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Extraits de gosho sur |
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Maudgalyayana |
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Par conséquent, nous devons savoir que tout religieux qu'il soit
bon ou mauvais, qu'il ait raison ou tort, qu'il soit supérieur
ou simple moine, est digne de recevoir offrandes et nourriture. Car,
comment pourrait-on frapper et insulter l'enfant sans causer peine et
douleur au père ? Les brahmanes qui ont tué Maudgalyayana, le disciple du Bouddha, à coups de bâtons, sont tombés
pour longtemps au fond de l'enfer avici.
Pour avoir tué la nonne Utpalavarna, Devadatta suffoqua interminablement
dans les flammes de l'enfer avici.
Ces exemples du passé sont parfaitement clairs, et, aux époques
qui suivent, c'est l'offense qu'il faut redouter plus que tout. Vous parlez de punir ceux qui s'opposent
au Dharma. Une telle action transgresserait les interdits du Bouddha.
J'ai peine à croire que cela soit correct, comment peut-on le
? Le Bouddha
vécut très certainement à une époque impure,
mais les cinq impuretés venaient tout juste d'apparaître, et, de plus, le Démon
redoutait les pouvoirs du Bouddha. Cependant, même à une
époque où l'avidité, l'arrogance l'ignorance et
les vues erronées des hommes n'étaient pas encore répandues,
un groupe de brahmanes de l'"École
de la tige de bambou" assassinèrent le vénérable Maudgalyayana, connu pour
sa maîtrise des pouvoirs occultes ; et le roi Ajatashatru,
en lâchant contre lui un éléphant furieux, menaça
la vie du seul homme dans le monde des trois
plans véritablement digne d'être honoré. Devadatta tua la nonne Utpalavarna qui était parvenue à l'état d'arhat ; et le vénérable Kokalika répandit de faux bruits sur Shariputra,
connu pour sa sagesse sans pareille. Cela fut encore bien pis lorsque
les cinq impuretés se
répandirent de plus en plus dans le monde ! Il est encore possible de réciter le Titre, Namu
Myoho Renge Kyo, une seule fois par jour, ou une fois seulement
dans une vie ; ou de l'entendre réciter une seule fois dans sa
vie et d'en éprouver de la joie ; ou même d'avoir plaisir
à entendre la voix d'une personne qui s'est réjouie de
l'entendre, et cela jusqu'à la cinquantième
personne depuis la première à avoir récité daimoku.
Dans ce dernier cas, naturellement, l'intensité
de la foi est moindre et la joie
a considérablement diminué ; elle n'est plus comparable
qu'aux vagues notions qui peuvent se former dans l'esprit d'un enfant
de deux ou trois ans, ou aux perceptions d'une vache ou d'un cheval,
incapables de distinguer ce qui précède de ce qui suit.
Et pourtant, les bienfaits obtenus
par cette cinquantième personne sont cent, mille, dix mille, cent mille fois supérieurs à
ceux que peuvent obtenir, en étudiant d'autres sutras, des personnes
naturellement dotées d'excellentes capacités et d'une
sagesse supérieure, comme Shariputra, Maudgalyayana, Manjushri,
capables de réciter par cœur l'intégralité
du texte des divers sutras. Quand le principe des cent
mondes et des mille facteurs, ou ichinen
sanzen, fut exposé dans l'enseignement
théorique*,
les personnes des deux véhicules,
qui avaient été comparées à des graines pourries,
virent les graines de la bodhéité germer. Pendant les quarante-deux
années précédentes de l'enseignement du Bouddha,
ces personnes avaient été méprisées parce
qu'on pensait que "jamais elles ne pourraient atteindre la bodhéité".
A chaque réunion, au cours de chaque assemblée, elles n'avaient
droit qu'à des malédictions et à des insultes, elles
étaient tenues à l'écart par tous les êtres
des domaines célestes ou humains, au point qu'elles paraissaient
condamnées à mourir de faim. Mais soudain, lorsque le Sutra
du Lotus fut exposé, il fut prédit que Shariputra deviendrait Tathagata Fleur-lumineuse,
que Maudgalyayana deviendrait Tathagata Tamalapattra Parfum-de-santal,
qu'Ananda deviendrait le bouddha
Roi-tout-puissant, Montagne et Océan de sagesse, que Rahula deviendrait Tathagata Foulant-les
fleurs-des-sept-trésors, que les cinq cents arhats deviendraient les Tathagatas Eclat-universel,
et que les deux mille auditeurs-shravakas deviendraient les Tathagatas Forme-précieuse. De plus,
avec Kokalika comme disciple
et le roi Ajatashatru comme protecteur, Devadatta commença à
attirer des disciples de partout, jusqu'à ce que, des cinq
régions de l'Inde, de ses seize grands royaumes et de ses
cinq cents principautés de taille moyenne, toute personne coupable
d'une, de deux, ou de trois des cinq
forfaits, sans exception, soit venue rejoindre sa communauté.
Tous accoururent auprès de lui comme de multiples rivières
se jettent dans le vaste océan, ou comme quantité de plantes
et d'arbres prolifèrent sur une grande montagne. De même
que les sages se rassemblaient autour de Shariputra,
et ceux qui recherchaient les pouvoirs occultes, autour de Maudgalyayana,
les personnes aux tendances mauvaises s'allièrent avec Devadatta.
La cérémonie
d'urabon tire son origine de l'époque où le vénérable Maudgalyayana sauva sa
mère Shodai-nyo qui, en raison de sa rapacité et de son
avarice, était tombée dans la voie des esprits affamés pour une période de cinq cents vies (note). Mais Maudgalyayana ne parvint pas à faire accéder sa mère à
la bodhéité. Car lui-même n'était pas encore
pratiquant du Sutra du Lotus et ne pouvait donc pas aider sa
mère à devenir bouddha. Par la suite, pendant huit ans,
dans l'Assemblée au Pic du
Vautour, en croyant au Sutra du Lotus et en récitant Namu Myoho Renge Kyo, il devint
un bouddha appelé Tamalapatra (Parfum de Santal) (réf.).
Et à ce moment-là, sa mère aussi devint bouddha.
Dans le trente-huitième volume du Sutra
du Nirvana, il est écrit : "A ce moment-là,
tous les brahmanes se sont
rendus auprès du roi Ajatashatru et lui ont dit : "O Grand Roi, il y a actuellement en ce monde
un homme d'une malfaisance sans pareille, un moine appelé Gautama.
Tous les malfaiteurs du monde, motivés par l'appât du gain
et des dons, se sont rassemblés autour de lui et se sont mis
à le suivre. Ils ne commettent aucune bonne action mais, en utilisant
des pouvoirs occultes, ils attirent à eux des gens comme Mahakashyapa, Shariputra et Maudgalyayana."
En étudiant
le Sutra du Lotus, on y lit diverses prédictions : Shariputra deviendra l'Ainsi-Venu "Fleur lumineuse"*; Mahakashyapa,
l'Ainsi-Venu "Lumière éclatante"*; Subhuti,
l'Ainsi-Venu "Forme merveilleuse"*; Katyayana,
l'Ainsi-Venu "Lumière d'or de Jambunada"*; Maudgalyayana,
le bouddha "Parfum de bois de santal de Tamalapattra"*; Purna, l'Ainsi-Venu "Dharma
brillant"*; Ananda, le bouddha "Roi sage et tout-puissant des mers et des montagnes"*.
Il serait
totalement impossible, j'en suis persuadé, que de grands auditeurs-shravakas,
tels que Shariputra et Maudgalyayana,
abandonnent jamais une personne, quelle qu'elle soit, qui a respecté
l'un des enseignements sacrés exposés de son vivant par le Bouddha. Mais ils éprouvent
sans doute une certaine rancune envers les divers sutras enseignés
avant le Sutra du Lotus, car on y trouve à leur encontre
quelques remontrances sévères : "Au coeur de l'enseignement
du Bouddha... ils sont comme des graines qui ne pourront plus germer."(réf.)
"A cette époque, une multitude de brahmanes complotèrent et se rendirent en nombre auprès du roi du Magadha, Ajatashatru,
pour lui dire : "Il y a actuellement un homme extrêmement
nuisible, un moine du nom de Gautama.
Ô roi, vous ne l'avez jamais jugé, et il nous inspire une
grande crainte. Toutes sortes de personnes mauvaises, dans l'attente de
profits et d'aumônes, se sont regroupées autour de lui et
sont devenues ses adeptes. [Ce sont des gens qui ne pratiquent pas le
bien mais qui se servent, au contraire, de formules magiques et de sortilèges
pour attirer des hommes tels que] Mahakashyapa, Shariputra et Maudgalyayana."
Voilà qui illustre bien le sens du passage : "Puisque
haines et jalousies abondent déjà du vivant du Bouddha". Quand arriva la prédication des huit chapitres de la doctrine des états terrestres* du Sutra du Lotus, ils entendirent le Dharma qu'ils n'avaient jamais entendu. Ces êtres devinrent alors des disciples. Dès le Parc aux Cerfs, Shariputra, Maudgalyayana et autres furent des disciples qui ressentirent pour la première fois la production d'Éveil.
Le roi Sen'yo et le roi Utoku,
qui combattirent l'un, cinq cents, et l'autre, d'innombrables ennemis
du Sutra du Lotus, renaquirent en ce monde sous la forme du
Bouddha Shakyamuni. Certains de ses disciples comme Mahakashyapa, Ananda, Shariputra, Maudgalyayana, et d'innombrables
autres se battirent en première ligne, du vivant du Bouddha,
mettant les ennemis en fuite, les tuant, les blessant, ou éprouvant
du plaisir à se battre.
Par exemple,
le Bouddha Shakyamuni [à un moment donné] s'éleva
dans le Ciel Trayastrimsha pour s'acquitter de sa dette de reconnaissance à l'égard
de sa mère défunte. Mais personne au monde n'eut conscience
de ce fait, sauf Maudgalyayana qui connaissait les pouvoirs surnaturels du Bouddha. [Ainsi, ] même si le Dharma bouddhique est sous leurs
yeux, les gens ne la saisiront pas si leurs capacités ne sont
pas adéquates, et elle ne se répandra pas si le temps
propice n'est pas encore venu. C'est en accord avec la loi de la nature,
tout comme l'océan monte et descend avec les marées, ou
comme la lune croît ou décroît dans le ciel en fonction
du temps. Nichiren
considère que cela se produisit parce que Shubhakarasimha* était à l'origine un pratiquant du Sutra du Lotus ; mais quand il lut le Sutra Vairocana* il déclara
que ce dernier lui était supérieur. De même, ce
n'est pas pour avoir commis les cinq
forfaits ou les dix
mauvaises actions que Shariputra, Maudgalyayana et d'autres
furent condamnés à errer dans les mauvaises
voies pendant la durée de sanzen-jintengo ou de gohyaku-jintengo. Pas
davantage pour avoir commis l'une de huit
actions rebelles. Ce fut parce qu'ils rencontrèrent une
personne à l'influence néfaste, et rejetèrent
le Sutra du Lotus pour croire aux enseignements
provisoires.
Parmi les
disciples du Bouddha, il y en eut un du nom de Maudgalyayana.
Son père se nommait Kissen Shishi et sa mère, Shodai-nyo.
Après la mort, sa mère tomba dans le monde des esprits
faméliques*.
Tant que Maudgalyayana resta un simple mortel, il n'en eut pas conscience et n' avait donc
aucune raison d'en souffrir. Mais lorsque, une fois devenu disciple
du Bouddha, il parvint au stade d'arhat et acquit la vision divine, il
aperçut sa mère dans le monde des esprits
faméliques*.
Voyant cela, il lui fit des dons de boisson et de nourriture mais qui
tous se changeaient en flammes et ne faisaient qu'alimenter ses souffrances.
Il courut vers le Bouddha pour lui rapporter cela. Imaginez les sentiments
de Maudgalyayana à ce moment-là ! A ces persécutions
qui se produisirent longtemps avant que le Bouddha n'enseigne le Sutra
du Lotus s'en ajoutèrent d'autres plus tard, lorsqu'il exposa
le Sutra lui-même. [Ce furent les doutes (note) qui s'élevèrent
lorsque Shakyamuni révéla que] pendant quarante et quelques
années, Shariputra, Maudgalyayana et les grands
bodhisattvas avaient été en fait de Grands
ennemis s'opposant à la propagation du Sutra du Lotus (note). Aussi, afin d'élargir
graduellement leurs capacités, il consacra d'abord plus de quarante
années à enseigner les sutras Kegon*, Agama*, Hodo* et Hannya*,
pour ne révéler qu'à la fin le Sutra du Lotus.
A ce moment-là, tous ceux qui avaient entendu les enseignements
exposés par le Bouddha pendant plus de quarante ans - Shariputra, Maudgalyayana et les douze
mille auditeurs-shravakas - Manjushri, Maitreya et les autres quatre-vingt
mille bodhisattva ; les milliards de rois-faisant-tourner-la-roue ; un nombre incalculable d'êtres célestes tels que Bonten et Taishaku - tous s'écrièrent
à propos des enseignements qu'ils avaient reçus auparavant : "Nous nous désolions de penser que nous n'obtiendrions jamais
la sagesse incommensurable de l'Ainsi-Venu."(réf.) Mais après
avoir entendu le Bouddha enseigner le Sutra du Lotus, ils se
réjouirent en disant : "Nous avons obtenu le joyau suprême
sans même l'avoir recherché ! "(réf.) Ils dirent aussi : "Nous écoutons depuis longtemps les
enseignements de l'Honoré du monde, mais jamais encore nous n'avions
entendu un Dharma aussi profonde, aussi merveilleuse et élevée."(réf.) Et encore : "Le Bouddha enseigne un Dharma qu'il est rare de
rencontrer, un enseignement que nous n'avions jamais entendu auparavant."(réf.) Un roi du nom de Virudhaka,
poussé par le roi Ajatashatru,
fit passer par l'épée des centaines de personnes appartenant
au clan du Bouddha Shakyamuni. Le roi Ajatashatru lâcha sur de nombreux disciples du Bouddha un troupeau d'éléphants
ivres pour qu'ils les piétinent et les tuent. Il en fit tuer
aussi beaucoup d'autres en postant des soldats en embuscade le long
des routes, en souillant l'eau des puits avec des excréments,
et en persuadant des femmes de porter contre eux des accusations fausses. Shariputra et Maudgalyayana subirent de graves persécutions (note). Kalodayin fut enseveli sous
du crottin de cheval. Le Bouddha fut contraint de survivre pendant 90
jours, tout un été, en mangeant du fourrage pour chevaux.
Il s'agit de l'une des neuf grandes
épreuves du Bouddha. Shariputra, Maudgalyayana, Mahakashyapa étaient de grands arhats ayant acquis les trois formes de clairvoyance et les six
pouvoirs mystiques. De plus, ils étaient des bodhisattvas
qui, en écoutant le Sutra
du Lotus, étaient parvenus à la première* des dix étapes
de développement* et à la première* des dix étapes de
sécurité*, où
l'on perçoit que rien ne naît ni ne s'éteint. Pourtant,
même eux se sentirent incapables d'endurer les grandes persécutions
qui attendent celui qui propage le Sutra du Lotus dans ce monde
saha à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
et reculèrent devant cette tâche. A plus forte raison,
comment un simple mortel n'ayant pas encore éliminé les trois catégories d'illusions,
à l'époque des Derniers
jours du Dharma,
pourrait-il devenir pratiquant de ce Sutra ? Les cinq
caractères du Titre du Sutra
du Lotus sont inscrits au centre de la Tour
aux Trésors, tandis que les quatre Rois du Ciel sont assis aux quatre coins. Les bouddhas Shakyamuni
et Taho, ainsi que les quatre guides
des bodhisattvas Surgis-de-Terre,
sont en haut sur le même rang. Assis au-dessous d'eux, se trouvent
les bodhisattvas Fugen et Manjushri, ainsi que des auditeurs-shravakas parmi lesquels Shariputra et Maudgalyayana. A côté
d'eux, se tiennent les divinités Nitten, Gatten, le Démon
du sixième Ciel, le Roi-dragon et Ashura ; Fudo et Aizen sont respectivement postés
au Sud et au Nord. Le traître et cruel Devadatta et la fille du Roi-Dragon sont
également présents. Concernant l'origine des cérémonies
appelées urabon : il y
eut, parmi les disciples du Bouddha, un homme du nom de vénérable Maudgalyayana. Sa maîtrise
sans égale des pouvoirs transcendantaux le mettait, parmi les
disciples, sur le même plan que Shariputra,
sans égal par la sagesse. Tous deux étaient comparables
au soleil et à la lune côte à côte au-dessus
du Mont Sumeru, ou aux ministres de la Gauche et de la Droite,
au service d'un grand roi. Le père de Maudgalyayana s'appelait Kissen Shishi, et sa mère Shodai-nyo. Parce qu'elle
avait été dominée par l'avidité et l'avarice,
elle était tombée, après sa mort, dans le monde
des esprits
faméliques*,
mais le vénérable Maudgalyayana parvint à l'en libérer et c'est là l'origine des
cérémonies d'urabon. Voici comment cela se passa. Sa mère étant
tombée dans le monde de l'avidité, elle subissait de grandes
souffrances, mais Maudgalyayana, simple mortel, n'avait aucun moyen de le savoir. Il était entré
à un très jeune âge, dans l'école d'un maître brahmane et avait étudié très sérieusement
les quatre Vedas et les dix-huit
écrits principaux qui constituent la totalité des textes
sacrés du brahmanisme. Mais il était toujours incapable
de savoir dans quel monde sa mère défunte s'était
de nouveau manifestée. Plus tard, à l'âge de treize ans, Shariputra et lui allèrent ensemble rendre visite au Bouddha Shakyamuni
et devinrent ses disciples. Dès lors, Maudgalyayana parvint à se libérer des illusions de la pensée et à progresser jusqu'à la première
étape de la sagesse (note) ; puis il se détacha
des illusions du désir et devint un arhat,
obtenant de ce fait les Trois pouvoirs de perception et les six
pouvoirs mystiques. Ayant acquis la vision divine, il pouvait
voir tout ce qui se passe dans l'ensemble d'un système
majeur de mondes, avec autant de clarté que si cela se reflétait
dans un miroir limpide. Son œil percevait ce qui a lieu sous la
terre et il pouvait voir dans les trois
mauvaises voies [les états d'enfer, d'avidité et d'animalité]
aussi facilement que lorsque, les yeux posés sur l'eau gelée
d'un étang, nous voyons les poissons nager sous la glace, éclairés
par le soleil du matin. Ainsi, en baissant les yeux, il vit que sa mère
était prisonnière du monde des esprits
faméliques*.
[...] Ayant acquis la vision divine, il pouvait
voir tout ce qui se passe dans l'ensemble d'un système
majeur de mondes, avec autant de clarté que si cela se reflétait
dans un miroir limpide. Son œil percevait ce qui a lieu sous la
terre et il pouvait voir dans les trois
mauvaises voies [les états d'enfer, d'avidité et d'animalité]
aussi facilement que lorsque, les yeux posés sur l'eau gelée
d'un étang, nous voyons les poissons nager sous la glace, éclairés
par le soleil du matin. Ainsi, en baissant les yeux, il vit que sa mère
était prisonnière du monde des esprits
faméliques*. Elle n'avait rien à boire ni à manger.
Sa chair ressemblait à celle d'un faisan après qu'il ait
été plumé, ses os étaient pareils à
des cailloux ronds placés cote à cote. Sa tête,
aussi grosse qu'un ballon contrastait avec son cou, fin comme un fil,
et son ventre était gonflé comme le grand océan.
En ouvrant la bouche et en joignant les mains pour quémander
de la nourriture, Shodai-nyo ressemblait à une sangsue affamée
ayant perçu l'odeur d'un être humain. Rien ne pourrait
décrire sa physionomie, son expression vorace ou ses larmes lorsque
son regard se posa sur celui qui avait été son fils dans
une vie antérieure. Quelle tristesse dut être alors celle
de Maudgalyayana ! Le moine Shunkan, administrateur du temple Hossho-ji,
fut exilé sur l'île de Iogashima. Nu, les cheveux détachés
dissimulant son cou, il marchait, maigre et affaibli, le long du rivage,
nouant des algues autour de sa taille. Soudain, voyant un poisson, il
l'attrapa de la main droite et allait le porter à sa bouche au
moment où l'aperçut un jeune homme, autrefois à
son service et venu jusque là pour lui rendre visite. Je me demande
qui offrait l'apparence la plus misérable, ce moine ou la mère
de Maudgalyayana ? J'aurais tendance à penser que la mère de Maudgalyayana offrait une vision encore plus pitoyable que celle du moine. À la vue de sa mère, Maudgalyayana ressentit une si grande tristesse qu'il fit immédiatement usage
de ses grands pouvoirs surnaturels pour faire apparaître du riz.
Sa mère en fut ravie et, saisissant un peu de riz de la main
droite, tout en cachant le reste avec sa main gauche, elle porta précipitamment
le riz à sa bouche. Qu'advint-il alors ? Le riz se changea
en feu et se mit à flamber ! Il se changea en flammes, comme
si l'on avait disposé un tas de buches, et tout le corps de sa
mère se craquela et se couvrit de brulures. Voyant cela, Maudgalyayana,
terrifié et perplexe, employa de nouveau ses pouvoirs surnaturels
pour faire jaillir une grande quantité d'eau. Mais l'eau se changea
en brindilles qui alimentèrent les flammes et brulèrent
encore plus gravement le corps de sa mère. Quelle ne fut pas
alors la douleur du fils ! Comprenant que ses pouvoirs surnaturels étaient
incapables de remédier à la situation, Maudgalyayana se rendit en un instant auprès du Bouddha et lui présenta
sa requête désespérée. «Je suis né dans une famille de brahmanes,
dit-il, mais je suis devenu par la suite un disciple du Bouddha. Parvenu
à l'état d'arhat, je me suis libéré du cycle
des renaissances dans le monde
des trois plans, et j'ai
acquis les Trois Pouvoirs de perception et les six
pouvoirs mystiques qui sont l'apanage des arhat. Mais maintenant,
lorsque j'essaye de sauver ma propre mère des grandes souffrances
qui l'accablent, je ne fais que provoquer chez elle une agonie encore
plus grande. C'est pour moi une grande peine et mon cœur est empli
de regrets. Le Bouddha répondit : «Votre mère
a commis de graves mauvaises actions. Seul, vous n'aurez pas le pouvoir
de la sauver. Personne ne le peut : ni les divinités du ciel,
ni celles de la terre, ni les brahmanes, ni les moines taoïstes,
ni les quatre rois du Ciel, ni les
divinités Taishaku et Bonten. Le Bouddha
enseigna que quiconque ferait des dons à Mahakashyapa, Shariputra, Maudgalyayana et Subhuti, qui ne connaissaient
pas encore le Sutra du Lotus, tomberait pour cela dans les trois mauvaises voies.
Il déclara que ces Quatre
grands disciples étaient plus vils que des chiens sauvages
ou des chacals. Ils respectaient rigoureusement les Deux cent cinquante
prescriptions bouddhiques, et leur observance des Trois
mille caractéristiques était aussi parfaite que
la lune au temps des moissons. Mais jusqu'à ce qu'ils adhèrent
au Sutra du Lotus, ils n'étaient encore que des chiens
sauvages aux yeux du Bouddha. Comparés à eux, nos moines
actuels sont d'une bassesse qui défie toute description. Plus de
cinq mille volumes d'écrits bouddhiques ne traitent de rien d'autre ; ils ne font qu'exalter les mérites de la piété
filiale. On pourrait croire que les principes énoncés
par le Bouddha pendant plus de quarante ans, dans la première
partie de son enseignement, étaient conformes à la piété
filiale, mais, puisqu'il n'avait "pas encore révélé
la vérité", il s'agissait au contraire d'un manquement
à la piété filiale. Le vénérable Maudgalyayana sauva sa
mère du monde de l'avidité,
mais il ne put la conduire que jusqu'aux mondes des hommes et du ciel, sans pouvoir la mettre
sur la voie qui mène à la bodhéité.
Le Bouddha Shakyamuni, à l'âge de trente ans, enseigna
le Dharma à son père,
le roi Shuddhodana, lui permettant
ainsi de parvenir à la plus haute des quatre
étapes de l'Éveil. Et à l'âge de trente-huit
ans, il permit à sa mère, la reine Maya,
d'accéder au stade d'arhat. Qui d'autre
qu'un fils aurait pu faire pareil voyage pour retrouver son père ? Le vénérable Maudgalyayana libéra sa mère de l'enfer des esprits
faméliques*,
et Jozo et Jogen persuadèrent leur père de rejeter ses croyance erronées.
Voilà l'exemple de bons enfants, qui furent un trésor
pour leurs parents. Une femme du nom de Shodai-nyo, tombée par sa propre faute dans
les voies de l'avarice et de l'avidité, était prisonnière
du domaine des esprits faméliques*,
mais elle fut sauvée par son fils Maudgalyayana et parvint grâce à lui à s'en libérer (réf.).
Ainsi ce sutra a de bonnes raisons de dire que certains enfants sont
un trésor pour leurs parents.
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