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Extraits de gosho sur |
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Pérsévérance - Assiduité - |
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Concernant mon présent
exil, il y a deux points d'importance que j'aimerais mentionner. Le
premier est que je ressens une joie immense. On appelle ce monde
saha, d'un mot qui signifie endurance. C'est pourquoi on donne également
au Bouddha qui se manifeste en ce monde le titre de Nonin [le Persévérant]. Si vous craignez véritablement
le cycle de la vie et de la mort et aspirez au nirvana, si vous
persévérez dans votre foi et désirez ardemment entrer dans la Voie,
les souffrances du changement
et de l'impermanence ne deviendront
rien de plus que le rêve d'hier, et la bodhéité deviendra la réalité d'aujourd'hui. Si seulement vous récitez Namu Myoho Renge Kyo, quelle offense pourrait manquer d'être effacée ? Quel bienfait pourrait
manquer d'apparaître? Ma capacité
à comprendre le Sutra du Lotus est infime, comparée
à celle de Zhiyi* et de Saicho*.
Mais par ma persévérance face aux persécutions et
par la profondeur de mon désir d'aider les autres, je crois que
je les dépasse. Quoi qu'il
en soit, réfutez comme moi l'opposition
au Dharma des adeptes des diverses écoles et amenez-les à
rejeter ce qui est erroné et à croire en ce qui est correct.
Puis, quand vous parviendrez sur la Terre
de la lumière éternellement paisible, où siègent
les trois sortes de bouddha,
en présence des bouddhas Shakyamuni et Taho,
vous pourrez demander : "Nichiren et moi sommes-nous, oui ou non,
depuis le passé illimité,
liés par l'engagement de maître et disciple ? Ai-je
été envoyé, oui ou non, par le Bouddha Shakyamuni
afin de l'aider dans ses efforts pour propager l'enseignement ? "
Et quand les bouddhas vous répondront "Tout à fait ! ",
peut-être alors en serez-vous totalement convaincu. Il vous faut
donc poursuivre la pratique avec assiduité ! Plus que jamais, persévérez ! On lit dans le chapitre XV : "Plus nombreux que les grains de sable de huit Gange, des bodhisattvas
venus d'autres mondes s'élevèrent dans la Grande assemblée.
Les mains jointes en signe de profond respect ils s'inclinèrent
et dirent au Bouddha : "Vénérable Bouddha ! Permettez-nous de protéger, de lire et de réciter, de
transcrire et de vénérer ce Sutra avec assiduité
dans le monde Saha après
votre trépas. Nous faisons vœu de propager largement ce Sutra sur la terre." A quoi le Bouddha répondit
: "N'en faites rien, hommes de foi sincère ! Il n'est
nul besoin que vous protégiez ce Sutra." Cette
phrase contredit totalement les exhortations du Bouddha dans les cinq
chapitres précédents. Au chapitre
XI du Sutra du Lotus, on trouve le passage : "Le
Bouddha s'adressa aux quatre
congrégations d'une voix forte en disant : "Qui, parmi
vous, propagera le Sutra du Lotus dans le monde Saha ? "
Le bodhisattva Yakuo, Bonten, Taishaku, les divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel auraient
de toute façon immédiatement répondu à l'ordre
de Shakyamuni, même si aucun bouddha n'était venu soutenir
ses exhortations, mais Taho et d'autres
bouddhas vinrent en ce monde pour les exhorter à propager le Sutra après la mort de Shakyamuni. Profondément
encouragés, les bodhisattvas prêtèrent tous serment
en disant : "Nous ne ménagerons point nos vies", car
ils n'avaient qu'un seul souhait, celui d'accomplir la volonté
du Bouddha. C'est,
en vérité, une période bien malheureuse pour
vivre en ce pays. Pourtant, le Bouddha m'a ordonné de naître
à cette époque, et il me serait impossible de transgresser
sa volonté. Ainsi, avec une foi totale dans le Sutra,
j'ai engagé la lutte pour distinguer enseignements
provisoires et enseignements
définitifs (jikkyo). Je revêts l'armure de la persévérance et porte l'épée de l'enseignement correct, je lève
la bannière de Myoho Renge Kyo, essence des huit volumes du Sutra du Lotus. Puis, tendant l'arc de la déclaration
du Bouddha : "Je n'ai pas encore révélé
l'enseignement définitif (jikkyo)"(réf.),
j'encoche la flèche du "rejet sincère des enseignements
provisoires" (réf.),
je monte dans le chariot tiré par un grand boeuf blanc (note) et j'abats le portail des enseignements
provisoires. Les attaquant l'une après l'autre, j'ai réfuté
les doctrines du Nembutsu,
du Shingon, du Zen,
du Ritsu et celles des autres
écoles. Certains de mes ennemis ont pris la fuite, d'autres
ont reculé, ou, conquis, sont devenus mes disciples. Je continue
à repousser leurs attaques et à les vaincre mais les
ennemis sont légion alors que le roi du Dharma est seul avec
une poignée de partisans. C'est pourquoi la bataille se poursuit
aujourd'hui encore. Lorsque
quelqu'un reçoit de grands compliments, rien ne lui semble trop
difficile à accomplir. Tel est le pouvoir des mots d'encouragement.
Le pratiquant né à l'époque des Derniers
jours du Dharma qui propage le Sutra du Lotus rencontrera les trois
grands ennemis, qui provoqueront son exil et même sa condamnation
à mort. Pourtant, le Bouddha Shakyamuni couvrira du manteau de
sa bienveillance ceux qui persévéreront dans la propagation.
Toutes les divinités leur feront des offrandes,
les épauleront et les porteront sur leur dos. Ils possèdent
la bonne fortune suprême
et pourront servir de guides à tous les êtres humains. Pendant les deux mille ans
des périodes du Dharma correct et du Dharma formel, ceux qui pratiquaient
avec assiduité et sincérité les sutras du Hinayana et du Mahayana provisoire* pouvaient obtenir le bienfait de l'Éveil.
Toutefois, même si ceux qui étaient parvenus à ce
résultat pensaient qu'ils le devaient directement au sutra sur
lequel ils s'appuyaient, du point de vue du Sutra
du Lotus, aucun de ces sutras de l'enseignement
provisoire n'a jamais procuré de bienfait. On peut
lire dans le Sutra du Lotus : "...difficile à croire
et difficile à comprendre."(réf.) Nombreux sont ceux qui entendent parler de ce Sutra et y adhèrent, mais peu conservent leur foi en face de grands
obstacles. Recevoir est facile, mais garder est difficile. Pourtant,
c'est en persévérant qu'on atteint la bodhéité.
Ceux qui adoptent la foi dans ce Sutra devraient donc être
prêts à affronter des difficultés. Depuis que j'ai lu le Sutra du Lotus, [j'ai conservé
ma foi sans faiblir] même quand mes parents m'ont supplié
d'arrêter en joignant les mains, quand mon maître a rompu
tous liens avec moi, quand j'ai été exilé à
deux reprises (note) par le Régent de Kamakura, et après
avoir échappé de peu à la décapitation.
Parce que j'ai persévéré sans aucune crainte, certains
aujourd'hui au Japon pensent que j'ai peut-être raison. Je suis
peut-être la seule personne au Japon qui, tout en ayant désobéi
à son souverain, à ses parents et à son maître,
bénéficie finalement de la protection des divinités
célestes. Le Sutra du Lotus mentionne également "la robe de douceur et de persévérance." (note) Même des sages qui
pratiquent avec autant d'assiduité que Rahula dans les temps anciens, en observant scrupuleusement les 250 préceptes,
ou des sages comparables à Purna,
calomnient Nichiren après l'avoir rencontré. Même
des personnages vertueux et honnêtes comme le ministre Wei Zheng ou Fujiwara no Yoshifusa, lorsqu'ils
voient Nichiren, le traitent de manière déraisonnable
et injuste. Parce que j'ai exposé cet enseignement, j'ai été exilé et j'ai failli être
tué. Comme le dit le proverbe : « Un bon conseil est difficile à entendre »,
main je n'en suis pas pour autant découragé. Taishaku,
qui observait Sessen Doji du haut du ciel, pensa : "Il y a quantité de petits poissons
mais bien peu deviennent grands. Le manguier fleurit abondamment mais
rares sont les fleurs qui donnent des fruits. Il en va de même
chez les hommes : beaucoup ont le désir de parvenir à l'Éveil mais rares sont ceux qui persévèrent sans jamais reculer
et entrent réellement dans la Voie correcte. L'aspiration à
l'Éveil, chez les personnes ordinaires, est souvent entravée
par des influences mauvaises et elle est facilement contrariée
par les circonstances. Nombreux sont les soldats en armure mais rares
sont ceux qui n'ont pas peur dans la bataille. J'ai envie de tester
la foi de ce jeune homme." Taishaku prit donc la forme d'un démon et apparut non loin de Sessen
Doji. Quoi qu'il
en soit, la graine de la bodhéité ne se trouve nulle part
ailleurs que dans le Sutra du Lotus. S'il était possible
d'atteindre la bodhéité grâce aux enseignements
provisoires, pourquoi le Bouddha aurait-il dit qu'il faut enseigner
avec persévérance le Sutra du Lotus, et que ceux
qui s'y opposent aussi bien que ceux qui ont foi en lui obtiendront des
bienfaits ? On lit, dans le neuvième volume du Hokke
Mongu* : "Les débutants dans la pratique peuvent parfois se laisser
distraire par des préoccupations secondaires qui font obstacle
à la pratique essentielle. Il est alors préférable
qu'ils se consacrent totalement à la croyance dans le Sutra ; c'est la forme de don la plus élevée. Même en s'abstenant
des pratiques formelles mais en persévérant dans la méditation
sur le principe essentiel, les bienfaits seront nombreux et immenses." [...] "En
s'abstenant des pratiques formelles, mais en persévérant dans la méditation sur le principe essentiel" signifie que
l'on doit rejeter l'observance des préceptes et les autres pratiques
spécifiques [des cinq paramitas]
pour adhérer exclusivement au principe du daimoku.
Le commentaire "les bienfaits seront nombreux et immenses",
souligne que si le débutant essayait de se consacrer aux autres
pratiques en même temps qu'à celle du daimoku,
ses bienfaits seraient totalement perdus. Ceux qui, parmi mes disciples, auraient
une foi faible et ne persévéreraient pas jusqu'au bout,
encourraient une punition de la part du Bouddha. Mais même alors,
il serait inutile d'en faire reproche à Nichiren. Souvenez-vous
du destin réservé à [ceux qui renièrent
leur foi, comme] Shofu-bo, Noto-bo et les autres (note). Mais, aux moments où j'ai subi des persécutions
répétées, aussi bien que tout au long des deux
peines d'exil [voir Izu et Sado]
auxquelles j'ai été condamné, vous avez gardé
une foi inébranlable. C'était déjà en soi
assez extraordinaire, mais, maintenant, en dépit des menaces
[de votre seigneur], vous vous êtes engagé par écrit
à persévérer dans la foi du Sutra du Lotus,
même si vous deviez pour cela perdre vos deux domaines. Je ne
trouve pas les mots pour exprimer mon admiration. Même si vous perdiez
la foi dans le Sutra du Lotus, comment pourrais-je ne plus
me sentir lié à des personnes comme vous, qui m'avez aidé
à rester en vie, ne serait-ce qu'un jour ou même un instant ? Je ne me suis jamais préoccupé de moi-même. J'ai
fait la promesse de persévérer dans la foi sans reculer
quoi qu'il advienne, et, si je devenais bouddha, de vous guider vers
l'Éveil. Une fois le soleil levé, quel besoin avons-nous d'une lanterne ? Lorsqu'il a plu, à quoi sert la rosée ? Un bébé
a-t-il besoin d'autre nourriture lorsqu'il a du lait ? Un bon médicament
agit seul, il n'est pas nécessaire d'en ajouter d'autres. Naturellement,
en suivant ce principe, la fille d'Ishikawa a persévéré dans sa foi. Le Grand-maître* Saicho*,
fondateur du temple Enrakyu-ji du Mont Hiei, le premier à
répandre les véritables enseignements du Sutra du
Lotus au Japon, commente ce point en ces termes : "Ni maîtres
ni disciples n'ont besoin de persévérer dans la pratique
des austérités [vie après vie] pendant d'innombrables kalpas pour atteindre la bodhéité.
Le Sutra du Dharma Merveilleux a le pouvoir de faire atteindre
la bodhéité sans changer d'apparence."(réf.) On lit dans le Sutra que les bienfaits obtenus en persévérant dans la pratique malgré
les persécutions sont plus grands que ceux que l'on obtient en
faisant des offrandes au Bouddha
pendant un kalpa tout entier. Il est dit dans le Sutra : "Parmi ceux
qui entendent ce Sutra, pas un seul ne manquera d'atteindre la bodhéité."(réf.) Cela veut dire que, même si une flèche en visant le sol,
le manquait, même si le soleil et la lune tombaient sur la terre,
même s'il n'y avait plus ni flux ni reflux de la mer, même
si les fleurs ne donnaient plus de fruits en été, il serait
impossible qu'une femme qui récite Namu
Myoho Renge Kyo ne puisse pas retrouver son enfant aimé.
Poursuivez avec assiduité votre pratique de daimoku et hâtez-vous de le vérifier. Lorsque
le Bouddha demanda d'une voix forte aux quatre
sortes de croyants : "Qui parmi vous propagera largement Myoho
Renge Kyo en ce monde Saha ? "(réf.), chacun répondit
en son coeur : "Moi, moi ! " Le Bouddha formula à
ce moment-là par trois fois la même exhortation : après
sa disparition, si elles voulaient s'acquitter de leur dette de reconnaissance
envers tous les bouddhas, ce serait les femmes, nonnes aussi bien que
laïques, qui devraient persévérer dans la propagation
du Sutra du Lotus en ce monde Saha,
quelles que soient les difficultés. |
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