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Extraits de gosho sur |
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la paix |
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On lit dans le Sutra Ninno* : "Toute personne qui détruit
les graines de la bodhéité aura à souffrir du manque
de piété filiale de ses enfants et ne connaîtra pas
la paix parmi ses proches ; tandis qu’aucun dieu ne viendra l’aider ; les maladies et les démons le hanteront jour après jour,
et une succession de désastres s’abattra sur lui sans répit."
Le Sutra du Nirvana déclare : "Celui qui ne croit pas en ce sutra… sera confronté
au désordre et à la lutte jusqu’à son lit de
mort, et souffrira de la tyrannie de son souverain et de la haine du peuple." Il est indéniable que la paix du monde et la stabilité
du pays sont voulues aujourd'hui aussi bien par le souverain que par
ses sujets, et souhaitées par tous les habitants. Un pays obtient
la prospérité grâce au Dharma bouddhique, et la
validité du Dharma est prouvée par ceux qui la pratiquent.
Si le pays est détruit et ses habitants anéantis, qui
continuera alors à révérer les bouddhas ? Qui continuera à avoir foi dans le Dharma ? C'est pourquoi il faut tout d'abord prier pour la sécurité
du pays et oeuvrer ensuite à établir le Dharma bouddhique. Pour cette
raison, lorsqu'on prie pour que "les sept
désastres disparaissent et les sept bienfaits apparaissent
immédiatement"(réf.),
ce sutra, le Sutra du Lotus, est le plus efficace de tous.
Car il promet de "goûter la paix et la sécurité
en cette vie."(réf.) Et lorsque l'on offre des prières pour éviter
les désastres de l'invasion étrangère et des luttes
intestines, rien ne peut surpasser ce Sutra merveilleux, parce qu'il
assure que les personnes qui auront foi en lui seront protégées
"jusqu'à cent yojana à la ronde, afin qu'elles ne subissent ni déclin ni dommage."(réf.) En vérité, l'arbre dénudé n'est pas réellement
nu : quand vient le printemps, il se couvre de bourgeons fleuris. Le champ
desséché n'est pas véritablement sec : quand vient
l'été, il devient à nouveau vert et frais ! Si vous regrettez vos anciennes erreurs, et si vous êtes prêt
à adhérer à la vraie doctrine, alors, sans aucun
doute, il vous sera possible de nager dans les eaux profondes et calmes
du nirvana, et de résider
en paix dans le palais du non-conditionné. C'est un
principe que j'ai enseigné il y a longtemps et rien de tout cela
ne devrait vous surprendre. Kangyo-soku* est l'un des six stades
de la pratique dans l'enseignement
parfait*.
Cela consiste à faire ce que l'on dit et à dire ce que
l'on fait. Ceux qui sont au stade de ri-soku* et au stade de myoji-soku* croient à l'enseignement
parfait*,
mais même lorsqu'ils en chantent les louanges, leurs paroles ne se traduisent
pas en actes. Ainsi nombreux sont ceux qui ont lu les Trois
Augustes et Cinq Empereurs,
mais pas une fois sur dix millions on ne voit la société
administrée selon les principes de ces anciens sages chinois.
D'où la difficulté de créer une société
en paix. On peut trouver des gens capables de réciter mot pour
mot le Sutra du Lotus,
mais il est beaucoup plus difficile de se comporter comme il l'enseigne. Certains affirment que, si l'on s'interroge sur ce qui existait
avant l'apparition de nos ancêtres, on découvre que la vie
est née d'une force primordiale appelée tai-chi, tandis que d'autres déclarent
que la gloire et l'obscurité, la joie et la peine, le vrai et le
faux, le gain et la perte, sont inhérent à la Nature (note). Il s'agit
là de théories habilement articulées, mais qui ne
permettent pas d'accéder à la connaissance du passé
ou de l'avenir. Elles restent dans les ténèbres
et on a raison de mystère. Ces théories
n'expliquent que le présent. Pour le présent, les confucianistes
affirment que, dans ce monde, il faut suivre les principes de bienveillance et de droiture (note) pour assurer ainsi sa propre sécurité aussi bien que la
paix et l'ordre dans l'Etat. Selon eux, ceux qui s'écartent de
ces principes verront la disparition de leur famille et la ruine de leur
maison. Gyobo
Bonji se lamenta sur son destin, tantôt levant les yeux au
ciel, tantot s'effondrant sur le sol. Le Bouddha, ému par sa
sincérité, sortit de terre et lui enseigna : "Il faut
pratiquer en accord avec le Dharma du Bouddha, jamais en s'opposant
à ce Dharma. Ceux qui pratiquent ainsi connaîtront la paix
et la sécurité dans cette vie et dans les vies futures."(réf.) A l'instant même où Gyobo
Bonji entendit ces mots, il devint bouddha. [Vous m'écrivez
en substance] : "Votre lettre a balayé mes doutes de la même
manière qu'un grand vent, en chassant les nuages amoncelés,
permet à la lune d'apparaître dans tout son éclat.
Mais les personnes de haute comme de basse condition ont des difficultés
à croire en votre enseignement. Car le Sutra du Lotus promet à ceux qui pratiquent le Dharma du Bouddha "paix
et sécurité en cette vie-ci et de bonnes conditions dans
la vie prochaine."(réf.) Pourquoi,
dans ce cas, le moine Nichiren rencontre-t-il tant de difficultés,
alors qu'il se désigne lui-même comme le Pratiquant du Sutra du Lotus ? Beaucoup disent que cela doit être
parce que ses enseignements ne correspondent pas à la volonté
du Bouddha." Les malheurs
de Kyo'o Gozen se changeront en bonne
fortune. Faites appel à toute votre foi et priez ce Gohonzon.
Que pourrait-il alors y avoir d'impossible à réaliser ? Il vous faut croire ces affirmations du Sutra du Lotus : "Ce
sutra exauce les désirs. Il est l'eau pure et fraîche de
l'étang qui étanche la soif."(réf.) et "Ils connaîtront paix et sécurité dans cette
vie et des conditions favorables dans la prochaine."(réf.) L'argent
sert à des fins différentes, selon les besoins. Il en
est de même du Sutra du Lotus. Il se fait lanterne
dans l'obscurité ou bateau pour une traversée. Il sera
parfois eau, parfois feu. Ainsi, le Sutra du Lotus nous garantit
"paix et sécurité dans cette vie, et des conditions
favorables dans la vie prochaine."(réf.) De même,
les dieux sont d’anciens dirigeants, vénérés
comme s’ils étaient encore vivants. Les divinités
(deva) sont donc souverains,
maîtres et parents des rois et de leurs sujets. Si ceux-ci agissent
contrairement aux attentes des divinités ne seraient-ce qu’un
peu, leur pays ne restera pas en paix un seul instant. S’ils vénèrent
au contraire les dieux, les trois
calamités et les sept
désastres disparaîtront, la population sera en bonne
santé et vivra une longue vie. Dans leur prochaine vie, les êtres
humains, les divinités ainsi que les hommes des trois
véhicules [shravakas, pratyekabuddhas et bodhisattvas]
seront tous récompensés par l’état de bouddha. A
propos de la difficulté de garder la foi en ce Sutra, Nissho m'a rapporté que
vous lui aviez dit : "J'ai commencé à pratiquer correctement
ce Sutra il y a un an, quand vous m'avez affirmé que
ses adeptes 'connaîtraient paix et sécurité dans
cette vie, et des circonstances favorables dans la prochaine' (réf.).
Mais, au lieu de cela, je me retrouve submergé de difficultés."
Nissho a-t-il dit vrai ou vous a-t-il mal compris ? Quoi qu'il
en soit, je vais profiter de cette occasion pour dissiper vos doutes
éventuels. On peut
lire dans le Sutra du Lotus : "...difficile à croire
et difficile à comprendre."(réf.) Nombreux sont ceux qui entendent parler de ce Sutra et y adhèrent, mais peu conservent leur foi en face de grands
obstacles. Recevoir est facile, mais garder est difficile. Pourtant,
c'est en persévérant qu'on atteint la bodhéité.
Ceux qui adoptent la foi dans ce Sutra devraient donc être
prêts à affronter des difficultés. Il est malgré
tout certain qu'ils "obtiendront rapidement l'Éveil
suprême."(réf.) "Garder
la foi" signifie chérir Namu
Myoho Renge Kyo, l'enseignement qui permet à tous les bouddhas
du passé, du présent et de l'avenir d'atteindre l'Éveil. Si les moines qui critiquent Nichiren prient pour la paix du Japon,
ils ne feront que hâter la ruine du pays. En définitive,
[si rien n'est fait pour éviter ces conséquences graves]
tous les Japonais, du souverain jusqu'au dernier de ses sujets, seront
réduits en esclavage par les soldats mongols aux cheveux noués
et le regretteront amèrement. Sans parler de la vie prochaine
[dans laquelle ceux qui s'opposent au Dharma connaîtront des souffrances
épouvantables] je prie pour que Bonten, Taishaku, les divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel punissent
dans cette vie ceux qui s'opposent au Sutra du Lotus afin que
cela serve d'avertissement à tous. Aujourd'hui,
le shogunat de Kamakura est au sommet de sa prospérité. Les moines Shingon du To-ji, ceux du Mont Hiei, du Honjo-ji et des
sept temples principaux de Nara,
ainsi que les moines de l'école Hokke qui ont oublié les principes de leur propre école et s'opposent
au Dharma, tous s'en vont vers l'est, dans la région de Kanto (note), où ils inclinent la
tête, plient les genoux et s'efforcent de diverses manières
de gagner les faveurs des samouraïs.
En retour, ils obtiennent des positions de supérieur ou d'administrateur des divers temples et monastères de montagne. Et ils continuent
à prier pour la paix du pays avec le même enseignement
maléfique qui a détruit l'autorité de l'empereur ! J'avais
conscience de tout cela depuis un certain temps déjà,
et si je n'en disais rien, je savais que ce pays courrait à sa
ruine. Je n'ignorais pas que, si j'en faisais part au souverain à
un moment où il serait encore possible d'apporter la paix et
la sécurité au pays, il me demanderait probablement de
clarifier le sens de mon enseignement ; mais je savais aussi que
si le pays était déjà irrémédiablement
condamné, le souverain ne tiendrait aucun compte de mes conseils
et que, dans ce cas, je serais très probablement condamné
à l'exil ou à la peine capitale. Mais le Bouddha ne nous
a-t-il pas mis en garde ? "Si connaissant cela [l'opposition
au Dharma], par crainte pour votre propre vie vous hésitez
encore et ne faites pas connaître [la vérité] aux
autres, vous serez non seulement mon ennemi mais l'ennemi mortel de
tous les êtres vivants,
et vous tomberez inévitablement dans la grande citadelle de l'enfer avici." (note) Il n'existe
pas de plus grand bonheur que d'avoir foi dans le Sutra du Lotus. Il nous promet "paix et sécurité
dans cette vie et des circonstances favorables dans la prochaine."(réf.) Ne vous laissez jamais troubler par les épreuves de la vie. En
définitive, personne ne peut éviter les problèmes,
pas même les saints ou les sages.
Récitez simplement Namu
Myoho Renge Kyo et, quand vous buvez du saké, restez
chez vous avec votre femme. Si nous examinons le monde,
nous constatons que tous les tenants de ces diverses écoles disent
: "Nous seuls détenons l'enseignement suprême ! "
Mais un pays ne peut avoir qu'un seul souverain. Si deux hommes prétendent
ensemble à la souveraineté, le pays connaîtra des
conflits. Pareillement, si une maison a deux maîtres, elle est
inévitablement vouée à la destruction. Le même
principe n'est-il pas valable pour les sutras ? Parmi tous les sutras, il doit y avoir un enseignement roi. Mais les
dix écoles ou sept écoles [que j'ai mentionnées]
luttent pour prouver leur supériorité sans parvenir à
se mettre d'accord. C'est comme si sept ou dix hommes prétendaient
tous ensemble être le roi d'un même pays, interdisant ainsi
au peuple de jamais vivre en paix. A ce moment-là,
sous l'inspiration d'un rêve, Ajatashatru,
suivant les conseils de son médecin et ministre Jivaka et, finalement, ses propres doutes intérieurs, quitta Devadatta pour rejoindre le Bouddha Shakyamuni et se repentit de ses mauvaises
actions. C'est ainsi qu'il fut aussitôt guéri, que les
invasions cessèrent et que le pays tout entier retrouva la paix.
Non seulement Ajatashatru recouvra
la santé, mais il put faire mentir la prophétie selon
laquelle il devait mourir le septième jour du troisième
mois, et prolongea, en fait, sa vie de quarante ans. Pour exprimer sa
reconnaissance, il demanda à mille arhats de retranscrire tous les enseignements du Bouddha, et tout particulièrement
le Sutra du Lotus, pour les générations
futures. "Ce sont bien les mots que j'ai prononcés,
exceptée l'affirmation que les défunts régents Hojo Tokiyori et Hojo
Shigetoki sont tombés en enfer. Mais j'ai indéniablement
exposé les hérésies des écoles auxquelles
ils adhéraient de leur vivant. Si j'ai parlé ainsi, c'est
parce que je me préoccupe de l'avenir du pays ; si vous désirez
assurer la paix et la sécurité en ce pays, il est urgent
que vous ordonniez aux moines des autres écoles de tenir un débat
en votre présence. Si vous ne tenez pas compte de mon conseil
et si vous me punissez injustement, le pays tout entier s'en repentira.
Condamner Nichiren, c'est rejeter l'envoyé
du Bouddha. Cela attirera sur vous la punition de Bonten et Taishaku, celle des divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel. Cent
jours après mon exil ou mon exécution, et de nouveau un
an, trois ans ou sept ans plus tard, se produiront ce que les sutras
appellent "des luttes intestines", des révoltes dans
votre clan. Après quoi surviendra une invasion étrangère
provenant de toutes les directions et en particulier d'un pays situé
à l'ouest. Alors, vous regretterez ce que vous aurez fait." Ainsi la
sagesse fondée sur le bien perdit peu à peu du terrain,
et une sagesse fondée sur le mal finit par l'emporter dans le
coeur des êtres humains. Lorsqu'on voulut gouverner en s'appuyant
sur les écrits bouddhiques, la sagesse des sutras du Hinayana ne fut pas suffisante pour ramener la paix. C'est alors que furent introduits
les sutras du Mahayana. Ils
furent utilisés pour gouverner, et le monde retrouva pour un
temps une certaine paix. Par la suite, même la sagesse des enseignements
du Mahayana se révéla
insuffisante. La sagesse du Sutra du Véhicule
unique fut donc enseignée ; on eut recours à elle pour
gouverner, ce qui permit au monde pendant un certain temps de connaître
la tranquillité. Toutefois,
à notre époque, ni les textes non bouddhiques, ni les
sutras du Hinayana, ni les sutras
du Mahayana, ni même le
Véhicule unique du Sutra du Lotus n'ont plus la moindre
efficacité. La raison en est que, dans l'esprit humain, l'avidité,
l'arrogance et la stupidité sont si fortes qu'elles défient
la supériorité de l'Honoré du monde dans l'accomplissement
du Grand Bien. [...] C'est pourquoi
s'il y avait en ce monde un homme sage, d'une sagesse égale à
celle de l'Honoré parvenu à l'Éveil
suprême, qui aille, pour restaurer l'ordre, trouver un sage
souverain comme le roi Senyo ; et
si, ensemble, ils décidaient de mettre un terme à des
actions qui ne sont bonnes qu'en apparence et de commettre ces actions
en apparence mauvaises que sont la réfutation, le bannissement,
la privation d'aumônes ou même la décapitation des
personnages des Huit Écoles considérés comme de grands sages, le pays retrouverait
sans doute une certaine paix. Il en va
de même pour l'actuel souverain du Japon. S'il acquiert la foi en
ce Grand Dharma pur, qui promet "paix et sécurité dans
cette vie-ci et de bonnes conditions dans la suivante"(réf.), et s'il la
propage dans tout le pays, il sera respecté par les peuples de
tous les pays, et son nom passera à la postérité
comme celui d'un sage. On en viendra peut-être même à
le considérer comme une manifestation du bodhisattva Muhengyo.
Et le sage qui s'emploie à propager les cinq caractères du Dharma Merveilleux, même
s'il est de basse condition, doit être considéré comme
une manifestation du bodhisattva Jogyo,
voire comme un envoyé du
Bouddha Shakyamuni. Quand le
monde est en paix, on ne distingue pas les personnes vertueuses, mais
lorsque l'époque est troublée, on distingue très
clairement le sage de l'ignorant. Comme c'est regrettable ! Si Hei no Saemon et le seigneur de
Sagami [Hojo Tokimune] avaient
tenu compte de mes avertissements ils n'auraient sûrement pas
fait décapiter les émissaires
mongols [arrivés avant l'année dernière]. Ils
le regrettent sans doute maintenant. De même, tous les êtres
vivants ont pour terre "l'aspect
réel de tous les phénomènes (shoho jisso)",
pour ciel, leur "nature libre de tout aspect" ; "le Véhicule
unique" est la pluie qui les nourrit ; "le grand vent"
qui les pousse, l'affirmation que le Sutra du Lotus est le
plus élevé de tous les sutras que le Bouddha "a enseignés,
enseigne ou enseignera"(réf.) ; et, avec les mots "doté du pouvoir de méditation et de sagesse-prajna"(réf.) les éclairant comme le soleil et la lune, ils cultivent les bienfaits de l'Éveil parfait faisant s'épanouir
les fleurs de la grande compassion et qui donne le fruit de la bodhéité apportant paix et joie. Telle est la façon dont le Bouddha nourrit
tous les êtres vivants. Mais quand les simples sujets tentent de s'approprier
les vertus du Fils du Ciel, ils agissent comme des inférieurs
essayant de détrôner leur supérieur. C'est comparable
à des gens du peuple tournant le dos à leurs supérieurs
pour obéir à des personnes de moindre valeur, ou à
des subalternes qui, ayant vaincu leurs supérieurs, entraînent
à la rébellion et créent des émeutes. En pareil cas, tous les efforts faits pour ramener
l'ordre dans le monde n'auront d'autre résultat que la confusion
dans l'État et la perte des personnes impliquées. Ce sera
comme vouloir déplacer un arbre sans troubler la paix de ses
branches et de ses feuilles, ou souhaiter qu'un navire poursuive paisiblement
sa route sur les vagues d'un océan en furie. |
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