Sutra du Lotus* |
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{§1} A
ce moment*,
Shariputra*
fut rempli de joie, joignit les paumes, leva humblement les yeux vers
le visage vénéré et s'adressa à l'Éveillé
: {§2}"Au
son du Dharma que je viens à présent d'entendre du Vénéré
du Monde, ma pensée exulte comme jamais auparavant. Comment
cela se fait-il? C'est que, dans le passé, j'ai entendu de l'Éveillé
un tel Dharma, j'ai vu les bodhisattvas
recevoir la prédiction
de leur futur état de bouddha, alors que nous autres n'étions
pas concernés en cette affaire. Je fus moi-même fort affligé
de manquer le savoir et la vision infinis de l'Ainsi-Venu. {§3}
Vénéré du Monde*,
je demeurai constamment, solitaire, dans les montagnes boisées,
au pied des arbres ; assis ou marchant, j'avais à chaque fois
cette pensée : nous avons pareillement pénétré
la nature du Dharma ; pourquoi est-ce à l'aide du Dharma du Hinayana
que l'Ainsi-Venu nous montre le salut ?
(note) Cela est de notre faute, non
de celle du Vénéré du Monde. {§4} Pourquoi
cela? Si nous avions attendu qu'il prêchât comment réaliser
l'Éveil complet et parfait sans supérieur*,
nous aurions immanquablement gagné la délivrance grâce
au Mahayana, mais nous n'avons
pas compris que ses moyens appropriés* s'adaptent à ceux pour qui il prêche : sitôt entendu
le Dharma de bouddha, sur-le-champ nous l'avons reçu avec foi,
nous y avons réfléchi et l'avons pris pour attesté. {§5} Vénéré
du Monde, depuis ces temps anciens, je me suis jour et nuit, sans trêve,
accablé de reproches. Or, j'entends à présent du
Bouddha un Dharma inouï et sans précédent. Il a coupé
court à mes doutes et regrets. Réconforté en corps
et pensée, je me sens heureux et soulagé ; je sais
aujourd'hui que je suis véritablement fils de bouddha*
: né
de la bouche du Bouddha*,
né par transformation du Dharma, ayant part au Dharma de bouddha." {§6} Alors
Shariputra*,
voulant réitérer cette idée, s'exprima en stances : {§7} Ayant
entendu le son de ce Dharma, {§8} J'ai
autrefois reçu en grâce la doctrine du Bouddha, {§9} Je
m'étais déjà débarassé des infections {§10} assis
ou en déambulant, {§11} Nous
sommes nous aussi fils de bouddha, {§12} La
couleur dorée du corps, ses trente-deux
marques, {§13} Les
quatre-vingts caractères
sublimes, {§14} Seul
dans ma déambulation, {§15} Je
songeais en moi-même que je manquais ces bénéfices,
{§16} et
voulais demander au Vénéré
du Monde*,
{§17} pour
cela, jour et nuit, {§18} sans
infections, si difficile à concevoir qu'il soit, {§19} Le
Vénéré du Monde*,
connaissant mon coeur, {§20} En
ce temps-là, j'estimai en pensée {§21} Si
j'obtiens un jour de devenir Éveillé, {§22} alors
seulement je pourrai me dire {§23} à
entendre ce son du Dharma ; {§24} n'était-ce
pas plutôt Mara, contrefaisant
l'Éveillé, {§25} sa
pensée était calme comme la mer ; {§26} par
des moyens habiles {§27} eux
aussi à l'aide de moyens habiles, {§28} à
l'obtention de la Voie, à
la mise en branle de la roue du Dharma,
{§29} c'est
ainsi que je sais décidément {§30} A
entendre les sons mélodieux du Bouddha, {§31} mes
doutes et regrets sont à jamais épuisés : {§32} Alors
l'Éveillé déclara à Shariputra*
: {§33} "Je
prêche à présent au sein d'une grande foule de devas*
et d'hommes, d'ascètes et de brahmanes ;
{§34}
Shariputra*,
je t'ai dans le passé fait aspirer à la voie d'Éveillé
; tu l'as maintenant complètement oubliée, {§35} Shariputra*,
dans l'avenir, ayant passé un nombre incalculable, illimité,
inconcevable de kalpa, ayant rendu
hommage à plusieurs milliers de myriades de bouddhas, réservé
au Dharma correct, totalement muni de la voie pratiquée par les
bodhisattvas, tu obtiendras de devenir Éveillé et seras
appelé l'Ainsi-Venu Padmaprabha*, Arhat*, Samyak-Sambuddha*,
Vidya-carana-sampanna*, Sugata*,
Lokavit*, Purusa-damya-sarathi*, Sasta
deva-manusyanam*,
Buddha*, Bhagavat*.
(note) {§36}
Ton royaume aura nom Viraja*,
à la terre unie, pure, ornée, pacifique, prospère ;
devas*
et hommes y foisonneront
; le sol sera de béryl ; il y aura huit
voies qui se croisent, lesquelles seront délimitées
par des cordons d'or et bordées d'arbres faits des sept
matières précieuses, donnant perpétuellement
fleurs et fruits. {§37}
L'Ainsi-Venu Padmaprabha*, lui aussi, enseignera
et convertira les êtres à l'aide des trois
véhicules. Shariputra*,
lorsque cet Éveillé apparaîtra au monde, il exposera,
de par son voeu originel, le Dharma des trois véhicules, alors
que ce ne sera le temps où le kalpa dégenère. Son kalpa aura pour nom
Maharatnapratimandita*.
Pourquoi aura-t-il nom Maharatnapratimandita* ? C'est que dans ce royaume les bodhisattvas constitueront de grands joyaux* ; ces bodhisattvas seront en nombre incalculable, illimité, inconcevable ;
aucune comparaison ne pourrait le chiffrer, on ne saurait le connaître
qu'avec la puissance de la sagesse de
bouddha. {§37}
Lorsqu'ils
voudront marcher, des lotus de diamant*
recevront leurs pas. Ces bodhisattvas n'en seront pas à leur
premier déploiement d'intention ; ils auront depuis longtemps
planté les racines des mérites, pratiqué avec pureté
la conduite brahmique auprès
de milliers de myriades de bouddhas sans nombre ; ils auront provoqué
l'admiration des bouddhas, se seront continuellement entraînés
à la prajna de bouddha, munis
totalement des grands pouvoirs merveilleux ; ils auront la maîtrise
de l'ensemble des enseignements et seront droits de caractère,
sans duplicité, d'une volonté ferme et solide. De tels bodhisattvas
rempliront son royaume. Shariputra*,
l'âge du bouddha Padmaprabha* atteindra douze kalpa
mineurs, si l'on excepte le temps où il était kumara
(prince) avant de devenir Éveillé; dans son royaume, l'âge
du peuple atteindra huit kalpa mineurs. {§38}
Passé douze kalpa
mineurs, l'Ainsi-Venu Padmaprabha* confèrera au
bodhisattva-mahasattva nommé Dhritiparipurna* la prédiction (note)
de l'Éveil complet et parfait sans supérieur* et déclarera aux bhiksus* que ce bodhisattva
Dhritiparipurna* devra par la suite
devenir bouddha sous l'appellation d'Ainsi-Venu, Arhat* complètement
et parfaitement Éveillé Padmavricha bhavikramin*; son royaume sera tel
que celui-ci. Shariputra*,
après que ce bouddha Padmaprabha* sera passé
en nirvana, le Dharma parfait demeurera
dans le monde trente-deux kalpas
mineurs et le Dharma formel aussi
demeurera dans le monde trente-deux kalpas
mineurs." {§39}
Alors le Vénéré
du Monde*,
voulant réitérer cette idée, s'exprima en stances : {§40}
Shariputra*,
en un âge à venir, {§40}
ayant rendu hommage
à des bouddhas sans nombre, {§41}
D'incalculables kalpas ayant passé,
{§42}
le sol en sera de béryl, {§43} Les
bodhisattvas de ce royaume {§44} auprès
d'innombrables bouddhas {§45} Ce
bouddha, alors qu'il sera encore kumara (prince), {§46} Le
bouddha Padmaprabha* demeurera au monde
{§47} Après
que ce bouddha sera passé en nirvana, {§48} Après
la disparition du Dharma correct,
{§49} Telles
seront toutes {§50} Alors
les quatre congrégations, les bhiksus* et bhiksunis*,
les upasakas*
et upasikas*,
les devas*,
nagas*, yakshas*,
gandharvas*,
asuras*, garudas*,
kimnaras*, mahoragas*,
en grandes multitudes, voyant Shariputra*
recevoir, face à l'Éveillé, la prédiction
de l'Éveil complet et parfait sans supérieur* exultèrent en leur coeur d'une
liesse sans borne. Tous jusqu'au dernier se défirent des atours
qu'ils portaient pour en faire offrande à l'Éveillé ; {§51} Chakra
Devendra (Indra) et Brahma le
seigneur divin, avec d'innombrables fils de devas*,
firent offrande à l'Éveillé de leurs sublimes atours
divins, de fleurs mandarava*
et mahamandarava*.
Ils agitèrent dans le ciel, au-dessus de sa tête, des étoffes
divines. De divines musiques, par dizaines de milliers, se mirent en
même temps à résonner dans l'espace tandis que pleuvaient
une multitude de fleurs célestes et que se formaient ces paroles
: {§52} Alors
les fils de devas*,
voulant réitérer cette idée, s'exprimèrent
en stances : {§53} Jadis
à Varanasi, {§54} Maintenant
à nouveau il met en branle la roue {§55} Nous
autres, depuis les temps anciens, {§56} A
la prédication de ce Dharma par le Vénéré
du Monde*,
{§57} nous
aussi, tout comme lui, {§58} La
voie de bouddha défie le concevable : {§59} Alors
Shariputra*
déclara à l'Éveillé : "Vénéré
du Monde*,
je n'ai à présent plus de doute ni de regret : j'ai personnellement
reçu du Bouddha la prédiction (note)
de l'Éveil complet et parfait sans supérieur*. Quand ces mille deux cents êtres,
souverains maîtres de leur pensée, demeuraient jadis au
niveau de l'étude, l'Éveillé leur enseignait constamment : {§60} "Mon
Dharma est capable de vous détacher de la naissance, de la vieillesse,
de la maladie et de la mort, ainsi que de vous faire parachever le nirvana."
Ces êtres, qu'ils fussent apprentis
ou au-delà de l'étude, estimant tous et chacun s'être
détachés des vues sur le Moi comme des vues sur l'existant
et l'inexistant, crurent avoir gagné le nirvana et maintenant
qu'ils entendent, en présence du Vénéré
du Monde, ce qu'ils n'avaient jamais encore entendu, ils tombent tous
dans les égarements du doute. Fort bien, Vénéré
du Monde*,
mon souhait est que vous exposiez ces causes et conditions aux quatre
congrégations afin de les détacher du doute et du regret.": {§61} Alors
l'Éveillé proclama à Shariputra*
: {§61} N'ai-je
pas dit auparavant que si les bouddhas, Vénérés
du Monde, prêchaient le Dharma à l'aide d'une variété
d'expédients, relations, paraboles et locutions, c'était
toujours en vue de l'Éveil complet et
parfait sans supérieur* ? C'est parce que tout ce qu'ils
prêchaient était pour convertir les bodhisattvas. Or à
présent, Shariputra*,
je (note)
vais à nouveau illustrer cette idée à l'aide
d'une autre parabole, car ceux qui ont le jnana
comprennent grâce aux paraboles. (note) {§62}Shariputra*,
imagine que dans un pays, une région, un village, il y avait
un maître de maison, d'un âge
fort avancé et
à la fortune incalculable, possédant abondance de champs,
de résidences, de serviteurs. Sa maison était immense
et n'avait qu'une seule porte; une foule de gens, cent, deux cents,
cinq cents même, y demeuraient. {§63} Les
salles et les pavillons en étaient vermoulus, les murs croulaient,
les piliers étaient pourris à la base, les {§64} Le
maître de maison, voyant ce grand feu qui avait surgi des quatre
directions, fut saisi de frayeur et eut cette pensée: alors que,
moi, je pourrais aisément sortir par cette porte en feu, mes
enfants, eux, sont dans la maison en flammes, plongés avec délice
dans leurs jeux; ils ne s'aperçoivent de rien, ne se rendent
compte de rien, ne sont ni étonnés ni effrayés.
Le feu les menace, la douleur est imminente et ils n'ont nulle angoisse
en leur coeur, ils n'ont pas l'intention de chercher à sortir. {§65} Shariputra*,
le maître de maison se fit cette réflexion : moi-même
je suis assez vigoureux pour sortir mais réussirais-je à
les faire sortir du bâtiment à l'aide de vêtements
de moines*
ou encore de Tables* ? Cette maison n'a qu'une seule porte, encore est-elle bien
étroite. Mes enfants sont petits, ils ne savent rien ; plongés
dans leurs jeux, ils risqueraient de tomber et de finir brûlés.
Je dois donc leur annoncer l'effrayante chose ; cette maison brûle
déjà, il faut vite les en faire sortir à temps et ne pas
les laisser brûler dans les flammes. S'étant dit cela,
il fit comme il l'avait pensé et avertit sans ambages ses enfants :
"Sortez vite ! " {§66}
Mais, malgré les bonnes
paroles d'incitation que le père, dans sa tendresse et son affection,
leur adressait, les enfants, plongés avec délice dans
leurs jeux, se refusaient à le croire. Pas plus étonnés
qu'effrayés, ils n'avaient aucunement le coeur à sortir,
d'autant qu'ils ne savaient pas ce qu'était le feu, ni une maison,
ni davantage une porte ; courant d'est en ouest, ils se contentaient
de regarder leur père. {§67} Alors
le maître de maison eut cette pensée : ce logis est désormais
la proie de l'incendie ; si, mes fils et moi,
nous n'en sortons pas à temps, nous finirons inévitablement
dans les flammes. Il me faut donc à présent mettre au
point un expédient pour permettre aux enfants d'échapper
au péril. Le père savait que ses fils, tout d'abord, avaient
chacun au coeur du goût pour une variété de jouets
rares, de choses étonnantes qui ne manqueraient pas de ravir
leur sentiment, et il leur déclara : {§68} "Vos
jouets favoris, rares et difficiles à trouver, si vous ne les
prenez pas, vous le regretterez forcément plus tard ; ainsi
ces divers chars, char à mouton*, char à daim*, char à
boeuf*
(note)
qui sont à présent devant la porte, vous pourrez
vous en servir pour jouer. Il faut donc que vous sortiez vite de cette
demeure en flammes et je vous donnerai alors tout ce que vous pourrez
désirer." {§69} Alors,
comme les jouets rares que les enfants entendaient leur père
évoquer étaient conformes à leurs souhaits, ils
se trouvèrent tout un chacun encouragé et, se bousculant
les uns les autres, sortirent en courant à qui mieux mieux de
la demeure en flammes. A ce moment, le maître de maison, voyant
que ses fils avaient pu sortir sains et saufs et étaient tous
assis sur la terre nue au milieu du croisement aux quatre directions*, qu'il
n'y avait plus pour eux d'obstacles, retrouva en son coeur la sérénité,
exulta dans sa joie. Les enfants, alors, s'adressèrent chacun
à leur père : "Père, les jouets que vous nous avez
tout à l'heure promis, le char à mouton, le char à
daim, le char à boeuf, nous souhaiterions que vous nous les donniez
à l'instant." {§70} Shariputra*,
le maître de maison, offrit alors à ses enfants un unique
grand char. Ce char était haut et vaste, orné de nombreux
joyaux, entouré d'une rampe, avec des clochettes suspendues aux
quatre côtés ; de plus, un large dais avait été
installé au-dessus, également décoré de
divers joyaux rares. Garni en son pourtour de Cordons
de joyaux, des guirlandes de fleurs y pendaient, des nattes y étaient
étendues, des traversins vermeils y étaient installés
; il était tiré par un boeuf blanc, au pelage parfait,
aux formes superbes, de grande vigueur, au pas régulier ; il
avait la vitesse du vent. En plus de cela, de nombreux serviteurs s'affairaient
tout autour. Comment cela se faisait-il ? {§71}
C'est que ce maître
de maison avait des richesses incalculables, ses nombreux magasins étaient
tous pleins à déborder et il se fit cette pensée :
ma fortune est sans limite, je n'ai pas à offrir à mes
fils de petits chars inférieurs ; or ces jeunes garçons
sont tous mes fils, je les aime sans préférence ni partialité ;
de tels grands chars faits des sept matières précieuses,
j'en possède des quantités incalculables et je dois en
donner d'un coeur égal, il ne convient pas de
faire de discrimination. Pourquoi cela ? Même si je distribuais
mes biens à tout un royaume dans son ensemble, ils n'en seraient
pas diminués pour autant (note)
; à plus forte raison alors
à mes enfants. {§71}
Alors,
les enfants montèrent tous sur un grand char, obtenant quelque
chose sans précédent, sans que ce fût {§72} Shariputra*,
quel est ton sentiment ? Ce maître de maison, en donnant
de façon égale un seul grand char de précieux joyaux
à ses fils, aurait-il plutôt fait preuve de fausseté
ou non ? (note)
{§73} Shariputra* dit : "Non, Vénéré du Monde*, ce maître de maison n'a fait que permettre à ses fils d'éviter le danger de l'incendie et de garder la vie sauve, ce n'est pas une duperie. Pourquoi cela ? Garder la vie sauve revient déjà à avoir gagné un jouet à son goût ; à plus forte raison alors de les avoir arrachés et sauvés de cette demeure en flammes par un expédient. Vénéré du Monde, si ce maître de maison ne leur avait pas même donné le moindre petit char, il n'aurait encore pas fait preuve de tromperie. Pourquoi cela ? Ce maître de maison avait tout d'abord eu cette pensée : "Je dois permettre à mes fils de sortir grâce à un expédient, et de par cette condition il est exempt de duperie. A plus forte raison si, sachant que ses propres richesses étaient innombrables, il voulait les combler de bienfaits en leur donnant à tous un grand char." 舍利弗言:「不也,世尊!是長者但令諸子得免火難,全其軀命,非為虛妄。 {§74}
L'Éveillé
déclara à Shariputra* : {§75} C'est bien, c'est fort bien, il en est comme tu le dis, Shariputra*: l'Ainsi-Venu est lui aussi comme cela, car il est père de l'ensemble des mondes, ayant de longue date mis fin, sans qu'il en restât rien, à la peur, à la désolation, au chagrin, à l'ignorance, aux ténèbres, ayant réalisé en leur incalculable totalité le savoir et la vision, les puissances, l'absence de crainte; muni des grands pouvoirs supranaturels comme du grand pouvoir de la sagesse, il réunit totalement les expédients et la perfection de la prajna, de grande compassion et de grande commisération, il ne connaît jamais la fatigue ; constamment en quête du bien, il dispense à tous ses bienfaits. 「善哉,善哉!如汝所言。舍利弗!如來亦復如是,則為一切世間之父。於諸怖畏、衰惱、憂患、無明闇蔽,永盡無餘, {§76}
Or, il a lui-même pris naissance dans
cette vieille demeure vermoulue et en proie au feu qu'est le triple
monde afin de sauver les êtres des flammes de la naissance, de
la vieillesse, de la maladie, de la mort, du chagrin, de l'affliction,
de la sottise, de la ténèbre et des trois
poisons, afin de les enseigner et les convertir à l'obtention
de l'Éveil complet et parfait sans supérieur*. Il a vu les êtres calcinés
par la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort, le chagrin et
l'affliction, et subir toutes sortes de douleurs à cause des
cinq désirs et du lucre;
à cause de leurs recherches avides, ils subissent aussi présentement
une multitude de douleurs ; par la suite, ils subiront la douleur
des voies des enfers, des animaux et des démons
affamés. {§77} S'ils
naissent parmi les devas*
et parmi les hommes, ce sera douleur de la gêne et de la pauvreté,
douleur de se trouver séparé de l'aimé, douleur
de se trouver réuni au détesté, et toutes sortes
de douleurs de ce genre. Plongés en leur sein, les êtres
se divertissent dans les réjouissances, ils n'en prennent pas
conscience, ne s'en rendent pas compte, ne s'en étonnent pas,
ne s'en effraient pas ; ils n'en conçoivent nul dégoût
et ne recherchent pas la délivrance. Dans cette maison en flammes
que sont les trois mondes-états*, ils
courent d'est en ouest; bien qu'ils se heurtent à de grandes
douleurs, ils n'en ont nulle peine. {§78} Shariputra*,
l'Éveillé, à cette vue, eut cette pensée :
je suis le père des êtres et je me dois d'extirper leurs
souffrances, leur donner la félicité de la sagesse infinie
et incommensurable de bouddha afin de les distraire. {§79}
Shariputra*,
l'Ainsi-Venu eut encore cette pensée: "Si je me contente d'avoir
recours aux pouvoirs supranaturels
et au pouvoir de la sagesse en renonçant aux expédients
et en faisant, devant les êtres, l'éloge du savoir et de
la vision de l'Ainsi-Venu, de sa puissance et de son assurance, les
êtres seront incapables d'obtenir le salut de cette façon.
Pourquoi cela? Ces êtres n'ont pas encore échappé
à la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort, au chagrin et à
l'affliction : ils brûlent dans la maison en flammes des trois
mondes-états*; comment
pourraient-ils comprendre la sagesse du Bouddha ?" {§80}
Shariputra*,
de même que ce maître de maison, malgré la vigueur
de ses membres, ne l'utilisa pas, mais eut recours avec tact à
des expédients pour sauver ses fils du péril de la maison
en flammes, alors qu'il offrit ensuite à chacun un grand char précieux, ainsi en est-il de l'Ainsi-Venu. Bien qu'il ait puissance
et assurance, il ne les utilise pas et ne recourt qu'aux expédients
de sa sagesse pour arracher les êtres à la demeure en flammes
des trois mondes-états*. Il
leur prêche les véhicules d'auditeur-shravaka*,
de pratyekabuddha*,
de bouddha et leur tient ces propos
: {§81}
"N'en arrivez pas à
vous délecter de demeurer dans la maison en flammes des trois
mondes-états* ! Ne soyez pas avides des objets grossiers des formes, sons, odeurs, saveurs,
contacts. En vous y attachant avidement, vous ferez naître l'appétence
et vous y brûlerez
alors. Sortez vite des trois mondes-états* : vous
obtiendrez les trois véhicules des auditeurs-shravakas*,
des pratyekabuddhas*,
des bouddhas ; je m'en porte dès maintenant garant devant
vous : cela ne sera jamais vain. Il vous faut seulement
vous exercer avec zèle." {§82} L'Ainsi-Venu
attire et incite les êtres grâce à ces expédients
et il leur tient encore ces propos : "Il vous faut le savoir,
les enseignements de ces trois véhicules sont tous prônés
et loués par le Parfait ; ils sont souverainement libres, sans
entraves, sans dépendance ni rien à chercher en sus. Qui
monte sur ces trois véhicules, grâce aux racines dépourvues
d'infection, grâce aux forces, de l'Éveil, à la Voie,
à la méditation, à la délivrance, aux recueillements,
se délectera de lui-même et
obtiendra alors soulagement et félicité incommensurables." {§83} Shariputra*, s'il est des êtres qui ont en eux-mêmes une nature de sagesse et qui, entendant le Dharma du Bouddha, Vénéré du Monde*, le reçoivent et gardent avec foi, désirent avec diligence et énergie sortir rapidement des trois mondes-états* et se mettent spontanément en quête du nirvana, ceux-ci constituent le véhicule des auditeurs-shravakas*. Ils sont comme ceux des enfants qui sortent de la maison en flammes pour chercher le char à mouton. 「舍利弗!若有眾生,內有智性,從佛世尊聞法信受,慇懃精進,
欲速出三界,自求涅槃, {§84} S'il est des êtres qui, entendant le Dharma du Bouddha, Vénéré du Monde*, le reçoivent et gardent avec foi et se mettent d'eux-mêmes, avec diligence et énergie, en quête de la sagesse naturelle, se délectent tout seuls du bon apaisement, et prennent connaissance en profondeur des causes et conditions des entités, ceux-ci constituent le véhicule des pratyekabuddhas*. Ils sont comme ceux des enfants qui sortent de la maison en flammes pour chercher le char à daim. 若有眾生,從佛世尊聞法信
受,慇懃精進,求自然慧,樂獨善寂,深知諸法因緣, {§85} S'il est des êtres qui, entendant le Dharma du Bouddha, Vénéré du Monde*, le reçoivent avec foi et se mettent en quête, avec diligence et énergie, de l'omniscience, de la sagesse de bouddha, de la sagesse naturelle, de la sagesse sans maître, du savoir et de la vision, des forces et de l'assurance d'Ainsi-Venu et qu'apitoyés par les innombrables êtres et voulant leur bien-être, ils dispensent leurs bienfaits aux devas* et aux hommes et les délivrent tous tant qu'ils sont, ceux-ci constituent le Mahayana. C'est parce que les bodhisattva recherchent ce véhicule qu'ils sont appelés "mahasattva" (grands êtres). Ils sont comme ceux des enfants qui sortent de la maison en flammes pour chercher le char à boeuf. 若有眾生,從佛世尊聞法信受,勤修精進,求一切智、佛智、自
然智、無師智,如來知見、力、無所畏, {§85} Shariputra*, de la même façon que ce maître de maison, voyant que ses fils avaient pu sortir sains et saufs de la maison en flammes pour arriver en lieu sûr, se dit que, sa richesse étant incalculable, il allait leur faire cadeau également d'un grand char. 「舍利弗!如彼長者,見諸子等安隱得出火宅,到無畏處,自惟財富無量, {§86} Ainsi en est-il pour l'Ainsi-Venu, qui est le père de l'ensemble des êtres: s'il voit les millions de myriades d'innombrables êtres sortir de la douleur, des voies périlleuses et effrayantes des trois mondes-états* par la porte de la doctrine du bouddha, gagnant ainsi le nirvana, l'Ainsi-Venu a alors cette pensée : je possède le trésor incalculable, infini des attributs d'Éveillé, la sagesse, les puissances, l'assurance et bien d'autres qualités encore ; ces êtres sont tous mes enfants et je leur donnerai pareillement un grand char, je ne permettrai pas que certains soient seuls à obtenir de passer en nirvana et je les ferai passer tous dans le nirvana d'Ainsi-Venu. 如來亦復如是,為一切眾生之父,若見無量億千眾生, {§86} A ceux des êtres qui se seront délivrés des trois mondes-états*, il donne intégralement les instruments de divertissement que sont les méditations et les délivrances des bouddhas ; ces êtres sont tous d'un aspect unique, d'une unique sorte, loués et exaltés des saints, capables d'engendrer une félicité primordiale, pure et sublime. 是諸眾生脫三界者,悉與諸佛禪定、解脫等娛樂之具,皆是一相、一種,聖所稱歎,能生淨妙第一之樂。 {§87} Shariputra*, de même que ce maître de maison a tout d'abord attiré et incité ses fils en évoquant trois chars, pour ne leur donner après qu'un grand char, orné de matières précieuses, de premier confort, et qu'il échappe ensuite au reproche de mensonge, ainsi en va-t-il de l'Ainsi-Venu : il est exempt de tromperie; il prêche tout d'abord les trois véhicules pour attirer et inciter les êtres et ne leur donne ensuite que le Mahayana pour les mener à la délivrance. Pourquoi cela? L'Ainsi-Venu possède le trésor incalculable et infini des méthodes, des sagesses, des puissances, de l'assurance et est capable de donner à l'ensemble des êtres le Dharma du Mahayana, mais ceux-ci ne peuvent le recevoir intégralement. 舍利弗!如彼長者,初以三車誘引諸子,然後但與大車,寶物莊嚴,
安隱第一;然彼長者無虛妄之咎。 {§88}
Shariputra*,
il faut donc se rendre compte de ces circonstances : c'est à
cause de la puissance des expédients des bouddhas que ceux-ci
divisent en trois dans leur prédication l'Unique
véhicule de bouddha. {§89} L'Éveillé,
voulant réitérer cette idée, s'exprima en stances : {§89}
Imaginez
un maître de maison {§90} aux
madriers gauchis; {§91} la
palissade d'enceinte était tordue, {§92} lézards,
serpents, vipères, scorpions, {§93} Des
lieux puant l'urine et les excréments {§94} pour
déchiqueter et dévorer les cadavres, {§95} ils
se la disputaient, se l'arrachaient, {§96} rakshasa*
et démons malins {§97} les
rakshasa* survenaient à qui mieux mieux, {§98}
Les démons kumbhandaka, {§99} ils
empoignaient les chiens par deux pattes {§100} aux
formes nues, noirs, amaigris, {§101} Il
y avait encore des démons {§102} pressés
par la faim et la soif, {§103} Tels
étaient les fléaux, {§104} après
cela, en la résidence, {§105} se
brisaient et s'effondraient, {§106}
étaient pris de panique
{§107} de
par la minceur de leurs mérites, {§108} les
grandes bêtes féroces {§109}
grillés par les flammes,
{§110}
tenaillés par l'ardeur
de la faim et de la soif, {§111} A
ce moment, le maître de céans, {§112}
dans
leur ignorance puérile, {§113}
Il
admonesta ses enfants, {§114}
serpents
venimeux, lézards, vipères, {§115}
tenaillés
et pressés par faim et soif, {§116}
ils
restaient comme auparavant plongés dans leurs délices,
{§117}
à
présent, en cette demeure, {§118}
Il
songea alors {§119}
char
à mouton, char à daim, {§120} Ils
répondent à ce que vous aimez, {§121}
Ils arrivèrent en
terrain dégagé, {§122} et
se dit joyeusement: {§123}
où abondaient les insectes venimeux, {§124}
Je les ai désormais sauvés, {§125}
s'en vinrent tous
à lui {§126}
En vous donnant trois chars, {§127}
à l'aide d'or
et d'argent, de béryl, {§128}
de clochettes suspendues aux quatre côtés, {§129}
des ornements rutilants et variés {§130}
d'un blanc immaculé et pur {§131}
de nombreux serviteurs {§132}
ils montèrent dans ce précieux char Je te le déclare, Shariputra*, {§133}
du plus vénérable entre tous les saints, {§134}
le triple monde, exempt
de tranquillité, {§135}
Des incendies tels que ceux-là, {§136}
Mais en ce moment, ce triple monde {§137}
il n'y a que moi seul (note)
{§138}
Aussi, par des moyens habiles, {§139}
Ceux-là qui sont mes enfants, {§140}
Oui, Shariputra,
{§141}
vous pourrez, tant que vous êtes, {§142}
et fait la joie du Bouddha ; {§143}
de méditations et concentrations, de sagesses, {§144}
et, montant, avec les bodhisattvas {§145}
il n'y aura pas d'autres véhicules {§146}Vous
qui vous êtes, au fil des kalpas, {§147} vous
n'aviez fait qu'épuiser vos naissances et vos morts, {§148} ils
pourront écouter d'un seul coeur {§149} Si
ce sont des gens de sagesse mineure, {§150} La
vérité sur la souffrance qu'expose le Bouddha {§151} à
leur intention {§152} et
l'on détruit jusqu'au bout les souffrances. {§153} En
quoi ces gens {§154} et
le Bouddha dit que ces gens {§155}je
suis le Roi du Dharma*
, {§156} dans
le désir de dispenser des bienfaits {§157} il
faudra savoir que celui-là {§158} leur
auront rendu hommage, fait offrande, {§159} ainsi
que la communauté des bhiksus*,
{§160} L'ensemble
des auditeurs-shravakas* {§161} c'est
par la foi que tu as pu y pénétrer. {§162} De
plus, Shariputra,
{§163} à
l'entendre ne le comprendront pas : {§164} Si,
encore, il en est qui froncent le sourcil, {§165} s'il
s'en trouve pour calomnier {§166} la
rétribution des fautes de ces hommes, {§167} le
cycle se poursuivra ainsi {§168} noircis,
galeux, lépreux, {§169} pendant
leur vie, ils subissent souffrances et tourments ; {§170} leur
corps sera constamment chargé de lourds fardeaux, {§171} Certains
deviendront chacals, {§171} ils
subiront souffrances et peines {§172} sourd,
stupide, sans pattes, {§173} C'est
pour avoir calomnié ce Sutra {§174} Rien
de ce qu'ils diront {§175} accablés
de maladies, émaciés, {§176} S'ils
pratiquent la voie de la médecine, {§177} même
s'ils ingurgitent de bons médicaments, {§178} De
tels pécheurs {§179} affolés,
sourds, la pensée perturbée, {§180} ils
séjourneront constamment aux enfers {§181} C'est
pour avoir calomnié ce Sutra {§182} hydropisie,
gonorrhée, {§183} profondément
attachés à l'idée du Moi, {§184} Je
te le déclare, Shariputra,
{§185} parmi
les hommes sans sagesse, {§186} à
de tels hommes {§187} à
de tels hommes {§188} S'il
s'en trouve qui, pleins de respect {§189} Et
encore, Shariputra,
{§190} Si
tu vois des fils de bouddha {§191} Si
ce sont gens sans colère, {§192} S'il
se trouve par ailleurs des fils de bouddha {§193} à
de tels hommes {§194} qui
se plaisent seulement à préserver {§195} Si,
de même que certains, de tout coeur, {§196} pas
plus qu'ils n'ont jamais prêté attention {§197} que
prend la quête de la voie de bouddha, Commentaire de Nikkyo Niwano sur ce chapitre Ce qu'en dit Nichiren ; Citations dans les goshos SUITE (chapitre IV) |
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