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Extraits de gosho sur |
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Les persécutions que
les autorités me font subir prouvent clairement que je suis le Pratiquant du Sutra du Lotus. Il est indubitable que la lune décroît
et croît, et que la marée connaît flux et reflux.
Dans mon cas également, puisque la rétribution négative s'est déjà manifestée, le bienfait doit nécessairement venir. A quoi bon, alors, me plaindre ? Le 12e
jour de ce mois, à l'heure du coq*, j'ai subi la colère
des autorités. Placé sous la surveillance du seigneur
de Musashi, j'ai quitté Kamakura le 13e jour à l'heure du Boeuf [vers 2h du matin], pour être
exilé dans la province de Sado.
A présent, je me trouve à Echi, sur le domaine du seigneur Homma, sous la garde d'un certain
Uma Taro, aux ordres du seigneur d'Echi, Homma
Rokuro Zaemon-no-jo. Je resterai probablement ici pendant quatre
ou cinq jours. Si j'en
crois ce qui m'a été confié, il paraît que,
sous peu, je serais exilé à Sado,
sur ordre du Régent Hojo.
Parmi les trois divinités célestes, la divinité Gatten (Lune), en prenant l'apparence
d'un objet lumineux, me sauva de la décapitation à Tatsunokuchi.
Puis, il y a quelques jours, la divinité des Etoiles est descendue à ma rencontre (note).
Il ne reste plus maintenant que la divinité Nitten (Soleil). Je suis assuré de sa protection. Comme c'est rassurant ! Le chapitre Hosshi* (X) dit : "[Le Bouddha] enverra des divinités sous des formes
diverses pour protéger le pratiquant du Sutra du Lotus."
Cela ne laisse pas place au moindre doute. On lit dans le chapitre Anrakugyo* (XIV) : "Ni le sabre ni le bâton ne pourront
lui nuire" et dans le chapitre Fumon : "Le sabre sera instantanément brisé en morceaux".
Aucune de ces phrases du Sutra ne saurait être fausse.
Une foi forte et inébranlable est la chose vitale. Demain, je dois partir pour
la province de Sado. Dans le froid,
ce soir, je pense aux conditions qui doivent être les vôtres
en prison et je partage votre souffrance. Comme il est admirable que
vous ayez lu la totalité du Sutra du Lotus à
la fois avec le corps et avec l'esprit ! Vous pourrez ainsi sauver
votre père et votre mère, vos six
sortes de parents, et tous les êtres vivants. Les autres ne
lisent le Sutra du Lotus qu'avec leur bouche, n'en lisant que
les mots, mais ils ne le lisent pas avec leur coeur. Et, même
quand ils le lisent avec le coeur, ils ne le lisent pas par leurs actes. Le douzième jour du neuvième mois, j'ai encouru la colère
des autorités gouvernementales et je dois partir pour la province
de Sado le dixième jour du
dixième mois de cette année. Au cours
de ce mois (le dixième mois), le dixième jour, nous avons
quitté le village d'Echi, dans la région d'Aiko, province
de Sagami. En route, nous nous sommes arrêtés à
Kumegawa, dans la province de Musashi, et de là, au terme d'un
voyage de douze jours, nous sommes arrivés ici, au port de Teradomari,
dans la province d'Echigo. D'ici, nous devons traverser la mer pour
parvenir à l'île de Sado,
mais, comme les vents pour l'instant ne sont pas favorables, j'ignore
encore quand nous partirons. Les difficultés
sur la route ont été pires que je ne le prévoyais
et, à vrai dire, je serais incapable de les décrire. Je
vous laisse imaginer. De toute façon, puisque j'étais
prêt à affronter tout cela, je n'ai pas lieu de m'en plaindre
maintenant. Je n'en dirai donc plus rien. Nous sommes maintenant dans la dernière décade du 11e
mois. Quand je vivais à Kamakura,
dans la province de Sagami, je croyais le changement des saisons identique
dans toutes les provinces, mais, durant ces deux mois depuis mon arrivée (note) dans cette province du nord,
à Sado, les vents glacés
ont soufflé sans arrêt, et, même quand, à
certains moments, il ne gèle plus et la neige cesse de tomber,
on ne voit jamais briller le soleil. Je fais l'expérience des huit vents froids de l'enfer dans
mon corps en cette vie-ci. Les gens d'ici ont un coeur semblable à
celui des oiseaux ou des bêtes sauvages ; ils ne reconnaissent
ni souverain, ni maître, ni parents. Encore moins distinguent-ils
ce qui est vrai de ce qui est faux en bouddhisme, ou les bons maîtres
des mauvais. Mais je n'en dirai pas plus. Le douzième
jour du neuvième mois de l'année dernière, entre
l'heure du Rat et l'heure du Boeuf [23 et 03 heures], la personne du nom de Nichiren a été
décapitée. C'est son esprit qui est parvenu à l'île
de Sado et qui, le second mois de
l'année suivante, dans la neige, écrit ceci à l'intention
de ses proches disciples. [Tout comme la description de l'époque
mauvaise que l'on trouve dans le chapitre Kanji* (XIII)] cela paraît terrifiant, mais parce que je me consacre
au Dharma correct, moi, Nichiren, je ne crains rien. Ceux qui m'observent
seront frappés de stupeur. Ce Traité est le miroir
brillant de Shakyamuni, Taho, et de
tous les autres bouddhas des
dix directions dans lequel se reflète le Japon d'aujourd'hui.
En même temps, on peut le considérer comme un témoignage
que je veux laisser. Il y a
très peu de papier à lettres ici dans la région
de Sado et écrire à
chacun en particulier prendrait trop de temps. Pourtant, si une seule
personne restait sans nouvelles, elle pourrait en éprouver du
ressentiment. Par conséquent, j'aimerais que tous les croyants
sincères se réunissent et lisent cette lettre ensemble
pour y puiser des encouragements. Chacun
des tenants des diverses écoles que je viens de nommer prétend
avoir saisi mieux que quiconque le sens du Sutra du Lotus et
le pratiquer. Mais aucun d'eux n'a connu les persécutions que
j'ai subies - banni dans la province d'Izu,
à l'ère Kocho,
exilé sur l'île de Sado à l'ère Bun'ei,
conduit sur le lieu d'exécution à Tatsunokuchi,
ou confronté à d'autres difficultés trop nombreuses
pour être toutes énumérées. S'il faut en
croire les passages du Sutra [qui prédisent de telles difficultés],
c'est bien moi qu'il faut considérer comme le maître de
l'enseignement correct et bienveillant, alors que les érudits
des autres écoles sont des maîtres nuisibles, aux enseignements
erronés. De Kamakura,
dans la province de Sagami, à l'île de Sado dans la province du nord, il y a plus de mille ri à parcourir,
en traversant de très hautes montagnes et une mer démontée.
Le vent et la pluie y sont violents et imprévisibles. Des pillards
guettent dans la montagne et les pirates sont nombreux en mer. Les gens
que l'on rencontre dans les auberges ou les relais, tout au long du
chemin, sont aussi féroces que des tigres ou des chiens et vous
avez dû vous croire condamnée aux souffrances des trois
mauvaises voies. De plus, nous vivons dans une époque troublée.
Depuis l'année dernière, le pays est empli de rebelles,
et finalement, le onzième jour du deuxième mois de cette
année, une bataille a éclaté. Nous sommes
maintenant presque à la fin du cinquième mois mais la
population n'a toujours pas retrouvé le calme. Néanmoins,
en bravant tous les risques, vous avez fait le voyage [jusqu'à Sado] en portant votre petite fille, puisque, étant séparée
de votre mari depuis des années, vous n'aviez pas de père
à qui la confier. Je ne reviendrai
pas sur diverses persécutions subies auparavant, et me contenterai
de rappeler que, l'année dernière, le douzième
jour du neuvième mois, ayant encouru la colère des autorités
gouvernementales, j'aurais dû, dans la nuit du même jour,
être décapité. Pour quelque raison, j'ai survécu
jusqu'au matin, et je suis venu dans cette partie de l'île de
Sado, où je réside depuis. J'ai été abandonné
par le monde, abandonné par le Dharma du Bouddha, et le ciel
ne me manifeste aucune clémence. Le monde profane comme le monde
bouddhique m'ont rejeté. Le 11e jour
du 7e mois, l'empereur retiré Go-Toba fut banni sur l'île d'Oki, l'empereur retiré Tsuchimikado,
dans la province d'Awa,
et l'empereur retiré Juntoku,
sur l'île de Sado. De plus,
sept nobles proches de l'empereur furent exécutés. On pourrait comparer l'île
de Sado et les gens de cette province
à un lieu peuplé de bêtes sauvages. Elle est pleine
de disciples de Honen qui haïssent
Nichiren cent, mille, dix mille ou cent mille fois plus que les gens
de Kamakura. Je ne sais jamais
de manière certaine si je serai encore vivant demain. Mais grâce
à votre foi sincère et à votre soutien, j'ai survécu
jusqu'à présent. Par conséquent, j'imagine que
puisque Shakyamuni, Taho, les autres bouddhas des dix directions ainsi que les grands bodhisattvas respectent tous le Sutra du Lotus et lui font des offrandes,
ces bouddhas et bodhisattva informent vos parents chaque jour et chaque
nuit [de l'aide que vous apportez à Nichiren, le Pratiquant du Sutra du Lotus]. Quoi qu'il
en soit, le 7e jour du 12e mois de la 10e année de Bun'ei [1273], une lettre de Hojo Nobutoki,
ancien gouverneur de la province de Musashi, parvint dans la province
de Sado. Dans ce document, authentifié
par son cachet, on lisait : "La rumeur court que Nichiren, le moine
exilé à Sado, prépare
un mauvais coup avec ses disciples. Des complots de ce genre sont totalement
inadmissibles. Désormais, ceux qui suivent ce moine devront être
sévèrement punis. Si certains persistaient et passaient
outre cet interdit, rapportez-moi leur nom. Ce document a valeur de décret." Le grand tremblement de terre qui survint au cours des années Shoka (note), la grande comète des années Bunei (note), et ensuite toutes sortes de cataclysmes célestes et terrestres, voilà les signes prémonitoires. [...] Cependant, cette année* les habitants de la province de Sado ont dit : le vingt-trois du premier mois de cette année, à l'heure du singe* , deux soleils ont apparu dans l'Ouest; d'autres ont dit : trois soleils. [...] Ces calamités solaires et lunaires constituent les calamités les plus redoutables parmi les sept, les vingt-neuf, les innombrables malheurs [annoncés par le sutra] (note) Si Ryokan,
du temple Gokuraku-ji, fait
à nouveau savoir, comme il le dit dans sa pétition, qu'il
est prêt à débattre avec moi, demandez au gouvernement
de rencontrer Ryokan et dites lui : "Mon maître [Nichiren]
a été banni sur l'île de Sado dans la huitième année de Bun'ei (1272). Puis, dans le premier mois (note) de la neuvième année de Bun'ei (1274), il a été gracié et il est revenu à Kamakura. A son retour, il a
fait des remontrances à Hei
no Saemon sur divers sujets puis il s'est retiré au fin fond
de la montagne, dans la province de Kai. Vous êtes
de la famille d'O-ama Gozen, mais vous avez clairement démontré
la pureté de votre foi. Jusque sur l'île de Sado et ici dans cette province de Minobu vous n'avez cessé de me donner des preuves de votre sincérité,
et, parce que votre résolution ne semble pas faiblir, j'ai inscrit
pour vous un Gohonzon. Mais
je m'inquiète encore pour l'avenir ne sachant pas si vous conserverez
jusqu'au bout votre croyance, comme une personne avançant sur
de la glace fine ou confrontée à la menace d'un sabre.
Je vous écrirai à nouveau plus tard de manière
plus détaillée. Le 82e souverain, l’empereur Go-Toba,
fut appelé plus tard "Empereur retiré (dajo tenno)
à la robe de bouddhiste d’Oki". Il était le 3e
fils de Takakura et monta sur le trône en 1185 (1ère année
de l’ère de Bunji). Le 83e souverain était l’Empereur
Tsuchimikado, connu comme ex-empereur de la province d’Awa.
Fils aîné de Go-Toba,
il fut nommé en 1202 (2e année, ère de Kennin). Le
84e empereur, Juntoku, également connu comme l’ex-empereur
de l’île de Sado, était
le deuxième fils de Go-Toba.
Il prit le pouvoir en 1221 (26e jour du 2e mois). Ainsi, les 3 souverains
successifs, c’est-à-dire les 82e, 83e et 84e empereurs furent
un père et ses deux fils. Vaincus par Hojo
Yoshitoki, le vassal de Minamoto
Yoritomo de Kamakura, ces
trois souverains furent bannis respectivement vers les provinces d’Oki, Awa et Sado, ce qui représente
un évènement de disgrâce sans pareil dans l’histoire. L'esprit
humain est inconstant ; il est insaisissable, en perpétuel mouvement.
Lorsque j'étais dans la province de Sado,
j'ai trouvé merveilleux que vous ayez foi en mon enseignement
et j'admire, plus encore, la sincérité qui vous a poussée,
malgré la distance, à envoyer votre mari jusqu'ici. Nous
vivons dans des provinces très éloignées et, les
mois et les années passant, je craignais que votre croyance ne
se relâche. Mais vous faites preuve d'une foi toujours plus forte
et vous accumulez les actions méritoires. C'est sans doute le
résultat de liens, entre nous, encore plus anciens que ceux que
nous aurions pu tisser au cours d'une ou deux vies. Tout dernièrement,
surtout, j'ai été condamné à mort mais,
pour une raison que j'ignore, le gouvernement a préféré
m'exiler sur l'île de Sado. Parmi tous ceux qui y sont envoyés, beaucoup meurent ; rares sont
ceux qui survivent. Et après être finalement parvenu sur
mon lieu d'exil, j'ai été traité comme un criminel
coupable de pire crime encore qu'un meurtre ou une rébellion. Dès
mon départ de Kamakura,
chaque jour de mon voyage vers Sado semblait m'amener de nouveaux ennemis, toujours plus puissants. Je ne
rencontrais que des adeptes du Nembutsu.
En traversant champs et montagnes, je prenais par méprise le
sifflement du vent dans les herbes et les branchages pour une attaque
de mes ennemis. Je suis
arrivé enfin sur l'île de Sado.
C'est une région du nord où les vents sont particulièrement
forts en hiver. La neige y est épaisse, mes vêtements étaient
minces et la nourriture rare. J'ai alors compris comment le mandarinier
à feuilles simples, lorsqu'on le transplante dans un lieu différent,
se change naturellement en un oranger à feuilles triples. Mon logis
était une cabane de chaume délabrée au milieu d'un
champ envahi par les mauvaises herbes, où l'on ensevelissait
les morts. La pluie coulait par le toit et les murs ne protégeaient
pas du vent. Jour et nuit, j'entendais seulement le son du vent sifflant
jusque dans mes oreilles, et je n'avais d'autre vision chaque matin
que celle de la neige recouvrant à perte de vue les chemins.
J'avais l'impression d'être tombé tout vif dans le monde
des esprits faméliques* et d'avoir été précipité dans l'un des enfers
froids. Su Wu demeura captif pendant dix-neuf ans chez les Barbares
du Nord en mangeant de la neige pour survivre, et Li Ling vécut
pendant six ans dans une grotte, vêtu d'un manteau de paille : leur expérience devenait la mienne. Le
12e jour du 9e mois de la 8e année de l'ère Bun'ei [1271], j'ai été de nouveau poursuivi par les autorités
et, de façon expéditive, condamné à la décapitation.
Certaines circonstances firent différer l'exécution. Et
pour finir, je fus placé sous la garde de l'ancien gouverneur
de Musashi dont le domaine incluait au nord l'île de Sado.
Sur la proposition de ses subordonnés, je fus conduit sur cette
île. Les habitants
de l'île sont des barbares qui ignorent tout de la loi de causalité.
Ils m'ont indéniablement traité avec brutalité.
Mais je ne leur en conserve pas rancune. Car même le souverain
du Japon, le seigneur de Sagami,
qui aurait pu en comprendre le sens, ne fit aucune enquête sur
les raisons de ma conduite qui n'avait d'autre but, en réalité,
que de venir en aide au pays. Au contraire, au mépris de toute
raison et de toute justice, il ratifia ma condamnation à mort.
Puisqu'il n'y avait rien à attendre du meilleur de ses sujets,
je n'éprouvais pas de haine à l'encontre des plus mauvais. Alors
que j'envisageais la possibilité de vous rendre visite, vous
m'avez fait parvenir un vêtement. Je ne m'attendais pas du tout
à tant de prévenance. Parce que le Sutra du Lotus est le plus noble de tous les sutras, il est possible que j'exerce
un jour plus d'influence. En ce cas, soyez assurée que je veillerai
sur vos enfants, que vous soyez encore en vie ou non. Pendant mon
exil à Sado, puis durant
mon séjour ici, vous avez envoyé votre serviteur à
mon secours. Ni dans cette vie, ni dans les vies futures, je n'oublierai
ce que vous avez fait pour moi. Je ne manquerai pas de m'acquitter
de ma dette de reconnaissance à votre égard. Si les forces japonaises
et mongoles s'étaient livré bataille, si les prières
des maîtres du Shingon avaient prouvé leur efficacité, et si le Japon avait remporté
la victoire grâce à elles, on pourrait alors dire que le Shingon est précieux.
Mais au moment du soulèvement
de Jokyu, bien qu'un nombre considérable de moines aient
prié pour la victoire des forces impériales et proféré
des malédictions à l'encontre des forces du shogunat de Kamakura, c'est le chef de ces
dernières, Gon no Tayu,
qui fut vainqueur. Cela valut à l'empereur retiré Go-Toba d'être exilé sur l'île d'Oki et à ses fils
d'être bannis sur l'île de Sado et dans une autre province. Tel fut l'effet des prières Shingon pour la victoire. En fin de compte, elles eurent le même effet
que les glapissements du renard yakkan qui permettent de le découvrir,
et les malédictions, exactement comme il est dit dans le Sutra
du Lotus à propos de ceux qui attaquent les pratiquants
de ce Sutra, "se sont retournées contre ceux qui
les ont prononcées."(réf.) Lorsque je fus banni
sur cette île de la mer du Nord, je n'avais ni suffisamment de nourriture
pour vivre, ni même des vêtements en lianes de glycines tressées
pour me couvrir le corps. Les habitants, moines aussi bien que laïcs
de cette province, ont été encore plus hostiles à
mon égard que les hommes et les femmes de la province de Sagami.
Abandonné dans un champ, sans protection contre la neige, j'ai
survécu en mangeant des herbes. [...] Toutefois, alors que je vivais
ainsi dans votre pays, vous et votre mari [Ko nyudo],
en vous cachant du regard des autres, de nuit, vous m'avez apporté
de quoi manger. En certaines occasions, sans craindre la menace des autorités
provinciales, vous n'avez pas hésité à lier votre
sort au mien. C'est pourquoi, malgré tant de difficultés
endurées dans cette province, au moment de vous quitter, j'ai ressenti
comme un regret de partir. C'était comme si j'avais été
retenu par le col ou comme si j'avais été repoussé
en arrière à chaque pas que je faisais pour m'éloigner. J'ai également
reçu le kimono d'été que vous m'avez fait parvenir,
depuis l'île de Sado jusqu'ici,
en cette région de montagne éloignée, le domaine
d'Hakiri dans la province de
Kai. Il est dit, dans le quatrième volume du Sutra du Lotus,
au chapitre Hosshi* (X) : "La personne qui cherche la Voie du Bouddha et qui, pendant un kalpa, joignant les mains devant
moi, récitera d'innombrables stances à ma louange, parce
qu'elle aura ainsi fait l'éloge du Bouddha, obtiendra des bienfaits incommensurables. Mais la bonne fortune qu'obtiendront ceux qui louent et honorent les pratiquants de ce Sutra sera plus grande encore." Quand j'étais
à Kamakura, à
l'exception des pratiquants du Nembutsu et des autres écoles [dont
les croyances étaient visiblement erronées], il m'était
difficile de déterminer, parmi les croyants du Sutra du Lotus,
ceux dont la croyance était superficielle ou profonde. Cela,
je ne l'ai compris qu'après avoir encouru la disgrâce des
autorités. Depuis ma condamnation à l'exil sur l'île
de Sado, personne n'était
venu me rendre visite. Vous seule, une femme, m'avez manifesté
votre sincérité [par diverses offrandes] et avez personnellement
fait le voyage pour venir me voir. Je savais déjà que, tôt ou tard,
les armées étrangères attaqueraient le Japon. Aussi
ai-je présenté des remontrances au bakufu pendant la journée et parlé à mes disciples la nuit
sans peur de l’exécution par le sabre et de le bâton
ou du châtiment du shogunat,
faisant ainsi le voeu devant les bouddhas et les divinités de sauver mon pays de la destruction, même si cela devait me coûter
la vie. Mes remontrances ne furent cependant pas écoutées,
car les prêtres des écoles Shingon, Zen, Jodo et Ritsu m’accablaient régulièrement
de fausses accusations. De plus, je fus à maintes reprises attaqué
à coups de sabre de bâton, exilé par deux fois - à Izu et à Sado -, du fait de la disgrâce du shogunat, et fus sur le point d’être
décapité à Tatsunokuchi. Le 2e mois
de l'année dernière, j'ai été gracié,
et le 13e jour du 3e mois j'ai quitté la province de Sado pour arriver à Kamakura le 26e jour du même mois. Le 8e jour du 4e mois, j'ai rencontré Hei no Saemon. Il m'a posé
plusieurs questions au cours de la discussion, et m'a demandé : "Quand les Mongols lanceront-ils une invasion contre le Japon ? " Dans le neuvième mois
de la huitième année de Bun'ei (1271), quand le marqueur inverse de Jupiter était au ciel sous
le signe cyclique kanoto-hitsuji,
j'ai encouru la disgrâce des autorités et j'ai été
envoyé en exil à Sado,
une île dans la mer du nord. Lorsque je vivais à Kamakura,
dans la province de Sagami, j'avais une certaine nostalgie de la province
d'Awa,
celle où je suis né. Mais, bien que ce fut ma région
natale, pour une raison ou pour une autre, j'avais du mal à me
sentir proche des gens du pays et je m'y rendais donc très rarement.
Puis j'ai été arrêté et condamné à
mort, mais, au lieu d'être exécuté, j'ai été
banni. Puisque j'étais expulsé loin de ma région,
il semblait peu probable, à moins d'événements
extraordinaires, que je puisse retourner à Kamakura.
Je ne pourrais donc jamais plus me rendre sur la tombe de mes parents.
En pensant à cela, j'éprouvais des remords tardifs. Je
me demandais, le coeur empli de regrets, pourquoi, avant de me trouver
dans cette situation, même s'il avait fallu pour cela traverser
mer et montagnes, je n'avais pas été, sinon chaque jour,
au moins une fois par mois, prier sur la tombe de mes parents et m'enquérir
de la santé de mon maître. Certes, le gouvernement n'avait absolument aucune
raison d'agir à mon égard comme il l'a fait, mais même
avant de rencontrer ces difficultés je savais qu'elles se produiraient.
J'avais donc décidé, quoi qu'il m'arrive, de ne jamais
conserver de rancune contre personne. Cette détermination a peut-être
agi comme une sorte de prière car maintenant je suis sain et
sauf, et j'ai survécu aux diverses persécutions. Quelle
aide m'a permis de ne pas mourir de faim sur l'île de Sado et de réciter, jusqu'à ce jour, le Sutra du Lotus dans ces montagnes ? La vôtre. Et si l'on se demande qui
vous a permis d'offrir une telle aide, il faut admettre que c'est votre
seigneur le nyudo Ema. Même
s'il n'avait pas conscience de m'aider, ce qu'il a fait équivaut
incontestablement à une sorte de prière en ma faveur.
Et du même coup, cette prière de votre seigneur est devenue
une prière pour vous. Pourtant [lorsque la guerre éclata],
les forces impériales furent incapables de résister plus
de deux ou trois jours. Finalement, les trois empereurs retirés
furent exilés respectivement sur les îles de Sado [exil de Juntoku] et d'Oki [exil
de Go-Toba], et dans la province
d'Awa (note) et c'est là qu'ils moururent. Je quittai Echi le dixième jour du dixième
mois [10 octobre 1271], et arrivai sur l'île de Sado le 28 du même mois. Le premier jour du onzième mois [1er
novembre], on me conduisit dans un ermitage construit dans un champ,
derrière la demeure de Homma Rokuro Zaemon, en un lieu appelé
Tsukahara. Cette masure d'à peine deux mètres carrés
se trouvait sur un terrain vague où l'on abandonnait les cadavres,
l'équivalent de Rendaino, à Kyoto. Pas la
moindre statue de Bouddha n'était enchâssée, les
quatre murs étaient disjoints, et la toiture percée de
toutes parts. S'il neigeait, la neige s'accumulait sans jamais fondre.
Je restai là nuit et jour, sur une peau de bête, enveloppé
dans un manteau de paille. La nuit, il grêlait ou neigeait, il
y avait le tonnerre et la foudre. Même dans la journée,
le soleil se montrait à peine. C'était un lieu à
vous décourager de vivre. Dans votre
lettre officielle, vous déclarez également : "Je
révère l'aîné du temple Gokuraku-ji (Ryokan)
comme la réincarnation de l'Honoré
du monde." Or, à cela, je ne peux pas souscrire. En
voici la raison : si ce que dit le Sutra est vrai, le sage
Nichiren est l'envoyé du Bouddha qui atteignit la bodhéité dans le passé
infini, la manifestation provisoire (note) du bodhisattva Jogyo, le
Pratiquant de l'enseignement essentiel* du Sutra du Lotus, et le grand guide dans la cinquième
période de cinq cents ans après la disparition du
Bouddha. Voulant faire exécuter ce sage, le moine Ryokan a présenté une lettre de pétition aux autorités
demandant qu'il soit décapité, mais, pour une certaine
raison, la condamnation n'a pas été exécutée
et s'est changée en bannissement sur l'île lointaine de Sado. Cela ne serait-il pas une
nouvelle manigance du moine Ryokan ? Je joins à ma lettre
une copie de la pétition de ce moine. Même si moi, Nichiren,
j'ai pu endurer des attaques à coups de canne et de bâton,
de tuiles et de pierres, des calomnies et des persécutions des
autorités, comment des laïcs qui ont femme et enfants et
qui ignorent le bouddhisme pourraient-ils faire de même ? Il aurait parfois mieux valu pour eux qu'ils n'aient jamais eu foi dans
le Sutra du Lotus. S'ils ne parviennent pas à conserver
jusqu'au bout leur croyance, n'ayant
qu'une foi éphémère, ils deviendront un objet de
risée pour les autres. En pensant à cela, j'ai éprouvé
des regrets pour vous. Mais, aux moments où j'ai subi des persécutions
répétées, aussi bien que tout au long des deux
peines d'exil [voir Izu et Sado]
auxquelles j'ai été condamné, vous avez gardé
une foi inébranlable. En tant
que vassal, vous et votre famille avez une dette profonde à
l'égard de votre seigneur. De plus, il a montré à
votre égard une grande clémence en n'engageant aucune
action contre votre clan lorsque j'ai été exilé
à Sado et quand j'étais
haï par la nation entière. Beaucoup de mes disciples ont
vu leurs terres saisies par le gouvernement, et furent alors destitués,
ou chassés des terres de leurs seigneurs. Même s'il ne
vous manifeste plus désormais la moindre considération,
ne nourrissez pas de rancune envers votre seigneur. Il serait déraisonnable
d'attendre de lui une nouvelle faveur, simplement parce que vous êtes
peu disposé à vous rendre dans un nouveau fief. Les 82e, 83e et 84e souverains sous forme humaine,
nommément l'empereur retiré d'Oki [Go-Toba],
qui avait pris la tonsure, l'empereur retiré d'Awa [Tsuchimikado] et l'empereur
retiré de Sado [Juntoku],
ainsi que l'empereur régnant [Chukyo]
- demandèrent tous quatre au patriarche et administrateur des moines de l'école Tendai, Jien, ainsi qu'à plus de
quarante autres moines éminents, parmi lesquels l'omuro et les moines du Mii-dera, d'offrir
des prières pour vaincre Yoshitoki,
le "Général Taira". Mais, cette fois encore,
le principe de la flèche "se retournant contre celui qui
l'a lancée" fut vérifié, et ces quatre souverains
furent bannis sur les îles lointaines dont je viens de citer le
nom. Pour ce
qui est de mes enseignements, considérez ceux qui précèdent
mon exil sur l'île de Sado comme l'équivalent des enseignements
du Bouddha antérieurs au Sutra du Lotus. [Je pensais
alors que, ] si le souverain du pays s'était soucié de
gouverner de manière sage, il aurait organisé un débat
public entre les moines de l'école Shingon et moi, et que cela m'aurait donné l'occasion de révéler
le véritable enseignement de suprême importance. [Avant
mon exil] je n'ai rien révélé de cet enseignement,
même en secret, à mes disciples de peur que les moines
du Shingon, en ayant pris connaissance,
refusent de débattre avec moi. C'est pourquoi je ne vous ai pas
révélé cet enseignement à vous non plus. Mais dans
la nuit du douzième jour du neuvième mois de la huitième
année de Bun'ei [1271], j'ai failli être décapité à Tatsunokuchi.
Depuis lors, j'ai regretté de n'avoir encore révélé
la vérité à aucun de ceux qui me suivent. [Pour
cette raison, ] j'ai secrètement partagé cet enseignement
avec mes disciples sur l'île de Sado. Sur ces
entrefaites, un navire atteignit l'île de Sado le 18 février, apportant la nouvelle que des combats avaient
éclaté à Kamakura et même à Kyoto, causant des souffrances indescriptibles ! Rokuro Zaemon et ses hommes embarquèrent la nuit même sur
des bateaux rapides pour Kamakura.
Il vint me saluer avant son départ et me dit en joignant respectueusement
les mains : "Aidez-moi ! J'ai douté de l'exactitude
des paroles, o combien respectables, que vous avez prononcées
le 16 janvier au départ de Tsukahara, mais elles se sont vérifiées
en moins de trente jours. L'attaque des Mongols est à peu près
certaine, et il est non moins certain que les adeptes du Nembutsu sont promis à l'enfer avici.
Jamais plus je ne réciterai l'invocation du Nembutsu." Le 82ème
empereur Go-Toba abdiqua et devint
moine bouddhiste. De sa retraite, l’empereur Go-Toba captura et tua Ida Taro, le gouverneur de Kyoto le 15 mai 1222, premier
pas dans une tentative pour renverser le régime de Kamakura de Hojo Yoshitoki. Il mobilisa
alors des guerriers dans tout le pays en vue d’annihiler le régime
des Hojo par la force. Au contraire,
il fut battu et finalement exilé dans l’île d’Okinoshima.
De ses deux fils, l’empereur Juntoku fut envoyé à l’île de Sado, et l’autre,
le précédent empereur Tsuchimikado, fut exilé à Awa.
Et les sept subordonnés de Go-Toba furent tous décapités. Pourquoi Go-Toba a-t-il perdu la bataille d’une telle manière ? Comme
ancien empereur, Go-Toba aurait
dû être capable de détruire Hojo Yoshitoki, un officiel
de bas niveau, comme le faucon attrape un faisan, ou un chat capture un
rat, mais ce fut exactement le contraire. Il faut
parcourir mille ri en traversant
mer et forêts pour venir de Sado jusqu'à cette province. Vous êtes une femme, et vous avez
fermement maintenu votre foi dans le Sutra du Lotus ; au fil des ans, très souvent, votre mari est venu me voir de
votre part. Il est certain que le Sutra du Lotus, Shakyamuni, Taho et tous les autres bouddhas
des dix directions connaissent votre ferveur. Par exemple, bien
que la lune, dans le ciel, se trouve à une hauteur de quarante
mille yojana, sur la terre, à
la surface d'un étang, son reflet apparaît instantanément ; et le son du tambour à la Porte du Tonnerre (note) est immédiatement entendu à dix millions de ri de là.
Même si vous êtes restée à Sado,
votre cœur est venu dans cette province. [Vous dites
que] votre nouveau domaine est trois fois plus grand que [votre ancien
fief de] Tono'oka. Un homme de Sado habite en ce moment
ici [à Minobu] et connaît
parfaitement l'endroit. Selon lui, l'un des trois villages, Ikada, est de tout premier ordre. Les champs et les rizières n'y sont
pas très nombreux, mais d'un très grand rapport. Il dit
que les récoltes, dans deux domaines de cette région,
rapportent chaque année mille kan,
et dans le troisième, trois cents kan.
Voilà ce que j'ai appris sur vos terres. Toutefois,
au cours des vingt-sept dernières années, Nichiren fut
exilé dans la province d'Izu,
le douzième jour du cinquième mois de la première
année de Kosho (1261) ; il fut blessé au front, et
eut la main gauche cassée, le onzième jour du onzième
mois de la première année de Bun'ei (note). Il devait être
exécuté le douzième jour du neuvième mois
dans la huitième année de Bun'ei (1271) au lieu de quoi il fut exilé dans la province de Sado.
De plus, beaucoup de ses disciples furent assassinés ou blessés,
bannis ou écrasés d'impôts. Je ne sais pas si ces
épreuves égalent ou surpassent celles du Bouddha. Tout en
continuant ainsi à faire connaître mes enseignements, j'ai
été chassé d'un lieu à l'autre, contraint
d'aller d'un bout à l'autre du Japon comme un bout de bois flottant
sur la mer, à la merci du vent, ou comme une plume minuscule
s'élevant dans les airs, planant ici et là, tantôt
montant, tantôt descendant. A certains moments, j'ai été
battu, arrêté, blessé, ou exilé en terre
lointaine. Parfois mes disciples ont été tués,
parfois j'ai été moi-même banni. Puis, le 12e jour
du 9e mois de la huitième année de Bun'ei (1271), j'ai subi la colère du gouvernement, pour être
ensuite envoyé en exil dans une province du Nord, sur l'île
de Sado. Sans que
j'aie transgressé, si peu que ce soit, les lois séculières,
les autorités m'ont accusé en disant : "Ce moine est
allé jusqu'à prétendre que les défunts nyudo des temples Saimyo-ji et Gokuraku-ji [Hojo Tokiyori] sont tombés
en enfer. Il est pire qu'un traître." On était sur
le point de me décapiter au lieudit Tatsunokuchi,
à Kamakura, dans la province
de Sagami, mais, ensuite, il semble qu'on en ait décidé
autrement. Les autorités ont peut-être pensé : "Certes,
son crime est abominable, mais il pratique le Sutra du Lotus.
Si nous lui infligeons une mort brutale, qui sait quel désastre
pourrait se produire ? D'ailleurs, si nous l'abandonnons sur une
île lointaine, il mourra certainement d'une manière ou
d'une autre. Il est non seulement honni par le souverain, mais les gens
du peuple le détestent autant que s'il était l'ennemi
de leurs parents. Il sera probablement tué ou mourra de faim,
soit en route vers Sado, soit une
fois arrivé dans cette province." C'est de cette manière
qu'ils ont décidé de se débarrasser de moi. Le souverain Takahira* fit appeler Jien*,
administrateur des moines et Grand-patriarche de l'école Tendai,
ainsi que d'autres moines éminents des temples To-ji, Omuro [en fait, le temple Ninna-ji]
et d'autres - quarante et une personnes au total. Il fit dresser pour
eux, à la cour du palais impérial, un grand autel afin
qu'ils prient pour la victoire sur Yoshitoki [l'administrateur provisoire du secteur ouest de la capitale]. Mais,
au septième jour de leurs prières, qui se trouvait être
le 14e jour du 6e mois, la capitale fut envahie par les forces de Yoshitoki,
la famille impériale exilée dans la province d'Oki ou
sur l'île de Sado, et le Grand-patriarche et les moines du temple Omuro ainsi que de divers autres temples furent sévèrement punis,
certains allant jusqu'à mourir de désespoir. Le défunt Abutsu-bo était l'habitant
d'une île sauvage de la mer du Nord, au Japon. Mais craignant
pour sa vie future, il se fit moine et pria pour son bonheur dans la
vie prochaine. En me rencontrant, moi, Nichiren, exilé [sur l'île
de Sado], il adopta la pratique du Sutra du Lotus et, au printemps
dernier, il est devenu bouddha. Après avoir rencontré
le Dharma bouddhique, le renard du Mont Shita (note) n'éprouva plus aucun goût pour la vie et souhaita mourir.
Il renaquit par la suite sous la forme du dieu Taishaku.
De même, Abutsu Shonin se
lassa de vivre en cette époque impure et ainsi devint bouddha. Il y a
plus. Exilé à Sado,
enfoui sous les neiges de cette île de la mer septentrionale et
exposé aux vents violents venus des monts du nord, ma survie
même paraissait peu probable. Abandonné par des amis de
longue date, mes chances de revoir un jour mon pays natal semblaient
aussi faibles que la possibilité, pour un rocher si lourd que
mille bras ont peine à le soulever, de remonter à la surface
du fond de l'océan. N'étant
qu'un simple mortel, j'avais la nostalgie de mon village natal et de
ses habitants. Hachiman a juré de résider sur la tête de cent souverains (note).
Pourtant, il ne s'est manifesté sur celle d'aucun des cinq
souverains de notre pays, nommément le 81e empereur sous
forme humaine, Antoku, le 82e,
l'empereur retiré d'Oki [Go-Toba] ; le 83e, l'empereur retiré d'Awa [Tsuchimikado], le 84e,
l'empereur retiré de Sado [Juntoku] ; le 85e, l'empereur d'Higashi, Ichijo [Chukyo].
Il refusa de le faire parce que c'étaient des personnes à
l'esprit retors et faussé. Mais il prit résidence sur
la tête de Yoritomo et
de Yoshitoki qui n'étaient
pourtant que de simples serviteurs du trône. Cela, sans aucun
doute parce qu'ils étaient honnêtes. |
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