La
Persécution de Tatsunokuchi
Lettres
et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 1, p. 13; SG* p.197. |
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Je ne sais comment vous remercier de vos fréquentes lettres. Au moment de ma persécution, le douze du mois dernier [le 12 septembre 1271], non seulement vous m'avez accompagné jusqu'à Tatsunokuchi, mais vous vous êtes déclaré prêt à mourir à mes côtés. Cela m'a touché profondément ! Par le passé, en d'innombrables lieux, j'ai perdu la vie : pour mon épouse, pour mes enfants, pour mes terres ou pour mes proches. J'ai sacrifié ma vie dans les montagnes, en mer ou sur un fleuve, sur une plage ou au bord d'un chemin. Mais pas une seule fois je ne suis mort pour le Sutra du Lotus ni n'ai été persécuté pour avoir récité daimoku ; par conséquent aucune des fins que j'ai connues ne m'a permis d'obtenir l'Éveil. Puisque je ne parvins pas à la bodhéité, les mers et les fleuves où je péris ne pouvaient être Terre de Bouddha. Toutefois, en cette vie, c'est parce que je suis le Pratiquant du Sutra du Lotus que j'ai été exilé et que j'ai failli être mis à mort - exilé à Ito et presque décapité à Tatsunokuchi. Tatsunokuchi, dans la province de Sagami, est le lieu où Nichiren a donné sa vie. Parce qu'il est mort là-bas pour la cause du Sutra du Lotus, comment ce lieu pourrait-il être moins qu'une Terre de Bouddha ? Il est dit dans le Sutra : "Dans toutes les Terres de bouddha de l'univers, il n'y a qu'un seul Véhicule suprême." (réf.) Cela ne confirme-t-il pas mes propos ? Le Véhicule suprême unique est le Sutra du Lotus. Il n'y a pas d'enseignement véritable hormis le Sutra du Lotus dans toutes les Terres de bouddha de l'univers. Comme on peut le lire ailleurs dans le Sutra : "Les enseignements provisoires du Bouddha sont rejetés."(réf.) Si tel est le cas, tout lieu où Nichiren se trouve persécuté devient la Terre du Bouddha. Parmi tous les endroits du monde, c'est à Tatsunokuchi, à Katase, dans la province de Sagami, que demeure la vie de Nichiren. Parce que, là-bas, il abandonna sa vie pour la cause du Sutra du Lotus, on peut appeler Tatsunokuchi une Terre de bouddha. C'est le principe énoncé dans le chapitre Jinriki* (XXI) : "Dans un bois aussi bien que dans un jardin, en montagne comme dans une vallée ou dans un grand champ [...], les bouddhas entrent dans le nirvana." Vous m'avez accompagné, faisant voeu de donner votre vie en tant que pratiquant du Sutra du Lotus. Votre attitude surpasse de très loin le geste de Hong Yen qui s'ouvrit le ventre et y mit le foie de son seigneur mort, le duc Yi, pour lui épargner la honte et le déshonneur. Lorsque j'arriverai au Pic du Vautour, je proclamerai avant toute chose que Shijo Kingo, aussi bien que Nichiren, était résolu à mourir pour le Sutra du Lotus. Si j'en crois ce qui m'a été confié, il paraît que, sous peu, je serais exilé à Sado, sur ordre du Régent Hojo. Parmi les trois divinités célestes, la divinité Gatten (Lune), en prenant l'apparence d'un objet lumineux, me sauva de la décapitation à Tatsunokuchi. Puis, il y a quelques jours, la divinité des Etoiles est descendue à ma rencontre (note). Il ne reste plus maintenant que la divinité Nitten (Soleil). Je suis assuré de sa protection. Comme c'est rassurant ! Le chapitre Hosshi* (X) dit : "[Le Bouddha] enverra des divinités sous des formes diverses pour protéger le pratiquant du Sutra du Lotus." Cela ne laisse pas place au moindre doute. On lit dans le chapitre Anrakugyo* (XIV) : "Ni le sabre ni le bâton ne pourront lui nuire" et dans le chapitre Fumon : "Le sabre sera instantanément brisé en morceaux". Aucune de ces phrases du Sutra ne saurait être fausse. Une foi forte et inébranlable est la chose vitale. Avec mon
profond respect, Le vingt et unième jour du neuvième mois de l'année de Bun'ei (1271) ARRIÈRE-PLAN
— Le 21 septembre 1271, neuf jours seulement après la persécution
de Tatsunokuchi, Nichiren Daishonin écrivit cette lettre à
Shijo Kingo qui l'avait accompagné jusqu'au lieu de l'exécution,
prêt à mourir avec son maître. Nichiren Daishonin
avait cinquante ans à cette époque, et il était
détenu dans la résidence de Homma Rokuro Zaemon, à
Echi, au nord de Tatsunokuchi, tandis que le gouvernement réfléchissait
aux mesures à prendre à son sujet. C'est la première
lettre connue écrite après cette persécution. Nichiren
Daishonin exprime sa profonde admiration pour Shijo Kingo, qui avait
fait le voeu de mourir en martyr aux côtés de son maître.
A son plus fidèle disciple, Nichiren Daishonin révèle
partiellement sa véritable identité, comme il le fit aussi
plus tard dans « le Traité qui ouvre les yeux, adressé
également à Shijo Kingo. Ici, il écrit : «
Tatsunokuchi, dans la province de Sagami, est le lieu où Nichiren
a donné sa vie. Parce qu'il est mort là-bas pour la cause
du Sûtra du Lotus, comment ce lieu pourrait-il être moins
qu'une Terre de Bouddha
? » Pourquoi Nichiren Daishonin dit-il qu'il est mort, alors
qu'en fait il a survécu à la tentative d'exécution
? Le « Traité qui ouvre les yeux » revient
sur ce point en disant : « L'homme qui a pour nom Nichiren a été
décapité au milieu de la nuit, le douzième jour
du neuvième mois de l'année dernière (1271), mais
son esprit est parvenu sur l'île de Sado. » Cela ne veut
certainement pas dire que son âme a quitté son corps et
qu'il est physiquement mort. Nichiren Daishonin suggère simplement
que le simple mortel appelé Nichiren est mort à Tatsunokuchi,
et que l'homme qui atteignit l'île de Sado est le bouddha originel
chargé d'accomplir sa mission. En anglais : Persecution at Tatsunokuchi - http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=196&m=1&q=Tatsunokuchi |
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