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Extraits de gosho sur |
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l'offrande et le don |
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Dans le Sutra Daijuku il est dit : "Même si le souverain d'un État
a observé la pratique du
don pendant d'innombrables existences passées, en obéissant
aux préceptes et aux
principes de la sagesse, s'il voit que mon Dharma, le Dharma du Bouddha,
est menacée de périr et reste passif, sans rien faire
pour la protéger, l'accumulation inestimable de toutes les bonnes
causes dues à ses pratiques passées sera entièrement
annulée et son pays deviendra le théâtre de trois
événements malencontreux. Ainsi, lorsque le Grand-maître* Saicho* enseigna le Sutra du Lotus, le Grand Bodhisattva Hachiman lui fit don d'une robe pourpre, et quand le moine Kuya récita le Sutra du Lotus, la grande divinité
du sanctuaire Matsuo fut protégée
du vent froid. La divinité
du Soleil, Amaterasu Omikami fit don à Susanoo no Mikoto d'un joyau grâce
auquel il obtint un garçon précieux. C'est pourquoi elle
le considéra comme son propre enfant et lui donna le nom de Masaya
Akatsu. Parce que moi, Nichiren, j'ai donné à votre
enfant la graine pour une naissance facile, pourrais-je le considérer
autrement que comme mon propre enfant ? Parmi les
moines de notre époque, nous en voyons certains qui, secrètement,
sollicitent des dons destinés à leur seul
usage. Le Sutra du Nirvana compare ces moines à des chiens sauvages. Ils deviendront, dans
leur prochaine vie, des démons
à tête de boeuf* (goshirsha).
Il y en a d'autres qui ne dissimulent pas les offrandes mais qui, dominés par l'avidité, ne les partagent pas avec
les autres. Dans leur existence future, ils seront des démons à
tête de cheval. Shakyamuni
reprocha à Shariputra de manger une nourriture impure, Shariputra fut si surpris qu'il la recracha. Il est question ici de nourriture impure
parce qu'il ne s'agit pas d'une offrande faite avec le
coeur. Cela implique que celui qui reçoit des offrandes des ennemis
du Dharma n'est pas apte à atteindre l'Éveil. Les bodhisattvas
du passé pratiquèrent le Dharma qui convenait à
leur époque. Sessen Doji fit don de son propre corps lorsqu'on lui promit en échange de
lui enseigner le Dharma. Et le prince Sattva offrit sa chair et son sang pour accomplir la pratique de bodhisattva.
Mais pourquoi sacrifier sa vie à une époque où
cela n'est pas nécessaire ? Ce joyau
qu'est le caractère Myo contient toutes les rétributions
reçues par le Bouddha en pratiquant les six paramitas dans ses existences passées : les bienfaits obtenus par Shakyamuni lorsqu'il fit don de son corps à une tigresse
affamée (note) ou lorsqu'il offrit sa propre chair pour sauver
une colombe (note) Alors même que j'attendais
de vos nouvelles avec impatience, le messager que vous vous êtes
donné la peine de m'envoyer est arrivé. Dans ma situation
actuelle, votre don d'argent est bien plus précieux que n'importe
quel trésor existant sur terre ou dans la mer. Je vous fais don du Gohonzon de Myohorengekyo. Le Titre de ce mandala ne s'écrit
qu'en cinq ou sept caractères mais il est le maître de tous les bouddhas dans les trois
phases de la vie et la garantie, pour toutes les femmes, d'atteindre
la bodhéité. J'ai
reçu vos deux sabres - l'un long et l'autre court - que vous
avez offerts pour la prière (note).
Le sabre long est certainement l'oeuvre d'un armurier renommé ; il vaut probablement les sabres d'Amakuni (note),
d'Onikiri (note) et de Yatsurugi (note), ou ceux de Ganjiang et
Moye (note) en Chine. Vous en avez fait don au Sutra du Lotus.
Un tel sabre entre vos mains était une arme au service du mal.
Mais, maintenant que vous l'avez offert au Bouddha, il est devenu
une arme pour le bien, comme un démon qui adopterait la foi bouddhique. A présent,
vous avez fait un don à l’occasion de vos trente-trois ans, âge d’infortune.
Je l’ai présenté au Bouddha Shakyamuni, au Sutra
de la Fleur du Dharma et à la divinité Nitten. Le Bouddha avait
pour bienfaiteur et adepte le roi Bimbisara.
Chaque jour sans exception, et depuis de nombreuses années, le
roi faisait don du chargement de cinq cents chariots au Bouddha et à
ses disciples. Devadatta, jaloux
d'une telle dévotion et espérant la détourner à
son profit, s'allia avec le prince héritier Ajatashatru (note) et le poussa à assassiner son père, le roi Bimbisara. Pendant 1200
ans, un bodhisattva nommé Kiken brûla son propre corps pour l'offrir au bouddha Nichigatsu Jomyotoku,
et, pendant 72 000 mille ans, se brûla les bras en offrande au Sutra du Lotus, et renaquit par la suite sous la forme du
bodhisattva Yakuo. Pendant de nombreux kalpas, le bodhisattva Fukyo fut calomnié, ridiculisé, attaqué à coups
de canne et de bâton, de tuiles et de pierres, uniquement parce
qu'il pratiquait le Sutra du Lotus. Mais par la suite, il renaquit
sous la forme du Bouddha Shakyamuni. Ainsi la voie qui mène à
la bodhéité requiert des formes de pratique différentes
en fonction du temps. [...] Il y a
deux sortes de pratiquants du Sutra du Lotus [les saints et
les simples mortels]. Le saint s'arrache la peau et s'en sert [comme
d'un parchemin] pour recopier les caractêres d'un sutra. Si un simple mortel offre le seul kimono qu'il possède au pratiquant
du Sutra du Lotus, le Bouddha l'accepte et lui accorde autant
de prix qu'au don de sa propre peau [fait par un saint]. Vous avez offert ce kimono au Sutra du Lotus, qui se compose de soixante-neuf
mille trois cent quatre-vingt-quatre caractêres et dont chaque
caractêre est un bouddha. Par conséquent, il équivaut
à soixante-neuf mille trois cent quatre-vingt-quatre kimonos.
Et comme chacun de ces soixante-neuf mille trois cent quatre-vingt-quatre
bouddha possède en lui-même la totalité des soixante-neuf
mille trois cent quatre-vingt-quatre caractères du sutra, c'est
comme si le kimono que vous avez offert se multipliait en autant de
kimonos. C'est comparable, par exemple, à un champ couvert d'herbe,
au printemps, de mille ri carrés. Si une étincelle, guère
plus grande qu'un petit pois, enflamme un seul brin d'herbe, le feu
se répandra à travers tout le champ, couvrant de flammes
en un instant une immense étendue. Il en va de même pour
ce kimono d'été. Il n'est qu'un, mais c'est comme s'il
avait été offert à tous les bouddhas que sont les
caractères du Sutra du Lotus. Votre mari
a donné sa vie pour le Sutra du Lotus. Son seul moyen
d'existence était un petit fief qui lui fut confisqué en
raison de sa foi. Cela revenait surement à donner sa vie pour le Sutra du Lotus. Sessen
Doji offrit la sienne rien que pour une demi-stance d'un enseignement
bouddhique et le bodhisattva Yakuo se brûla les coudes afin d'en faire offrande au
Bouddha. Ils étaient tous deux des saints, et ils enduraient ces
austérités avec autant de facilité que l'eau éteint
le feu. Mais votre mari était un simple mortel, il se trouvait
donc à la merci des souffrances, comme du papier jeté au
feu. Aussi recevra-t-il certainement des bienfaits aussi grands que les
leurs. Le Grand-maître* Zhanlan* clarifie un peu plus ce passage en disant : "Ceux qui s'opposeront
à nous [aux personnes qui enseignent le Dharma] auront la tête
brisée en sept morceaux (réf.), tandis que la bonne
fortune de ceux qui [leur] feront des offrandes dépassera celle d'une personne dotée des dix
titres honorables."(réf.) Autrement dit, faire un don au Pratiquant du Sutra du Lotus à l'époque des Derniers
jours du Dharma procure de plus grands bienfaits que faire des offrandes au Bouddha
doté des dix titres honorables. Ce fut le Grand-maître* Zhiyi* qui non seulement clarifia les enseignements du Bouddha mais aussi
découvrit ichinen
sanzen, le joyau qui exauce les
voeux, dans les profondeurs de Myoho Renge Kyo, et en fit don à tous les hommes des Trois Pays [l'Inde, la Chine et le Japon]. Lorsque
je pense à tout cela, la sincérité avec laquelle
vous me faites parvenir un don de cinq kan de pièces seifu, chaque
fois que vous en avez l'occasion, mérite de vous faire connaître
comme une personne qui propage le daimoku du Sutra du Lotus au Japon. J'ai bien reçu le katabira, le
sac de sel et les cinq sho d'huile
que vous avez envoyés. Les vêtements nous protègent
du froid et de la chaleur, cachent notre nudité et nous servent
de parure. On lit dans le chapitre Yakuo (XXIII), dans le septième volume du Sutra
du Lotus : "Comme une personne nue obtenant un vêtement."
Ce passage compare la joie ressentie en recevant le Sutra du Lotus à celle d'une personne sans vêtement à qui l'on
donne de quoi se vêtir. [On dit que] parmi les successeurs du Bouddha, il y en eut un, Shanavasa,
qui naquit tout habillé, pour avoir dans une vie antérieure fait don d'un vêtement au Dharma bouddhique. "Bodhisattva Hachiman,
es-tu donc vraiment une divinité ? Quand Wake
no Kiyomoro allait être décapité, tu as pris
la forme d'une lune de dix pieds de large. Quand le Grand-maître* Saicho* exposait le Sutra du Lotus, tu lui as fait don d'un surplis
pourpre. Il est dit
dans le Sutra : "De telles personnes
n'ont pas besoin d'élever pour moi des stupas et des temples, de construire des monastères ni de faire les quatre
sortes d'offrandes au Sangha." (réf.) Ce passage du Sutra rend tout à fait clair que les pratiquants
qui éprouvent pour la première fois le désir d'atteindre
l'Éveil sont dispensés du don d'aumônes, de l'observance des préceptes et du reste des cinq paramitas. Il suffit qu'elles récitent Namu
Myoho Renge Kyo. Vous
m’avez fait parvenir le sutra Myoho
Renge Kyo* en un volume, écrit en petits caractères et dans le don que vous avez fait à titre d’offrande au Bouddha, il y avait deux vêtements à manches courtes, dix kan de monnaie et cent éventails. J'étais très inquiet à votre sujet, car je n'avais
pas reçu de vos nouvelles depuis fort longtemps. J'ai été
extrêmement heureux de recevoir votre messager, porteur de vos
nombreux cadeaux. Je vais vous faire don d'un Gohonzon. Faire des
offrandes au Bouddha procure des bienfaits aussi considérables [que de naître en tant que roi], mais
on obtient des bienfaits encore plus grands en faisant des offrandes au Sutra du Lotus. Si une rétribution aussi merveilleuse a pu résulter de la simple offrande d'un pâté
d'argile, combien plus merveilleuse encore sera celle que vous vaudra
le don de tant de fruits ! Le Bouddha ne manquait pas de nourriture,
mais nous sommes maintenant dans un pays en proie à la famine.
Je suis donc certain que les bouddhas Shakyamuni et Taho et les dix Filles-démones ne manqueront jamais de vous protéger. J'ai bien reçu votre
don de sept kan de pièces
de monnaie. Toutefois, en période de famine, il était
en train de manger l'ultime bol de millet qui lui restait lorsqu'un
sage, un pratyekabuddha nommé Rida, vint le trouver et lui demandai : "Je n'ai rien mangé depuis sept jours. Pourriez-vous me
donner votre repas ? "Le chasseur lui répondit : "Je l'ai déposé dans le récipient impur d'un
simple profane, et je l'ai déjà souillé en commençant
à manger." Mais le sage insista : "Donnez-le moi
quand même. Si je ne mange pas immédiatement quelque chose,
je ne survivrai pas." Bien que gêné du peu de valeur
de ce qu'il offrait, le chasseur lui fit don de sa nourriture. Lorsque
le sage lui rendit le bol, il n'y avait laissé qu'un seul grain
de millet. Mais ce grain se changea en sanglier. Le sanglier se changea
en or, et l'or se transforma en cadavre. Puis le cadavre se transforma
en un homme en or massif. Vous dites
dans votre lettre que le 11e jour du 8e mois de cette année marquera
le treizième anniversaire de la mort de votre père. Vous
indiquez aussi que pour cela vous faites don d'un kan de pièces de monnaie. J'admire votre sincérité.
Je suis heureux de pouvoir vous envoyer en retour un exemplaire du Sutra
du Lotus en dix volumes (note) qui se
trouve en ma possession. J'ai bien
reçu un kan de pièces
de monnaie seifu, un to [18 litres] de riz sec, et les autres articles. Tokusho Doji, pour avoir offert
un pâté d'argile au Bouddha, renaquit sous la forme du roi Ashoka, et une vieille femme qui
avait fait au Bouddha l'offrande d'un gâteau de
riz, renaquit sous celle d'un pratyekabuddha. (note) Le roi Ajatashatru était une personne
dotée de quelques mérites, mais au moment où il
tua son propre père, le ciel aurait dû l'abandonner et
la terre, pour l'engloutir, s'ouvrir sous ses pieds. Pourtant, parce
que son père, le roi assassiné, avait acquis de grands
mérites pour avoir fait don au Bouddha, chaque jour, pendant
plusieurs années, du chargement de cinq cents charrettes, et
grâce aux mérites qu'Ajatashatru obtiendrait lui-même par la suite en devenant un protecteur du Sutra du Lotus, le ciel ne l'abandonna pas, et la terre ne
l'engloutit pas non plus. J'ai bien reçu votre don de deux paniers de kakis adoucis (note) et d'un panier d'aubergines. Cent ans
après la mort du Bouddha, vécut en Inde un roi connu sous
le nom d'Ashoka. Son autorité
s'étendait sur un quart des 84000 états qui composent le continent Jambudvipa.
Il avait le soutien des rois-dragons et le pouvoir de convoquer les esprits pour les mettre à son
service. Avec soixante mille arhats pour maîtres, il fit vœu d'ériger 84000 stupas de pierre,
et s'engagea à faire don de dix milliards de pièces d'or
au Bouddha. Telle était la grandeur de ce roi. Mais si nous voulons
savoir quelles actions méritoires il avait accomplies dans ses
vies antérieures afin d'obtenir d'aussi grands bienfaits, nous
voyons qu'il n'avait rien fait de plus que d'offrir un simple pâté
d'argile au Bouddha Shakyamuni. Parce qu'autrefois
un lièvre fit un don à une personne qui marchait en pratiquant
la méditation (note) le roi du ciel eut pitié
de lui et l'envoya sur la lune. C'est pourquoi, aujourd'hui, quand nous
regardons le ciel, nous apercevons un lièvre
dans la lune. La fille
du Roi-Dragon, grâce au don qu'elle fit du joyau qu'elle
possédait, obtint la bodhéité. Vous avez fait
don de votre petit-fils pour en faire un pratiquant du Sutra du
Lotus, et cela vous vaudra d'obtenir la bodhéité. Nous avons
la grande chance d'être en vie après les graves épidémies
de ces deux dernières années, mais devant l'imminence de
l'invasion mongole, il semble aujourd'hui que bien peu survivront. En
définitive, nul ne peut échapper à la mort. Les souffrances
qu'entraînera l'invasion ne sauraient être pires que celles
que nous rencontrons à présent. Puisque la mort est certaine
dans les deux cas, vous devriez choisir de donner votre vie pour le Sutra du Lotus. Considérez une telle offrande comme une goutte de rosée qui rejoindrait l'océan ou comme
un grain de poussière qui retournerait à la terre. Un seul jour de vie vaut
plus que tous les trésors de l'univers, aussi devez-vous d'abord
faire preuve d'une foi sincère. Tel est le sens du passage
du septième volume du Sutra du Lotus selon lequel
se brûler le petit doigt pour l'offrir au Bouddha et au Sutra
du Lotus a plus de valeur que de faire don de tous les trésors
de l'univers. Pour avoir offert quatre bols au Bouddha, on dit que Bishamon est celui des quatre Rois du Ciel dont la bonne fortune est la plus
grande au monde. Vimaladatta*,
parce qu'elle fit don de 84000 bols au bouddha Unraionno*,
renaquit par la suite sous la forme du bodhisattva Myoon*.
Vous qui, maintenant, faites don au Sutra du Lotus de ces trente
récipients et soixante assiettes, comment pourriez-vous ne pas
atteindre la bodhéité ? L’offrande des offenseurs du Dharma est justement le “plomb en fusion“. Les divinités
réagissent ainsi. A plus forte raison, nous, hommes ordinaires,
pourrions nous ingurgiter du plomb en fusion ? Accepterions-nous,
en tant qu’enfants, le don d’une personne ayant assassiné
nos parents ? Comme elle est mystérieuse
la volonté de faire, ne serait-ce qu'une fois, une offrande au moine qui connaît le coeur du Sutra du Lotus ! Celui qui fait une telle offrande, ne serait-ce qu'une fois, ne s'égarera
jamais dans les mauvaises
voies. A plus forte raison, si l'on renouvelle cette offrande dix fois, vingt fois, pendant cinq ans, dix ans, ou tout au long de
sa vie, les bienfaits seront
bien plus grands. Même la sagesse du Bouddha est incapable de
les évaluer. Un seul don au Pratiquant du Sutra du Lotus entraîne des bienfaits cent mille
myriades de fois plus importants que ceux que l'on pourrait obtenir
en offrant d'innombrables trésors au Bouddha Shakyamuni pendant
plus de huit milliards de kalpa. J'ai bien reçu d'abord
cent pousses de bambou, puis vingt autres que vous m'avez fait parvenir.
Il est dit dans le 7e volume du Sutra du Lotus : "Même
si une personne remplissait un système
majeur de mondes des Sept sortes
de trésors pour en faire don au Bouddha, aux grands bodhisattvas,
aux pratyekabuddhas ou aux arhats,
les bienfaits que cette personne
obtiendrait ne pourraient pas égaler ceux que procurent l'acceptation
et la pratique de ce Sutra du Lotus, ne serait-ce que d'une
strophe de quatre lignes ! Cette dernière attitude est,
de toutes, celle qui apporte le plus grand nombre de bienfaits."(réf.) À propos
de ce passage, on lit, dans le 10e volume du Hokke
Mongu* : "L'affirmation que le don des Sept sortes de trésors aux
personnes des quatre nobles états n'égale pas la pratique d'une seule strophe du Sutra du Lotus,
s'explique par le fait que le Dharma est le Maître de ces sages.
Rien n'est supérieur au Dharma pour la capacité de faire
naître, de nourrir, d'amener à maturité et de faire
prospérer. Par conséquent, la personne est moins importante
que le Dharma qui est suprême." J'ai bien reçu le sac de riz, le panier de melons, les ignames
et autres dons que vous m'avez fait parvenir. Il y eut
autrefois un homme au service d'un riche personnage nommé Rakutoku.
De jour comme de nuit, lui, sa femme et leurs enfants étaient
soumis aux plus dures corvées. Finalement, excédé
par tant de mauvais traitements, il se cacha et s'enfuit dans un autre
pays. Après avoir servi un certain temps à la cour du
grand roi de ce pays, il devint d'abord un fonctionnaire important et
finalement Premier ministre. Par la suite, grâce à l'armée
de son pays d'adoption, il vainquit le pays où résidait
Rakutoku, son maître d'antan. Ce dernier, lorsqu'il reconnut en
ce Premier ministre l'homme jadis à son service, fut grandement
effrayé et regretta de l'avoir tant maltraité par le passé.
Il se mit immédiatement au service du Premier ministre, et lui
fit don de plusieurs trésors. Et sans se soucier le moins du
monde d'avoir été vaincu, il ne se préoccupa plus
que d'avoir la vie sauve. J'ai bien reçu le riz que vous m'avez envoyé de Tono'oka (note). J'en ai fait don aux moines
pour la cérémonie d'urabon,
le septième mois de cette année. Les moines présents
à l'Assemblée réunie au Pic du Vautour,
le Bouddha et les divinités,
tous ont dû se réjouir de ce don. Les mots ne peuvent décrire
[ma gratitude pour] vos dons sincères et répétés,
et vos fréquentes visites. J'ai bien reçu votre don d'un kan de pièces
de monnaie. Parce que vous avez fait preuve d'une telle sincérité,
je veux vous dire ce qui suit. Ne pensez pas que je sois un moine avide. Le Bouddha,
étant véritablement respectable, ne mesure pas la sincérité
en fonction de l'importance des dons. Par le passé, un garçonnet,
du nom de Tokusho Doji, fit don d'un pâté d'argile au Bouddha et renaquit sous la forme
du roi Ashoka qui régna
sur la totalité du Jambudvipa.
Une femme pauvre fit couper sa chevelure et l'échangea contre
de l'huile pour en faire don au Bouddha (note), et même les vents forts
venus du Mont Sumeru ne purent
éteindre la lampe nourrie par cette huile. Votre don de trois et de deux ligatures est donc bien supérieur à celui d'un souverain du Japon
qui offrirait au pays une pagode décorée des sept
sortes de joyaux, assez haute pour atteindre le ciel. J'ai bien reçu tous
vos dons : un tonnelet de saké clair et dix pots verseurs en
métal (hisage), cent mushi
mochi et un baril contenant un ou deux sho de sirop, un panier de mandarines et dix brochettes de kakis séchés. J'ai bien reçu les
divers dons que vous avez eu la bonté de me faire parvenir. Les
racines de la bonne fortune ne
dépendent pas de l'importance des offrandes,
grandes ou petites. Elles diffèrent considérablement selon
les pays, les personnes et le temps. Si, par exemple, ayant fait sécher
de la bouse, on la réduisait en poudre, on la tamisait et la
façonnait pour lui donner l'apparence d'un arbre santal, d'une
femme, d'une divinité céleste ou d'un bouddha, en la brûlant,
on n'obtiendrait jamais qu'une mauvaise odeur. De même, si l'on
tue ou vole les autres et leur dérobe les premiers fruits de
leur récolte, on aura beau faire don de ses gains dans l'espoir
d'obtenir des bienfaits ou de
créer de bonnes causes, ce don ne créera en définitive
qu'une mauvaise cause. Le riche Sudatta était l'homme
le plus riche d'Inde. Il fit construire le monastère de Jetavana,
et en fit don au Bouddha pour qu'il y réside. Pourtant, ce monastère
fut détruit par un incendie et il n'en reste plus la moindre
trace. Cet homme au départ tirait sa richesse de la pêche
et de la vente des poissons, par conséquent du fait d'ôter
la vie. C'est la raison pour laquelle le monastère qu'il avait
fait construire disparut. Je viens de recevoir le sac de riz blanc, le sac de taros et le panier d'algues de rivière que vous avez eu la bonté
de me faire parvenir par vos serviteurs. Il y a pour
l'homme deux sortes de trésor : le vêtement et la nourriture.
Un sutra dit : "Tous les êtres
sensitifs vivent grâce à la nourriture." La survie
de l'homme en ce monde dépend de la nourriture et des vêtements.
Pour les poissons, c'est l'eau le plus grand trésor et pour les
arbres, le sol dans lequel ils poussent. L'homme peut se maintenir en
vie grâce à ce qu'il mange. C'est pourquoi la nourriture
est son trésor (note). Celui qui
fit don d'un humble plat de millet au pratyekabuddha devint le Tathagata Clarté-universelle (note). Celui qui offrit un pâté
d'argile au Bouddha devint le roi de tout le continent de Jambudvipa (note). On aura beau multiplier les
actions méritoires, si elles bénéficient à
des imposteurs, elles ne pourront qu'aggraver le mal et ne produiront
aucun bien. En revanche, même une personne ignorante du Dharma
bouddhique et ne possédant que peu de choses, obtiendra un grand
bienfait si elle fait un don à ceux qui défendent la vérité.
C'est encore plus vrai de personnes qui font avec sincérité
des offrandes au véritable
Dharma !
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