Sutra du Lotus* |
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{§1} A ce moment*, le prince du Dharma (kumara) Manjushri*, le bodhisattva-mahasattva, s'adressa au Bouddha: "Vénéré du Monde*, il est fort difficile de trouver des bodhisattvas tels que ceux-ci ; par respect et obéissance envers l'Éveillé, ils ont prononcé un grand voeu : dans les mauvais âges qui suivront, ils préserveront, liront et exposeront le Sutra du Lotus du Dharma. Vénéré du monde, comment les bodhisattvas-mahasattvas, seront-ils capables, dans les mauvais âges à venir, d'exposer ce sutra? " {§2}L'Éveillé déclara à Manjushri* : Si les bodhisattvas-mahasattvas, désirent exposer ce Sutra dans les mauvais âges à venir, ils devront s'en tenir fermement à quatre façons d'être. (note) {§3} En premier lieu, en s'en tenant fermement à la sphère des pratiques de bodhisattva et à sa sphère d'affinités personnelles, ils seront capables d'exposer ce Sutra aux êtres. Qu'appelle-t-on, Manjushri*, la sphère des pratiques du bodhisattva-mahasattva? Si un bodhisattva-mahasattva demeure en la terre de la patience, doux et conciliant, que son coeur ne connaît ni la colère ni l'envie ; si en outre sa pratique ne se fait pas selon la substantialité, mais s'il contemple les phénomènes selon leur aspect réel (shoho jisso), sans plus s'agiter ni discriminer, c'est ce qui constitue la pratique du bodhisattva-mahasattva. {§4}En quoi consiste la sphère d'affinités personnelles (note) d'un bodhisattva-mahasattva ? Un bodhisattva-mahasattva ne recherche pas les rois, princes, ministres, hauts mandarins, il n'est pas entouré d'hétérodoxes*, de brahmachari*, de nirgrantha* et autres, pas plus que de ceux qui composent de la littérature pour les profanes (note) ou chantent les louanges des traités hétérodoxes, ni des lokayatins* ou des anti-lokayatins. (note) {§5} Il ne recherchera pas non plus les bateleurs pernicieux, les pugilistes, les lutteurs, de même que les danseurs et autres, les divers artistes de l'illusion. Pas plus qu'il ne s'entourera des hors-castes ni ceux qui élèvent porcs, moutons, volaille ou chiens, qui s'adonnent à la chasse, à la pêche ou aux activités illicites. Si de telles gens viennent à lui, il leur exposera le Dharma, sans chercher à en tirer avantage. (note) {§6} Il n'est pas davantage proche de ceux qui recherchent l'état d'auditeur-shravaka*, les bhiksus*, les bhiksunis*, les upasakas*, les upasikas*, et il ne les interroge pas sur eux et ne les accompagne pas dans leur maisons, leurs promenades ou dans une salle de conférence. S'ils viennent à lui, il leur prêchera le Dharma conformément à leurs dispositions, sans chercher à en tirer avantage. {§7} En outre, Manjushri*, un bodhisattva-mahasattva ne devra prêcher le Dharma aux femmes qui prennent une apparence pour engendrer des idées de désir, et il ne se délectera pas de leur vue. S'il entre chez autrui, il ne conversera pas avec les fillettes, les vierges ou les veuves. Il n'approchera pas non plus les pandaka (note) pour devenir leur intime. {§8} Il n'entrera pas tout seul chez autrui. Si, en raison des circonstances, il lui est nécessaire d'y entrer, il ne fera que parler de tout coeur du Bouddha. S'il prêche le Dharma à une femme, il ne sourira pas en montrant les dents (note) et ne découvrira pas sa poitrine. Même pour servir le Dharma, il ne deviendra pas son intime ; à plus forte raison, pour d'autres raisons. Il ne prendra pas plaisir à entretenir disciples, shramanera* et moinillons, pas plus qu'il ne se délectera d'être leur maître. Il aimera toujours s'asseoir en méditation-dhyana, résider dans un lieu désert et s'exercer à contenir sa pensée. Voilà, Manjushri*, en quoi consiste la première sphère de proximités. {§9} Ensuite, un bodhisattva-mahasattva contemplera la vacuité de tous les phénomènes, selon leur ainsité, leur aspect réel (jisso shinnyo). Il verra qu'ils ne se déplacent vers l'avant ni vers l'arrière, qu'ils ne tournent ni ne s'inversent mais sont semblables à l'espace sans existence propre. Ils sont inexprimables par les mots et les discours. Ils ne naissent pas, ne surgissent pas, ne disparaissent pas. Leurs nom* et forme* n'ont aucune substance par eux-mêmes ; ils sont sans poids, sans limite, sans obstacle, sans obstruction. Ils n'existent que par les causes latentes* et les causes externes* et leur naissance est produite par l'obscurité fondamentale. C'est de cette manière qu'un bodhisattva-mahasattva considère constamment tous les dharmas et en quoi réside la seconde sphère de ses proximités. {§10} Alors le Vénéré du monde*, voulant réitérer cette idée, s'exprima en stances : S'il est
un bodhisattva, {§33} Et encore, Manjushri*, qui voudra, après le parinirvana de l'Ainsi-Venu, dans la période de la fin du Dharma, prêcher ce Sutra, devra s'en tenir à la pratique paisible. Soit qu'il l'expose oralement, soit qu'il lise le texte, il ne se complaira pas à dénoncer les fautes des hommes ou des sutras, ni à traiter à la légère les autres Maîtres du Dharma ; il ne dissertera pas sur les qualités et les défauts, les points forts ou faibles d'autrui. En ce qui concerne les auditeurs-shravakas*, il ne mentionnera pas leur nom pour parler de leurs erreurs et défauts, pas plus qu'il ne mentionnera leur nom pour faire l'éloge de leurs vertus. Il ne concevra pas non plus de pensée de rancoeur. Parce qu'il se sera bien exercé à une telle pensée de tolérance, ceux qui l'écouteront n'iront pas contre ses intentions. S'il y a des objections, il n'y répondra pas par des enseignements du Hinayana, mais les résoudra uniquement par le Mahayana afin de permettre l'obtention de la sagesse portant sur tous les dharma. {§34} Alors le Vénéré du monde*, voulant réitérer cette idée, s'exprima en stances : Constamment
le bodhisattva se plaira {§49} Et encore, Manjushri*, qu'un bodhisattva-mahasattva dans les âges de la fin, lorsque le Dharma sera sur le point de disparaître, reçoit et garde*, lise* et récite* ce Sutra, c'est que son coeur ne renfermera ni jalousie ni flagornerie. Il n'ira pas mépriser ou insulter les apprentis dans la Voie de bouddha, ni rechercher leurs mérites ou leurs défauts. Si des bhiksus* ou des bhiksunis*, des upasakas* et upasikas* sont en quête de l'état d'auditeur-shravaka*, en quête de l'état de pratyekabuddha*, en quête de la voie du bodhisattva, en aucun cas il ne les tourmentera, ni ne les fera douter en leur tenant des propos de ce genre: "Vous êtes fort loin de la Voie et ne pourrez finalement jamais obtenir la parfaite prajna. Pourquoi cela? C'est que vous êtes des gens dissipés, paresseux dans la Voie." {§50} De même, il ne devra pas se livrer à des discussions oiseuses sur les dharmas ni en débattre, mais il concevra, à l'égard de l'ensemble des êtres, un grand sentiment de compassion; à l'égard des Ainsi-Venus, l'affection due à un père bienveillant; à l'égard des bodhisattvas, les sentiments dus à de grands maîtres. À l'égard des grands bodhisattva des dix directions, il aura constamment un profond esprit de respect et de révérence. Il prêchera le Dharma en pleine équanimité à l'ensemble des êtres. Parce qu'il se conformera au Dharma, il n'y rajoutera ni n'en retranchera, et même à ceux qui aiment profondément le Dharma, il ne le leur prêchera pas en excès. {§51} Manjushri*, le bodhisattva-mahasattva qui, dans les âges de la fin, lorsque le Dharma sera sur le point de disparaître, aura mené à son accomplissement la troisième pratique paisible, ne pourra, quand il prêchera le Dharma, être troublé. Il gagnera de bons compagnons d'étude avec qui lire et réciter ce Sutra, et aura également de grandes foules pour venir l'écouter. L'ayant écouté, elles pourront le garder; l'ayant gardé, elles pourront le réciter; l'ayant récité, elles pourront l'exposer; l'ayant exposé, elles pourront le copier, ou bien le faire copier et faire offrande aux volumes, leur rendre hommage, les vénérer et en faire l'éloge. {§52} Alors le Vénéré du Monde*, voulant réitérer cette idée, s'exprima en stances : Qui veut
exposer ce Sutra, {§60} Et encore, Manjushri*, le bodhisattva-mahasattva, qui, dans les âges de la fin, lorsque le Dharma sera sur le point de disparaître, préservera ce Sutra du Lotus du Dharma, devra concevoir un grand esprit de compassion à l'égard de ceux qui restent dans leur famille* comme de ceux qui l'auront quittée* ; il se fera cette réflexion: de telles gens vivent une grande perte; alors que l'Ainsi-Venu, par ses moyens appropriés*, prêche le Dharma selon les dispositions de chacun, ils ne l'entendent pas, ne la connaissent pas, ne la perçoivent pas, n'interrogent pas à son propos, ne la croient pas, ne la comprennent pas. Même si ces gens ne posent pas de questions sur ce Sutra, ne le croient pas, ne le comprennent pas, lorsque j'aurai obtenu l'Éveil complet et parfait sans supérieur*, en quelque terre que ce soit, grâce à la force de mes pouvoirs mystiques et à la force de ma sagesse, je les attirerai et les ferai demeurer dans cet enseignement. {§61} Manjushri*, le bodhisattva-mahasattva, qui aura, après le parinirvana de l'Ainsi-Venu, mené à son accomplissement cette quatrième méthode, ne connaîtra pas l'échec lorsqu'il exposera cet enseignement. Il recevra constamment l'offrande, l'hommage, la vénération, la louange des bhiksus* et des bhiksunis*, des upasakas* et upasikas*, des rois, des princes, des ministres, du peuple, des brahmanes, des maîtres de maison et d'autres encore. Les devas* de l'espace seront en permanence à sa suite afin d'écouter le Dharma; qu'il réside dans un village ou une ville, dans un lieu désert ou dans une forêt, si quelqu'un vient à lui dans le désir de soumettre questions et objections, toujours les devas, pour l'amour du Dharma, lui feront escorte, et il pourra remplir de liesse tous ceux qui l'écouteront. Pourquoi cela? C'est que ce Sutra est protégé par les pouvoirs mystiques de tous les bouddhas du passé, du futur et du présent. {§62} Manjushri*, en d'innombrables royaumes, on ne peut pas même entendre le titre de ce Sutra du Lotus du Dharma; à plus forte raison, pour ce qui est de le voir, de le recevoir, de le garder, de le lire ou de le réciter. {§63} Manjushri*, il en est comme par exemple d'un saint roi qui fait tourner la roue du Dharma, de grande puissance, qui désire soumettre les royaumes à son autorité : les rois mandalins* n'obéissent pas à son ordre; le roi Chakravartin lève alors toutes sortes d'armées et s'en va les combattre. Le roi considère ses armées: il se réjouit grandement de ceux qui ont montré de la bravoure au combat et les récompense selon leurs mérites, soit par des dons de champs et de domaines, de villages ou de villes, soit par des dons de vêtements ou de parures corporelles, soit par des dons de diverses sortes de matières rares et précieuses d'or, d'argent, de béryl, de nacre, d'agate*, de corail* et d'ambre*, ou avec des éléphants, des chevaux, des chars, des esclaves, des populations. Mais seul le joyau limpide qui est dans son ushinsha, il ne le leur donnera point. Pourquoi cela? Ce n'est que sur le chef d'un roi que se trouve ce joyau unique ; s'il le donnait, toute sa suite en serait à coup sûr grandement étonnée et intriguée. (note) {§64} Manjushri*, il en va de même pour l'Ainsi-Venu : il a gagné, grâce à la force de sa concentration (samadhi) et de sa prajna, un royaume du Dharma et règne sur les trois mondes. Or les rois-mara démoniaques ne consentent pas à se soumettre; les sages et les saints, qui sont les généraux de l'Ainsi-Venu, engagent le combat contre eux. De ceux qui ont bien mérité, il est fort content en son coeur : au milieu des quatre congrégations, il leur prêche les sutras et leur met le coeur en allégresse; il leur fait don de concentrations (dhyana), de délivrance, de racines et de forces sans infections, de la richesse des diverses méthodes. En outre, il leur fait don de la cité du nirvana et leur dit qu'ils obtiendront de passer en nirvana ; il guide ainsi leurs pensées à tous vers une grande allégresse, et cependant, il ne leur prêche pas ce Sutra du Lotus du Dharma. {§65} Manjushri*, de même que le roi Chakravartin, voyant parmi ses armées ceux qui sont de grand mérite, se réjouit en son coeur et que de ce joyau inconcevable, posé de longue date dans son ushnisha, qu'il ne donne pas inconsidérément, il fait à présent don, ainsi en est-il pour l'Ainsi-Venu. Il est le grand roi du Dharma dans les trois mondes, il enseigne et convertit par son Dharma l'ensemble des êtres. Voyant l'armée des sages et des saints combattre contre les démons-mara des cinq agrégats, contre les démons-mara des passions, contre les démons-mara de la mort* et s'y distinguer par de grands mérites, détruire les trois poisons, sortir des trois mondes-états*, briser les filets de Mara, l'Ainsi-Venu à ce moment se réjouit grandement lui aussi: ce Sutra du Lotus du Dharma, capable de faire accéder l'ensemble des êtres à l'omniscience, qui a de nombreux ennemis dans l'ensemble des mondes, qui est difficilement croyable, qu'il n'avait jamais exposé auparavant, il le leur prêche à présent. {§66} Manjushri*, ce Sutra du Lotus du Dharma est la prédication suprême des Ainsi-Venus; c'est la plus profonde des diverses prédications et il est donc donné en dernier lieu, comme ce souverain puissant qui a longtemps gardé son joyau limpide et en fait don à présent. Manjushri, ce Sutra du Lotus du Dharma est le réceptacle des secrets des bouddhas Ainsi-Venus, le plus haut des sutras; au cours de la longue nuit des siècles, ils l'ont sauvegardé sans l'exposer inconsidérément. Aujourd'hui enfin il vous est dévoilé. {§67} Alors le Vénéré du monde*, voulant réitérer cette idée, s'exprima en stances : Qui pratique
constamment la patience, En savoir plus : Commentaire de Nikkyo Niwano Ce qu'en dit Nichiren ; Citations dans les goshos SUITE (chapitre XV) |
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