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Extraits de gosho sur |
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réalité ultime / relative - vérité ultime |
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Goho : Véritable réalité de la vie Il n'y
a pas de différence entre un bouddha et un simple mortel. Dans
l'illusion, on est simple mortel, mais, une fois éveillé,
on est bouddha. Un miroir terni brillera comme un joyau si on le polit.
Un cœur maintenant assombri par les illusions nées de l'obscurité
fondamentale de la vie est comparable à un miroir terni mais,
si on le polit, il devient immanquablement un clair miroir qui reflète
l'Éveil à la vérité immuable. (note) Faites surgir une
foi profonde et polissez votre miroir sans relâche, jour et nuit.
Comment le polir ? Seulement en récitant Namu
Myoho Renge Kyo. Définissant l’Éveil, il est dit que se connaître
soi-même, c’est devenir bouddha. Se connaître soi-même,
c’est percevoir notre réalité de bouddha à
l’origine. L’intégralité des êtres, qu’ils
soient grillon, fourmi, moustique ou taon, tout être doté
de vie, est constitué des dix-huit
domaines : les six racines,
les six objets et les six
consciences. Ces êtres expriment l’union harmonieuse des cinq agrégats. Un commentaire
dit : “On appelle être*,
l’union harmonieuse des cinq agrégats”. Ces cinq agrégats relèvent en effet des douze liens
causaux. Même sans contempler sa pensée, lorsqu’on lit, comme je l’ai dit au début : shoi shoho nyoze so nyo (tous les dharmas sont ainsi, l’aspect de la réalité), l'Aisi (nyo), représentant le principe de la vacuité (kutai), notre aspect (so), notre nature (sho), notre entièreté (tai), notre énergie (riki), fruits de notre karma du passé, dotés des quatre vingt huit sbires des égarements de la vue et des quatre vingt un égarements de la pensée, par cette vacuité deviennent le Corps du Dharma* de l’Ainsi-Venu. Nous, simples
mortels, résidons tous dans l'océan des souffrances de
la vie et de la mort depuis le temps sans commencement. Mais maintenant
que nous sommes devenus pratiquants du Sutra du Lotus, nous
ne manquerons pas de devenir des bouddhas éveillés à
la réalité corps-esprit qui existe depuis le passé
sans commencement. Nous révélerons la nature immuable
inhérente en nous-mêmes, ainsi que la sagesse mystérieuse
nous permettant de prendre conscience du Dharma Merveilleux. Pour cette
raison, Zhiyi* déclare : "Après que l'Ainsi-Venu atteignît
l'Éveil, pendant quarante ans et plus, il ne révéla pas
la vérité. Avec le Sutra du Lotus, pour la première
fois, il révéla la vérité."(réf.) Autrement dit, pendant quarante ans et plus après la
venue de l'Ainsi-Venu en ce monde il ne révéla pas le véritable enseignement. Dans le Sutra du Lotus, il révéla
pour la première fois la Véritable voie qui conduit à l'atteinte de la bodhéité. Après être ainsi très clairement
revenu sur ses enseignements
antérieurs, il exprima sa véritable intention
en disant : "L'Honoré
du monde expose depuis longtemps ses doctrines, il est temps maintenant
qu'il révèle la vérité"(réf) et "Pendant longtemps le Tathagata a gardé le silence, il n'a pas enseigné immédiatement
la vérité essentielle."(réf.) Le joyau exauçant
les voeux, bien qu'unique, a le pouvoir de faire pleuvoir dix mille
trésors sans en omettre un seul. N'est-ce pas un exemple du rare
englobant le multiple ? Un proverbe populaire dit : "Un engendre
mille". Ne comprenez-vous pas le principe en jeu en pareil cas ? L'important est de savoir si un principe est conforme ou non au véritable
aspect de la réalité. Ne restez pas aveuglément
attaché à cette question du rare ou du nombreux ! A propos
de Myo, il est dit dans le Sutra du Lotus : Myo "ouvre
la porte des enseignements provisoires et révèle le véritable
aspect de la réalité."(réf.) Le Grand-maître* Guanding* dit dans ses commentaires : "Myo signifie révéler
les profondeurs de la resserre secrète."(réf.) Et à ce propos le
Grand-maître* Zhanlan* dit "révéler signifie ouvrir."(réf.) Par conséquent le caractère Myo signifie ouvrir. Certains ont encore avancé que, si une personne avait la capacité
d'atteindre l'Éveil en croyant au principe "les phénomènes
ont une existence réelle"*,
il fallait réfuter le principe "les phénomènes
sont sans substance"* et affirmer la supériorité de l'enseignement fondé
sur le principe que les phénomènes existent réellement (note). Les sutras,
aussi nombreux que les grains de sable du Gange*, prêchés
par le Bouddha pendant les quarante et quelques premières années
de son enseignement, appartiennent à une époque où
[comme l'a dit le Bouddha lui-même] il n'avait "pas encore
révélé la vérité."(réf.) Les huit années pendant lesquelles il enseigna le Sutra
du Lotus correspondent à la phrase : "... c'est après un long temps que le Dharma du Vénéré
du monde*
doit être par lui exposé en sa réalité." (réf.) Ainsi, le
bouddha Taho* surgit de la terre pour certifier :"Tout ce que
prêche le Vénéré du monde Shakyamuni est
authentique et réel."(réf.) La tour fermée symbolise l'enseignement
théorique* et la tour ouverte, l'enseignement
essentiel*.
Cela représente les deux principes d'objectivité (kyo)
et de subjectivité (chi) ou de réalité et de sagesse.
Cependant, tout ceci étant assez complexe, je n'entrerai pas
ici dans les détails. En bref, on peut dire que les trois
catégories d'auditeurs-shravakas de Shakyamuni n'atteignirent
l'Éveil qu'en entendant le Sutra
du Lotus et en percevant la Tour
aux Trésors dans leur propre coeur. Mais qu'entend-on par "la sagesse" de tous les bouddhas ? C'est le principe de shoho jisso [l'aspet réel est tous les phénomènes] que Shakyamuni
expliqua par les dix modalités (dix
nyoze) d'expression de la vie. En quoi consiste ce principe ? C'est Namu
Myoho Renge Kyo... Zhiyi* écrivit : "Le profond principe de jisso (aspect réel) est le Dharma primordial (atemporel) de Myoho Renge Kyo". La véritable
réalité manifestée dans tous les phénomènes
est représentée par les deux bouddhas Shakyamuni et Taho.
Taho représente tous les phénomènes et Shakyamuni,
l'aspect réel. Les deux bouddhas symbolisent également kyo [l'objet] et chi [le sujet]. Le bouddha Taho représente
l'objet et Shakyamuni, le sujet. Bien qu'ils soient deux, ils ne font
qu'un dans l'Éveil du Bouddha. Zhiyi* écrivit : "Comprenez bien que les interactions des êtres sensitifs et de
leur environnement manifestent toutes la loi de la simultanéité
de la cause et de l'effet."(réf.) "Les êtres sensitifs et leur environnement" désignent
ici la réalité de la vie et de la mort. La loi de simultanéité
de la cause et de l'effet est clairement en jeu dans tout ce qui vit
et meurt. Le Grand-maître* Saicho* déclara : "La naissance et la mort sont l'oeuvre mystérieuse
de l'essence de la vie. La réalité
ultime de la vie se trouve dans l'existence et la non-existence."
Aucun phénomène, ciel ou terre, Yin ou Yang, soleil ou lune, ni les cinq
planètes, ni aucune des conditions de vie, du monde-état
d'enfer au monde-état de bouddha, rien n'échappe
à la naissance et à la mort. Ainsi, la vie et la mort
de tous les phénomènes ne sont que les deux phases de
Myoho Renge Kyo. On
lit encore : "Quand il révéla finalement dans le Maka Shikan comment percevoir la véritable nature de
la vie, il utilisa l'expression "trois
mille mondes" pour la faire comprendre. C'est la vérité
ultime contenue dans ses enseignements. Voilà pourquoi Guanding* déclare dans son introduction : "Le Maka Shikan révèle l'enseignement que Zhiyi* lui-même pratiqua dans les profondeurs de son être. Il avait
de bonnes raisons pour parler ainsi. Je souhaite que ceux qui liront
le Maka Shikan, en essayant de le comprendre, ne laisseront
pas distraire leur esprit par d'autres influences." Tous les
êtres et leur environnement dans chacun des dix
mondes-états sont eux-mêmes la réalité
du Dharma Merveilleux. Question.
S'il en est ainsi, peut-on dire que tous les êtres
vivants sont, y compris nous-mêmes, simples mortels, des ainsités du Dharma Merveilleux dans son intégralité ? Réponse : Absolument. Il est dit dans le Sutra : "La réalité de tous les phénomènes consiste
en l'apparence (so), la nature (sho)... et leur cohérence* de 1'origine jusqu'à la fin."(réf.) On lit
dans le sixième volume du Sutra du Lotus : "Tout
ce qui concerne la vie ou le travail n'est en rien différent
de la réalité ultime (note)."
Commentant la signification sous-jacente de ces citations, Zhanlan* enseigna que, bien que profonds, les deux premiers sutras restent superficiels
comparés au Sutra du Lotus. Alors que ces sutras traitent
des affaires du monde en termes bouddhiques, le Sutra du Lotus explique que les affaires du monde sont en fin de compte le bouddhisme. Ni la Terre
pure, ni l'enfer n'existent en dehors de nous-même ; ils se
trouvent dans notre propre coeur. On appelle bouddha celui qui s'éveille
à cette vérité, celui qui l'ignore, simple mortel.
Le Sutra du Lotus nous éveille à cette réalité
et celui qui croit dans le Sutra du Lotus découvrira
que l'enfer même peut se changer en Terre
de Bouddha. le Sutra
du Lotus enseigne que nous sommes en réalité des
bouddhas dotés des trois propriétés illuminées. Autrement dit, il enseigne le principe suprême
d'ichinen sanzen. Ainsi,
vous devriez établir clairement la supériorité
du Sutra du Lotus sur tous les autres enseignements du Bouddha. Pourtant,
ce n'est pas moi Nichiren, qui fis ces trois déclarations importantes.
Ce fut plutôt, à chaque fois, l'esprit du Bouddha Shakyamuni
qui s'empara de moi pour me faire agir ainsi. Et, pour avoir personnellement
connu cette expérience, je suis transporté de joie. C'est là
le principe primordial d'ichinen
sanzen enseigné dans le Sutra du Lotus. Quelle est
la signification du passage du Sutra dans lequel il est dit
: "Les aspects de la réalité de tous les phénomènes sont l'apparence ? "(réf.) Parmi les dix modalités d'expression
de la vie, nyoze so [l'apparence] est la plus importante. C'est
pourquoi le Bouddha apparaît en ce monde. Les sages peuvent lire
les présages et ce qu'ils annoncent, comme les serpents connaissent
les moeurs des serpents." A la vue
de simples bateaux de pêche, qu'ils prirent pour des bateaux
de guerre mongols, ils furent paralysés par la peur. Une ou
deux fois par jour, ils montaient sur les collines pour scruter la
mer. Trois ou quatre fois au milieu de la nuit, ils sellaient et dessellaient
leurs chevaux. Ils ressentirent l'absolue réalité du
monde asura dans leur propre
vie. L'événement annoncé par des présages apparus
sous le règne du roi Zhao de la dynastie des Zhou, devint
une réalité au terme de mille et quinze longues années (note).
Et il ne fallut pas moins de vingt-deux mille ans pour que le rêve
du roi Kiriki se réalise.
Pourquoi donc s'étonner de ce que des présages annoncent
un événement plus de deux mille ans avant qu'il ne se
produise ? Souffrez
s'il faut souffrir, et goûtez pleinement la joie lorsqu'elle se
présente. Considérez la souffrance et la joie comme des
réalités inséparables de la vie et continuez à
réciter Namu
Myoho Renge Kyo, quoi qu'il arrive. Vous connaîtrez
alors la joie illimitée que procure le Dharma.
Fortifiez votre foi plus que jamais. On lit encore dans le même
texte : "Quand vint la nuit, le soleil continua à briller
de tout son éclat." Un tel événement est tout
à fait exceptionnel. La neuvième année de Konin
correspond au règne de l'empereur Saga.
Mais où, dans les annales des historiographes de la cour (note), de
la Gauche comme de la Droite, trouve-t-on mention de cet événement ? [Nulle part.] C'est une troisième raison de douter. Même si un tel phénomène
avait été noté, il serait difficile de croire à
sa réalité. Au cours des vingt kalpa écoulés depuis le kalpa
de formation, comme au cours des neuf kalpa du kalpa de continuité,
au total tout au long de vingt-neuf kalpa,
jamais tel prodige ne s'est produit. Le chapitre Hoben* (II),
dans le premier volume du Sutra du Lotus, dit : "La sagesse
de tous les bouddhas est infiniment profonde et incommensurable."(réf.) Zhiyi* commente : "Infiniment profonde indique la réalité
atteinte par le Bouddha, qui est aussi vaste que le lit large et insondable
d'une rivière. Parce que le fond de la rivière est infiniment
profond, les eaux de la sagesse du Bouddha sont incommensurables."(réf.) Le sutra
et son interprétation disent clairement que le chemin de l'Éveil
est contenu dans les deux éléments de la réalité (kyo) et de la sagesse (chi). La réalité désigne
l'aspect de tous les phénomènes de l'Univers, et la sagesse représente la manifestation parfaite
de cet aspect dans la vie de l'individu. Quand la réalité
est le lit d'une rivière infiniment large et profonde, les
eaux de la sagesse s'écoulent sans fin. l'Éveil est l'adéquation
de la sagesse et de la réalité (kyo chi myogo). Tous les
sutras exposés avant le Sutra du Lotus sont des enseignements
provisoires, qui ne peuvent conduire à l'Éveil parce qu'ils
séparent sagesse et réalité. A l'inverse, le Sutra du Lotus lie les deux. Comprenant que, dans l'illusion,
on est dans un rêve dont on s'éveille par la bodhéité, Sessen Doji décida
de s'éveiller de l'illusion d'un monde transitoire, et de rechercher
la réalité de la bodhéité. Il se retira
donc dans la montagne et s'absorba dans une méditation profonde,
balayant la poussière des illusions et se consacrant, de toutes
ses forces, à la recherche du Dharma bouddhique. Zhiyi* indique : "La vie à chaque instant est dotée
des dix mondes-états."(réf.) Guanding* affirme : "Le Bouddha considérait cette doctrine comme
la raison ultime [de sa venue en ce monde]. Comment pourrait-elle être
facile à comprendre ? "(réf.) Zhanlan* ajoute : "C'est la révélation ultime de la vérité
finale et suprême."(réf.) Il est dit dans le Sutra du Lotus : "[Et tout ce
que le Bouddha enseigne pour l'avoir compris] ne s'écarte en
rien de l'aspect réel."(réf. Zhiyi* interprète cela en disant : "Ce qui concerne le travail
et la vie quotidienne n'est en rien différent de la réalité
ultime."(réf.) Le sage n'est pas celui qui pratique le bouddhisme en dehors des règles
de la société mais plutôt celui qui, grâce
à une compréhension profonde du monde, connaît la
meilleure manière de s'y comporter. Toutefois, il n'y a
pas moins de cinq ou sept mille volumes de sutras. Puisqu'il s'agit
là des enseignements d'un seul bouddha, on pourrait penser qu'ils
ne constituent essentiellement qu'un seul sutra. Pourtant, le bouddhisme
se divise en huit écoles,
si l'on inclut Kegon et Shingon,
et en dix écoles, si l'on
inclut Jodo et Zen.
Même si ces écoles représentent diverses voies pour
y parvenir, je présume que, en définitive, elles devraient
exprimer une vérité unique. Le Sutra
définit ce principe par la phrase : "Tous les phénomènes
révèlent la véritable réalité"(réf.) (shoho jisso). Zhanlan* déclare : "L'aspect réel est immanquablement
présent dans tous les phénomènes ; dans tous les
phénomènes sont immanquablement en jeu les dix
modalités d'expression de la vie (nyoze). Ces dix modalités
opèrent immanquablement dans les dix
mondes-états et les dix
mondes-états caractérisent immanquablement à
la fois le sujet et son environnement."(réf.) Zhiyi* déclare : "Le principe profond de l'"aspect réel"
est le Dharma originel de Myoho Renge Kyo." Le Grand-maître* Saicho* écrivit : "La réalité d'ichinen
sanzen est le Bouddha qui a obtenu l'Éveil par lui-même et ce Bouddha n'est doté d'aucun attribut
extraordinaire."(réf.) Par conséquent, ce Gohonzon est le mandala suprême
sans précédent, car pendant plus de deux mille deux cent
vingt ans après la mort du Bouddha, il ne fut jamais révélé. Continuer
[comme vous le faites] à servir votre seigneur, cela équivaut
à pratiquer le Sutra du Lotus jour et nuit. C'est d'une
grande sagesse ! Considérez le service de votre seigneur
comme la pratique du Sutra du Lotus. C'est précisément
ce qui est dit dans le Hokke Gengi : "Rien de ce qui concerne la vie quotidienne ou le travail n'est
si peu que ce soit différent de la réalité
ultime." (note) Quant au point douteux selon lequel le bouddha Amida est l’objet de vénération lorsqu'on on pratique les quatre niveaux de méditation d’après le Maka Shikan, c’est parce que le
bouddha Amida est regardé
comme l’objet de vénération seulement quand on pratique
la joza-sanmai", "la méditation
active continuelle pendant une période de 90 jours", pendant
laquelle le pratiquant marche autour de la statue du bouddha Amida en invocant son nom (nembutsu)
et en se le remémorant (jogyo-sanmai),
et "la méditation sur la réalité" (higyo-hiza-sanmai)
dans une posture non spécifiée pour une période de
temps non spécifiée. Ce sont trois des quatre niveaux de méditation concentrée (samadhi) de l’école Tendai. Nous aussi,
dans notre ignorance et notre bassesse, sommes comparables à
l'oeuf, mais lorsque nous sommes nourris par la récitation
de Namu Myoho Renge Kyo, nous
développons le bec des trente-deux
traits et les plumes des quatre-vingt caractéristiques
du Bouddha qui nous permettent de nous élancer librement dans
le ciel de la réalité
ultime. Tous les être humains sont prisonniers de la coquille
de l'ignorance, et privés
du bec de la sagesse, dit le Sutra
du Nirvana. Le Bouddha revient en ce monde comme une mère-oiseau
retourne à son nid pour briser cette coquille et pour que tous
les hommes, comme des oisillons, puissent prendre leur envol dans
le vaste ciel de l'Éveil. Qu'allez-vous
pouvoir faire dans la situation présente ? Vous pensiez
sûrement que vous auriez, à l'avenir, deux fils sur qui
compter. Et pourtant, le 5e jour du 9e mois de cette année, le
plus jeune de vos fils a disparu, comme la lune cachée par les
nuages, comme une fleur emportée par le vent. Vous vous êtes
sans doute demandé si c'était un rêve ou une réalité,
et vous avez souffert de voir ce rêve durer ; puis vous avez peut-être
pressenti que ce rêve était réalité, et quarante-neuf
jours déjà se sont écoulés. Et si c'est
bel et bien la réalité, comment allez-vous pouvoir la
supporter ? La fleur pleinement épanouie reste attachée
à l'arbre, et le bouton sur le point d'éclore est tombé,
fané. La mère âgée est restée et le
jeune fils est parti. Comme est impitoyable l'impermanence de ce monde ! Ce commentaire
de Saicho* souligne essentiellement que, même lorsque certains parlent d'atteinte
de la bodhéité sans changer d'apparence, s'ils ne donnent
pas d'exemples de personnes y étant réellement parvenues,
il ne faut pas suivre leurs principes. Il est évident que, tant
que l'on ne s'appuie pas sur le Sutra de la vérité unique,
pur et parfait, il ne peut y avoir d'atteinte de la bodhéité
sans changer d'apparence. Et dans les écrits du Shingon tels que les sutras Vairocana* et Kongocho*, nulle part on ne trouve mention d'une telle personne. Il
est écrit dans le chapitre des Moyens salvifiques : "La véritable réalité de chaque chose réside
dans les dix modalités d'expression
de la vie" (nyoze)", et plus loin, un autre autre passage : "Tous les bouddhas et les Vénérables sont venus dans
ce monde parce qu’ils voulaient faire connaître la sagesse
du Bouddha à tous les êtres vivants." Ceci est
l'enseignement théorique* d'ichinen sanzen selon lequel homme ordinaire (bompu) du niveau le plus bas possède, dans
son cœur, la graine pour devenir un Bouddha. La seconde
sorte de textes doit être cherchée dans le chapitre sur
la Longévité de la Vie de l’Ainsi-Venu, là
où il dit : "Mais, hommes de foi sincère, vraiment
il y a toute une éternité qui s’est écoulée
depuis que je suis devenu Bouddha, etc." |
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voir : vérité ; aspect réel des phénomènes et ainsité | |||
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