Ne recherchez
jamais aucun des enseignements de Shakyamuni, ni les bouddhas et
bodhisattvas de l'univers, en dehors de vous-même. Votre
maîtrise du bouddhisme n'atténuera pas si peu que ce soit,
vos souffrances de simple mortel tant que vous n'aurez pas perçu
la nature fondamentale de votre propre vie. Si vous cherchez la bodhéité
en dehors de vous-même, toutes vos pratiques et bonnes actions n'auront
aucun sens.
Sur l'atteinte de
la bodhéité (Kamakura
1255, à Toki Jonin)
Maintenant, j’aimerais examiner si l'Enseignement
exposé dans le Senjaku-shu est vrai ou faux, en conformité
avec les sutras du Bouddha et leur interprétations par les bodhisattvas.
Honen
en particulier, tout en suivant les pratiques établies par ses
prédécesseurs, ignorait leur véritable origine. De
quelle façon pouvons-nous le savoir ? Parce qu'il rangea dans
la même catégorie l'ensemble des 637 écrits du Mahayana
et les 2883 volumes de textes, ainsi que la croyance dans les divers bouddhas,
bodhisattvas et divinités
bouddhiques, et qu'il exhorta les hommes à "les rejeter,
les refermer, les ignorer et les abandonner" tous, provoquant par
ces quatre injonctions la corruption du coeur de tous les êtres
humains.
[...] On peut lire dans un autre passage : "Par le passé, quand
l'Ainsi-Venu était le souverain
du pays et pratiquait la voie de bodhisattvas, il mit
à mort un certain nombre de brahmanes."
[...] Le meurtre de degré majeur est celui d'un parent, d'un arhat,
d'une personne ayant atteint l'état de pratyekabuddha,
ou bien encore d'un bodhisattva parvenu, au terme de
ses efforts, à un état d'où il ne régresse
plus.
[...] Néanmoins, l'ouvrage du vénérable Honen,
le Senchaku Shu, existe bien. Et il rassemble tous les divers
bouddhas, sutras, bodhisattvas et divinités bouddhiques,
en disant qu'il faut "rejeter, refermer, ignorer et abandonner"
tout cela.
Rissho Ankoku ron
(Kamakura, juillet 1260)
De même
que l'océan est "trop profond pour qu'on puisse en toucher
le fond", la sagesse du Sutra du Lotus "ne peut être
comprise et partagée que par les bouddhas"(réf.)
; les bodhisattvas, même parvenus à l'étape
de togaku, ne peuvent pas l'appréhender.
[...] "Les êtres vivants gigantesques" qu'abrite l'océan
sont les bouddhas et les bodhisattvas, comparés
à "des êtres gigantesques" parce que leur sagesse
est grande.
La
même saveur salée (1261 ? )
D'après
le Sutra Shinjikan,
la première de ces quatre dettes est la reconnaissance due à
tous les êtres vivants. Sans eux, il serait impossible de faire
le voeu de sauver une multitude d'êtres vivants. De plus, s'il n'y
avait pas des personnes mauvaises qui persécutent les bodhisattvas,
comment ceux-ci pourraient-ils accumuler des bienfaits ?
[...] La quatrième dette est la reconnaissance à l'égard
des Trois trésors. Quand
le Bouddha Shakyamuni poursuivit la pratique de bodhisattva
pendant d'innombrables kalpas, il
acquit peu à peu quantité de mérites et de bonne
fortune.
Les quatre sortes
de reconnaissance (Izu,
le 16 janvier 1262 à Kudo Yoshitaka)
On lit dans
le Sutra Muryogi : "[Parce que les gens diffèrent par leur nature et leurs désirs]
j'ai exposé le Dharma de diverses manières. En exposant
le Dharma de manières différentes, j'ai eu recours à
divers moyens opportuns. Mais, en quarante ans et plus, je n'ai pas encore
révélé la vérité."(réf.)
En entendant cette déclaration, le bodhisattva Daishogon
et les 80000 autres bodhisattvas
approuvèrent d'une seule voix, ayant compris que "[celui qui
n'a jamais pu entendre enseigner ce Sutra...] en définitive, ne
pourra jamais atteindre l'Éveil suprême,
même au terme d'un nombre incalculable, infini, inconcevable, d'asogi
kalpa.
[...] Question : Je vous comprends quand vous dites que le Sutra du Lotus est
le premier de tous les sutras que le Bouddha "a enseignés,
enseigne et enseignera"(réf.).
Mais un Maître affirme que la phrase "en ces quarante et quelques
années, je n'ai pas encore révélé la vérité"(réf.)
s'adressait uniquement aux auditeurs-shravakas,
à qui le Sutra du Lotus permit de parvenir à la
bodhéité. Qu'elle ne s'applique pas aux bodhisattvas,
qui avaient déjà obtenu le bienfait de l'Éveil
grâce aux sutra enseignés avant le Sutra du Lotus.
Quelle est votre opinion à ce sujet ? Réponse : L'opinion
que le Sutra du Lotus fut enseigné pour le bien des personnes
des deux véhicules [auditeurs-shravakas
et pratyekabuddhas], et non pour
les personnes dans l'état de bodhisattva, et que
les mots "je n'ai pas encore révélé la vérité"(réf.)
ne concernent que ces personnes des deux
véhicules, était celle du Grand-maître Tokuichi,
un moine de l'école Hosso.
Cette opinion fut réfutée par le Grand-maître Saicho.
[...] De plus, d'après les sutras exposés avant le Sutra
du Lotus, même des personnes coupables, prisonnières
des trois mauvaises voies,
peuvent être des bodhisattvas. A cet égard,
le Grand-maître Zhanlan*
déclare : "Dans les divers sutras, il est enseigné que
tous les autres êtres peuvent atteindre la bodhéité,
mais absolument aucun espoir d'y parvenir n'est offert aux personnes des
deux véhicules. Par conséquent
[dans le Sutra du Lotus], les six
états inférieurs rejoignent l'état de bodhisattva
[en recevant l'assurance de parvenir à la bodhéité],
et [le pouvoir du Sutra] est révélé à l'intention
des personnes des deux états d'auditeurs-shravakas
et pratyekabuddhas, celles qui
ont le plus de mal à atteindre la bodhéité."(réf.)
[...] Ignorer la suprématie [du Sutra du Lotus] et prétendre
que d'autres sutras le valent, c'est commettre la pire de toutes les offenses
au Dharma, un crime majeur, de la plus grande gravité. Aucune comparaison
ne peut en donner une juste image. Les bouddhas, en dépit de tous
leurs pouvoirs magiques de transformation, ne finiraient jamais d'en décrire
les conséquences, et toute la sagesse des bodhisattvas
serait incapable d'en évaluer l'énormité.
Questions et réponses
sur la pratique du Sutra du Lotus (Kamakura ? mars 1263 ? à Nichiji ? )
Au contraire, le Sutra nous enseigne que même
une personne observant les préceptes, adhérant à
tous les autres sutras, et croyant en divers bouddhas et bodhisattvas,
tombera à coup sur dans les voies
mauvaises si elle ne parvient pas à avoir foi dans le Sutra
du Lotus.
[...] Le Japon, toutefois, est la "terre des dieux". Et l'une
des caractéristiques de ce pays est que, même si ce sont
des bouddhas et des bodhisattvas qui ont pris ici la
forme de divinités, curieusement, sur bien des points, le comportement
de ces divinités n'est pas conforme à l'enseignement des
sutras ou des traités. Toutefois, quiconque s'oppose à cet
enseignement recevra immanquablement des rétributions négatives
concrètes.
Sur la récitation
des chapitres Hoben et Juryo (Kamakura
- 1264, à la femme de Hiki Daigaku Saburo Yoshimoto)
Les huit chapitres
qui vont du chapitre
Hoben*
(II)
jusqu'au chapitre chapitre Ninki*
(IX) traitent principalement de l'atteinte
de la bodhéité par les personnes des deux
véhicules et, accessoirement, par les bodhisattvas
et les personnes ordinaires.
[...] Zhiyi*,
le Grand-maître de sagesse qui avait mémorisé tous
les enseignements sacrés
exposés par le Bouddha de son vivant, déclare : "Les
autres sutras prédisent que seuls les bodhisattvas parviendront
à l'Éveil, mais pas les personnes des deux
véhicules.
[...] De même, il est dit dans les divers sutras que les
bodhisattvas et les personnes de grandes capacités parviendront
à la bodhéité. Mais les personnes des deux
véhicules, les personnes ordinaires, les personnes mauvaises
et les femmes, ou encore les personnes qui vivront à une époque
future, âgées, oisives et n'observant pas les préceptes,
ne reçoivent pas l'assurance de renaître sur la Terre
pure ou d'atteindre la bodhéité. [...] Le Sutra
du Lotus est différent parce qu'il y est clairement affirmé
que les personnes des deux véhicules,
tout comme les personnes mauvaises et les femmes, atteindront la bodhéité.
A plus forte raison les bodhisattvas et les personnes
de grandes capacités.
[...] Il est dit dans le Sutra : "Si, au cours de la cinquième
période de cinq cents ans après la disparition de l'Ainsi-Venu,
il se trouve une femme qui entend ce Sutra et le pratique tel
qu'il est enseigné, quand sa vie actuelle sur terre parviendra
à son terme, elle renaîtra immédiatement dans le monde
de paix et de délices où réside le bouddha Amida,
entouré d'une assemblée de grands bodhisattvas,
et elle prendra place sur un trône précieux au cœur
d'une fleur de lotus."
(réf.)
[...] Il est donc encore moins concevable que des auditeurs-shravakas,
des bodhisattvas ou des bouddhas puissent mentir !
[...] Pendant quarante et quelques années, en exposant les enseignements
antérieurs au Sutra du Lotus, le Bouddha reconnut
que les bodhisattvas pouvaient atteindre la voie qui
mène à la bodhéité, tout comme les simples
mortels de grandes capacités, les personnes de bien et les hommes.
Mais il dénia cette possibilité aux personnes des deux
véhicules, aux personnes mauvaises et aux femmes.
L'essentiel du chapitre
Yakuo (1265- ? peut-être
à la mère de Nanjo Tokimitsu)
Ainsi la foi
[shin] est l'élément fondamental pour entrer dans la voie
du Bouddha. Parmi les cinquante-deux
étapes de la pratique de bodhisattva, les
dix premières, celles de la
foi, sont essentielles et la première de ces dix étapes
consiste à faire surgir une croyance pure. Si la foi d'une personne
est pure, même si elle n'a aucune connaissance du bouddhisme ou
ne possède que des capacités médiocres, elle doit
être considérée comme une personne dont les vues sont
correctes.
[...] Ni les bodhisattvas, dotés d'une bonne vue,
ni les personnes des deux véhicules,
dont la vision était déformée, ni les personnes ordinaires,
dont les yeux ne pouvaient pas voir, ni celles qu'une incroyance
incorrigible (icchantika)
rendait aveugles de naissance ne pouvaient distinguer la véritable
couleur ou la forme des choses au moyen des sutras précédents.
Mais, lorsque le Sutra du Lotus fut exposé et que la lune
de l'enseignement théorique*
apparut, les bodhisattvas dont la vue était bonne
furent les premiers à atteindre l'Éveil,
suivis par les personnes des deux véhicules
dont la vision était déformée.
[...] Quant aux textes bouddhiques, on lit dans le Sutra
Kegon*,
premier enseignement important exposé par le Bouddha après
son Éveil : "Les femmes sont des messagers de l'enfer, capables de
détruire les graines de la bodhéité. Elles peuvent
prendre l'apparence de bodhisattva, mais, dans leur coeur,
elles sont comme des démons yaksha."
Le Daimoku du Sutra
du Lotus (1266
à une femme d'Amatsu)
Si l'on place
devant ces représentations sculptées ou peintes les sutras
des enseignements communs hannya
exposés dans les diverses cérémonies qui se tinrent
aux périodes Hodo et Hannya,
elles deviennent l'équivalent d'une personne dans l'état
de pratyekabuddha. Quand c'est
l'un des enseignements spécifique
(bekkyo) ou parfait (engyo)
exposés durant les périodes
Kegon, Hodo et Hannya, qui est placé devant une telle image, elle
devient l'équivalent d'un bodhisattva. Mais en
aucun cas elle ne devient l'équivalent du Bouddha.
La consécration
des images sculptées ou peintes
(1264
ou 1272 ou 1274 ou 1282).
Du premier
voeu - que les trois mauvaises
voies n'existent plus sur sa Terre
- jusqu'au dernier - que les bodhisattvas puissent parvenir
aux trois sortes de perception - tous les voeux compatissants du bouddha
Amida méritent une grande
reconnaissance.
[...] De plus, dans le passage concernant la troisième sorte de
pratiques incorrectes, celle du culte, il est dit que, à l'exception
du culte rendu à Amida accompagné
des deux vénérables bodhisattvas, rendre
un culte ou faire l'éloge d'un des bouddhas, bodhisattva,
divinités célestes ou divinités bienveillantes, mentionnés
plus haut, doit être considéré comme une pratique
incorrecte, interdite aux pratiquants du Nembutsu.
[...] De nouveau, dans le passage concernant la quatrième sorte
de pratiques incorrectes, celle de l'invocation d'un nom, sont mentionnés
certains noms de bouddha et de bodhisattva qu'un pratiquant
du Nembutsu ne devrait pas invoquer.
[...] Mais quand je regarde le monde, je vois des pratiquants du Nembutsu
qui invoquent le nom de ces divers bouddhas, bodhisattva,
dieux célestes et divinités bienveillantes. Ainsi, dans
ce domaine encore, ils vont à l'encontre de leur propres maîtres.
[...] Dans le passage concernant la cinquième des pratiques incorrectes,
celle des éloges et des offrandes, les croyants du Nembutsu
sont invités à faire des offrandes au bouddha Amida
et aux deux bodhisattvas qui l'assistent. Mais s'ils offrent, ne serait-ce
qu'un peu d'encens ou quelques fleurs aux bouddhas, bodhisattvas,
dieux célestes et divinités bienveillantes, si louables
que soient les mérites acquis par leur pratique du Nembutsu,
en raison de l'erreur qu'ils auront commise, ils seront condamnés
au même sort que ceux dont la pratique est incorrecte.
[...] Ensuite, dans cet ensemble de comparaisons, nous lisons : "De
même, ce Sutra occupe la première place parmi tous
les sutras et toutes les doctrines, qu'ils aient été enseignés
par des bouddhas, des bodhisattvas ou par des disciples
dans l'état d'auditeurs-shravakas."
[...] Et le jour où la durée de la vie du Bouddha, depuis
l'époque du passé incommensurable
dans laquelle il atteignit l'Éveil fut révélée, les
bodhisattvas, aussi innombrables que des grains de poussière,
développèrent leur compréhension du Dharma, rejetèrent
les illusions qu'ils conservaient encore, et parvinrent à la dernière
étape avant le niveau de l'Éveil suprême.
[...] Le Grand-maître Huisi
(Nan-yue), dans son Shi Anrakugyo, affirme : "S'il se trouve
un bodhisattva qui protège les personnes mauvaises
et omet de les châtier (...) alors, quand sa vie parviendra à
son terme, il tombera en enfer avec ces personnes mauvaises."
[...] Si, comme vous semblez le dire, il était impossible à
quiconque d'obtenir de la bonne fortune
avant d'avoir compris la vérité du bouddhisme, personne
- depuis les bodhisattvas parvenus à toutes les
étapes qui précèdent
la bodhéité, jusqu'à ceux qui ne connaissent de
l'enseignement que le nom et les mots - ne pourrait obtenir la moindre
bonne fortune.
Conversation
entre un sage et un ignorant (1265
? à un samouraï ? )
Notre maître, le Bouddha Shakyamuni, exposa de
son vivant quatre-vingt mille enseignements
sacrés. Il fut le premier bouddha à apparaître
en ce monde Saha qui est le nôtre,
dans lequel il n'y avait jusqu'alors jamais eu de bouddha, et il ouvrit
les yeux de tous les êtres humains. Tous les autres bouddhas de
l'Est et de l'Ouest, et les bodhisattvas de toutes les terres
des dix directions reçurent
l'enseignement de ce bouddha.
Le bouddha Amida et les divers autres
bouddhas ont fait le voeu de bienveillance. Pour cette raison et peut-être
avec une certaine honte ils ont fait leur apparition en ce monde Saha,
le bouddha Amida proclamant ses quarante-huit
voeux et le bouddha Yakushi*, ses douze grands voeux. Avalokitesvara
(Kanzeon), ainsi que d'autres bodhisattvas venus d'autres terres
ont fait de même.
Le savant maître
Chan-wou-wei (Kamakura,
1270 à Joken-bo et Gijo-bo)
"Tous
les êtres dans les mondes-états
du Ciel et des hommes
et tous les asuras pensent que Shakyamuni
atteignit l'Éveil suprême après
avoir quitté le palais des Shakya
et s'être assis sur le lieu de méditation, non loin de la
ville de Gaya."(réf.)
Cette phrase exprime la conception répandue chez tous les disciples
et tous les grands bodhisattvas depuis le moment où
Shakyamuni commença à enseigner le Sutra
Kegon*
jusqu'au moment où il finit d'exposer le chapitre Anrakugyo*
(XIV) du Sutra du Lotus.
Le coeur du chapitre
Juryo (17
avril 1271 ou 1272)
Les uns disent,
en critiquant Nichiren : "Sans tenir compte des capacités des
gens [de notre époque], il entreprend de convertir de manière
brutale, voilà pourquoi il rencontre des persécutions."
Les autres disent : "Les pratiques de shakubuku
(note) exposées dans le chapitre
Kanji*
(XIII) sont des pratiques pour des bodhisattvas
parvenus à une étape très
élevée.
[...] Quant au voeu [de propager le Dharma] formulé dans le chapitre
Kanji*
(XIII) par vingt mille, quatre-vingt mille, quatre-vingts myriades
de millions de nayuta de grands
bodhisattvas, un homme comme moi, d'une sagesse superficielle,
a du mal à le comprendre.
[...] Nous sommes dans l'époque des Derniers
jours du Dharma et les Ennemis
de trois sortes sont bel et bien apparus, mais nulle part on ne voit
un seul des quatre-vingts myriades de millions de nayuta de bodhisattvas.
Notre monde est comparable à un lac asséché n'ayant
plus une goutte d'eau, ou à une lune décroissante, incapable
de redevenir pleine lune. Lorsqu'une eau est pure, elle reflète
la lune et lorsque des arbres ont été plantés, les
oiseaux viennent s'y nicher. Parce que moi, Nichiren, je propage cet enseignement
à la place de ces quatre-vingts myriades de millions de nayuta
de bodhisattvas, je demande à ces bodhisattvas
de m'accorder leur aide et leur protection.
La lettre de Teradomari
(Teradomari,
le 22 octobre 1271, à Toki Jonin)
"A ce
moment-là, une voix sortit de la Tour
aux Trésors, et prononça ces louanges : "Quel prodige
! Quel prodige ! Shakyamuni, Honoré du monde, pour le bien de la
multitude vous prêchez avec talent le Sutra du Lotus, grande
sagesse qui sauve tous les êtres avec impartialité, Dharma
enseigné aux bodhisattvas, doctrine que les bouddhas
gardent en leur cœur et protègent. Tout cela est véridique.
Shakyamuni, Honoré du monde, tout ce que vous avez exposé
est la vérité." (note)
[...] Dans un autre passage du Sutra du Lotus il est dit : "A
ce moment-là, l'Honoré du monde manifesta ses grands pouvoirs
supranaturels devant Manjushri
et les autres centaines milliers de milliards de bodhisattva
vivant depuis toujours dans le monde Saha,
ainsi que devant les êtres humains et les êtres
non humains.
[...] Par le passé, quand le Bouddha prêcha pour la première
fois après avoir atteint l'Éveil,
les bouddhas des dix directions
apparurent pour le conseiller et l'encourager, et envoyèrent vers
lui divers grands bodhisattvas.
[...] Et quand il prêcha le Sutra
Daijuku, les bouddhas et bodhisattvas des dix
directions de rassemblèrent dans la Grande Chambre aux trésors,
à la frontière qui sépare les mondes
de la forme et du désir.
[...] Dans le cas des sutras Daijuku,
Hannya*,
Konkomyo*, et Amida,
le Bouddha, pour condamner l'idéal hinayana
des personnes des deux véhicules,
décrivit les Terres pures des
dix directions pour donner
aux bodhisattvas et aux simples mortels le désir
d'y parvenir.
[...] De plus, parce qu'il y a certaines différences entre les
sutras du Hinayana et les sutras
du Mahayana [mentionnés
ci-dessus], nous lisons que dans certains cas, des bouddhas apparurent
dans les dix directions ; dans d'autres, de grands bodhisattvas arrivèrent
en provenance des dix directions ; ou il est précisé que ce Sutra particulier a été
exposé dans les mondes des dix
directions ;
[...] Mais le Sutra du Lotus est si différent des sutras
précédents du Mahayana
que et les auditeurs-shravakas, les grands bodhisattvas
et les divers êtres dans les mondes-états
des Hommes et du Ciel,
en entendant le Bouddha l'enseigner, en vinrent à penser : "Ne
serait-ce pas un démon qui aurait pris la forme du Bouddha ? "(réf.)
[...] A Bodh-Gaya, lieu de son
Éveil, il révéla d'abord
l'existence du bouddha Vairocana*
et de son monde du Trésor du lotus et exposa les dx
mystères, les six formes,
et le Dharma mystique suprême
de l'harmonie parfaite du monde phénoménal. A ce moment-là,
les bouddhas des dix directions
apparurent devant lui, et tous les bodhisattvas se rassemblèrent
autour d'eux comme une nuée.
[...] Dans le chapitre Yujutsu*
(XV), une multitude de bodhisattvas,
encore jamais vus durant les quarante et quelques années d'enseignement
du Bouddha, apparaît soudain, et le Bouddha déclare : [...]
"Je les ai instruits et j'ai éveillé en eux pour la
première fois l'aspiration à la bodhéité."
J'ai étudié les sutras du Hinayana
et du Mahayana, en commençant
comme un pratiquant ordinaire, sans aucune compréhension, et en
m'élevant graduellement jusqu'au stade de grand bodhisattva.
Pendant un kalpa, deux kalpas,
d'innombrables kalpas, je me suis
consacré aux pratiques de bodhisattva et suis
presque arrivé jusqu'à l'étape
de non-régression. Et pourtant, j'ai été tiré
vers le bas par des mauvaises influences puissantes et irrésistibles,
et je n'ai jamais atteint la bodhéité.
[...] Le Sutra critique ceux qui s'accrochent aux croyances du Hinayana,
qualifiées d'étroites et de misérables, et il rabaisse
les bodhisattvas en les considérant comme de simples
débutants. Pour cette raison, les démons du Ciel détestent
l'entendre, il offense les oreilles des non bouddhistes, les personnes
des deux véhicules en restent
stupéfaites, et les bodhisattvas s'enfuient, terrorisés.
[...] Si moi, Nichiren, n'étais pas né dans ce pays, [le
Japon, ] alors le Bouddha serait un grand menteur et quatre-vingt
myriades de millions de nayuta
de bodhisattvas auraient été coupables des mêmes
crimes que Devadatta : avoir menti
et égaré les autres.
[...] Dans ce corps qui est le mien, j'ai vécu les prédictions
du Sutra. Plus les autorités gouvernementales se déchaînent
contre moi, plus grande est ma joie. Par exemple, certains bodhisattvas
du Hinayana,
ne s'étant pas encore libérés des illusions, choisissent
volontairement de naître dans de mauvaises conditions [de manière
à aider les autres.]
[...] Dans les sutras antérieurs
au Sutra du Lotus, il est prédit que, dans le futur, divers
grands bodhisattvas et personnes dans les mondes-états
des Hommes et du Ciel
atteindront la bodhéité.
[...] Après que Shakyamuni ait atteint l'Éveil et avant qu'il ait
commencé à enseigner, plus de soixante grands bodhisattvas
apparurent, venus des diverses Terres de bouddha des dix
directions, devant le Bouddha. [...] Ces grands bodhisattvas,
divinités, dragons, etc. qui participèrent à l'Assemblée
décrite dans le Sutra
Kegon*
étaient des êtres qui avaient atteint le stade de l'Éveil
fushigi
(note) avant l'apparition de Shakyamuni.
Ce sont les enseignements spécifique et parfait du bodhisattva
Hoe [Sagesse du Dharma] et des autres bodhisattvas [mentionnés
plus tôt]. Ces grands bodhisattvas passent, aux
yeux de beaucoup, pour les disciples du Bouddha Shakyamuni, mais, en fait,
il vaudrait mieux les considérer comme ses maîtres. Shakyamuni
écouta l'enseignement de ces bodhisattvas, et,
après avoir ainsi développé sa sagesse, entreprit
d'exposer les enseignements spécifique et parfait des sutras Hodo*
et Hannya*.
[...] Ainsi, ces [soixante] grands bodhisattvas furent
les maîtres de Shakyamuni. Ils sont mentionnés dans le Sutra
Kegon*
où on les appelle zenchishiki
[bons amis bouddhiques].[...] Il est évident que [pendant les quarante
et quelques premières années où il exposa sa doctrine],
durant la période dite des quatre
saveurs, le Bouddha Shakyamuni était un disciple de Hoe et
des autres grands bodhisattvas.
[...] "Durant ces quarante et quelques années, je n'ai encore
jamais révélé la vérité." Immédiatement,
les grands bodhisattvas et les divers êtres humains
et célestes se rassemblèrent en suppliant le Bouddha de
révéler la vérité.
[...] Stupéfaits, Shariputra
et les autres firent appel aux divinités, aux dieux-dragons et
aux grands bodhisattvas, en les suppliant de les instruire.
[Comme le dit le Sutra : ] "Les diverses divinités et dieux-dragons
étaient aussi nombreux que les grains de sable du Gange ; les divers
bodhisattvas aspirant à devenir bouddha étaient
en grand nombre, quatre-vingt mille.
[...] Tous les grands bodhisattvas, les êtres célestes
et les autres, après avoir entendu et compris la doctrine du Bouddha,
dirent : "Depuis longtemps, nous avons très souvent écouté
l'enseignement de l'Honoré du Monde, mais nous n'avons encore jamais
rien entendu d'aussi profond et merveilleux que ce Dharma suprême."
[...] A dater de ce moment-là, [lorsque fut enseigné le
Sutra du Lotus] les grands bodhisattvas, aussi
bien que Bonten, Taishaku,
les divinités Nitten, Gatten
et les quatre Rois du Ciel, devinrent
les disciples du Bouddha Shakyamuni. [...] Et les grands bodhisattvas
à leur tour réagirent, selon les mots du Sutra, "comme
les branches d'un arbuste sous le souffle d'un vent fort."
[...] De plus, une multitude de grands bodhisattvas
de la Terre apparut, sortant du sol. Même Fugen
et Manjushri, les principaux
disciples de Shakyamuni, ne pouvaient soutenir la comparaison avec eux.
Les grands bodhisattvas des assemblées décrites
dans les sutras Kegon*,
Hodo*
et Hannya*,
et dans le chapitre Hoto* (XI)
du Sutra du Lotus, Kongosatta
et les autres seize grands bodhisattvas du Sutra
Vairocana* ressemblaient
à une bande de singes, auprès de ces bodhisattvas nouvellement
arrivés, resplendissants comme Taishaku.
[...] Parmi ces innombrables grands bodhisattvas se trouvaient quatre
grands sages appelés Jogyo,
Muhengyo, Jyogyo
et Anryugyo. Les autres bodhisattvas,
présents dans les Airs ou assis
au Pic du Vautour, n'auraient pas eu l'audace de les regarder en face
ni de prétendre les égaler même en pensée.
Devant ces quatre personnages, même les quatre bodhisattvas
du Sutra Kegon*,
les quatre bodhisattva du Sutra
Vairocana*
(note) ou les seize grands bodhisattvas
du Sutra Kongocho*
(note) étaient
comme des hommes éblouiss'efforçant de fixer le soleil,
ou comme de simples pêcheurs en présence de l'empereur.
[...] Le bodhisattva Maitreya
se dit alors : "Depuis l'époque où le Bouddha Shakyamuni
était prince héritier et pendant les quarante-deux ans qui
se sont écoulés depuis son Éveil
à l'âge de trente ans, jusqu'à ce rassemblement
au Pic du Vautour, j'ai connu tous
les bodhisattvas de ce monde et tous les grands bodhisattvas
venus des mondes des dix directions
pour participer à cette Assemblée.
[...] Les divers bodhisattvas qui avaient assisté
aux multiples assemblées au cours des quarante et quelques années
écoulées depuis l'exposé du Sutra
Kegon*,
avaient formulé des doutes à chacune de ces assemblées.
Le Bouddha avait dissipé leurs doutes pour le bien de tous les
êtres humains.
[...] Puisque le Bouddha du chapitre Juryo*
(XVI) révèle qu'il est le Bouddha
éternel, il s'ensuit que les grands bodhisattvas
[tels que Manjshri et Maitreya]
et les grands bodhisattvas des autres terres sont en
fait des disciples du Bouddha Shakyamuni.
[...] On pourrait penser que les divers bouddhas, bodhisattva
et êtres dans les mondes-états
des Hommes et du Ciel
décrits dans les sutras [antérieurs
au Sutra du Lotus] ont atteint l'Éveil grâce aux sutra
respectifs dans lesquels ils apparaissent. Mais, en réalité,
ils n'atteignirent l'Éveil que grâce au Sutra du Lotus.
[...] Les bouddhas, bodhisattva et les dix
Filles démones décrites dans le Sutra du Lotus
accordent leur protection à Nichiren. En outre, les bouddhas des
six directions et les vingt-cinq bodhisattva de l'école
Jodo, les 1 200 vénérables
(note) de l'école Shingon,
et les divers êtres vénérables et divinités
protectrices et bienveillantes des sept
écoles protègent aussi Nichiren.
[...] Si quelqu'un comprend le principe des Six actions difficiles et
des Neufs actes aisés du Sutra du Lotus, même sans
lire tous les autres sutras, tous les bouddhas et bodhisattva
lui obéiront.
[...] On lit dans le neuvième volume du Sutra
du Nirvana : "Hommes de foi sincère, il y a des gens
que l'on appelle icchantika,
[personnes d'une incroyance incorrigible]. Ils font semblant d'être
des arhats, vivent en des lieux
déserts et dénigrent les sutras du Mahayana.
En les voyant, les hommes ordinaires les prennent tous pour de véritables
arhats et parlent d'eux comme de
grands bodhisattvas."
[...] Immédiatement, de telles personnes, la nuit, rêveront
de démons et leur coeur s'emplira de terreur. Les démons
leur diront : Quelle stupidité de la part d'un croyant sincère
! Si vous n'éveillez pas maintenant votre désir d'atteindre
l'Éveil, je vous ôterai la vie ! " Ces personnes trembleront
de peur et, à peine sorties de leur rêve, brûleront
du désir d'atteindre la bodhéité. Sachez que ces
personnes deviendront de grands bodhisattvas."
[...] "Manjushri, si des
hommes de foi sincère veulent protéger le Dharma correct,
ils doivent prendre pour modèle cette pauvre femme qui, en traversant
le Gange, a sacrifié sa vie par amour pour son enfant. Hommes de
foi sincère, les bodhisattvas qui gardent le Dharma
doivent se comporter de la même manière.
Traité pour
ouvrir les yeux (Sado,
février 1272 à Shijo Kingo)
Le bouddhisme
doit se propager selon les méthodes de shoju
ou de shakubuku, en fonction
du temps. Elles sont comparable à l'emploi de l'écriture
ou à celui des armes dans le domaine profane. Les bodhisattvas
du passé pratiquèrent le Dharma qui convenait à leur
époque.
La Lettre de Sado (Sado,
20 mars 1272, à Toki
Jonin)
On lit dans
le Sutra du Lotus : "Vie après vie, sur diverses Terres
de bouddha, ils renaîtront toujours avec le même maître."(réf.)
Et encore : "Si l'on reste proche des Maîtres du Dharma,
on entrera rapidement sur la voie du bodhisattva. En
suivant ces maîtres et en s'entraînant auprès d'eux,
on verra des bouddhas aussi nombreux que les grains de sable du Gange."(réf.)
[...] Dans un autre commentaire on lit encore : "En suivant un bouddha
ou un bodhisattva, on crée d'abord un lien avec
lui, et c'est avec ce même bouddha ou bodhisattva que
l'on parviendra au but ultime."
[...] Il est dit dans le Sutra
du Nirvana : "Bodhisattvas, ce ne sont pas
les éléphants sauvages qui sont le plus à craindre,
ce sont les mauvais amis
! [...] Quand le Bouddha Shakyamuni, notre maître originel, apparut
en ce monde pour enseigner le Sutra du Lotus, tels des ombres
et des échos, les bouddhas et les bodhisattvas
sont venus des autres mondes pour l'aider à exposer son enseignement.
Il n'est pas impossible que maintenant, au Japon, ils apparaissent ici,
envoyés par Shakyamuni, Taho
et les autres bouddhas des dix
directions afin de m'assister dans mes efforts pour propager l'enseignement.
Réponse à
Sairen-bo (Sado,
le 13 avril 1272, à Sairenbo Nichijo)
Pratiquer
seulement les sept caractères Na Mu Myo Ho Ren Ge Kyo peut sembler limité ; mais, puisque ce Dharma
est le maître de tous les bouddhas des trois
phases de la vie, puisqu'elle instruit tous les bodhisattvas de l'univers, et puisqu'elle est le guide qui permet à tous les
êtres humains d'atteindre la bodhéité, sa pratique
est d'une profondeur sans égale.
[...]
Il est dit dans le sutra : "La sagesse de tous
les bouddhas est infiniment profonde et incommensurable."(réf.)
"Tous les bouddhas" désigne chaque bouddha dans l'univers
et dans les trois phases de l'existence
y compris le bouddha Vairocana*
de l'école Shingon et le
bouddha Amida de l'école Jodo.
Cela désigne tous les bouddhas et tous les bodhisattvas
sans exception de tous les sutras ou toutes les écoles, du passé,
du présent et du futur, y compris le Bouddha Shakyamuni.
Les désirs mènent
à l'éveil (Sado,
le 2 mai 1272 ; à Shijo Kingo)
Autrefois
[dans une de ses vies antérieures], quand Shakyamuni était
un Roi faisant tourner la roue engagé
dans la pratique de bodhisattva, il révérait
une phrase en huit caractères qui disait : "Tous ceux qui sont
nés sont destinés à mourir.
[...] Dans une autre existence passée, Shakyamuni pratiquait les
austérités d'un bodhisattva à la
recherche du Dharma bouddhique.
Lettre à Nichimyo
Shonin (Ichinosawa,
Sado, le 25 mai 1272 à Nichimyo, mère de Oto Gozen )
Qui plus est,
même en pratiquant pendant d'innombrables kalpas
les divers sutras enseignés pendant quarante et quelques années
avant le Sutra du Lotus, aucun des bodhisattvas
ni aucun des simples mortels n'avait jamais pu parvenir à la bodhéité.
Mais, en pratiquant le Sutra du Lotus, tous ont pu devenir bouddha.
[...] Pendant les plus de quarante ans au cours desquels le Bouddha avait
[jusqu'alors] enseigné, depuis le Sutra
Kegon*,
tous les bodhisattvas avaient pratiqué les sutras
en espérant atteindre la bodhéité sans jamais y
parvenir.
[...] Ensuite, [pour répondre à leur désir], leur
est exposé le principe élargi du remplacement
des trois véhicules par le Véhicule unique (kokai san
ken ichi). A ce propos nous lisons : "Quand les bodhisattvas
entendront ce Dharma, ils seront libérés de toutes les entraves
du doute."
[...] Après quoi les bodhisattvas, venus de cette terre
ainsi que d'autres mondes, se sont rassemblés, formant comme un
amoncellement de nuages et s'ordonnant comme des constellations. Et pour
entendre enseigner le chapitre Hoto* (XI),
les bouddhas sont venus des dix
directions, chacun accompagné par d'innombrables bodhisattvas.
[...] Des étrangers, vivant dans un pays lointain comme la Chine,
pour ne pas trahir la promesse faite à un ami, furent capables
de sacrifier leur propre vie ou de suspendre au-dessus d'une tombe un
sabre encore plus précieux à leurs yeux que la vie. Que
dire alors de grands bodhisattvas originellement dotés
d'une grande compassion et s'étant solennellement engagés
à prendre sur eux-mêmes les souffrances des autres ?
[...] De plus, c'est grâce au Sutra du Lotus que ces bodhisattvas
atteignirent la bodhéité, et le Bouddha les exhorta précisément
à ce sujet, leur demandant de prêter serment devant lui.
Il ne fait donc aucun doute qu'ils apporteront leur aide à ceux
qui pratiquent le Sutra.
[...] Pourtant, pendant les premières quarante années et
plus de son enseignement, Shakyamuni voua Devadatta
au malheur, admonesta ses auditeurs-shravakas
et omit d'enseigner aux bodhisattvas les principes menant
au fruit de l'Éveil.
[...] Au cours de ces huit années, devant ces événements
rares et merveilleux, le coeur des personnes présentes à
l'assemblée s'emplit d'admiration respectueuse ; ce fut pour elles
comme une récolte ininterrompue de trésors. Les bodhisattvas,
sans être avares de leur vie et sans épargner leurs paroles,
firent le voeu d'obéir aux injonctions du Bouddha.
[...] Le Bouddha Shakyamuni sortit de la Tour
aux Trésors et en ferma les portes. Après quoi, les
divers autres bouddhas retournèrent sur leurs terres respectives,
et les bodhisattvas venus avec eux partirent à leur suite.
[...] Depuis que les divers bodhisattvas, les personnes
des deux véhicules et les êtres
humains et célestes avaient entendu le Sutra du Lotus,
tous se sentaient profondément redevables envers le Bouddha pour
les bienfaits et la protection qu'il leur avait accordés, et ils
désiraient sincèrement lui montrer qu'ils étaient
prêts à consacrer leur corps et leur vie au Sutra du
Lotus.
[...] Les autres bodhisattvas, devinant le désir
du Bouddha, supposèrent que s'ils annonçaient leur intention
d'attaquer les ennemis du Sutra du Lotus, la vie du Bouddha en
serait légèrement prolongée ; l'un après l'autre,
ils prêtèrent tous serment. Les bodhisattvas,
ainsi que les êtres humains et célestes sommèrent
les ennemis du Sutra du Lotus d'apparaître.
[...] Si, ne serait-ce qu'une fois sur mille, les bodhisattvas,
les êtres humains et célestes, les huit
sortes d'êtres non humains, les deux sages, les deux divinités
célestes, et les dix Filles-démones
ne se manifestaient pas et refusaient de protéger le pratiquant
du Sutra du Lotus, ils feraient alors preuve d'arrogance envers
Shakyamuni et les autres bouddhas au-dessus d'eux, et ils seraient coupables
de mépris envers les êtres des neuf domaines au-dessous d'eux.
(note)
Sur la prière
(Sado,
1272 à Sairen-bo)
Ainsi, soutenu
par les bouddhas Shakyamuni et Taho,
tous les autres bouddhas et bodhisattvas, les sept catégories
de divinités célestes et les cinq catégories de divinités
terrestres, Kishimojin" et ses Dix
filles, les quatre Rois du Ciel,
Bonten, Taishaku,
le roi Yama, les divinités
de l'eau et du vent, celles des mers et des montagnes, le bouddha Vairocana*
les bodhisattvas Fugen et Manjushri,
et les divinités Nitten et
Gatten, Nichiren a pu endurer d'innombrables
et cruelles épreuves.
[...] Les bouddhas Shakyamuni et Taho,
assis dans la Tour aux Trésors,
lors de la Cérémonie dans
les Airs, entourés de tous le autres bouddhas et bodhisattvas,
hochèrent la tête pour exprimer leur accord. Et ce qu'il
décidèrent alors fut uniquement de faire prospérer
le Dharma à l'époque des Derniers
jours.
La véritable
réalité de la vie (Sado,
mai 1273 à Sairen-bo)
Il apparaît
désormais clairement que les personnes qui sont nées dans
ce pays et croient en ce Sutra au moment de sa propagation, à
l'époque des Derniers jours du
Dharma, subiront des persécutions encore plus graves qu'il
n'y en eut du vivant du Bouddha. En ce temps-là, le maître
était un bouddha et ses disciples, de grands bodhisattvas
et arhats.
[...] Le temps viendra où tous les hommes, y compris ceux des
mondes des auditeurs-shravakas,
des pratyekabuddhas et des bodhisattvas,
prendront le chemin de la bodhéité,
et le Dharma Merveilleux seul prospérera à travers tout
le pays.
[...] Les quatre-vingt mille bodhisattvas,
y compris le bodhisattva Daishogon,
comprirent parfaitement pourquoi Shakyamuni avait exposé les enseignements
provisoires, démontrèrent que ces enseignements n'étaient
rien de plus que des moyens, et finalement les rejetèrent totalement.
Ils exprimèrent leur compréhension en déclarant que
personne ne peut atteindre l'Éveil suprême en adhérant à
l'un ou l'autre des sutras provisoires qui préconisent la pratique
des austérités de bodhisattva pendant des
millions de kalpa.
La Pratique telle
que le Bouddha l'Enseigne (mai
1273 à
plusieurs disciples)
Mais le fait
est que le Bouddha écarta les bodhisattvas des autres mondes
parce que leur lien avec ce monde-ci était faible ; qu'il écarta
les bodhisattvas qui, bien que nés en ce monde Saha, n'avaient avec ce monde qu'un lien récent ; ou encore
certains bodhisattvas qui étaient ses disciples
en cette vie-ci, mais qui ne l'étaient pas quand il avait pour
la première fois aspiré à l'Éveil.
Réfuter l'opposition
au Dharma bouddhique pour se libérer de ses fautes passées
(Sado,
1273 à Shijo Kingo)
Question.
Si l'essence réelle de tous les êtres vivants constitue l'intégralité
du Dharma Merveilleux, est-ce que toutes leurs actions et leurs rétributions
dans les neuf mondes-états,
de l'état d'enfer à
l'état de bodhisattva, sont, elles aussi, l'essence
réelle du Dharma Merveilleux ? Réponse. Le principe
mystique de la nature essentielle de tous les phénomènes
possède deux aspects, impur et pur. Lorsque l'aspect impur est
en jeu, c'est l'obscurité
[ou monde de l'illusion] ; lorsque l'aspect pur est en jeu, c'est l'Éveil.
L'Éveil est la caractéristique de l'état de bouddha.
L'obscurité est l'apanage des simples mortels, dans les neuf états.
[...] Il [Huisi] dit aussi : "Les personnes des deux
véhicules, dans les mondes-états d'auditeurs-shravakas
et de pratyekabuddhas, et les
bodhisattvas de moindres capacités choisissent de suivre
la voie des moyens provisoires, en pratiquant des méthodes qui
assurent un progrès graduel sur une longue période de temps.
Mais les bodhisattvas de capacités supérieures
rejettent sincèrement les moyens provisoires et n'effectuent pas
la pratique du progrès graduel. En accomplissant la méditation
fondée sur le Sutra du Lotus, ils obtiennent ainsi toutes
sortes de résultats heureux. On appelle les personnes de ce genre
`personnes du Véhicule unique".
[...] Comme preuve littérale nous pouvons citer le passage suivant
du Sutra Muryogi : " Puis j'ai exposé les douze
catégories de sutras Hodo*,
le Sutra Makahannya
et l'enseignement Kegon de 'la méditation
du reflet sur l'océan' décrivant les nombreux kalpas
de la pratique de bodhisattva."
Mais les bodhisattvas de capacités supérieures
rejettent sincèrement les moyens provisoires et n'effectuent pas
la pratique du progrès graduel. Ils pratiquent le Sutra du
Lotus, et, quand ils en saisissent la vérité, ils acquièrent
simultanément toutes sortes de résultats bénéfiques.
[...] C'est véritablement un passage dont le sens est secret. Il
contient une vérité de la plus grande importance qu'il convient
d'honorer et de respecter. Namu Myoho
Renge Kyo, Namu Myoho Renge Kyo ! C'est le sens de l'affirmation,
faite dans le Sutra du Lotus, que les bodhisattvas des enseignements
parfaits*
exposés avant le Sutra, se sont rassemblés, au
nombre de quatre-vingt mille, pour
entendre la doctrine totalement parfaite.
[...] les mots Myoho Renge désignent l'épanouissement du
lotus. Cette image montre que les simples mortels, même après
avoir entendu l'enseignement du Mahayana,
restent indécis et timorés, incapables de croire. C'est
pourquoi l'Ainsi-venu fait s'épanouir sous leurs yeux le Corps
du Dharma*
pur et merveilleux, éveillant ainsi leur croyance." Dans ce
passage, 'divers', dans l'expression 'les divers bodhisattvas'
désigne les bodhisattvas des enseignements du Mahayana
et du Hinayana
qui, en rejoignant le lieu où le Sutra du Lotus
était enseigné, eurent pour la première fois la capacité
de comprendre le lotus du Bouddha. Cela ressort clairement du passage
du Hokke Ron mentionné
plus haut. L'affirmation - que les bodhisattvas étaient
déjà parvenus sur la voie de l'Éveil grâce
aux divers sutras - n'était donc rien de plus qu'un moyen provisoire.
[...] Il écrit : "D'après le Sutra Daijuku,
le lotus représente à la fois la cause et l'effet de la
pratique religieuse. Quand les bodhisattvas vont s'asseoir sur
le lotus, c'est le lotus de la cause. Mais le lotus du Bouddha,
devant lequel on s'incline avec respect, est le lotus de l'effet. Ou,
comme il est dit dans le Hokke
Ron, c'est le lotus résultant du principe mystique du
véritable effet. Autrement dit, les bodhisattvas,
grâce à leur pratique du Dharma du lotus, obtiennent comme
résultat le lotus du domaine de l'environnement. Ainsi, nous devrions
comprendre que le domaine objectif et l'être subjectif qui en dépend,
la cause [le bodhisattva] et l'effet [le Bouddha] sont
tous régis par le Dharma de Renge, c'est-à-dire l'essence
réelle du lotus.
[...] Pendant la période des quatre saveurs et trois enseignements précédant le Sutra du Lotus, il y eut, certes,
des personnes des trois véhicules,
des cinq véhicules, des sept moyens provisoires et des neuf états,
les bodhisattvas des enseignements
provisoires et parfaits, ainsi que le bouddha de ces enseignements.
Mais, hormis le bouddha du chapitre Juryo*
(XVI) de l'enseignement
essentiel*,
aucune de ces personnes, pas plus que le bouddha des enseignements
théoriques*,
n'avait ne serait-ce qu'entendu le nom du lotus de l'essence réelle,
révélé dans l'enseignement
essentiel*.
Ils pouvaient donc d'autant moins s'y éveiller.
Question. Qu'est-ce qui
permet d'affirmer que les bodhisattvas des enseignements
parfaits*
antérieurs au Sutra
du Lotus, ou les bodhisattvas de l'enseignement
parfait*
de la partie théorique*
du Sutra du Lotus, n'ont pas perçu le lotus de l'enseignement
essentiel* ? Réponse. Les
bodhisattvas des enseignements
parfaits*
antérieurs au Sutra du Lotus n'ont pas compris le
lotus de la partie théorique*
du Sutra du Lotus ; et les bodhisattvas de l'enseignement
parfait*
de cette partie théorique*
n'ont pas compris le lotus de l'enseignement
essentiel*.
[...] Les bodhisattvas des enseignements
antérieurs au Sutra du Lotus ou de l'enseignement
théorique*
ont, dans une certaine mesure, éradiqué les illusions
et appréhendé la vérité. Mais, à la
lumière de l'enseignement essentiel*,
ils ne se sont libérés que provisoirement et partiellement
des illusions. C'est pourquoi on les appelle "ceux qui, en réalité,
n'ont pas encore dissipé les illusions".
Il est dit parfois que les bodhisattvas ont déjà
"obtenu l'accès" [à l'Éveil ] grâce
à divers sutras [antérieurs
au Sutra du Lotus], mais il ne s'agit là que d'une étape
provisoire, un terme employé surtout pour souligner l'infériorité
du résultat obtenu par les personnes des deux
véhicules.
[...] Par conséquent, c'est seulement quand ils rencontrent l'enseignement
essentiel*
que même de grands bodhisattvas des enseignements
antérieurs au Sutra du Lotus aussi bien que
de l'enseignement théorique*
arrivent à appréhender l'essence réelle du Dharma,
le lotus du Bouddha ; ils ne parviennent à véritablement
éliminer les illusions que lorsqu'ils entendent l'enseignement
du chapitre Juryo*
(XVI).
[...] Zhanlan*,
à son tour, développe ce commentaire en disant : "Ceux
que l'on appelle ici les «éveillés» sont les
bodhisattvas déjà libérés de l'ignorance.
Par contre, les êtres ordinaires de l'Assemblée n'ont pas
encore progressé au-delà du rang de "personnes de mérite"
(note) et c'est pourquoi on les dit
"encore dans l'illusion" [...] La signification de ces passages
est on ne peut plus claire. Ils indiquent que les bodhisattvas
des enseignements
antérieurs au Sutra du Lotus et de l'enseignement
théorique*
étaient en fait toujours dans l'illusion, et que seuls les bodhisattvas
Surgis-de-Terre méritaient
le nom d'"éveillés".
[...] Il se trouve des maîtres pour dire que, parmi les bodhisattvas
instruits par le Bouddha sous sa forme transitoire, certains,
sur la voie de la pratique de bodhisattva, étaient
parvenus à la Première
étape de sécurité ou l'avaient dépassée,
autrement dit qu'ils s'étaient déjà libérés
de l'ignorance. Cette affirmation vient du fait qu'on leur avait appris
qu'il était possible d'atteindre la bodhéité au
moyen des divers sutras antérieurs
au Sutra du Lotus, alors qu'en réalité, il n'en
est rien. [...] Tant qu'ils n'ont pas été instruits de l'enseignement
essentiel*,
les bodhisattvas ayant reçu les enseignements
antérieurs au Sutra du Lotus, ou l'enseignement
théorique*,
doivent être considérés comme n'étant pas encore
libérés des illusions. Mais une fois qu'ils ont reçu
cet enseignement, on peut dire qu'ils ont accédé à
la première*
des dix étapes de
sécurité* sur la voie
de la pratique de bodhisattva.
L'ainsité du
Dharma Merveilleux (Sado, 1273 ? à Sairen-bo)
Des bodhisattvas
d'une grande bienveillance, s'ils font des dons aux ennemis du Sutra
du Lotus, tomberont inévitablement dans l'enfer avici.
Faire connaître
cet enseignement à votre seigneur
(Minobu, septembre 1274 à
Shijo Kingo)
Lorsque, pour
déterminer quel est le sutra le plus élevé et le
plus profond, vous comparez le Sutra du Lotus aux autres sutras,
ou quand vous vous demandez quels sont ceux qui permettent d'atteindre
la bodhéité, rappelez-vous que le Shakyamuni des enseignements
antérieurs au Sutra du Lotus, et même des enseignements
provisoires du Sutra du Lotus, est facile à vaincre ; les bodhisattvas parvenus à l'étape
de togaku sont encore moins redoutables, et vous n'aurez
guère à vous préoccuper des adeptes des enseignements
provisoires.
Enseignement,
pratique et preuve (Minobu,
1274 ? à Sammi-bo)
D'innombrables
désastres et calamités
surviendront ensemble, tels que sécheresse, incendies, inondations,
typhons, épidémies, famine et guerres. Dans le monde entier
chacun ira revêtu d'une armure, et avec arc et bâton à
la main, mais, parce que aucun des bouddhas, bodhisattva
et divinités bienveillantes
ne seront plus là pour les protéger, tous les hommes mourront
et tomberont comme une pluie dans l'enfer avici.
Réponse à
Nii-ama (Minobu,
16 février 1275 à Nii-ama)
Dans leur
prochaine vie, les êtres humains, les divinités ainsi que
les trois véhicules (shravakas,
pratyekabuddhas et les bodhisattvas)
seront tous récompensés par l’état de bouddha.
[...] Le bouddhisme proclame que les bodhisattvas du
plus haut degré, qui ont atteint l'Éveil
semblable à celui du Bouddha et vont prendre la place de bouddha
dans leur prochaine vie, ne mourront jamais en chemin, et qu’un
homme saint ne mourra pas d’un accident.
[Pourquoi la cour Impériale prie-t-elle alors sans réfléchir
les divinités célestes et terrestres et requière
l’aide des bouddhas et bodhisattvas ? Un roi
lion n’a pas besoin de s’échiner pour chasser un lapin.
[...] Les esprits et les noms de Yoritomo et Yoshitoki, inscrits sur papier,
furent foulés aux pieds des bouddhas, des bodhisattvas
et des dieux, tandis que les prières étaient dites
pour les repousser.
[...] Ce monde est aussi éphémère qu'un rêve,
et je peux admettre avoir été trompé par les bouddhas,
les bodhisattvas et les dieux.
Shinkoku-o (Minobu,
février 1275)
On dit que
les autres bouddhas, bodhisattva et divinités
célestes octroient d'immenses bienfaits.
Cela, les simples mortels l'entendent bien de leurs oreilles, mais de
leurs propres yeux, ils ne peuvent le voir.
La consécration
d'une statue du bouddha (Minobu,
le 15 juillet 1276 à Shijo Kingo)
Un aveugle
ne peut pas voir les caractères de ce Sutra. Aux yeux
du commun des mortels, ce ne sont que des mots écrits. Les personnes
des deux véhicules y perçoivent
la non-substantialité (ku). Les
bodhisattvas y trouvent d'innombrables enseignements.
Mais un bouddha, quant à lui, reconnaît, en chacun des caractères
[du Sutra], un vénérable Shakyamuni doré.
[...] Les bouddhas et bodhisattvas [mentionnés
dans] ces sutras ne parviennent pas encore au degré de l’identité
de dénomination (myojisokui) du Sutra du Lotus. A plus
forte raison, sans en réciter le Titre,
comment pourraient-ils parvenir à l’identité de contemplation
(kangyosoku) ?
Réponse
à Messire Soya entré dans la voie
(Minobu, novembre 1277 au nyudo Soya)
Ensuite, on
désigne du nom de bodhisattva des personnes comme
Manjushri et Maitreya.
Ces grands bodhisattvas sont encore infiniment plus remarquables
que les pratyekabuddhas. Un bouddha
est un être totalement libéré des quarante-deux
étapes de l'obscurité
fondamentale, parvenu au niveau de l'Éveil
parfait (myogaku) ; il est comparable à la pleine lune dans la nuit du quinzième
jour du huitième mois. Les bodhisattvas ont dissipé
quarante et une sortes d'illusions liées à l'obscurité
fondamentale, parvenant ainsi au sommet de tokaku,
l'Éveil presque parfait, l'avant-dernière étape ; ils sont
comparables à la lune qui brille dans la nuit du quatorzième
jour du huitième mois.
Lettre à Horen
(Minobu,
avril 1275 à Soya Kyoshin)
Parmi les
savants de ce monde, ceux de la lignée du Shingon
considèrent que l’abhiseka
célébrant l’intronisation des bodhisattvas
de l’enseignement spécifique
(bekkyo),
dans les trois sutras dont le
Dainichi kyo, incorporés
aux quatre saveurs, trois
eseignements [tripitaka, tsukyo, bekkyo] prêchés par
Shakyamuni, est l’ultime Éveil
dès ce corps (sokushin jobutsu).
Il s’agit en fait de l’attestation de l’obtention de
la terre de la joie par les bodhisattvas des dix
degrés de transfert parmi les sept
degrés. Il ne s’agit nullement de la doctrine sokushin
jobutsu (Éveil dès ce
corps) de l’enseignement
parfait* (note).
Même si l’on objecte que c’est dans le sutra, les bienfaits
(kudoku) attestant de la pratique de la joie
(note) sont déterminés
en fonction de la condition (des bodhisattvas). Il s’agit uniquement
de la pratique de la cause par les bodhisattvas des dix degrés.
Réponse à
Dame Myoichi (Minobu,
mai 1275 à Myoichi)
Au moment
où Shakyamuni s'apprêtait à enseigner le Sutra
Kegon*,
les divers bouddhas des dix directions
apparurent et tous les grands bodhisattvas s'assemblèrent.
Bonten, Taishaku,
les quatre Rois du Ciel arrivèrent,
leur robe flottant au vent. Les dieux-dragons
et les huit groupes d'êtres
non-humains marquèrent leur respect en joignant les mains, les
mortels de capacité supérieure tendirent l'oreille ; les
bodhisattvas parvenus à l'étape
où l'on perçoit que rien ne naît ni ne meurt [musho
honin] et le bodhisattva Gedatsugatsu,
tous supplièrent le Bouddha d'enseigner.
[...] Même les bodhisattvas (depuis ceux qui sont
parvenus au dix étapes de la foi
jusqu'aux grands bodhisattvas parvenus à l'étape
de togaku ont du mal à évaluer des facteurs comme
le temps et les capacités. Comment nous, simples mortels, pourrions-nous
y arriver ? [...] Si les souverains de divers pays ne tiennent pas compte de ces avertissements,
les bouddhas et les grands bodhisattvas demanderont aux
pays voisins de punir les mauvais rois et les mauvais moines de ces pays,
si bien que des conflits d'une ampleur sans précédent éclateront
dans le monde entier.
[...] A ce moment là, tous les habitants des quatre
continents sous le soleil et la lune, redoutant la destruction du
pays, ou craignant pour leur propre vie, adresseront des prières
aux bouddhas et aux bodhisattvas. Mais parce que cela
restera sans effet, ils commenceront à faire confiance à
ce simple moine qu'ils avaient d'abord méprisé. Alors, les
innombrables moines éminents, les grands rois des 80000 pays et
la multitude de leurs sujets, inclinant le front vers la terre et joignant
les mains, réciteront ensemble Namu
Myoho Renge Kyo.
[...] Nous avons eu la chance de naître à l'époque
des Derniers jours du Dharma, et
nous pouvons progresser dans la foi sans faire un seul faux pas. Nous
n'avons pas besoin pour cela de pratiquer comme les bodhisattvas
pendant trois asogi kalpa,
(note),
ni de donner notre corps en pâture aux tigres
(note), afin d'obtenir la couronne invisible qui orne
la tête du Bouddha.
[...] Vajrabodhi*,
et Amoghavajra*
ont apporté les sutras Vairocana*, Kongocho*
et Soshitsuji* d'Inde
et les ont introduits en Chine. Les enseignements de ces trois sutras
sont très clairement énoncés. Si nous en recherchons
le principe essentiel, nous voyons qu'il consiste à réunir
les deux véhicules et à les remplacer par le Véhicule
unique de l'état de bodhisattva, à réfuter
les deux véhicules pour révéler le Véhicule
unique de l'état de bodhisattva.
[...] Même les grands bodhisattvas qui ont éliminé
les illusions de la pensée
et du désir et qui se sont libérés des quarante
et un et quarante-deux premiers niveaux d'ignorance n'ont pas pu le comprendre.
Comment, alors, de simples mortels, n'ayant pas éliminé
la plus petite illusion, le pourraient-ils ?
Le choix en fonction
du temps (Minobu,
10 juin 1275 ; adressé à Yui)
Pourtant,
ces trois groupes d'auditeurs-shravakas
durent souffrir pendant une période égale à sanzen-jintengo,
et les grands bodhisattvas pendant une période
égale à gohyaku-jintengo,
pour avoir commis la faute d'abandonner le Sutra du Lotus. Cela
montre combien cette faute est effroyable. Pour parler simplement, lorsqu'on
donne un coup de poing dans le vide, on ne se fait pas mal, mais en frappant
un rocher, on ressent de la douleur.
[...] Le démon de l'obscurité
fondamentale peut même pénétrer la vie
d'un bodhisattva qui a atteint l'étape
la plus élevée de la pratique, et l'empêcher d'atteindre
le bienfait ultime du Sutra du Lotus - la bodhéité
elle-même. Ainsi, il peut facilement faire obstacle à toute
autre étape moins élevée de la pratique.
Lettre aux Frères
(Minobu,
16 décembre 1275 aux frères Ikegami)
Les bodhisattvas
du Hinayana percevaient le passé
sur une période de trois asogi
kalpa, alors que les bodhisattvas
de tsugyo pratiquaient
le bouddhisme pendant autant de kalpa
qu'il y a de grains de poussière dans un monde, et les bodhisattvas
de bekkyo connaissaient
le passé dans chacune des cinquante
deux étapes [qui mènent à l'Éveil ].
Un Sage Perçoit
les Trois Phases de la Vie (Minobu,
1275, à Toki Jonin)
Bien que le
Sutra du Lotus ait été enseigné par le seul
Bouddha Shakyamuni, tous les bodhisattvas parvenus à l'étape
de togaku ou aux étapes
précédentes devraient le respecter et avoir foi en lui.
[...] Shakyamuni révéla
que] pendant quarante et quelques années, Shariputra,
Maudgalyayana et les grands
bodhisattvas avaient été en fait de Grands
ennemis s'opposant à la propagation du Sutra du Lotus
Traité
sur la dette de reconnaissance (Minobu,
le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)
Le Sutra
du Lotus nous enseigne encore : "Vie après vie, ils sont
toujours nés ensemble avec leurs maîtres dans les Terres de bouddha de l'Univers entier"(réf.)
Et : "Si quelqu'un recherche celui qui enseigne le Dharma, il atteindra
rapidement la voie du bodhisattva.
[...] Zhanlan*
ajoute : "Celui qui entend parler du Dharma pour la première
fois, de la bouche d'un bouddha ou d'un bodhisattva,
reviendra auprès du même bouddha ou bodhisattva
pour atteindre l'Éveil."(réf.)
Mise en Garde
contre l'Offense au Dharma (Minobu,
août 1276, au nyudo Horen)
Quand le Bouddha
Shakyamuni enseigna le Sutra du Lotus, le bouddha Taho,
et de nombreux autres bouddhas et bodhisattvas apparurent,
brillant comme autant de soleils, de lunes, d'étoiles et de miroirs.
En présence des innombrables bouddhas et dieux de l'Inde, de la
Chine et du Japon, le vénérable Bouddha demanda à
chacun d'eux de faire serment d'assurer au Pratiquant du Sutra du
Lotus une protection constante.
Sur le comportement
du Bouddha (Minobu,
1276, à Konichi-ama)
Mais, avant
que son corps ne touche terre, le démon reprit instantanément
sa forme de Taishaku, attrapa
Sessen Doji en plein vol et le déposa doucement sur le sol. En
s'inclinant respectueusement devant lui, Taishaku
lui dit : "Pour tester votre foi, j'ai dissimulé un moment
l'enseignement sacré du Bouddha, suscitant ainsi de l'angoisse
dans le coeur d'un bodhisattva. Je vous supplie de me
pardonner cette faute et de bien vouloir me sauver dans une vie future."
Alors, tous les êtres
humains et célestes se rassemblèrent autour de Sessen Doji
en disant : "Quelle merveille, quelle merveille, c'est un véritable
bodhisattva ! "
Les quatorze oppositions
(Minobu,
fin 1276, au nyudo Matsuno Rokuro Zaemon)
Le Bouddha
a donc clairement défini que, dépassant ces trois sortes
de sutra, le Sutra du Lotus est
la seule école qui permette immanquablement d'atteindre la bodhéité.
Toutes les autres écoles ont été fondées après
la disparition du Bouddha, tantôt par des bodhisattvas,
tantôt par des maîtres. Devons-nous maintenant désobéir
aux injonctions du Bouddha pour suivre des écoles établies
par des bodhisattvas et des maîtres ? Devons-nous
ignorer les textes des bodhisattvas et des maîtres
pour suivre l'école établie par le Bouddha ? [...] "Il faut se servir de la sagesse et non des connaissances.
Il faut accorder sa confiance aux sutra complets et définitifs
et non aux sutra incomplets et provisoires." Ce passage signifie
qu'il ne faut pas s'appuyer sur les déclarations des bodhisattvas
et des maîtres mais sur celles du Bouddha.
[...] Question : on lit,
dans les commentaires du Grand-maître Zhiyi* : "[Si les personnes des deux véhicules
peuvent parvenir à l'Éveil grâce au Sutra du Lotus],
les bodhisattvas peuvent atteindre la bodhéité
grâce à divers sutras
antérieurs." Ce passage semble indiquer que le Sutra
du Lotus ne s'adressait qu'aux personnes des deux
véhicules et non aux bodhisattvas, puisque
les bodhisattvas étaient déjà assurés
de parvenir à l'Éveil grâce aux sutras
antérieurs.
Réponse : cette
théorie, selon laquelle le Sutra du Lotus serait destiné
aux personnes des deux véhicules
et non aux bodhisattvas, fut exposée en Chine
avant l'apparition de Zhiyi*
par [dix maîtres éminents] les représentants des trois
Écoles du Sud et des sept Écoles du Nord. Mais Zhiyi*
réfuta définitivement cette idée, de sorte qu'elle
n'a plus cours aujourd'hui. Si vous dites qu'aucun bodhisattva
ne tire de bienfaits du Sutra du Lotus, alors comment expliquez-vous
le passage : "Quand les bodhisattvas entendent ce
Dharma, ils se libèrent des filets du doute" ? Après
cela, pouvez-vous vraiment dire que le Sutra ne procure aucun bienfait aux bodhisattvas ? Prétendrez-vous que le
Sutra du Lotus peut être bénéfique aux bodhisattvas
de capacités médiocres comme aux personnes des
deux véhicules, mais que les
bodhisattvas aux capacités supérieures
ont déjà reçu suffisamment de bienfaits des sutras
antérieurs ? Ces passages indiquent que tous - qu'ils soient de capacités supérieures
ou inférieures, qu'ils observent ou transgressent les préceptes,
qu'ils soient nobles ou roturiers, bodhisattvas, personnes
ordinaires ou personnes des deux véhicules
- deviendront bouddha et auront accès à la Voie grâce
au Sutra du Lotus. De plus, en affirmant que ces bodhisattvas
ayant atteint la Voie grâce au Sutra du Lotus étaient
tous des personnes de capacités médiocres, soutiendrez-vous
aussi que Fugen, Manjushri,
Maitreya, Yakuo* et les quatre-vingt mille autres bodhisattvas avaient
aussi de médiocres capacités ? De plus, l'Éveil obtenu
par les bodhisattvas grâce aux sutras
antérieurs est-il de même nature que celui auquel on
parvient grâce au Sutra du Lotus ? [...] Il faut avoir bien compris tout cela, et y croire fermement pour
que le pouvoir du Dharma se manifeste et que les bouddhas et bodhisattvas
aient la capacité de procurer des bienfaits.
[...] Il existe une multitude de Terres
pures dans les dix directions : il y a des terres pures où l'on enseigne la voie des auditeurs-shravakas,
d'autres où l'on enseigne la voie des pratyekabuddhas,
et d'autres encore où l'on enseigne la voie du bodhisattva.
Ceux qui ont foi dans le Sutra du Lotus ne renaîtront jamais
dans aucune de ces Terres pures, mais
immédiatement sur une Terre pure
où le Sutra du Lotus est enseigné.
[...] Si vous dites qu'aucun bodhisattva ne tire de bienfaits du Sutra du Lotus, alors comment expliquez-vous le passage : "Quand
les bodhisattvas entendent ce Dharma, ils se libèrent
des filets du doute" ? Après cela, pouvez-vous vraiment
dire que le Sutra ne procure aucun bienfait aux bodhisattvas ? Prétendrez-vous que le Sutra du Lotus peut être
bénéfique aux bodhisattvas de capacités médiocres
comme aux personnes des deux
véhicules, mais que les bodhisattvas aux capacités
supérieures ont déjà reçu suffisamment de
bienfaits des sutras antérieurs ? Dans ce cas, que faites-vous des passages du Sutra : "Qu'ils soient
de capacités supérieures ou médiocres... je répands
sur eux la pluie du Dharma en toute impartialité"(réf.)
ou
"Tous les bodhisattvas qui parviennent à l'Éveil
parfait sans supérieur (anuttara-samyaksambodhi) le font dans
tous les cas grâce à ce Sutra" ? (réf.)Ces passages
indiquent que tous - qu'ils soient de capacités supérieures
ou inférieures, qu'ils observent ou transgressent les préceptes,
qu'ils soient nobles ou roturiers, bodhisattvas, personnes
ordinaires ou personnes des deux véhicules
- deviendront bouddha et auront accès à la Voie grâce
au Sutra du Lotus.
[...] De plus, l'Éveil obtenu par les bodhisattvas grâce
aux sutras antérieurs
est-il de même nature que celui auquel on parvient grâce au
Sutra du Lotus ? Dans ce cas, c'est l'Éveil du Sutra
du Lotus et pas du tout celui que pourraient procurer les sutras
antérieurs. Et s'il s'agit d'une autre sorte d'Éveil que celui
du Sutra du Lotus, à quel sutra appartient-il parmi ceux
que le Bouddha "a enseigné, enseigne et enseignera" ? S'il ne s'agit pas de l'Éveil du Sutra du Lotus, cela ne peut
être qu'une sorte d'illumination partielle, ce n'est pas le véritable
Éveil.
[...] Il existe une multitude de Terres
pures dans les dix directions : il y a des terres pures où l'on enseigne la voie des auditeurs-shravakas,
d'autres où l'on enseigne la voie des pratyekabuddhas,
et d'autres encore où l'on enseigne la voie du bodhisattva.
Ceux qui ont foi dans le Sutra du Lotus ne renaîtront jamais
dans aucune de ces Terres pures, mais
immédiatement sur une Terre pure
où le Sutra du Lotus est enseigné.
[...] Par conséquent, quand on a récité une fois
Myoho Renge Kyo, par ce seul son, on fait jaillir et apparaître
l'état de bouddha de tous les bouddhas, de tous les dharma,
de tous les bodhisattvas, de tous les auditeurs-shravakas ;
[...] Quand notre bouche récite le nom du Dharma Merveilleux, notre
état de bouddha, ainsi appelé, se manifeste immanquablement.
Cela éveille du même coup l'état de bouddha de Bonten
et Taishaku qui, appelés
par notre voix, nous protègent ; et la bodhéité des
bouddhas et des bodhisattvas, appelée elle aussi,
se réjouit. Voilà le sens du passage dans lequel le Bouddha
déclare : "Ceux qui croient dans ce Sutra [du lotus], ne serait-ce
qu'un instant, me réjouis-sent et réjouissent tous les autres
bouddhas."
Parvenir directement
à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus (Minobu,
mars 1277 ? )
Shariputra,
Maudgalyayana, Mahakashyapa
étaient de grands arhats
ayant acquis les trois formes de clairvoyance et les six
pouvoirs mystiques. De plus, ils étaient des bodhisattvas
qui, en écoutant le Sutra du Lotus, étaient parvenus
à la première*
des dix étapes de développement*
et à la première étape
de stabilisation, où l'on perçoit que rien ne naît
ni ne s'éteint. Pourtant, même eux se sentirent incapables
d'endurer les grandes persécutions qui attendent celui qui propage
le Sutra du Lotus dans ce monde Saha à l'époque des Derniers
jours du Dharma, et reculèrent devant cette tâche. A
plus forte raison, comment un simple mortel n'ayant pas encore éliminé
les trois catégories d'illusions,
à l'époque des Derniers
jours du Dharma, pourrait-il devenir pratiquant de ce Sutra ? Mise en
garde contre l'attachement à son domaine
(Minobu,
juillet 1277, à Shijo Kingo)
Habitants
de ce pays, je vous en conjure, ne méprisez pas mes disciples ! Si l'on s'interroge sur leur passé, [on verra que] ce sont de grands
bodhisattvas qui ont fait des offrandes aux bouddhas pendant
quatre-vingt myriades de millions
de kalpa et qui ont pratiqué
sous la direction de bouddha aussi nombreux que les grains de sable du
Hiranyavati et du Gange.
Les Quatre Etapes de
la foi (Minobu,
10 avril 1277 ( ? ) à Toki Jonin)
Il est dit
dans le chapitre Hoto* (XI)
: "Toute l'Assemblée s'éleva et se retrouva dans les
Airs." Tous les bouddhas, bodhisattva et grands sages,
ainsi que les huit groupes d'êtres
sensibles des deux mondes cités
dans le premier chapitre du Sutra
du Lotus, tous sans exception résident dans ce Gohonzon.
Le Véritable
Aspect du Gohonzon (Minobu,
23 août 1277, à Dame Nichinyo)
Vous verrez
que l'univers entier est devenu la Terre
de la lumière éternellement paisible. Le sol sera de
lapis-lazuli, et l'octuple sentier
sera marqué par des cordes d'or. Quatre
sortes de fleurs tomberont du ciel, en pluie, et de la musique résonnera
dans les airs. Tous les bouddhas et les bodhisattvas seront
présents, caressés par les brises de l'éternité,
du bonheur, du véritable soi et de la pureté.
Réponse au
seigneur Matsuno (Minobu,
le 9septembre 1277, au seigneur Matsuno)
Il est écrit
dans le Sutra du Nirvana : "Ceux qui avanceraient une autre conception des Trois
trésors, sachez bien qu'ils ne pourraient plus prendre refuge
dans ces trois purs trésors ou compter sur leur protection. Ils
seraient incapables d'observer le moindre précepte
et pour finir, ils ne pourraient pas recueillir le fruit des auditeurs-shravakas,
des pratyekabuddhas ou des bodhisattvas.
[...] Par nature, le démon se réjouit de barrer la route
au bien et de pousser à faire le mal. Impuissant contre certains
qu'il ne peut forcer à mal agir, il est contraint de les laisser
faire de bonnes actions. Il voue une haine farouche à ceux qui
pratiquent les deux véhicules,
les incitant à pratiquer un moindre bien dans les mondes-états
des hommes et du Ciel.
Il fait obstacle à ceux qui se consacrent aux pratiques
du bodhisattva en leur suggérant de s'engager dans la
pratique des deux véhicules.
Le troisième
enseignement (Minobu,
1er octobre 1277, à Toki Jonin)
Aucun autre
sutra, en dehors du Sutra du Lotus, n'expose cette conclusion
ultime, par conséquent ceux qui croient en ces sutras sont [comparables
à de] simples mortels parvenus au stade
de ri-soku*. Les bouddhas
et les bodhisattvas qui apparaissent dans ces sutras ne sont
même pas égaux à de simples mortels parvenus à
l'étape de myoji soku
[où une
personne entend le nom (myo) de la vérité et/ou lit les
mots (ji) des sutras, et par conséquent comprend intellectuellement
qu'elle a la nature de bouddha et que tous les phénomènes
sont des manifestations du Dharma bouddhique] qui débutent
dans la pratique du Sutra du Lotus.
Ainsi ai-je entendu
(Minobu, 28 novembre 1277, à Soya
Kyoshin)
Depuis le
passé illimité, le
bien et le mal sont inhérents à la vie. Selon les enseignements
provisoires et les écoles fondées sur eux, le bien et
le mal demeurent [dans la vie d'une personne] à travers toutes
les étapes de la pratique de bodhisattva jusqu'à
l'étape de togaku. Ainsi, tous
ceux qui sont à l'étape
de togaku [ou à une étape moins élevée] commettent
encore des fautes [à la différence de ceux qui sont parvenus
à l'étape la plus élevée].
Par contre, le principe central de l'école Hokke
est celui d'ichinen sanzen
qui révèle que le bien et le mal restent inhérents
à la vie de tous, y compris de ceux qui sont parvenus à
l'étape la plus élevée,
celle de l'Éveil parfait sans supérieur
[myogaku].
Le traitement de
la maladie (Minobu,
26 juin 1278 (ou 1282) à Toki Jonin)
Et même
si l'on rencontrait le Sutra du Lotus, il est encore plus rare
pour un simple mortel, à l'époque des Derniers
jours du Dharma, de rencontrer le véritable Pratiquant du Sutra.
Car le Pratiquant du Sutra du Lotus, qui l'enseigne à
l'époque des Derniers jours du
Dharma, dépasse encore les bouddhas et bodhisattva
apparaissant dans les sutras des périodes
Kegon, Agon, Hodo et Hannya, et les plus de mille deux
cents Honorés du Sutra
Vairocana* - qui n'ont
pas enseigné le Sutra du Lotus.
[...] Il est donc surprenant que le bodhisattva Fugen,
l'un des deux ministres de Shakyamuni, ait pu rester absent pendant les
huit ans qu'il fallut au Bouddha pour exposer le Sutra du Lotus
- Sutra suprême parmi tous ceux qu'il enseigna sa vie durant - au
cours de la cérémonie qui réunit les bouddhas
et les bodhisattvas des dix
directions, plus nombreux que les grains de poussière de la
terre entière.
[...] Le Bouddha - sans doute ravi de l'extraordinaire sincérité
avec laquelle Fugen s'était
engagé à propager le Sutra du Lotus à travers
tout le Jambudvipa - lui exprima
pour cela son admiration, avec plus de chaleur encore qu'il n'en avait
manifesté précédemment en faisant l'éloge
des bodhisattvas de haut rang.
Grandes lignes du
chapitre Zokurui et d'autres (Minobu,
juin 1278, à Dame Nichinyo)
De plus, les
sutras antérieurs ou
postérieurs au Sutra du Lotus sont comparés à
des étoiles, des ruisseaux et des rivières, des roitelets
ou des collines, alors que le Sutra du Lotus est comparé
à la lune, au soleil, au grand océan, à une grande
montagne ou à un grand roi. Ce ne sont pas là des interprétations
personnelles mais les paroles d'or de l'Ainsi-Venu,
des paroles confirmées par tous les bouddhas
des dix directions. Et tous les bodhisattvas, les
personnes des deux véhicules,
Bonten et
Taishaku, Nitten et Gatten
actuellement suspendus au Ciel comme des miroirs étincelants, tous
ont entendu ces déclarations.
[...] Quel enseignement dispense ce Sutra du Lotus du Dharma Merveilleux ? Tout d'abord, dans le premier volume, le chapitre
Hoben*
(II)
enseigne que les bodhisattvas, les personnes des deux
véhicules et les simples mortels ont tous la possibilité
de devenir bouddha. Mais aucune
preuve n'en est encore donnée.
Le sutra permettant
véritablement d'honorer sa dette (Minobu,
le 28 juillet 1278 à Sennichi-ama)
Le Grand-maître
Saicho étudia l’enseignement
du Maka Shikan de
l’école du Hokke
et apprit aussi les règles de conduite des bodhisattvas,
qui avaient été enseignées par le Grand-maître
Daoxuan (596-667), fondateur de
la branche Nanchan de l'école Lu (Ritsu)
en Chine.
Honzonmondosho
( Minobu, septembre
1278 à Joken-bo)
Ces bouddhas,
tout comme les bodhisattvas des mondes des dix
directions aussi nombreux que des grains de poussière,
ont tous leur origine dans le seul caractère Myo du Sutra du
Lotus.
Le tambour à
la porte du Tonnerre (Minobu, 19e jour
du 10 mois (intercalaire)
1278, à Sennichi-ama)
Qu'il est
rassurant de penser que je recevrai certainement les louanges de bodhisattvas
aussi nombreux que les grains de sable de soixante mille Gange !
La persécution
par le sabre et le bâton (Minobu,
20 avril 1279 à Nanjo Tokimitsu)
Les divinités
de la terre et du Ciel, les rois-dragons,
Nitten, Gatten,
les rois célestes Taishaku
et Daibonten, les personnes des
deux véhicules, les bodhisattvas
et les bouddhas se sustentent du Dharma bouddhique, la savourent
et en nourrissent leur corps et leur esprit.
Le roi Rinda
(Minobu,
le 17 août 1279 à Soya Doso)
Nichiren
est, au Japon, le Pratiquant suprême du Sutra du Lotus. Il est le seul, dans ce pays,
à avoir vraiment vécu les vingt vers (note) du chapitre Kanji* (XIII). Huit cent milliards de myriades de bodhisattvas y faisaient pourtant serment de propager le Sutra du Lotus, mais
pas un seul ne tint parole.
[...] Se pourrait-il que les deux bouddhas Shakyamuni et
Taho soient réapparus sous
la forme des parents de Nichiren ? Ou bien alors, ses parents seraient-ils
au nombre des huit cent milliards de myriades de bodhisattvas
ou encore parmi les Quatre Bodhisattva
conduits par Jogyo ? Cela est
au-delà de l'entendement.
Lettre à
Jakunichi-bo
(Minobu,
16 septembre 1279, à Jakunichi-bo Nikke)
Jadis, les
cieux, les divinités, les bodhisattvas, les auditeurs-shravakas
promirent ensemble devant le vénéré Shakyamuni que,
si un pays devenait l’ennemi du Sutra de la fleur du Dharma,
ils se transformeraient en gelée et en grêle au mois de juin
pour provoquer la famine dans ce pays ; ou ils deviendraient insectes et
dévoreraient les cinq céréales
Niike Gosho
(Minobu,
février 1280 à Niike Saemon no jo)
Il est dit
dans le 7e volume du Sutra du Lotus : "Même si une
personne remplissait un système
majeur de mondes des sept sortes
de trésors pour en faire don au Bouddha, aux grands
bodhisattvas, aux pratyekabuddhas
ou aux arhats, les bienfaits
que cette personne obtiendrait ne pourraient pas égaler ceux que
procurent l'acceptation et la pratique de ce Sutra du Lotus,
ne serait-ce que d'une strophe de quatre lignes !
La bonne fortune
inégalée (Minobu,
1l mai 1280, au seigneur Nishiyama)
Il n'y a rien
d'extraordinaire dans ce que nous appelons la foi. Comme une femme chérit
son mari, comme un homme donnerait sa vie pour sa femme, comme des parents
n'abandonneraient jamais leurs enfants, ou comme un enfant refuserait
de quitter sa mère, nous devrions accorder notre confiance au Sutra
du Lotus, à Shakyamuni, à Taho
et à tous les bouddhas et bodhisattvas des dix
directions, ainsi qu'aux dieux du
Ciel et aux divinités
bienveillantes, et réciter Namu
Myoho Renge Kyo.
Le sens de la foi
(Minobu, le
18 mai 1280, à Myoichi-ama)
Il est dit
[dans le Sutra du Lotus] : "A ce moment-là, répondant
à une question du bodhisattva Yakuo*,
l'Honoré du monde s'adressa
aux quatre-vingt mille
grands bodhisattvas désireux d'entendre le Dharma. Shakyamuni
enseigna [...] les Quatre Nobles Vérités
aux personnes de l'état d'auditeurs-shravakas ; les douze liens de causalité
aux pratyekabuddhas ; les six paramitas
aux bodhisattvas. Cette méthode d'enseignement
est comparable à l'eau qui prend la forme du récipient qui
la contient ou à un éléphant qui se bat en utilisant
seulement la force nécessaire pour vaincre son ennemi.
Comparaison du
Sutra du Lotus avec les autres Sutra (Minobu,
le 26 mai 1280 à Toki Jonin)
Soixante jours après la disparition de Shakyamuni,
Mahakashyapa et les autres disciples,
mille personnes au total, ainsi que Manjushri
et les quatre-vingt mille
autres bodhisattvas se rassemblèrent dans une grande salle
de pratique et pleurèrent la disparition du Bouddha.
[...] Ne devrions-nous pas, nous aussi, consigner par écrit les
divers principes que, pendant cinquante ans, nous avons entendu le Bouddha
enseigner aux auditeurs-shravakas
et aux grands bodhisattvas, afin que ces enseignements
deviennent les yeux des êtres humains à l'avenir ? Chevaux blancs et
cygnes blancs (Minobu
le 14 août.1280, à la dame d'Utsubusa)
Comment votre
résolution pourrait-elle être inférieure à
celle du bodhisattva qui se brisa
les os [pour faire une offrande] à
la Cité des Parfums ou à celle du bodhisattva qui,
dans les Montagnes neigeuses,
sacrifia son corps [en se précipitant
dans le vide] ? [...] Si je suis bien le Pratiquant
du Sutra du Lotus, alors Shakyamuni, qui enseigna la doctrine
au Pic du Vautour, le bouddha Taho,
du Monde du trésor de pureté, les bouddhas
des dix directions, émanations de Shakyamuni, les grands
bodhisattvas de l'enseignement
essentiel*
et de l'enseignement théorique*,
Bonten, Taishaku,
les rois dragons et les dix
Filles-démones, tous sont très certainement présents
en ce lieu.. Là où il y a de l'eau vivent les poissons.
Là où il y a des bois, les oiseaux s'assemblent. Les pierres
précieuses abondent dans les montagnes de l'île Peng-lai
et les santals
poussent sur le Mont Malaya. On trouve de l'or dans la montagne où
la rivière Li-shui prend sa source. Il en va exactement de même
pour cet endroit-ci. C'est le lieu du "monceau de bienfaits"
et c'est là où résident les bouddhas et les
bodhisattvas.
Réponse au seigneur
Shijo Kingo (Minobu,
le 8 octobre 1280 à Shijo Kingo)
Le Sutra
du Lotus est sans égal, parmi tous les enseignements
sacrés exposés par le Bouddha de son vivant. De plus,
comme l'indiquent les mots : "ne peut être compris que
par des bouddhas"(réf.)
seuls des bouddhas ont la capacité de le comprendre. Les bodhisattvas
encore aux étapes de l'Éveil
presque parfait (tokaku)
et au-dessous ne le peuvent pas.
Réponse à
la mère du seigneur d'Ueno (Minobu,
octobre 1280 à la mère de Nanjo Tokimitsu)
Le Sutra
du Nirvana mentionne également des personnes incapables
d'atteindre la bodhéité même avec le Sutra du
Lotus, les appelant icchantika,
personnes d'une incroyance incorrigible, qui prennent l'apparence d'arhat
ou de grands bodhisattvas. Ils sont comparables à
l'eau troublée qui, bien qu'originellement pure, ne reflète
pas le clair de lune.
Sur le bodhisattva Hachiman (Minobu,
décembre 1280, à Nichigen-nyo, l'épouse de Shijo
Kingo)
Ces passages
proviennent bien des sutras Vairocana* et Kongocho*. Mais l'un se rapporte à l'atteinte de l'illumination
du bouddha Vairocana* ; un autre affirme que les pratiquants du Shingon peuvent acquérir
les cinq pouvoirs surnaturels en conservant leur corps actuel ; et un troisième
passage décrit la façon dont un bodhisattva parvenu
au dixième des dix transferts
peut sans changer d'apparence progresser jusqu'à l'étape
suivante. Mais ils n'expliquent pas comment, sans changer d'apparence,
on peut prendre conscience en cette vie-ci de la non-naissance et de la
non-extinction de tous les phénomènes, et, moins encore,
comment il est possible d'atteindre la bodhéité.
Le principe de l'atteinte
de la bodhéité sans changer d'apparence (Minobu,
en 1280 ? , à Myoichinyo)
Le Bouddha
formula à ce moment-là par trois fois la même exhortation : après sa disparition, si elles voulaient s'acquitter de leur dette
de reconnaissance envers tous les bouddhas, ce serait les femmes, nonnes
aussi bien que laïques, qui devraient persévérer dans
la propagation du Sutra du Lotus en ce monde Saha,
quelles que soient les difficultés. Mais elles n'y prirent pas
garde et jurèrent, au contraire, de "propager largement ce
Sutra dans les terres des autres directions."(réf.)
Les nonnes n'avaient donc pas bien compris l'intention du Bouddha.
Comme sa déception, alors, dut être grande ! A ce moment-là,
il se détourna d'elles et regarda attentivement les quatre-vingt
myriades de millions de nayuta
de bodhisattvas.
Réponse
à Myoho Bikuni Gozen (Minobu,
1281, à Myoho ama)
Le Sutra
Trapusha traite des mondes-états des Hommes
et du Ciel. Les sutras
Agama*
décrivent les personnes des deux
véhicules. Le Sutra
Kegon*
décrit les bodhisattvas. [...] La forme que prend
l'enseignement du Sutra du Lotus se modifie cependant en fonction
des capacités des gens, du temps, du pays, et des personnes qui
le propagent. Or même des bodhisattvas parvenus à
l'étape de togaku semblent
ignorer ce fait. Comment alors de simples mortels de l'époque des
Derniers jours du Dharma pourraient-ils
le comprendre ! Le corps et l'esprit
des simples mortels (Minobu,
à un disciple).
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