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Extraits de gosho sur |
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souffrance |
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Les douze liens
causaux représentent les deux catégories de relations
causales dans les trois phases.
Le premier, le huitième et le neuvième ont trait aux mauvaises
passions. Le deuxième et le dixième se rapportent aux actes.
Les sept autres, la conscience, les noms et les formes, les six entrées,
le contact, la perception, la vie, la vieillesse et la mort, se rapportent
tous à la souffrance. Les douze liens
causauxx
représentent les trois voies des mauvaises passions, des actes
et de la souffrance. Les rivières
des difficultés se jettent dans l'océan du Sutra du
Lotus, et assaillent son Pratiquant. L'océan ne rejette pas
plus les rivières que le Pratiquant du Sutra du Lotus
ne repousse les souffrances. Sans le flot des rivières,
il n'y aurait pas d'océan. Sans épreuves, il n'y aurait
pas non plus de Pratiquant du Sutra du Lotus. [...] Celui qui
écoute une seule phrase ou une seule strophe de ce Sutra et parvient
à la graver dans son coeur est comparable à un vaisseau
voguant sur le grand océan des souffrances
de la vie et de la mort. Nous, simples
mortels, résidons tous dans l'océan des souffrances
de la vie et de la mort depuis le
temps sans commencement. Mais maintenant
que nous sommes devenus pratiquants du Sutra du Lotus, nous ne
manquerons pas de devenir des bouddhas éveillés à
la réalité corps-esprit qui existe depuis le passé
sans commencement. Nous révélerons la nature immuable inhérente
en nous-mêmes, ainsi que la sagesse mystérieuse nous permettant
de prendre conscience du Dharma Merveilleux. Nous goûterons un état
de vie aussi indestructible que le diamant. Et si personne
ne lit le Sutra du Lotus, personne ne pourra remplir la fonction
de maître pour le pays. Sans maître pour enseigner, dans le
pays entier, nul n'est capable de distinguer entre Mahayana
et Hinayana, enseignement
provisoire et définitif,
enseignement exotérique
et ésotérique.
Pas un seul de tous les habitants du pays ne peut échapper aux
souffrances de la naissance et de la mort. Pour finir,
tous s'opposent au Dharma bouddhique et ceux que leur opposition au Dharma
précipite dans l'enfer avici sont plus nombreux que
toutes les particules de la terre réduite en poussière,
tandis que ceux qui parviennent à échapper aux souffrances
de la naissance et de la mort sont moins nombreux que les grains de sable
qui pourraient tenir sur un ongle Jusqu'à
ce jour, vous vous êtes contenté de subir inutilement les
souffrances d'existences innombrables, depuis le plus
lointain passé. Pourquoi n'essayez-vous pas, ne serait-ce qu'une
fois, de planter les graines mystiques qui conduisent à l'Éveil
éternel et immuable ? Même si actuellement vous ne pouvez
goûter qu'une fraction infime de la joie sans limite qui vous attend
à l'avenir, vous ne devriez certainement pas passer tout votre
temps à convoiter gloire et profits en ce monde, par nature aussi
fugitifs qu'un éclair ou que la rosée du matin. Au cours des quarante et quelques premières années,
il exposa successivement : le Sutra
Kegon*
dans lequel il est dit : "L'esprit, bouddha et tous les êtres
vivants n'appartiennent pas à trois catégories distinctes" ; les sutras
Agama*,
énonçant les principes de souffrance, non-substantialité,
impermanence, et non-moi. Tantôt
nous suffoquons au coeur des flammes de l'enfer
de la brûlure ardente ou de la grande chaleur dévorante
(note) ; tantôt nous gelons
dans la glace de l'enfer du lotus rouge sang ou du grand lotus rouge sang.
Tantôt nous devons endurer la torture de la faim et de la soif dans
le monde-état de l'avidité,
passant cinq cents vies sans même pouvoir entendre prononcer le
nom d'un aliment ou d'une boisson. Tantôt nous éprouvons
la souffrance d'être blessés et tués
dans le monde-état de
l'animalité, nous subissons
les blessures et les meurtres qui sont le lot d'un monde où les
petits sont avalés par les grands, où les courts sont engloutis
par les longs. Tantôt nous sommes confrontés aux querelles
et aux conflits du monde-état
des asura ; tantôt nous naissons
en tant qu'êtres humains et
sommes en proie aux huit souffrances que sont naître et vieillir,
tomber malade et mourir, souffrir de devoir quitter ceux
que nous aimons et rencontrer ceux que nous haïssons, éprouver
la douleur de ne pas obtenir ce que nous désirons, et endurer les
peines engendrées par les cinq
agrégats du corps et de l'esprit. Au contraire,
Vimaladatta*
autorisa ses fils, les deux princes, à entrer dans le Sangha
et les encouragea à propager le Sutra du Lotus. De plus,
la fille du Roi-Dragon fit un voeu
en disant : "Je révélerai les enseignements du Mahayana
et délivrerai les êtres de la souffrance."(réf.)
Même si, par la bouche, certains n'ont pas cessé
de psalmodier le Nembutsu, je crois que, dans leur coeur, ils en sont
venus à penser que ce n'est pas la voie qui leur permettra de se
libérer du cycle des souffrances de la vie
et de la mort. Par conséquent,
même si de graves persécutions s'abattent sur moi, comme
une pluie ou comme une nuée, parce que je sais qu'elles sont dues
à ma foi dans le Sutra du Lotus, elles ne provoquent pas
chez moi la moindre souffrance. Nichiren s'efforce
d'éveiller tous les habitants du Japon à la foi dans le
Sutra du Lotus pour qu'ils puissent eux aussi partager cet héritage
et atteindre la bodhéité. Mais, au lieu de cela, ils m'ont
attaqué à plusieurs reprises et finalement exilé
sur cette île. Vous avez néanmoins suivi Nichiren, ce qui
vous a valu bien des souffrances. Votre douleur
me touche profondément. L'or ne peut être ni détruit
par la flamme, ni terni ou érodé par l'eau. Tandis que le
fer est vulnérable au feu comme à l'eau. Le sage est comparable
à l'or et l'insensé au fer. J'ai pleinement
conscience que ne rien dire est un manque de bienveillance. Je me suis
demandé quelle voie prendre, à la lumière des sutras
du Lotus et du Nirvana. Si je me tais, je peux échapper
à la souffrance en cette vie, mais, dans ma vie
prochaine, je tomberai immanquablement dans l'enfer avici. Et il est
dit plus loin : "C'est grâce aux bienfaits obtenus en protégeant
le Dharma que l'on peut alléger
en cette vie sa souffrance et ses rétributions."
Sans Nichiren, ces passages du Sutra ne feraient-ils pas du Bouddha
un menteur ? Car personne, à l'exception de Nichiren, n'a
vécu dans sa chair les huit souffrances décrites
dans le Sutra : 1) être méprisé ; 2) être
de laide apparence ; 3) manquer de vêtements ; 4) manquer de nourriture ; 5) rechercher la richesse en vain ; 6) être né dans une famille
pauvre ; 7) être né dans une famille qui pratique une religion
erronée ; et 8) être persécuté par son souverain.
[...] Par le passé, il [Nichiren] a méprisé les pratiquants
du Sutra du Lotus et ridiculisé le Sutra lui-même,
parfois en le vantant exagérément, parfois en le rabaissant.
Il a rencontré ces huit terribles souffrances
pour avoir ainsi offensé le Sutra du Lotus, Sutra
aussi resplendissant que deux joyaux ensemble, deux lunes brillant côte
à côte, deux étoiles réunies, ou deux monts
Hua
(note) posés l'un sur l'autre.
D'ordinaire, de telles souffrances s'étalent sur de nombreuses
vies, apparaissant l'une après l'autre, mais Nichiren a dénoncé
les ennemis du Sutra du Lotus avec tant de vigueur que toutes
les huit ont fondu sur lui immédiatement. Sa situation est comparable
à celle d'un paysan lourdement endetté envers son seigneur
et d'autres créanciers. Tant qu'il reste sur le domaine, ils préféreront
probablement reporter sa dette d'année en année plutôt
que de s'acharner impitoyablement sur lui. Mais qu'il tente seulement
de partir et chacun accourra, exigeant immédiatement tout son dû.
Comme le dit le sutra : "C'est grâce aux bienfaits obtenus en
protégeant le Dharma que l'on peut alléger...
la souffrance et les rétributions." C'est pourquoi,
Mahakashyapa, l'ensemble des douze
cents (note) et des douze mille personnes (note),
et toutes les personnes des deux véhicules
parvenues à la bodhéité, ne laisseront jamais sans
réponse les prières de ceux qui pratiquent le Sutra
du Lotus. Et ils prendront sur eux les souffrances
subies par ces pratiquants. C'est
en tant que pratiquant du Sutra du Lotus que j'ai rencontré
ces grandes persécutions
et je n'en éprouve pas la moindre rancoeur. Il ne pourrait y avoir
de vie plus heureuse que la mienne, même au terme d'innombrables
répétitions du cycle de la naissance et de la mort. J'aurais
pu rester dans les trois ou quatre mauvaises
voies. Mais maintenant, à ma grande joie, je suis certain de
rompre le cycle des souffrances de la vie et de la mort
(shoji) pour atteindre la bodhéité. Enfin le Sutra
dit : "Hommes de foi sincère, tous les sutras exposés
par l'Ainsi-Venu n'ont d'autre but
que de sauver les hommes de toutes leurs souffrances. Parce qu'ils
me haïssent, les gens ne se demandent pas pour quelle raison je subis
ces souffrances. Si je le dis moi-même, on pensera
peut-être que j'exagère ma propre importance. Mais si je
ne le dis pas, je commets la faute de rendre les paroles du Bouddha mensongères.
Les sages accordent plus de poids au Dharma qu'à leur propre vie. Pourtant,
ceux qui croient au Sutra du Lotus peuvent transformer tout cela.
Pour eux, l'enfer se change en Terre
de la lumière éternelle, les feux dévorants de
la souffrance se changent en la torche d'un bouddha doté
du Corps de sagesse* ; le défunt devient un bouddha doté du Corps
du Dharma* ; et la fournaise devient la demeure où le Bouddha, sous l'aspect
du Corps de l'action*,
manifeste son immense compassion. Vous pouvez
le leur expliquer en disant : "Nous, simples mortels, immergés
de toute éternité dans l'océan des souffrances
de la vie et de la mort, n'imaginions pas pouvoir un jour atteindre l'autre
rive et parvenir à la bodhéité. Mais le Sutra
du Lotus enseigne que nous sommes en réalité des bouddha
dotés des trois propriétés
illuminées. Autrement dit, il enseigne le principe suprême
d'ichinen sanzen. Votre mari
a donné sa vie pour le Sutra du Lotus. Son seul moyen
d'existence était un petit fief qui lui fut confisqué en
raison de sa foi. Cela revenait surement à donner sa vie pour le
Sutra du Lotus. Sessen
Doji offrit la sienne rien que pour une demi-stance d'un enseignement
bouddhique et le bodhisattva Yakuo
se brûla les coudes afin d'en faire offrande
au Bouddha. Ils étaient tous deux des saints, et ils enduraient
ces austérités avec autant de facilité que l'eau
éteint le feu. Mais votre mari était un simple mortel, il
se trouvait donc à la merci des souffrances, comme
du papier jeté au feu. Aussi recevra-t-il certainement des bienfaits aussi grands que les leurs. Parmi les
divers enseignements du bouddha, le Sutra
Daijuku ne représente rien de plus qu'une exposition des
principes du Mahayana provisoire*.
Pour ce qui est d'enseigner la voie qui libère des souffrances
de la naissance et de la mort, il appartient à la période
où le Bouddha n'a "pas encore révélé
la vérité" et ne peut donc pas conduire à l'Éveil
ceux qui n'ont jamais formé de lien par le passé avec le
Sutra du Lotus. J'apprends
par votre lettre que vous souffrez d'une maladie grave.
Vous savoir souffrant me désole mais, d'un autre côté,
c'est aussi une cause de réjouissance. Le Sutra Vimalakirti
dit : "Un jour, le riche Vimalakirti
tomba volontairement malade. Alors, le Bouddha demanda au bodhisattva
Manjushri de lui rendre visite
et de s'informer de sa santé." Le Sutra
du Nirvana dit que "A ce moment-là, l'Ainsi-venu
prit l'apparence d'une personne au corps souffrant et
s'étendit sur le flanc droit comme un homme malade" bien que
le Sutra du Lotus dise que "[L'Ainsi-Venu ne connaît]
que peu de maladies et peu de souffrances."(réf.) Le Sutra
Hatsunaion dit : "Vous pouvez être mal habillé
et mal nourri, chercher en vain la richesse, être né dans
une famille pauvre ou aux conceptions erronées, ou même être
persécuté par votre souverain. C'est grâce aux bienfaits obtenus en protégeant le Dharma que l'on peut alléger
en cette vie nos souffrances et rétributions."
Cela signifie que nous, qui croyons aujourd'hui dans le vrai Dharma, avons
commis la faute de persécuter son Pratiquant
dans le passé, et sommes pour cette raison voués à
tomber dans un terrible enfer à
l'avenir. Cependant, les bienfaits engendrés par la pratique du
vrai Dharma sont si grands que nous pouvons changer notre karma
de souffrances terribles dans
l'avenir en subissant des souffrances relativement mineures en cette vie.
[...] Si vous doutez d'avoir offensé le Dharma dans le passé,
vous ne serez pas à même de supporter les souffrances mineures
de l'existence. ...il est
dit, dans le huitième volume du Guketsu : "Si un simple mortel n'essaie pas de sortir du cycle des souffrances
de la vie et de la mort et ne désire
pas devenir bouddha, les démons le protégeront comme des
parents." Souffrez
s'il faut souffrir, et goutez pleinement la joie lorsqu'elle
se présente. Considérez la souffrance et
la joie comme des réalités inséparables de la vie
et continuez à réciter Namu
Myoho Renge Kyo, quoi qu'il arrive. Vous connaîtrez alors la
joie illimitée que procure le Dharma. En ce qui
vous concerne, n'étant qu'un simple mortel, vous n'avez d'autre
vision que celle des simples mortels ; vous ne pouvez pas voir dans quel
monde se trouvent vos parents mais vous vous demandez si la souffrance
n'est pas leur sort également. C'est la preuve de votre piété
filiale. Ainsi, en
donnant son corps pour entendre la moitié d'un verset, Sessen Doji
parvint à échapper aux souffrances de la
vie et de la mort pendant douze kalpa.
Ce récit se trouve dans le Sutra
du Nirvana. Voilà comment Sessen Doji, par le passé,
n'hésita pas à sacrifier sa vie, afin d'entendre seulement
la moitié d'un verset. Combien plus grande encore devrait être
la reconnaissance de ceux qui ont entendu un
chapitre ou tout un volume du Sutra du Lotus ! Un homme véritablement
sage ne se laissera emporter par aucun des huit vents : fortune, misère,
disgrâce, honneurs, louange, critique, souffrance,
plaisir. Il ne tire pas orgueil de la prospérité, ni ne
se lamente des revers de fortune. On dit que
si un maître a un bon disciple, tous deux atteindront la bodhéité,
mais que si un maître forme un mauvais disciple, tous deux tomberont
en enfer. Si le maître et le disciple n'ont pas le même esprit,
ils ne pourront rien accomplir. Je reviendrai sur ce point. Il faut toujours
se consulter l'un l'autre pour surmonter les souffrances
de la vie et de la mort et atteindre la Terre
pure du Pic du Vautour où
l'on pourra, en parfait accord, parler d'un même coeur Je suivrai
la voie de Sessen Doji et vivrai
comme le fit le bodhisattva Fukyo.
Lorsque l'on pense à des vies comme les leurs ne serait-il pas
indigne et regrettable de mourir emporté par une épidémie,
ou simplement, de vieillesse ! Je préférerais de beaucoup
être persécuté par les gouvernants de ce pays en raison
de ma foi dans le Sutra du Lotus et me libérer ainsi des
souffrances de la naissance et de la mort. La vie des
êtres humains est enchaînée par le mauvais karma,
les désirs terrestres et les
souffrances inhérentes
à la vie et à la mort. Mais, grâce aux trois
potentialités de la nature de bouddha - la bodhéité
innée, la sagesse permettant de s'y éveiller, et l'action
qui la rend manifeste - notre vie peut sans aucun doute parvenir à
révéler ces trois propriétés
(sanjin) du Bouddha. Aucune autre
doctrine ne surpasse cet enseignement [du Sutra du Lotus], grande
lanterne qui illumine la longue nuit des souffrances
de la vie et de la mort, épée
acérée qui tranche la racine de l'obscurité
fondamentale inhérente à la vie. [...] Mais les
moines éminents de notre époque qui ont foi dans les sutras
de zuitai [exposés en fonction des capacités de ceux à
qui le Bouddha s'adressait] sont condamnés à sombrer dans
l'océan des souffrances. Si le seul
défunt Abutsu-bo ne pouvait accéder à la Terre
pure de la lumière paisible, tous ces bouddhas seraient condamnés
à subir de très grandes souffrances. On lit dans
le chapitre Jinriki*
(XXI) : "Que ce soit dans un bosquet,
sous un arbre ou dans un monastère [...] les bouddhas entrent dans
le nirvana." Ceux qui visitent cet endroit peuvent instantanément
expier les fautes commises depuis le passé infiniment lointain.
Les troubles (bonno, klesa) se transforment en sagesse (prajna),
le karma en Corps
du Dharma*,
et les souffrances (dukkha) en délivrance
(gedatsu, vimukti).
Le sutra dit : “Aveugles, ils ne voient rien. Ils ne recherchent pas les nombreux
bouddhas ni le Dharma qu’ils proposent pour interrompre la souffrance.
Profondément pénétrés de vues erronées,
ils tentent de se débarrasser de la souffrance
par la souffrance”.
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