DICTIONNAIRE des TERMES BOUDDHIQUES français, japonais, chinois, sanscrit, pali Résumé du Sutra du Lotus - 1ère partie |
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Prologue ou Introduction (Jo hon, Xu pin, 序品). Comme de nombreux sutras bouddhiques, il commence par les mots : "Ainsi ai-je entendu". Il poursuit en donnant le nom du lieu, le Pic du Vautour à Rajagriha, ainsi que celui de représentants : arhats et bodhisattvas , les quatre congrégations (moines et nonnes, laïcs, hommes et femmes), nous trouvons des devas et huit sortes d'êtres : dragons, kimnaras, asuras , etc. Dans ce chapitre, le Bouddha enseigne le Sutra Muryogi (Sutra aux sens infinis), puis entre dans une profonde méditation-samadhi*. A ce moment, quatre sortes de fleurs exquises tombent en pluie du ciel, et la terre tremble de six manières différentes. Puis le Bouddha émet un rayon lumineux qui part d'une touffe de poils blancs qu'il a entre les sourcils, illuminant ainsi dix-huit mille mondes à l'est. Maitreya interroge Manjushri sur ces prodiges. Ce dernier lui répond que ces signes auspicieux sont ceux qui précèdent l’exposé du Sutra du Lotus. Il le sait car, dans une existence antérieure, il a déjà assisté à cette scène. En ces temps-là, vingt mille bouddhas étaient apparus les uns après les autres, portant tous le même nom, Chandrasuryapradipa . Le dernier et vingt millième de ces bouddhas prêcha le Sutra Muryogi (Sutra aux sens infinis) , puis entra dans une profonde méditation et les mêmes présages apparurent. Immédiatement après, ce bouddha exposa un sutra intitulé Myohorengekyo (Sutra du Lotus). Se trouvait alors dans l'Assemblée le bodhisattva Varaprabha (Myoko) , accompagné de huit cents disciples parmi lesquels Cherche-Gloire (Yashaskama). Le bodhisattva Manjushri, symbole du savoir transformé en prajna , explique qu'il n'est autre que ce bouddha Varaprabha, alors que Cherche-Gloire (Yashaskama) est l'actuelMaitreya . Le fait que ce Prologue présente le Sutra du Lotus comme ayant été déjà enseigné en d’autres temps donne une dimension atemporelle à ce Sutra. Lire ce chapitre Expédients
[chapitre des] (Moyens salvifiques, Hoben pon,
方便品, Fangbian pin).
Chapitre-clé de l'enseignement théorique
dans lequel Shakyamuni déclare que la venue de tous les bouddhas en ce monde a pour seul but d'éveiller chez tous les êtres
la sagesse de bouddha, de les aider à la développer et
de leur permettre d'atteindre la bodhéité. Au début
du chapitre, le Bouddha émerge du recueillement dans lequel il
était entré au chapitre précédent, s’adresse
à Shariputra et déclare
que la sagesse de tous les bouddhas est infiniment profonde et incommensurable,
bien au-delà de la compréhension des auditeurs-shravakas et pratyekabuddhas. Seuls les bouddhas,
dit-il, peuvent comprendre l'aspect réel
de tous les phénomènes (shoho
jisso), la réalité qui consiste en apparence, nature, entièreté,
potentialité, énergie
manifestée,
cause latente, cause externe, effet latent, effet manifeste et leur
cohérence* de 1'origine jusqu'à la fin. Cette révélation
que toute vie est dotée du même schéma d'existence
(les dix modalités d'expression de
la vie) forme la base théorique qui permet d'affirmer ensuite
que tous les êtres ont la possibilité d'atteindre l'état
de bouddhaC'est ce passage qui servit de base doctrinale à Zhiyi pour
formuler le principe d'ichinen sanzen. Parabole
(Hiyu hon, Piyu pi,
譬諭品 ).
Au début de
ce chapitre, Shariputra danse de joie,
parce qu'il a compris l'enseignement de Shakyamuni sur "le véritable
aspect de tous les phénomènes (shoho
jisso) exposé au chapitre précédent. Shakyamuni
prophétise alors que, dans un futur lointain, Shariputra deviendra le bouddha Keko (Fleur lumineuse,
Tathagata Padmaprabha).
Cette prophétie est significative parce que Shariputra représente les hommes des deux véhicules
qui, selon les enseignements provisoires
du Mahayana, étaient à tout
jamais incapables d'atteindre l'état de bouddha. En prédisant
que Shariputra y parviendra, Shakyamuni confirme ce qu'il a déclaré dans le chapitre précédent :
tout le monde peut devenir bouddha. Cependant, à ce stade du
Sutra du Lotus, seul Shariputra a saisi ce que le Bouddha expose. Aussi Shakyamuni raconte-t-il la parabole
des trois chariots et de la maison en flammes pour illustrer le fait
que les trois véhicules que sont les états des auditeurs-shravakas
des pratyekabuddhas et des bodhisattvas ne sont que des moyens de conduire les êtres au Véhicule unique qui mène à l'état de bouddha. Chapitre IV Croire et comprendre [chapitre] (Shinge hon, 信解品, Xinjie pin). Chapitre IV chapitre du Sutra du Lotus. Dans ce chapitre, les quatre grands auditeurs-shravakas, ayant entendu la parabole des trois chariots et de la maison en feu dans le chapitre précédent, se réjouissent d'avoir compris que la véritable intention de Shakyamuni est de révéler le Véhicule unique du Bouddha qui conduit tous les êtres à l'Éveil. Ces quatre hommes sont Subhuti, Katyayana, Mahakashyapa et Maudgalyayana. Pour montrer leur compréhension de l'enseignement du Bouddha exposé dans la parabole des trois chariots, ils récitent la parabole de l'homme riche et de son fils pauvre, l'une des sept paraboles du Sutra du Lotus. Un jeune homme s’enfuit du foyer paternel. Il voyage mais vit dans la misère. Son père tente de le retrouver mais n’y parvenant pas, s’installe en chemin dans une ville où il fait fortune. Un jour, le fils passant par cette ville souhaite demander du travail à l’homme riche qu’il ne reconnaît pas. Voyant le faste de sa demeure, il renonce mais son père l’a aperçu et reconnu. Il envoie des serviteurs à sa poursuite mais le fils défaille de peur. Le père comprenant les mauvaises pensées de son fils décide d’user d’un stratagème ; on le laisse partir et il se rend dans un village pauvre. Les deux serviteurs à l’aspect misérable le recrutent pour s’occuper des immondices de la riche demeure. Le père constate qu’il s’occupe diligemment de son travail et, déguisé en serviteur, le prend sous sa protection et parfait son éducation. Après plusieurs années, le père sentant sa fin approcher, révèle à tous la vérité. Les quatre disciples identifient l'homme riche au Bouddha et le fils pauvre à eux-mêmes. De même que le fils pauvre n'avait pas reconnu son père riche et s'était satisfait d'un emploi misérable, ils n'avaient pas compris qu'ils étaient les enfants du Bouddha, capables de parvenir au même état de bouddha que lui et s'étaient satisfaits d'enseignements inférieurs. Le Bouddha, voyant bien les limites de leurs aspirations, les avait conduits graduellement au Véhicule unique du Bouddha grâce aux enseignements provisoires, de même que l'homme riche, en permettant à son fils de réaliser des tâches subalternes, l'avait aidé à développer peu à peu sa confiance en lui et sa compétence ; c'est seulement alors qu'il lui avait appris qu'il était son père et lui avait légué toutes ses richesses. Après avoir raconté la parabole, les quatre disciples déclarent qu'ils ont reçu du Bouddha le plus grand trésor sans l'avoir consciemment recherché. Lire ce chapitre. Chapitre V Parabole des herbes médicinales (Yakuso yu hon, 藥艸諭品, Yaocao yu pin). Shakyamuni relate la parabole des trois sortes d'herbes médicinales et des deux sortes d'arbres pour illustrer le fait que, bien que l'enseignement du Bouddha soit le même, il peut être interprété et développé de diverses façons. Bien que la pluie tombe en même quantité sur toutes sortes de plantes et d'arbres, elles l'absorbent et grandissent différemment selon leur propre nature. De même, bien que le Bouddha expose impartialement sa doctrine du Véhicule unique pour tous les êtres humains, la compréhension et les bienfaits que ceux-ci en retirent diffèrent selon leurs capacités respectives. Amenant le chapitre suivant, le Bouddha déclare aux auditeurs-shravakas qu’ils ne sont nullement entrés en extinction (metsudo), qu’ils pratiquent en fait la voie de bodhisattvas (bosatsudo) et que, s’ils s’y efforcent, ils deviendront des bouddhas. Lire ce chapitre Chapitre VI Octroi de la Prédiction ou Annonce (Juki hon, 授記, Shouji pin). Le mot "juki" désigne une prophétie faite par Shakyamuni sur le temps, le lieu et le nom sous lequel ses disciples deviendront des bouddhas. Dans ce chapitre, Shakyamuni prédit que les quatre grands auditeurs-shravakas - Mahakashyapa , Maudgalyayana , Subhuti et Katyayana - atteindront l'Éveil. Dans l'enseignement théorique du Sutra, Shakyamuni déclare que le véhicule suprême de l'état de bouddha est le but de la pratique bouddhique. C'est le principe du "remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique" (kaisan ken ichi). Le Bouddha explique ce principe de trois façons : de manière doctrinale par la révélation de la véritable essence de tous les phénomènes (shoho jisso) dans le chapitre Hoben* (II) ; en utilisant la parabole des trois chariots et de la maison en flammes dans le chapitre Hiyu* (III) ; et en clarifiant le lien passé entre ses disciples et lui-même dans le chapitre Kejoyu* (VII) . Le Bouddha employa ces trois façons de prêcher pour permettre aux trois groupes d'auditeurs-shravakas – ceux de grande, moyenne et petite capacités – de réaliser respectivement le principe de l'enseignement du véhicule unique. Le chapitre Juki prédit l'Éveil des disciples de capacité moyenne qui comprirent la véritable intention du Bouddha en l'entendant raconter la parabole des trois chariots et de la maison en flammes. Il prophétise d'abord que Mahakashyapa atteindra l'état de bouddha dans le futur en tant que bouddha Komyo (Lumière brillante), puis que Subhuti , Katyayana et Maudgalyayana atteindront l'Éveil respectivement sous les noms de bouddha Myoso (Forme merveilleuse), de bouddha Embunadai Konko (Jambunada Lumière dorée) et de bouddha Tamarabatsu Sendanko (Tamalapattra Parfum du bois de santal). Néanmoins, il est toujours annoncé que chacun de ses grands auditeurs-shravakas deviendra un bouddha "une fois départi de ce corps" (sha ze shin ni). Il y a plusieurs compréhensions. La plus évidente est de penser que cela se fera dans une existence ultérieure ou par mortifications. Dans la Transmission orale sur les significations (Ongi kuden), Nichiren examine la signification du caractère sha (se départir, abandonner, rejeter) et y voit deux interprétations. La première c’est se départir temporairement (il utilise l’adverbe ten qui signifie cycliquement, par transformation) et la seconde c’est se départir définitivement (ei qui signifie éternellement). La première acception ressortit de la l'enseignement théorique et la seconde de l'enseignement essentiel, en ce sens où la doctrine essentielle révèle des enseignements tels que vies et morts s’identifient au nirvana (shoji soku nehan) ou les désirs s’identifient à l’Éveil (bonno soku bodai). Lire ce chapitre Chapitre VII Parabole
du château illusoire ou de la ville illusoire. (Kejoyu
hon, 化城諭品, Huacheng yu pin).
Chapitre dans lequel Shakyamuni révèle
les liens qu'il avait avec ses disciples dans le passé lointain
de sanzen jintengo, quand il était
le seizième et plus jeune fils du roi
Daitsuchisho. Lorsqu’ils apprennent
que leur père est devenu un bouddha les seize princes partent
le rejoindre et lui demandent de les enseigner. Suit une narration des
prodiges qui s’accomplirent lorsque Daitsuchisho réalisa l’Éveil. Des divinités demandent également
à ce bouddha de révéler la doctrine. Il accède
à leur demande et révèle les douze
liens causaux puis l’extinction
à l’origine. Du coup, les seize princes quittent leur
famille pour devenir ses disciples. A eux, comme aux quatre
congrégations, Daitsuchisho enseigne le Sutra du Lotus. Après l’avoir enseigné
longtemps à de très nombreux êtres,
ce bouddha entre en samadhi*. Les seize princes
qui sont maintenant des bodhisattvas
poursuivent l’enseignement du Lotus. Cette action n’a
pas pris fin et Shakyamuni révèle
qu’il est lui-même l’un d’eux. A cette époque,
explique-t-il, ses quinze frères et lui exposèrent tous
le Sutra du Lotus que leur père leur avait enseigné.
Selon Zhanlan, ceux qui reçurent
les graines de l'état de bouddha à ce moment-là
en entendant Shakyamuni se sont divisés en trois groupes. Le
premier comprend ceux qui y crurent, le pratiquèrent sans relâchement
et atteignirent l'état de bouddha. Le deuxième comprend
ceux qui, en un premier temps, crurent au Sutra du Lotus puis
l'abandonnèrent et acceptèrent des enseignements bouddhiques
de moindre importance. Le troisième comprend ceux qui entendirent
le Sutra mais n'y crurent pas. Le deuxième groupe renaquit plus
tard en Inde avec Shakyamuni qui cultiva la graine de la bodhéité qu'ils avaient reçue à l'époque de sanzen
jintengo en exposant pour eux les enseignements provisoires des
trois véhicules puis en les conduisant
finalement au Véhicule unique du Sutra
du Lotus. En évoquant ces relations passées, le Bouddha
montre que le but ultime de sa venue en ce monde est d'exposer le véhicule
unique (le Sutra du Lotus) et que c'est seulement un lien avec
ce véhicule qui permet à tous ses auditeurs-shravakas d'atteindre
l'Éveil. Ainsi, le chapitre Kejoyu renforce
le principe du remplacement des trois véhicules par le véhicule
unique (kaisan ken'ichi), établi
dans les chapitres précédents. Il illustre cet enseignement
par une parabole. Chapitre VIII Cinq cents disciples reçoivent la prédiction ou Prophétie sur l'Éveil de cinq cents disciples (Gohyaku deshi juki hon, 五百弟子品 ). Le VIIIe chapitre du Sutra du Lotus. Au début de ce chapitre, Purna (Plénitude, Furuna, Fulouna) se réjouit d'avoir compris l'enseignement du Véhicule unique en entendant le Bouddha parler, dans le chapitre précédent, de leur relation passée à l'époque de sanzen jintengo, une époque où Shakyamuni était le seizième fils du bouddha Daitsuchisho. Shakyamuni prédit que Purna atteindra l'Éveil dans le futur sous le nom de bouddha Homyo (Eclat du Dharma). Ensuite, il prédit que les mille deux cents disciples arhats de l'Assemblée (parmi lesquels Kaundinya) atteindront également l'état de bouddha. Il fait d'abord cette prophétie au sujet de 500 arhats puis des 700 restants. Ces 1200, dit-il, deviendront des bouddhas portant tous le même nom, Fumyo (Brillance universelle). Les 500 exultent et estiment que l’Éveil d’arhats auquel ils étaient parvenus ne relevait que d’une sagesse mineure. Ils usent d’une parabole pour décrire leur ignorance passée de l’Éveil véritable. Un homme, après de copieuses libations chez un ami, s’endort ivre. Son ami qui est riche, a pitié de la vie de ce malheureux et décide de coudre dans la doublure de son vêtement une perle d’une grande valeur, puis il s'en va. A son réveil, l’homme quitte le pays mais continue de mener une existence miséreuse. Bien plus tard, les deux hommes se rencontrent à nouveau. L’homme riche est surpris de l’existence précaire de son ami. Il lui révèle la perle cousue dans l’habit que l’autre porte toujours. Dès lors, grâce à cette perle, il échappe à la misère et peut vivre à son gré. Il en est de même de la sagesse des arhats ; ignorants du joyau qu’ils portent en eux, ils se livrent à des exercices pénibles pour un gain minime. Lire ce chapitre Chapitre IX Prédiction octroyée aux apprentis et à ceux qui n’ont plus à apprendre ou Annonce conférée aux apprentis et à ceux qui n’ont plus à apprendre ( Jugaku mugaku ninki hon abrégé en Ninki , 授學無學人記品, Shouxue wuxue ren ji pin). Ananda et Rahula demandent à leur tour au Bouddha de leur conférer la prédiction de l’Éveil. Deux mille auditeurs-shravakas, de différents niveaux, ceux qui étudient (gaku) et ceux qui, étant devenus arhats, n'ont plus rien à apprendre (mugaku) se joignent à cette requête. Le Bouddha donne sa prédiction pour Ananda. Il révèle l’ancienneté des liens avec ce disciple. Dans le passé, les deux hommes parvinrent à l’Éveil, Ananda par la voie de l’érudition et Shakyamuni par celle de la pratique religieuse, d’où le rôle que chacun d’eux assume aujourd’hui. Du coup, Ananda se souvient de son vœu originel : garder en mémoire le Dharma des Éveillés pour le transmettre. Shakyamuni prédit qu'Ananda deviendra le bouddha Sengaie Jizaitsuo (Roi au pouvoir illimité de la sagesse de la mer et de la montagne). Puis Rahula reçoit également la prédiction, il sera le bouddha Toshippoke (Marchant sur les fleurs des sept trésors) Enfin c’est au tour des deux mille auditeurs-shravakas. Tous ces disciples deviendront des bouddhas portant le même nom, Hoso (Signe précieux). Ce chapitre conclut l'enseignement de Shakyamuni concernant le remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique (kaisan ken ichi). Rappelons que les prédictions massives délivrées à des auditeurs-shravakas et des arhats sont le propre du Sutra du Lotus. Dans les autres sutras du Mahayana, ces êtres des deux véhicules sont plutôt jugés indignes de l’Éveil à cause de la recherche toute personnelle de la sagesse à laquelle ils se livrent. Lire ce chapitre Chapitre X Maître du Dharma [chapitre] (Hosshi bon, 法師品, Fashi pin). Shakyamuni s'adresse, à travers le bodhisattva Yakuo*, aux 80000 bodhisattvas-mahasattvas qui se sont rassemblés, venus de tous les points de l'univers, pour l'entendre prêcher. A la différence des chapitres précédents qui révèlent que les auditeurs-shravakas atteindront immanquablement l'état de bouddha dans le futur, le chapitre Hosshi et ceux de l'enseignement théorique traitent de la pratique et de la propagation du Sutra après la mort du Bouddha. Shakyamuni adresse donc ces chapitres non à ses disciples shravakas, mais aux bodhisattvas-mahasattvas qui, en tant qu'émissaires du Bouddha, oeuvrent à sauver les êtres, en vantant le grand bienfait de pratiquer et d'enseigner le Sutra du Lotus. Celui qui en entend, ne serait-ce qu'un seul vers ou une phrase, et en tire, ne serait-ce qu'un instant de joie, déclare le Bouddha, atteindra de façon certaine l'Éveil suprême. De plus, celui qui enseigne à une autre personne, ne serait-ce qu'une phrase du Sutra, sera considéré comme un messager du Bouddha, envoyé pour réaliser son œuvre. Ce chapitre énonce ce que l'on appelle les trois règles de prédication (sanki) du Sutra du Lotus : entrer dans la demeure de l'Ainsi-Venu, revêtir la robe de l'Ainsi-Venu et s'asseoir sur le trône de l'Ainsi-Venu. La demeure de l'Ainsi-Venu symbolise une profonde compassion ; sa robe, un cœur doux et indulgent, et son trône, la perception de la non-substantialité (ku) de tous les phénomènes Ce chapitre mentionne également les cinq pratiques du Sutra : le croire, le lire, le réciter, l'enseigner et le transcrire. Lire le chapitre Chapitre XI Tour aux Trésors (ou Précieux stupa ou Apparition d'un stupa, Ken hoto bon, 見寶塔品, jian baota pin). Dans ce chapitre, une magnifique tour aux trésors de quelque cinq cents yojanas de hauteur s'élève de terre et reste suspendue dans les Airs. Une voix en sort, qui fait l'éloge du Bouddha Shakyamuni et déclare que tout ce qu'il a enseigné jusque-là dans le Sutra du Lotus est vrai. Par l'intermédiaire du bodhisattva Mahapratibhana (Grande joie à enseigner, Daigyosetsu), l'Assemblée demande à connaître le sens de cet événement. Shakyamuni explique que, dans la Tour, se trouve le corps d'un bouddha nommé Taho qui vécut à un moment donné dans la terre du Trésor de Pureté, à un nombre incalculable de mondes vers l'est. Bien qu'il ait atteint depuis longtemps le nirvana, il a fait vœu, quel que soit le lieu où que l'on prêche le Sutra du Lotus, d'apparaître dans la Tour aux trésors et de témoigner de la véracité de ce Sutra. Le bodhisattva Mahapratibhana demande alors à voir le bouddha Taho. Shakyamuni répond que, pour ouvrir la porte de la Tour aux trésors, il doit d'abord, en provenance des dix directions, rassembler les bouddhas qui prêchent le Dharma qui sont des émanations de lui-même. Et il entreprend de transformer la terre trois fois (sampen doden) pour leur faire de la place. Il purifie d'abord le monde Saha en déplaçant les êtres des états d'humanité et céleste vers d'autres mondes, et n'y demeure que la foule assemblée. Puis, il utilise son pouvoir mystique à purifier deux cent milliards nayutas de mondes dans chacune des huit directions. Dans ces mondes, il n'y a désormais plus d'êtres dans les états d'enfer, d'esprits affamés, d'animalité ou d'asura, autrement dit plus personne dans les quatre voies mauvaises. De plus, Shakyamuni déplace, dans cette multitude, les êtres des états d'humanité et céleste vers d'autres mondes afin que ces terres purifiées ne soient plus habitées par aucun être des six voies. Puis, il purifie encore deux cent milliards nayutas d'autres mondes dans les huit directions de la même manière. Lorsque le monde Saha et les deux autres groupes de mondes ont été ainsi transformés en t Terre de Bouddha, tous les bouddhas se rassemblent, en provenance de tout l'univers, s'assoient sur des trônes ornés de lions sous des arbres de pierres précieuses. Quand ils sont tous réunis, Shakyamuni ouvre la Tour aux trésors et le bouddha Taho l'invite à partager son siège. Shakyamuni utilise alors ses pouvoirs mystiques pour élever l'Assemblée entière en plein espace, et la Cérémonie dans les Airs débute. Assis à côté de Taho dans la Tour aux trésors, Shakyamuni fait trois déclarations, en demandant à la multitude de propager le Sutra du Lotus après sa mort. Lors de la troisième déclaration, il se sert de la comparaison connue sous le nom des six actes difficiles et neuf actes faciles, pour souligner la grande difficulté qu'il y aura à pratiquer et à propager le Sutra après sa mort. Lire ce chapitre Chapitre XII Devadatta
[chapitre] (Daibadatta
hon, 提婆達多品). Il enseigne que les femmes et les hommes mauvais
peuvent atteindre l'état de bouddha, capacité qui leur
est généralement déniée dans les enseignements
provisoires ; il expose également le principe de l'atteinte
de la bodhéité sous sa forme actuelle (sokushin
jobutsu) sans qu'il soit nécessaire de pratiquer pendant
des kalpas. Dans la première moitié
du chapitre, Shakyamuni révèle que dans une vie antérieure il fut un roi qui renonça au trône pour rechercher la vérité.
Pendant mille ans, il servit un ermite nommé Ashi
qui, en retour, lui enseigna le Sutra du Lotus. Cet ermite,
explique-t-il, n'est autre que l'actuel Devadatta.
Il prédit alors que, dans un futur lointain, Devadatta atteindra l'Éveil sous le nom de bouddha Tenno (Roi céleste). Au cours de sa vie, Devadatta tenta à plusieurs reprises de tuer le Bouddha et de créer
des dissensions à l'intérieur de la communauté.
Il serait tombé vivant en enfer. La prédiction qu'il parviendra
à l'Éveil à l'avenir indique que même la personne
la plus dépravée a la possibilité de devenir bouddha. Chapitre XIII Exhortation à la sauvegarde (Kanji hon, 勸持品, Quanchi pin). Au début du chapitre, le bodhisattva Yakuo* et sa suite de vingt mille bodhisattvas font, devant Shakyamuni, le vœu de propager le Sutra du Lotus dans ce monde après sa mort. A leur différence, cinq cents arhats qui (dans le chapitre précédent) ont reçu la prophétie d'obtenir l'Éveil à l'avenir, et huit mille auditeurs-shravakas (dont certains étudient tandis que d'autres n'ont plus rien à apprendre) font le voeu de le propager dans d'autres mondes. Shakyamuni prédit ensuite l'Éveil de Mahaprajapati, sa tante maternelle, et de Yashodhara, son épouse, avant qu'il ne renonce au monde. Toutes deux, avec leurs suites de six mille nonnes, font également le vœu de propager le Sutra après la mort du Bouddha. Puis 80 myriades de millions de nayutas de bodhisattvas s’engagent également à ne pas laisser le Dharma dépérir dans les âges mauvais qu’ils dépeignent sous des couleurs sinistres. Les ignorants seront vindicatifs et les moines auront une sagesse pervertie. Ils se vanteront de leurs médiocres réalisations spirituelles et seront avides de biens. Ils se plairont à critiquer les croyants et le Sutra du Lotus et intrigueront auprès des puissants. Néanmoins les bodhisattvas font le serment d'une résolution inébranlable. Leur vœu est prononcé en vers et l'on s'y réfère souvent comme aux "vingt lignes versifiées du chapitre Kanji". Les persécutions énumérées furent plus tard rangées sous la dénomination "les Trois Grands Ennemis" par le Grand-maître Zhanlan . Lire ce chapitre Chapitre XIV Pratiques paisibles ou Pratique commode ou Pratiques aisées (Anrakugyo hon , Anyuexing pin). Dernier chapitre de l'enseignement théorique (shakumon), qui décrit quatre formes paisibles de la pratique. Dans ce texte, en réponse à une question du bodhisattva Manjushri sur la manière dont les bodhisattvas devront pratiquer le bouddhisme après la disparition du Bouddha, Shakyamuni propose quatre voies : actions paisibles, paroles paisibles, pensées sereines et voeux sereins. Zhiyi considère ces quatre pratiques comme découlant des trois règles de prédication décrites dans le chapitre Hosshi* (X). Quant à la manière d'enseigner le Sutra du Lotus Shakyamuni précise que se tenant à l’écart des puissants ou des mauvaises fréquentations, son disciple s’adressera à ceux qui sont désireux de savoir. Pour les autres, sous certaines conditions, il peut exposer le Dharma mais, sans illusion. De même il ne dénoncera pas les opinions hétérodoxes ni les erreurs. Avec subtilité et d’une façon agréable, il essaiera d’amener les autres à son point de vue ; sans duplicité ni flagornerie toutefois. Le chapitre Anrakugyo comporte également la parabole de "l'inestimable joyau dans la coiffure", dans laquelle un roi récompense ses soldats avec des terres, des maisons et des bijoux pour leur courage au combat, mais ne leur donne pas le joyau précieux qu'il porte dans sa coiffure. Il finira cependant par accorder ce joyau sans prix au plus courageux de ses soldats. Le bijou en question représente le Sutra du Lotus que le Bouddha dissimule tant qu'il expose ses enseignements provisoires, gardant son message le plus profond pour la fin. Lire ce chapitre |