Réponse à Messire Soya entré
dans la voie ou "Ainsi ai-je entendu" d'après la version de la Nichiren Shoshu Lettres
et traités de Nichiren Daishonin. Minobu, novembre 1277 |
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Vous m’avez fait parvenir le sutra Myoho Renge Kyo * en un volume, écrit en petits caractères et dans le don que vous avez fait à titre d’offrande au Bouddha, il y avait deux vêtements à manches courtes, dix kan de monnaie et cent éventails. Le premier
fascicule des Hokke Mongu*
indique : « “Ainsi” se rapporte à la substance
du Dharma entendu. » Le Hokke
Mongu Ki*
précise : « S’il ne s’agissait pas de l’“ainsi”
du sutra qui surpasse les huit
enseignements, comment pourrait-il être ce qui est entendu de
ce sutra ? » L’essentiel d’un sutra est contenu dans son titre. Prenons par exemple le pays appelé Sindhu. Il est constitué de soixante-dix petits pays sur neuf cent mille lieues. Les hommes et les animaux, les végétaux, les montagnes et les rivières, la terre, tous sont clairement contenus dans son nom : l’Inde. Par exemple, sous les quatre cieux, il y a quatre continents. L’infinité de tous les êtres se reflète dans la lune sans pouvoir se dissimuler. Il en est de même pour les sutras. Les doctrines contenues dans un sutra sont exprimées dans son titre. Le titre des sutras Agama* contient le principe de l’impermanence, quintessence de ces sutras. Ce principe est cent, mille, dix mille fois supérieur aux deux idéogrammes “A” et “U” (note) faisant partie du titre des livres des voies extérieures. Entendant le titre des sutras Agama*, les quatre-vingt-quinze sortes de voies extérieures rejetèrent leur attachement à l’hérésie et se dirigèrent vers la voie de l’impermanence. Entendant le titre des sutras Hannya*, on s’éveille aux doctrines de la non-substantialité, de la médianeté simple (tanchu*) et de la médianeté non-simple (futanchu*). Ceux qui entendent le titre du Sutra Kegon* s’éveillent à la médianeté simple et à la médianeté non-simple. Ceux qui entendent le titre du Sutra Vairocana*, des sutras aux doctrines diverses et des sutras de la sagesse s’éveillent soit au principe de la vacuité analytique (shakku*), soit à celui de la vacuité substantielle (taiku*), soit à celui de la vacuité simple (tanku), ou encore à celui de la vacuité non-simple (futanku*), ou au principe de la médianeté simple (tanchu*) ou de la médianeté non-simple (futanchu*). Ils n’ont cependant pas encore entendu les bienfaits (kudoku) de l’Éveil merveilleux de l'inclusion mutuelle des dix mondes-états, cent mondes-états, mille ainsi, trois mille domaines. Tant que ce principe n’a pas été prêché, ils ne sont qu’hommes ordinaires au stade de l’identité de principe (ri-soku*) extérieure au Sutra du Lotus. Les bouddhas et bodhisattvas (mentionnés dans) ces sutras ne parviennent pas encore au stade de l’identité de dénomination (myoji-soku*) du Sutra du Lotus. A plus forte raison, sans en réciter le Titre, comment pourraient-ils parvenir à l’identité de contemplation (kangyo-soku*) ? Pour cette raison, le Grand-maître* Zhanlan* écrivit dans ses notes : « S’il ne s’agissait pas de l’“ainsi” du (sutra qui) surpasse les huit enseignements, comment pourrait-il être ce qui est entendu du sutra ? » Les Titres de tous les autres sutras font partie des huit enseignements. Ils sont comme les mailles d’un filet. Le Titre de ce Sutra surpasse les mailles du filet des huit enseignements, il en est la grande corde. A présent, ceux qui prononcent Myohorengekyo, même s’ils n’en connaissent pas le cœur, non seulement obtiennent (le cœur du) Sutra du Lotus, mais de surcroît, s’éveillent à la grande corde de l’enseignement développé tout au long de la vie du Bouddha. Ainsi, un prince âgé d’un an, de deux ans ou de trois ans qui accède au trône, bien qu’il ne sache pas que le pays entier est son domaine, ni que le régent et le grand chancelier (kampaku) sont ses subordonnés, ceux-ci lui appartiennent tous. Par ailleurs, même si un nourrisson n’a pas la capacité de discernement, en buvant le lait de sa mère compatissante, son développement sera naturel. Si des ministres au cœur arrogant tel Zhaogao méprisent le Prince, ils se détruiront. Les lettrés des sutras et des écoles méprisent le Prince qui ne fait que réciter le daimoku du Sutra du Lotus. Pour cette pensée, comme Zhaogao, ils tomberont dans l'enfer avici. Par ailleurs, le Pratiquant du Sutra du Lotus qui récite le daimoku sans en connaître l’esprit et éveille en lui-même la disposition à régresser à la suite de la menace des lettrés des autres écoles, est comme le Prince Huhai qui fut menacé, puis assassiné par Zhaogao. Namu Myoho Renge Kyo est non seulement l’essentiel de tout l’enseignement du Bouddha, c’est le cœur du Sutra du Lotus, sa substance, son aboutissement. C’est une doctrine si sublime ! Pourtant, au cours des plus de 2200 ans après l’extinction de l’Éveillé, aucun des vingt-quatre récipiendaires de la transmission en Inde ne la propagea. En Chine, ni Zhiyi*, ni Zhanlan* ne la divulguèrent. Au Japon, ni le prince Shotoku ni même le Grand-maître* Saicho* ne la prêchèrent. Aussi, les gens pensent qu’un banal Maître du Dharma n’est apte qu’à proférer des erreurs et ne croient pas en son enseignement. C’est d’une grande logique. Par exemple, personne ne crut que Zhaoyun avait été souillée par un guerrier abject. Comment un banal Maître du Dharma pourrait-il donc réciter Namu Myohorengekyo, cœur du Sutra du Lotus, que n’ont propagé ni Zhiyi* ni Saicho*, eux-mêmes comparables pourtant à de grands ministres, des nobles de la cour ? Mais, vous autres, savez-vous ceci ? Le corbeau, oiseau pourtant des plus vulgaires, connaît toutes les bonnes et mauvaises fortunes de l’année, choses que ne savent ni l’aigle ni la buse. Même si le serpent est de beaucoup inférieur au dragon ou à l’éléphant, il anticipe les inondations sept jours à l’avance. Même si Nagarjuna ou Zhiyi* ne l’avaient pas connue, pourquoi douter d’une doctrine qui apparaît clairement dans le Sutra ? Refuser de réciter Namu Myohorengekyo en raison de son mépris pour Nichiren c’est être comme le nourrisson qui se méfierait du lait et ne le boirait pas. C’est être comme le malade qui n’aurait pas confiance dans le médecin et refuserait le remède. Nagarjuna et Vasubandhu connaissaient (cette doctrine) mais ne la propagèrent pas car ni le temps ni la prédisposition n’étaient alors propices. Les autres ne la prêchèrent pas parce qu’ils ne la connaissaient pas. Le Dharma du Bouddha se propage en fonction du temps et de la prédisposition. L’insignifiant Nichiren satisfait quant à lui au temps. Or, les gens de notre époque pensent que les cinq idéogrammes de Myo ho ren ge kyo en sont seulement le nom. Mais ce n’est pas le cas. Ils en sont la substance. La substance est le cœur. Guanding*écrivait : “Certes, l’introduction royale (note) décrit le sens mystérieux du sutra. Le sens mystérieux se réfère au cœur des phrases”. L’idée dominante de ce commentaire est que Myohorengekyo ne se réfère pas à des mots, ni à un sens. Le commentaire signifie qu’il est véritablement le cœur du sutra. Ainsi, ceux qui recherchent le cœur du Sutra du Lotus en dehors de son Titre (daimoku), sont comme la tortue incohérente qui recherchait le foie sans le singe. Ce sont des gibbons partis de la montagne forestière pour chercher des fruits dans l’océan. Quelle vanité ! Quelle tristesse ! Le vingt-huitième jour du mois du givre de la troisième année de Kenji. (1277) Nichiren Réponse à Messire Soya Jiro entré dans la voie Voir la version ACEP ("Ainsi ai-je entendu") |
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