaits obtenus par Shakyamuni lorsqu'il fit don de son corps à une tigresse
affamée (note) ou lorsqu'il offrit sa propre chair pour sauver
une colombe (note) ; ceux qu'il obtint sous
la forme du roi Shudama, lorsque,
pour rester fidèle à sa parole, il refusa de transgresser
les préceptes ; les bienfaits obtenus sous la forme de l'ascète Ninniku lorsqu'il endura la punition
infligée par le roi Kari ; ou sous la forme du prince Nose et sous celle de l'ascète Shojari.
Le seul caractère Myo contient tous les bienfaits accumulés
au cours de ces six vies, aussi bien que tous les autres bienfaits possibles.
Ainsi, nous, simples mortels vivant à l'époque mauvaise
des Derniers jours du Dharma,
sans avoir créé une seule bonne cause [parce que Shakyamuni
nous a légué le caractère myo], nous pouvons obtenir
autant de bienfaits que si nous étions parvenus nous-mêmes
au terme des dix mille différentes pratiques des six paramitas.
Lettre à
Nichimyo Shonin (Sado,
le 25 mai 1272 à Nichimyo, mère de Oto Gozen)
Le roi
d'un pays est une personne qui, dans une vie précédente,
surpassait de loin tous les autres dans l'observance des grands
préceptes, et que, le ciel, la terre et les diverses divinités,
comme rétribution, ont autorisée à devenir un dirigeant.
C'est selon les mérites qu'il a acquis dans l'observance des préceptes qu'un roi règne sur tel pays ou sur tel autre. [...] Et, s'il va trop loin dans sa mauvaise conduite, les dieux du ciel et
les autres divinités l'abandonneront et quitteront son pays.
Ou, si la bonne fortune acquise
par ce dirigeant en observant les préceptes s'est totalement
épuisée, il est possible que son État tout simplement
périsse.
[...] La raison
pour laquelle le corps et les os du Bouddha peuvent devenir des joyaux
exauçant les voeux est que les grands préceptes (note), qu'il observa pendant d'innombrables kalpas, ont imprégné
son corps de leur parfum et pénétré ses os, jusqu'à
en faire des joyaux capables de sauver tous les êtres.
La voix pure et
portant loin (Sado,
septembre 1272, à Shijo Kingo)
Le ciel protège immanquablement ceux qui observent les préceptes et pratiquent le bien. Si ceux qui se trouvent dans le monde-état
des hommes n'observent pas les préceptes et ne pratiquent pas le bien, après leur mort, ils renaîtront
pour la plupart dans le monde des asuras.
Et si les personnes dans le monde-état des asuras sont très nombreuses, leur orgueil ne cessera de croître
et, inévitablement, elles se lanceront à l'attaque du Ciel. Mais si les
personnes nées dans le monde-état des hommes observent les préceptes et pratiquent le bien, après leur mort, elles
renaîtront immanquablement dans le monde-état
du Ciel. Si les personnes dans le monde-état du ciel sont très
nombreuses, les asuras auront peur
d'elles et n'oseront pas s'attaquer au Ciel. Voilà pourquoi le
ciel protège immanquablement les personnes qui observent les préceptes et pratiquent le bien. Grâce
à leur observance des préceptes, les personnes des deux
véhicules ont acquis plus de mérites et une sagesse
plus pénétrante que les personnes ordinaires dans les six
voies. Comment pourraient-elles donc jamais abandonner le Sutra
du Lotus, ce Sutra qui leur a permis d'atteindre la bodhéité ? [...] Même
si le pratiquant du Sutra du Lotus a peu de mérites, même
s'il manque de sagesse, s'il est impur et dépourvu des vertus liées
à l'observance des préceptes,
tant qu'il récitera Namu Myoho
Renge Kyo, il sera immanquablement protégé.
[...] Les époques
du Dharma correct et du Dharma
formel sont déjà passées. Ceux qui observent
les préceptes sont donc aussi rares que des tigres sur une place
de marché ;
Sur la prière (Sado,
1272 à Sairen-bo)
Dans le Sutra Dainehan,
il est dit : "Lorsque l'époque du Dharma
correct sera achevée et que nous serons entrés dans
l'époque du Dharma
formel, on verra des moines qui, en apparence,
respecteront les préceptes. Mais c'est à peine s'ils liront
ou réciteront les sutras, et ils préféreront rechercher
avec avidité toutes sortes d'aliments et de boissons pour satisfaire
leur corps...
[...] Ces temples
démoniaques sont apparus dans le monde pour détruire les
temples bouddhiques du Mont Hiei et les autres temples de l'école Hokke-Tendai.
"Vêtus de haillons" et "qui, en apparence, respectent
les préceptes [de la vie monastique]" désigne de
nos jours "ceux qui observent les préceptes", avec
leurs surplis faits de cinq, sept ou neuf pièces d'étoffe (note).
[...] Pourtant, parmi les trois sortes
de discipline, il [Zhiyi] enseigna la méditation (note) et la sagesse-prajna parfaites,
mais pas les préceptes de l'enseignement parfait*.
Ensuite, mille huit cents ans après la mort du Bouddha, le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon et réfuta les doctrines erronées des six écoles bouddhiques
répandues pendant deux cents ans ou plus, depuis l'époque
de l'empereur Kimmei. De plus,
il énonça les préceptes menant à l'Éveil
immédiat et parfait [que Zhiyi* n'avait pas révélés]. Ce furent les préceptes d'ordination selon l'enseignement
parfait* conférés au sanctuaire du Mont Hiei.
Réponse au seigneur
Hakiri Saburo (Sado,
3 août 1273 à Hakiri Sanenaga)
[Parmi les religieux, ] les fautes des moines qui observent
les préceptes sont pires que celles des moines qui les transgressent,
et celles des savants-maîtres* pires encore. Des moines de ce genre sont comparables, à ceux
qui, parmi les lépreux, sont atteints de lèpre blanche,
et, parmi ces derniers, aux plus gravement atteints de tous.
Le don du mandala
du Dharma Merveilleux (Sado,
1273 à Sennichi-ama)
Le bodhisattva Fukyo fut honni par des moines arrogants qui observaient scrupuleusement les
deux cent cinquante préceptes.
Moi, Nichiren, j'ai été calomnié et insulté
par Ryokan qui passe pour le moine
le plus rigoureux dans l'observance des préceptes.
Réfuter l'opposition
au Dharma bouddhique pour se libérer de ses fautes passées (Sado, 1273
à Shijo Kingo)
Les écoles Kusha, Jojitsu, Ritsu disent : « Les explications du Bouddha sont dans les quatre Agon et dans les Préceptes, le Kegonkyo* et le Sutra du Lotus* ne sont pas des explications du Bouddha, ce sont des livres de non-bouddhistes », etc.
Traité sur l'essentiel du Lotus (Minobu, le 29 juin 1974, à Toki Jonin)
Le plus précieux des trésors,
pour les êtres sensitifs,
n'est autre que la vie elle-même. Ceux qui ôtent la vie
sont condamnés à tomber dans les trois
mauvaises voies. C'est pourquoi les Rois-faisant-tourner-la-roue observent, comme le premier des dix
préceptes de bien, le précepte de "ne pas tuer".
Le Bouddha instaura les cinq préceptes au début des sutras du Hinayana,
et il fit de l'interdiction de tuer le premier d'entre eux. Dans le Sutra Bommo, le Bouddha
fit aussi de l'injonction à "ne pas tuer" le premier
des dix préceptes
majeurs du bouddhisme Mahayana.
Le chapitre Juryo* (XVI) du Sutra
du Lotus contient des bienfaits correspondant à ce précepte de "ne pas tuer"
énoncé par le Bouddha Shakyamuni (note).
Ainsi, ceux qui commettent des meurtres seront abandonnés par
tous les bouddhas des trois phases de la vie et ne seront pas protégés par les divinités
des Six cieux du monde du désir.
Cela, même les lettrés non bouddhistes l'ont établi
depuis longtemps, et moi, Nichiren, je le comprends suffisamment.
Faire connaître
cet enseignement à votre seigneur (Minobu,
9e mois de 1274 à Shijo Kingo)
Les adeptes
des autres écoles essaieront peut-être de vous contredire
en citant le passage du Daichido Ron* dans lequel il est dit : "Ceux qui dénigrent
l'enseignement des autres par attachement au leur, même s'ils
observent les préceptes, ne pourront manquer de tomber dans les voies mauvaises."
[...] Dans sa
pétition à Hojo Tokimune, Ryokan, de l'école Ritsu,
a écrit : "Je dois me plaindre de ce fait :
Il y a un moine, du nom de Nichiren, qui prétend que ceux qui
observent les préceptes tomberont en enfer. Dans quel sutra ou
traité trouve-t-on une telle affirmation?
[...] Les tenants
du Ritsu transgressent les préceptes avec autant de violence qu'une montagne s'effondre ou qu'une rivière
déborde. Loin de pouvoir atteindre la bodhéité,
ils ne pourront même pas renaître dans les mondes-états des hommes ou du ciel.
Le Grand-maître* Zhanlan* a dit : "Ceux qui observent ne serait-ce qu'un précepte pourront renaître en tant qu'être humain, mais ceux qui
transgressent ne serait-ce qu'un précepte, tomberont dans les
trois mauvaises voies. (réf.) Vous devriez
leur demander : "Qui, parmi les disciples de Ryokan de l'école Ritsu, observe
ne serait-ce qu'un seul des préceptes énoncés dans
les sutras Saiho, Shobonen et autres ? Qui observe véritablement
un seul des préceptes enseignés dans les sutras Agama* et dans divers sutras du Mahayana et du Hinayana ? Il ne
fait aucun doute qu'ils sont destinés à tomber dans les trois mauvaises voies ou dans l'enfer avici. Comme c'est
regrettable pour eux ! " Et vous devriez ensuite leur citer
l'explication donnée dans le chapitre Hoto* (XI) du véritable sens de "l'observance des préceptes (note)".
[...] Comment se pourrait-il que ces cinq caractères ne contiennent
pas les bienfaits que l'on peut obtenir en observant tous les préceptes du Bouddha ? Ceux qui ont adhéré à ce précepte merveilleux qui comprend tous les autres, même s'ils le voulaient,
ne parviendraient pas à le détruire. C'est pourquoi on
l'appelle le précepte du Calice
de diamant. C'est seulement en observant ce précepte que
les bouddhas des trois phases de
la vie ont obtenu le Corps du Dharma*,
le Corps de Manifestation* et le Corps
de Sagesse*,
et sont devenus des bouddhas dans le passé
infini et dans l'avenir sans limites. A ce propos, le Grand-maître* Zhiyi* écrivit : "Le Bouddha conserva ce précepte secret
et ne le révéla dans aucun autre sutra que le Sutra
du Lotus."(réf.) De nos jours, ceux qui vivent à l'époque des Derniers
jours du Dharma et se consacrent à la pratique de Myoho Renge Kyo telle qu'elle
est enseignée dans le Sutra, qu'ils soient sages ou
ignorants, moines ou laïcs, de la plus haute ou de la plus basse
condition, ne peuvent manquer d'atteindre la bodhéité.
C'est précisément pour cela qu'il est dit, à propos
des pratiquants du Sutra du Lotus à l'époque
mauvaise et impure des Derniers jours
du Dharma qui suivra la disparition du Bouddha : "II ne fait aucun doute
qu'ils atteindront la bodhéité."(réf.) Par contre,
ceux qui s'appuient sur les enseignements
provisoires, sans tenir compte du témoignage du Bouddha Shakyamuni,
de Taho et des bouddhas
des dix directions, tomberont immanquablement dans l'enfer avici.
Maintenant qu'un précepte aussi précieux a été
révélé, aucun des préceptes exposés
dans les enseignements antérieurs au Sutra du Lotus, ou même dans l'enseignement
théorique* du Sutra du Lotus n'a plus le moindre pouvoir bénéfique.
[...] A l'époque
où ce précepte merveilleux de l'enseignement
essentiel* devra se propager, il est certain que se produiront des phénomènes
sans précédent. Les tremblements
de terre de l'ère Shoka et la comète de l'ère Bun'ei sont des présages de ce genre. Mais qui, de nos jours, dans quelle
école bouddhique, propage les principes du Honzon de l'enseignement essentiel* et du Grand Sanctuaire (kaidan)
de l'enseignement essentiel* ? (note)
[...] On m'a
rapporté que, lorsque Ryokan a su que je vivais retiré dans une province lointaine, il a dit
à la ronde : "J'aimerais que Nichiren revienne le plus
tôt possible à Kamakura.
En tenant un débat sur la doctrine avec lui, je dissiperais les
doutes." Demandez donc si se vanter ainsi en rabaissant les autres
fait partie des préceptes de l'école Ritsu.
Car, lorsque je suis rentré à Kamakura,
il a fait barricader son entrée et fermer ses portes.
Enseignement,
pratique et preuve (Minobu, 1274
? à Sammi-bo)
Ce Gohonzon ne fut jamais mentionné dans les sutras, les préceptes et les traités apportés par les nombreux maîtres
bouddhistes qui allèrent d'Inde en Chine, non plus que par les
moines qui firent le voyage de Chine en Inde.
Réponse à
Nii-ama (Minobu,
16 février 1275 à Nii-ama)
De même, mon Véritable
Enseignement ne sera pas détruit par les personnes démoniaques,
les non-croyants et les démons, mais par les préceptes de
ces maîtres qui portent toujours leurs robes de bouddha ou d'arhats aux six pouvoirs mystiques, ceux-là
mêmes qui suivent à la lettre la pratique de la mendicité
en tendant leur bol
à aumônes, et par ces grands-prêtres vénérés
par la population, comme si de grands vents faisaient ployer l’herbe
et les arbres.
[...] Moi, Nichiren,
je n'observe pas les préceptes concernant les gestes. Et mon coeur n'est pas non plus exempt des trois
poisons. Mais, parce que je crois moi-même au Sutra du
Lotus, et que j'aide également les autres à créer
un lien avec lui, je pensais que peut-être la société
me traiterait avec quelque douceur. Sans doute parce que le monde est
entré dans l'époque des Derniers
jours du Dharma,
même des moines ayant femme et enfants ont des adeptes, aussi
bien que des moines mangeant poisson et volaille. Je n'ai ni femme ni
enfants et ne mange ni poisson ni volaille. La seule chose que l'on
puisse me reprocher est de propager le Sutra du Lotus. Bien
que sans femme ni enfant, je passe dans le pays entier pour un moine
qui transgresse les règles de bonne conduite, et, alors que je
n'ai même pas tué une fourmi ou un grillon, j'ai la réputation
d'un malfaiteur dans le pays entier. [...] Je ne suis qu'un moine sans préceptes, vil et ignorant. Cependant, quand je pense qu'une
personne telle que moi est mentionnée dans le Sutra du Lotus exposé il y a plus de deux mille ans, et que le Bouddha a prédit
que cette personne rencontrerait des persécutions, je ressens
une joie indescriptible.
[...] Même les rois ayant observé les dix
préceptes de bien développeront avidité, arrogance et ignorance. Les hommes cesseront de remplir leurs devoirs envers leurs
parents, et les six sortes de parents entreront en conflit. Mes disciples seront des gens sans instruction
et sans préceptes.
Mes disciples [de Shakyamuni] seront des gens sans instruction
et sans préceptes. Pour cette raison, même s'ils reçoivent
la tonsure, les divinités protectrices les abandonneront et ils
n'auront aucun moyen de subsistance.
[...] On lit dans le Sutra
Daijuku : "Si, dans la cinquième
période de cinq cents ans, une personne harcèle un
moine ignorant n'observant pas les préceptes et l'accuse d'un
crime quelconque, sachez que cette personne éteint le flambeau
du bouddhisme."
[...] Les sutras Shinjikan, Bommo et d'autres
encore affirment que ceux qui étudient le bouddhisme et reçoivent
les préceptes menant à l'Éveil
parfait et immédiat doivent nécessairement s'acquitter
de leur dette de reconnaissance.
[...] Le Bouddha dit
: "Roi Bonten, supposez qu'une
personne, par respect pour moi, entre dans la vie religieuse. Même
si elle n'a jamais reçu les préceptes et si, par conséquent,
elle ne peut pas les observer, si on la harcèle, on la dénigre
ou la frappe à coups de bâton, le crime de ses persécuteurs
sera encore plus grave que s'ils avaient versé le sang de cent
mille bouddhas."
Souverains de notre
pays (Minobu,
février 1275)
Par la
suite, Siddhartha abandonna
la vie séculière pour rechercher l'Éveil,
et Devadatta fit comme lui.
Il quitta sa famille et entra dans la vie religieuse en prenant pour
maître le moine Sudaya.
Parce que le Bouddha observait les deux
cent cinquante préceptes et se pliait aux trois mille règles
de conduite (note),
il était admiré des êtres humains aussi bien que
célestes, et les quatre
sortes de croyants l'honoraient et le révéraient.
Mais personne n'accordait autant de respect à Devadatta.
Il se demanda donc de quelle façon il pourrait obtenir une notoriété
encore plus grande que celle du Bouddha. Devadatta trouva cinq points qui pourraient marquer sa supériorité
sur le Bouddha et lui vaudraient le respect de la société.
Ils sont énumérés dans le Shibunritsu*.
Ce sont : 1) ne se vêtir que de guenilles 2) se nourrir exclusivement
d'aumones 3) ne prendre qu'un repas par jour 4) rester constamment dehors
en position assise 5) ne jamais manger ni sel ni aucun autre des cinq
goûts. Le Bouddha acceptait les vêtements qui lui étaient
offerts, mais Devadatta ne
se vêtait que de vieux tissus déchirés. Le Bouddha
acceptait un repas si on le lui servait, mais Devadatta vivait exclusivement de la nourriture déposée en aumône
dans son bol. Le Bouddha mangeait une, deux ou trois fois par jour,
mais Devadatta, une fois seulement.
Le Bouddha s'abritait parfois dans des cimetières ou sous des
arbres, mais Devadatta restait
assis toute la journée en plein air. Le Bouddha consentait occasionnellement
à prendre des aliments salés ou assaisonnés d'une
des cinq fortes saveurs, mais Devadatta les refusait tous.
Et parce que Devadatta observait
ces règles, les gens en vinrent à le considérer
comme bien supérieur au Bouddha, et à penser qu'il y avait
autant d'écart entre eux qu'entre des nuages et de la boue.
[...] Un roi-faisant-tourner-la-roue
a le pouvoir d'aller en un instant d'un bout à l'autre des quatre
continents ; il est donc servi et protégé par les êtres
célestes aussi bien que par les esprits invisibles, et les rois-dragons font tomber la pluie à sa demande. Même une personne ordinaire
de faibles capacités, lorsqu'elle est au service d'un tel souverain,
peut, elle aussi, se rendre instantanément en n'importe quel
lieu des quatre continents. Toutes ces rétributions ont pour
seule raison la rigoureuse observance des dix
préceptes de bien par les rois-faisant-tourner-la-roue.
[...] Taishaku est le souverain du Ciel Tushita,
et, au sommet du monde du désir,
réside le Roi-Démon
du sixième Ciel qui gouverne le monde des trois
plans. Ces êtres ont obtenu leurs pouvoirs en respectant les plus élevés des dix préceptes
de bien et en accomplissant l'acte le plus vertueux, celui qui consiste
à faire des dons en toute impartialité à tous les
êtres humains.
[...] Au degré
supérieur se trouvent les auditeurs-shravakas.
Les auditeurs-shravakas sont ceux qui, comme Shariputra ou Mahakashyapa, non contents
d'observer les deux cent cinquante préceptes et de pratiquer
la méditation libre de
toute illusion, ont profondément médité sur la souffrance, la non-substantialité,
la non-permanence et le
non-soi. [...] D'autres encore,
où les pratiquants de ce Sutra reçoivent des coups de
canne et de bâton, pratiquent l'ascèse ou observent divers préceptes. Mais il peut y avoir des moments où, malgré
ces pratiques, il reste impossible de devenir bouddha.
[...] Question.
À quelle époque faut-il faire don de son propre corps
et à quelle époque faut-il observer les préceptes ? Réponse.
Le sage est celui qui, comprenant le temps, propage les enseignements
du Sutra du Lotus par la méthode qui y correspond ; c'est
sa tâche la plus importante.
[...] Si un mauvais
roi essaye de faire disparaître le Sutra du Lotus, même
si l'on doit pour cela risquer sa propre vie, il ne faut pas le suivre.
Et si des moines éminents, observant les préceptes et
des pratiques ascétiques,
détruisent en réalité l'enseignement du Sutra
du Lotus tout en faisant semblant de le propager, il faut en prendre
clairement conscience et les réprimander.
Lettre à Horen (Minobu,
avril 1275 à Soya Kyoshin)
De nos jours
il est évident que le Sutra du Lotus reste, comme par
le passé, l'enseignement suprême. Mais la pratique change
selon les époques. Aujourd'hui, se retirer dans les forêts
ou les montagnes pour lire ou réciter le Sutra, ou l'exposer
en vivant dans un village et en observant quantité de préceptes,
ou même se brûler les coudes en offrande ne permet plus
d'atteindre la bodhéité.
[...] Mais laissons
cela. Pour ce qui est de l'exemplaire du Sutra du Lotus que
je vous envoie, demandez au moine Gakujo de vous le lire régulièrement. Mais, quoi que l'on vous
dise, ne laissez jamais ouvrir ces volumes du Sutra par aucun moine
du Nembutsu, du Shingon ou par ceux qui observent les préceptes.
Et ne leur faites pas confiance, même si certains se disent disciples
de Nichiren, s'ils ne vous en apportent pas une preuve établie
de ma main.
Lettre au nyudo
d'Ichinosawa (Minobu,
le 8 mai 1275, à l'épouse du nyudo d'Ichinosawa)
Ce fut
comme ce qui s'était passé en Chine, lorsque les maîtres
des écoles bouddhiques du Sud et du Nord, après avoir
été vaincus dans un débat, au palais de la dynastie Chen, par le Grand-maître* Zhiyi*,
devinrent ses disciples. Mais des trois
disciplines Zhiyi* n'avait utilisé que la méditation parfaite et la sagesse
parfaite. Le Grand-maître* Saicho* fit plus. Il réfuta les principes spécifiques du Hinayana pour la réception des préceptes [que Zhiyi* avait omis de contester], et conféra, à huit maîtres
de ces six écoles (note), l'ordination
spécifique du Mahayana telle qu'elle est décrite dans le Sutra
Bonmo. De plus, il fit construire au Mont Hiei un kaidan pour l'ordination selon les préceptes
qui conduisent à l'Éveil complet et immédiat du Sutra du Lotus. Ainsi, l'ordination spécifique selon les préceptes conduisant à l'Éveil complet et immédiat
conféré dans ce sanctuaire d'Enryaku-ji fut non seulement la plus importante cérémonie au Japon
mais une grande cérémonie d'ordination en accord avec
les préceptes enseignés au Pic
du Vautour comme il n'y en avait jamais eu en Inde, en Chine ou
en quelque lieu du monde que ce soit, au cours des mille huit cents
années ou plus écoulées depuis la disparition du
Bouddha. Cette cérémonie fut pour la première fois
instaurée au Japon. Par conséquent
si nous voulons comparer leurs mérites, nous pouvons dire que
le Grand-maître* Saicho*,
par l'ampleur de la tâche qu'il accomplit, surpassa Nagarjuna et Vasubandhu, et fut plus
sage encore que Zhiyi* et Zhanlan*.
S'il en est ainsi, comment, à notre époque au Japon, les
moines des temples To-ji, Onjo-ji ou des sept grands temples et les
adeptes des huit écoles et du Shingon, Zen ou Ritsu, peuvent-ils transgresser
les préceptes parfaits du Grand-maître* Saicho* ? Les moines des neuf régions de Chine devinrent les disciples
de Zhiyi*, et adoptèrent les principes
de méditation parfaite et de sagesse parfaite qu'il enseignait.
Mais puisque aucun kaidan pour conférer universellement l'ordination qui mène à l'Éveil parfait
et immédiat n'avait été construit en Chine,
certains auraient pu ne pas le suivre dans ce domaine des préceptes.
Par contre, au Japon, puisque Saicho* établit un tel sanctuaire, ceux qui ne suivent pas le Grand-maître* Saicho* ne peuvent être considérés que comme des non bouddhistes
et des personnes mauvaises.
[...] Si nous
nous intéressons maintenant à l'époque du Dharma
formel qui suivit, nous voyons que le Grand-maître* Zhiyi* apparut en Chine vers le milieu de cette période et écrivit
le Hokke Gengi, le Hokke
Mongu* et le Maka Shikan en trente volumes, ouvrages dans lesquels il étudia en profondeur
le Sutra du Lotus. A la fin de l'époque du Dharma
formel,
le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon. Non seulement il propagea dans notre pays la sagesse
parfaite et la méditation parfaite enseignées par le Grand-maître* Zhiyi*,
mais il fit également construire au Mont Hiei le grand kaidan pour l'ordination selon les préceptes qui mènent à l'Éveil parfait et immédiat. Ainsi,
les préceptes parfaits ont été connus du Japon
tout entier, et tous, des personnes les plus haut placées aux
plus modestes, ont considéré le temple Enrakyu-ji du Mont Hiei comme leur guide et
leur maître. Comment, alors, pouvez-vous dire que le Sutra
du Lotus n'a pas été largement enseigné et
propagé à l'étranger à l'époque du
Dharma
formel ?
[...] Amoghavajra* commit de nombreuses erreurs.[...] Il vola les préceptes du Mahayana de l'école Tendai, et,
appuyé par un décret de l'empereur Tai-Zong,
les instaura dans les cinq temples du Mont Wu-tai. Il déclara
aussi que, pour classifier les enseignements, l'école Shingon devrait emprunter elle-aussi la classification utilisée par l'école Tendai.
[...] Le maître
des préceptes Daoxuan du Mont Zhong-nan a fait l'éloge du Grand-maître* Zhiyi* en disant : "Sa connaissance profonde du Sutra du Lotus est comme le soleil de midi éclairant les plus sombres vallées ; il expose les principes du Mahayana avec autant de liberté qu'un grand vent balayant le ciel. Même
si les plus grands lettrés se réunissaient par milliers
pour s'efforcer de transcrire ses cours merveilleux, ils ne pourraient
pas entièrement les comprendre... Ses principes sont aussi clairs
qu'un index pointé vers la lune... et tous ses mots découlent
essentiellement de la vérité suprême."(réf.)
[...] Mais, à l'époque,
le grand kaidan pour l'ordination selon les préceptes parfaits
et suprêmes n'avait pas encore été construit. On
utilisait les préceptes du Hinayana que l'on greffait sur la sagesse parfaite et la méditation parfaite.
C'est un fait regrettable.
[...] Le Grand-maître* Saicho* naquit au Japon et vécut sous le règne de l'empereur Kammu.
Il réfuta les enseignements erronés acceptés au
Japon pendant quelque deux cents ans, depuis le règne de l'empereur Kimmei. Il restaura les principes
de la sagesse et de la méditation parfaites enseignés
par le Grand-maître* Zhiyi*,
et, de plus, déclara sans valeur les trois sanctuaires pour l'ordination
selon les préceptes du Hinayana,
introduits au Japon par le moine Ganjin,
faisant construire à leur place, sur le Mont Hiei, le kaidan pour l'ordination selon les préceptes
du Mahayana menant à
l'Éveil parfait et immédiat.
[...] De plus, Saicho* fit construire au Mont Hiei le Grand Kaidan pour l'ordination selon les préceptes qui mènent
à l'Éveil parfait et immédiat, préceptes que le
Grand-maître* Zhiyi* lui-même n'avait pas enseignés. N'est-ce pas l'indication
qu'une vaste propagation du Sutra du Lotus s'est accomplie
à la fin de l'époque du Dharma
formel ?
[...] Comme je l'ai démontré, il appartint au Grand-maître* Saicho* d'établir le kaidan pour l'ordination selon les préceptes qui mènent à l'Éveil parfait et immédiat, alors
que le Grand-maître* Zhiyi* ne l'avait pas fait.
[...]-2 Les moines
de l'école Zen, profitant
de la situation, se prétendirent "gardiens des préceptes"(note) et, trompant les gens, se donnèrent des airs si respectables
que, même quand leur folie les poussait à formuler des
principes absurdes, on ne comprit pas qu'ils exposaient des enseignements
erronés. [...] Bien que tous
ses adeptes observent en apparence les préceptes, ils ne sont
que des sauterelles dévorant les récoltes des paysans.
[...] Après être
rentré de Chine, il [Saicho] décida de faire construire le kaidan pour l'ordination selon les préceptes menant à l'Éveil
parfait et immédiat, mais cela suscita de nombreuses controverses.
[...] Si l'on en croit les textes bouddhiques,
pourtant, même ceux qui ont commis les cinq
forfaits peuvent être sauvés, de même que les
personnes qui transgressent les lois de la piété filiale.
Seuls les icchantika, ceux
qui s'opposent au Dharma et
ceux qui se donnent l'apparence de garder les préceptes tout
en se croyant supérieurs aux autres ne peuvent pas être
pardonnés.
[...] Par contre,
si de simples mortels, vivant à l'époque mauvaise des Derniers jours du Dharma, n'observant
même pas les préceptes et passant pour des icchantika sont convaincus, comme l'enseigne le Sutra, que le Sutra
du Lotus, qui surpasse tous les sutras enseignés avant,
en même temps et après lui, est la seule voie qui conduise
à la bodhéité, de telles personnes, même
sans une once de compréhension, sont cent fois, mille fois, dix
milliards de fois supérieures à tous ces grands sages.
[...] Il est dit dans le Sutra
Hatsunaion : " Il y a aussi des icchantika ayant l'apparence d'arhat mais
qui commettent de mauvaises actions." Tous ces passages des sutras
parlent des grands ennemis du Dharma correct. Et ce n'est pas parmi
les mauvais rois, les mauvais ministres, les non bouddhistes, les démons
du ciel ou parmi les moines qui transgressent les préceptes qu'on
les trouve principalement. Ceux qui commettent les plus graves oppositions
au Dharma se trouvent plutôt parmi les moines éminents,
qui paraissent observer les préceptes et passent pour des hommes
de grande sagesse.
Le choix en
fonction du temps 2 (Minobu, 10 juin 1275
; adressé à Yui)
Le Grand-maître* Saicho* pria pour la pluie en récitant le Sutra du Lotus et
les sutras Konkomyo* et Ninno*, et, le
troisième jour, de légers nuages apparurent et une pluie
douce se mit à tomber lentement. L'empereur en fut si heureux
qu'il donna l'autorisation de construire le kaidan pour l'ordination
(kaidan) selon les préceptes
du Mahayana, qu'il avait été
si difficile d'établir au Japon (note).
La prière pour
la pluie des trois maîtres du Tripitaka (Minobu,
22 juin 1275 au nyudo Nishiyama)
Avant l'introduction du bouddhisme
en Chine, les écrits des Trois
Augustes et Cinq Empereurs, des Trois
Rois, de Taigong wang, du Duc de Zhou, de Lao-Zi et de Confucius étaient
appelés Classiques ou Canons. Ces écrits
enseignaient aux hommes le comportement correct et l'importance de la
gratitude envers les parents. Une distinction claire fut établie
entre supérieurs et subordonnés afin que le pays soit
gouverné avec sagesse. Les sujets ont obéi aux souverains
[qui suivaient ces préceptes] et le ciel a répondu à
leurs prières. Un enfant qui les transgressait était sanctionné
pour manquement à la piété filiale et un sujet
qui désobéissait était puni comme traître.
La suprématie
du Dharma (Minobu,
4 août 1275, à Oto, fille de Nichimyo)
Le peuple du Japon, de nos jours, devrait redouter plus que tout ces
moines éminents qui observent les préceptes tout en professant
des opinions erronées ; ils sont cent fois, mille fois,
dix mille fois, cent mille fois plus à craindre que des éléphants
sauvages, des chevaux vicieux, des taureaux furieux, des chiens enragés,
des serpents venimeux, des chardons empoisonnés, des rivages
périlleux des falaises abruptes, des crues débordantes,
des hommes nuisibles, des pays dangereux, des villes meurtrières,
des maisons funestes, des femmes méchantes, des enfants malveillants,
et des serviteurs hostiles !
La question
à approfondir jour et nuit (Minobu,
28 août 1275 ? , Toki Jonin).
Les persécutions que vous
avez subies, peuvent finalement être attribués au fait
que le souverain de ce pays est devenu un ennemi du Sutra du Lotus.
Son opposition a été suscitée par les moines
hostiles au Dharma qui suivent les préceptes du Hinayana ou les doctrines
du Nembutsu ou du Shingon.
Lettre aux Frères (Minobu, 16 décembre 1275 aux
frères Ikegami)
À
ce moment précis, de grands démons, venus de tous les
mondes des dix directions,
empliront le Jambudvipa et
s'empareront des Quatre sortes
de croyants, les incitant à blesser leurs parents ou à
tuer leurs propres frères et soeurs. Ces esprits maléfiques
pénétreront tout particulièrement le coeur de moines
et de nonnes partout considérés comme des sages, apparemment
rigoureux dans l'observance des préceptes. Et par l'intermédiaire
de ces faux sages, les démons tromperont le souverain du pays
et ses ministres.
[...] Le souverain
du Japon est l'incarnation vivante de l'esprit de la déesse
Amaterasu ; c'est parce qu'il a observé les dix
préceptes de bien dans des vies antérieures qu'il
est devenu souverain. Y aurait-il une seule personne au sein du peuple,
dans le pays entier, qui puisse le renverser ? Imaginons par exemple
un fils qui haïrait son père parce qu'il a commis une faute
dont lui-même est innocent. Même si le père était
effectivement coupable, le Ciel permettrait-il jamais au fils de le
punir ?
Réponse
au nyudo Takahashi (Minobu,
1275 au nyudo Takahashi Rokuru Hyoe)
Il [Sutra du Lotus] indique que le dirigeant du pays respectera des hommes qui, tout
en observant rigoureusement les deux
cent cinquante préceptes, et tout en paraissant comparables
à Mahakashyapa et à Shariputra, s'efforceront
d'éliminer le Pratiquant du Sutra du Lotus.
Emissaires mongols (Minobu,
1275, au nyudo Nishiyama)
Un dirigeant
sage ne ment jamais, même si dire vrai doit provoquer sa perte.
A plus forte raison le Bouddha Shakyamuni ne parlerait-il jamais de
manière trompeuse ! Lorsqu'il était le roi Fumyo,
il revint au palais du roi Hanzoku parce qu'il observait le précepte
interdisant le mensonge. Lorsqu'il rencontra le roi Kali,
il déclara que ceux qui ne disent qu'une petite partie de la
vérité ou qui disent de grands mensonges tomberont en
enfer. De plus, le Sutra du Lotus est celui dans lequel le
Bouddha lui-même déclare : "L'Honoré
du monde a longtemps exposé ses doctrines et maintenant doit
révéler la vérité"(réf.) ; de plus, il fut enseigné à l'Assemblée où le bouddha Taho et tous
les autres bouddhas des dix
directions étaient réunis, comme Nitten, Gatten et les Etoiles innombrables, tous en rangs côte à côte. Si le Sutra
du Lotus comportait le moindre mensonge, en quoi d'autre les gens
pourraient-ils avoir confiance ?
La bonne fortune
en cette vie (Minobu,
le 19 janvier 1276, à Nanjo Tokimitsu)
Ceux qui
croient au Sutra du Lotus devraient se méfier des ennemis
du Sutra du Lotus et se protéger d'eux. Sachez bien
que les adeptes du Nembutsu,
ceux qui observent les préceptes,
et les maîtres du Shingon - en fait tous ceux qui refusent de réciter Namu
Myoho Renge Kyo - doivent être considérés comme
des ennemis du Sutra du Lotus, si attentivement qu'ils lisent
le Sutra.
Lettre à
Konichi-bo (Minobu,
mars 1276 à la veuve Konichi, mère de Yashiro)
Le premier des cinq
préceptes est l'interdiction d'ôter la vie, et la première
des six paramitas est celle
du don. Les dix préceptes
de bien, les deux cent cinquante
préceptes, les dix
préceptes majeurs, et toutes les autres règles de
conduite commencent par l'interdiction du meurtre. Chaque être,
du plus grand sage au plus petit moustique ou moucheron, considère
la vie comme son trésor le plus précieux. Priver un être
de la vie est commettre le plus grave de tous les crimes. Quand le
Bouddha apparut en ce monde, le premier principe sur lequel il appuya
sa conduite fut la bienveillance à l'égard des êtres
vivants. Ne pas ôter la vie et pourvoir à la subsistance
de ce qui vit sont les deux principaux préceptes exprimant la
compassion à l'égard des êtres vivants.
[...] Moi, Nichiren,
je ne suis ni le fondateur d'une nouvelle école ni l'adepte moderne
d'une école plus ancienne. Je suis un moine qui ignore les préceptes, je ne les observe pas plus que je ne les transgresse. Je suis une créature
ordinaire, que l'on pourrait comparer à un boeuf ou à
un mouton, me préoccupant aussi peu de la sagesse que du manque
de sagesse.
[...] Le Grand-maître* Saicho* reçut, de ses maîtres Dao-sui et Xing-man,
les principes de la méditation
shikan, et les grands préceptes de l'Éveil
parfait. Cela fait de lui un juste.
Lettre à
Myomitsu Shonin (Minobu,
le 5ème jour du 3ème mois intercalaire 1276 à Myomitsu)
Si Nitten, Gatten et les autres divinités disaient : "En effet, il y
a un sutra supérieur au Sutra du Lotus, mais vous ne
le connaissez pas", Nitten et Gatten proféreraient
d'énormes mensonges ! Dans ce cas, je le leur
reprocherais, en leur disant : "Nitten et Gatten, si vous résidez
au ciel et non sur terre comme nous, et si vous n'en tombez jamais,
c'est parce que vous observez strictement le précepte de ne jamais
mentir. Mais si vous proférez maintenant ce grand mensonge qu'il
existe un sutra supérieur au Sutra du Lotus, j'en suis
persuadé, avant même que n'arrive le kalpa
de déclin, vous viendrez vous écraser sur la terre.
Pire, la terre s'ouvrira et vous tomberez jusqu'au fin fond de la grande
citadelle de l'enfer avici entourée
de murailles de fer (note) ! Si vous dites pareils mensonges, rien ne vous autorise à briller
un seul instant de plus au ciel, ni à tourner autour de la terre
et de ses quatre continents !
[...] Si, impressionné
par ces Grands-maîtres du
passé, je me contentais de dénoncer leurs disciples d'aujourd'hui
comme ennemis du Bouddha, les adeptes actuels de leurs différentes
écoles auraient beau jeu de dire : "Lorsque nous affirmons
que le Sutra Vairocana* est
supérieur au Sutra du Lotus, ce n'est pas invention
de notre part. C'est la doctrine enseignée par les patriarches
de notre école. Peut-être ne les égalons-nous pas
dans l'observance rigoureuse des préceptes,
ni en sagesse, en intelligence ou par notre position sociale, mais nous
ne nous écartons jamais, si peu que ce soit, des principes qu'ils
nous ont enseignés." Et dans ce cas, il faudrait bien admettre
qu'ils ne seraient coupables d'aucune faute.
[...] Le Grand-maître* Saicho* étudia ces ouvrages
mais il eut des doutes sur leur évaluation des mérites
relatifs du Sutra du Lotus et du Sutra Vairocana*. C'est
pourquoi, le septième mois de la vingt-troisième année
de l'ère Enryaku (804), il se rendit en Chine ; il y rencontra
les moines Daosui du temple Xi-ming-si et Xingman, du temple Folong-si, et reçut
les enseignements shikan ainsi
que les grands préceptes pour l'Éveil parfait et immédiat.
[...] Le troisième patriarche, Ennin*,
se comporta d'abord comme un disciple du Grand-maître* Saicho*.
Mais, après son voyage en Chine, à l'âge de quarante
ans, tout en continuant à se dire disciple de Saicho* et en agissant en apparence comme un continuateur de sa doctrine, il
enseigna une forme de bouddhisme totalement indigne d'un véritable
disciple. Il ne joua le rôle d'un disciple fidèle de Saicho* qu'en administrant les préceptes pour l'Éveil parfait et immédiat
tels que les avaient établis Saicho*.
[...] La lignée de Kukai* fut, elle aussi, interrompue. Kukai* avait stipulé par écrit que nul ne pourrait devenir patriarche
du temple To-ji s'il n'avait été
ordonné selon les préceptes [établis par Ganjin]
au sanctuaire du Todai-ji. Cependant,
l'empereur retiré Kampyo (Uda)
fonda un temple [à Kyoto] appelé Ninna-ji et y déplaça un certain nombre de moines du To-ji ; et il décréta aussi que nul ne pourrait résider
au temple Ninna-ji s'il n'avait
au préalable reçu les préceptes pour l'Éveil parfait et immédiat au sanctuaire du Mont Hiei. [...] Par rapport aux préceptes, ils sont disciples de Saicho*.
Mais ils ne se conduisent pas en vrais disciples de Saicho* car ils rejettent le Sutra du Lotus que Saicho* considère comme l'enseignement suprême.
[...] Se pourrait-il que, au Pic
du Vautour, le Bouddha ait qualifié le Sutra du Lotus de "théorie puérile", et affirmé que
le Sutra Vairocana* représentait
la vérité, ou qu'Ananda et Manjushri se soient trompés
en affirmant au contraire que c'est dans le Sutra du Lotus que se trouve la vérité ? [Quant au pouvoir de faire tomber la pluie] même une femme licencieuse
et un moine qui transgressait les préceptes (note) parvinrent à faire pleuvoir
grâce à leurs poèmes. Mais Kukai* pria pendant vingt et un jours sans faire venir la pluie. De quelles
sortes de pouvoirs était-il donc doté?
[...] Même des sages qui
pratiquent avec autant d'assiduité que Rahula dans les temps anciens, en observant scrupuleusement les 250 préceptes,
ou des sages comparables à Purna,
calomnient Nichiren après l'avoir rencontré. Même
des personnages vertueux et honnêtes comme le ministre Wei Zheng ou Fujiwara no Yoshifusa, lorsqu'ils
voient Nichiren, le traitent de manière déraisonnable
et injuste.
[...] Saicho* proposa également de créer un lieu d'ordination pour administrer
les préceptes menant à l'Éveil
parfait et immédiat, comme il n'en avait jamais existé
ni en Inde ni en Chine ni au Japon, dans les mille huit cents ans écoulés
depuis la disparition du Bouddha. Il alla même plus loin en affirmant
que les sanctuaires d'ordination du temple Kannon-ji, du temple Ono-dera (note) et du temple Todai-ji (note) répandaient tous l'odeur fétide des préceptes du Hinayana (note), et ne valaient pas plus que
des cailloux ou des débris de tuiles. Et, selon lui, les moines
qui faisaient observer de tels préceptes ne valaient guère
mieux que des renards et des singes.
[...] Les adversaires [de Saicho*]
ont continué à le rabaisser en disant : "A l'époque
du Bouddha, il y eut deux kaidan pour l'ordination, celui du Bouddha
et celui de Devadatta, et de
nombreuses personnes trouvèrent la mort dans le conflit qui s'ensuivit.
Cet homme peut bien défier les autres écoles, mais il
affirme qu'il doit établir un kaidan pour l'ordination afin
de conférer les préceptes menant à l'Éveil parfait et immédiat que son maître lui-même, le Grand-maître* Zhiyi*,
n'a pas réussi à construire.
[...] Mais Saicho* pouvait citer des textes à l'appui de ses thèses et le kaidan pour l'ordination selon les préceptes du Mahayana a finalement été construit, il se trouve depuis longtemps
déjà sur le Mont Hiei.
Traité
sur la dette de reconnaissance (Minobu,
le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)
Un être
acquiert la possibilité de naître sous forme humaine pour
avoir observé les cinq
préceptes dans une vie précédente. S'il continue
à les observer en ce monde, il est protégé des
vingt-cinq divinités bouddhiques, et les divinités jumelles Dosho et Domyo se tiennent respectivement
sur son épaule droite et sur son épaule gauche, le protégeant
depuis le jour de sa naissance. Aussi longtemps qu'il ne commet aucune
faute, les démons ne pourront pas lui faire le moindre mal.
[...] Izumi Shikibu, poétesse
licencieuse, transgressa celui des huit
préceptes interdisant la poésie, mais elle parvint
quand même par un poème à faire tomber la pluie. Le moine Noin réussit à
faire pleuvoir par un poème, bien qu'il ait transgressé
les préceptes. Comment se fait-il alors que des centaines et
des milliers de moines rassemblés, observant tous scrupuleusement
les deux cent cinquante préceptes, ne parviennent toujours pas à faire pleuvoir au terme d'une ou
de deux semaines de prières, ne provoquant que la tempête ? Cela devrait vous indiquer clairement qu'aucun de vous ne parviendra
jamais à la bodhéité."
Sur le comportement
du Bouddha (Minobu,
1276, à Konichi-ama)
Le Japon est donc
un pays où les personnes de haute comme de basse condition, qu'elles
appartiennent à l'aristocratie ou au peuple, qu'elles observent
les préceptes ou les brisent, les hommes aussi bien que les femmes,
tous pourront atteindre la bodhéité grâce au Sutra
du Lotus. De même qu'il est impossible de trouver le moindre
caillou sans valeur sur le Mont Kunlun ou de trouver une seule plante vénéneuse sur l'île
montagneuse de Peng-lai, le Japon est purement et simplement le pays du Sutra du Lotus. [...] Ces passages indiquent que tous - qu'ils soient de capacités supérieures
ou inférieures, qu'ils observent ou transgressent les préceptes,
qu'ils soient nobles ou roturiers, bodhisattva, personnes ordinaires ou
personnes des deux véhicules - deviendront bouddha et auront accès à la Voie grâce
au Sutra du Lotus.
Parvenir directement
à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus (Minobu,
mars 1277 ? à Myoho-ama)
Question : De quelles sortes de pratiques peuvent se dispenser ceux qui éprouvent
pour la première fois le désir de parvenir à l'Éveil,
à l'époque des Derniers
jours du Dharma ? Réponse : Ces personnes n'ont pas besoin de pratiquer le don d'aumônes
ni l'observance des préceptes et peuvent se dispenser de la pratique du reste des cinq paramitas.
Il suffit qu'elles récitent Namu
Myoho Renge Kyo. C'est la pratique qui correspond aux capacités
de personnes parvenues aux étapes où l'on peut "éprouver,
ne serait-ce qu'un instant, foi et compréhension" et "se
réjouir en entendant pour la première fois le Sutra
du Lotus". Telle est la véritable intention du Sutra.
[...] La phrase suivante, qui décrit la quatrième [des cinq
étapes] de la pratique, se poursuit ainsi : "C'est encore
plus vrai de ceux qui, tout en étant capables de pratiquer ce
Sutra, pratiquent simultanément le don d'aumônes et l'observance
des préceptes ! " Ce passage du Sutra indique clairement que
les personnes aux première, deuxième et troisième
étapes de la pratique sont dispensées de pratiquer le
don d'aumônes, l'observance des préceptes et le reste des
cinq paramitas. Ce n'est qu'à
la quatrième étape de la pratique [pratiquer les six paramitas tout en adhérant au Sutra du Lotus] qu'il leur est permis
de les observer. Et savoir que de telles pratiques sont autorisées
à cette étape ultérieure nous révèle
que les personnes aux étapes initiales en sont dispensées.
Les
Quatre Etapes de la foi (Minobu ; 10 avril 1277 ( ? )
à Toki Jonin)
Tout ignorant
que je suis, être considéré comme un sage par le
Bouddha me remplit de joie. Par contre, il y des sages qui observent
les 250 préceptes et qui sont aussi unanimement respectés [par les hommes] que
l'est Taishaku par tous les
êtres célestes. Mais que se passera-t-il si, aux yeux du
Bouddha Shakyamuni et du Sutra du Lotus, ils semblent aussi
malfaisants que Devadatta ? Ils bénéficient peut-être pour l'instant du respect
des autres, mais quelles conditions effroyables ils connaîtront
dans leur vie prochaine !
La protection
de Bonten et de Taishaku (Minobu,
15 mai 1277 à Nanjo Tokimitsu)
Il a beau
prêcher jour et nuit la plus stricte observance des six jours
de purification (note),
et proscrire l'acte d'ôter la vie, même à un brin
d'herbe, le moine Ryokan a bel
et bien proposé de faire décapiter le moine qui propage
le véritable enseignement du Sutra du Lotus. Ne contredit-il
pas ainsi lui-même de manière flagrante les préceptes qu'il enseigne aux autres ? Le moine Ryokan n'est-il pas possédé par le Démon
du sixième Ciel ? Laissez-moi vous expliquer comment la situation en est arrivée
là. Dans tous ses prêches, le moine Ryokan se lamentait,
en disant : "Je m'efforce d'aider tous les habitants du Japon à
devenir des "personnes qui observent les préceptes,
et à leur faire respecter les huit
préceptes afin que cessent définitivement dans ce
pays le meurtre et l'ivrognerie.
[...] Si le moine Ryokan parvient à faire tomber la pluie dans les sept jours qui suivront
sa prière, moi, Nichiren, je cesserai d'enseigner que le Nembutsu conduit à l'enfer avici ; je
deviendrai son disciple et j'observerai fidèlement les deux
cent cinquante préceptes. Mais, si aucune pluie ne tombe,
cela indiquera clairement que le moine Ryokan,
tout en donnant l'apparence d'observer les préceptes, trompe
et égare délibérément les autres. [...]
Le sage Nichiren leur dit : "Nous établirons quel est l'enseignement
correct grâce à la prière pour la pluie. S'il pleut
dans les sept jours, vous pouvez croire que vous renaîtrez sur
la Terre pure grâce à
l'observance des huit préceptes et à la récitation
du Nembutsu, que vous pratiquez
déjà. Mais s'il ne pleut pas, vous devriez n'accorder
foi qu'au Sutra du Lotus."
[...] Ils
récitèrent le Nembutsu,
le Sutra de la prière
pour la pluie, et le Sutra du Lotus, et Ryokan prêcha l'observance des huit
préceptes, en souhaitant de toutes ses forces faire tomber
la pluie dans les sept jours. Au bout de quatre ou cinq jours, ne voyant
pas le plus petit signe annonciateur de pluie, il s'affola, et il invita
plusieurs centaines de ses disciples du temple Taho-ji à se joindre à lui, épuisant toutes ses forces
dans la prière. Mais, au bout de sept jours, la plus petite goutte
de pluie n'était toujours pas tombée. Alors, par trois
fois au moins, le sage Nichiren lui envoya un messager pour lui dire
: "Une femme licencieuse, du nom d'Izumi Shikibu, et un moine du
nom de Noin (note) qui ne respectait pas les préceptes, furent tous deux capables
de faire tomber instantanément la pluie grâce à
un simple poème de trente et une syllabes sans signification
profonde, plein d'emphase et d'exagération poétique. Comment
se fait-il que le moine Ryokan - qui observe tous les préceptes et toutes les règles,
qui maîtrise les doctrines Hokke et Shingon, et dont la compassion est proverbiale - ne réussit pas à faire tomber la pluie
en sept jours, même assisté par des centaines de ses disciples ?
[...] Quant aux
préceptes du Hinayana (note),
les deux cent cinquante préceptes furent exposés pour les divinités du ciel par le grand arhat Purna ; mais Vimalakirti le réprimandaien
lui disant : "Vous ne devriez pas mettre des aliments impurs dans
un récipient précieux." Angulimala fit des reproches à Manjushri en lui disant : "Vous ne saisirez jamais le véritable
principe de vacuité qu'enseigne
le Mahayana par des pratiques
du Hinayana aussi insignifiantes
que des moustiques ou des taons."(réf.) Après quoi Manjushri, dénonça dix-sept
erreurs dans les préceptes du Hinayana,
et le Bouddha réfuta de même [ces préceptes] en
utilisant les huit comparaisons. [...] La pétition présentée
à l'empereur par les écoles
de Nara se révéla sans objet, et le grand kaidan d'ordination [pour conférer les préceptes du Mahayana]
fut construit au temple Enrakyu-ji du Mont Hiei ; les préceptes du Hinayana sont donc depuis longtemps discrédités.
Lettre de pétition
de Yorimoto (Minobu,
le 25 juin 1277, requête au seigneur Ema au nom de Shijo Kingo)
Pendant
un certain temps, l'empereur Sushun observa fidèlement la pratique de la patience. Mais, de nature
irascible, il viola un jour ce précepte quand un de ses sujets
lui fit cadeau d'un jeune sanglier sauvage. Il décrocha la boucle
qui retenait son sabre au fourreau, et le plongea dans les yeux du sanglier
en disant : "Voilà un jour ce que Nous ferons à cet
homme que Nous haïssons ! " Le prince Shotoku,
qui était présent, s'exclama : "Ah ! C'est effroyable,
effroyable ! Votre Majesté va sûrement éveiller
la haine des autres. Ces mots mêmes que vous venez de prononcer
seront le sabre qui va vous frapper." Le prince se fit sur l'instant
apporter des objets précieux qu'il partagea entre ceux qui avaient
entendu la remarque de l'empereur [dans l'espoir d'acheter leur silence].
L'un d'eux, néanmoins rapporta l'épisode au ministre Soga
no Umako. Umako, croyant
que c'était à lui que l'empereur vouait cette haine, persuada
Atai Goma, fils d'Azumanoaya no Atai Iwai, de tuer l'empereur. Ainsi,
même un souverain sur le trône doit veiller à ne
pas exprimer sans retenue ses pensées. Confucius était pour le principe de "Neuf pensées pour un mot",
ce qui signifie qu'il réfléchissait par neuf fois avant
de parler. Dan, duc de Zhou, était
si soucieux de bien recevoir ceux qui lui rendaient visite qu'il s'interrompait
trois fois en se lavant les cheveux, ou reposait trois fois ce qu'il
allait mettre à la bouche au cours du repas, [afin de ne pas
les faire attendre].
Les
trois sortes de trésor (Minobu, le 11 septembre 1277,
à Shijo Kingo)
Il est écrit dans le Sutra
du Nirvana : "Ceux qui avanceraient une autre conception
des Trois trésors, sachez
bien qu'ils ne pourraient plus prendre refuge dans ces trois purs trésors
ou compter sur leur protection. Ils seraient incapables d'observer le
moindre précepte et
pour finir, ils ne pourraient pas recueillir le fruit des auditeurs-shravakas,
des pratyekabuddhas ou des bodhisattvas." (note)
[...] Vous dites
que Ryosho-bo a proclamé ensuite que ceux qui pratiquent la méditation
shikan sont tenus d'observer les préceptes.
Pourtant, il est dit, dans le neuvième volume du Hokke
Mongu*,
que [après la disparition du Bouddha] aux première, deuxième
et troisième des cinq étapes
de pratique on peut s'abstenir d'bserver les préceptes. Cela
apparaît aussi clairement dans le texte du Sutra lui-même. Zhanlan* explique cette contradiction du Maka Shikan sous la forme d'un
échange de questions et de réponses (note).
Vous le verrez dans le 9e volume du Hokke
Mongu Ki*.
Il existe deux sortes de pratiquants à ce premier stade de la
pratique, qui consiste à se réjouir [d'entendre enseigner
le Dharma]. Ceux dont les capacités sont développées
peuvent observer les préceptes tandis que ceux dont les capacités
sont encore latentes sont dispensés de le faire.
Le troisième
enseignement (Minobu,
1er octobre 1277, à Toki Jonin)
Cheng-guan, sans aucun doute, observait très
rigoureusement les préceptes.
Il ne transgressa jamais, si peu que ce soit, aucune des règles
du Mahayana ou du Hinayana.
Et pourtant il a volé le principe d'ichinen
sanzen. Le fait mériterait d'être connu et transmis.
[...] Une école
est digne de ce nom lorsqu'elle propose trois
sortes d'enseignement : préceptes, méditation et prajna-sagesse.
Sans parler pour l'instant de méditation ni de prajna, nous voyons
bien que, par les préceptes qu'elles énoncent, les diverses
écoles se divisent clairement en Hinayana et Mahayana. Ni la branche To-ji de l'école Shingon ni
les écoles Hosso, Sanronou Kegon n'ont leur propre sanctuaire
pour conférer les préceptes ; c'est pourquoi elles doivent
utiliser le sanctuaire du Todai-ji à Nara. Autrement dit, elles
se rattachent aux préceptes énoncés par l'école Ritsu, une école du Hinayana, préceptes sans plus de valeur que du lait d'ânesse ou des
immondices malodorants. Par les préceptes qu'elles observent,
toutes ces écoles entrent dans la catégorie du Hinayana. Le Grand-maître* Saicho* reçut l'enseignement des deux écoles, Tendai et Shingon [en Chine], et les
rapporta au temple Enryaku-ji,
sur le Mont Hiei. Mais, en voulant
créer un sanctuaire pour conférer les préceptes (kaidan), Saicho* aspirait à la méditation parfaite, à la sagesse
parfaite et aux préceptes parfaits menant à l'Éveil
parfait sans supérieur et immédiat selon l'école Tendai. [...] Et le serment concernant les préceptes transmis par Saicho* à son disciple Ennin* parle, en fait, des "shikan et shingon de l'école Tendai-Hokke",
en évitant clairement l'emploi du terme "école Shingon".
Lettre à
Shomitsu-bo (Minobu,
1277 à Shomitsu-bo)
Dans le 5e
volume, nous lisons que, après la disparition du Bouddha, quand
viendra l'époque des Derniers
jours du Dharma,
apparaîtra immanquablement un Pratiquant du Sutra du Lotus ; il y est dit que, à cette époque, dans le pays où
il vivra, d'innombrables moines, observant ou violant les préceptes,
se rassembleront et dénonceront le pratiquant auprès du
souverain du pays, le feront condamner à l'exil et tenteront
de l'éliminer.
Pas de sécurité
dans le Monde des trois plans (Minobu,
13 février 1278 à Matsuno)
Quand, pour avoir observé les dix
préceptes de bien, un être a pour destinée d'être
prince héritier, et attend de naître dans le ventre de
la reine mère, il est assuré de la protection des divinités
célestes. C'est pourquoi on donne à un prince héritier
le titre de "fils du ciel". Or, chacun des 69384 caractères
des 28 chapitres du Sutra du Lotus est comparable à
un prince héritier, il est la graine d'un bouddha.
Grandes lignes du
chapitre Zokurui et d'autres (Minobu,
juin 1278, à Dame Nichinyo)
Parmi les dix
mondes-états, Maudgalyayana était parvenu à celui d'auditeur-shravaka.
Il observait les deux cent cinquante préceptes avec la solidité
d'un roc, et son respect des trois mille règles de conduite (note),
sans la moindre exception, était aussi parfait que la pleine
lune dans la nuit du 15e jour du mois. Sa sagesse brillait autant que
le soleil, ses pouvoirs surnaturels lui permettaient de faire quatorze
fois le tour du Mont Sumeru et
même de soulever cette énorme montagne. Mais, même pour un sage comme lui, il était
difficile de s'acquitter de sa dette de reconnaissance envers sa mère.
Pire, en s'efforçant de le faire, il n'avait fait qu'aggraver
les souffrances de cette mère. Comparons donc cela aux moines d'aujourd'hui, qui
font semblant d'observer les deux cent cinquante préceptes dans
le seul but de tromper les autres. Ils n'ont pas l'ombre d'un pouvoir
surnaturel - un rocher gigantesque pourrait plus facilement accéder
au ciel qu'ils ne pourraient manifester de tels pouvoirs. C'est pourquoi, dans le Sutra Vimalakirti [sutra Jomyo], le laïc Vimalakirti critique Maudgalyayana en disant : «Ceux qui vous font l'aumone tomberont dans les Trois
Mauvaises Voies.» Ce passage indique que, bien que le vénérable Maudgalyayana fut un homme du plus grand mérite observant les deux cent cinquante préceptes, ceux qui lui feraient des offrandes renaîtraient dans l'une des Trois Mauvaises Voies. Et cela ne
vaut pas pour le seul Maudgalyayana,
mais pour tous les auditeurs-shravakas,
et tous ceux qui, en cette époque des Derniers
jours du Dharma,
accordent la plus haute importance à l'observance des préceptes. [...] Plus tard, cependant, en suivant l'enseignement du Sutra du Lotus qui préconise de "rejeter sincèrement
les enseignements
provisoires", (réf.) le vénérable Maudgalyayana s'écarta immédiatement des deux
cent cinquante préceptes du Hinayana et récita Namu
Myoho Renge Kyo.
[...] Je me souviens que
vous avez un petit-fils, Jibubo, qui est moine bouddhiste. Il n'observe
pas les préceptes et il est dépourvu de sagesse. Il ne
respecte aucun des deux cents cinquante préceptes, ni la moindre
des trois mille règles de conduite (note).
Son manque de sagesse pourrait le faire entrer dans la catégorie
des bœufs ou des chevaux, et son inobservance des règles
de conduite pourrait l'apparenter à un singe. Mais il vénère
le Bouddha Shakyamuni et croit dans l'enseignement du Sutra du Lotus.
Il est donc comparable à un serpent saisissant un joyau dans
sa gueule, ou à un dragon portant sur sa tête des reliques
sacrées.
Sur les cérémonies
d'urabon (Minobu,
le 13 juillet 1279 ? (1277 ou 1280)
On pourrait
comparer la période qui couvre les sept
générations des divinités célestes et
les cinq générations des divinités terrestres,
autrement dit les douze premiers
règnes de l'histoire japonaise, à un kalpa
de formation. Grâce à l'accumulation de bonne
fortune liée à l'observance des préceptes dans des vies antérieures, même si le peuple, à
l'époque, ne fit que peu d'efforts en direction de la bonté,
le pays fut encore bien gouverné et les gens bénéficièrent
d'une grande longévité. Puis vint
l'époque des souverains humains. Pendant les vingt-neuf premiers
règnes, la force obtenue par l'observance des préceptes dans des vies antérieures commença à s'affaiblir.
Gouverner devint difficile et, pour la première fois, le pays
fut confronté aux trois
calamités et des sept
désastres. Mais, furent alors introduits de Chine, les textes
décrivant les principes selon lesquels avaient gouverné
les Trois Augustes et Cinq Empereurs de l'Antiquité. Grâce à l'utilisation de ces textes
et aux prières adressées aux divinités, les calamités
et les désastres qui accablaient le pays purent être maîtrisés. Sous le
règne de l'empereur Kimmei,
trentième souverain de forme humaine, les vertus liées
à l'observance des préceptes dans des vies antérieures
avaient presque entièrement disparu du pays. Et un nombre toujours
croissant de personnes, à l'esprit entièrement dominé
par le mal, apparurent.
[...] Mais l'empereur Kammu, souverain sage, voulut savoir
qui avait raison, et, ayant clairement perçu la vérité
à ce sujet, conclut que les six
écoles de Nara étaient
dans l'erreur. Il fit alors construire, sur le Mont Hiei, un temple qui fut le premier centre de l'école Tendai-Hokke.
Et il ne se contenta pas d'établir un sanctuaire
pour l'ordination selon les préceptes de l'Éveil
parfait sans supérieur ; il déclara aussi l'école Hokke supérieure aux six écoles plus anciennes
liées aux sept temples principaux de Nara et aux quinze grands temples du Japon.
Le roi Rinda (Minobu,
le 17 août 1279 à Soya Doso, fils de Soya Kyoshin)
Le Régent
actuel est exactement comme ces deux empereurs. Il croit ce que disent
les maîtres du Shingon,
l'école Zen, les moines Ritsu,
ceux qui observent les préceptes,
et les moines du Nembutsu, tous
ennemis du Sutra du Lotus, et me traite, moi, Nichiren, comme
un ennemi.
Lettre au nyudo
Nakaoki (Minobu, le 30 novembre 1279
au nyudo Nakaoki et à son épouse)
Plus
de mille cinq cents ans après la mort du Bouddha, vivait en
Chine un certain Shen-Shen. Il était prédit que cet
homme mourrait à l'âge de cinquante ans, mais en suivant
les préceptes du Grand-Maître Zhiyi*,
il put prolonger sa vie de quinze ans, et vécut jusqu'à
soixante-cinq ans.
Sur la possibilité
de prolonger sa vie (Minobu,
1279 à Myojo, femme de Toki Jonin)
Les mots Namu
Amida Butsu ne sont aucunement les graines de la bodhéité,
pas plus que les mantra dharani*
ou les cinq préceptes. Il faut bien comprendre
cela, autrement, nous faisons apparaître ce défaut appelé
adultération*.
[...] L'interdiction de tuer les êtres vivants est un précepte
primordial. Le premier des cinq préceptes interdit
d'ôter la vie et les huit préceptes, les dix préceptes,
les deux cent cinquante préceptes, les dix principaux préceptes
du Sutra du filet de Brahma*,
les dix préceptes insondables du Sutra
Kegon* et les dix préceptes du Sutra
du collier de bodhisattva*,
tous commencent par le précepte proscrivant l'acte de tuer. Et
parmi les trois mille sanctions codifiées par le confucianisme,
la première est la peine capitale.
Lettre à Akimoto
(Minobu,
le 27 janvier 1280, à Akimoto)
Le Grand-maître* Saicho* dit que les laïcs, hommes et femmes, qui croient en ce Sutra,
même s'ils manquent de connaissances ou transgressent les préceptes,
doivent avoir la préséance sur les moines du Hinayana qui observent strictement chacun des deux
cent cinquante préceptes.
[...] Il semble tout à fait extraordinaire que
ce Ryokan, qui observe les deux cent cinquante préceptes, enrage
et fulmine dès qu'il voit Nichiren ou qu'il entend parler de
lui. On pourrait croire ce sage possédé par un démon.
Il est comme une personne habituellement d'humeur égale qui,
une fois ivre, révèle un côté malfaisant
et crée du désordre.
[...] Les moines
des temples Kencho-ji et Engaku-ji (note) violent les préceptes
d'une conduite correcte de manière aussi flagrante qu'une montagne
qui s'effondre et se change en gravats. Ils se comportent de manière
aussi licencieuse que des singes. Il est absolument vain d'espérer
le salut dans la vie prochaine en faisant des dons à des moines
de cette sorte.
Lettre à Niike (Minobu,
février 1280 à Niike Saemon no jo)
Dans les sutras provisoires,
Shakyamuni enseigna les cinq préceptes pour les êtres dans l'état
d'hommes, les dix préceptes
de bien pour les êtres célestes ; à la divinité Bonten, les quatre
bienveillances sans limites ; au Roi-Démon,
la pratique impartiale des offrandes ; deux cent cinquante préceptes pour les moines et cinq cents pour les nonnes ; les quatre Nobles
vérités aux personnes de l'état d'auditeurs-shravakas ; les douze liens de causalité aux pratyekabuddhas ; les six paramitas aux bodhisattvas.
Cette méthode d'enseignement est comparable à l'eau qui
prend la forme du récipient qui la contient ou à un éléphant
qui se bat en utilisant seulement la force nécessaire pour vaincre
son ennemi.
Comparaison
du Sutra du Lotus avec les autres sutras (Minobu,
le 26 mai 1280 à Toki Jonin)
Les moines des écoles Kegon, Shingon et Nembutsu,
comme ceux des écoles Ritsu et Zen, se vantent de respecter rigoureusement
les préceptes, d'avoir
une conduite honnête et de posséder une grande sagesse.
Mais, en réalité, ils sont dans la situation de personnes
nées dans des familles fomentant la rébellion d'inférieurs
contre leur supérieur. En ce sens, ils sont les grands
ennemis du Sutra du Lotus. Comment pourraient-ils éviter
de tomber dans la grande citadelle de l'enfer avici.
Chevaux blancs et
cygnes blancs (Minobu,
14 août.1280, à la dame d'Utsubusa)
Comme il
est dit dans le Sutra : "en rejetant sincèrement les enseignements provisoires"(réf.), ceux
qui ont foi dans le Sutra du Lotus devraient d'abord abandonner
et rejeter l'invocation Namu Amida
Butsu fondée sur le Sutra
Amida et d'autres sutras ; l'enseignement du Shingon,
fondé sur le Sutra Vairocana* et d'autres
sutras ; et les deux cent cinquante préceptes de l'enseignement Ritsu fondés
sur les sutras Agama* et d'autres sutras, afin d'avoir foi exclusivement dans le Sutra
du Lotus. Lorsque l'on se prépare à construire une
grande pagode, l'échafaudage est d'une grande importance. Mais
une fois la grande pagode construite, on ôte l'échafaudage
et on le démonte.
Réponse
à la mère du seigneur d'Ueno (Minobu,
octobre 1280 à la mère de Nanjo Tokimitsu)
La phrase suivante, qui décrit la quatrième [des cinq
étapes] de la pratique, se poursuit ainsi : "C'est encore
plus vrai de ceux qui, tout en étant capables de pratiquer ce
Sutra, pratiquent simultanément le don d'aumônes et l'observance
des préceptes ! " Ce passage du Sutra indique clairement que
les personnes aux première, deuxième et troisième
étapes de la pratique sont dispensées de pratiquer le
don d'aumônes, l'observance des préceptes et le reste des
cinq paramitas [patience, assiduité, méditation
et sagesse]. Ce n'est qu'à
la quatrième étape de la pratique [pratiquer les six paramitas tout en adhérant au Sutra du Lotus] qu'il leur est permis
de les observer. Et savoir que de telles pratiques sont autorisées
à cette étape ultérieure nous révèle
que les personnes aux étapes initiales en sont dispensées.
[...] "En
s'abstenant des pratiques formelles, mais en persévérant
dans la méditation sur le principe essentiel" signifie que
l'on doit rejeter l'observance des préceptes et les autres pratiques
spécifiques [des cinq paramitas]
pour adhérer exclusivement au principe du daimoku.
Le commentaire "les bienfaits seront nombreux et immenses",
souligne que si le débutant essayait de se consacrer aux autres
pratiques en même temps qu'à celle du daimoku,
ses bienfaits seraient totalement perdus.
[...] "Question - Selon vous, croire dans le Sutra du Lotus est le premier de tous les préceptes. Pourquoi donc [en décrivant
la quatrième étape de la pratique] le Sutra du Lotus parle-t-on de ceux "qui maîtrisent l'observance des préceptes"? Réponse - C'est pour mieux clarifier, par contraste, en quoi consistent les
premières étapes de la pratique. [Il ne faut pas reprocher
à des personnes débutant dans la pratique de ne pas respecter
des exigences ne concernant que les étapes ultérieures]."
[...] Zhanlan* souligne encore ce point en écrivant : "Question - S'il en
est ainsi, à quoi bon ériger concrètement des stupas pour abriter les reliques du Bouddha ? Pourquoi observer formellement
les préceptes ? Et pourquoi faire des dons à des
moines effectuant les pratiques spécifiques [des six paramitas] ? "(réf.) Le Grand-maître* Saicho* déclara : "J'ai immédiatement rejeté
les deux cent cinquante préceptes ! "(réf.) Et le Grand-maître* Saicho* ne fut pas le seul à agir ainsi. Joho et Dochu, disciples de Ganjin,
ainsi que les moines des sept temples
principaux de Nara (note),
tous les rejetèrent de la même façon. De plus, le
Grand-maître* Saicho* laissa cette mise en garde pour les époques à venir : "S'il y avait, à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
des personnes observant les préceptes, ce serait un phénomène
extrêmement rare, aussi étrange que l'apparition d'un tigre
sur la place d'un marché. Qui pourrait le croire ? "(réf.)
Sur le Bodhisattva
Hachiman (Minobu,
décembre 1280, à Nichigen-nyo, l'épouse de Shijo
Kingo)
A partir
du moment où la charge de zasu fut pour la première fois établie au Hieizan,
les troisième et quatrième spérieurs des moines,
Jitaku et Chigo, sans aucune raison, agirent contrairement aux enseignements
du premier Maître Saicho* et de son disciple Gishin*,
et déclarèrent que les doctrines conceptuelles du Shingon et du Sutra du Lotus avaient la même valeur, mais que,
dans les conditions concrètes, le Shingon était supérieur au Sutra du Lotus. Ainsi apportèrent
ils la disgrâce sur notre montagne (Hiei),
et ridiculisèrent-ils le Sutra du Lotus et, sans raison,
transformèrent-ils en boue les excellents préceptes qui étaient la Voie du milieu pure et sans tache jadis professée au Enryaku-ji.
Trois
grands Dharmas cachés (Minobu, le 27 ? avril 1281
à Ota Kingo)
Ou encore, il [Dairokuten no mao] se présente comme un moine éminent
ou un moine de grande sagesse, respectueux des préceptes. Puis,
les sutras Kegon*, Agama* ou les enseignements du Nembutsu ou du Shingon à la main,
il s'efforce de nous faire abandonner le Sutra du Lotus et
de nous faire croire en ces autres enseignements, en rusant pour nous
empêcher de devenir bouddha. [...] Et si cela n'est pas suffisant, il prendra
la forme d'une multitude de moines qui, toutes sortes de citations de
sutra à l'appui, essaieront de persuader ce Pratiquant. Si cela
ne suffit toujours pas, ils emprunteront la forme d'un grand moine observant
les deux cent cinquante préceptes et les trois mille règles de conduite (note), qui flattera le souverain
et mentira à son épouse, afin de faire exiler ou mettre
à mort le Pratiquant du Sutra du Lotus.
Réponse à
Jibu-bo (Minobu,
le 22 août 1281, à Jibu-bo Nichii)
La tante
de Shakyamuni, la nonne Mahaprajapati,
bien que femme elle aussi, parvint au stade d'arhat et acquit le nom d'auditeur-shravakas.
Elle s'engagea ainsi sur une voie qui ne pourrait jamais conduire à
la bodhéité (note).
Elle transforma son apparence féminine en devenant nonne, abandonna
les privilèges d'une épouse royale et obéit aux
injonctions du Bouddha. Pendant plus de quarante ans, elle observa les cinq cents préceptes.
[...] Celui qui
devient roi a, pense-t-on, dans ses vies passées comme dans la
vie présente, observé les dix
préceptes de bien.
Réponse
à Myoho Bikuni Gozen (Minobu,
1281, à Myoho ama) |