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Extraits de gosho sur |
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Nagarjuna |
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Dans son Ojo Ron Chu, le moine Tanluan déclare : "En étudiant le Jujubibasha
Ron de Nagarjuna,
j'ai lu : ‘Il y a deux voies par lesquelles le bodhisattva peut
atteindre l'état d'où l'on ne peut régresser. L'une
est la Voie difficile à
pratiquer, l'autre la Voie facile à pratiquer.’ La
Voie difficile à pratiquer correspond à la Voie sacrée
tandis que la Voie facile à pratiquer est la voie de la Terre
pure. Le bodhisattva Nagarjuna dit : "Fiez-vous aux traités qui sont fidèles au sutra ; ne vous fiez pas aux traités qui déforment le sutra."(réf.) Une signification possible de ce passage est que, parmi les divers sutras,
il faut rejeter les enseignements
provisoires énoncés avant le Sutra du Lotus,
et accorder sa foi à ce Sutra. Ainsi, les sutras aussi
bien que les traités rendent parfaitement clair qu'il faut rejeter
tout sutra autre que le Sutra du Lotus. Le bodhisattva Nagarjuna dit dans son Daichido Ron* : "[Le Sutra du Lotus] est comme un grand médecin
qui change le poison en élixir."
Cette citation se trouve dans un passage du Daichido Ron* qui commente les vertus inhérentes au caractère
Myo du Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Zhanlan* commente de la manière suivante : "Parce qu'il peut guérir
ce que l'on croit incurable, on l'appelle mystique (myo)."(réf.) J'ai ici
un exemplaire d'un ouvrage en un volume intitulé Bodaishin
Ron, que l'on dit écrit par le bodhisattva Nagarjuna.
On y lit : "Seuls les enseignements du Shingon permettent d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence. C'est pourquoi le Shingon enseigne la manière d'accéder au samadhi*.
Ce principe fait défaut à tous les autres sutras et n'est
mentionné nulle part ailleurs." Comme cette affirmation
éveillait mes doutes, j'ai fait des recherches dans les sutras.
J'ai découvert que même si l'on trouve [dans les sutras
du Shingon] les termes "atteindre la bodheité sans
changer d'apparence" (sokushin jobutsu) aucun exemple de personne
y étant parvenue n'en apportait la preuve. Et même si c'était
le cas, puisque ce principe est également enseigné dans
le Sutra du Lotus, il n'est pas juste de dire "ce principe
fait défaut à tous les autres sutras et n'est nulle part
ailleurs mentionné". C'est une grossière erreur. En réalité,
ce traité n'est pas l'oeuvre de Nagarjuna.
Je reviendrai sur ce point en une autre occasion. Pourtant, même
si c'était l'oeuvre du bodhisattva Nagarjuna,
une erreur reste une erreur. Dans le Daichido Ron* , Nagarjuna établit une distinction
de grande importance parmi les enseignements exposés de son vivant
par Shakyamuni lorsqu'il écrit : "Les sutras Hannya* ne sont pas des enseignements
ésotériques, parce qu'ils ne mentionnent pas la possibilité
d'atteindre la bodhéité pour les personnes des deux
véhicules. Le Sutra du Lotus est l'enseignement
esotérique, car il enseigne ce principe." On y lit aussi : "Les sutras qui enseignent qu'il est possible pour les personnes
des deux véhicules d'atteindre
la bodhéité sont des enseignements ésotériques,
et ceux qui ne l'enseignent pas sont des enseignements
exotériques." Si l'on
croit véridique le passage du Bodaishin
Ron, il contredit le Daichido Ron* de Nagarjuna et,
d'un point de vue plus général encore, il s'oppose à
la seule grande raison (note) de la venue de tous les bouddhas en ce monde. Nagarjuna, Vasubandhu et d'autres sont
tous apparus en ce monde pour propager l'enseignement du Bouddha Shakyamuni. Nagarjuna fut l'un des 24 successeurs du Bouddha. Aurait-il pu réellement être l'auteur d'une
étation aussi erronée ? En Inde,
après la disparition du Bouddha, le bodhisattva Nagarjuna fut celui qui comprit véritablement le rapport entre le Sutra
du Lotus et les autres sutras ; et la première personne à
l'appréhender correctement en Chine fut le Grand-maître* sage Zhiyi*. Les vingt-quatre
successeurs furent tous envoyés par le Bouddha, qui avait
prédit leur venue. Parmi eux, le quinzième, le bodhisattva Kanadeva*,
fut tué par un brahmane et le vingt-quatrième, icchantika*,
fut décapité par le roi Dammira. Buddhamitra et le bodhisattva Nagarjuna furent en butte,
eux aussi, à de nombreuses persécutions, alors que d'autres,
protégés par des rois dévots, purent propager le
bouddhisme sans être inquiétés. Au cours des plus de 2200 ans écoulés depuis la
disparition du Bouddha, dans toute l'Inde, la Chine, le Japon et le
monde entier [comme le Grand-maître* Zhiyi* l'a déclaré] : "Vasubandhu et Nagarjuna avaient clairement
perçu la vérité dans leur coeur, mais ils ne l'enseignèrent
pas. A sa place, ils exposèrent les enseignements
du Mahayana provisoire*,
qui étaient adaptés à leur époque."(réf.) Le Sutra
du Lotus contient deux principes importants (note), dont les écoles Kusha, Jojitsu, Ritsu, Hosso et Sanron ne connaissent rien, pas même le nom. Par contre, les écoles Kegon et Shingon se sont sournoisement emparées de ces principes pour en faire le
coeur de leurs propres enseignements. Le principe d'ichinen
sanzen ne se trouve que dans l'enseignement
essentiel* du Sutra du Lotus, caché dans les profondeurs du chapitre Juryo* (XVI). Les bodhisattvas Nagarjuna et Vasubandhu en avaient connaissance
mais ne le révélèrent pas. Seul le Grand-maître Zhiyi l'adopta et le conserva sans cesse à l'esprit. Le Grand-maître* Zhiyi* commente : "En leur coeur, Vasubandhu et Nagarjuna perçurent
clairement la vérité mais ne l'enseignèrent pas ; au lieu de cela, ils exposèrent les enseignements du Mahayana
provisoire*,
qui convenaient à leur époque. [...] Dans leur
coeur, Vasubandhu, Nagarjuna, Ashvaghosha, Sthiramati et d'autres lettrés bouddhistes connaissaient le principe d'ichinen
sanzen mais ils ne le révélèrent pas
aux autres parce que le temps de l'exposer n'était pas encore
venu. Le Grand-maître* Saicho* a dit : "Les périodes du Dharma
correct et du Dharma formel sont
presque terminées, et celle des Derniers
jours du Dharma est proche."(réf.) Ces mots indiquent son grand désir de vivre au commencement de
l'époque des Derniers jours du
Dharma.
Lorsque l'on compare les bienfaits de vivre aux trois époques différentes,
il est clair que les miens dépassent non seulement ceux de Nagarjuna et de Vasubandhu, mais aussi
ceux de Zhiyi* et de Saicho*. Je fus bien
près d'être décapité à Tatsunokuchi,
je fus blessé au front à Komatsubara,
et constamment calomnié. Mes disciples ont également
été exilés et jetés en prison, tandis
que les croyants laïcs qui me suivent ont été expulsés
et leurs biens confisqués. Comment les persécutions
endurées par Nagarjuna, Zhiyi* ou Saicho* pourraient-elles être comparables ? L'enseignement du chapitre Juryo* (XVI) revêt pour moi, Nichiren, une signification particulière. Zhiyi* et Saicho* le comprirent presque entièrement mais ne le révélèrent
pas explicitement, et c'est également vrai de Nagarjuna et Vasubandhu. Dans la lignée des successeurs
de Shakyamuni, le vingtième, le bodhisattva Aryadeva,
fut tué [par un non bouddhiste], et le vingt-cinquième,
le vénérable Aryasimha,
fut décapité. Le huitième successeur Buddhamitra,
et le treizième, le bodhisattva Nagarjuna,
brandirent un drapeau rouge à l'entrée du palais royal
[dans l'espoir d'attirer l'attention du souverain], le premier pendant
douze ans et le second pendant sept ans. L'interprétation de Huisi est la même que celle de Zhiyi*.
Les sutras n'établissent pas de façon tout à fait
claire que les deux interprétations sont possibles, autrement dit
que l'on peut considérer le lotus à la fois comme une essence
réelle et comme une image. Mais Huisi et Zhiyi* ont pu distinguer ces deux aspects en s'appuyant sur les traités
de Vasubandhu et de Nagarjuna. Nagarjuna et Vasubandhu furent tous deux des Maîtres, auteurs de mille ouvrages. Cependant,
ils n'exposèrent que les enseignements du Mahayana
provisoire*. Question. — Quelles sont les lois ésotériques qu'au cours de plus de deux mille ans qui se sont écoulés depuis la mort de l'Ainsi-Venu, Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi, Saicho, ont laissées de côté ? Réponse. — L'objet fondamental de la vénération (Gohonzon), l'estrade d'ordination (Kaidan) (note) et les cinq caractères du Titre (Daimoku), qui relèvent de la doctrine de l'état originel (honnu). Le bodhisattva Nagarjuna écrivit :
"Le Sutra du Lotus est comme un grand médecin qui
change le poison en remède." Rien n'est
plus concluant que la preuve actuelle. Voyez l'horrible mort de Shubhakarasimha* et de Yixing, et les conditions
dans lesquelles sont morts Kukai* et Ennin*.
Auraient-ils pu mourir ainsi s'ils avaient été des pratiquants
du Dharma correct ? Comment comprenez-vous le Sutra
Kambutsu Sokai et d'autres sutras, ou le traité de Nagarjuna ? (note) Vasubandhu, Nagarjuna voyaient clairement à l’intérieur d’eux-mêmes”.
Le Grand-maître* Zhiyi* disait : “la dernière période de cinq cents ans sera largement humectée par la voie merveilleuse”. (réf.) Le Grand-maître* Saicho* disait : “Les période du Dharma
correct et du Dharma formel sont
déjà passées et terminées. La fin
du Dharma est extrêmement proche. C’est véritablement
le temps, à présent, de la prédisposition au Véhicule
unique de la Fleur du Dharma. Comment peut-on le savoir ? Le
chapitre Pratiques
paisibles indique : "Dans l’ère finale, lorsque le Dharma disparaîtra…"(réf.) Honen,
au Japon, donne l'interprétation suivante. Selon lui, le Sutra
du Lotus, le Sutra
Kegon*,
le Sutra Vairocana* et divers
autres sutras du Hinayana, ainsi
que les enseignements des écoles Tendai, Shingon et Ritsu qui se sont répandus au Japon aujourd'hui, représentent
le Dharma pur des deux mille ans des périodes du Dharma
correct et du Dharma formel mentionnés dans le Sutra
Daijuku. Mais, dès que le monde sera entré dans
l'époque des Derniers jours
du Dharma,
ces enseignements perdront toute validité. Même si certains
continuent à les pratiquer, aucun d'eux ne parviendra à
échapper aux souffrances de la vie et de la mort. [C'est pourquoi Nagarjuna, dans] le Jujubibasha
Ron et le moine Tan-luan appellent ces enseignements : "la voie
de la pratique difficile" ; Daochuo déclare que pas une seule personne ne peut parvenir à
l'Éveil grâce à eux. Le bodhisattva Nagarjuna déclare dans
son Bodai Shiryo Ron* : "L'Honoré du monde a énuméré
cinq causes [cinq forfaits]
conduisant à l'enfer avici.
[...] Mais si, devant le Dharma profond que l'on n'a pas encore appréhendé,
on reste attaché à des enseignements inférieurs,
en déclarant que ce grand Dharma n'est pas l'enseignement du
Bouddha, on commet un crime encore cent fois plus grave que la totalité
des fautes résultant des cinq
causes mentionnées plus haut." Dans le Daichido Ron* , le bodhisattva Nagarjuna écrit : "Question : s'il en est ainsi, aucun des sutras, du Sutra Kegon* au Sutra Hannya*,
n'est un enseignement ésotérique,
mais le Sutra du Lotus est ésotérique. Le Sutra du Lotus est comparable
à un excellent médecin qui change le poison en remède." On respecte le Bouddha pour sa capacité
à connaître le passé et à discerner le futur.
Il perçoit les trois phases de la vie avec une sagesse inégalée. Sans être
bouddha, des sages et des personnes
de mérite tels que Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* et Saicho*,
malgré une sagesse inférieure à celle du Bouddha,
eurent une perception d'ensemble des trois
phases, et leurs noms pour cela passèrent à la postérité. Mais le coeur des enseignements sacrés en quatre vingt-mille
corbeilles, et l'oeil même du Sutra du Lotus, les cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo, il ne les confia pas à Mahakashyapa ou à Ananda,
et ne les transmit pas non plus aux grands bodhisattvas Manjushri, Fugen, Kannon, Maitreya, Jizo ou Nagarjuna. Ces grands bodhisattvas
l'auraient souhaité et lui en firent la requête, mais le
Bouddha n'y consentit pas. En Inde, au cours des mille ans qui
suivirent la disparition du Bouddha, il y eut de grands érudits
tels que Mahakashyapa, Ananda, Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga et Vasubandhu,
qui entreprirent de propager le bouddhisme dans les cinq
régions de l'Inde. Les successeurs du Bouddha appartenaient aux Quatre
rangs de saints ; ils étaient les envoyés du Bouddha. Pourtant, le bodhisattva Aryadeva fut tué par un brahmane, le vénérable Aryasimha fut décapité par le roi Dammira ; Buddhamitra dut se tenir
pendant douze ans sous un drapeau rouge avant d'attirer l'attention
de son souverain, et le bodhisattva Nagarjuna resta de même pendant sept ans sous un drapeau semblable. Plus de deux mille deux cent vingt ans se
sont écoulés depuis l'entrée dans le nirvana du Bouddha Shakyamuni, mais personne n'a jamais entrepris cette mission,
pas même les plus grands de ses disciples Mahakashyapa, Ananda, Ashvaghosha, Nagarjuna, Huisi ou Zhiyi*, Zhanlan* ou Saicho* ! formez vos rangs, mes disciples, et suivez-moi ! Le bodhisattva Nagarjuna déclare dans
son Daichido Ron* que
lever une seule fois les yeux sur une femme est une cause karmique suffisante pour tomber pendant longtemps en enfer. C'est peut-être
pourquoi on rapporte, à tort ou à raison, que le moine Shandao,
qui pourtant s'opposait au Dharma, passa sa vie entière sans jamais
poser les yeux sur une femme. Et Narihira dans un poème comparait les femmes à des démons. Un nourrisson ne sait pas ce qui donne son goût au lait qu'il
boit, mais, lorsqu'il tête, naturellement, son corps s'en nourrit.
Quelqu'un a-t-il jamais cherché à connaître la composition
des merveilleux remèdes de Jivaka avant de les prendre ? L'eau n'a pas de conscience, elle n'en a
pas moins le pouvoir d'éteindre le feu. Le feu consume ce qu'il
rencontre mais pouvons-nous dire qu'il le fait intentionnellement ? Je ne fais que répéter ici les explications que donnaient
déjà Nagarjuna et Zhiyi*. Actuellement,
nous sommes entrés depuis plus de deux cents ans dans l'époque
des Derniers jours du Dharma.
Comme il est prodigieux que Nichiren ait, le premier, inscrit ce grand mandala, levant ainsi l'étendard
de la propagation du Sutra du Lotus, alors même que de
Grands-maîtres comme Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* et Zhanlan* furent incapables de le faire ! Ce mandala n'est en rien une invention
de Nichiren. C'est l'objet de vénération qui dépeint
parfaitement le vénérable Shakyamuni et tous les autres
bouddhas dans la Tour aux Trésors,
aussi fidèlement que l'estampe correspond à la planche
à graver. Quant à
l'enseignement dont je parle : après la mort de l'Ainsi-venu,
en Inde, pendant plus de mille cinq cents ans, elle était connue
par les vingt-quatre successeurs du
Bouddha - parmi lesquels Nagarjuna et Vasubandhu - mais ils ne
l'ont pas révélée. Même si Nagarjuna et Zhiyi* avaient ignoré l'enseignement que je propage, s'il est clairement
énoncé dans des passages du Sutra, comment est-il
possible d'en douter ? Mépriser Nichiren, et refuser de
réciter Namu
Myoho Renge Kyo, c'est être comparable à un
bébé qui refuserait de téter ou à un malade
qui, n'ayant pas confiance dans son médecin, refuse de prendre
le médicament qui lui a été prescrit. Nagarjuna et Vasubandhu connaissaient
cet enseignement mais ne le propagèrent pas, peut-être
parce que le temps n'était pas venu et que les gens de leur époque
n'avaient pas la capacité de le comprendre. D'autres ne l'ont
pas propagé peut-être parce qu'ils l'ignoraient. Le bouddhisme
se propage en fonction du temps et des capacités des gens. C'est
pourquoi, même si je ne suis pas digne d'exposer un tel enseignement,
je l'expose parce que c'est celui qui correspond au temps. Après la disparition du Bouddha, de Grands-maîtres et lettrés
[du bouddhisme] comme Mahakashyapa, Ananda, Nagarjuna, Vasubandhu Zhiyi*, Zhanlan*, Saicho* et Gishin*,
connaissaient cette doctrine, mais l'ont gardée en leur coeur
et ne l'ont pas propagée de manière explicite. Car le
Bouddha leur avait interdit de le faire en disant qu'après sa
disparition, ce Grand Dharma ne devra pas être divulgué
jusqu'au début de l'époque des Derniers
jours du Dharma. Le bodhisattva Nagarjuna, Zhiyi* et Saicho furent persécutés
en raison de leur foi bouddhique, mais aucune des persécutions
qu'ils subirent ne furent aussi graves que celles que décrit
le Sutra. C'est parce qu'ils naquirent avant l'époque où
le Sutra du Lotus devait se propager. Le Yuga Ron de Maitreya et le Dai Ron du bodhisattva Nagarjuna disent que, si la maladie d'une personne est due à son karma immuable, même le meilleur médicament se transformera
en poison, mais que, si cette personne croit au Sutra du Lotus,
le poison se changera en élixir. Dans le Daichido Ron* , commentaires destinés à prouver l'immense
supériorité du Sutra du Lotus sur tous les autres
enseignements exposés par le Bouddha de son vivant, le bodhisattva Nagarjuna déclare : "[Le Sutra du Lotus est] comparable à un excellent
médecin capable de changer le poison en élixir."
Cela signifie que si un médecin ordinaire a la capacité
de guérir une maladie commune avec un médicament, un excellent
médecin a la capacité de guérir même une
maladie grave avec un poison violent. Dans les
deux mille ans et plus qui s'écoulèrent "après
sa mort", personne, pas même Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* ou Saicho*,
ne subit aucune des persécutions, encore plus grandes, qui étaient
prédites. Ils furent indéniablement des pratiquants du Sutra du Lotus, mais puisque tel est le cas, d'où
vient qu'aucun d'eux ne versa la moindre goutte de sang, à l'instar
du Bouddha, ou n'endura des épreuves encore plus grandes ? Les prédictions du Sutra pourraient-elles être
fausses et les paroles du Bouddha, de grands mensonges ? Toutefois,
au cours des vingt-sept dernières années, Nichiren fut
exilé dans la province d'Izu,
le douzième jour du cinquième mois de la première
année de Kosho (1261) ; il fut blessé au front, et
eut la main gauche cassée, le onzième jour du onzième
mois de la première année de Bun'ei (note). Il devait être
exécuté le douzième jour du neuvième mois
dans la huitième année de Bun'ei (1271) au lieu de quoi il fut exilé dans la province de Sado.
De plus, beaucoup de ses disciples furent assassinés ou blessés,
bannis ou écrasés d'impôts. Je ne sais pas si ces
épreuves égalent ou surpassent celles du Bouddha. Ce que Nagarjuna, Vasubandhu, Zhiyi* et Saicho eurent à subir
n'est rien comparé à cela. Prendre pour objet de vénération
Shakyamuni qui atteignit la bodhéité il y a d'innombrables kalpas ainsi que ses compagnons
aurait été aussi inconcevable que l'apparition du soleil
en pleine nuit ou celle de la lune en plein jour. Les quatre
rangs de saints aux époques du Dharma
correct et du Dharma formel ne
l'ont pas même mentionné, parce que c'est le bodhisattva Jogyo qui doit apparaître
pour l'établir, dans la première période de cinq
cents ans de l'époque des Derniers
jours du Dharma. Nagarjuna et Vasubandhu le connaissaient dans leur coeur mais ne le révélèrent
pas aux autres. Le Grand-maître* Zhiyi* en avait connaissance, mais, parce qu'il était un bodhisattva
des enseignements théoriques, il ne l'enseigna qu'en partie,
sans en révéler la véritable signification. Après
la disparition du Bouddha, trois personnes seulement ont véritablement
lu ce passage du Sutra du Lotus. Le bodhisattva Nagarjuna,
en Inde, dit dans son Daichido Ron* : "Le Sutra du Lotus est comme un grand
médecin qui change le poison
en remède". (note) C'est de cette manière qu'il expliqua le sens du passage "le
plus difficile à croire, le plus difficile à comprendre". Le bodhisattva Nagarjuna déclara : "Les propos erronés sont faciles à réfuter,
et les opinions fausses, difficiles à soutenir." Dans l'écrit
appelé Sutra du Nirvana,
la liste est faite de ceux qui, grâce au Sutra du Lotus,
sont parvenus à la bodhéité. Elle comprend des
insectes malpropres comme les bousiers, des serpents venimeux et des
scorpions. Pour décrire le pouvoir merveilleux du Sutra du
Lotus, le bodhisattva Nagarjuna dit que le Sutra permet même à des bousiers de parvenir à la bodhéité. (réf.) Dans son Nikyo
ron, le Grand-maître* Kukai* affirme : "Il est dit dans le Bodaishin ron : "Seule la doctrine du Shingon permet d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence,
car elle enseigne la pratique de samadhi*,
une sorte de méditation qui n'est exposée dans aucun autre
sutra. Si nous étudions le sens de ce traité, j'aimerais
souligner qu'il est la resserre secrète, le coeur et le noyau
des mille ouvrages écrits par le grand sage Nagarjuna.
Dans la phrase précédemment citée, les mots "aucun
autre sutra" désignent les divers principes exposés
par le [Bouddha sous la forme du] Corps de la bienfaisance* et se manifestant
par divers Corps de Transformation. Ce sont les principes des enseignements
exotériques. Le Titre Sacré (Daimoku)
est de deux sortes : le Titre Sacré des périodes du Dharma
correct et du Dharma formel,
et celui des Derniers jours du Dharma. Vasubundhu et Nagarjuna avaient l’habitude de réciter le Texte Sacré,
mais leur récitation du mantra n’allait pas plus loin qu’une
pratique personnelle ascétique. A la période du Dharma
formel, Huisi, Zhiyi* et les autres récitaient aussi le Titre sacré, mais cela
également était simplement fait comme une pratique ascétique
personnelle, et n’était pas enseigné pour le bénéfice
des autres. C’était le Titre Sacré compris comme
un concept à méditer. Ces mille ans de l'époque du Dharma
correct se divisent en deux périodes. Au cours des premiers
cinq cents ans, les sutras du Hinayana furent propagés. Ceux qui les enseignèrent furent Mahakashyapa, Ananda et quelques autres. Dans
la deuxième période de cinq cents ans, Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga, Vasubandhu et d'autres propagèrent
les sutras du Mahayana provisoire*.
Certains de ces maîtres, dans leurs écrits, firent allusion
à des aspects partiels du Sutra du Lotus, et d'autres
ne le mentionnèrent jamais. Parmi les maîtres apparus après
les mille ans de l'époque du Dharma
correct, certains donnèrent des interprétations ressemblant
à l'enseignement du Bouddha lui-même, mais sur de nombreux
points ils tombèrent dans l'erreur. Parmi ceux [apparus à
l'époque du Dharma correct]
qui n'étaient pas dans l'erreur mais dont l'enseignement restait
incomplet, se trouvent Mahakashyapa, Ananda, Ashvaghosha, Nagarjuna, Asanga et Vasubandhu. |
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