Pour avoir tué la nonne Utpalavarna,
Devadatta suffoqua interminablement
dans les flammes de l'enfer avici.
Ces exemples du passé sont parfaitement clairs, et, aux époques
qui suivent, c'est l'offense qu'il
faut redouter plus que tout.
Rissho Ankoku ron (Kamakura-Matsubagayatsu,
juillet 1260)
Cependant,
même à une époque où l'avidité, l'arrogance l'ignorance et les vues erronées des hommes n'étaient pas
encore répandues, un groupe de brahmanes
de l'"École de la tige de bambou" assassinèrent le vénérable
Maudgalyayana, connu pour
sa maîtrise des pouvoirs occultes ; et le roi Ajatashatru,
en lâchant contre lui un éléphant furieux, menaça
la vie du seul homme dans le monde des trois
plans véritablement digne d'être honoré. Devadatta
tua la nonne Utpalavarna qui
était parvenue à l'état d'arhat ; et le vénérable Kokalika
répandit de faux bruits sur Shariputra,
connu pour sa sagesse sans pareille. Cela fut encore bien pis lorsque
les cinq impuretés se
répandirent de plus en plus dans le monde ! Et maintenant,
à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
la haine et la jalousie seront encore plus terribles à l'encontre
de ceux qui croient, si peu que ce soit, au Sutra du Lotus.
Les quatre sortes
de reconnaissance (Izu,
le 16 janvier 1262 à Kudo Yoshitaka)
Si une pratiquante du Sutra du Lotus, en rétribution
de sa jalousie, de son mauvais caractère ou de son avidité,
tombait un jour dans les voies mauvaises,
le Bouddha Shakyamuni, le bouddha Taho
et les bouddhas des dix directions
seraient instantanément coupables d'avoir brisé le serment,
qu'ils respectent depuis d'innombrables kalpas
majeurs, de ne jamais proférer un seul mensonge. Leur crime
serait encore plus grand que les incroyables inventions et tromperies
de Devadatta ou les mensonges
éhontés de Kokalika.
Sur
la récitation des chapitres Hoben et Juryo
(Kamakura - 1264, à la femme de Hiki Daigaku Saburo Yoshimoto)
Même en ayant commis les cinq
forfaits, les dix
mauvaises actions, ou d'innombrables autres méfaits, certaines
personnes peuvent atteindre la bodhéité si elles ont des
capacités supérieures. Devadatta
et Angulimala en sont l'exemple.
Et même des personnes de capacités médiocres peuvent
parvenir à l'Éveil si elles
s'abstiennent de commettre toute faute.
Encouragements
à une personne malade (décembre
1264, à Nanjo Hyoe Shichiro)
Cela indique
que, s'ils entendent ce Sutra, tous les êtres dans les
dix mondes-états, en même
temps que leur environnement, entreront dans la Voie du Bouddha. Ainsi,
le Sutra prédit que Devadatta,
bien qu'il ait commis les cinq forfaits,
deviendra à l'avenir un bouddha appelé "Roi céleste",
et relate la manière dont la fille
du Roi-Dragon, bien que femme, prisonnière des cinq
entraves et considérée comme incapable de parvenir à
la bodhéité, obtint immédiatement l'Éveil dans un
royaume du Sud.
[...] Bien que nés dans le monde impur des Derniers
jours du Dharma,
nous n'avons commis aucune des cinq
ou des trois forfaits, comme le fit Devadatta.
Et pourtant, il a été prédit que même Devadatta
deviendrait le Tathagata Roi-céleste.
Il devrait être encore beaucoup plus facile, pour des personnes
comme nous, qui n'avons commis aucun crime, d'atteindre la bodhéité ! [...] Même si les nuages des cinq
forfaits planent lourdement au-dessus de ma tête, j'essaierai
de suivre l'exemple de Devadatta
qui atteignit quand même la bodhéité.
Conversation
entre un sage et un ignorant (1265 ? à un samouraï ? )
Le moine Sunakshatra
observait les deux cent cinquante
préceptes, maîtrisait les quatre
niveaux de méditation, avait mémorisé les douze
procédés de sutra ; et Devadatta
connaissait parfaitement les 60 000 enseignements non bouddhiques, les
80000 enseignements bouddhiques et pouvait manifester 18 pouvoirs
surnaturels. Mais parce qu'ils avaient des connaissances et pas la
foi, on dit qu'ils sont maintenant dans la grande citadelle de l'enfer
avici.
[...] Devadatta
était le fils aîné du roi Dronodana
et le neveu du roi Shuddhodana.
Il était ainsi le cousin du Bouddha Shakyamuni et également
le frère aîné du vénérable Ananda.
Sa position dans le Jambudvipa
n'était donc en rien celle d'une personne de basse condition. Il
devint disciple du moine Sudaya
et entra dans la vie religieuse. Du vénérable Ananda
il apprit la maîtrise des dix-huit pouvoirs
surnaturels et il mémorisa les 60.000 enseignements non bouddhiques
et les 80.000 enseignements bouddhiques. Il observait cinq pratiques (note)
et paraissait presque plus saint que le Bouddha lui-même. Désireux
de prendre la place du Bouddha, il eut l'audace de commettre le crime
de perturber le Sangha en fondant son propre sanctuaire sur le Mont Gayashirsha
et en invitant les disciples du Bouddha à l'y rejoindre. Il confia
au prince héritier Ajatashatru : "J'ai l'intention de tuer le Bouddha et de devenir le nouveau bouddha.
Vous devriez tuer votre père le roi Bimbisara
et régner à sa place ! "
Lorsque le prince héritier Ajatashatru
eut bel et bien tué son père, Devadatta
guetta les déplacements du Bouddha et avec une grosse pierre réussit
à le blesser et à faire couler son sang. De plus, il battit
à mort la nonne Utpalavarna
qui était parvenue au stade d'arhat.
Il commit ainsi trois des cinq forfaits.
De plus, avec Kokalika
comme disciple et le roi Ajatashatru
comme protecteur, Devadatta commença
à attirer des disciples de partout, jusqu'à ce que, des
cinq régions de l'Inde,
de ses seize grands royaumes et de ses cinq cents principautés
de taille moyenne, toute personne coupable d'une, de deux, ou de trois
des cinq forfaits, sans exception,
soit venue rejoindre sa communauté. Tous accoururent auprès
de lui comme de multiples rivières se jettent dans le vaste océan,
ou comme quantité de plantes et d'arbres prolifèrent sur
une grande montagne. De même que les sages se rassemblaient autour
de Shariputra, et ceux qui recherchaient
les pouvoirs occultes, autour de Maudgalyayana,
les personnes aux tendances mauvaises s'allièrent avec Devadatta.
Cela eut pour résultat que la terre immense, épaisse de
168.000 yojana et reposant sur un
cercle de vent aussi dur qu'un diamant,
s'ouvrit néanmoins, et que Devadatta
tomba vivant dans la grande citadelle des
souffrances incessantes. Son principal disciple, Kokalika,
tomba également vivant en enfer, tout comme la femme brahmane Chinchamanavika,
le roi Virudhaka et le moine
Sunakshatra. [...] Tous les
êtres d'un système de mondes
majeur et de l'univers entier furent informés de leur sort
et s'accordèrent pour dire que, même s'il s'écoulait
autant de kalpa qu'il y a de grains
de poussière sur la terre, Devadatta
et ceux qui l'accompagnaient ne seraient jamais délivrés
de l'enfer avici ; que, même
s'il ne restait plus rien de la pierre dont l'usure complète indique
la durée d'un kalpa, ils continueraient
à souffrir dans la grande citadelle de l'enfer avici.
Comme sont donc stupéfiantes,
dans le chapitre Daibadatta* (XII)
du Sutra du Lotus, la révélation, par le vénéré
Shakya, fondateur de la doctrine,
que Devadatta était son
maître dans une existence passée et la prédiction
qu'il atteindrait l'Éveil à l'avenir sous le nom du bouddha Roi-céleste ! [...] Si Devadatta,
qui commit trois des cinq forfaits,
et qui, de plus, se rendit coupable d'innombrables autres offenses,
peut devenir le bouddha Roi-céleste, il ne fait aucun doute que
les autres personnes mauvaises, qui ne commirent qu'un ou deux des Forfaits,
atteindront également l'Éveil.
Le Daimoku du Sutra
du Lotus (1266
à une femme d'Amatsu)
Si moi, Nichiren,
n'étais pas né dans ce pays, [le Japon, ] alors le Bouddha
serait un grand menteur et quatre-vingt
myriades de millions de nayuta
de bodhisattvas auraient été coupables des mêmes crimes
que Devadatta : avoir menti et
égaré les autres.
[...] Ainsi, par exemple, le Bouddha injuria son disciple Devadatta
en lui disant : "Tu n'es qu'un fou qui lèche le crachat des
autres ! " Ce fut pour Devadatta
comme si une flèche empoisonnée l'avait touché au
coeur, et, furieux, il s'écria : "Gautama
n'est pas un bouddha ! Je suis le fils aîné du roi Dronodana,
le frère aîné d'Ananda
et le cousin de Gautama. Même
si j'avais commis une erreur quelconque, il devrait me la reprocher en
privé. Mais m'accuser publiquement de fautes devant cette grande
assemblée d'êtres humains et celestes est-ce bien l'attitude
qui convient à un être parvenu à l'humanité
suprême, ou à un bouddha ? Par le passé, il agit
déjà comme mon ennemi en volant la femme que je voulais
épouser, et il se conduit maintenant comme mon ennemi devant cette
assemblée. A dater de ce jour, je fais voeu de le traiter comme
mon pire ennemi, vie après vie, et pour l'éternité ! "
[...] Ainsi, par exemple, Devadatta
lança sur lui un gros rocher, le roi Ajatashatru
lâcha sur lui un éléphant sauvage, et pendant une
période de quatre-vingt-dix jours le roi Ajita
ne donna aucune nourriture [ni à lui ni à ses disciples],
de sorte qu'ils en furent réduit à manger le fourrage des
chevaux. Dans une ville brahmane, on lui fit une offrande de gruau de
riz puant, et une femme brahmane du nom de Chinchamanavika, dissimula
un récipient sous sa robe [en prétendant être enceinte
de lui].
[...] Il est bien évident
que les disciples du Bouddha, eux aussi, furent souvent contraints d'endurer
des épreuves. Ainsi, de nombreux disciples de Shakyamuni furent
tués par le roi Virudhaka,
et des proches du Bouddha furent en très grand nombre piétinés
à mort par des éléphants sauvages [lâchés
sur eux]. La nonne Utpalavarna
fut assassinée par Devadatta
Selon le Sutra Kammuryoju,
le roi Ajatashatru, abusé
par Devadatta, emprisonna son
père et s'apprêtait à tuer sa mère, la dame
Vaidehi. Cependant, dissuadé
de le faire par le médecin Jivaka
et par le ministre de la cour, Chandraprabha,
il lui laissa la vie sauve. Sa mère eut alors un entretien avec
le Bouddha. La première question qu'elle lui posa fut : "Quelle
faute ai-je commise par le passé pour avoir donné le jour
à un fils aussi mauvais ? Et, Honoré du monde, quelle
cause vous a conduit à être parent d'une personne aussi mauvaise
que votre cousin Devadatta ? "
Des deux questions posées ici, la seconde est la plus importante.
Pourquoi le Bouddha a-t-il des liens de parenté [avec une personne
mauvaise comme Devadatta] ? On dit qu'un roi qui fait tourner la roue ne naît jamais en ce monde
avec ses ennemis, de même que Taishaku
ne peut jamais se retrouver en compagnie de mauvais génies. Le
Bouddha se comportait avec une grande bienveillance depuis d'innombrables
kalpas. Mais, le fait qu'il ait été
lié à un grand malfaiteur [comme Devadatta]
conduisait à se demander s'il était réellement Bouddha.
Le Bouddha ne répondit cependant pas à la question [de dame
Vaidehi]. Et, si l'on se contente
de lire le Sutra Kammuryoju
sans étudier le chapitre Daibadatta* (XII)
du Sutra du Lotus, la question reste sans réponse
(note).
[...] En plus des trois exhortations du chapitre Hoto* (XI),
le chapitre Daibadatta* (XII)
contient deux révélations surprenantes. [La première
est que Devadatta atteindra la
bodhéité]. Devadatta
était un icchantika,
et pourtant il est prédit qu'il deviendra à l'avenir le
bouddha "Roi-du-ciel". Les quarante volumes du Sutra
du Nirvana [qui établissent que tous les êtres,
y compris les icchantika, possèdent
la nature de bouddha], ne sont concrètement vérifiés
que par ce chapitre du Sutra du Lotus. Il y a d'innombrables
exemples de personnes ayant commis les cinq
forfaits et s'étant opposées au Dharma, telles que le
moine Sunakshatra ou le roi
Ajatashatru, mais Devadatta
est cité comme le représentant de tous les autres ; c'est
lui le pire opposant, et ce qui vaut pour lui vaut nécessairement
pour ceux dont les offenses sont moindres. [Ainsi, il est dit que] tous
ceux qui ont commis les Cinq ou sept fautes capitales, qui s'opposent
au Dharma ou qui sont d'une incroyance incorrigible deviendront eux aussi
bouddha, comme l'Ainsi-Venu "Roi-du-ciel". Dans le Sutra
du Lotus, le poison se change
en doux élixir, doté du goût le plus délicieux.
[...] Le Bouddha et Devadatta
sont comme un corps et son ombre, vie après vie, ils ne sont jamais
séparés. Le prince Shotoku
et [son ennemi juré] Mononobe
no Moriya apparurent en même temps, comme la fleur et la graine
de lotus. S'il existe un Pratiquant
du Sutra du Lotus, les trois
grands ennemis existent aussi, immanquablement.
[...] Le Bouddha subit Neuf grandes
épreuves, telles qu'être blessé à un orteil
par Devadatta, et n'était-il
pas pourtant un Pratiquant du Sutra du Lotus ?
Traité pour
ouvrir les yeux (Sado,
février 1272 à Shijo Kingo)
Pour avoir
tué son père et manqué d'assassiner sa mère,
le roi Ajatashatru fut acclamé
par les six ministres royaux. Quand Devadatta
tua un arhat et fit couler le sang
du Bouddha, Kokalika et plusieurs
autres en furent ravis.
La Lettre de Sado
(Sado, 20 mars
1272, à Toki
Jonin)
Mais le Démon
du sixième Ciel, manifestation de l'obscurité
fondamentale, s'est emparé de nombreuses personnes, les poussant
à haïr le Bouddha et à s'opposer à son enseignement.
Ainsi, le roi Virudhaka tua cinq
cents personnes du clan Shakya ; Angulimala voulut attaquer le
Bouddha ; Devadatta voulut faire
s'ébouler sur lui un énorme rocher ; et Chinchamanavika,
la fille d'un brahmane, s'attacha un bol sur le ventre en prétendant
être enceinte du Bouddha.
[...] Devadatta
était le petit-fils du roi Simhahanu,
le fils du roi Dronodana, oncle
du Bouddha Shakyamuni, et le frère aîné du vénérable Ananda.
Sa mère était une fille du riche Suprabuddha.
Il était donc membre de la famille d'un roi
faisant-tourner-la-roue et appartenait à la noblesse du continent
du sud, le Jambudvipa. Alors
qu'il vivait encore dans le monde séculier, il avait voulu épouser Yashodhara,
mais elle avait été conquise par le prince Siddhartha
qu'il considéra dès lors comme son ennemi juré dans une vie antérieure.
Par la suite, Devadatta
abandonna la vie de famille pour entrer dans le Sangha,
mais, en présence de grandes assemblées d'êtres humains
et célestes, le Bouddha le réprimanda, le traitant d'insensé
qui se nourrit de ce que les autres recrachent. Parce qu'il était
avide de renommée et de profit personnel, il jalousait le respect
accordé au Bouddha. Il se lança alors dans l'observance
des cinq pratiques ascétiques
afin de passer pour plus vertueux que le Bouddha.
Il fit forger une roue en fer
à mille rayons, pour se la faire imprimer sur la plante des pieds (note) ; il ramassa des lucioles pour former une touffe de poils blancs (note)
entre ses sourcils, et se contraignit à mémoriser
soixante mille et quatre-vingt mille enseignements précieux. Il
établit un kaidan d'ordination au Mont Gayashirsha
et persuada de nombreux disciples du Bouddha de le rejoindre. Il s'enduisit
les ongles des doigts de pieds de poison et tenta de griffer ainsi les
pieds du Bouddha. Il tua, en la rouant de coups, la nonne Utpalavarna.
Il fit débouler un énorme rocher sur le Bouddha et le blessa
à l'orteil. Il se rendit coupable de trois des cinq
forfaits, et pour finir rassembla autour de lui toutes les personnes
mauvaises des cinq régions de
l'Inde, en s'efforçant de nuire au Bouddha, ainsi qu'à
ses disciples et bienfaiteurs laïques.
[...] On aurait pu croire,
après cela, que jamais plus Devadatta
ne parviendrait à sortir du grand enfer des souffrances incessantes, même
au terme de kalpa aussi nombreux
que les particules que l'on obtiendrait en réduisant la terre en poussière.
Et pourtant, aussi stupéfiant et digne d'admiration que cela puisse paraître,
il est dit dans le Sutra du Lotus qu'il deviendra un bouddha
appelé Roi-céleste. Et s'il est possible à Devadatta
de devenir bouddha, les innombrables personnes mauvaises qui l'ont suivi
et qui, ayant planté la même cause ont obtenu la même rétribution karmique,
parviendront certainement toutes à sortir del'enfer avici.
Tout cela est entièrement
dû au bienfait et à la protection du Sutra du Lotus.
Ainsi Devadatta et les innombrables
personnes qui l'accompagnaient peuvent maintenant résider dans
la demeure des pratiquants du Sutra du Lotus [afin de les protéger].
Que cette pensée est réconfortante !
[...] Pourtant, pendant les
premières quarante années et plus de son enseignement, Shakyamuni
voua Devadatta au malheur, admonesta
ses auditeurs-shravakas et omit
d'enseigner aux bodhisattvas les principes menant au fruit de l'Éveil.
Bien qu'il fut le Bouddha, certains ont dû parfois se demander,
en leur for intérieur, s'il n'était pas plutôt le
Démon du sixième Ciel,
ou Papiyas, tant était
grand le trouble qu'il leur causait.
Sur
la prière (Sado,
1272 à Sairen-bo)
Il est dit
dans le Sutra : "Devadatta
deviendra un Tathagata du nom de
Devaraja."(réf.)
Cela indique que le monde de l'enfer contient également le monde
de la bodhéité.
Le
véritable objet de vénération (Sado,
avril 1273 à Toki Jonin)
Calomnier
Nichiren est une faute encore plus grave que celles commises par Devadatta
ou Vimalamitra*.
Mes propos peuvent paraître arrogants, mais mon seul but est de
réaliser les prédictions du Bouddha et de révéler
la véracité de ses enseignements.
Sur les prédictions
du Bouddha (Sado,
11 mai 1273 aux croyants)
Devadatta
fut le plus grand icchantika,
la personne la plus malfaisante qui se puisse trouver au monde. Dans les
sutras antérieurs exposés
par le Bouddha de son vivant, il fut considéré comme un
cas désespéré. Mais, dans le Sutra du Lotus,
il fut prédit qu'il deviendrait un jour un bouddha du nom de Ainsi-Venu
Roi du ciel.
Réponse au seigneur
Hakiri Saburo (Sado,
3 août 1273 à Hakiri Sanenaga)
Si ces Quatre
grands bodhisattvas abandonnaient une femme qui récite Namu
Myoho Renge Kyo, ils provoqueraient la colère des bouddhas
Shakyamuni, Taho et de tous les autres
bouddhas des dix directions.
Soyez bien certaine que ce crime serait plus grave que celui de Devadatta,
leur fourberie plus effroyable que celle de Kokalika.
Le don du mandala
du Dharma Merveilleux (Sado,
1273 à Sennichi-ama)
Devadatta
fut l'ennemi du Bouddha, et les sutras exposés pendant quarante
et quelques années par le Bouddha l'abandonnèrent à
sa destinée. Le moment de sa mort fut terrifiant : la terre s'ouvrit
sous ses pieds et il fut précipité dans l'enfer avici.
Mais le Sutra du Lotus le fit revenir et il lui fut prédit
qu'il deviendrait un bouddha appelé "Roi du ciel".
Réfuter
l'opposition au Dharma bouddhique pour se libérer de ses fautes
passées (Sado,
1273 à Shijo Kingo)
Le
Bouddha partit en quête d'aumônes mais son bol resta vide ; Chinchamanavika le calomnia ; Devadatta
lâcha sur lui un rocher du haut d'une montagne ; et il fut exposé
à des vents si froids qu'il lui fallut chercher des vêtements
pour se protéger. En outre, comme je le disais plus tôt,
il fut calomnié par tous les brahmanes.
Le pratiquant du
Sutra du Lotus rencontrera des persécutions
(Sado, 14 janvier
1274 à Toki Jonin, Shijo Kingo, Kawanobe et Yamato Ajari)
Prendre conscience
de tout cela, c'est atteindre l'Éveil sans changer d'apparence, et s'éveiller
à cela, c'est ouvrir l'oeil intérieur de la sagesse du Bouddha.
Devadatta changea l'enfer avici en
Terre de la béatitude parfaite
et de la lumière éternelle et la fille
du Roi-Dragon parvint elle aussi à la bodhéité
sans changer d'apparence. Car le Sutra du Lotus permet d'atteindre
l'Éveil même à ceux qui se sont tout d'abord opposés
à lui. C'est le bienfait contenu dans le seul caractère
myo.
Enfer
et bodhéité (Minobu, le 11 juillet 1274 à
la mère de Nanjo Tokimitsu)
Le Sutra
du Lotus prédit que Devadatta
atteindra la bodhéité dans une terre appelée Voie
céleste [tendo], mais quel autre sutra affirme qu'une personne
aussi mauvaise peut obtenir le suprême bienfait ?
Enseignement,
pratique et preuve (Minobu, 1274 ? à Sammi-bo)
En ce qui concerne les autres personnes, il n'y a aucune
doute que pour leur dénigrement du Vrai Dharma elles vont souffrir
de graves maladies, comme la lèpre blanche ou la lèpre noire.
Si cette preuve concrète n'apparaît pas, alors je ne suis
pas le pratiquant du Sutra du Lotus et c'est moi qui vais, dès
cette vie, contracter ces maladies et tomber dans l'enfer
avici, comme le firent Devadatta
et Kokalika. On dit qu'un asura
qui avait essayé de tuer d'une flèche le soleil et la lune,
tira cette flèche dans son propre oeil, et qu'un chien qui aboya
après le roi des lions s'explosa le ventre. Le roi Virudhaka
qui tua des disciples du Bouddha, mourut brûlé lors d'une
beuverie à bord d'un bateau ; et Devadatta
qui avait offensé le Bouddha, tomba vivant dans les flammes de
l'enfer avici.
Souverains
de notre pays (Minobu,
février 1275)
Pendant cette
période d'un kalpa, certaines
personnes, manifestant de la haine envers le Bouddha, créent ainsi
un karma par leurs actions, leurs
paroles et leurs pensées. Devadatta
fut une personne de ce genre.
Le Bouddha était
le fils héritier du roi Shuddhodana,
et Devadatta, un fils du roi
Dronodana. Ces deux rois étant
frères, Devadatta
était donc un cousin
du Bouddha.
De nos jours comme par
le passé, chez les sages aussi bien que chez les personnes ordinaires,
on trouve souvent une femme à l'origine d'un conflit. À
l'époque où le Bouddha Shakyamuni portait encore le nom
de prince Siddhartha, et où
Devadatta était
prince héritier de son père, le roi Dronodana,
un haut dignitaire du nom de Yasha avait pour fille Yashodhara.
C'était la femme la plus belle des cinq régions de l'Inde,
une véritable apparition céleste dont la réputation
de beauté s'était répandue par-delà les quatre
océans. Siddhartha
et Devadatta étaient
tous deux ses prétendants, ce qui suscita une rivalité entre
eux.
Par la suite, Siddhartha abandonna
la vie séculière pour rechercher l'Éveil,
et Devadatta fit comme lui. Il
quitta sa famille et entra dans la vie religieuse en prenant pour maître
le moine Sudaya. Parce que le Bouddha
observait les deux cent cinquante
préceptes et se pliait aux trois mille règles de conduite (note),
il était admiré des êtres humains aussi bien que célestes,
et les quatre sortes de croyants
l'honoraient et le révéraient. Mais personne n'accordait
autant de respect à Devadatta.
Il se demanda donc de quelle façon il pourrait obtenir une notoriété
encore plus grande que celle du Bouddha. Devadatta
trouva cinq points qui pourraient marquer sa supériorité
sur le Bouddha et lui vaudraient le respect de la société.
Ils sont énumérés dans le Shibunritsu*.
Ce sont : 1) ne se vêtir que de guenilles 2) se nourrir exclusivement
d'aumones 3) ne prendre qu'un repas par jour 4) rester constamment dehors
en position assise 5) ne jamais manger ni sel ni aucun autre des cinq
goûts. Le Bouddha acceptait les vêtements qui lui étaient
offerts, mais Devadatta ne se
vêtait que de vieux tissus déchirés. Le Bouddha acceptait
un repas si on le lui servait, mais Devadatta
vivait exclusivement de la nourriture déposée en aumône
dans son bol. Le Bouddha mangeait une, deux ou trois fois par jour, mais
Devadatta, une fois seulement.
Le Bouddha s'abritait parfois dans des cimetières ou sous des arbres,
mais Devadatta restait assis
toute la journée en plein air. Le Bouddha consentait occasionnellement
à prendre des aliments salés ou assaisonnés d'une
des cinq fortes saveurs, mais Devadatta
les refusait tous. Et parce que Devadatta
observait ces règles, les gens en vinrent à le considérer
comme bien supérieur au Bouddha, et à penser qu'il y avait
autant d'écart entre eux qu'entre des nuages et de la boue.
En agissant ainsi, Devadatta
espérait priver le Bouddha du soutien des autorités. Le
Bouddha avait pour bienfaiteur et adepte le roi Bimbisara.
Chaque jour sans exception, et depuis de nombreuses années, le
roi faisait don du chargement de cinq cents chariots au Bouddha et à
ses disciples. Devadatta, jaloux
d'une telle dévotion et espérant la détourner à
son profit, s'allia avec le prince héritier Ajatashatru (note)
et le poussa à assassiner son père, le roi Bimbisara.
Devadatta en personne voulut
attenter à la vie du Bouddha, et lui infligea une blessure en précipitant
un rocher sur lui : tel fut le karma
créé par ses actions. De plus, il dénigra et injuria
le Bouddha, le traitant de menteur et de fourbe : tel fut le karma
créé par ses paroles. Enfin, dans son coeur, il considérait
le Bouddha comme son ennemi depuis des vies antérieures : tel fut le karma créé
par sa pensée. Il n'y eut jamais plus mauvais karma
que celui qui résulte d'une telle conjonction de mauvaises actions,
mauvaises paroles et mauvaises pensées.
Si un homme aussi terriblement mauvais que Devadatta
commettait ces trois types d'actions, physique, verbale et mentale, pendant
toute la durée d'un kalpa moyen,
s'il maudissait et injuriait le Bouddha Shakyamuni, le frappait à
coups de bâtons et manifestait à son égard jalousie
et envie, il commettrait sans doute une faute bien lourde.
Notre Terre est d'une épaisseur de 168.000 yojana.
Cela lui permet de supporter l'eau des quatre
grands océans, la terre et les rochers des neuf montagnes,
une infinité de plantes et d'arbres, et toutes les créatures
vivantes, sans jamais s'effondrer, basculer ou se briser. Et pourtant,
il suffit que Devadatta, un être
humain guère plus haut que cinq pieds, commette trois des cinq
forfaits pour que la terre immense s'ouvre sous ses pieds et pour
qu'il tombe en enfer. La crevasse dans
laquelle il fut précipité est encore visible en Inde. Le
Maître du tripitaka Xuanzang
affirme dans le Saiiki ki (Voyage
dans les pays de l'ouest), que lorsqu'il se rendit de Chine en Inde
pour approfondir sa connaissance du bouddhisme, il vit ce gouffre de ses
propres yeux.
Or, il est dit aussi que, même si l'on ne ressent pas, intérieurement,
la moindre animosité envers le Pratiquant
du Sutra du Lotus à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
même si l'on ne manifeste pas la moindre jalousie à son égard,
seulement en se moquant de lui ou en le traitant à la légère,
on encourra des rétributions encore plus graves que celles que
dut subir Devadatta pour avoir
commis les trois actions mauvaises ou que l'on subirait pour avoir maudit
et insulté le Bouddha pendant toute la durée d'un kalpa
moyen. Combien plus grave encore est la rétribution à
laquelle s'exposeraient des gens de notre époque en agissant en
pensée, en paroles et en action comme Devadatta,
en conservant un coeur haineux pendant de nombreuses années - en
maudissant et dénigrant le Pratiquant du Sutra du Lotus,
en le diffamant et l'insultant, en l'enviant et en le jalousant, le rudoyant
et le frappant, en le faisant condamner à mort sur la base d'accusations
mensongères, et en l'assassinant ! [...] Le peuple tout entier en vint à s'opposer au Dharma bouddhique,
et les royaumes voisins entreprirent d'envahir le pays. Et tout cela,
uniquement parce que le roi Ajatashatru
avait choisi pour maître un homme mauvais du nom de Devadatta.
Finalement, le quinzième jour du deuxième mois, tout son
corps se couvrit d'horribles pustules et il fut prédit qu'il mourrait
et tomberait dans l'enfer avici, le
septième jour du troisième mois.
[...] Devadatta
possédait trente des Traits caractéristiques mais la touffe
de poils blancs entre les sourcils et les marques de la roue à
mille rayons sur la plante des pieds lui manquaient encore. Il craignit
que ses disciples ne le considèrent comme inférieur parce
qu'il possédait deux traits distinctifs de moins que le Bouddha.
Aussi ramassa-t-il des lucioles qu'il se colla entre les sourcils pour
imiter une touffe de cheveux blancs. Et pour les empreintes de la Roue du Dharma aux mille rayons, il fit fabriquer par un forgeron des chrysanthèmes,
en fer rougi au feu, qu'il tenta de s'appliquer sur la plante des pieds,
sans autre résultat que de se brûler les pieds. Les brûlures
s'infectèrent au point de devenir mortelles, si bien qu'il avoua
au Bouddha ce qu'il avait fait. Le Bouddha posa alors la main sur les
brûlures et toute douleur disparut.
On aurait pu croire que, dans ces conditions, Devadatta
se repentirait et réformerait sa conduite, mais, au contraire,
il s'en alla dire partout que Gautama
utilisait des procédés de guérisseur et s'adonnait
à la magie.
Le Bouddha ne manifesta pas la moindre rancune, même envers de tels
ennemis. Comment, alors, pourrait-il abandonner une personne ayant cru
en son enseignement, ne serait-ce qu'une fois ?
[...] Les moines de
ce pays sont tous possédés par l'esprit de Devadatta
ou de Kokalika ;
A l'Hiver Succède
Toujours le Printemps (Minobu, mai 1275,
à Myoichi-Ama)
Mais lorsque
Shakyamuni enseigna le Sutra du Lotus à l'Assemblée
réunie au Pic du Vautour,
le roi Ajatashatru, le plus mauvais
fils du monde, était présent, invité à s'asseoir
parmi les auditeurs-shravakas.
A Devadatta, qui toute sa vie
s'était opposé au Dharma,
il fut prédit qu'il deviendrait à l'avenir l'Ainsi-Venu
Roi du ciel, et à la fille du
Roi-Dragon le Bouddha promit que, malgré les cinq
entraves, elle deviendrait bouddha, sans changer d'apparence.
[...] Lorsqu'on se préoccupe
de sa vie prochaine, il vaut mieux être une personne ordinaire à
l'époque des Derniers jours du
Dharma que grand roi au cours des deux mille ans des époques du Dharma
correct et du Dharma
formel. Pourquoi les gens n'en sont-ils pas convaincus ? Il vaut mieux être un lépreux qui récite Namu
Myoho Renge Kyo que le Grand-patriarche de l'école Tendai ! Comme l'empereur Liang Wu Di (502 -
557) en prit l'engagement solennel (note)
: "Je préférerais être Devadatta
et tomber dans l'enfer avici que le
sage non bouddhiste Udraka Ramaputra."
[...] Lorsque Devadatta
frappa le Bouddha, la terre trembla et des flammes en sortirent. Lorsque
le roi Dammira décapita
le vénérable Aryashima,
sa main droite qui tenait le sabre se détacha et tomba à
terre. L'empereur Hui-zong fit
marquer au visage le moine Fadao
et l'exila au sud du fleuve Yangzi, et, moins de six mois plus tard, il fut fait prisonnier et emmené
par les barbares. Aujourd'hui, les présentes attaques des Mongols
se produisent pour les mêmes raisons.
[...] Les moines cruels et
arrogants [décrits dans le Sutra du Lotus] s'armèrent
d'abord de cannes et de bâtons pour maltraiter le bodhisattva Fukyo.
Mais, par la suite, ils joignirent les mains en regrettant leur erreur.
Devadatta infligea une blessure
à Shakyamuni et fit couler son sang mais, au moment de sa mort,
il s'écria Namu ! S'il avait pu poursuivre et crier : Namu
Butsu ! [Dévotion au Bouddha], il aurait évité
de tomber en enfer. Mais son karma
était si lourd qu'il ne put dire que Namu sans pouvoir prononcer
le nom du Bouddha.
[...] Serait-ce parce que je
ne suis pas le Pratiquant du Sutra du Lotus ? Si c'était
le cas, j'abandonnerais immédiatement ma croyance erronée.
Mais si je suis bien le Pratiquant du Sutra du Lotus, donnez-en
immédiatement la preuve ! Sinon, vous, Nitten,
Gatten et toutes les autres divinités,
n'êtes que de grands menteurs qui avez trompé Shakyamuni,
Taho et tous les bouddhas
des dix directions. Vos mensonges sont cent fois, mille fois, dix
mille fois, cent millions de fois plus graves que ceux de Devadatta
et de Kokalika (note) ! "
[...] Dans ces deux passages,
on retrouve deux fois les huit caractères qui signifient "ils
recevront des bienfaits dans leur vie présente". Si ces seize
caractères, au total, étaient faux et si, dans cette vie
même, Nichiren ne recevait pas de grands bienfaits, les paroles
d'or du Bouddha seraient comparables aux discours mensongers et creux
de Devadatta et le témoignage
du bouddha Taho, qui attesta de leur
véracité, ne se distinguerait en rien des assertions frauduleuses
de Kokalika.
Le
choix en fonction du temps (Minobu, 10
juin 1275 ; adressé à Yui)
Mais quoi
que vous ayez pu faire par le passé, je suis certain que maintenant
vous parviendrez à vous libérer des souffrances
de la naissance et de la mort. Shuddhipanthaka
(Surihandoku) ne parvenait toujours pas, au bout de trois ans, à
mémoriser un enseignement de [seulement] quatorze caractères,
et il atteignit quand même l'Éveil. Alors que Devadatta,
qui connaissait par coeur soixante mille enseignements
sacrés, tomba dans l'enfer avici.
La prière pour
la pluie des trois maîtres du Tripitaka (Minobu,
22 juin 1275 au nyudo Nishiyama)
Devadatta
fut la personne la plus malfaisante du monde, mais dans le Sutra du
Lotus il est prédit qu'il deviendrait un bouddha appelé
Roi-du-ciel.
La suprématie
du Dharma (Minobu,
4 août 1275, à Oto, fille de Nichimyo)
Le Bouddha
répondit : "Magnifique, magnifique, Grand Roi ! Comme
il est admirable que vous posiez cette question ! Mais vous avez
commis plusieurs Forfaits. Vous
avez tué votre père et, prenant Devadatta
pour maître, vous m'avez maltraité. Ce sont deux fautes très
graves, voilà pourquoi de telles calamités s'abattent sur
votre pays." [...] Et le Bouddha ajouta : "Après ma disparition,
dans les Derniers jours du Dharma,
alors que le pays regorgera de moines comparables à Devadatta,
un seul moine apparaîtra qui pratiquera le Véritable Dharma.
Les mauvais moines exileront ce moine qui pratique le Véritable
Dharma et le condamneront à mort.
[...] Les adeptes du Nembutsu,
de nos jours, correspondent exactement à la description [des mauvais
moines faite dans ce sutra]. De plus, l'arrogance des adeptes du Shingon
est des milliards de fois plus grande que celle de Devadatta.
Sur les présages
(Minobu, 1275, à Shijo Kingo ? )
Mais vous
avez prêté serment devant Shakyamuni, Taho
et les bouddhas des dix directions.
Si vous ne me protégez pas, si vous abandonnez Nichiren, ne faites-vous
pas du Sutra du Lotus, dans lequel est dit qu'il faut "sincèrement
rejeter les enseignements provisoires"(réf.),
un épouvantable mensonge ? Vous aurez trompé tous les
bouddhas des dix directions
et des trois phases de la vie, commis
un crime encore plus grave que les mensonges éhontés de
Devadatta et plus condamnable
que les fourberies de Kokalika.
[...] Le roi Ajatashatru était
depuis sa naissance dominé par les trois
poisons et commettait sans cesse l'une ou l'autre des dix
mauvaises actions. De plus, il tua son père, tenta d'ôter
aussi la vie à sa mère, et, prenant Devadatta
pour maître, tua de nombreux disciples du Bouddha.
[...] De plus, le premier maître du roi Ajatashatru,
Devadatta, avait mémorisé
les soixante mille enseignements non bouddhiques et les quatre-vingt
mille enseignements bouddhiques. Sa compréhension du monde
profane et du bouddhisme était aussi brillante que le soleil et
la lune, aussi limpide qu'un miroir. Il était comparable aux lettrés
de l'école Tendai de nos
jours qui connaissent par coeur tous les enseignements
exotériques et ésotériques,
et tous les sutras.
Lettre à Konichi-bo
(Minobu,
mars 1276 à la veuve Konichi, mère de Yashiro)
Après
la naissance du Bouddha, le démon fit pleuvoir des pierres sur
lui et mit du poison dans son lait. Plus tard, lorsque le Bouddha Shakyamuni
eut quitté le palais [pour mener la vie d'un religieux], le démon
prit la forme d'un serpent noir et venimeux qui tenta de lui barrer la
route. En d'autres occasions, il s'empara du corps de personnes mauvaises
comme Devadatta, Kokalika,
le roi Virudhaka et le roi Ajatashatru,
les incitant à faire tomber un gros rocher sur le Bouddha qui le
blessa et fit couler son sang, à tuer de nombreux membres du clan
des Shakya, ou à assassiner
ses disciples.
[...] Quelles persécutions pourraient être plus terribles
que l'énorme rocher de 3 jo de
long (9 m) et de 1 jo et 6 shaku de
large (4, 80 m) que Devadatta
lança sur le Bouddha, ou que l'éléphant ivre que
le roi Ajatashatru lâcha sur
lui ?
[...] Les adversaires [de Saicho*]
ont continué à le rabaisser en disant : "A l'époque
du Bouddha, il y eut deux sanctuaires pour l'ordination, celui du Bouddha
et celui de Devadatta, et de
nombreuses personnes trouvèrent la mort dans le conflit qui s'ensuivit.
Traité
sur la dette de reconnaissance (Minobu,
le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)
Or le roi
Ajatashatru avait tué son
père, roi sage et bienfaiteur du Bouddha. Pis encore, il avait
pris Devadatta pour maître.
Devadatta commit trois des cinq
forfaits, le pire d'entre eux étant de blesser le Bouddha et
de faire couler son sang.
[...] A ce moment-là, sous l'inspiration d'un rêve, Ajatashatru,
suivant les conseils de son médecin et ministre Jivaka
et, finalement, ses propres doutes intérieurs, quitta Devadatta
pour rejoindre le Bouddha Shakyamuni et se repentit de ses mauvaises actions.
C'est ainsi qu'il fut aussitôt guéri, que les invasions cessèrent
et que le pays tout entier retrouva la paix.
[...] Le Bouddha a déclaré : "Après mon trépas,
dans les Derniers jours du Dharma,
beaucoup observeront pieusement les cinq
pratiques ascétiques comme Devadatta.
La Propagation
par le Sage (Minobu,
septembre 1276, à Shijo Kingo)
Hei
no Saemon est pour moi ce que fut Devadatta
pour Shakyamuni. Les adeptes du Nembutsu
d'aujourd'hui sont comparables à Kokalika
et les adeptes du Ritsu, à
Sunakshatra. Shakyamuni vit
aujourd'hui ; notre époque est celle du Bouddha. C'est ce que le
Sutra du Lotus définit comme shoho jisso (véritable
aspect de la vie) ou plus précisément la cohérence
du commencement jusqu'à la fin.
[...] Devadatta
contribua plus qu'aucun autre à prouver la validité des
enseignements de Shakyamuni. A notre époque aussi, ce ne sont pas
nos amis mais nos ennemis qui nous
aident à nous développer et à nous perfectionner.
Sur
le comportement du Bouddha (Minobu,
1276, à Konichi-ama)
Le roi Bimbisara
était un roi sage et le plus grand bienfaiteur du Bouddha sur tout
le continent de Jambudvipa.
De plus, il régnait sur le royaume du Magadha,
État dans lequel le Bouddha avait l'intention d'enseigner le Sutra
du Lotus. Puisque ce roi et le Bouddha étaient ainsi en accord,
il semblait certain que le Sutra du Lotus serait exposé
dans le royaume du Magadha. Un
homme, nommé Devadatta,
s'efforça par tous les moyens de rendre cela impossible, mais il
n'y parvint pas. Après avoir longuement réfléchi,
au bout de plusieurs années d'efforts, il gagna la confiance du
fils du roi Bimbisara, le prince
héritier Ajatashatru, et,
petit à petit, réussit à l'abuser. Il s'ingénia
à créer un conflit entre le père et le fils et persuada
le prince Ajatashatru de tuer son
père, le roi Bimbisara.
Dès qu'Ajatashatru, devenu
roi, et Devadatta,
pleinement d'accord, se furent alliés, les brahmanistes et les
malfaiteurs des cinq régions
de l'Inde accoururent en foule comme des nuages ou des brouillards.
Ajatashatru les flatta et se les
attacha en leur distribuant domaines et trésors. Voilà comment
le roi de cet État devint l'ennemi juré du Bouddha.
[Voyant cela, ] le Roi-Démon
du sixième Ciel, qui réside au sommet du monde
du désir, en descendit avec ses innombrables courtisans et
ces démons pénétrèrent le corps de Devadatta,
du roi Ajatashatru et des six ministres (note)
du royaume de Magadha. Ainsi, bien
que conservant l'apparence d'êtres humains, ces derniers n'étaient
plus que des manifestations du pouvoir du Démon
du sixième Ciel. Ils étaient plus bruyants, plus
effroyables et plus inquiétants qu'un grand vent arrachant les
plantes et les arbres, qu'un ouragan creusant des gouffres dans l'océan,
qu'un grave séisme secouant la terre, ou qu'un gigantesque incendie
avalant l'une après l'autre toutes les maisons.
[...] Les gens commençaient à penser que même le pouvoir
du Bouddha ne parviendrait pas à vaincre ces personnes mauvaises.
Ainsi, même ceux qui croyaient au Bouddha se sont tus, fermant les
yeux pour ne pas voir. Ils sont restés les bras croisés,
muets et désorientés. Finalement, Devadatta
roua de coups, jusqu'à ce que mort s'ensuive, la nonne Utpalavarna,
belle-mère (note)
de Shakyamuni, et il fit ensuite couler
le sang du Bouddha. Après cela, qui aurait encore voulu rester
l'allié du Bouddha ? [...] Tout ignorant que je suis, être considéré comme
un sage par le Bouddha me remplit de joie. Par contre, il y des sages
qui observent les 250 préceptes
et qui sont aussi unanimement respectés [par les hommes] que l'est
Taishaku par tous les êtres
célestes. Mais que se passera-t-il si, aux yeux du Bouddha Shakyamuni
et du Sutra du Lotus, ils semblent aussi malfaisants que Devadatta ? Ils bénéficient peut-être pour l'instant du respect
des autres, mais quelles conditions effroyables ils connaîtront
dans leur vie prochaine !
La protection de Bonten
et de Taishaku (Minobu,
15 mai 1277 à Nanjo Tokimitsu)
Le Sutra
du Lotus est le seul dans lequel il est dit que même ces personnes
des deux véhicules ayant laissé
pourrir les graines de la bodhéité, Devadatta
qui avait commis trois des cinq forfaits,
et les femmes, généralement considérées comme
prisonnières des cinq entraves,
pouvaient sans exception devenir bouddha.
Parvenir directement
à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus
(Minobu,
mars 1277 ? à Myoho-ama)
Quelle n'est
pas ma tristesse de voir mon seigneur, envers qui ma dette est si grande,
se laisser abuser par les tenants d'enseignements nuisibles, et courir
le danger de tomber dans les voies mauvaises ! Parce que le roi Ajatashatru
prit pour guides Devadatta et
les six maîtres non bouddhistes,
et parce qu'il s'opposa à Shakyamuni, Maître
de la doctrine, tous les sujets du royaume de Magadha
devinrent des ennemis du bouddhisme, et les 580 000 membres du clan royal
furent hostiles aux disciples du Bouddha.
Lettre de pétition
de Yorimoto (Minobu,
le 25 juin 1277, requête au seigneur Ema au nom de Shijo Kingo)
Moi, Nichiren,
j'ai médité depuis longtemps sur ce passage et de nombreux
passages de sutra décrivent de quelle manière Shakyamuni
atteignit la bodhéité, et les persécutions que lui
fit subir le Démon du sixième
Ciel semblent absolument insupportables. Toutes les intrigues malfaisantes
de Devadatta et d'Ajatashatru
furent exclusivement l'oeuvre du Démon
du sixième Ciel.
Lettre
à Misawa (Minobu,
le 23 février 1278 à Misawa)
Le cinquième
volume contient le coeur du Sutra du Lotus, car il révèle
que la fille du Roi-Dragon a atteint
la bodhéité sans changer d'apparence. Devadatta
représente l'aspect spirituel de l'Éveil, et la fille
du Roi-Dragon, l'aspect physique. Nulle part ailleurs, dans les enseignements
donnés par Shakyamuni de son vivant, on ne trouve de principe comparable
à celui-là [l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence].
[...] Le chapitre Daibadatta* (XII)
enseigne que Devadatta était
le maître de Shakyamuni dans une existence passée. Celui
qui était autrefois le maître est maintenant le disciple,
et celui qui est aujourd'hui le disciple fut le maître. [En méditant
sur ce chapitre, moi, Nichiren, j'ai réalisé qu'] il révèle
un profond principe du Sutra du Lotus, celui de l'inséparabilité
du maître et du disciple [éternellement liés] par
le passé comme au présent. Ainsi, le bienveillant Bouddha
Shakyamuni est devenu le maître du malfaisant Devadatta,
et le sage Manjushri, est devenu
le maître de la fille ignorante
du Roi-dragon. Nichiren, ne peut pas être inférieur à
Manjushri, ou au Bouddha Shakyamuni.
Les hommes du Japon sont semblables à Devadatta
et les femmes, semblables à la fille
du Roi-Dragon. Qu'ils suivent le Sutra du Lotus ou s'y opposent,
ils atteindront la bodhéité grâce à lui. Tel
est le sens profond du chapitre Devadatta.
La persécution
par le sabre et le bâton (Minobu,
20 avril 1279 à Nanjo Tokimitsu)
Mais, alors
qu'un arbre, l'eranda, dégage
une odeur nauséabonde, le bois de santal
est délicatement parfumé. L'existence de Devadatta
[qui s'opposa à lui] est directement liée à celle
de Shakyamuni. Ainsi, en même temps que le Grand-maître* Saicho*
apparut un sage désigné sous le nom de Grand-maître* Kukai*.
Le
roi Rinda (Minobu,
le 17 août 1279 à Soya Doso, fils de Soya Kyoshin)
Ainsi, Devadatta
avait commis trois des cinq forfaits,
et Rahula avait observé
l'intégralité des 250 Préceptes,
mais tous deux devinrent également bouddha.
[...] Il ne sert à rien d'accumuler les actions de grande bonté.
Si l'on ne parvient pas à rencontrer le Sutra du Lotus,
quelle peut bien être leur utilité ? Il est également
inutile, si l'on a commis des mauvaises actions d'une grande gravité,
d'en conserver éternellement des regrets. Car il suffit de pratiquer
l'enseignement du Véhicule unique
pour marcher sur les traces de Devadatta
[et atteindre la bodhéité].
Le
trésor d'un enfant dévoué à ses parents
(Minobu,
été 1280 à Sennichi-ama)
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