Sutra du Lotus* |
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{§1} A ce moment*, Purna, fils de Maitrayani*, qui avait entendu du Bouddha cet exposé du Dharma adapté aux dispositions grâce aux expédients de sa sagesse, qui l'avait aussi entendu conférer aux grands disciples la prédiction de l'Éveil complet et parfait sans supérieur*, qui avait en outre entendu ce qui concernait les relations d'existences antérieures, qui avait enfin entendu que les bouddhas avaient des pouvoirs mystiques et souverains, comme jamais auparavant exulta en son coeur d'une pure allégresse. Il se leva aussitôt de son siège et se rendit devant l'Éveillé, inclina la tête jusqu'à ses pieds en révérence, puis se retira sur un côté, où il demeura à regarder en adoration le visage du Vénérable, sans le quitter le moindre instant des yeux. Et il eut cette pensée: "le Vénéré du monde* est fort exceptionnel, ce qu'il fait est rarissime; il se conforme à la variété des natures de ce monde pour, à l'aide de son savoir et de sa vision expédientiels, leur prêcher le Dharma et extirper les multiples attachements d'avidité des êtres. Pour ce qui est des mérites de l'Éveillé, notre parole est inapte à l'exprimer. Seul l'Éveillé Vénéré du monde peut connaître le voeu foncier au profond de notre coeur." {§2} À ce moment, l'Éveillé proclama aux bhiksus* : Voyez-vous ici Purna, fils de Maitrayani*? Je suis toujours à le louer comme le premier parmi ceux qui exposent le Dharma et à admirer la variété de ses mérites; il préserve avec zèle mon Dharma et aide à le propager. Il est capable de le montrer et de l'enseigner aux quatre congrégations, de leur dispenser bienfaits et allégresse; muni d'une totale compréhension du Dharma correct du Bouddha, il inonde de ses largesses ceux qui pratiquent pareillement la conduite brahmique. Mis à part l'Ainsi-Venu, nul ne saurait épuiser l'éloquence de ses paroles. {§3} N'allez pas penser que c'est mon seul Dharma correct que Purna, fils de Maitrayani*, soit capable de préserver et d'aider à propager: il a aussi, dans le passé, préservé et aidé à propager le Dharma correct de bouddha auprès de quatre-vingt-dix myriades de bouddhas et, là aussi, il fût le premier parmi ceux qui exposaient le Dharma. {§4} En outre, parvenu à une lucide compréhension de l'enseignement de la vacuité prêché par les bouddha, il fit siennes les quatre pouvoirs illimités de compréhension et de prêche et fût d'enseigner le Dharma dans toute sa clarté et toute sa pureté, sans qu'il y eût doutes ou égarements. Muni de la totalité des pouvoirs mystiques d'un bodhisattva, il pratiqua constamment la conduite brahmique tout au long de ses existences, et les hommes vivant en l'âge de ces bouddhas pensèrent tous qu'il était en réalité un auditeur-shravaka*. Or Purna*, grâce à cet expédient, inonda de ses bienfaits d'innombrables centaines de milliers d'êtres, et convertit de surcroît d'innombrables quantités incalculables d'hommes qu'il établit dans l'Éveil complet et parfait sans supérieur*. Afin de purifier sa Terre de Bouddha il mène constamment la conduite de bouddha et convertit les êtres par son enseignement. {§5} Ô bhiksus*, Purna* a aussi obtenu la première place parmi ceux qui prêchaient le Dharma auprès des sept bouddhas. À présent, il est également le premier de ceux qui prêchent le Dharma auprès de moi. Et il sera encore le premier parmi ceux qui prêcheront le Dharma auprès des bouddhas à venir (note) au cours du kalpa Bhadrakalpa (kalpa Judicieux); à chaque fois, il préservera et aidera à propager le Dharma de bouddha. Dans le futur également il préservera et aidera à propager le Dharma de bouddhas innombrables et infinis; il convertira par son enseignement et inondera de ses bienfaits d'innombrables êtres, qu'il établira dans l'Éveil complet et parfait sans supérieur*. Afin de purifier sa Terre de Bouddha, il consacrera constamment son énergie à convertir les êtres par son enseignement. Il complétera graduellement toute la voie de bodhisattvas et, quand d'innombrables quantités incalculables de kalpa auront passé, il devra en cette terre obtenir l'Éveil complet et parfait sans supérieur* ; son nom sera l'Ainsi-Venu Dharmaprabhasa*, Arhat*, Samyak-Sambuddha*, Vidya-carana-sampanna*, Sugata*, Lokavit*, Purusa-damya-sarathi*, Sasta deva-manusyanam*, Buddha*, Bhagavat*. Cet Éveillé aura des mondes tricosmiques aussi nombreux que les sables du Gange pour Terre de Bouddha; les sept matières précieuses en feront le sol, qui sera aussi égal que la paume: il n'y aura ni monts ni éminences, ni vallées encaissées ni fossés; des belvédères faits des sept matières précieuses y abonderont; les palais des devas* se trouveront à proximité dans le ciel: hommes et devas* se rencontreront et pourront se voir les uns les autres. {§6}Les mauvaises voies n'y existeront pas, et il n'y aura point de sexe (note) non plus ; les êtres y naîtront tous par transformation et il n'y aura pas de passions charnelles. On y obtiendra les grands pouvoirs mystiques, les corps émettront de la lumière et l'on s'y déplacera librement en volant. La volonté y sera affermie, comme le zèle et la sagesse. Tous seront universellement de couleur d'or et seront spontanément parés des trente-deux marques. {§7} Les êtres de ce royaume feront leur ordinaire de deux nourritures: l'une sera le mets d'allégresse du Dharma, l'autre le mets d'extase méditative. Il y aura une multitude d'innombrables quantités incalculables de myriades et de milliards de bodhisattvas à obtenir les grands pouvoirs mystiques et les quatre pouvoirs illimités de compréhension et de prêche; ils seront habiles et capables de convertir les diverses sortes d'êtres par leur enseignement. La foule de leurs auditeurs-shravakas* ne se pourra connaître par compte ou calcul. Tous obtiendront en totalité les six pouvoirs, les trois sciences, les huit délivrances. {§8}Tels seront les innombrables mérites de cette terre d'Éveillé, qui l'orneront et la réaliseront. L'âge cosmique sera appelé Ratnavabhasa (Clarté de Joyau) ; la terre aura nom Suvishuddha (Bonne-Pureté) ; l'âge du bouddha sera d'innombrables quantités incalculables de kalpas ; son Dharma perdurera fort longtemps. Après le passage de bouddha en parinirvana, on élèvera des stupa des sept matières précieuses qui empliront tout le royaume. {§9} Alors, le Vénéré du Monde*, voulant réitérer cette idée, s'exprima en stances : Ô bhiksus*,
écoutez en toute lucidité : {§33} Alors, les mille deux cents arhats, de pensée souveraine, se firent cette réflexion: nous nous réjouissons comme jamais auparavant; Si le Vénéré du monde* daignait nous conférer à chacun la prédiction, comme aux autres grands disciples, n'en serions-nous pas heureux ? {§34} L'Éveillé sut ce qu'ils pensaient en leur coeur et déclara à Mahakashyapa* : Ces mille deux cents arhats, je vais maintenant, présent en personne devant eux, leur conférer successivement la prédiction de l'Éveil complet et parfait sans supérieur*. {§35} Parmi cette multitude, mon grand disciple, le bhiksu* Ajnata-Kaundinya*, fera offrande à soixante-deux mille myriades de bouddha et après cela obtiendra de réaliser l'état de bouddha; son nom sera l'Ainsi-Venu Samantaprabhasa* Arhat*, Samyak-Sambuddha*, Vidya-carana-sampanna*, Sugata*, Lokavit*, Purusa-damya-sarathi*, Sasta deva-manusyanam*, Buddha*, Bhagavat*. {§36}Ces cinq cents arhats, Uruvilva-Kashyapa*, Gaya-Kashapa*, Nadi-Kashyapa*, Kalodayin, Udayin, Aniruddha*, Revata*, Kapphina*, Vakkula, Cunda, Svagata et les autres obtiendront tous l'Éveil complet et parfait sans supérieur* et seront tout uniment appelés du même nom, qui sera Samantaprabhasa* (Clarté-Universelle). {§37}Alors le Vénéré du monde*, voulant réitérer cette idée, s'exprima en stances : Le bhiksu* Ajnata-Kaundinya* {§48} Alors les cinq cents arhats, ayant pu en présence de l'Éveillé recevoir la prédiction, exultèrent d'allégresse; ils se levèrent de leur siège pour s'avancer devant lui et incliner la tête à ses pieds en révérence. Regrettant leur erreur, ils se faisaient des reproches: "Vénéré du monde*, nous pensions toujours, nous estimions avoir parachevé le passage en nirvana, mais, nous le savons à présent, nous ne valions pas mieux que des ignares. Pourquoi cela? Alors que nous devions obtenir la sagesse d'Ainsi-Venu, nous nous contentions pour nous-mêmes d'une sagesse mineure. {§49}Vénéré du monde*, ceci est comparable à quelqu'un qui arriverait chez un ami proche, s'enivrerait de vin et se coucherait. Son proche ami, pour une affaire officielle, doit partir. Il coud un joyau sans prix dans la doublure de l'habit de l'autre pour la lui donner et s'en va. L'autre homme, affalé dans son ébriété, ne s'aperçoit de rien du tout. Après s'être levé, il part en voyage pour l'étranger. Pour s'assurer vivres et vêtements, il s'évertue à les rechercher au prix des plus grandes difficultés. Vient-il à se procurer le moindre gain qu'il s'en contente. Par la suite, son proche ami le rencontre par hasard et lui tient ces propos: «Alors, mon vieux, pourquoi donc en arriver là pour vivres et vêtements? Autrefois, j'ai voulu assurer ton confort et faire en sorte que tu puisses agir selon tes cinq désirs. En tel jour, tel mois, telle année, j'ai cousu un joyau sans prix dans la doublure de ton vêtement. Il y est bel et bien, encore à présent, et tu ne le sais même pas. Rechercher ainsi ta subsistance dans la douleur et la peine, c'est le comble de la stupidité*. Tu peux maintenant échanger ce joyau pour te procurer le nécessaire et tu pourras toujours en faire à ta guise sans connaître la gêne." {§50} Il en va de même pour l'Éveillé : du temps qu'il était bodhisattva, il nous a convertis par son enseignement et nous a amenés à déployer la pensée de l'omniscience, mais par la suite nous l'avons oubliée: nous ne la connaissions plus, ne l'apercevions plus. Dès que nous avions obtenu la voie d'arhat, nous estimions qu'il s'agissait du passage en nirvana. Assurer le vivre était difficile, et nous nous contentions d'un gain minime, mais notre aspiration à l'omniscience persistait, elle n'était pas perdue. Voici que maintenant le Vénéré du monde* nous met en garde et qu'il nous tient ces paroles: : «Ce que vous avez obtenu, bhiksus*, n'est point la bodhété parachevée; depuis longtemps je vous fais planter les bonnes racines d'Éveillé et, grâce à mes expédients, je vous ai montré l'aspect du nirvana; vous avez alors pensé avoir réellement obtenu le passage en nirvana.» {§51} Vénéré du monde*, nous savons à présent que nous sommes en réalité des bodhisattvas, nous avons pu recevoir la prédiction de l'Éveil complet et parfait sans supérieur*. Dans ces conditions, nous nous réjouissons grandement de cet événernent sans précédent. {§52}Alors Ajnata-Kaundinya* et les autres, voulant réitérer cette idée, s'exprimèrent en stances : Nous entendons l'insurpassable
Commentaire de Nikkyo Niwano sur ce chapitre Ce qu'en dit Nichiren ; Citations dans les goshos SUITE (chapitre IX) |
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