Le
riche Sudatta
Lettres
et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 5, p. 339 ; SG* p. 1094. |
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J'ai bien reçu votre don d'un kan de pièces de monnaie. Parce que vous avez fait preuve d'une telle sincérité, je veux vous dire ce qui suit. Ne pensez pas que je sois un moine avide. Il y a une manière facile de devenir bouddha, et je vais vous l'enseigner. Enseigner aux autres, c'est comme huiler les roues d'un lourd chariot pour leur permettre de tourner, ou mettre un bateau à flot pour qu'il puisse avancer sans difficulté. Comme beaucoup de choses dans la vie, devenir bouddha n'a rien d'extraordinaire. Cela consiste, par exemple, à donner de l'eau à une personne qui a soif en période de sécheresse, ou à procurer du feu à une personne lorsqu'il fait froid. Ou encore, c'est donner quelque chose d’irremplaçable ou aider une personne au péril de sa vie. Il y eut autrefois un souverain appelé roi Konjiki. Son pays fut, pendant douze ans, en proie à une grande sécheresse, et d'innombrables personnes moururent de faim. Dans les rivières, les cadavres s'empilaient comme des ponts et, sur terre, les squelettes s'accumulaient comme des tertres funéraires. A cette époque, le roi Konjiki conçut un grand désir de parvenir à la bodhéité et distribua quantité d'aumônes. Il donna tout ce qu'il put, jusqu'à ce qu'il ne reste plus dans ses réserves que cinq mesures de riz. Lorsque ses ministres l'informèrent qu'il y avait là tout juste de quoi le nourrir pour une seule journée, le grand roi prit ces cinq mesures de riz et, à chacun de ses sujets affamés, les distribua grain par grain, les partageant ainsi entre tous. Puis il s'adressa au Ciel et s'écria qu'il mourrait de faim à la place du peuple, prenant sur lui-même la souffrance d'avoir faim et soif. Le Ciel l'entendit et fit immédiatement tomber la douce pluie d'amrita. Quand cette pluie touchait le corps ou tombait sur le visage des gens, leur faim était immédiatement apaisée, et, instantanément, tous les habitants du pays retrouvèrent leurs forces. En Inde, il y eut un homme du nom de Sudatta. A sept reprises il fut réduit à la pauvreté, et, par sept fois, il fit fortune de nouveau. Au cours de sa dernière période de dénuement, les habitants de la ville avaient tous fui ou péri, et ne demeuraient plus que sa femme et lui. Il ne leur restait plus que cinq mesures de riz, assez pour leur permettre de survivre pendant cinq jours. A ce moment-là, cinq hommes - Mahakashyapa, Shariputra, Ananda, Rahula et le Bouddha Shakyamuni - vinrent l'un après l'autre demander l'aumône, et les cinq mesures de riz leur furent données. A dater de ce jour, Sudatta devint l'homme le plus riche de toute l'Inde, et il fit construire le monastère Jetavana. Vous devriez comprendre, d'après cet exemple, toutes les situations semblables. Déjà, vous ressemblez au Pratiquant du Sutra du Lotus, autant qu'un singe ressemble à un homme ou un gâteau de riz à la lune. Parce que vous avez si vigoureusement protégé les paysans d'Atsuhara, les gens de ce pays vous considèrent comme un traître, comme Masakado à l'ère Shohei (931-938) ou comme Sadato à l'ère Tengi (1053-1058). Tout cela ne vous arrive que parce que vous avez consacré votre vie au Sutra du Lotus. Le Ciel ne vous regarde en aucune manière comme un homme qui a trahi son seigneur. De plus, votre petit village a été soumis à des taxes très lourdes, et ses habitants ont été contraints à plusieurs reprises à des travaux forcés, jusqu'à ce que vous n'ayez même plus vous-même de cheval à monter, et que votre femme et vos enfants manquent de vêtements. Pourtant, malgré votre pauvreté, vous vous êtes préoccupé avec bienveillance du Pratiquant du Sutra du Lotus, pensant qu'il devait être assiégé par la neige au fin fond des montagnes, et qu'il devait manquer de nourriture. Si bien que vous m'avez envoyé un kan de pièces de monnaie. Votre offrande est comparable à celle de la femme pauvre qui donna à un mendiant le seul manteau que son mari et elle partageaient, ou à celle de Rida (note) qui donna le millet de sa jarre à un pratyekabuddha. Comme c'est admirable ! Je vous écrirai encore par la suite. Avec mon
profond respect, Le vingt-septième jour du douzième mois de la troisième année de Koan (1280). ARRIERE-PLAN. - Nichiren
Daishonin écrivit ce gosho au Mont Minobu dans l'hiver de 1280
et l'adressa à Nanjo Tokimitsu, le jeune régisseur du
village d'Ueno, dans la province de Suruga, qui était son disciple
depuis l'enfance. A partir du moment où Nichiren Daishonin vint
vivre à Minobu, Tokimitsu fut particulièrement proche
de Nikko Shonin et l'aida dans ses activités de propagation dans
la région du Fuji. Pendant la Persécution d'Atsuhara,
il utilisa son influence pour protéger d'autres croyants, en
abritant certains dans sa propre maison, et intervenant pour faire libérer
ceux qui avaient été emprisonnés. Nichiren Daishonin
rendit hommage à son courage en l'appelant "le sage d'Ueno",
alors que le jeune homme, à l'époque, avait tout juste
vingt ans. En anglais : The Wealthy Man Sudatta - http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=1086&m=1&q=Sudatta |
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