Fidélité
ou manquement au devoir de piété filiale (Sur la piété filiale ou son manquement) Lettres
et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 6, p. 317 ; SG* p. 1043 |
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J'ai bien reçu le sac de riz que vous m'avez fait parvenir pour la cérémonie anniversaire de la mort du seigneur Ueno. Je l'ai présenté au Bouddha et je vais réciter le Jigage. Si l'on veut savoir ce que l'on entend par "piété filiale", il faut tout d'abord comprendre en quoi consiste son contraire, le manquement au devoir de piété filiale. Un certain Yu-meng* frappa son père et pour cela périt foudroyé. Une personne du nom de Ban-fu* maudit sa propre mère et, pour cette raison, fut mordue et avalée par un serpent venimeux. Le roi Ajatashatru tua son père et, pour cela, contracta la lèpre blanche. Pour avoir tué l'un de ses parents, le roi Virudhaka mourut sur un fleuve dans un bateau en flammes et tomba vivant dans l'enfer avici. On n'a jamais vu pareilles rétributions pour le meurtre d'autres personnes que ses propres parents. Ces terribles résultats du manquement à la piété filiale doivent nous permettre de comprendre quel immense bienfait procure le dévouement à ses parents. Plus de trois mille volumes d'écrits non bouddhiques ne traitent pas d'autre chose ; ils ne font qu'enseigner une conduite respectueuse envers père et mère. Mais ils s'attachent uniquement à la satisfaction des parents dans la vie présente, non dans leurs vies futures. La dette de reconnaissance que nous avons envers notre père et notre mère est aussi vaste que l'océan. Si nous ne faisons rien pour les aider dans leur vie prochaine, l'aide que nous leur apportons en cette vie-ci est une goutte d'eau. Plus de cinq mille volumes d'écrits bouddhiques ne traitent de rien d'autre ; ils ne font qu'exalter les mérites de la piété filiale. On pourrait croire que les principes énoncés par le Bouddha pendant plus de quarante ans, dans la première partie de son enseignement, étaient conformes à la piété filiale, mais, puisqu'il n'avait "pas encore révélé la vérité", il s'agissait au contraire d'un manquement à la piété filiale. Le Vénérable* Maudgalyayana sauva sa mère du monde de l'avidité, mais il ne put la conduire que jusqu'aux mondes des hommes et du Ciel, sans pouvoir la mettre sur la voie qui mène à la bodhéité. Le Bouddha Shakyamuni, à l'âge de trente ans, enseigna le Dharma à son père, le roi Shuddhodana, lui permettant ainsi de parvenir à la plus haute des quatre étapes de l'Éveil. Et à l'âge de trente-huit ans, il permit à sa mère, la reine Maya, d'accéder au stade d'arhat. En apparence, un tel comportement semble respectueux de la piété filiale, mais en réalité le Bouddha fut coupable de manquement à la piété filiale. Il libéra bien ses parents des six premières voies, mais il les entraîna sur une voie qui ne leur permettrait jamais d'atteindre la bodhéité (note). C'était comme rabaisser un prince héritier au rang de simple roturier ou marier une princesse royale à un homme de basse condition. C'est pourquoi le Bouddha déclara : "Si je m'étais borné à exposer les enseignements provisoires"... je serais tombé dans l'avarice et l'avidité, mais pareille chose serait impossible."(réf.) Pour avoir offert à ses parents un plat d'orge bouilli au lieu du nectar d'amrita, pour leur avoir offert un alcool ordinaire au lieu d'une liqueur raffinée, le Bouddha se serait rendu coupable de la plus grave transgression de la piété filiale. Dans ce cas, comme le roi Virudhaka, il serait tombé vivant dans la grande citadelle de l'enfer avici ou comme le roi Ajatashatru son corps se serait couvert de pustules blanches. Mais quarante-deux ans après être parvenu à l'Éveil, il exposa le Sutra du Lotus et déclara : "Certains disciples [...] ayant recherché l'extinction et ayant accédé à ce qu'ils croient être le nirvana, même dans cette autre terre, rechercheront la sagesse du Bouddha et pourront entendre ce Sutra."(réf.) Parce que le Bouddha Shakyamuni exposa le Sutra du Lotus pour s'acquitter de sa dette de reconnaissance envers son père et sa mère, le bouddha Taho, venu du monde du Trésor de la Pureté, fit son éloge comme d'un bouddha véritablement respectueux de la piété filiale. Et les bouddhas des dix directions s'assemblèrent et déclarèrent que, parmi tous les bouddhas il était celui qui manifestait la plus haute forme de piété filiale. Dans ces conditions il est clair que les habitants du Japon trahissent tous les principes de la piété filiale. Dans un passage du Sutra du Nirvana, le Bouddha enseigna que les personnes qui manqueraient à la piété filiale seraient plus nombreuses que les grains de poussière de toute la surface de la terre. C'est pourquoi le soleil, la lune et les 84.000 étoiles du firmament enragent et fixent ce pays, le Japon, d'un regard furieux. C'est ce que les devins du Yin et du Yang d'aujourd'hui décrivent au souverain comme "l'occurrence de nombreux phénomènes étranges dans le ciel". Jour après jour, des événements étranges se produisent qui donnent à ce pays l'air d'un petit bateau ballotté sur la mer immense. C'est la raison pour laquelle les enfants du Japon ont perdu leur vitalité et les femmes vomissent le sang. (note) Dans le Japon entier, il est impossible de trouver une personne plus respectueuse que vous de la piété filiale. Bonten et Taishaku descendront du Ciel pour vous servir d'aile gauche et d'aile droite, et les divinités des terres des quatre directions soutiendront vos pieds en vous révérant comme leur parent. J'aurais encore beaucoup d'autres choses à dire mais je m'arrêterai là. Avec mon
profond respect, Le 8e jour du 3e mois de la 3e année de Koan[1280]. ARRIERE-PLAN - Nichiren Daishonin envoya cette lettre de Minobu le 8e jour du 3e mois de 1280, en réponse à Nanjo Tokimitsu qui lui avait demandé d'offrir une prière pour les défunts à l'occasion de l'anniversaire de la mort de son père, Nanjo Hyoe Shichiro. (Commentaire ACEP) En anglais : On Filial and Unfilial Conduct |
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