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Extraits de gosho sur |
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trois preuves |
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Sur quel sutra
vous appuyez-vous ? J'aimerais savoir quels passages vous servent
de preuves." L'hôte répondit : "On pourrait citer de multiples passages
et offrir quantité de preuves. Ainsi, on peut lire dans le Sutra Konkomyo* : " [Les quatre Rois du Ciel dirent au Bouddha : ] Ce sutra existe bien dans le pays, mais les gouvernants
n'ont jamais autorisé sa propagation. Leur coeur s'en détourne,
et ils ne prennent aucun plaisir à entendre ses enseignements.
Ils ne le servent pas, ne le respectent pas, ne l'admirent pas. Ils
n'ont pas non plus l'intention d'accorder leur respect ou un soutien
matériel aux quatre
sortes de bouddhistes qui adhèrent au sutra. Zhiyi* a établi : "Ce qui est profond et en accord avec les
sutras, il faut le croire et le mettre en pratique, mais n'accordez
aucune foi à ce qui n'offre ni preuve littérale ni preuve
théorique."(réf.) Et il dit aussi : "Toute affirmation qui n'est pas fondée
sur une preuve littérale doit être dénoncée
comme fausse."(réf.) Comment interprétez-vous semblables déclarations ? L'ignorant
regarda le croyant laïque avec perplexité et lui dit : "La preuve littérale et la preuve
concrète confirment bien vos dires. Mais, dans ce cas, quelle sorte
d'enseignement bouddhique faut-il pratiquer pour se libérer des
souffrances de la naissance et de la mort, et pour rapidement parvenir
à la bodhéité ? C'est une question qui concerne toutes les femmes
et qu'elles ne manquent jamais de poser. Par le passé également,
beaucoup se sont intéressés à ce problème
particulier aux femmes. Mais parce que les enseignements sacrés
exposés par le Bouddha de son vivant ne mentionnent rien à
cet égard, personne n'a jamais pu fonder sa réponse sur
des preuves écrites. Dans l'étude que j'ai faite moi-même
des enseignements sacrés, j'ai bien trouvé certaines interdictions
explicites concernant la consommation d'alcool, de viande ou des cinq
mets épicés, et certains actes sexuels, considérés
comme impurs à certaines dates spécifiques du mois, mais
je n'ai jamais trouvé aucun passage des sutras ou des traités
faisant état de restrictions liées à la menstruation. Comme cette affirmation
éveillait mes doutes, j'ai fait des recherches dans les sutras.
J'ai découvert que même si l'on trouve [dans les sutras
du Shingon] les termes "atteindre la bodheité sans
changer d'apparence" (sokushin jobutsu) aucun exemple de personne
y étant parvenue n'en apportait la preuve. Et même si c'était
le cas, puisque ce principe est également enseigné dans
le Sutra du Lotus, il n'est pas juste de dire "ce principe
fait défaut à tous les autres sutras et n'est nulle part
ailleurs mentionné". C'est une grossière erreur. Mais, ensuite, nous sommes entrés dans l'époque
des Derniers
jours du Dharma.
C'est à ce moment-là qu'est apparu un homme plus sage
que les maîtres ou les fondateurs de doctrine en qui on avait
eu confiance jusqu'alors. Il a commencé à mettre en doute
les principes enseignés par ces maîtres et à les
réfuter point par point, soulignant qu'ils s'écartaient
des sutras sur lesquels s'appuyaient leurs écoles, ou clarifiant,
à la seule lumière des divers sutras, le fait que, en
exposant leurs enseignements, ils n'avaient su distinguer ni l'ordre
dans lequel le Bouddha les avait exposés de son vivant, ni leur
degré relatif de profondeur ou de superficialité. Ainsi
attaqués, les tenants de ces doctrines ont été
incapables de protéger les enseignements erronés de leurs
écoles, et n'ont su que répondre. Certains, dans leur
doute, ont déclaré que les fondateurs de leur doctrine
et les maîtres qu'ils suivaient avaient dû connaître
les preuves littérales, dans les sutras ou les traités,
qui fondaient leurs principes, mais qu'eux-mêmes, ne possédant
pas la même sagesse, ne pouvaient pas donner les bonnes réponses.
D'autres, également dans le doute, dirent que leurs maîtres
avaient été de grands sages des temps anciens, mais qu'ils
n'étaient eux-mêmes que des ignorants de l'époque
des Derniers
jours du Dharma.
Ainsi, ils ont convaincu des personnes vertueuses ou de position élevée
de s'allier avec eux, et [s'opposant à celui qui met en doute
leurs croyances] ils n'éprouvent que haine et jalousie [à
l'égard du Pratiquant du Sutra
du Lotus]. Et, preuve que nous vivons bien dans une époque de chaos et de
confusion, sans me permettre de m'exprimer dans un débat public, on m'envoie en exil, et ma vie même
se trouve menacée. Question - En examinant les preuves théorique et littérale que vous
venez d'apporter, je vois bien que, tant qu'il y aura un soleil et une
lune dans le ciel, des plantes et des arbres sur la terre, des jours succédant
aux nuits dans notre pays, tant que la terre ne sera pas sens dessus dessous
et que les marées de l'océan connaîtront flux et reflux,
il ne fait aucun doute que ceux qui ont foi dans le Sutra du Lotus verront leurs prières se réaliser en ce monde, et qu'ils
bénéficieront de conditions favorables dans leurs existences
futures. Dans
le Sutra Amida, il
est dit que les bouddhas recouvrirent de leur langue un système
de mondes majeur, mais c'est une simple affirmation qui ne recouvre
aucune vérité. Le Sutra
Hannya* rapporte que, lorsqu'il exposa ce sutra, la langue du Bouddha
recouvrit un système de mondes majeur en irradiant une lumière
infinie. Cela n'est pourtant pas comparable à la preuve donnée
dans le chapitre Jinriki* (XXI). Parce que ces deux sutras ne sont
que des enseignements préparatoires,
ils ne révélèrent pas la bodhéité
atemporelle du Bouddha. Les pensées du Bouddha sont difficiles à sonder. En vérité,
je suis moi-même encore incapable de le faire. Toutefois, nous pouvons
essayer de comprendre, en partant du bouddhisme hinayana.
Pendant les mille ans de l'époque du Dharma
correct, le Hinayana était
parfaitement doté des trois éléments, enseignement,
pratique et preuve. Dans les mille ans du Dharma
formel qui suivirent, seuls l'enseignement et la pratique demeurèrent,
mais il n'y eut plus aucune preuve. Maintenant, à l'époque
des Derniers jours du Dharma,
l'enseignement demeure, mais il n'y a ni pratique ni preuve. Examinons
cela du point de vue du Sutra du Lotus : dans les mille ans du Dharma correct, les personnes qui possédaient
ces trois éléments (enseignement, pratique et preuve) avaient
probablement créé un lien par leur foi avec le Sutra
du Lotus, du vivant du Bouddha. Une preuve
supplémentaire qu'obscurité et Éveil constituent fondamentalement
une réalité unique se trouve dans le passage du Sutra
du Lotus : "Tous ces phénomènes sont des
aspects d'un Dharma immuable, et toutes les caractéristiques du
monde sont éternelles."(réf.) Il est dit dans le Daichido Ron* : "l'Éveil et l'obscurité ne sont pas deux
choses différentes, deux réalités distinctes. Comprendre
cela, c'est ce que l'on appelle la Voie
du milieu." Ceux
dont les capacités de compréhension du Sutra du Lotus étaient parfaites et mures atteignirent la bodhéité
du vivant de Shakyamuni, mais ceux dont les capacités étaient
médiocres et limitées furent incapables de parvenir à
l'Éveil à l'époque du Dharma
correct et réapparurent à l'époque du Dharma
formel où en pratiquant des enseignements
du Mahayana provisoire* tels que les sutras Vimalakirti, Shiyaku, Kammuryoju, Ninno* et Hannya*,
ils purent obtenir les mêmes preuves que les personnes de capacités
supérieures parvenues à l'Éveil du vivant de Shakyamuni. Ou bien ils seront détruits par des envahisseurs étrangers
comme le roi Udayana qui ne crut
pas le moine Pindolabharadvaja, ou encore le roi Krita qui persécuta les moines bouddhistes en Inde. En ce qui concerne
les autres personnes, il n'y a aucune doute que pour leur dénigrement
du Vrai Dharma elles vont souffrir de graves maladies, comme la lèpre
blanche ou la lèpre noire. Si cette preuve concrète n'apparaît
pas, alors je ne suis pas le pratiquant du Sutra du Lotus et
c'est moi qui vais, dès cette vie, contracter ces maladies et tomber
dans l'enfer avici,
comme le firent Devadatta et Kokalika. Ici, le palais du shogun vient
juste de brûler, preuve que la bonne fortune du Japon est presque
épuisée. De plus, dans ce pays, des moines farouchement opposés au Dharma prient
avec ferveur pour vaincre Nichiren, et c'est peut-être pourquoi
les désastres frappent de plus en plus fréquemment. Les dix
titres honorables sont dix épithètes honorifiques
attribués au Bouddha. Zhanlan* dit que les bienfaits obtenus en faisant des offrandes au Pratiquant
du Sutra du Lotus à l'époque des Derniers
jours du Dharma sont plus grands que ceux qui découlent des offrandes à
un bouddha doté des dix titres honorables. C'est l'un des vingt
points (note) cités par le Grand-maître* Zhanlan* comme preuve de la supériorité du Sutra du Lotus sur
tous les autres sutras. Ce traité comporte sept feuilles et de nombreux passages qu'il
semble impossible d'attribuer à Nagarjuna.
C'est pourquoi, dans les catalogues des textes bouddhiques, cet ouvrage
est attribué tantôt à Nagarjuna,
tantot à Amoghavajra*.
L'auteur n'en a jamais été précisément déterminé.
De plus, ce traité ne prend pas en compte tous les enseignements
de Shakyamuni et il comprend de nombreuses affirmations inexactes. A
commencer par la phrase qui prétend que : "Seul l'enseignement
du Shingon peut conduire à
la bodhéité." C'est une erreur, puisque cela nie
la possibilité d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence grâce aux enseignements du Sutra
du Lotus, un fait largement établi par les preuves scripturales aussi bien que par des événements concrets. (note) Et cela implique qu'il est impossible d'atteindre
la bodhéité sans changer d'apparence grâce aux
enseignements du Shingon, sans
la moindre preuve littérale ou preuve actuelle pour soutenir
cette assertion. Le mot "seul" dans l'affirmation que seul
l'enseignement du Shingon peut
conduire à la bodhéité est de toutes l'erreur
la plus grave. Pour
établir la valeur relative des doctrines bouddhiques, moi, Nichiren,
je suis convaincu qu'il n'y a pas de meilleurs critères que la
raison et la preuve donnée par les textes. Plus décisive
encore que les preuves littérale et théorique, est la preuve concrète. "Selon les enseignements de Fayun,
le Sutra Kegon* mérite la première place, le Sutra
du Nirvana, la deuxième, et le Sutra du Lotus,
la troisième. Dans quel sutra en trouve-t-on la preuve ? Je vous en prie, citez un passage où cela apparaisse de manière
claire et certaine ! " [Pris de court, ] les autres moines baissèrent
la tête et blêmirent, incapables de répondre un seul
mot. Le démon poussera les gens à le respecter, à
lui faire des offrandes et
à le considérer comme un moine authentique. Par exemple,
si un moine est respecté par le souverain, le peuple lui apportera
des offrandes. A l'inverse, si un moine pratique le Sutra du Lotus,
il sera persécuté par le souverain et les autres. Mais
si le souverain et le peuple considèrent un moine comme leur
ennemi, c'est la preuve qu'il pratique le Dharma
correct. Les textes
des écoles Zen, Shingon et des autres viennent au deuxième ou troisième plan, et
ceux de l'école Shingon,
en réalité, ne méritent guère mieux que le
septième rang ! On n'a pas la moindre preuve de leur efficacité
et pourtant, au Japon, ce sont sur ces doctrines de deuxième, troisième
ou même septième catégorie que sont fondées
prières et objurgations. Question : Je n'ai jamais entendu dire chose pareille. Cela me stupéfie
et j'ai du mal en croire mes oreilles. En citant clairement des passages
en guise de preuve littérale, auriez-vous l'obligeance d'expliquer
cela plus en détail ? Réponse : Il est dit dans le Sutra : "De
telles personnes n'ont pas besoin d'élever pour moi des stupas et des temples, de construire des monastères ni de faire les quatre sortes d'offrandes au Sangha" (réf.) . Ce passage du Sutra rend tout à fait clair que les
pratiquants qui éprouvent pour la première fois le désir
d'atteindre l'Éveil sont dispensés du don d'aumônes,
de l'observance des préceptes et du reste des cinq paramitas. Quel enseignement
dispense ce Sutra du Lotus du Dharma Merveilleux ? Tout
d'abord, dans le premier volume, le chapitre Hoben* (II) enseigne que les bodhisattvas,
les personnes des deux véhicules et les simples mortels ont tous la possibilité de devenir bouddha.
Mais aucune preuve n'en est encore donnée. C'est comme un invité
que l'on rencontre pour la première fois. Il a belle apparence,
il semble sincère et il n'y a aucune raison de se méfier
de lui. Mais si personne ne l'a jamais vu auparavant, et si rien ne
prouve la véracité de ses dires, on aura quelque difficulté
à le croire sur parole. Par contre, s'il y a de multiples preuves de la justesse de ses propos, on accordera également crédit
à tout ce qu'il pourra dire par la suite. L’école Shingon, non seulement s’est
éloignée de la vérité, mais leurs [ses] voix
ont été extrêmement injustes. Ils ont caché
profondément leurs racines, de sorte que ceux qui ont une intelligence
superficielle ne pouvaient pas les distinguer. Ils ont trompé les
gens pendant longtemps. Tout d’abord, il n’y a pas d’école Shingon en Inde, mais l’école Shingon du Japon prétend
qu’il y en a une dans ce pays. Où est la preuve ? Le Sutra Vairocana*, qui
est le sutra cardinal pour l’école Shingon,
est venu de l’extérieur ici au Japon. En comparaison avec
le Sutra Vairocana*, le Sutra du Lotus l’emporte sur le Sutra Vairocana* sur
sept points. Comme les preuves se trouvent dans les deux sutras, je ne
vais pas en faire un commentaire. L’école Shingon prétend que le Sutra Vairocana* est
supérieur au Sutra du Lotus par deux ou trois facteurs.
Cependant c’est une idée absurde et erronée. Car en réalité, Hachiman n'est autre que le
Bouddha Shakyamuni. Si je l'affirme, c'est que, dans la province d'Osumi,
une inscription sur une pierre l'indique (note). Cette pierre est maintenant
cassée en deux. Sur l'un des deux morceaux, on lit les deux caractères
Hachi Man. Et sur l'autre : "Autrefois, j'ai enseigné
le Sutra du Lotus au Pic
du Vautour et maintenant je suis le grand bodhisattva qui se manifeste
et réside dans ce sanctuaire." C'est une première
preuve que le bodhisattva Hachiman est bien le Bouddha Shakyamuni. Mais il
existe une autre preuve, encore plus concluante. Le père du grand
bodhisattva Hachiman fut l'empereur
Chuai, 14e souverain du Japon sous forme humaine ; et sa mère
fut l'impératrice Jingu, 15e souverain. Le 16e souverain, leur
fils Ojin, fut celui que nous appelons maintenant le grand bodhisattva Hachiman. Question - Si vous contestez la fiabilité d'un traducteur, ne devriez-vous
pas douter aussi de Kumarajiva,
le traducteur du Sutra du Lotus ? Réponse
- Pour ce qui est
de Kumarajiva, il y a une
preuve concrète [démontrant la justesse de sa traduction],
mais aucune preuve de ce genre n'existe dans le cas d'Amoghavajra*. Question - Puis-je vous demander à quelle preuve vous faites allusion ?Réponse
- Le fait que la langue
de Kumarajiva n'ait pas brûlé.
Vous devriez vous renseigner à ce sujet plus en détail. L'école Zen viole aujourd'hui les cinq
points d'ethique d'humanité : la bienveillance, la droiture,
la bienséance, la sagesse et la foi. Honorer le sage et la vertu, respecter les aînés et protéger la
jeunesse sont universellement reconnus comme des preuves d'un comportement
humain, dans le domaine bouddhique aussi bien que dans la société.
Mais les moines Zen, qui ne sont
qu'une racaille inculte, n'ont même pas assez d'intelligence
pour distinguer le noir du blanc. Ils arborent maintenant de somptueuses
robes de moines et sont devenus d'une telle arrogance qu'ils dénigrent
les savants-maîtres* et vertueux des écoles Tendai et Shingon. Question : Je comprends maintenant clairement que, après la mort du Bouddha,
la doctrine à enseigner fut confiée, aux disciples
de l’Enseignement Originel (honmon) et à ceux de l’Enseignement
transitoire (shakumon), conformément aux trois
périodes du Dharma correct,
du Dharma formel et des Derniers
jours du Dharma.
Mais je ne vois pas encore clairement sur quelle écriture est
fondée votre déclaration, selon laquelle seule la doctrine
contenue dans le chapitre Longévité de la Vie peut sauver
les êtres vivants de cet âge impur et mauvais des Derniers
jours du Dharma. Je voudrais bien entendre ces preuves
scripturaires. Réponse : Vous faites votre demande avec tant d’insistance que je vais
répondre à votre question. Mais rappelez vous que, une
fois que vous aurez écouté la réponse, vous devrez
croire fermement. Il est dit, dans le chapitre sur la Longévité
de la Vie : "J’ai préparé ce bon médicament,
et je vais vous le laisser : prenez-le et buvez-le, et croyez fermement
que cela va vous guérir". C'est pourquoi
bien qu'ils aient avancé quantité d' arguments habiles, Shubhakarasimha*, Xuanzang, Kukai*, Ennin*, Enchin et les autres ne purent
trouver le moindre passage prouvant la supériorité du Sutra Vairocana* sur
le Sutra du Lotus. Toute leur argumentation repose seulement
sur la présence ou non, dans un sutra, des mudra et des mantra dharani*.
Plutôt que de développer leurs théories en cent
volumes, de faire d'incessants aller et retours entre la Chine et le
Japon, de fomenter d'innombrables intrigues et d'appuyer leur opinion
sur l'autorité de décrets impériaux, ils auraient
mieux fait de produire un passage clair, une preuve littérale irréfutable, tirée des sutras eux-mêmes. Qui aurait
pu alors douter de leurs affirmations ? La preuve du Sutra du Lotus (Minobu, 28 février 1282 à Nanjo Tokimitsu) |
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