|
Extraits de gosho sur |
|
|
dix
mondes-états |
|||
Le Hokke Gengi Shakusen indique : “Si l’on dit qu’il existe, alors, aucune pensée
d'ichinen sanzen n’existe.
A fortiori, comment pourrait-il y avoir d’image des dix monde-états-états ? Si on dit qu’il n’existe
pas, alors trois mille pensées se manifestent. A fortiori, la pensée
d’un monde-état. C’est parce que l’on ne peut
pas le considérer à travers l’être ou le non-être que le cœur d’une pensée, à l’évidence,
est la Voie du milieu. C’est
pourquoi, il faut le savoir, le cœur est merveilleux (myo)”.
Ici, il faut le savoir, notre cœur est le Sutra du Lotus. [...] Le Maka Shikan énonce : “Un cœur est doté des dix
mondes de dharmas. S’il est doté ne serait-ce qu’un
peu du cœur, alors, il possède trois
mille”. La Transmission précise : “Un
corps, une pensée emplissent le monde
des dharmas”. Le Hokke
Gengi indique : “Que l’on parle de trois mille ou que l’on parle du
monde des dharmas, il s’agit de synonymes du Sutra du Lotus”. Après
réflexion, je me considère comme chanceux d’être
né dans le monde Saha, au Japon
et d’avoir inopinément échappé aux trois
mauvaises voies, sachant que nos chances de naître dans les mauvaises voies sont aussi
grandes que le nombre de particules de poussières (kshana)
contenues dans tous les mondes de l’univers, tandis que nos chances
de naître dans le monde-état
d'hommes sont aussi faibles que la quantité de terre pouvant
tenir sur un ongle. Ceci étant dit, il n’y a pas de doute
que dans mes vies futures, je risque d'être déchu de cette
rare opportunité d’être né en tant qu’être
humain au Japon, pour renaître dans les trois
mauvaises voies. La différence
entre illusion et Éveil est comparable aux quatre
visions différentes du bosquet d'arbres shala.
Le bouddha d'ichinen
sanzen est indéniablement
celui qui, dans chacun des dix
mondes-états, manifeste la nature de bouddha inhérente
à sa vie. Depuis le passé
sans commencement, enivrés par le vin de l'ignorance,
nous sommes nés un nombre incalculable de fois dans les six voies
de l'existence en passant par les quatre
formes de naissance. Tantôt nous suffoquons au coeur des flammes
de l'enfer de la brûlure ardente
ou de la grande chaleur dévorante (note) ; tantôt nous gelons
dans la glace de l'enfer du lotus rouge sang ou du grand lotus rouge sang.
Tantôt nous devons endurer la torture de la faim et de la soif dans
le monde-état de l'avidité,
passant cinq cents vies sans même pouvoir entendre prononcer le
nom d'un aliment ou d'une boisson. Tantôt nous éprouvons
la souffrance d'être blessés et tués dans le monde-état de l'animalité, nous subissons
les blessures et les meurtres qui sont le lot d'un monde où les
petits sont avalés par les grands, où les courts sont engloutis
par les longs. Tantôt nous sommes confrontés aux querelles
et aux conflits du monde-état des asuras ; tantôt nous naissons
en tant qu'êtres humains et
sommes en proie aux huit souffrances que sont naître et vieillir,
tomber malade et mourir, souffrir de devoir quitter ceux que nous aimons
et rencontrer ceux que nous haïssons, éprouver la douleur
de ne pas obtenir ce que nous désirons, et endurer les peines engendrées
par les cinq agrégats du
corps et de l'esprit. Tantôt encore nous naissons dans le monde-état céleste et faisons l'expérience
des cinq signes de dégradation.
Ainsi tournons-nous sans cesse en rond comme la roue d'un chariot dans
ce monde des trois plans. [...] Pourtant,
nous avons obtenu de naître dans le monde des humains, condition
à laquelle il est rare de parvenir, et nous avons rencontré
les enseignements sacrés du Bouddha qu'il est très exceptionnel
d'entendre. Le grand océan contient les nombreux fleuves qui se déversent
en lui, la terre immense contient tous les êtres
sensitifs et non-sensitifs, le "joyau
qui exauce les voeux" a le pouvoir de faire pleuvoir d'innombrables
trésors et Bonten règne
sur le monde des trois plans. Il
en va de même pour les cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo. En plus de tous les êtres des neuf
mondes-états, ils contiennent également ceux qui se
trouvent dans l'état de bouddha. Et puisque tous les êtres
des dix monde-états sont contenus en eux, les environnements des dix
monde-états le sont également. Heureusement,
je suis né dans le monde des
humains sans m’être laissé tromper par un mauvais
maître. Pour préserver le Sutra du Lotus, j’ai
été exilé à Izu,
mais, à mon regret, je n’ai toujours pas été
exécuté. Dans l’espoir qu’une telle chose m’arrive
au nom du Sutra du Lotus, je m’étais évertué
à adresser de sévères remontrances à diverses
personnes. Tous ceux qui,
dans tous les mondes des dix
directions, ont commis l'une ou l'autre des dix
mauvaises actions, des cinq
forfaits, qui ont commis la lourde offense
de s'opposer au Dharma correct ou d'autres crimes graves et qui
ont été chassés de ces mondes par les divers bouddhas,
ont été rassemblés ici, sur cette terre
saha, par le Bouddha Shakyamuni. Ces gens, ayant expié leurs
crimes après être tombés dans les trois
mauvaises voies et dans l'enfer avici, ont pu renaître
dans les mondes des hommes et
le monde du ciel. Mais, parce que
certains vestiges de leurs crimes demeurent, ils sont facilement enclins
à dénigrer le Dharma
correct et à parler avec mépris de personnes de sagesse,
commettant ainsi de nouvelles offenses au Dharma. Lorsque le vénérable
Shakyamuni enseigna le chapitre Juryo* (XVI), il déclara, en faisant allusion
à ce que tous les êtres vivants avaient entendu dans les enseignements antérieurs au Sutra du Lotus et dans l'enseignement
théorique* du Sutra du Lotus : "Tous les êtres dans les mondes-états du ciel et des hommes et tous les asuras pensent que Shakyamuni atteignit l'Éveil suprême après avoir quitté le palais des Shakya et s'être assis sur le lieu de méditation, non loin de
la ville de Gaya."(réf.) Le Sutra du Nirvana* enseigne le
principe de l'allégement
du karma. Si les rétributions d'un lourd karma passé ne sont pas effacées durant cette vie-ci, on est
voué aux souffrances de l'enfer
à l'avenir, mais si l'on subit de grandes difficultés
en cette vie, les souffrances infernales disparaîtront aussitôt.
Après la mort, on obtiendra les bienfaits du monde
des hommes ou du monde du ciel,
ainsi que ceux des trois véhicules et du Véhicule suprême. Le Grand-maître* Saicho* déclara : "La naissance et la mort sont l'oeuvre mystérieuse
de l'essence de la vie. La réalité
ultime de la vie se trouve dans l'existence et la non-existence."
Aucun phénomène, ciel ou terre, Yin ou Yang, soleil ou lune, ni les cinq
planètes, ni aucune des conditions de vie, du monde-état
d'enfer au monde-état de bouddha, rien n'échappe
à la naissance et à la mort. Ainsi, la vie et la mort
de tous les phénomènes ne sont que les deux phases de
Myoho Renge Kyo. Zhanlan* commente : “Et, de plus, la couleur et l’odeur permettent la Voie du milieu. La nature de bouddha chez le non-sensitif étonne l’oreille et trouble le cœur”.
Cette couleur, quelle est-elle, parmi les cinq couleurs ? Ces dernières
- le bleu, le jaune, le rouge, le blanc et le noir - sont traduites par
“une couleur”. “Une” exprime la nature des dharmas.
C’est en ce sens que Zhanlan traduit par “la couleur et l’odeur permettent la Voie du milieu”.
Le Grand-maître* Zhiyi* traduit lui aussi par “qui ne soit dans la voie de la médianeté”.
Le “Un” de “Une couleur, une odeur” n’est
pas le chiffre “un” par rapport à “deux”
ou “trois”. Ce “un” désigne la nature du
dharma de la Voie du milieu. En fait,
il ne peut pas ne pas comporter dix
mondes-états, trois mille, le sujet
et environnement. Cette couleur et cette odeur désignent la
bodhéité des végétaux, c’est-à-dire
la bodhéité de la fleur du lotus. Le principe
d'ichinen sanzen découle
de l'implication réciproque des dix mondes-états.
Mais les écoles Hosso et Sanron ne parlent que de huit états, (note) ignorant qu'il y en a dix et à plus forte raison ignorant le principe
de leur implication réciproque. Les enseignements des écoles Kusha, Jojitsu et Ritsu s'appuient sur les sutras Agama*.
Ils ne prennent en compte que les six mondes-états,
les six conditions de vie les plus basses, ignorant tout des quatre
autres mondes-états.
Ils affirment qu'il n'y a qu'un seul bouddha dans les dix
directions et ne dévoilent pas qu'il existe un bouddha pour
chaque direction. Ils ne font évidemment pas la moindre allusion
au principe selon lequel "tous les êtres
sensitifs possèdent l'état de bouddha."(réf.) Le ciel protège immanquablement ceux qui observent les préceptes
et pratiquent le bien. Si ceux qui se trouvent dans le monde-état
des hommes n'observent pas les préceptes et ne pratiquent pas le bien, après leur mort, ils renaîtront
pour la plupart dans le monde des asuras.
Et si les personnes dans le monde-état des asuras sont très nombreuses, leur orgueil ne cessera de croître
et, inévitablement, elles se lanceront à l'attaque du Ciel. Mais si les
personnes nées dans le monde-état des hommes observent les
préceptes et pratiquent le bien, après leur mort, elles
renaîtront immanquablement dans le monde-état
du ciel. Si les personnes dans le monde-état du ciel sont très
nombreuses, les asuras auront peur
d'elles et n'oseront pas s'attaquer au Ciel. Voilà pourquoi le
ciel protège immanquablement les personnes qui observent les préceptes
et pratiquent le bien. Il
est dit dans le cinquième volume du Maka
Shikan : "La vie, à chaque instant, comporte dix mondes-états. De plus,
chacun des dix mondes-états est doté de tous les autres,
si bien qu'une unité de vie possède en fait cent états.
Chacun de ces états à son tour contient trente domaines
d'existence (note) de sorte que, dans les cent états, il y a trois mille conditions
existence. Ces trois mille conditions d'existence sont tous, contenus
en un seul moment de vie. S'il n'y a pas de vie, inutile d'aller plus
loin. Mais la plus infime parcelle de vie contient les trois mille conditions
d'existence... C'est ce que l'on entend par "le royaume de l'insondable". Les principes essentiels du Sutra
du Lotus sont l'implication
réciproque des dix
mondes-états, cent mondes et mille modalités
d'expressions de la vie, ainsi que ichinen
sanzen. Ce sont des principes d'une grande importance énoncés
dans le Maka Shikan. Tous les êtres et leur environnement dans chacun
des dix mondes-états - du plus bas, l'état d'enfer,
au plus élevé, l'état de bouddha - sont tous sans exception les manifestations de Myoho Renge Kyo. S'il
y a environnement, un sujet s'y trouve nécessairement. Zhanlan* déclare : "Le sujet (shoho) aussi bien que son environnement
(eho) sont toujours des manifestations de Myoho Renge Kyo."(réf.) Il dit encore : "L'aspect réel se révèle
immanquablement dans tous les phénomènes, et tous les
phénomènes possèdent immanquablement les dix
modalités d'expression de la vie (nyoze). Les dix
modalités opèrent immanquablement dans les dix
mondes-états et les dix
mondes-états caractérisent immanquablement à
la fois le sujet et son environnement."(réf.) Et : "Le sujet et l'environnement de l'enfer sont contenus
tous deux dans la vie du bouddha.
Par ailleurs, la vie et l'environnement du Bouddha ne transcendent pas
la vie des personnes ordinaires."(réf.) Des explications aussi précises ne permettent aucun doute. Ainsi,
toute vie dans l'univers est clairement Myoho Renge Kyo. Même
les deux bouddhas, Shakyamuni et Taho,
sont les fonctions de Myoho Renge Kyo qui apparurent pour dispenser
à l'humanité les bienfaits de ce Dharma. Ils prirent la forme des deux bouddhas et, assis côte
à côte dans la Tour aux
Trésors, marquèrent leur accord en hochant la tête. [...] Tous
les phénomènes" dans le Sutra désigne les dix mondes-états,
et "l'aspect réel" est ce qui imprègne les dix
mondes-états. La réalité (shoho jisso) est
un autre nom pour Myoho Renge Kyo ; par conséquent, Myoho Renge
Kyo est manifeste dans tous les phénomènes. L'enfer se
reconnaît à ses caractéristiques infernales ; c'est la réalité de l'état d'enfer. Si, à
leur place, apparaissent les caractéristiques du monde-état
des asprits affamés, ce n'est plus le monde-état d'enfer.
Un bouddha présente la réalité d'un bouddha et
un simple mortel, celle d'un simple mortel. Tous les phénomènes
sont en eux-mêmes des manifestations de Myoho Renge Kyo. C'est
ce que signifie "tous les phénomènes révèlent
l'aspect réel". Zhiyi* déclare : " Le principe profond de “l'aspect réel”
est le Dharma primordial Myoho Renge Kyo." Selon cette explication,
"l'aspect réel" correspond aux enseignements
théoriques* et "le Dharma primordial Myoho Renge Kyo" correspond à
l'enseignement essentiel*.
Vous devriez méditer profondément ce passage. Ceux qui s'opposent au Dharma renaissent le plus souvent dans l'enfer avici ou, en de rares occasions,
dans l'un des six mondes-états les plus bas. S'ils renaissent sous forme humaine, ils sont pauvres,
de basse condition sociale, et atteints de lèpre blanche, entre
autres désagréments. Question.
Qu'est-ce que l'essence réelle de Myoho Renge Kyo, le Dharma Merveilleux du Lotus? Zhanlan* déclara : "Comment serait-il possible de trouver la Terre de la lumière éternelle
ailleurs qu'à Bodh-Gaya
? Notre monde Saha n'existe pas
en dehors de la Terre de Bouddha."(réf.) Il
dit aussi : "L'aspect réel se révèle immanquablement dans tous les phénomènes,
et tous les phénomènes possèdent immanquablement
les dix modalités. Les dix
modalités opèrent immanquablement dans les dix
mondes-états, et les dix
mondes-états caractérisent immanquablement à
la fois le sujet et son environnement."(réf.) On lit dans le Sutra du Lotus : "L'aspect réel
de tous les phénomènes (shoho jisso) ne peut être compris et partagée
que par les bouddhas. Ses modalités sont l'apparence [nyoze so], la nature [nyoze sho].., et leur cohérence* de 1'origine jusqu'à la fin". Dans le chapitre Juryo* (XVI), il est dit : "Le temps est sans
limite ni borne... depuis que j'ai réellement atteint la bodhéité."
Ici, "je" représente tous les êtres humains dans
les dix mondes-états.
Tous les êtres humains dans les dix
mondes-états possèdent de manière inhérente,
l'état de bouddha. Ils habitent donc dans la Terre
pure. Il est dit dans le chapitre Hoben* (II) : "les phénomènes
sont des manifestations du Dharma et les aspects changeants du monde
sont par essence éternels." Les vies et morts sont les manifestations constantes de la vie éternelle
qui se poursuit à travers les trois
phases de l'existence. Il n'y a aucune raison ni de s'en plaindre,
ni de s'en étonner. So [l'aspect apparent] équivaut à
hatchi so [les Huit époques de l'existence d'un bouddha]. Et les Huit époques de l'existence
d'un bouddha elles-mêmes sont soumises au Dharma de la naissance
et de la mort. S'éveiller à cette vérité,
c'est cela atteindre la bodhéité par la pratique du Sutra
du Lotus. Mais, à l'inverse, même des personnes ayant commis les cinq forfaits, si elle haïssent
ces ennemis du Sutra du Lotus, renaîtront immanquablement
dans les mondes-états des hommes ou du ciel. Le Sutra du Lotus prédit que Devadatta atteindra la bodhéité dans une terre appelée Voie
céleste [tendo], mais quel autre sutra affirme qu'une personne
aussi mauvaise peut obtenir le suprême bienfait ? Même
en laissant de côté cette question, quel autre sutra enseigne
l'implication réciproque des dix mondes-états,
ou la possibilité pour les végétaux de manifester
l'état de Bouddha ? Ces Grands-patriarches du Mont Hiei sont non seulement les ennemis abjects du Bouddha Shakyamuni,
du bouddha Taho et des bouddhas des dix directions, mais sont également ceux qui aveuglent
les êtres vivants, bloquent l’entrée des trois mondes-états vertueux (divinités, humains, asuras),
et ouvrent la voie aux trois mondes-états démoniaques (enfer, esprit faméliques, animaux). Ceux qui
sont parvenus à l'état de pratyekabuddha sont incomparablement supérieurs aux auditeurs. Ce sont des personnes
dont la venue en ce monde rivalise en importance avec celle d'un bouddha.
Il y a bien longtemps, en pleine période de famine, vivait un
chasseur. Malgré la disette, il offrit un bol de millet à
un pratyekabuddha nommé Rida. Cela lui valut de renaître
riche et dans les mondes-états des hommes et du ciel pendant une durée de quatre-vingt-onze kalpa.
Il renaquit en ce monde sous la forme d'Aniruddha,
un disciple du Bouddha, doté de clairvoyance divine, aux capacités
de discernement sans égales. Aux personnes
des deux véhicules à
qui [pensait-on jusqu'alors] la bodhéité était
inaccessible, il fut prédit qu'elles deviendraient en fait bouddha. (note) C'était
aussi surprenant que d'entendre affirmer que des graines brûlées
produiraient fleurs et fruits. Et la révélation, par Shakyamuni,
qu'il avait atteint l'Éveil dans un passé
atemporel était aussi stupéfiante que s'il avait prétendu
qu'un vieillard de cent ans était le fils d'un jeune homme de
vingt-cinq ans (note).
Il révéla aussi le principe d'ichinen
sanzen qui indique que les neuf
mondes-états incluent l'état de Bouddha et que l'état de Bouddha inclut les
autres états. Le dixième
mois de la onzième année de Bun'ei (1274), les habitants des îles d'Iki et de Tsushima furent massacrés
en une seule attaque. Comment pourrions-nous dire que cela ne
nous concerne pas ? Quel ne dut pas être le désespoir
des soldats partis à la rencontre des envahisseurs ! Ils
avaient dû laisser derrière eu des parents âgés,
des enfants en bas-âge, de jeunes épouses et des foyers
qu'ils aimaient pour aller défendre la côte face à
une mer inconnue et effrayante. Lorsqu'ils voyaient des nuages à
l'horizon, ils les prenaient pour les drapeaux de l'ennemi. A la vue
de simples bateaux de pêche, qu'ils prirent pour des bateaux
de guerre mongols, ils furent paralysés par la peur. Une ou
deux fois par jour, ils montaient sur les collines pour scruter la
mer. Trois ou quatre fois au milieu de la nuit, ils sellaient et dessellaient
leurs chevaux. Ils ressentirent l'absolue réalité du
monde asura dans leur propre
vie. Pourquoi
nous lamenter, quand nous savons de façon certaine que nous atteindrons
la bodhéité ? A quoi sert, en définitive, de naître impératrice,
ou de renaître dans un monde céleste ? Vous emprunterez plutôt la même voie que la fille
du Roi-Dragon et serez au même rang que la nonne Mahaprajapati. "On
soutient sa propre vie" signifie naître dans les mondes-états des hommes ou du ciel et obtenir la rétribution karmique d'une grande longévité. En atteignant la bodhéité,
vous devenez un Ainsi-Venu sous
l'aspect du Corps du Dharma*,
dont le Corps est aussi vaste que l'espace. Parmi les
disciples du Bouddha, il y en eut un du nom de Maudgalyayana.
Son père se nommait Kissen Shishi et sa mère, Shodai-nyo.
Après la mort, sa mère tomba dans le monde des esprits
faméliques*.
Tant que Maudgalyayana resta un simple mortel, il n'en eut pas conscience et n' avait donc
aucune raison d'en souffrir. Mais lorsque, une fois devenu disciple
du Bouddha, il parvint au stade d'arhat et acquit la vision divine, il
aperçut sa mère dans le monde des esprits
faméliques*.
Voyant cela, il lui fit des dons de boisson et de nourriture mais qui
tous se changeaient en flammes et ne faisaient qu'alimenter ses souffrances. Maudgalyayana,
disciple du Bouddha, tenta de sauver sa mère Shodai-nyo mais
il n'y parvint pas et elle demeura au monde-état des esprits faméliques*.
Le moine Sunakshatra était
un fils de l'Honoré du Monde, et pourtant il tomba dans l'enfer avici. Ainsi, même en faisant
soi-même tous les efforts possibles pour sauver les autres, il
reste difficile de les sauver des graves rétributions karmiques
qu'ils ont eux-même créées. Parmi les six
voies, le Bouddha choisit les mondes-états des hommes ou du ciel,
puis, entre ces deux mondes, il résolut de naître dans
celui des hommes. De tous les endroits de l'univers habités par
les hommes, c'est en Inde, dans
le royaume de Magadha, qu'il
apparut. Zhiyi* indique : "La vie à chaque instant est dotée
des dix mondes-états."(réf.) Guanding* affirme : "Le Bouddha considérait cette doctrine comme
la raison ultime [de sa venue en ce monde]. Comment pourrait-elle être
facile à comprendre ? "(réf.) Zhanlan* ajoute : "C'est la révélation ultime de la vérité
finale et suprême."(réf.) Il est dit dans le Sutra du Lotus : "[Et tout ce
que le Bouddha enseigne pour l'avoir compris] ne s'écarte en
rien de l'aspect réel."(réf.) Et la
première des cinq étapes
de la pratique consiste à se réjouir lorsqu'on entend
pour la première fois le Sutra du Lotus. A elles deux,
ces étapes sont le coffre qui contient ce trésor, les
principes "cent mondes et mille modalités"
et "trois mille mondes en un instant de vie (ichinen sanzen)" ; elles sont le portail que
franchissent tous les bouddhas
des dix directions et des trois
phases de la vie. Le Sutra définit
ce principe par la phrase : "Tous les phénomènes
révèlent la véritable réalité"(réf.) (shoho jisso). Zhanlan* déclare : "L'aspect réel est immanquablement
présent dans tous les phénomènes ; dans tous les
phénomènes sont immanquablement en jeu les dix
modalités d'expression de la vie (nyoze). Ces dix modalités
opèrent immanquablement dans les dix
mondes-états et les dix
mondes-états caractérisent immanquablement à
la fois le sujet et son environnement."(réf.) Zhiyi* déclare : "Le principe profond de l'"aspect réel"
est le Dharma originel de Myoho Renge Kyo." Le Grand-maître* Saicho* écrivit : "La réalité d'ichinen
sanzen est le Bouddha qui a obtenu l'Éveil par lui-même et ce Bouddha n'est doté d'aucun attribut
extraordinaire."(réf.) Par conséquent, ce Gohonzon est le mandala suprême sans
précédent, car pendant plus de deux mille deux cent vingt
ans après la mort du Bouddha, il ne fut jamais révélé. Ceux qui
ont entendu les titres des sutras Vairocana*, Hodo* et Hannya* , ont compris le principe de shakku* ou de taiku*
; le principe de tanku* ou celui de futanku*, les principes de tanchu* et de futanchu*.
Mais il n'est pas encore possible d'appréhender les principes
de jikkai gogu, l'inclusion mutuelle des dix mondes-états,
des cent mondes, des mille
mondes ou des trois mille
mondes qui conduisent au bienfait de myogaku, l'Éveil
complet sans supérieur. L'école Sanron,
créée avant la naissance du Grand-maître* Zhiyi*,
et l'école Hosso, créée
après sa mort, enseignèrent toutes deux un principe des
huit mondes-états (note) mais ne mentionnèrent
jamais dix mondes-états.
Par conséquent, ces deux écoles ne pouvaient en aucune manière
établir le principe d'ichinen
sanzen. Même
sans lire ni étudier le Sutra, on obtiendra une immense
bonne fortune rien qu'en en récitant le Titre. Le Sutra enseigne que les femmes, les hommes mauvais, et ceux qui appartiennent
aux mondes de l'animalité et de l'enfer - en fait, tous les êtres
des dix mondes-états - peuvent atteindre la bodhéité. On peut mieux appréhender
cela en se rappelant que le feu peut jaillir d'une pierre ramassée
au fond d'une rivière et qu'une bougie peut faire surgir la lumière
dans un endroit plongé dans l'obscurité depuis des milliards
d'années. Nous, êtres vivants, en transmigrant dans les six
voies du monde des trois plans,
nous naissons tantôt dans le monde-état du ciel, tantôt dans le monde-état
d'hommes, tantôt dans les mondes-états d'enfer,
des esprits affamés et des animaux. Ainsi, nous sommes nés
dans d'innombrables pays où nous avons connu des souffrances
et des joies sans nombre, mais pas une seule fois encore nous ne somme
nés dans un pays qui respecte le Sutra du Lotus. L'enfer est une effroyable demeure en flammes et l'avidité un état misérable dans lequel les esprits affamés
dévorent leurs propres enfants. Le monde-état d'asura est une guerre perpétuelle
et l'animalité consiste
à s'entretuer. L'enfer du lotus rouge est ainsi dénommé
parce qu'il y règne un froid si intense que le corps se recroqueville
et que la peau du dos, en se fendant, laisse apparaître la chair
sanglante comme une fleur de lotus cramoisie. Et il y a des enfers
encore plus horribles. A celui qui est tombé dans ces états
infernaux, même un trône de roi ou un titre de général
ne sert plus à rien. Torturé par les gardiens de l'enfer, il n'est ni plus ni moins qu'un singe au bout d'une ficelle.
De quelle utilité pourraient lui être encore la renommée
ou la fortune ? Comment pourrait-il conserver son arrogance et
son attachement à des vues limitées ? Le vénérable Maudgalyayana sauva sa
mère du monde de l'avidité,
mais il ne put la conduire que jusqu'aux mondes des hommes et du ciel, sans pouvoir la mettre
sur la voie qui mène à la bodhéité. Zhanlan* a dit : "Bien que ces quatre étapes soient distinctes, elles
découlent toutes du Dharma. Si l'on compare la bonne
fortune de tous les êtres vivants dans les neuf
mondes-états à celle du Bouddha, elle paraît
aussi légère qu'un cheveu, alors que la bonne fortune du Bouddha a le poids d'une énorme montagne. Il est dit dans le Sutra
Shrimala : "Le Bouddha permet aux simples mortels qui
n'ont pratiqué que des enseignements non bouddhiques de créer
de bonnes causes qui les conduiront vers les mondes
des hommes et du ciel ; à
ceux qui recherchent la voie de
l'étude, le Bouddha enseigne le véhicule qui mène
à cet état ; à ceux qui recherchent la voie
de l'Éveil personnel, il révèle le véhicule
qui mène à cet état ; et à ceux qui recherchent
la voie du Mahayana, il enseigne
cette voie." Cette affirmation décrit le principe de zuitai
[enseigner selon les capacités], celui des enseignements faciles
à croire et faciles à comprendre. Chaque
être humain dans les neuf
mondes-états et les six
voies possède une nature différente. Deux personnes,
trois personnes, cent ou mille personnes peuvent avoir toutes un visage
sensiblement de la même taille, mais on ne trouve pas deux visages
exactement semblables. Les esprits sont différents, les visages
le sont donc aussi. Les différences de nature entre deux personnes,
dix personnes, entre tous les êtres vivants dans les Six voies
et les neuf mondes-états sont encore plus grandes ! Toutefois,
nous, simples mortels, sommes depuis longtemps sous l'emprise du Démon
du sixième Ciel. Il nous a gardés prisonniers des mondes-états d'enfer,
des esprits faméliques* et des animaux, sans un instant
de répit, jour et nuit, nous sommes torturés par les gardiens de l'enfer. Mais si, d'une façon ou d'une autre, nous parvenons
à nous placer sous la protection du Sutra du Lotus,
le Bouddha Shakyamuni et les bouddhas
des dix directions nous traiteront comme leurs enfants, et même
les divinités célestes Bonten et Taishaku auront peur de s'approcher
de nous. Et le Démon du
sixième Ciel nous craindra encore bien davantage ! La lune du rayonnement serein de tous les bouddhas déverse
ses rayons de bienfaits sur tous les êtres et illumine l'obscurité des neuf mondes mais sa lumière
ne peut pas se réfléchir dans l'eau sale et boueuse des icchantika qui calomnient
le Dharma correct. Zhanlan* déclare : "Celui qui est tombé au sol a besoin
du sol pour se relever."(réf.) Une personne se relève toujours précisément
là où elle est tombée. Ceux qui s'opposent au Sutra
du Lotus tomberont dans les trois
mauvaises voies, sur le sol des mondes-états des hommes ou du ciel,
mais grâce au Sutra du Lotus, ils parviendront à
la bodhéité. Le Sutra
Trapusha traite des mondes-états des hommes et du ciel.
Les sutras Agama* décrivent les personnes des deux
véhicules. Le Sutra
Kegon* décrit les bodhisattvas.
|
|||
voir également : ichinen sanzen et chaque monde séparément | |||