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Extraits de gosho sur |
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délivrance - libération
- gedatsu |
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Beaucoup pratiquent
à la fois des enseignements
provisoires et des enseignements corrects, sans savoir la différence
entre les deux ; ou pratiquent seulement les enseignements
provisoires, les confondant avec l’enseignement correct ; ou
encore, faisant preuve de vanité, croient avoir atteint les plus
hauts degrés de la pratique. En conséquence, ces personnes
ignorantes, qui traditionnellement étudient et pratiquent le bouddhisme
dans le but se libérer de la chaîne
des naissances et des morts (samsara) accumulent un karma
qui les maintient enchaînés. La troisième
dette est la reconnaissance envers son souverain. C'est grâce à
son souverain que l'on peut réchauffer son corps aux trois sortes
de lumières célestes
(note) et nourrir sa vie des cinq
sortes de céréales qui poussent sur la terre. De plus,
dans cette vie, j'ai pu avoir foi dans le Sutra du Lotus et rencontrer
un souverain me permettant de me libérer des souffrances
de la naissance et de la mort dans mon existence présente.
Comment pourrais-je lui tenir rancune du mal insignifiant qu'il m'a fait,
et ignorer ma dette envers lui ? L'ignorant
regarda le croyant laïque avec perplexité et lui dit : "La preuve littérale et la preuve concrète confirment bien vos dires. Mais, dans ce
cas, quelle sorte d'enseignement bouddhique faut-il pratiquer pour se libérer des souffrances de la naissance et de
la mort, et pour rapidement parvenir à la bodhéité ? [...] D'après vos dires, il me semble que certaines des doctrines
bouddhiques que vous avez rencontrées entrent dans la catégorie
du bouddhisme hinayana, d'autres
dans celle du Mahayana. Mais,
en laissant de côté pour l'instant la question de leur supériorité
relative, je peux dire que, loin de vous apporter la délivrance,
la pratique de ces enseignements vous conduira à renaître
dans les mauvaises voies de l'existence." Pendant la
nuit, à la lumière des étoiles et de la lune, les
êtres humains ne vaquent pas à leurs occupations. Mais une
l'aube venue, ils reprennent invariablement leurs diverses tâches.
De même, lorsque les sutras
antérieurs ou l'enseignement
théorique*
du Sutra du Lotus prévalent, les êtres humains ont
du mal à se libérer des souffrances
de la naissance et de la mort. Mais une fois apparu le chapitre Juryo*
(XVI) de l'enseignement
essentiel*,
les êtres humains sont assurés de pouvoir se libérer
des souffrances de la naissance et
de la mort. Et il semble désormais évident que la propagation
du Nembutsu au Japon a presque
entièrement cessé. Même si, par la bouche, certains
n'ont pas cessé de psalmodier le Nembutsu,
je crois que, dans leur coeur, ils en sont venus à penser que ce
n'est pas la voie qui leur permettra de se libérer
du cycle des souffrances de la vie
et de la mort. Moi, Nichiren,
en me libérant de telles entraves karmiques,
je suis certain, à l'avenir, d'atteindre la Terre
pure du Pic du Vautour. Par
conséquent, même si de graves persécutions s'abattent
sur moi, comme une pluie ou comme une nuée, parce que je sais qu'elles
sont dues à ma foi dans le Sutra du Lotus, elles ne provoquent
pas chez moi la moindre souffrance. De plus, Shariputra,
Mahakashyapa et les autres disciples,
personnes des deux véhicules,
observaient scrupuleusement les deux
cent cinquante préceptes et les trois mille règles de
conduite
(note), pratiquaient les trois
sortes de méditation, appliquaient les enseignements des sutras
Agama*,
et s'étaient libérés des illusions de la pensée et du désir dans le monde des trois
plans. Par conséquent, ils auraient dû être exemplaires
dans la compréhension de leurs obligations et l'acquittement de
leurs dettes de reconnaissance. Mon exil actuel
n'est dû à aucun crime. Il a pour seul but de me permettre
d'effacer en cette vie les lourdes offenses au Dharma que j'ai commises par le passé et de me libérer
des trois voies mauvaises
dans la vie prochaine. Puisque c'est
grâce à ce Sutra que la Fille-dragon put atteindre la bodhéité,
même si le Bouddha ne l'en avait pas fortement dissuadée,
comment aurait-elle jamais pu abandonner un pratiquant du Sutra du
Lotus ? C'est pourquoi, dans les vers prononcés en hommage
au Bouddha, elle dit : "Je révèle
les principes du Mahayana Bien qu'ils
soient des bouddhas selon ces enseignements, ils sont des bouddhas des
enseignements provisoires et
ne méritent pas le titre de bouddha au sens strict. Car les Trois Corps des bouddhas des enseignements
provisoires ne se sont pas encore libérés
de l'impermanence. Ensuite, on
désigne du nom de bodhisattva
des personnes comme Manjushri
et Maitreya. Ces grands bodhisattvas
sont encore infiniment plus remarquables que les pratyekabuddhas.
Un bouddha est un être totalement libéré
des quarante-deux étapes
de l'obscurité fondamentale,
parvenu au niveau de l'Éveil parfait
(myogaku)
; il est comparable à la pleine lune dans la nuit du quinzième
jour du huitième mois. Les bodhisattvas ont dissipé quarante
et une sortes d'illusions liées à l'obscurité fondamentale,
parvenant ainsi au sommet de tokaku, l'Éveil presque parfait, l'avant-dernière
étape ; ils sont comparables à la lune qui brille dans la
nuit du quatorzième jour du huitième mois. Les maîtres
de l'école Shingon et les
adeptes des écoles Kegon,
Hosso, Sanron,
Zen, Jodo
et Ritsu prétendent s'être
éveillés au Dharma. Ils croient s'être libérés
des souffrances de la naissance et
de la mort. Mais les fondateurs de leurs écoles n'ont pas réussi
à comprendre le véritable sens des sutras sur lesquels ils
appuient leur doctrine. Ils n'ont procédé que de façon
superficielle, en n'utilisant que les sutras de leur choix. Une personne
qui propage le Sutra du Lotus est le père et la mère
de tous les habitants du Japon. Car, comme l'a dit le Grand-maître Guanding* : "Permettre à quelqu'un qui offense
le Dharma de se libérer du mal, c'est remplir
à son égard la fonction de parent." Par conséquent,
moi, Nichiren, je suis le père et la mère de l'actuel empereur,
le maître et le seigneur des adeptes du Nembutsu,
du Zen et des moines du Shingon. Les enseignements
des brahmanes datent d'environ
huit cents ans avant l'époque où vécut le Bouddha.
Tout d'abord centrés autour des deux divinités [Shiva
et Vishnu] et des trois
ascètes, ils finirent par se diviser en quatre-vingt-quinze
écoles. Parmi les autorités du brahmanisme se trouvaient
de nombreux sages et des personnes dotées de pouvoirs surnaturels,
mais aucun d'entre eux ne parvint à se libérer
des souffrances de la naissance et
de la mort. De plus, ceux qui suivirent leurs enseignements finirent
tous par tomber, d'une manière ou d'une autre, dans les trois
mauvaises voies. On peut se
lier avec de mauvais amis et, dans le désir de lui nuire, verser le sang du Bouddha, tuer
ses propres père et mère, ôter la vie à quantité
de sages, troubler l'unité du Sangha,
et détruire en soi toutes les racines de bonté ; mais,
si l'on fixe son esprit sur le Véritable Dharma, il reste possible
de se libérer de cet enfer avici. Vous n'êtes
en rien moins méritante que la fille
du Roi-Dragon lorsqu'elle déclara : "Je révélerai
les enseignements Mahayana pour
libérer tous les êtres de leurs souffrances."(réf.) Vous avez
tous deux maintenu votre foi dans le Sutra du Lotus, vous libérant ainsi des lourdes fautes du passé. Par exemple, les défauts
de l'acier apparaissent lorsqu'on le forge. A l'épreuve des flammes,
un morceau de charbon se réduit en cendres, tandis que l'or se
purifie. Mais les sept
écoles du Mahayana sont
un grand vaisseau permettant la traversée du vaste océan
des souffrances de la vie et de la
mort, et conduisant jusqu'à la rive de la Terre
pure. En les étudiant et en les comprenant, il est possible
de se libérer soi-même tout en libérant les autres. Avec cette pensée en tête, j'ai commencé
à les examiner, et j'ai découvert que chacune des sept écoles
du Mahayana chante ses propres
louanges en disant : "Notre école, et notre école seule
représente le coeur même des enseignements
sacrés exposés par le Bouddha de son vivant ! " Au Japon,
les enseignements du Shingon, du
Zen, du Ritsuet
du Nembutsu, fondés sur
d'autres écrits que le Sutra du Lotus, se répandent
partout, dans les montagnes, de monastère en monastère,
de temple en temple, à la cour comme à la campagne, dans
les régions proches aussi bien que lointaines. Mais ils ne correspondent
pas au pays ou ne répondent pas aux véritables intentions
du Bouddha, et ne permettent pas de se libérer
des souffrances de la naissance et
de la mort. J'ai lu votre
lettre d'un bout à l'autre avec attention. Vous m'expliquez que
vous avez dit : "Dans le 9e volume du Hokke
Mongu Ki* on lit : "Le libérer du monde des trois
plans par le moyen des enseignements
provisoires est ce que l'on appelle une libération éphémère." A quoi Ryosho-bo
(note) vous a
répondu : "Un tel commentaire ne se trouve nulle part." De plus, même
lorsque l'on rencontre le bon maître et le Sutra de l'enseignement
définitif (jikkyo), étant ainsi conduit au Dharma correct,
au moment où l'on décide d'atteindre la bodhéité
et de se libérer des souffrances de la naissance
et de la mort, les trois obstacles
et les quatre démons apparaissent, aussi inévitablement
que l'ombre suit le corps ou que les nuages accompagnent la pluie. Si
vous parvenez à surmonter les six premiers obstacles mais vous
laissez vaincre par le septième, vous ne pourrez pas devenir bouddha. Je suivrai
la voie de Sessen Doji et vivrai
comme le fit le bodhisattva Fukyo.
Lorsque l'on pense à des vies comme les leurs ne serait-il pas
indigne et regrettable de mourir emporté par une épidémie,
ou simplement, de vieillesse ! Je préférerais de beaucoup
être persécuté par les gouvernants de ce pays en raison
de ma foi dans le Sutra du Lotus et me libérer
ainsi des souffrances de la
naissance et de la mort. Plus tard, à l'âge de treize ans, Shariputra et lui allèrent ensemble rendre visite au Bouddha Shakyamuni et
devinrent ses disciples. Dès lors, Maudgalyayana parvint à se libérer des illusions de la pensée et à progresser jusqu'à la première
étape de la sagesse
(note) ; puis il se détacha
des illusions du désir et devint un arhat,
obtenant de ce fait les Trois pouvoirs de perception et les six
pouvoirs mystiques. Réfléchissant
à ces événements, je pense désormais m'être
totalement libéré de mes fautes passées.
En une occasion, j'ai failli perdre la vie. A l'ère Kocho,
je fus exilé dans la province d'Izu,
et à l'ère Bun'ei,
je fus banni sur l'île de Sado.
C'est pour avoir, à plusieurs reprises, adressé des remontrances
aux autorités que j'ai suscité de constantes persécutions.
Mais par là même, il est absolument impossible de m'accuser
d'être un "ennemi du bouddhisme" (note). Mais maintenant
que nous sommes entrés dans les Derniers
jours du Dharma, la doctrine transitoire est absolument incapable
de libérer quiconque des chaînes
de la vie et de la mort. La doctrine qui est maintenant nécessaire
pour nous sauver des chaînes de la vie et de la mort est seulement
celle contenue dans le chapitre sur la Longévité de l’Ainsi-Venu. Depuis d'innombrables
kalpas par le passé, dans notre
désir de parvenir à la bodhéité il nous est
parfois arrivé de quitter notre pays, notre femme, nos enfants,
ou de sacrifier notre propre corps afin d'obtenir l'Éveil dans nos vies futures. Si bien que, lorsque nous sommes près d'atteindre
la bodhéité et lorsque nous rencontrons Myoho Renge Kyo,
le Sutra du Véhicule unique,
le Démon du sixième
Ciel, qui régit le monde des trois
plans, se dit : "Si cette personne devient bouddha, je subirai
une double perte. D'abord, en se libérant de ce
monde des trois plans, il échappera
à mon contrôle. Ensuite, s'il devient bouddha, ses parents
et ses frères et sœurs quitteront également ce monde Saha. Comment pourrais-je empêcher cela ? " Parce que
le Dharma est suprême, la personne est digne de respect ; parce que
la personne est digne de respect, la terre est sacrée. On lit dans
le chapitre Jinriki*
(XXI) : "Que ce soit dans un bosquet, sous
un arbre ou dans un monastère [...] les bouddhas entrent dans le
nirvana." Ceux qui visitent cet endroit peuvent instantanément
expier les fautes commises depuis le passé infiniment lointain.
Les troubles (bonno, klesa) se transforment en sagesse (prajna),
le karma en Corps
du Dharma*,
et les souffrances (dukkha)
en délivrance(gedatsu,
vimukti). |
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voir également : atteinte de la bodhéité | |||