L'enseignement pour l'époque des
Derniers Jours du Dharma

(Enseignement pour l'époque de la Fin de la Loi)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 3, p. 299; SG* p. 911.
Gosho Zenshu p. 1545 - Ueno Dono Gohenji (Mappo Yoho Gosho) Teilhon no. 282, 2

Minobu, le 1er avril 1278, à Nanjo Tokimitu

 

J'ai bien reçu le to de riz, le sac de taro et les cinq brins de konnyaku que vous avez pris la peine de m'envoyer.

D'abord, à propos de la fille du nyudo Ishikawa no Hyoe  : elle m'a envoyé plusieurs lettres et dans celle que j'ai reçu d'elle dans la nuit du quatorzième ou quinzième jour du troisième mois, elle écrivait : "Quand j'observe le monde qui m'entoure, je me demande comment même les bien-portants pourraient survivre à une année pareille. Je suis malade depuis longtemps mais cela s'est aggravé. C'est ma dernière lettre." Ainsi donc elle est déjà morte !

La plupart des gens pensent que ceux qui récitent Namu Amida Butsu au dernier moment de leur vie pourront renaître dans la Terre pure de la béatitude parfaite parceque ce sont les paroles d'or du Bouddha. Mais - et c'est un grand motif d'étonnement - Shakyamuni à plusieurs reprises est revenu sur cette affirmation et a déclaré : "[Pendant plus de quarante ans] je n'ai pas encore révélé la vérité"(réf.) et "En rejetant honnêtement les enseignements provisoires je révélerai la Voie ultime."(réf.)

Moi, Nichiren, j'ai fait connaître ces enseignements du Bouddha, mais les Japonais se sont mis furieusement en colère en prétendant que mes propos étaient de pures inventions que rien ne pouvait justifier.

Pourtant ce n'est pas la seule fois où le Bouddha contredit de manière surprenante un enseignement antérieur. Dans les sutras du Hinayana, Shakyamuni enseigna qu'il n'existait pas d'autre bouddha que lui dans le monde des dix directions et que les êtres vivants ne possédaient pas l'état de bouddha. Tandis que, dans les sutras du Mahayana, il enseigna qu'il y avait des bouddhas dans tous les mondes des dix directions et que chaque être vivant possédait l'état de bouddha. Dans ces conditions, qui aurait pu encore conserver sa croyance dans les sutras du Hinayana  ? Chacun en vint à croire dans les sutras du Mahayana.

Et ce n'est pas tout. Il y a d'autres différences marquées entre l'enseignement du Bouddha Shakyamuni dans le Sutra du Lotus et celui des autres sutras. Dans le Sutra du Lotus, il récusa soudain tout ce qu'il avait enseigné précédemment, ce qu'il enseignait ou ce qu'il enseignerait à l'avenir en déclarant que seul le Sutra du Lotus était véridique. Naturellement, ses disciples eurent du mal à le croire. C'est alors que le bouddha Taho apparut pour témoigner de la véracité de ce que Shakyamuni avait enseigné, et tous les bouddhas venus des mondes des dix directions confirmèrent ce témoignage en tirant la langue jusqu'au Séjour de Brahma. Après quoi, le bouddha Taho referma la porte de la Tour aux Trésors et les bouddhas des dix directions retournèrent dans leur terre d'origine. Ainsi, aucun sutra, même enseigné par le Bouddha Shakyamuni lui-même, ne pourrait plus contredire le Sutra du Lotus, puisque tous les autres bouddhas ensemble avaient témoigné de sa véracité. Voilà pourquoi les sutras qui suivent, comme le Sutra Fugen et le Sutra du Nirvana font l'éloge du Sutra du Lotus et ne le critiquent jamais.

Pourtant, des moines comme Shubhakarasimha* de l'école Shingon et les maîtres du Zen ont trahi cette règle et dénigré le Sutra du Lotus. La nation japonaise tout entière s'est convertie à leurs enseignements, s'égarant dans des voies erronées de la même manière qu'elle s'était laissé tromper par Masakado et Sadato. Le pays se trouve maintenant au bord de la ruine parce qu'il est devenu, depuis des années, l'ennemi juré du Bouddha Shakyamuni, du bouddha Taho et des bouddhas des dix directions. De plus, il persécute celui qui réfute ces enseignements erronés. Parce que de telles offenses s'accumulent, notre pays encourra bientot la punition du Ciel.

Peut-être en raison de son karma dans des vies précédentes, ou pour une tout autre raison, la fille du nyudo Ishikawa no Hyoe a récité Namu Myoho Renge Kyo au dernier instant de sa vie. C'est aussi rare que pour la tortue borgne de trouver une planche flottante creusée d'un trou à la taille de son ventre, ou que pour un fil tombé du ciel de passer par le chas d'une aiguille plantée en terre. Comme c'est extraordinaire !

Les sutras montrent clairement que la pratique du Nembutsu conduit à l'enfer de souffrances incessantes, mais, parce que les gens n'en ont pas conscience, ils pensent que ce sont là des inventions de Nichiren. Comme le dit le proverbe, les hommes ne peuvent voir ni leurs cils, pourtant si proches, ni le ciel dans le lointain. Si mon enseignement n'était pas juste, la nonne, fille d'Ishikawa, n'aurait pas pu croire au Dharma correct au dernier instant de sa vie.
Parmi mes disciples, ceux qui prétendent le mieux connaître le bouddhisme sont ceux qui commettent des erreurs. Namu Myoho Renge Kyo est le coeur du Sutra du Lotus. Il est comme le coeur d'une personne. Révérer un autre enseignement comme son égal, c'est être comme une reine mariée à deux rois, ou qui poursuit secrètement une liaison avec un ministre ou un simple sujet. Cela ne peut conduire qu'au désastre.

Aux époques du Dharma correct et du Dharma formel, cet enseignement n'a pas été propagé parce que les autres sutras n'avaient pas encore perdu le pouvoir de procurer des bienfaits. Maintenant, à l'époque des Derniers jours du Dharma, ni le Sutra du Lotus ni les autres sutras ne peuvent plus conduire à l'Éveil. Il n'y a que Namu Myoho Renge Kyo. Ce n'est pas seulement mon opinion. Shakyamuni, le bouddha Taho, tous les bouddhas des dix directions ainsi que les innombrables bodhisattvas Surgis-de-Terre ont confirmé qu'il en était ainsi. Mélanger Namu Myoho Renge Kyo à d'autres pratiques est une grande erreur. Une fois le soleil levé, quel besoin avons-nous d'une lanterne  ? Lorsqu'il a plu, à quoi sert la rosée  ? Un bébé a-t-il besoin d'autre nourriture lorsqu'il a du lait  ? Un bon médicament agit seul, il n'est pas nécessaire d'en ajouter d'autres. Naturellement, en suivant ce principe, la fille d'Ishikawa a persévéré dans sa foi. Comme c'est admirable  ! Comme c'est admirable !

Avec mon profond respect,
Nichiren.

Le premier jour du quatrième mois de la première année de Koan (1278).

ARRIERE-PLAN - Ce gosho, daté du 1er avril 1278, fut adressé à Nanjo Tokimitsu, indiquant que ses dons avaient bien été reçus ainsi que la nouvelle de la mort de la fille du nyudo Ishikawa no Hyoe, une fidèle croyante du bouddhisme de Nichiren Daishonin. Le nyudo Ishikawa était l'intendant d'Omosu, dans la région de Fuji, province de Suruga. Son fils, par la suite, fit don à Nikko Shonin, deuxième grand patriarche de la Nichiren Shoshu, du terrain sur lequel fut construit le monastère d'Omosu. Sa femme était la soeur aînée de Nanjo Tokimitsu, et l'on pense que c'est par ce lien qu'il se convertit à l'enseignement de Nichiren Daishonin.
A partir du début de 1278, et pendant trois années consécutives, des mesures d'intimidation et des actes de violence furent perpétrés à l'encontre des disciples de Nichiren Daishonin, dans le village d'Atsuhara, de la région de Fuji. En septembre 1279, vingt fermiers, tous croyants, furent arrêtés, injustement accusés d'avoir volé la récolte de rizières appartenant au temple Ryusen-ji, un temple de l'école Tendai situé dans la région. En prison, pas un seul d'entre eux ne céda aux menaces. Bien au contraire, ils se déclarèrent prêts à donner leur vie pour protéger la Loi. Voyant qu'un certain nombre de ses disciples avaient désormais une foi solide, Nichiren Daishonin réalisa qu'il pouvait finalement accomplir le dessein pour lequel il était venu en ce monde. Le 12 octobre, il inscrivit le Dai-Gohonzon, le véritable objet de vénération, pour permettre à tous les êtres humains d'atteindre la bodhéité à l'époque des Derniers jours du Dharma.
Nanjo Tokimitsu, intendant d'Ueno, dans la province de Suruga, bien qu'âgé seulement de vingt ans à l'époque, était déjà l'un des disciples actifs et dévoués de Nichiren Daishonin. Pendant la persécution d'Atsuhara, il joua un rôle crucial en protégeant d'autres croyants, et en abritant certains d'entre eux dans sa propre demeure au risque de perdre sa position. En 1278, Nichiren Daishonin vivait, depuis quatre ans déjà, dans l'isolement de sa retraite au Mont Minobu. Dans d'autres lettres envoyées à Tokimitsu de là-bas, il décrit les conditions précaires dans lesquelles il vit et exprime sa reconnaissance pour les dons fréquents que Tokimitsu lui fait parvenir. (Commentaire ACEP)

En anglais : The Teaching for the Latter Day

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=902&m=1&q=The%20Teaching
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_TeachingLatterDay.htm

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