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Extraits de gosho sur |
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roi qui fait tourner la Roue du Dharma |
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J'ai envers mes parents
actuels une dette bien plus grande que si j'étais né dans
la famille de Bonten, de Taishaku,
de l'un des quatre Rois du Ciel,
ou d'un Roi faisant tourner la roue,
héritant ainsi des trois mondes ou des quatre
continents, et que si j'étais révéré
par les quatre sortes de croyants dans les mondes-états des hommes ou du ciel. Cette situation
est due au fait que des maîtres des enseignements
provisoires, attachés à leurs erreurs, sont considérés
avec le plus grand respect, tandis que le maître qui croit en
la révélation du véritable enseignement n'a pas
été reconnu comme il le mérite. Quelle tristesse
de penser que le joyau brut qu'offrit Bian-ho aux rois Zhou Wen et Zhou
Wu ne put jamais être apprécié à sa juste
valeur ! Mais quelle joie pour moi d'avoir obtenu en cette vie
le joyau sans prix dissimulé dans la coiffure (réf.) du Roi
faisant tourner la roue, raison de la venue de Shakyamuni en ce
monde ! Si l’on pose le Sutra
des cinq préceptes [Sutra
Gokai] (note) devant une sculpture ou une image aux trente et un traits,
ce Bouddha devient dès lors égal Roi-qui-fait-tourner-la-Roue-du-Dharma.
Si l’on pose le Discours sur les dix actes de bien (Juzen
ron), il devient alors égal à Taishaku.
Si l’on pose un Discours sur l’émancipation du monde des désirs (Shutsu-yoku
ron), il devient l’égal à Daibonten.
Cependant, il ne devient nullement Bouddha. Le Bouddha
Shakyamuni, Maître de la doctrine,
fut le descendant d'un Roi faisant tourner
la roue, le petit-fils du roi Simhahanu,
et l'héritier du roi Shuddhodana ; il aurait dû légitimement devenir le grand dirigeant des cinq régions de l'Inde,
mais il s'éveilla à la vérité de l'impermanence
de la vie et en vint à abhorrer le monde, hanté par le désir
de trouver le moyen d'échapper à ce monde de souffrance,
et de s'en libérer. Le roi Shuddhodana,
se désolant de cela, s'efforça habilement de n'offrir à
ses yeux que les aspects les plus flatteurs des quatre saisons, afin de
détourner le prince de son intention. Les écrits
bouddhiques mentionnent les cinq
entraves. La première de ces cinq entraves est l'impossibilité
pour les femmes, au cours de leurs renaissances successives dans les six voies, de renaître,
comme le peuvent les hommes, sous la forme du dieu Bonten.
Le deuxième obstacle est qu'elles ne peuvent pas renaître
sous la forme de Taishaku. Le
troisième, qu'elles ne peuvent pas renaître sous la forme
d'un Roi-dragon. Le quatrième,
qu'elles ne peuvent pas renaître sous la forme d'un Roi-faisant-tourner-la-roue.
Et le cinquième, qu'elles sont condamnées à transmigrer éternellement dans les Six voies, sans pouvoir échapper
au monde des trois plans ni pouvoir
jamais devenir bouddha. Ce passage se trouve dans le Sutra Chonichigatsu
sammai. Voici à ce sujet le commentaire du Sutra Gonjikinyo : "Même si les yeux de tous les bouddhas dans les trois
phases de la vie tombaient sur le sol, aucune femme, de quelque
monde que ce soit, ne pourra jamais devenir bouddha." Stupéfaits, Shariputra et les autres firent appel aux divinités, aux dragons et
aux grands bodhisattvas, en les suppliant de les instruire. "Les devas*, nagas*,
démons et autres, /
dont le nombre est comme les sables du Gange, /
les bodhisattvas en quête de l'état de bouddha, /
au nombre de quatre-vingt mille,
et des myriades de royaumes arrivent /
ainsi que les saints rois qui font tourner
la roue du Dharma /
Les paumes jointes, d'un coeur plein de respect, /
ils désirent entendre la Voie en sa totalité. " Ce passage indique qu'ils souhaitaient écouter
une doctrine encore jamais entendue au cours des quarante et quelques
années précédentes, et différente des quatre
saveurs inférieures et des trois
premiers enseignements. Autrefois
[dans une de ses vies antérieures], quand Shakyamuni était
un Roi faisant tourner la roue engagé
dans la pratique de bodhisattva,
il révérait une phrase en huit caractères qui disait : "Tous ceux qui sont nés sont destinés à mourir.
Mettre un terme à ce cycle, c'est entrer dans la joie du Nirvana."(réf.) Comme offrande à ces
huit caractères, Shakyamuni fit mille bougies de sa propre chair.
De plus, il grava ces mots sur des murs de pierre et sur les grand-routes
afin de les faire connaître aux autres et d'éveiller, chez
ceux qui les lisaient, le désir d'atteindre l'Éveil. La lumière
des bougies s'éleva jusqu'au Ciel Trayastrimsha où elle servit à illuminer Taishaku et les autres divinités. Un de ces traits est la protubérance
invisible au sommet de sa tête. Le corps du Bouddha Shakyamuni
mesurait seize pieds de haut. Mais un brahmane appelé Canne de
bambou fut incapable de le mesurer. Lorsqu'il voulut voir le haut du
crâne de Shakyamuni, il n'y parvint pas. Le bodhisattva Oji,
pareillement, ne réussit pas à voir le haut du crâne
du Bouddha, et le dieu Daibonten n'y parvint pas non plus. Si l'on s'interroge sur les raisons d'un tel
phénomène, on voit que, par le passé, le Bouddha
inclina la tête jusqu'au sol pour rendre hommage à ses
parents, à son maître et à son souverain, et qu'il
en acquit ce trait comme rétribution. Le plus exceptionnel des trente-deux traits du Bouddha est
sa voix pure et portant loin. Les petits rois, les grands rois et les rois faisant tourner la roue possèdent
tous ce trait à quelque degré.
Par conséquent, un mot de l'un d'entre eux a le pouvoir de détruire
le royaume ou d'y instaurer l'ordre. Les édits promulgués
par les dirigeants sont un aspect de la voix pure et portant loin. Dix
mille mots prononcés par dix mille sujets ordinaires sont moins
écoutés qu'un seul mot prononcé par un roi. Les
ouvrages connus sous le titre de Trois
Recueils et Cinq Canons sont les paroles de petits
rois. Qui plus
est, même en pratiquant pendant d'innombrables kalpas les divers sutras enseignés pendant quarante et quelques années
avant le Sutra du Lotus, aucun des bodhisattvas ni aucun des
simples mortels n'avait jamais pu parvenir à la bodhéité.
Mais, en pratiquant le Sutra du Lotus, tous ont pu devenir bouddha.
Et maintenant, ces bouddhas des mondes des dix
directions sont dotés des trente-deux
traits distinctifs et des quatre-vingts caractéristiques qui
sont la marque d'un bouddha ; les simples mortels dans les neuf autres mondes-états les respectent
comme les étoiles se rassemblent autour de la lune, comme les huit
montagnes entourent le Mont Sumeru,
comme les habitants des quatre continents lèvent les yeux vers le soleil, ou comme les personnes ordinaires
admirent un Roi-faisant-tourner-la-roue.
Et si ces bouddhas sont ainsi respectés, n'est-ce pas grâce
aux bienfaits dispensés par le Sutra du Lotus ? Pensez-vous qu'existent
aussi en nous les personnes des deux
véhicules qui devinrent arhats en détruisant leurs illusions, Bonten, Taishaku, les divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel, les quatre Rois qui font tourner la roue,
les grandes flammes de l'enfer avici ? Est-ce que tout cela existe en nous ? Même si vous affirmez
que c'est l'enseignement du Bouddha, je ne parviens toujours pas à
le croire. Le plus précieux des trésors,
pour les êtres sensitifs,
n'est autre que la vie elle-même. Ceux qui ôtent la vie
sont condamnés à tomber dans les trois
mauvaises voies. C'est pourquoi les Rois-faisant-tourner-la-roue observent, comme le premier des dix
préceptes de bien, le précepte de "ne pas tuer".
Le Bouddha instaura les cinq préceptes au début des sutras du Hinayana,
et il fit de l'interdiction de tuer le premier d'entre eux. Dans le Sutra Bommo, le Bouddha
fit aussi de l'injonction à "ne pas tuer" le premier
des dix préceptes
majeurs du bouddhisme Mahayana.
Le chapitre Juryo* (XVI) du Sutra
du Lotus contient des bienfaits correspondant à ce précepte de "ne pas tuer"
énoncé par le Bouddha Shakyamuni (note). Le bodhisattva Jogyo,
guide des bodhisattvas Surgis-de-Terre,
est déjà apparu en ce monde. Le Grand Dharma, coeur du Sutra du Lotus, se propagera donc inévitablement. Pour
tous les habitants du Japon, de la Chine et du monde entier, c'est comme
s'ils assistaient à l'éclosion de la fleur udumbara annonçant l'apparition d'un Roi
faisant tourner la roue. Ni pendant les quarante-deux premières
années d'enseignement de Shakyamuni ni dans les quatorze chapitres
de l'enseignement provisoire du Sutra du Lotus, ce Dharma n'avait
encore été enseigné, mais le Bouddha l'a exposé
pour la première fois dans la partie "révélation" (note) de l'enseignement essentiel* du Sutra du Lotus. La cinquième période de cinq cents ans a sans aucun doute
déjà commencé comme le Bouddha l'avait prédit.
Je dis que, immanquablement, le bouddhisme apparaîtra et se répandra
à partir de l'est, à partir du Japon. Des présages
se produiront sous la forme de désastres naturels d'une ampleur
sans précédent aux jours du Dharma
correct et du Dharma formel. Quand
le Bouddha naquit, quand il fit tourner la Roue
du Dharma, et quand il entra dans le nirvana,
les présages, favorables comme défavorables, furent plus
importants que tous ceux observés auparavant. J’ai
présentement, moi, Nichiren, un grand doute. Le Bouddha est à
la fois souverain, maître et parent de divers rois du monde des trois plans,
tels que le roi du Ciel de Brahma,
le Roi-démon du sixième
Ciel, Taishaku, Nitten, Gatten, les quatre
Grands rois du Ciel, du Roi faisant
tourner la Roue du Dharma et bien d’autres encore. Ces rois
du monde des trois plans ont reçu
des terres octroyées par le Bouddha Shakyamuni, afin de devenir
les dirigeants de diverses provinces et territoires spécifiques.
C’est la raison pour laquelle Bonten, Taishaku et les autres rois vénèrent
les statues en bois et les portraits du Bouddha Shakyamuni. Ainsi s'ils
vont, un tant soit peu, à l’encontre de l’enseignement
du Bouddha, l’imposant palais du Roi-Brahma et le palais
lumineux d’Indra viendront immédiatement à tomber
en miettes, et la couronne du Roi faisant tourner la Roue du Dharma choiera. De tous
les êtres humains, les plus respectables sont les Rois-faisant-tourner-la-roue.
Quand un roi-faisant-tourner-la-roue est sur le point d'apparaître,
son apparition est précédée d'un présage,
l'émergence, au beau milieu de l'océan, d'un arbre énorme,
l'udumbara, portant fleurs et
fruits. Les montagnes des quatre
continents s'aplanissent au niveau des océans ; la terre devient
aussi ouatée que du coton ; l'eau des mers devient aussi douce
que de l'ambroisie, les montagnes se changent en or, et les plantes
et les arbres se transforment en sept
sortes de joyaux. Un roi-faisant-tourner-la-roue a le pouvoir d'aller en un instant d'un bout à l'autre des quatre
continents ; il est donc servi et protégé par les êtres
célestes aussi bien que par les esprits invisibles, et les rois-dragons font tomber la pluie à sa demande. Même une personne ordinaire
de faibles capacités, lorsqu'elle est au service d'un tel souverain,
peut, elle aussi, se rendre instantanément en n'importe quel
lieu des quatre continents. Toutes ces rétributions ont pour
seule raison la rigoureuse observance des dix
préceptes de bien par les rois-faisant-tourner-la-roue. Une tique
attachée à la queue d'un kirin peut parcourir mille ri en un seul
jour et un homme ordinaire (bompu), au service d'un Roi
faisant tourner la roue, peut faire en un instant le tour des quatre
continents du monde. Qui songerait à en douter ou à le
contester ? Voilà le sens des mots de Saicho* : "Comment cela pourrait-il être un simple éloge de
soi-même ? ". Il est dit encore, dans
le septième volume du Sutra du Lotus : "Celui qui
parvient à croire et à pratiquer ce Sutra est ainsi également.
Parmi la multitude de tous les êtres vivants, il est le premier."(réf.) Selon
ce passage du Sutra, le Pratiquant du Sutra du Lotus est donc semblable au grand océan,
plus vaste que toutes les rivières et tous les fleuves, au Mont Sumeru, la plus élevée
de toutes les montagnes, à la lumière dorée de Gatten parmi les myriades d'étoiles,
à la grande divinité Nitten parmi les autres astres lumineux, aux Rois
faisant tourner la roue [parmi d'autres rois de moindre importance],
au dieu Taishaku [parmi les
trente-trois divinités] et au grand roi des dieux, Bonten,
parmi les autres rois. Les deux
grands sages Zhiyi* et Zhanlan* ont donné une définition de ces deux premiers niveaux
dans la foi et dans la pratique et les ont interprétés
de trois manières différentes. La première les
assimile au stade de soji-soku,
aux dix étapes de la foi et
à l'étape d'un roi-faisant-tourner-la-roue-de-fer (note).
La deuxième les fait correspondre à la première
des cinq étapes de la pratique,
considérées comme stade de kangyo-soku*, stade où l'on ne s'est
pas encore détaché des illusions
de la pensée et du désir. La troisième les
considère comme équivalentes au stade myoji-soku*. A ce moment-là, tous ceux qui avaient entendu les enseignements
exposés par le Bouddha pendant plus de quarante ans - Shariputra, Maudgalyayana et les douze
mille auditeurs-shravakas - Manjushri, Maitreya et les autres quatre-vingt
mille bodhisattva ; les milliards de rois-faisant-tourner-la-roue ; un nombre incalculable d'êtres célestes tels que Bonten et Taishaku - tous s'écrièrent
à propos des enseignements qu'ils avaient reçus auparavant : "Nous nous désolions de penser que nous n'obtiendrions jamais
la sagesse incommensurable de l'Ainsi-Venu."(réf.) Mais après
avoir entendu le Bouddha enseigner le Sutra du Lotus, ils se
réjouirent en disant : "Nous avons obtenu le joyau suprême
sans même l'avoir recherché ! "(réf.) Ils dirent aussi : "Nous écoutons depuis longtemps les
enseignements de l'Honoré du monde, mais jamais encore nous n'avions
entendu un Dharma aussi profonde, aussi merveilleuse et élevée."(réf.) Il y a
bien longtemps, les doctrines du brahmanisme se répandirent dans les cinq
régions de l'Inde et y prévalurent pendant huit cents
ou mille ans, tant et si bien que chacun des rois
faisant tourner la roue, jusqu'aux myriades de gens du peuple, inclina
la tête en signe de respect. Et pourtant, chacune des quatre-vingt-quinze
écoles [du brahmanisme] a été, de la première
à la dernière, réfutée par le Bouddha. Les
doctrines fallacieuses des moines de l'école Shoron ont prévalu pendant plus de cent ans, mais, par la suite, elles
furent réfutées ; et les principes erronés des maîtres
bouddhistes de la Chine du Nord et de la Chine du Sud, après
avoir été acceptés pendant plus de trois cents
ans, furent également réfutés. Au Japon, les doctrines
des six écoles de Nara
furent réfutées après avoir été acceptées
pendant plus de deux cent soixante ans ; en fait, le Grand-maître* Saicho* réfute certaines d'entre elles dans quelques-uns de ses écrits. Le roi Dronodana avait un fils nommé Aniruddha.
Avant de quitter la vie séculière, Aniruddha était un descendant
d'un roi-faisant-tourner-la-roue,
véritable souverain de l'Inde, le petit-fils du roi Simahahanu et le neveu du roi Shuddhodana,
héritier du roi Dronodana.
Il appartenait à une famille dont la terre entière connaissait
la noblesse. Chaque jour, 12 000 personnes entraient et sortaient de
sa demeure : 6 000 venaient emprunter des richesses à sa famille,
et 6 000 autres venaient rembourser leur dette. Non content d'être
un homme très riche, lorsqu'il devint par la suite disciple du
Bouddha, il parvint au plus haut degré de clairvoyance divine.
Et le Bouddha fit cette prédiction (réf.),
dans le Sutra du Lotus, qu'Aniruddha deviendrait un bouddha du nom de Fumyo. Ainsi,
chacun des rois des quatre-vingt-quatre
mille pays du Jambudvipa est appelé grand roi dans son pays. Mais, lorsqu'on les compare
à des rois-faisant-tourner-la
roue, on les appelle des petits rois. De même, chaque roi
des six Ciels du monde
des désirs, et des quatre ciels de la méditation,
peut être appelé indifféremment grand roi ou petit
roi [selon la personne à qui il est comparé] ; mais le
roi Daibonten, qui réside
au sommet du monde de la forme,
est l'un des grands rois qu'il est impossible d'appeler roitelet. Je
me trouve ici en pleine montagne, loin de toute habitation. Il n'y
a pas le moindre village à l'horizon. Mais, bien que je vive
dans une masure abandonnée, au plus profond de ma chair de simple mortel, je conserve le Dharma secret et ultime, hérité
du Bouddha Shakyamuni au Pic du
Vautour. Mon coeur est là où tous les bouddhas entrent
dans le nirvana ; ma langue,
là où ils font tourner la roue
du Dharma, là où ils naissent en ce monde ; et ma
bouche, là où ils atteignent l'Éveil. Puisque cette montagne abrite le merveilleux Pratiquant du Sutra
du Lotus, comment pourrait-elle être moins sacrée
que la Terre pure du Pic
du Vautour ? Parce que le Dharma est suprême, la personne
est digne de respect ; parce que la personne est digne de respect,
la terre est sacrée. On lit dans le chapitre Jinriki* (XXI) : "Que ce soit dans un bosquet,
sous un arbre ou dans un monastère [...] les bouddhas entrent
dans le nirvana." Ceux qui visitent cet endroit peuvent instantanément
expier les fautes commises depuis le passé infiniment lointain.
Les troubles (bonno, klesa) se transforment en sagesse (prajna),
le karma en Corps
du Dharma*,
et les souffrances (dukkha)
en délivrance (gedatsu, vimukti). |
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