Le sutra indique : “Ne
pas pouvoir voir ce qui est proche, comme les cils des hommes, ne pas
pouvoir voir ce qui est éloigné, comme les traces que laissent
les oiseaux dans le ciel”. Je laisserai pour l’instant de
côté les racines supérieures et la prédisposition
supérieure de la méditation
assise. Les écoles du Zen actuelles sont comme celui qui reçoit une jarre et (ne la voit
pas parce qu’il) est tourné face à un mur. Le sutra
dit : “Aveugles, ils ne voient rien. Ils ne recherchent pas les nombreux
bouddhas ni le Dharma qu’ils proposent pour interrompre la souffrance.
Dialogue avec les écoles du Zen (1255)
En ce qui concerne le Bouddha de l'Éveil
parfait et complet, sans supérieur (anokutara
sammyaku sambodai), dont émerge l'Éveil hongaku d'Ainsi-Venu, nous sommes le père et la mère de l’Éveil sambodai, et le Bouddha est le fils auquel nous donnons naissance. [...] Dans le premier fascicule du Maka Shikan, il est dit : « L’arrêt, ou concentration (samadhi, shi, zhi) est la mère de l’Éveillé, la contemplation/introspection (vipassana, kan, guan) en est le père ».
Le premier volume du Maka Shikan indique que les deux caractères « arrêt/concentration et introspection » montrent clairement l'importance de l’écoute. La globalité/inséparabilité ultime du début et de la fin de celui qui n’écoute pas est nule.
[...] Le bodhisattva Yakuo
bosatsu (Roi des remèdes), apparut en Chine sous le nom du Grand-maître Tendai* qui s'est éveillé à ce principe. Toutefois, bien qu’il prêcha de nombreuses doctrines : les dix fascicules du Hokke gengi*, les dix fascicules du Hokke Mongu,* la Samadhi kakui zammai, la Contemplation mineure, les Commentaires sur le Nom-Pur, les quatre méditations-smriti, le Shidai Zem-mon*, il ne parla pas d’ichinen sanzen. Il n’évoqua que cent mondes-états et mille ainsi (nyoze).
[...] Il enseigna un livre en dix fascicules appelé Maka Shika (Grand arrêt et introspection) à son disciple, le Grand-maître Zhanlan.* Là, encore, au cours des quatre premiers fascicules, il ne parla pas de cette doctrine, enseignant uniquement les six identités (soku) et les quatre formes de concentration. Parvenu au cinquième fascicule, il établit les dix objets de méditation (jikkyo), les dix méthodes (jujo-kampo) et, enfin, ichinen sanzen. Il dit : « Cela est présent dans un cœur-esprit (jin) ».
[...] Ceux qui pensent devenir bouddha uniquement par la contemplation du cœur (kanjin, introspction) sont des hommes auxquels il manque un élément important. A plus forte raison, ceux qui s’adonnent à la concentration assise* de la transmission particulière en dehors des enseignements.
La doctrine d’Ichinen Sanzen (1258)
Certains suivent les enseignements
ésotériques de l'école Shingon et conduisent des rituels qui consistent à remplir
d'eau cinq jarres (note), d'autres encore se consacrent
entièrement à la méditation à la manière Zen et
perçoivent le vide de tous
les phénomènes aussi clairement que la lune. Il y a ceux
qui écrivent le nom des sept
esprits gardiens et les affichent sur mille portes, ceux qui peignent
des représentations des cinq puissants bodhisattvas (note) et les accrochent au-dessus de dix mille seuils, et ceux qui adressent
des prières aux divinités du ciel et de la terre dans des cérémonies conduites aux
quatre coins de la capitale (note) et aux quatre frontières du pays ; d'autres encore,
que le sort cruel enduré par les hommes ordinaires emplit de
pitié, s'assurent que les autorités, nationales et locales,
gouvernent de manière bienveillante.
[...] Honen déclare : "Sachez que, à l'époque où le Bouddha prêchait
en fonction de la capacité de ses divers auditeurs, il enseigna
pendant un certain temps les deux méthodes de la méditation
concentrée et de la méditation sans concentration ? Mais, lorsqu'il révéla plus tard son propre Éveil, il
cessa d'enseigner ces deux méthodes. Le seul enseignement qui,
une fois révélé, ne cessera jamais d'être
enseigné, est la doctrine unique du Nembutsu."
Rissho Ankoku ron (Kamakura-Matsubagayatsu,
juillet 1260)
Toute personne désireuse
de propager le bouddhisme doit nécessairement connaître
les capacités [et la nature profonde de ceux à qui elle
s'adresse]. Le vénérable Shariputra voulut enseigner la méditation
sur l'impureté du corps à un forgeron et la maîtrise
de la respiration à un blanchisseur. Au terme de 90 jours, ces
disciples n'avaient toujours pas acquis la plus petit notion de l'enseignement
du Bouddha. Au contraire, ils élaborèrent des conceptions
erronées et devinrent des personnes d'une incroyance incorrigible
(icchantika). Le Bouddha
enseigna la méditation sur la maîtrise de la respiration à un forgeron et la méditation sur l'impureté du
corps à un blanchisseur et ils parvinrent immédiatement
à l'Éveil. Si même Shariputra,
considéré comme le premier en sagesse, ne parvenait pas
à comprendre les capacités des personnes à qui
il enseignait, combien plus difficile encore doit être cette compréhension
pour les maîtres ordinaires en cette époque des Derniers
jours du Dharma !
L'enseignement,
les capacités, le temps et le pays (Izu,
10 février 1262 ? )
Il n'est pas rare, de nos jours, d'entendre affirmer que seule une
personne dotée d'une sagesse supérieure, et s'exerçant
sans relâche à la pratique de la méditation,
a la capacité de recevoir des bienfaits du Sutra du Lotus,
et de voir dissuader des personnes dont la sagesse est limitée
de même essayer. Mais c'est le fait d'une grande ignorance, une
idée tout à fait erronée. Le Sutra du Lotus enseigne que tous les êtres humains, quels qu'ils soient, peuvent
entrer dans la Voie du Bouddha. Par conséquent, les personnes
de facultés et de capacités supérieures devraient
naturellement se consacrer à la méditation sur l'esprit et les dharma. Mais
pour les personnes de facultés et de capacités moindres,
l'important est seulement d'avoir une foi sincère.
Questions et
réponses sur la pratique du Sutra du Lotus (Kamakura ? mars 1263 ? à Nichiji ?)
Quelle que soit l'importance de nos bonnes actions, même
si nous lisons et copions mille ou dix mille fois l'intégralité
du Sutra du Lotus, ou même si nous maîtrisons
la méditation sur le principe d' ichinen
sanzen, si nous nous abstenons de réfuter les ennemis du Sutra
du Lotus, cela suffit pour nous rendre impossible l'atteinte de l'Éveil.
Encouragements
à une personne malade (13
décembre 1264, à Nanjo Hyoe Shichiro)
Les mots me manquent pour faire votre éloge.
De nos jours, même des sages
ou des érudits, ayant longuement médité sur les enseignements sacrés exposés
par le Bouddha tout au long de sa vie, et connaissant à fond
les doctrines exotériques aussi bien qu'ésotériques,
préfèrent la récitation du Nembutsu à celle du Sutra du Lotus. Quel bon karma vous avez dû créer par le passé pour être
née avec la capacité de réciter ne serait-ce qu'un
verset ou un passage du Sutra du Lotus !
Sur la récitation
des chapitres Hoben et Juryo (Kamakura
- 1264, à la femme de Hiki Daigaku Saburo Yoshimoto)
Quelle que soit l'importance de nos bonnes actions, même si nous
lisons et copions mille ou dix mille fois l'intégralité
du Sutra du Lotus, ou même si nous maîtrisons la méditation sur le principe
d' ichinen sanzen, si nous
nous abstenons de réfuter les ennemis du Sutra du Lotus,
cela suffit pour nous rendre impossible l'atteinte de l'Éveil.
Encouragements
à une personne malade (décembre
1264, à Nanjo Hyoe Shichiro)
S'il s'agit
là de votre part d'un désir sincère, répondit
le moine, vous devez vous asseoir face au mur dans la position de méditation
Zen, et retrouver, brillante comme la lune, la clarté de votre
esprit originel.
[...] En vérité, c'était au-delà
de ce que les mots peuvent décrire, au-delà de ce que l'esprit
peut imaginer. On aurait pu se croire dans le lieu où vécurent
les quatre ermites aux cheveux blancs du Mont Heng, ou sur le site où un bouddha des temps anciens se
serait promené au sortir de sa méditation.
Des nuages de bon augure apparaissaient à l'aube, une lumière
mystérieuse rayonnait dans la soirée. Ah ! c'était
une impression que l'esprit ne pouvait saisir ni les mots expliquer !
[...] Ainsi, ce
fut alors qu'il était âgé de soixante-douze ans que
le Bouddha enseigna, en introduction au Sutra du Lotus, le Sutra
Muryogi dans lequel il déclara : "Par le passé
je suis resté assis en méditation sous l'arbre bodhi pendant six ans,
et je suis parvenu à la bodhéité suprême.
[...] Le moine Shandao,
révéré pour sa maîtrise de la méditation du Nembutsu, et respecté
comme l'incarnation vivante du bouddha Amida,
désigna cinq sortes de pratiques incorrectes (note) et déclara que le Sutra du Lotus ne pouvait pas sauver
"une personne sur mille", impliquant ainsi que, si mille personnes
avaient foi en ce sutra, pas une seule d'entre elles n'atteindrait la
bodhéité. Et pourtant, dans le Sutra du Lotus lui-même, on lit : "Parmi ceux qui entendent ce Dharma,
il n'en est pas un seul qui n'atteindra pas la bodhéité."(réf.)
[...] Si
vous vous préoccupez vraiment de rechercher la Voie, vous devez
rapidement regretter vos erreurs passées ! Pour finir, ce sutra Myoho
Renge Kyo*,
résume en un seul moment de vie tous les enseignements et toutes
les pratiques de méditation du Bouddha Shakyamuni tout au long
de sa vie, et englobe tous les êtres vivants des dix
mondes-états et leurs environnements dans les trois
mille mondes.
[...] 2 Qui plus
est, le Grand-maître* Zhanlan*,
dans le premier volume de son Guketsu,
commente cette situation en disant : "Les gens de notre époque
considèrent avec dédain les enseignements des sutras et
veulent se consacrer uniquement à la contemplation de la vérité,
mais ils commettent une grande erreur, une erreur véritablement
grave ! " Cela s'applique
aux gens qui, dans le monde, aujourd'hui, donnent la priorité à
la méditation sur l'esprit et les dharma,
et n'approfondissent ni n'étudient les enseignements des sutras.
Ce passage indique que c'est une erreur.
[...] 2 Le Bouddha
Shakyamuni, qui avait le pouvoir de comprendre les trois
phases de l'existence, à la lumière de la claire sagesse
de la lune de l'Éveil parfait et de la rétribution complète,
eut une vision du futur et, dans le Sutra
Zobo Ketsugi, fit cette prédiction : "Parmi les mauvais
moines, il y en aura qui pratiqueront la méditation et qui, au
lieu de s'appuyer sur les sutras et les traités, ne tiendront compte
que de leur vision personnelle des choses, déclarant mauvais ce
qui est bon. Incapables de distinguer ce qui est correct de ce qui est
erroné, ils se borneront à s'adresser aux moines et aux
croyants laïques, en disant : "Je peux comprendre ce qui est
juste, je peux voir ce qui est juste." Vous devriez comprendre que
ce sont des personnes de ce genre qui détruiront mon enseignement
très rapidement."
[...] 2 Il faut pratiquer shoju quand, dans un pays, le Sutra
du Lotus est le seul enseignement bouddhique à avoir été
propagé, et quand on n'y trouve pas un seul maître exposant
des doctrines erronées. A une époque pareille, il est loisible
de se retirer dans une forêt en montagne, de pratiquer la méditation sur les dharma, ou de poursuivre
les cinq, six ou dix pratiques. Mais l'époque
de shakubuku est une époque
bien différente.
[...] 2 Quand seule
le Vrai Dharma est propagé et qu'il n'y a ni doctrines erronées
ni mauvais maîtres, on peut s'installer dans une vallée profonde
et vivre, dans le calme et le contentement, en consacrant son temps à
réciter et à copier le Sutra et à pratiquer
la méditation. Cela revient à prendre le pinceau et la pierre
à encre quand le monde est en paix.
[...] 2 Mais l'époque
actuelle est une époque souillée. Parce que l'esprit des
gens est faussé et retors, et parce que l'on ne trouve partout
qu'enseignements provisoires et offenses au Dharma, le Véritable
Dharma ne peut pas prévaloir. A des époques comme celle-là,
il est inutile de pratiquer la lecture, la récitation et la copie
[du Sutra du Lotus], ou de se consacrer aux méthodes ou
aux pratiques de méditation. Il faudrait seulement pratiquer shakubuku,
et si l'on en a la capacité, se servir de son influence et de son
autorité pour éliminer l'opposition au Dharma, et de sa
connaissance des enseignements pour réfuter les principes erronés.
[...] 2 Si un pratiquant du bouddhisme néglige de réprimander
des personnes mauvaises qui s'opposent au Dharma, et s'absorbe totalement
dans la méditation et la contemplation, sans s'efforcer de faire
la distinction entre les principes corrects et erronés, les enseignements
provisoires et définitifs,
tout en présentant cette attitude comme un modèle de bienveillance,
alors il tombera en enfer en compagnie de ceux qui agissent mal.
[...] 2 Ensuite,
dans le Maka Shikan,
il [Zhiyi] définit la méditation sur le domaine de l'insondable,
plus précisément sur les trois
mille mondes présents en un seul instant-pensée, en
se fondant sur sa compréhension profonde du Sutra du Lotus.
C'est une pratique qui découle de l'Éveil
primordial du Bouddha, et représente un principe de vérité
inhérent chez tout être. Je ne rentrerai pas dans les détails
ici.
Conversation
entre un sage et un ignorant (1265
? à un samouraï ? )
Les rivières
peuvent être profondes, mais aucune n'égale en profondeur
les parties les moins profondes de l'océan. Les divers autres
sutras peuvent bien proclamer qu'un seul caractère ou une seule
strophe des textes qui les composent ou que les dix
méditations ont le pouvoir de sauver ceux qui subissent les
rétributions négatives dues aux dix
mauvaises actions ou aux cinq
forfaits - ces bienfaits sont encore inférieurs à
ceux qu'obtient même la cinquantième personne à
se réjouir d'entendre ne serait-ce qu'un seul caractère
ou une seule strophe du Sutra du Lotus.
[...] Le Sutra
Kegon* énonce le principe que la conscience seule crée le monde
phénoménal ; les sutras Hannya* enseignent qu'il y a dix-huit sortes de non-substantialité ; le Sutra Vairocana* définit
les cinq aspects de la méditation pour parvenir à la bodhéité,
et dans le Sutra Kammuryoju se trouve le principe de la renaissance sur la Terre
pure. Mais le principe de l'atteinte
de la bodhéité sans changer d'apparence (sokushin
jobutsu), contenu dans le Sutra du Lotus, les dépasse
tous.
L'essentiel du chapitre
Yakuo (1265- ? peut-être
à la mère de Nanjo Tokimitsu)
Le moine Sunakshatra observait les deux cent cinquante préceptes,
maîtrisait les quatre niveaux
de méditation, avait mémorisé les douze
procédés de sutra ; et Devadatta connaissait parfaitement les 60 000 enseignements non bouddhiques, les
80000 enseignements bouddhiques et pouvait manifester 18 pouvoirs
surnaturels. Mais parce qu'ils avaient des connaissances et pas
la foi, on dit qu'ils sont maintenant dans la grande citadelle de l'enfer avici.
[...] De plus, les gens des cinq régions de l'Inde, des seize grands
royaumes, des cinq cents principautés de taille moyenne, et des
dix mille petits cantons assistèrent à tout cela. Et ceux
qui étaient dans les six Ciels du monde du désir et dans
les quatre ciels de la méditation,
tous les êtres du monde de la forme comme ceux du monde du sans-forme,
y compris Bonten, Taishaku,
le Roi-Démon du sixième
Ciel et le roi Yama, furent
également témoins de leur destin.
[...] Le Bouddha
est comparé à l'amoncellement des nuages, ses enseignements,
aux pluies abondantes, et les plantes et arbres assoiffés, à
tous les êtres vivants. Quand ces derniers sont arrosés
par la pluie des enseignements bouddhiques et quand ils observent les cinq préceptes, les dix préceptes de bien,
et les pratiques de méditation,
ce qui est source de bienfaits,
ils fleurissent et portent des fruits.
[...] Les femmes,
qu'elles aient vécu à l'époque du Bouddha, celle
du Dharma correct, à l'époque
du Dharma formel ou qu'elles vivent
à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
ne peuvent atteindre la bodhéité par aucun autre enseignement
que le Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Zhiyi*,
qui entendit l'enseignement du Bouddha sur le Pic
du Vautour (note) et qui par la suite connut l'Éveil dans un lieu de méditation en Chine, déclara sans équivoque : "Les autres
sutras ne promettent la bodhéité qu'aux hommes, pas aux
femmes.
Le Daimoku du Sutra
du Lotus (1266
à une femme d'Amatsu)
Lorsque le vénérable
Shakyamuni enseigna le chapitre Juryo* (XVI), il déclara, en faisant allusion
à ce que tous les êtres vivants avaient entendu dans les enseignements antérieurs au Sutra du Lotus et dans l'enseignement
théorique* du Sutra du Lotus : "Tous les êtres dans les mondes-états du ciel et des hommes et tous les asuras pensent que Shakyamuni atteignit l'Éveil suprême après avoir quitté le palais des Shakya et s'être assis sur le lieu de méditation, non loin de
la ville de Gaya."(réf.)
[...] Le Sutra
Daijuku dans lequel il est dit : "Seize ans se sont
écoulés [depuis que le Bouddha parvint pour la première
fois à l'Éveil]" ; le passage du Sutra Vairocana* qui
décrit l'Éveil du Bouddha comme s'étant produit "il
y a quelques années, lorsque je m'assis sur le lieu de méditation" ; le Sutra Ninno* [qui
se réfère à l'Éveil du Bouddha comme à un
événement s'étant produit] "il y a vingt-neuf
ans" ; le Sutra
Muryogi [dans lequel le Bouddha déclare] : "Au
préalable, je suis resté assis sur le lieu de méditation" ; et le chapitre Hoben* (II) du Sutra du Lotus dans
lequel on peut lire : "Je m'assis d'abord sur le lieu de méditation".
Le coeur du chapitre
Juryo (17
avril 1271 ou 1272)
Les
confucianistes enseignèrent tout d'abord les principes de bienséance* et de musique (note) de sorte que, quand les écrits
bouddhiques furent introduits en Chine, les concepts de préceptes, méditation et sagesse-prajna (note) furent plus aisément compris.
Ils décrivirent des modèles idéaux de souverain et
de ministre afin d'établir clairement la distinction entre supérieur
et subordonné ;
[...] Les fervents
adeptes des enseignements non bouddhiques observent les cinq
préceptes et les dix
préceptes du bien, pratiquent une forme élémentaire
de méditation et, s'élevant à travers les mondes
de la forme et du sans
forme, s'imaginent avoir atteint le nirvana lorsqu'ils parviennent au plus haut niveau du monde des trois
plans. Mais bien qu'ils aient grimpé ainsi, petit à
petit, comme des chenilles, ils retombent du niveau le plus haut et se
retrouvent au contraire dans les trois
mauvaises voies.
[...] De plus, Shariputra, Mahakashyapa et les autres disciples, personnes des deux
véhicules, observaient scrupuleusement les deux
cent cinquante préceptes et les trois mille règles de
conduite (note), pratiquaient les trois
sortes de méditation*, appliquaient les enseignements des sutras agama*,
et s'étaient libérés des illusions de la pensée et du désir dans le monde des trois
plans. Par conséquent, ils auraient dû être exemplaires
dans la compréhension de leurs obligations et l'acquittement de
leurs dettes de reconnaissance.
[...] Il est dit
dans le Sutra Shuryogon* : "Si une personne qui a commis les cinq
forfaits entend parler de cette puissante méditation (note) et que naît en elle le désir de parvenir à l'Éveil suprême, alors, contrairement à ce que l'on pourrait
croire, elle sera en mesure d'atteindre la bodhéité.
[...] On lit dans le Sutra Daijuku* : "L'Ainsi-Venu réalisa l'Éveil et seize ans après..."(note) Et
dans le Sutra Vimalakirti il est dit que pour
la première fois, le Bouddha s'assit sous l'arbre et par sa détermination
triompha du démon. De même, dans le Sutra Vairocana, le
Bouddha décrit son Éveil en disant : "Il y a quelques années,
lorsque je m'assis sur le lieu de méditation", et le Sutra
Ninno* situe cet événement "vingt-neuf ans
plus tôt".
[...] Mais ce
qu'il est surprenant de lire aussi bien que d'entendre, c'est que le Sutra Muryogi (note) tienne le même langage car dans le Sutra Muryogi,
le Bouddha refute le concept, énoncé dans le Sutra Kegon,
selon lequel le monde phénoménal n'est qu'une création
de l'esprit (note). Il réfute aussi le concept, présent dans le Sutra Daijuku, de
la méditation du reflet sur l'océan (note), et le concept, développé
dans le Sutra Hannya* de la non-distinction entre tous
les êtres (note).
[...] Toutefois, le Bouddha ne révèle pas
le fait qu'il a atteint l'Éveil d'innombrables kalpas auparavant, car il dit "quand je me
suis assis sur le lieu de la méditation, j'ai contemplé
l'arbre et j'ai déambulé... "(réf.)
[...] Si une eau
est pure, la lune ne peut manquer de s'y refléter. Si le vent souffle,
comment l'herbe et les arbres pourraient-ils ne pas s'incliner ? Et s'il existe des pratiquants du Sutra du Lotus, ces shravakas devraient sans faillir aller à leur rencontre, même
s'il leur fallait pour cela traverser un grand feu ou sous une grêle de pierres. Même s'il est dans une méditation profonde, Mahakashyapa (note) ne fera-t-il rien ? J'ai
du mal à comprendre. Ne sommes-nous pas dans "la cinquième
période de cinq cents ans ?"
[...] 2 Toujours
aussi perplexe, le bodhisattva Maitreya dit : "Honoré du monde, quand vous étiez prince héritier,
vous avez quitté le palais des Shakya pour vous asseoir sur le lieu de méditation, non loin de la cité
de Gaya, où vous avez atteint
l'Éveil suprême. Depuis, il ne s'est écoulé qu'une
quarantaine d'années.
[...] 2 On lit dans
le premier volume du Maka Shikan : "Rien n'égale en clarté et en sérénité
la méditation shikan."
Dans le premier volume du Guketsu, Zhanlan* écrit : "Depuis l'époque où l'empereur Ming de la dynastie
Han postérieurs rêva (note) [du Bouddha], jusqu'à
la dynastie Chen, où vécut le Grand-maître* Zhiyi*,
nombreux furent ceux qui firent partie de l'école Zen et à qui furent transmis la robe et le bol
à aumônes" (note).
[...] 2 Dans le septième
volume du Maka Shikan, Zhiyi* dit : "[J'ai établi dix critères pour comprendre
et propager le Dharma.] Mais neuf de ces critères n'ont rien à
voir avec la pratique des moines ordinaires de notre époque qui
placent les écrits avant toute chose, ni avec celle des maîtres Zen qui donnent la priorité
à la méditation. Certains maîtres Zen se consacrent entièrement à la méditation, qui est
l'un des dix éléments de mon enseignement. Mais leur méditation est superficielle et fausse, et ils négligent totalement les neuf
autres éléments. Je n'affirme pas cela sans preuves. Les
hommes vertueux des époques à venir qui auront des yeux
pour voir comprendront la vérité de mes propos." Dans le septième
volume du Guketsu, on
lit ce commentaire de Zhanlan* : "Les moines qui placent les écrits avant toute chose"
désignent ceux qui ne parviennent à aucune perception ou
compréhension intérieure [par la méditation] et ne
se préoccupent que des aspects extérieurs du Dharma. "Les
maîtres Zen [qui] donnent la
priorité à la méditation" se réfère
aux hommes qui ne trouvent ni vérité ni sagesse par la méditation et ne se préoccupent que des techniques de contrôle de la
respiration. Ils sont incapables d'éliminer les illusions fondamentales. "Certains maîtres Zen se consacrent entièrement à la méditation qui est
l'un des dix éléments", indique [de la part de Zhiyi*]
une certaine indulgence, mais finalement il conclut que leur méditation ne les mène jamais à aucune perception ou compréhension
intérieure. Ceux qui pratiquent le Zen aujourd'hui n'accordent de valeur qu'à une méditation vide
et n'approfondissent pas les enseignements doctrinaux.
[...] 2 Mais si on pratique la méditation, en parvenant à une profonde intuition (shikan),
en contrôlant les cinq agrégats dans sa vie, en évitant ainsi la maladie et en réfrénant
les désirs terrestres, alors
on peut transcender le cycle de la vie et de la mort." Il y est dit
encore : "[A mesure que la pratique progresse et que la compréhension
grandit, ] les trois obstacles et
les quatre démons apparaissent, surgissant l'un après
l'autre pour entraver son progrès."
[...] 2 Guanding* interprète cela de deux façons différentes, mais
finalement c'est seulement l'amour de cette femme pour son enfant qui
est déterminant. Son amour maternel intense ressemble à
la méditation entièrement dirigée vers le bien. Elle
ne pense qu'à son enfant, ce qui ressemble à la profonde
bienveillance du Bouddha. C'est sans doute pourquoi, sans avoir créé
d'autres causes, elle renaît dans le Ciel
de Brahma.
surgissant l'un après
l'autre pour entraver son progrès."
[...] 2 Le chemin
vers la bodhéité ne peut pas se trouver dans la doctrine
du Kegon qui prétend que l'esprit
est la seule réalité, dans les huit
négations de l'école Sanron,
dans le principe du "Rien-que-Conscience"
de l'école Hosso, ni dans
cette sorte de méditation préconisée par le Shingon sur les cinq éléments universels. Seul le principe du Tendai, ichinen sanzen, est le chemin
qui mène à la bodhéité. Et, même ce
principe d'ichinen sanzen,
ni notre sagesse ni notre intelligence ne nous permettent de le saisir
pleinement.
[...] 2 Ces maîtres des écoles Tendai et Shingon tomberont dans l'état d'avidité en cette vie-ci, et connaîtront l'enfer avici dans les vies suivantes. Même s'ils se retirent dans des forêts
de montagne et méditent intensément sur le principe d'ichinen
sanzen, ou même s'ils vont vivre en un lieu isolé
pour se consacrer aux trois mystères du corps, de la bouche et de l'esprit, s'ils ne comprennent pas l'époque
ou la capacité des gens et ne perçoivent pas quelle est
celle des deux méthodes, de shoju ou de shakubuku,
qui convient, ils ne pourront jamais se libérer des souffrances
de la naissance et de la mort.
[...] 2Le
roi expliqua à sa mère que la cause de sa maladie était
de nature spirituelle et que, parce qu'elle n'était pas due à
un déséquilibre des quatre éléments, les médecins
ordinaires ne pourraient pas le guérir. Alors l'Honoré
du monde, maître d'une compassion immense, entra dans une méditation aussi bienveillante que la lune (note) pour le bien du roi Ajatashatru.
Lorsqu'il parvint au degré le plus profond de sa méditation,
un éblouissant rayon de lumière émana du Bouddha
et vint toucher le corps du roi. Instantanément ses pustules disparurent."
Traité pour
ouvrir les yeux (Sado,
février 1272 à Shijo Kingo)
Parmi les nombreux disciples du Grand-maître* Ryogen*,
dix-huitième patriarche de l'école Tendai,
les quatre principaux furent Kaku'un, Genshin*, Soga et Zenyu.
A l'époque, cette école dispensait deux sortes d'enseignement
: le révérend Kaku'un transmettait la doctrine, et
le moine Genshin* se consacrait aux pratiques de méditation.
La doctrine est comparable à la lune, et la pratique au soleil.
Les études doctrinales sont superficielles, alors que les pratiques
de méditation sont profondes. Les enseignements exposés
par Kaku'un étaient donc
étendus mais superficiels, alors que les enseignements de Genshin* étaient limités mais profonds.
Les
désirs mènent à l'Éveil (Sado,
le 2 mai 1272 ; à Shijo Kingo)
Actuellement,
le corps entier d'Abutsu Shonin est composé des cinq éléments universels, terre, eau, feu, air et ku.
Ces cinq éléments sont aussi les cinq caractères de daimoku. Abutsu-bo est la Tour aux Trésors et
la Tour aux TrésorsTour aux
Trésors est Abutsu-bo.
Inutile d'en savoir davantage. C'est la Tour
aux Trésors décorée des sept
sortes de joyaux : écouter l'enseignement correct, avoir foi
en lui, grader les préceptes, concentrer son esprit,
pratiquer assidûment, se dévouer sans égoïsme,
et chercher constamment à s'améliorer.
La Tour aux Trésors (Sado,
mars 1272 à Abutsu-bo)
Le bodhisattva Vasubandhu fit remarquer, dans son Yuishiki Ron : "Quand un bodhisattva
parvient à une étape ultime de la pratique, par une concentration pareille au diamant, il
élimine tout ce qui reste des graines du désir, rejette
toute sagesse imparfaite et développe ainsi la conscience ultime,
la pureté et la perfection totales."
Le
véritable objet de vénération (Sado,
avril 1273 à Toki Jonin)
Les Japonais de notre époque sont unanimes sur ce point : ils pensent que, puisque tous les véhicules sont inclus dans
le Véhicule suprême,
aucun enseignement n'est supérieur ou inférieur, superficiel
ou profond mais que tous sont égaux au Sutra du Lotus.
D'où la croyance que répéter l'invocation du Nembutsu, pratiquer l'ésotérisme Shingon, ou la méditation Zen, enseigner et réciter
n'importe quel sutra ou le nom de n'importe quel bouddha ou bodhisattva
équivaut à suivre le Sutra du Lotus. Mais
je répète que cela est faux.
La Pratique telle
que le Bouddha l'Enseigne (mai
1273 à
plusieurs de ses disciples)
Quelque
cinq cents ans après le début
de l'époque du Dharma formel, le Grand-maître* Zhiyi* apparut en Chine et réfuta les principes erronés des écoles
du Nord et du Sud afin d'établir l'enseignement correct. Sur
le plan de l'étude doctrinale, il élabora le principe
des cinq périodes, et
sur le plan des pratiques de méditation-samadhi,
il forgea le concept d'ichinen
sanzen. La Chine tout entière fit son éloge, en l'appelant
Petit Shakyamuni. Pourtant, parmi les trois sortes
de discipline, il enseigna la méditation (note) et la sagesse-prajna parfaites,
mais pas les préceptes de l'enseignement parfait*.
Réponse au seigneur
Hakiri Saburo (Sado,
3 août 1273 à Hakiri Sanenaga)
Par exemple, l'école Kegon énonce le principe des six formes et les dix mystères,
l'école Sanron, la Voie
du milieu des huit négations,
l'école Hosso insiste sur
la perception que tous les phénomènes ne sont "Rien-que-Conscience", l'école Ritsu préconise les deux cent
cinquante préceptes, l'école Jodo,
l'invocation du nom du bouddha Amida,
l'école Zen, la méditation
sur son propre état de bouddha, l'école Shingon,
la méditation sur les
cinq éléments et l'école Tendai a formulé la théorie d'ichinen
sanzen.
Le don du mandala
du Dharma Merveilleux (Sado,
1273 à Sennichi-ama)
Jamais je ne pourrais égaler
l'exploit de cet homme dont on dit qu'il parcourut dix mille kilomètres
en ne prenant qu'un seul repas, ou celui de Confucius et de son petit-fils qui ne mangèrent que neuf fois en cent jours.
Sans nourriture, je ne pourrais pas continuer longtemps à réciter
le Sutra ni me concentrer sur la méditation.
Le don de riz (Minobu,
date 73 ? destinataire ? )
Les bodhisattvas de capacités supérieures rejettent
sincèrement les moyens provisoires et n'effectuent pas la pratique
du progrès graduel. En accomplissant la méditation fondée sur le Sutra du Lotus, ils obtiennent ainsi toutes
sortes de résultats heureux. On appelle les personnes de ce genre
`personnes du Véhicule unique".
[...] Comme preuve
[littérale] nous pouvons citer le passage suivant du Sutra
Muryogi : " Puis j'ai exposé les douze
catégories de sutras Hodo*,
le Sutra Makahannya et l'enseignement Kegon de 'la méditation
du reflet sur l'océan' décrivant les nombreux kalpas de la pratique de bodhisattva."
[...] "Maintenant, le mot renge n'est pas utilisé
dans un quelconque sens symbolique. Il désigne l'enseignement exposé
dans le Sutra du Lotus. Cet enseignement est pur et sans souillures,
et il élucide la complexité des relations de cause et d'effet.
C'est pourquoi on l'appelle renge ou lotus. Ce n'est pas une métaphore,
une image, mais le nom désignant la véritable ainsité révélée par la méditation du Sutra du
Lotus."
[...] Le Grand-maître* Zhiyi* écrit encore : "Question. Le terme renge désigne-t-il
en réalité le lotus qui est l'essence de la méditation fondée sur le Sutra du Lotus ? Ou désigne-t-il
cette sorte de plante qu'est le lotus ordinaire ? Réponse.
Il désigne clairement le Dharma essentiel révélé
dans le Sutra du Lotus. Mais parce que l'essence du Sutra
du Lotus est difficile à comprendre, on utilise la métaphore
de cette plante qu'est le lotus.
[...] Durant cette période, les capacités des personnes à
qui il s'adressait étant très variées, il leur offrit
les diverses fleurs et plantes des enseignements
provisoires, mais ne parla jamais de Myoho Renge. C'est pourquoi,
dans le Sutra Muryogi le Bouddha déclara : "Par le passé, je suis resté
assis en méditation sous l'arbre
bodhi... En plus de quarante ans, je n'ai encore jamais révélé
la vérité".
[...] Les trente-trois
manifestations du bodhisattva Myoon* et les trente-trois manifestations du bodhisattva Kannon constituent des preuves supplémentaires. Car, comme il est dit
dans le commentaire de Zhanlan* : "S'ils n'avaient pas obtenu le pouvoir mystérieux de la parfaite
liberté d'action donné par la méditation sur le Sutra
du Lotus, comment pourraient-ils se manifester en ces trente-trois
corps différents ? "(réf.)
[...] Ensuite, désireux de confier à ses disciples la tâche de répandre largement le
Dharma dans la cinquième période
de cinq cents ans après sa mort, il a convoqué les bodhisattvas Surgis-de-Terre et leur a transmis
le coeur du Sutra, le lotus essence de l'enseignement
définitif (jikkyo). C'est le but ultime de la venue du Bouddha
Shakyamuni en ce monde, le Dharma secret auquel il s'est éveillé
sur le lieu de méditation.
[...] Ceux qui pensent devenir bouddha uniquement par la contemplation du cœur (kanjin, introspction) sont des hommes auxquels il manque un élément important. A plus forte raison, ceux qui s’adonnent à la concentration assise* de la transmission particulière en dehors des enseignements. [...] Si l’on devenait bouddha uniquement par la contemplation du cœur, pourquoi, alors, serait-il écrit « voir, entendre, lire et réciter » ? L’essentiel de ce sutra réside principalement dans l’écoute.
L'ainsité
du Dharma Merveilleux (Sado, 1273
? à Sairen-bo)
Daibonten est le plus respecté des Rois-célestes du monde des trois
plans. Il réside au sommet du monde de la forme.
Le Démon du sixième
Ciel et Taishaku sont à
son service, et un système
majeur de mondes tient dans la paume de sa main. Après avoir
pratiqué des méditations encore entachées d'illusions, Daibonten a cultivé les
quatre vertus infinies - l'amour-empathie
[qui incite à faire du bien aux autres], la compassion [qui pousse
à les soulager de leurs souffrances], la joie partagée [ressentie en les
voyant devenir heureux] et l' équanimité [l'indifférence
à l'amour ou à la haine, qui permet d'agir en toute impartialité]. Au degré
supérieur se trouvent les auditeurs-shravakas.
Les auditeurs-shravakas sont ceux qui, comme Shariputra ou Mahakashyapa, non contents
d'observer les deux cent cinquante préceptes et de pratiquer
la méditation libre de
toute illusion, ont profondément médité sur la souffrance, la non-substantialité,
la non-permanence et le
non-soi. Ils ont éliminé toutes les illusions de la pensée et du désir liées au monde des trois
plans, et peuvent se déplacer tout à fait librement
dans l'eau ou le feu. C'est pourquoi Bonten et Taishaku les assistent.
Une grande
flamme brûle dans le coeur du bouddha. C'est la flamme de la sagesse
équanime*,
le feu brillant de la grande connaissance (note) et l'abîme enflammé de la méditation. Lorsque le
Bouddha accède au nirvana,
ce grand feu jaillit de sa poitrine et consume son corps.
Lettre à Horen (Minobu,
avril 1275 à Soya Kyoshin)
Celui qui veut s'engager
dans la voie bouddhique doit, avant tout, tenir compte du temps. Par
le passé, lorsque apparut le bouddha Daitsuchisho,
il resta pendant une période de dix kalpas
mineurs sans enseigner un seul sutra. A son propos, il est dit dans
le Sutra du Lotus : "Il demeura en méditation,
immobile, pendant plus de dix kalpas
mineurs." Et on lit encore : "Le Bouddha, sachant que
le temps n'était pas encore venu, bien qu'on lui demandât
d'enseigner, resta assis en silence."
[...] Dans le Sutra Daijuku,
le Bouddha Shakyamuni, l'Honoré du monde, s'adresse au bodhisattva
Gatsuzo et lui prédit ce qui se passera à l'avenir. Ainsi,
il déclare que la première période
de cinq cents ans après sa disparition sera l'ère
de l'Éveil. La deuxième période de cinq cents ans
sera l'ère de la méditation, ce qui fait mille ans. La
troisième période de cinq cents ans sera l'ère
de la lecture, de la récitation et de l'écoute (note) et la
quatrième période de cinq cents ans, l'ère de la
construction des temples et des stupas, ce qui fait deux mille ans. A
propos de la cinquième période
de cinq cents ans, il dit : "Des querelles et des conflits
s'élèveront parmi les adeptes de mes enseignements et
le Dharma pur sera obscurci et perdu."
[...] Tout cela correspond
à la deuxième période de cinq cents ans après
la disparition du Bouddha, à la fin de l'époque du Dharma
correct que le Sutra Daijuku appelle l'ère de la méditation.
Ce fut
comme ce qui s'était passé en Chine, lorsque les maîtres
des écoles bouddhiques du Sud et du Nord, après avoir
été vaincus dans un débat, au palais de la dynastie Chen, par le Grand-maître* Zhiyi*,
devinrent ses disciples. Mais des trois
disciplines Zhiyi* n'avait utilisé que la méditation parfaite et la sagesse
parfaite. Le Grand-maître* Saicho* fit plus.
[...] S'il en est ainsi, comment, à notre époque au Japon, les
moines des temples To-ji, Onjo-ji ou des sept grands temples et les
adeptes des huit écoles et du Shingon, Zen ou Ritsu, peuvent-ils transgresser
les préceptes parfaits du Grand-maître* Saicho* ? Les moines des neuf régions de Chine devinrent les disciples
de Zhiyi*, et adoptèrent les principes
de méditation parfaite et de sagesse parfaite qu'il enseignait.
Mais puisque aucun kaidan pour conférer universellement l'ordination
qui mène à l'Éveil parfait
et immédiat n'avait été construit en Chine,
certains auraient pu ne pas le suivre dans ce domaine des préceptes.
Par contre, au Japon, puisque Saicho* établit un tel sanctuaire, ceux qui ne suivent pas le Grand-maître* Saicho* ne peuvent être considérés que comme des non bouddhistes
et des personnes mauvaises.
[...] A la fin de l'époque du Dharma formel,
le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon. Non seulement il propagea dans notre pays la sagesse
parfaite et la méditation parfaite enseignées par le Grand-maître* Zhiyi*,
mais il fit également construire au Mont Hiei le grand kaidan pour l'ordination selon les préceptes
qui mènent à l'Éveil parfait et immédiat.
[...] En plus des ouvrages mentionnés plus haut, il écrivit
encore le Maka Shikan en dix volumes, ouvrage dans lequel, résumant tous les enseignements
sur la méditation donnés par Shakyamuni de son vivant,
il formula le principe d'ichinen,
et appréhenda toutes les entités vivantes et leur environnement
dans les dix mondes-états par le concept de sanzen [trois
mille mondes]. Par ses qualités, cet écrit de Zhiyi* surpasse ceux de tous les Maîtres
de doctrine* qui vécurent en Inde pendant les mille ans de l'époque
du Dharma correct, dans un passé
lointain, et il est supérieur aussi, dans un passé plus
proche, aux commentaires des maîtres qui vécurent en Chine
dans les cinq cents années qui précédèrent.
[...] C'est pourquoi
le Grand-maître* Ji-zang,
de l'école Sanron dans
une de ses lettres, exhorta des centaines de maîtres et de bienfaiteurs
des écoles du Sud et du Nord de la Chine à assister aux
cours du Grand-maître* Zhiyi* sur les sutras. "Ce qui ne se produit qu'une fois tous les mille
ans, ce qui ne se produit qu'une fois tous les cinq cents ans se produit
concrètement aujourd'hui", (note) écrivit-il dans cette
exhortation. Par le passé Huisi,
avec sa forme supérieure de sagesse, Zhiyi*,
avec sa philosophie clairvoyante, ont reçu et pratiqué
le Sutra du Lotus par la pensée, la parole et l'action,
et, aujourd'hui, ils sont apparus à nouveau comme deux maîtres
honorés. Ils n'ont pas seulement fait couler le doux nectar d'amrita en Chine, ils ont aussi fait résonner le tambour du Dharma jusqu'en
Inde. Ils possèdent une compréhension innée du Dharma Merveilleux depuis leur
naissance, et leurs commentaires sur les textes sacrés n'ont
pas d'équivalent depuis l'époque des dynasties
Wei et Jin. C'est pourquoi
je souhaite me rendre, avec plus de cent moines pratiquant la méditation auprès du Grand-maître* sage* et le supplier de nous permettre de l'écouter."
[...] Le Grand-maître* Zhiyi* exposa et propagea en Chine une méditation parfaite et une sagesse
parfaite qui dépassent l'enseignement donné par Shakyamuni
de son vivant et celui de tous les maîtres apparus au cours des
mille quatre cents ans écoulés depuis la disparition du
Bouddha, c'est-à-dire les mille ans de l'époque du Dharma
correct et les premiers quatre cents ans de l'époque du Dharma
formel. Et son influence s'exerça non seulement en Chine mais
même jusqu'en Inde. Cela pourrait ressembler à la vaste
propagation du Sutra du Lotus. Mais, à l'époque,
le grand kaidan pour l'ordination selon les préceptes parfaits
et suprêmes n'avait pas encore été construit. On
utilisait les préceptes du Hinayana que l'on greffait sur la sagesse parfaite et la méditation parfaite.
C'est un fait regrettable. On pourrait comparer cela à une éclipse
du soleil ou à la lune avant qu'elle ne soit pleine.
[...] Question
: Le Grand-maître* Saicho* naquit au Japon et vécut sous le règne de l'empereur Kammu.
Il réfuta les enseignements erronés acceptés au
Japon pendant quelque deux cents ans, depuis le règne de l'empereur Kimmei. Il restaura les principes
de la sagesse et de la méditation parfaites enseignés
par le Grand-maître* Zhiyi*,
et, de plus, déclara sans valeur les trois sanctuaires pour l'ordination
selon les préceptes du Hinayana,
introduits au Japon par le moine Ganjin,
faisant construire à leur place, sur le Mont Hiei, le kaidan pour l'ordination selon les préceptes
du Mahayana menant à
l'Éveil parfait et immédiat.
[...] 2 Il (San-jie) pratiquait
génuflexions et pénitences à heures fixes six fois
par jour et observait quatre périodes de méditation quotidiennes,
se donnant des allures de bouddha vivant. Beaucoup de gens le respectaient
et il avait plus de dix mille disciples. Mais une jeune fille eut le
courage de réciter le Sutra du Lotus et de réfuter
sa doctrine. Cela eut pour effet de lui faire perdre la voix sur-le-champ.
Le choix en
fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275
; adressé à Yui)
Le roi Ajatashatru souffrit d'une grave infection pour avoir commis les cinq
forfaits et s'être opposé au Sutra du Lotus.
Mais ses pustules disparurent instantanément lorsque la lumière
produite par la méditation du Bouddha, aussi bienveillante que la lune (note), éclaira son corps.
La Guérison
des Maladies Karmiques (Minobu,
3 novembre 1275, à Ota Jomyo)
On appelle
juste celui qui suit la doctrine d'un bon maître. Et on appelle
sage celui qui parvient à la vérité par lui-même,
sans l'aide d'un maître. En Inde, en Chine et au Japon, depuis
la disparition du Bouddha, il y eut deux sages : Zhiyi* et Saicho*.
Ces deux hommes méritent pleinement le titre de sages. On peut
également les appeler des justes, car le Grand-maître* Zhiyi* pratiqua les principes enseignés par Huisi ; en ce sens, il fut un juste. Mais il appréhenda aussi, par lui-même,
sur le lieu de méditation, le Véhicule
suprême qui mène à la bodhéité ; en ce sens, il fut un sage. De même,
le Grand-maître* Saicho* reçut, de ses maîtres Dao-sui et Xing-man,
les principes de la méditation
shikan, et les grands préceptes de l'Éveil
parfait. Cela fait de lui un juste. Mais, avant même d'aller
en Chine, alors qu'il était encore au Japon, il avait déjà
compris et maîtrisé tous les principes de shingon et de shikan sans l'aide d'aucun
maître et il avait compris que la sagesse de l'école Tendai surpassait celle des Six et
Sept Écoles. Cela fait de lui un sage.
Lettre à
Myomitsu Shonin (Minobu,
le 5ème jour du 3ème mois intercalaire 1276 à Myomitsu)
Le Grand-maître* Guanding* écrivit : "Cette méditation shikan procure une clarté et une sérénité sans
pareilles, aucune autre avant elle ne lui est comparable" ; (réf.) et voilà pourquoi il est dit par le
Grand-maître* Zhanlan* : "La révélation de l'existence de l'état de
bouddha chez les êtres
non-sensitifs surprend et stupéfie ceux qui en entendent
pour la première fois le principe."(réf.)
La consécration
d'une statue du bouddha (Minobu, le 15
juillet 1276 à Shijo Kingo)
Le Grand-maître* Saicho* étudia ces ouvrages
mais il eut des doutes sur leur évaluation des mérites
relatifs du Sutra du Lotus et du Sutra Vairocana*. C'est
pourquoi, le septième mois de la vingt-troisième année
de l'ère Enryaku (804), il se rendit en Chine ; il y rencontra
les moines Daosui du temple Xi-ming-si et Xingman, du temple Folong-si, et reçut
les enseignements shikan ainsi
que les grands préceptes pour l'Éveil parfait et immédiat.
Il rencontra également le moine Shun-xiao,
du temple Ling-gang-si, et étudia sous sa direction le Shingon.
Il revint au Japon le sixième mois de la vingt-quatrième
année de l'ère Enryaku (805). L'empereur Kammu lui accorda une audience et fit publier un décret recommandant
aux étudiants des six écoles la pratique de shikan [la méditation
du Tiantai ] et de shingon [la récitation de mantra dharani* ésotériques], et incitant à les adopter dans les
Sept temples principaux [de Nara]. [...] Mais l'édit qui fut rendu public à sa demande déclare
en réalité : "Il a été finalement établi
que les principes de méditation [shikan] de l'école Tendai et la doctrine du Shingon s'harmonisent
parfaitement en théorie." Ennin* avait prié pour avoir la confirmation que le Sutra du Lotus était inférieur au Sutra Vairocana* mais
l'édit qui fut publié proclamait au contraire que le Sutra du Lotus et le Sutra Vairocana étaient du
même niveau !
[...] Kukai* mourut le vingt et unième jour du troisième mois de la
deuxième année de l'ère Jowa (835) et un représentant
de la cour impériale offrit des prières à ses funérailles.
Pourtant, par la suite, ses disciples se réunirent et déclarèrent,
de manière mensongère [qu'il n'était pas mort du
tout mais] qu'il était entré dans un état de méditation
profonde ;
Traité
sur la dette de reconnaissance (Minobu,
le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)
Il y avait en Chine plusieurs
théories sur la supériorité relative de ces deux
enseignements, shikan et shingon.
De plus, le Dainichikyo Gishaku affirme que, bien qu'ils soient équivalents en théorie,
le shingon est supérieur
en terme de pratique. Le Bouddha
parvint à guérir l'avidité en utilisant le remède
de la méditation sur l'impureté
du corps ; à calmer l'arrogance par la méditation de la
bienveillance à l'égard de tous ; et à chasser la
stupidité par la méditation sur les douze liens causeaux
sur l'origine interdépendante. Mais de nos jours, enseigner ces
principes rend les êtres humains encore plus mauvais et ne fait
que renforcer leur avidité, leur arrogance et leur stupidité.
Le
kalpa de déclin (Minobu, peu après 1276, à
un membre du clan du défunt nyudo Takahashi Rokuro Hyoe)
Comprenant que, dans l'illusion,
on est dans un rêve dont on s'éveille par la bodhéité, Sessen Doji décida
de s'éveiller de l'illusion d'un monde transitoire, et de rechercher
la réalité de la bodhéité. Il se retira
donc dans la montagne et s'absorba dans une méditation profonde,
balayant la poussière des illusions et se consacrant, de toutes
ses forces, à la recherche du Dharma bouddhique.
Les quatorze oppositions (Minobu,
fin 1276, au nyudo Matsuno Rokuro Zaemon)
Le Bouddha médita pendant trois
semaines, puis, pendant plus de quarante ans, élargit les capacités
des êtres humains et les prépara, avant d'exposer finalement
ce Dharma Merveilleux.
[...] Par la croyance dans le Sutra du Lotus, parmi ceux qui
saisissent en profondeur l'essence du Sutra, qui pratiquent la méditation assise décrite dans le Maka
Shikan, et se concentrent sur les principes d'ichinen
sanzen, des dix objets et des dix méditations, certains
atteindront peut-être effectivement la bodhéité sous
leur forme présente et parviendront à l'Éveil. Quant aux
autres, même sans comprendre le coeur du Sutra du Lotus et en étant ignorants du bouddhisme, s'ils ont un esprit de recherche
sincère, ils renaîtront invariablement sur une Terre
pure. Car il est dit dans le Sutra du Lotus : "Ils
renaîtront en présence de tous les bouddhas
des dix directions"(réf.) et "Elle se rendra immédiatement dans un monde de paix et
de félicité."(réf.) Ces passages
prouvent clairement que ceux qui ont foi dans le Sutra du Lotus renaîtront sur une Terre pure.
Parvenir directement
à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus (Minobu,
mars 1277 ? à Myoho-ama)
Pour les personnes encore dans les trois
premières des cinq étapes
de la pratique, le Bouddha ne préconise pas la pratique des préceptes et de la méditation.
Il souligne uniquement l'importance de la sagesse. Et puisque notre
sagesse est insuffisante, il nous enseigne de lui substituer la foi.
Le seul mot "foi" est essentiel. L'absence de foi est la cause
qui conduit à devenir un icchantika et à s'opposer au Dharma correct, tandis que la foi est la cause qui mène à
la sagesse et correspond au stade de myoji-soku*.
[...] On lit
encore, dans le neuvième volume du Hokke
Mongu Ki* : "En ce qui concerne l'étape, [à laquelle un pratiquant
être parvenu pour obtenir l'Éveil] plus l'objet de méditation est profond, plus basse est l'étape."(réf.)
[...] La phrase suivante, qui décrit la quatrième [des cinq
étapes] de la pratique, se poursuit ainsi : "C'est encore
plus vrai de ceux qui, tout en étant capables de pratiquer ce
Sutra, pratiquent simultanément le don d'aumônes et l'observance
des préceptes ! " Ce passage du Sutra indique clairement que
les personnes aux première, deuxième et troisième
étapes de la pratique sont dispensées de pratiquer le
don d'aumônes, l'observance des préceptes et le reste des
cinq paramitas [patience, assiduité, méditation et sagesse]. Ce n'est qu'à
la quatrième étape de la pratique [pratiquer les six paramitas tout en adhérant au Sutra du Lotus] qu'il leur est permis
de les observer. Et savoir que de telles pratiques sont autorisées
à cette étape ultérieure nous révèle
que les personnes aux étapes initiales en sont dispensées.
[...] Toutefois,
pour répondre à votre demande, je vais vous citer quelques
exemples. On lit, dans le neuvième volume du Hokke
Mongu* : "Les débutants dans la pratique peuvent parfois se laisser
distraire par des préoccupations secondaires qui font obstacle
à la pratique essentielle. Il est alors préférable
qu'ils se consacrent totalement à la croyance dans le Sutra ; c'est la forme de don la plus élevée. Même en s'abstenant
des pratiques formelles mais en persévérant dans la méditation
sur le principe essentiel, les bienfaits seront nombreux et immenses."
[...] "En
s'abstenant des pratiques formelles, mais en persévérant
dans la méditation sur le principe essentiel" signifie que
l'on doit rejeter l'observance des préceptes et les autres pratiques
spécifiques [des cinq paramitas]
pour adhérer exclusivement au principe du daimoku.
Le commentaire "les bienfaits seront nombreux et immenses",
souligne que si le débutant essayait de se consacrer aux autres
pratiques en même temps qu'à celle du daimoku,
ses bienfaits seraient totalement perdus.
[...] Question : Pourquoi n'encouragez-vous pas la méditation sur le principe
des trois mille mondes en un seul instant de vie (ichinen sanzen), mais uniquement la récitation
du daimoku ? Réponse : Les deux caractères qui composent le mot Nihon (Japon) représentent
à eux seuls tous les êtres humains, tous les animaux et
toutes les richesses des cinquante-six provinces du pays sans la moindre
exception. Et les deux caractères qui forment le mot Gashi (Inde)
n'évoquent-ils pas l'ensemble des soixante-dix régions
de l'Inde ? Zhanlan* écrivit : "Lorsque, sous forme abrégée,
nous mentionnons le Titre du Sutra, c'est le Sutra dans son intégralité
qui est évoqué."(réf.) Et aussi : "Lorsque, par souci de concision, nous parlons
des dix mondes-états ou des dix modalités, ce
sont les trois mille mondes qui sont implicitement évoqués."(réf.)
Les
Quatre Etapes de la foi (Minobu ; 10 avril 1277 ( ? )
à Toki Jonin)
Que
dire alors des moines du Japon, qui, tous sans exception, ont reçu
la tonsure en tant que disciples du Bouddha Shakyamuni ! La robe
qu'ils portent, ils ne l'ont pas revêtue en tant que disciples
du bouddha Amida. Pourtant, on
ne trouve pas une seule salle consacrée dans leurs temples au
Bouddha Shakyamuni, pas une où la méditation du Sutra du Lotus soit pratiquée, où une image
peinte ou sculptée de Shakyamuni soit enchâssée.
Ils ne possèdent pas un seul exemplaire du Sutra du Lotus et négligent le Bouddha Shakyamuni pourtant doté des trois
vertus.
Réponse
à Yasaburo (Minobu,
le 4 août 1277 à Saito Yasaburo )
Des situations
semblables sont décrites en détail dans le Sutra. Le Roi-Démon
du sixième Ciel fera immanquablement obstacle au Pratiquant
du Sutra du Lotus. Parmi les dix
objets de méditation, cela correspond à la méditation
sur les fonctions démoniaques. Par nature, le démon se
réjouit de barrer la route au bien et de pousser à faire
le mal. Impuissant contre certains qu'il ne peut forcer à mal
agir, il est contraint de les laisser faire de bonnes actions. Il voue
une haine farouche à ceux qui pratiquent les deux
véhicules, les incitant à pratiquer un moindre bien
dans les mondes-états des hommes et du ciel.
Il fait obstacle à ceux qui se consacrent aux pratiques
du bodhisattva en leur suggérant de s'engager dans la pratique
des Deux véhicules. Et pour finir, si une personne pratique exclusivement
l'enseignement pur et parfait, il la fera retomber dans une pratique
combinant l'enseignement parfait* avec l'enseignement spécifique (bekkyo). A ce sujet, vous pouvez lire le huitième volume du Maka Shikan.
[...] Vous dites
que Ryosho-bo a proclamé ensuite que ceux qui pratiquent la méditation
shikan sont tenus d'observer les préceptes.
Pourtant, il est dit, dans le neuvième volume du Hokke
Mongu*,
que [après la disparition du Bouddha] aux première, deuxième
et troisième des cinq étapes
de pratique on peut s'abstenir d'bserver les préceptes. Cela
apparaît aussi clairement dans le texte du Sutra lui-même.
Le troisième
enseignement (Minobu,
1er octobre 1277, à Toki Jonin)
Cent ans ou plus après l'introduction du Sutra du Lotus en Chine, le Grand-maître* Zhiyi* établit, dans le domaines des études doctrinales, la classification
des cinq périodes et
des quatre enseignements. Il réfuta les interprétations doctrinales avancées
par les lettrés pendant les plus de cinq
cents années précédentes, et, par sa pratique
de la méditation-samadhi,
s'éveilla à la vérité d'ichinen
sanzen, comprenant pour la première fois le principe du Sutra
du Lotus.
[...] L'école Kegon, dans ses interprétations
doctrinales, établit les cinq
enseignements, et, pour sa pratique de la méditation, énonce
les principes des dix mystères et des six formes, Tous ces enseignements
semblent extrêmement impressionnants, et l'on pourrait penser
qu'avec eux Cheng-guan aurait pu réfuter les enseignements de Zhiyi*.
Mais, en fait, Cheng-guan se borna à emprunter le principe d'ichinen
sanzen énoncé
par Zhiyi*,
et à le définir comme la véritable intention contenue
dans le passage du Sutra Kegon* qui dit : "L'esprit est comparable à un peintre de talent."
Par conséquent, nous pourrions dire que l'école Kegon fut en réalité vaincue par Zhiyi*,
ou peut-être qu'elle fut coupable de voler le principe d'ichinen
sanzen. Cheng-guan, sans aucun doute, observait très
rigoureusement les préceptes.
Il ne transgressa jamais, si peu que ce soit, aucune des règles
du Mahayana ou du Hinayana.
Et pourtant il a volé le principe d'ichinen
sanzen. Le fait mériterait d'être connu et transmis.
[...] Une école
est digne de ce nom lorsqu'elle propose trois
sortes d'enseignement : préceptes, méditation et prajna-sagesse.
Sans parler pour l'instant de méditation ni de prajna, nous voyons
bien que, par les préceptes qu'elles énoncent, les diverses
écoles se divisent clairement en Hinayana et Mahayana.
[...] Le Grand-maître* Saicho* reçut l'enseignement des deux écoles, Tendai et Shingon [en Chine], et les
rapporta au temple Enryaku-ji,
sur le Mont Hiei. Mais, en voulant
créer un sanctuaire pour conférer les préceptes (kaidan), Saicho* aspirait à la méditation parfaite, à la sagesse
parfaite et aux préceptes parfaits menant à l'Éveil
parfait sans supérieur et immédiat selon l'école Tendai.
Lettre à
Shomitsu-bo (Minobu,
1277 à Shomitsu-bo)
Le Grand-maître* Zhiyi*,
dans le Maka Shikan,
décrivit la méditation sur les dix
objets et les dix méditations,
mais personne après lui ne les a pratiquées. A l'époque
de Zhanlan* et de Saicho*,
certaines personnes les ont un peu pratiquées mais sans rencontrer
de grandes difficultés parce qu'elles n'ont pas suscité
d'adversaires puissants. Les trois
obstacles et les quatre démons mentionnés dans le Maka Shikan ne viennent pas faire obstacle à la pratique
des enseignements provisoires.
Mais maintenant tous, sans exception, apparaissent pour me barrer la
route. Ils sont encore plus redoutables que les trois
obstacles et les quatre démons auxquels Zhiyi*, Saicho* et d'autres furent confrontés.
Le traitement
de la maladie (Minobu,
26 juin 1278 (ou 1282) à Toki Jonin)
Question : L'ouvrage de Zhiyi*,
intitulé Maka Shikan décrit le pratiquant marchant autour d’une statue du Bouddha Amida comme objet de vénération lorsqu’il pratique
la deuxième des quatre méditations (shishu-sanmai, chaturdhyana).
La traduction d'Amoghavajra* du Manuel Rituel au moyen de la Sagesse et du Discernement du Sutra
du Lotus déclare : "Le Bouddha Shakyamuni et le
Bouddha Taho sont les objets de vénération."
Pourquoi rejetez vous leurs opinions et maintenez vous que le Titre du Sutra du Lotus est l’objet de vénération ? Réponse : Cela n’est absolument pas fondé sur ma réflexion
personnelle. C’est fondé sur les enseignements du Sutra
du Lotus, mentionnés plus haut, et sur l’interprétation
de Zhiyi*.
Quant au point douteux selon lequel le bouddha Amida est l’objet de vénération lorsqu'on on pratique les quatre niveaux de méditation d’après le Maka Shikan, c’est parce que le
bouddha Amida est regardé
comme l’objet de vénération seulement quand on pratique
la joza-sanmai", "la méditation
active continuelle pendant une période de 90 jours", pendant
laquelle le pratiquant marche autour de la statue du bouddha Amida en invocant son nom (nembutsu)
et en se le remémorant (jogyo-sanmai),
et "la méditation sur la réalité" (higyo-hiza-sanmai)
dans une posture non spécifiée pour une période de
temps non spécifiée. Ce sont trois des quatre niveaux de méditation concentrée (samadhi) de l’école Tendai.
Cette idée de l’objet de culte est basée sur le Sutra
Monjumon, le Sutra Hanjusanmai et le Sutra
Kannon. [...] En outre,
il y a deux sortes de méditations dans hangyo-hanza-sanmai, la
dernière des quatre méditations.
L’une est hodo-sanmai (méditation de la période
de déploiement), qui considère les sept
bouddhas et les huit bodhisattvas comme l’objet de culte. La
seconde est hokke-sanmai, qui
considère le Bouddha Shakyamuni et le Bouddha Taho du Sutra du Lotus comme les objets de culte. Cependant, si l’on
juge d’après ce que le Hokke Sanmai Sengi énonce,
la vérité est que le Sutra du Lotus devrait être
’objet de culte.
Questions
- réponses concernant l’objet de vénération (Minobu,
septembre 1278 à
Joken-bo)
Mais les bodhisattvas
de capacités supérieures rejettent sincèrement les moyens provisoires et n'effectuent pas la pratique du progrès graduel.
En accomplissant la méditation fondée sur le Sutra
du Lotus, ils obtiennent ainsi toutes sortes de résultats
heureux. On appelle les personnes de ce genre `personnes du Véhicule
unique".
"Maintenant, le mot Renge n'est pas
utilisé dans un quelconque sens symbolique. Il désigne l'enseignement
exposé dans le Sutra du Lotus. Cet enseignement est pur
et sans souillures, et il élucide la complexité des relations
de cause et d'effet. C'est pourquoi on l'appelle renge ou lotus. Ce n'est pas une métaphore, une image, mais le nom désignant
la véritable ainsité révélée par la méditation du Sutra
du Lotus."
[...] C'est pourquoi, dans le Sutra
Muryogi le Bouddha déclara : "Par le passé,
je suis resté assis en méditation sous
l'arbre bodhi... En plus de
quarante ans, je n'ai encore jamais révélé la vérité".
[...] Il est dit dans le commentaire de Zhanlan : "S'ils n'avaient pas obtenu le pouvoir mystérieux de la parfaite liberté d'action donné par la méditation
sur le Sutra du Lotus, comment pourraient-ils se manifester
en ces trente-trois corps différents ? "(réf.)
L'essence du Dharma Merveilleux (Minobu, 19e jour du
10 mois (intercalaire) 1278,
à Sennichi-ama)
Ainsi,
chacun des rois des quatre-vingt-quatre
mille pays du Jambudvipa est appelé grand roi dans son pays. Mais, lorsqu'on les compare
à des rois-faisant-tourner-la
roue, on les appelle des petits rois. De même, chaque roi
des six Ciels du monde
des désirs, et des quatre Ciels de la méditation,
peut être appelé indifféremment grand roi ou petit
roi [selon la personne à qui il est comparé] ; mais le
roi Daibonten, qui réside
au sommet du monde de la forme,
est l'un des grands rois qu'il est impossible d'appeler roitelet.
Le tambour à
la porte du Tonnerre (Minobu,
19e jour du 10 mois (intercalaire)
1278, à Sennichi-ama)
Parce qu'autrefois
un lièvre fit un don à une personne qui marchait en pratiquant
la méditation (note) le roi du ciel eut pitié
de lui et l'envoya sur la lune.
Réponse
à l'épouse du seigneur Matsuno (Minobu,
le 20 juin 1279, à
l'épouse du seigneur Matsuno)
De même, tous les êtres
vivants ont pour terre "l'aspect
réel de tous les phénomènes (shoho jisso)",
pour ciel, leur "nature libre de tout aspect" ; "le Véhicule
unique" est la pluie qui les nourrit ; "le grand vent"
qui les pousse, l'affirmation que le Sutra du Lotus est le
plus élevé de tous les sutras que le Bouddha "a enseignés,
enseigne ou enseignera"(réf.) ; et, avec les mots "doté du pouvoir de méditation et de sagesse-prajna"(réf.) les éclairant comme le soleil et la lune, ils cultivent les bienfaits de l'Éveil parfait faisant s'épanouir
les fleurs de la grande compassion et qui donne le fruit de la bodhéité apportant paix et joie. Telle est la façon dont le Bouddha nourrit
tous les êtres vivants.
Le roi Rinda (Minobu,
le 17 août 1279 à Soya Doso, fils de Soya Kyoshin)
Dans son Nikyo
ron, le Grand-maître* Kukai* affirme : "Il est dit dans le Bodaishin ron : "Seule la doctrine du Shingon permet d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence,
car elle enseigne la pratique de samadhi*,
une sorte de méditation qui n'est exposée dans aucun autre
sutra. Si nous étudions le sens de ce traité, j'aimerais
souligner qu'il est la resserre secrète, le coeur et le noyau
des mille ouvrages écrits par le grand sage Nagarjuna. Dans la phrase précédemment citée, les mots "aucun
autre sutra" désignent les divers principes exposés
par le [Bouddha sous la forme du] Corps de la bienfaisance* et se manifestant
par divers Corps de Transformation. Ce sont les principes des enseignements
exotériques. Mais les mots "cette doctrine enseigne
la pratique de la méditation samadhi*"
désignent l'enseignement énoncé par le Corps
du Dharma*,
ainsi que la pratique de samadhi*,
et font partie des enseignements ésotériques du Shingon. Ces principes sont
exposés dans les cent mille vers de louanges du Sutra Kongocho* et dans d'autres textes."
[...] Le Grand-maître* Kukai* présente comme preuve le passage : "Ceux qui pratiquent
cette méditation [samadhi*] peuvent immédiatement manifester l'Éveil."(réf.) Il cite encore cet extrait : "Sans abandonner ce corps, on peut
obtenir le pouvoir d'être présent partout où on
le souhaite. On accède au domaine du Grand Vide, et au principe
mystérieux [de la maîtrise] du corps."(réf.) Il s'appuie
encore sur les passages : "Moi [Vairocana],
j'ai réalisé qu'originellement je suis non-né."(réf.) et "Tous les phénomènes sont sans origine,
fondamentalement non-nés."(réf.)
Le principe de l'atteinte
de la bodhéité sans changer d'apparence (Minobu,
en 1280? , à Myoichinyo)
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