Extraits de gosho sur |
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sagesse en construction |
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Le Sutra du Lotus est le roi des sutras, parfait du point de vue scripturaire comme
du point de vue théorique. Ses caractères sont la réalité
de la vie, et la réalité de la vie est myoho, le Dharma Merveilleux. On l'appelle Dharma Merveilleux parce qu'il élucide
la relation d'inclusion mutuelle entre une vie et tous les phénomènes. C'est ce qui fait
de ce sutra la sagesse de tous les bouddhas. Les écoles actuelles
du Zen sont toutes un ramassis de grands
hérétiques. En particulier parce qu’elles utilisent
les recueils de paroles d’hommes ordinaires n’ayant pas interrompu
les trois illusions et négligent
les paroles de l’Ainsi-Venu doté des quatre
sagesses claires et parfaites. Je le répète, véritablement,
ils sont dans l’erreur. Dans le troisième fascicule du Maka
Shikan il est écrit : “Les rouleaux du Sutra (contenant) la sagesse sans entrave de l’Ainsi-Venu sont tous présents dans le corps des êtres. Perturbés,
ils la recouvrent et n’y croient pas, ne la voient pas”. Premièrement, « l’aspect est ainsi » (ze so nyo) ; l’aspect (so), la nature (sho), l'entierté (tai), l’énergie (riki) et les autres éléments des dix modalités d'expression de la vie, sont « ainsi » (nyo). Ici, ainsi exprime la vacuité (kutai). En lisant ze so nyo et le contemplant de la sorte, notre corps devient le Corps de Rétribution* (hoshin, sambhogakaya) de l’Ainsi-Venu. On l’appelle également quatre vingt quatre mille, ou encore la sagesse (ho). De grands hommes tels que l’Empereur
Jaune [Huang Di] et Confucius ont établi les cinq vertus [humanité, justice, bienséance, sagesse et sincérité]
comme base de gouvernement pour un pays. Cependant, des rois ignorants
ont transgressé le principe de bienséance (note) prêché par des sages comme Confucius, causant ainsi les catastrophes
qui détruisirent leurs royaumes. Dans le Sutra Daijuku il est dit : "Même si le souverain d'un État
a observé la pratique du
don pendant d'innombrables existences passées, en obéissant
aux préceptes et aux
principes de la sagesse, s'il voit que mon Dharma, le Dharma du Bouddha,
est menacée de périr et reste passif, sans rien faire
pour la protéger, l'accumulation inestimable de toutes les bonnes
causes dues à ses pratiques passées sera entièrement
annulée et son pays deviendra le théâtre de trois
événements malencontreux. Nous, simples
mortels, résidons tous dans l'océan des souffrances de
la vie et de la mort depuis le temps sans commencement. Mais maintenant
que nous sommes devenus pratiquants du Sutra du Lotus, nous
ne manquerons pas de devenir des bouddhas éveillés à
la réalité corps-esprit qui existe depuis le passé
sans commencement. Nous révélerons la nature immuable
inhérente en nous-mêmes, ainsi que la sagesse mystérieuse nous permettant de prendre conscience du Dharma Merveilleux. Si même Shariputra,
considéré comme le premier en sagesse, ne parvenait pas
à comprendre les capacités des personnes à qui
il enseignait, combien plus difficile encore doit être cette compréhension
pour les maîtres ordinaires en cette époque des Derniers
jours du Dharma ! Parmi tous les sutras exposés par le Bouddha de son vivant, seul
le Sutra du Lotus occupe une position de priorité absolue.
Il est le guide sur la voie qui mène à l'atteinte immédiate
de la sagesse parfaite, le chariot qui conduit instantanément
au lieu de l'Éveil. Dans ce dernier cas, naturellement, l'intensité
de la foi est moindre et la joie
a considérablement diminué ; elle n'est plus comparable
qu'aux vagues notions qui peuvent se former dans l'esprit d'un enfant
de deux ou trois ans, ou aux perceptions d'une vache ou d'un cheval,
incapables de distinguer ce qui précède de ce qui suit.
Et pourtant, les bienfaits obtenus
par cette cinquantième personne sont cent, mille, dix mille, cent mille fois supérieurs à
ceux que peuvent obtenir, en étudiant d'autres sutras, des personnes
naturellement dotées d'excellentes capacités et d'une
sagesse supérieure, comme Shariputra, Maudgalyayana, Manjushri,
capables de réciter par cœur l'intégralité
du texte des divers sutras. Pour cette raison, Zhiyi*,
dans son commentaire [Hokke gengi]
dit : "Lorsque, accédant à la prière réitérée
de ses auditeurs, le Bouddha prêcha, il exposa l'essence même
de sa doctrine. L'essence de la doctrine est le coeur du Bouddha et le
coeur du Bouddha est la Sagesse de l'Éveillé. La Sagesse de l'Éveillé
est incommensurablement profonde. C'est pourquoi il avait récusé
trois fois les quatre demandes. Le Bouddha
Shakyamuni, qui avait le pouvoir de comprendre les trois
phases de l'existence, à la lumière de la claire sagesse
de la lune de l'Éveil parfait et de la rétribution complète,
eut une vision du futur et, dans le Sutra
Zobo Ketsugi, fit cette prédiction : "Parmi les mauvais
moines, il y en aura qui pratiqueront la méditation et qui, au
lieu de s'appuyer sur les sutras et les traités, ne tiendront compte
que de leur vision personnelle des choses, déclarant mauvais ce
qui est bon. Incapables de distinguer ce qui est correct de ce qui est
erroné, ils se borneront à s'adresser aux moines et aux
croyants laïques, en disant : "Je peux comprendre ce qui est
juste, je peux voir ce qui est juste." Vous devriez comprendre que
ce sont des personnes de ce genre qui détruiront mon enseignement
très rapidement." Question : Comment pouvons-nous savoir si nous commettons la faute d'avoir des
conceptions erronées ? Bien que de médiocres capacités,
je crains le sort qui m'est réservé dans la vie prochaine
et je suis bien résolu à rechercher le Dharma bouddhique.
Par conséquent j'aimerais beaucoup être éclairé
sur ce point. S'il s'avère que mes conceptions sont fausses,
j'entreprendrai de me corriger et m'efforcerai d'acquérir une
vision correcte. Réponse : Cela ne peut être discerné ni par les yeux des simples
mortels ni par une sagesse superficielle. Pour cela, il faut utiliser
la vision des sutras et laisser parler avant tout la sagesse du Bouddha.
Mais, très certainement, si ce point est clarifié, certains
enrageront et d'autres nourriront de la rancune. Cela m'importe peu.
L'important est seulement de respecter le voeu du Bouddha. Ou elles ont été trompées par de
faux passages de sutra, inventés et ajoutés aux sutra
à des dates ultérieures comme s'il s'agissait des paroles
du Bouddha. Ceux qui n'avaient pas la sagesse de distinguer le vrai
du faux ont donc cru que ces paroles avaient été réellement
prononcées par le Bouddha. le Sutra Vimalakirti dans lequel est écrit : "Pour la première fois
le Bouddha s'assit sous l'arbre de la sagesse" ; le Sutra
Daijuku dans lequel il est dit : "Seize ans se sont
écoulés [depuis que le Bouddha parvint pour la première fois à l'Éveil]" ; le passage du Sutra Vairocana* qui
décrit l'Éveil du Bouddha comme s'étant produit "il
y a quelques années, lorsque je m'assis sur le lieu de méditation" ; le Sutra Ninno* [qui
se réfère à l'Éveil du Bouddha comme à un
événement s'étant produit] "il y a vingt-neuf
ans" ; le Sutra
Muryogi [dans lequel le Bouddha déclare] : "Au
préalable, je suis resté assis sur le lieu de méditation" ; et le chapitre Hoben* (II) du Sutra du Lotus dans
lequel on peut lire : "Je m'assis d'abord sur le lieu de méditation". Il
est dit dans le sutra : "La sagesse de tous les bouddhas est infiniment
profonde et incommensurable."(réf.) "Tous
les bouddhas" désigne chaque bouddha dans l'univers et dans
les trois phases de l'existence
y compris le bouddha Vairocana* de l'école Shingon et
le bouddha Amida de l'école Jodo. Cela désigne tous les
bouddhas et tous les bodhisattvas sans exception de tous les sutras
ou toutes les écoles, du passé, du présent et du
futur, y compris le Bouddha Shakyamuni. Il est question de sagesse.
Mais qu'entend-on par "la sagesse" de tous les bouddhas ? C'est le principe de shoho jisso [l'aspet réel est tous les phénomènes] que Shakyamuni
expliqua par les dix modalités (dix
nyoze) d'expression de la vie. En quoi consiste ce principe ? C'est Namu
Myoho Renge Kyo... Zhiyi* écrivit : "Le profond principe de jisso (aspect réel) est le Dharma primordial (atemporel) de Myoho Renge Kyo". La véritable
réalité manifestée dans tous les phénomènes
est représentée par les deux bouddhas Shakyamuni et Taho.
Taho représente tous les phénomènes et Shakyamuni,
l'aspect réel. Les deux bouddhas symbolisent également kyo [l'objet] et chi [le sujet]. Le bouddha Taho représente
l'objet et Shakyamuni, le sujet. Bien qu'ils soient deux, ils ne font
qu'un dans l'Éveil du Bouddha. Les
confucianistes enseignèrent tout d'abord les principes de bienséance* et de musique (note) de sorte que, quand les écrits
bouddhiques furent introduits en Chine, les concepts de préceptes, méditation et sagesse-prajna (note) furent plus aisément compris.
Ils décrivirent des modèles idéaux de souverain et
de ministre afin d'établir clairement la distinction entre supérieur
et subordonné ; ils enseignèrent un idéal de
gratitude envers les parents pour faire comprendre l'importance de la
piété filiale ; ils définirent un modèle
de maître pour faire comprendre l'intérêt de suivre
[un maître]. [...] Par la suite,
cependant, les conditions du monde se détériorèrent
et la sagesse des hommes devint de plus en plus superficielle. Grâce
à leur observance des préceptes, les personnes des deux
véhicules ont acquis plus de mérites et une sagesse plus pénétrante que les personnes ordinaires dans les six
voies. Comment pourraient-elles donc jamais abandonner le Sutra
du Lotus, ce Sutra qui leur a permis d'atteindre la bodhéité ? Le chapitre Hoben* (II), du Sutra du Lotus affirme que les bouddhas apparaissent en ce
monde "pour ouvrir à tous les êtres la porte de la
sagesse de bouddha." Cela implique que les neuf états possèdent
tous l'état de bouddha. Le bienfait du Sutra du Lotus ne peut être
compris et partagé que par les bouddhas. C'est une sorte d'Éveil que même la sagesse des émanations du Bouddha Shakyamuni dans l'univers entier a grand peine à concevoir. C'est pourquoi,
comme vous le savez, le Grand-maître* Zhiyi* a défini le mot Myo [de Namu
Myoho Renge Kyo] comme ce qui est mystérieux. Aussi,
avoir exilé Nichiren dans cette île lointaine est un crime
impossible à expier, même au cours d'innombrables kalpas. On peut lire dans le chapitre Hiyu* (III) : "Un kalpa ne suffirait pas
pour expier la gravité de ce crime." Par ailleurs, en faisant
des offrandes à Nichiren
et en devenant son disciple, on obtient des bienfaits que même la sagesse du Bouddha ne peut mesurer. On lit dans le
chapitre Yakuo* (XXIII) : "Même la sagesse du Bouddha est incapable
d'en évaluer l'étendue." le Grand-maître* Zhiyi* apparut en Chine et réfuta les principes erronés des écoles
du Nord et du Sud afin d'établir l'enseignement correct. Sur
le plan de l'étude doctrinale, il élabora le principe
des cinq périodes, et
sur le plan des pratiques de méditation-samadhi,
il forgea le concept d'ichinen
sanzen. La Chine tout entière fit son éloge, en l'appelant
Petit Shakyamuni. Pourtant, parmi les trois sortes
de discipline, il enseigna la méditation (note) et la sagesse-prajna parfaites,
mais pas les préceptes de l'enseignement parfait*. Question. — Pour qui étaient donc ce témoignage de Taho*, l'appui donné par les bouddhas des dix directions en tirant la langue, l'apparition des bodhisattva Surgis de Terre ? Réponse. — Le monde pense que c'était pour ceux qui vivaient à cette époque. [Mais] moi, Nichiren, je dis ceci : du temps de Shakyamuni, si l'on examine ce qu'étaient Shariputra, Maudgalyayana et autres, on voit qu'ils étaient de grands saints dont l'un était le plus grand de tous en sagesse-prajna, l'autre le plus grand en pouvoirs mystiques. Pourtant,
ceux qui croient au Sutra du Lotus peuvent transformer tout
cela. Pour eux, l'enfer se change en Terre
de la lumière éternelle, les feux dévorants
de la souffrance se changent en la torche d'un bouddha doté du corps de sagesse* ; le défunt devient un bouddha doté du Corps
du Dharma* ; et la fournaise devient la demeure où le Bouddha, sous l'aspect
du corps de l'action*,
manifeste son immense compassion. Shakyamuni dit "En ne me servant que de noms ou de termes provisoires
j'ai conduit et guidé tous les êtres vivants afin de leur
révéler la sagesse du Bouddha."(réf.) Aucun sabre
ne peut couper l'air, aucun feu ne peut brûler l'eau. Aucun feu
ne peut non plus détruire les saints, les personnes de mérite,
ni celles qui sont dotées de bonne
fortune ou de sagesse. Une grande
flamme brûle dans le coeur du bouddha. C'est la flamme de la sagesse
équanime*,
le feu brillant de la grande connaissance (note) et l'abîme enflammé de la méditation. Lorsque le
Bouddha accède au nirvana,
ce grand feu jaillit de sa poitrine et consume son corps. Quand bien
même les divinités célestes,
les dragons et tous les êtres
des six Ciels du monde
du désir et des quatre océans, par crainte de perdre
le Bouddha, s'uniraient afin de faire tomber des pluies assez torrentielles
pour inonder les terres de tout un système majeur de mondes et
pour emporter le Mont Sumeru,
ils n'auraient toujours pas le pouvoir d'éteindre cette flamme
gigantesque. Et si l’on en parle avec moins de rigueur,
il s’agit alors de la fusion
harmonieuse du factuel et du principiel* de l’identité de contemplation*,
et non pas de la contemplation du principe par la sagesse*. Ce fut
comme ce qui s'était passé en Chine, lorsque les maîtres
des écoles bouddhiques du Sud et du Nord, après avoir
été vaincus dans un débat, au palais de la dynastie Chen, par le Grand-maître* Zhiyi*,
devinrent ses disciples. Mais des trois
disciplines Zhiyi* n'avait utilisé que la méditation parfaite et la sagesse
parfaite. Le Grand-maître* Saicho* fit plus. Il réfuta les principes spécifiques du Hinayana pour la réception des préceptes [que Zhiyi* avait omis de contester], et conféra, à huit maîtres
de ces six écoles (note), l'ordination
spécifique du Mahayana telle qu'elle est décrite dans le Sutra
Bonmo. [...] Les moines des neuf régions de Chine devinrent les disciples
de Zhiyi*, et adoptèrent les principes
de méditation parfaite et de sagesse parfaite qu'il enseignait.
Mais puisque aucun kaidan pour conférer universellement l'ordination
qui mène à l'Éveil parfait
et immédiat n'avait été construit en Chine,
certains auraient pu ne pas le suivre dans ce domaine des préceptes.
Par contre, au Japon, puisque Saicho* établit un tel sanctuaire, ceux qui ne suivent pas le Grand-maître* Saicho* ne peuvent être considérés que comme des non bouddhistes
et des personnes mauvaises. [...] A la fin de l'époque du Dharma formel,
le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon. Non seulement il propagea dans notre pays la sagesse
parfaite et la méditation parfaite enseignées par le Grand-maître* Zhiyi*,
mais il fit également construire au Mont Hiei le grand kaidan pour l'ordination selon les préceptes
ènent à l'Éveil parfait et immédiat. Le meilleur
moyen pour parvenir à l'Éveil est donc de rencontrer un zenchishiki.
Jusqu'où peut-on aller en ne s'appuyant que sur sa propre sagesse ? Si l'on possède assez de sagesse pour distinguer le chaud du
froid, on peut comprendre l'importance d'un bon ami bouddhique. Le
roi expliqua à sa mère que la cause de sa maladie était
de nature spirituelle et que, parce qu'elle n'était pas due à
un déséquilibre des quatre éléments, les médecins
ordinaires ne pourraient pas le guérir. Alors l'Honoré
du monde, maître d'une compassion immense, entra dans une méditation aussi bienveillante que la lune (note) pour le bien du roi Ajatashatru.
Lorsqu'il parvint au degré le plus profond de sa méditation,
un éblouissant rayon de lumière émana du Bouddha
et vint toucher le corps du roi. Instantanément ses pustules disparurent."
On lit dans le septième volume du Sutra du Lotus, Sutra
d'une sagesse universelle : "Ce Sutra est le remède bénéfique
pour les maux de toute l'humanité. Si un malade peut entendre ce
Sutra, sa maladie disparaîtra aussitôt, et il ne souffrira
ni de la vieillesse ni de la mort." "Nichiren, à plusieurs reprises, s'est
trouvé sur le point d'être tué. Par deux fois il
a été exilé et en une occasion, il a failli être
décapité. Il n'a pourtant commis aucun crime dans la société.
[Dans sa jeunesse], il a reçu la sagesse suprême du bodhisattva Kokuzo lui-même. Il avait
adressé à ce bodhisattva la prière de devenir la
personne la plus sage du Japon Parce que
l'on gagne en énergie, étant né dans les mondes-états des hommes ou du ciel,
on devient une personne de mérite, influente, que de nombreuses
personnes suivent. En devenant bouddha, on obtient le Corps
de sagesse*,
en se manifestant sous l'aspect d'un bouddha assis sur un trône
en forme de lotus, aussi brillant que la pleine lune dans un ciel sans
nuage un 15 août. Les Trois Corps sont : un, le Corps
du Dharma* de l'Ainsi-venu ; deux, le Corps
de sagesse* de l'Ainsi venu ; et trois,
le Corps manifesté de l'Ainsi-venu.
Tous les bouddhas possèdent naturellement ces trois sortes de
Corps de l'Ainsi-venu. Prenons
la lune, par exemple : on pourrait comparer la lune elle-même au Corps du Dharma*,
sa lumière, au Corps de Sagesse*,
et son reflet auCorps de Manifestation*. De même qu'une seule
lune comporte ces trois aspects, un seul bouddha est doté de
ces Trois Corps différents. Si l'on veut acquérir
la sagesse et maîtriser les enseignements bouddhiques, il faut
y consacrer du temps. Et si l'on veut consacrer du temps à cette
entreprise, il n'est plus possible de céder à tous les
désirs de ses parents, de ses maîtres et de son souverain.
Tant que n'est pas atteinte la route qui mène à l'Éveil, il ne faut pas se laisser guider par la volonté et l'opinion
de ses parents et de ses maîtres. Le sutra
et son interprétation disent clairement que le chemin de l'Éveil
est contenu dans les deux éléments de la réalité
(kyo) et de la sagesse (chi). La réalité désigne
l'aspect de tous les phénomènes de l'Univers, et la sagesse représente la manifestation parfaite
de cet aspect dans la vie de l'individu. Quand la réalité
est le lit d'une rivière infiniment large et profonde, les
eaux de la sagesse s'écoulent sans fin. l'Éveil est l'adéquation
de la sagesse et de la réalité (kyo chi myogo). Tous les
sutras exposés avant le Sutra du Lotus sont des enseignements
provisoires, qui ne peuvent conduire à l'Éveil parce qu'ils
séparent sagesse et réalité. A l'inverse, le Sutra du Lotus lie les deux. Il expose le but de la venue
des bouddhas en ce monde : ouvrir la porte de la sagesse du Bouddha,
la révéler, la faire connaître à tous les
êtres et les y faire entrer. Tout le monde peut atteindre la
bodhéité en s'éveillant à cette sagesse du Bouddha. Le chapitre Hoben* (II) dit
que la sagesse du Bouddha est bien au-delà de la compréhension
des personnes des deux véhicules : "Ni les hommes dans le monde-état des auditeurs-shravakas,
ni les sages dans le monde-état de pratyekabuddha,
ne peuvent la saisir." Que sont
alors ces deux éléments de réalité et
de sagesse ? Simplement Namu
Myoho Renge Kyo. Shakyamuni fit appel aux bodhisattvas Surgis
de Terre, ses disciples depuis le passé illimité,
pour leur transmettre ce Dharma, essence de ses enseignements. Le Sutra
du Lotus dit que le bodhisattva Jogyo et les autres bodhisattvas Surgis
de Terre apparaîtront pendant les cinq
cents premières années des Derniers
jours du Dharma pour propager le Dharma mystique, cristallisation
de la réalité et de la sagesse. [...] Le bodhisattva Jogyo a reçu l'eau de la sagesse du Dharma mystique du Bouddha Shakyamuni
pour la répandre sur cette terre dévastée qu'est
la vie des hommes dans la période des Derniers
jours du Dharma.
Telle est la fonction de la sagesse. Shakyamuni a confié cet
enseignement au bodhisattva Jogyo et maintenant Nichiren le propage au Japon. [...] De même, celui qui oublierait le maître
originel qui, le premier, lui a apporté l'eau de la sagesse puisée dans le grand océan du Sutra du Lotus,
et en suivrait un autre à la place, sombrerait à coup
sur dans le cycle sans fin des
souffrances de la vie et la mort. Le bouddhisme ne peut être correctement propagé que par
une personne d'une sagesse inégalée. C'est pourquoi, après
avoir exposé tous les sutras, Shakyamuni confia les enseignements
du Hinayana à Ananda et les enseignements du Mahayana à Manjushri, mais refusa
de transmettre le principe ultime du Sutra du Lotus à
aucun de ses proches disciples. Dans le Sutra du Lotus, le Bouddha promet
que toute personne qui croira ne serait-ce qu'en une seule phrase ou
une strophe de ce Sutra deviendra bouddha.
Ainsi, cela ne fait aucun doute, j'ai suivi la voie correcte qui mène
à la sagesse suprême et ultime du Bouddha. J'ai appris
que le moine Nichigen, du temple Jisso-ji, parce qu'il s'était
converti à mon enseignement, a été rejeté
par ses disciples et ses bienfaiteurs et a dû quitter ses terres.
Malgré cette situation très difficile, il me rend quand
même visite et prend soin de mes disciples. Quel dévouement
au véritable Dharma ! Quelle remarquable sagesse
! Sa connaissance du bouddhisme est déjà sans pareille.
Pourtant, sans se préoccuper ni de gloire ni de profit, il est
devenu mon disciple. Il applique lui-même les mots du Sutra "nous
ne sommes pas avares de notre vie". (réf.) Pour exprimer
sa gratitude envers le Bouddha, il vous instruit, vous et les autres
croyants et vous entraîne, vous, Matsuno à faire ces offrandes sincères. Tout cela est véritablement merveilleux. En Chine
et au Japon, avant l'introduction du bouddhisme, les classiques non
bouddhiques (note) des Trois Augustes et Cinq Empereurs et des Trois sages mettaient de
l'ordre dans l'esprit des hommes et servaient à gouverner le
monde. Mais les esprits s'écartèrent de plus en plus du
bien pour se rapprocher du mal, et la sagesse des classiques non bouddhiques
se révéla trop superficielle pour prévenir les
fautes de personnes profondément ancrées dans le mal.
Lorsqu'il fut devenu impossible, par le seul recours aux classiques
non bouddhiques, de gouverner le monde, les sutras bouddhiques furent
peu à peu introduits et la société recouvra la
tranquillité. Car la sagesse bouddhique s'appuie sur une parfaite
connaissance de l'esprit humain. Il est dit
dans un sutra : "Il faut suivre le Dharma et non la personne. Il faut s'appuyer sur l'enseignement du
Bouddha et non sur les paroles des maîtres. Il faut se servir de
la sagesse et non des connaissances. Il faut accorder sa confiance aux
sutras complets et définitifs et non aux sutras incomplets et provisoires."(réf.) Ce passage signifie qu'il ne faut pas s'appuyer sur les déclarations
des bodhisattvas et des maîtres mais sur celles du Bouddha. Pour les personnes encore dans les trois
premières des cinq étapes
de la pratique, le Bouddha ne préconise pas la pratique des préceptes et de la méditation.
Il souligne uniquement l'importance de la sagesse. Et puisque notre
sagesse est insuffisante, il nous enseigne de lui substituer la foi.
Le seul mot "foi" est essentiel. L'absence de foi est la cause
qui conduit à devenir un icchantika et à s'opposer au Dharma correct, tandis que la foi est la cause qui mène à
la sagesse et correspond au stade de myoji-soku*. Une école
est digne de ce nom lorsqu'elle propose trois
sortes d'enseignement : préceptes, méditation et prajna-sagesse.
Sans parler pour l'instant de méditation ni de prajna, nous voyons
bien que, par les préceptes qu'elles énoncent, les diverses
écoles se divisent clairement en Hinayana et Mahayana. Ni la branche To-ji de l'école Shingon ni
les écoles Hosso, Sanronou Kegon n'ont leur propre sanctuaire
pour conférer les préceptes ; c'est pourquoi elles doivent
utiliser le sanctuaire du Todai-ji à Nara. Autrement dit, elles
se rattachent aux préceptes énoncés par l'école Ritsu, une école du Hinayana,
préceptes sans plus de valeur que du lait d'ânesse ou des
immondices malodorants. Par les préceptes qu'elles observent,
toutes ces écoles entrent dans la catégorie du Hinayana. Puisque le Sutra du Lotus définit notre vie comme la
vie du Bouddha, notre esprit comme la sagesse du Bouddha, et nos actions
comme le comportement du Bouddha, tous ceux qui reçoivent et
gardent, ne serait-ce qu'une phrase ou un vers de ce sutra, seront dotés
de ces trois propriétés. Namu Myoho Renge Kyo n'est qu'une
simple phrase, mais qui contient l'essence du Sutra tout entier. Vous
demandez si l'on peut atteindre la bodhéité rien qu'en
récitant Namu Myoho Renge Kyo et c'est la question primordiale.
Namu Myoho Renge Kyo est le cœur-même de l'ensemble du Sutra
et la substance de ses huit volumes. Toutes les oppositions commises
par une femme en cette vie sont comme de l'herbe sèche, et le
seul caractère Myo du Sutra du Lotus est comme une petite
étincelle. Une seule étincelle suffit pour mettre le feu
à une vaste étendue d'herbe, et non seulement l'herbe,
mais aussi les grands arbres et les grands rochers seront brûlés.
Tel est le pouvoir du feu de la sagesse contenu dans le seul caractère
Myo. Non seulement toutes les fautes s'effaceront, mais elles deviendront
sources de bienfait. C'est ce que signifie "changer
le poison en élixir" (hendoku
iyaku). Les autres
sutras sont bien des enseignements du Bouddha mais si l'on a foi en
eux, on ne fait que suivre les conceptions des personnes ordinaires,
et il est impossible d'atteindre la bodhéité. Tandis que le Sutra du Lotus est
à la fois l'enseignement du Bouddha et la concrétisation
de sa sagesse. En accordant une foi profonde à chacun de ses
caractères, au moindre des coups de pinceau qu'il contient, on
devient un bouddha tel que l'on est, sous sa forme présente. Les plantes
et les arbres ont la terre pour mère, le ciel pour père,
les pluies pour nourriture. Le vent est leur âme, le soleil et
la lune sont leurs nourrices. Ainsi, ils croissent jusqu'à maturité,
fleurissent et portent des fruits. De même, tous les êtres
vivants ont pour terre "l'aspect
réel de tous les phénomènes (shoho jisso)",
pour ciel, leur "nature libre de tout aspect" ; "le Véhicule
unique" est la pluie qui les nourrit ; "le grand vent"
qui les pousse, l'affirmation que le Sutra du Lotus est le
plus élevé de tous les sutras que le Bouddha "a enseignés,
enseigne ou enseignera"(réf.) ; et, avec les mots "doté du pouvoir de méditation et de sagesse-prajna"(réf.) les éclairant comme le soleil et la lune, ils cultivent les bienfaits de l'Éveil parfait faisant s'épanouir
les fleurs de la grande compassion et qui donne le fruit de la bodhéité apportant paix et joie. Telle est la façon dont le Bouddha nourrit
tous les êtres vivants. Le quatrième défaut
est l'adultération*.
Si l'on ajoute au riz des immondices, des cailloux, du sable ou de la
poussière, il devient alors immangeable. Le récipient
symbolise notre corps et notre esprit. Notre esprit est une sorte de
récipient, notre bouche et nos oreilles le sont également.
Le Sutra du Lotus est l'eau du Dharma,
expression de la sagesse du Bouddha. Mais quand cette eau est versée
dans leur cœur, certains choisissent de la rejeter. Nous pouvons
aussi y faire obstruction, en couvrant nos oreilles avec nos mains afin
de ne pas l'entendre. Ou encore, la recracher pour empêcher notre
bouche de réciter le Sutra. Nous sommes alors comme
un récipient renversé ou clos par un couvercle. Comme elle est mystérieuse
la volonté de faire, ne serait-ce qu'une fois, une offrande au moine qui connaît le coeur du Sutra du Lotus ! Celui qui fait une telle offrande, ne serait-ce qu'une fois, ne s'égarera
jamais dans les mauvaises
voies. A plus forte raison, si l'on renouvelle cette offrande
dix fois, vingt fois, pendant cinq ans, dix ans, ou tout au long de
sa vie, les bienfaits seront
bien plus grands. Même la sagesse du Bouddha est incapable de
les évaluer. Mais quarante-deux
ans après être parvenu à l'Éveil,
il exposa le Sutra du Lotus et déclara : "Certains
disciples [...] ayant recherché l'extinction et ayant accédé
à ce qu'ils croient être le nirvana, même dans cette
autre terre, rechercheront la sagesse du Bouddha et pourront entendre
ce Sutra."(réf.) Le Dharma bouddhique
est comme le corps, la société comme son ombre. Si le
corps est déformé, son ombre l'est aussi. Quelle grande bonne fortune, pour moi et mes
disciples qui obéissons au véritable voeu du Bouddha,
de pouvoir pénétrer naturellement dans l'océan
de la sagesse infinie ! Au début, le pays connut le règne des empereurs célestes. Mais, à l'approche des Derniers
jours, les conceptions des gens se déformèrent et
l'avidité, la colère
et l'ignorance se renforcèrent. La sagesse des divinités étant devenue superficielle, leur autorité et leur pouvoir
diminuèrent, et elles ne réussirent même plus à
protéger ceux qui leur adressaient des prières. C'est
alors que ce grand enseignement, le bouddhisme, fut introduit dans le
pays et s'y répandit peu à peu. Le Bouddha
est naturellement doté de la sagesse incluant tout. Ceux qui
possèdent l'essence fondamentale de l'esprit, et les fonctions
mentales qui lui sont liées, sont plus nombreux que les grains
de poussière [de plusieurs mondes]. Chacun d'eux est doté
des cinq sortes de sagesse,
d'une sagesse illimitée. Quand le pouvoir de la sagesse
ronde comme un miroir est pleinement utilisé, c'est la véritable
sagesse de l'Éveil. On lit dans le chapitre Jinriki* (XXI) : "Que ce soit dans un bosquet,
sous un arbre ou dans un monastère [...] les bouddhas entrent
dans le nirvana." Ceux qui visitent cet endroit peuvent instantanément
expier les fautes commises depuis le passé infiniment lointain.
Les troubles (bonno, klesa) se transforment en sagesse (prajna),
le karma en Corps
du Dharma*,
et les souffrances (dukkha)
en délivrance (gedatsu, vimukti). Il
est écrit dans le chapitre des Moyens salvifiques : "La
véritable réalité de chaque chose réside
dans les dix modalités d'expression
de la vie" (nyoze)", et plus loin, un autre autre passage : "Tous les bouddhas et les Vénérables sont venus dans
ce monde parce qu’ils voulaient faire connaître la sagesse du Bouddha à tous les êtres vivants." |
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