Au Japon, Honen adhéra à leur enseignement et non seulement exhorta chacun
à croire dans le Nembutsu,
mais s'efforça de faire disparaître toutes les autres écoles
bouddhiques de l'empire. Parce que les trois mille moines du Mont Hiei, ainsi que ceux des temples Kofuku-ji,
Todai-ji et d'autres temples de
Nara - en fait, tous ceux des Huit
Écoles bouddhiques - tentèrent de mettre un terme à
cela, les empereurs, l'un après l'autre, promulguèrent des
édits, et le shogunat décréta
des interdictions pour tenter d'arrêter la propagation de cet enseignement,
mais en vain. Au contraire, ce mouvement se répandit de plus en
plus, au point que l'empereur, l'empereur retiré, et le peuple
dans son ensemble finirent par s'y convertir.
[...] Je peux dissiper les erreurs du Shingon et de toutes les autres écoles sans la moindre difficulté.
La sagesse des moines éminents et des maîtres
du Shingon, à notre époque,
est inférieure à celle d'une vache ou d'un cheval, la lumière
qu'ils répandent est plus faible que celle d'une luciole. Attendre
d'eux quoi que ce soit est aussi inutile que de placer un arc et une flèche
dans les mains d'un cadavre, ou de poser des questions à un dormeur.
[...] Avant l'apparition du Bouddha Shakyamuni, il n'y avait pas d'Ordre
de moines ou de nonnes ; il n'y avait d'autres catégories que
celles des hommes et des femmes. De nos jours, il y a des moines
et des nonnes qui, parce qu'ils pratiquent le
Shingon, font du bouddha Vairocana* leur objet fondamental de vénération et relèguent
à une position inférieure le Bouddha Shakyamuni. D'autres,
parce qu'ils croient aux vertus du Nembutsu,
adressent leurs prières exclusivement au bouddha Amida,
en négligeant totalement le Bouddha Shakyamuni. Ils ne sont pourtant
tous moines et nonnes que grâce
au Bouddha Shakyamuni, mais ils agissent ainsi en raison des erreurs commises
par les fondateurs de leurs diverses écoles.
[...]...j'ai étudié dans ses grandes lignes l'enseignement
caché du Shingon et je me
suis interrogé sur ce destin de Shubhakarasimha*.
Mais personne ne m'a jamais donné de réponse satisfaisante
à la question que je posais plus haut. Si lui-même ne parvint
pas à échapper aux mauvaises voies, comment, à notre
époque, un seul des moines du Shingon ou des laïcs qui n'ont pas fait plus d'un mudra ou récité plus d'un mantra
dharani*,
pourrait-il espérer ne pas y tomber ?
Ainsi, le Sutra du Nirvana, enseigné par Shakyamuni aux
derniers instants de sa vie dans le bosquet de shala,
prédit l'apparition de personnes effrayantes qui commettront des
fautes plus graves que les dix mauvaises actions ou les cinq
forfaits, ceux que l'on appelle des icchantika
qui s'opposent au Dharma. Nous y lisons aussi que ces personnes ne se
trouveront nulle part ailleurs que parmi les sages qui observent les Deux
cent cinquante préceptes, ceux qui revêtent la triple
robe du moine bouddhiste et portent le bol
à aumônes.
Le savant maître
Chan-wou-wei (Kamakura,
1270 à Joken-bo et Gijo-bo)
Par le passé,
le bodhisattva Fukyo et le moine
Kakutoku ont lu ces passages et
les ont vécus. Mais, en dehors des périodes du Dharma correct
et du Dharma formel, à l'époque des Derniers
jours du Dharma, dans tout le Japon, seul Nichiren semble avoir fait
de même. En considérant ma situation actuelle, j'imagine
aisément la souffrance des proches, des familles, et des disciples
moines et laïques, de tous les saints persécutés
dans les temps anciens, à l'époque des rois mauvais.
L'Allègement
de la Rétribution Karmique (Teramadori,
octobre 1271, à
Ota Saemon, Soya Nyudo et Kimbara Hokkyo)
Veillez bien
également à ce que les principaux passages des traités
et des commentaires ne soient ni dispersés ni perdus. Dites aux
jeunes moines de ne pas négliger l'étude.
Ne vous affligez pas trop de mon exil.
[...] Je renvoie certains des jeunes moines [qui m'ont
accompagné ici à Sado].
Vous pourrez leur demander à quoi ressemble cette province, et
les interroger sur les conditions dans lesquelles je vis. C'est impossible
à décrire dans une lettre.
L'aspiration à
la Terre de Bouddha (Sado, le
23 novembre 1271, à Toki Jonin)
Il est dit
dans le Sutra Daijuku
: "Des querelles et des disputes s'élèveront parmi
les adeptes de mon enseignement." Et dans le cinquième volume
du Sutra du Lotus : "Les moines de ces
époques mauvaises." On lit : " Il y aura des
moines retirés dans la forêt." Et encore : "Des démons prendront possession des autres." (note)
Le sens de ces passages est le suivant. Dans la cinquième période
de cinq cents ans, des moines éminents, possédés
par les démons, seront partout dans le pays. A cette époque,
un sage apparaîtra. Les moines éminents
possédés par les démons (note)
persuaderont les rois, leurs ministres et le peuple tout entier d'insulter
et de calomnier cet homme, de l'attaquer à coups de canne et de
bâton, de tuiles et de pierres, et de le condamner à l'exil
ou à la mort. [...] Si les souverains de divers pays ne tiennent
pas compte de ces avertissements, les bouddhas et les grands bodhisattvas
demanderont aux pays voisins de punir les mauvais rois et les mauvais
moines de ces pays, si bien que des conflits d'une ampleur
sans précédent éclateront dans le monde entier.
[...] A ce moment là, tous les habitants des quatre
continents sous le soleil et la lune, redoutant la destruction du
pays, ou craignant pour leur propre vie, adresseront des prières
aux bouddhas et aux bodhisattvas. Mais parce que cela restera sans effet,
ils commenceront à faire confiance à ce simple moine
qu'ils avaient d'abord méprisé. Alors, les innombrables
moines éminents, les grands rois des 80000 pays et la
multitude de leurs sujets, inclinant le front vers la terre et joignant
les mains, réciteront ensemble Namu
Myoho Renge Kyo.
[...] Par conséquent si nous voulons comparer leurs mérites,
nous pouvons dire que le Grand-maître Saicho,
par l'ampleur de la tâche qu'il accomplit, surpassa Nagarjuna
et Vasubandhu, et fut plus sage
encore que Zhiyi et Zhanlan.
S'il en est ainsi, comment, à notre époque au Japon, les
moines des temples To-ji,
Onjo-ji ou des sept
grands temples et les adeptes des Huit
Écoles et du Shingon,
Zen ou Ritsu,
peuvent-ils transgresser les préceptes parfaits du Grand-maître
Saicho ? Les moines
des neuf régions de Chine devinrent les disciples de Zhiyi,
et adoptèrent les principes
de méditation parfaite et de sagesse parfaite qu'il enseignait.
[...] Pour cette raison peut-être, après la disparition du
Grand-maître Saicho, les moines
du To-ji, des sept
temples de Nara, du Onjo-ji
aussi bien que des autres temples du Japon tout entier proclamèrent
l'école Shingon supérieure
à l'école Tendai,
et tous, des personnes du plus haut rang jusqu'à celles dont la
condition était la plus modeste, en furent persuadés.
[...] Une personne qui propage le Sutra du Lotus est le père
et la mère de tous les habitants du Japon. Car, comme l'a dit le
Grand-maître Guanding*
: "Permettre à quelqu'un qui offense le Dharma de se libérer
du mal, c'est remplir à son égard la fonction de parent."
Par conséquent, moi, Nichiren, je suis le père et la mère
de l'actuel empereur, le maître et le seigneur des adeptes du Nembutsu,
du Zen et des moines
du Shingon.
[...] Les moines savants de notre temps pensent généralement
que les enseignements du Bouddha sont exposés invariablement en
fonction des capacités de ceux qui l'écoutent, mais, en
fait, ce n'est pas véritablement ce qu'enseigne le Bouddha.
[...] Ce fut comme lorsque les poutres et les piliers d'une grande demeure
s'effondrent, comme si le drapeau fièrement brandi par cette dizaine
de moines éminents traînait maintenant dans
la poussière.
[...] Ce fut comme lorsque les poutres et les piliers d'une grande demeure
s'effondrent, comme si le drapeau fièrement brandi par cette dizaine
de moines éminents traînait maintenant dans
la poussière.
[...] L'école Nembutsu,
pour commencer, a envahi le Japon tout entier et l'invocation du bouddha
Amida se retrouve comme une chanson
sur les lèvres des quatre
congrégations. Deuxièmement, l'école Zen
a produit des moines arrogants qui parlent de leur "triple
robe et un bol à aumônes",
et couvrent la terre, entre les quatre mers, en se prétendant les
guides éclairés du monde entier. Troisièmement, l'école
Shingon forme une catégorie
à part. Elle bénéficie du soutien des temples du Mont Hiei, des sept
temples de Nara, du To-ji, du
Honjo-ji et de leurs patriarches,
y compris le supérieur du Mont Hiei, Omuro, le supérieur
du Honjo-ji et les administrateurs
des divers temples et sanctuaires.
(note)
[...] Il dit que, si les enseignements des écoles Hokke et Shingon sont totalement
rejetés au profit de la récitation exclusive du Nembutsu,
dix personnes sur dix, cent personnes sur cent pourront renaître
dans la Terre pure." Ces déclarations
de Honen suscitèrent d'abord
des polémiques avec les moines du Mont Hiei, du To-ji, du Onjo-ji
et des sept temples principaux de
Nara. Mais la préface du Ojo Yosho parut si convaincante
que Kenshin, patriarche du temple
du Mont Hiei, fut finalement conquis
par la doctrine du Nembutsu et
devint un disciple de Honen.
[...] Finalement, il semblerait que Honen,
par esprit de vengeance pour avoir été condamné à
l'exil, se soit changé en un mauvais esprit qui s'empara des gouvernants,
posséda les moines du Mont Hiei et du Honjo-ji qui l'avaient auparavant persécuté, lui et ses disciples ; il poussa certains moines à fomenter une rébellion,
d'autres à commettre diverses mauvaises actions. Cela eut pour
résultat qu'ils furent presque tous éliminés par
Minamoto no Yoritomo. Les quelques
rares moines du Mont Hiei ou du To-ji qui ont survécu
sont considérés avec mépris par les croyants et les
croyantes laïques. Ils sont traités comme des singes dont
se moque la foule ou comme des barbares du nord prisonniers, devenus,
même pour les enfants, objet de risée.
Les moines de l'école Zen,
profitant de la situation, se prétendirent "gardiens des préceptes"(note)
et, trompant les gens, se donnèrent des airs si respectables que,
même quand leur folie les poussait à formuler des principes
absurdes, on ne comprit pas qu'ils exposaient des enseignements erronés.
[...] Cet enseignement Zen est erroné.
Il séduit au Japon ceux que leurs pères et mères
ont reniés parce qu'ils ont manqué à leurs obligations
filiales, ceux qui ont été renvoyés par leur seigneur
ou leur maître en raison de leur mauvaise conduite, les jeunes moines
trop paresseux pour se concentrer sur leurs études ou ceux dont
la nature est nonchalante comme celle d'une courtisane.
[...] Au début, il y eut quelques polémiques sur les mérites
relatifs des écoles Tiantai
et Shingon. Mais Shubhakarasimha* était une personne qui inspirait un grand respect et les
moines de l'école Tiantai
avaient moins de poids que lui. De plus, à cette époque,
il n'y avait pas de moine aussi sage que l'avait été
le Grand-maître Zhiyi.
[...] Toutefois il [Saicho] laissa
bel et bien un ouvrage secret en un volume intitulé Ebyo Shu
(note)
dans lequel il décrit de quelle manière divers moines des
Sept Écoles furent convaincus par l'enseignement du Tendai.
Dans la préface de ce texte, il mentionne le caractère frauduleux
des enseignements du Shingon.
[...] Si la vision des disciples de Kukai*,
comme celle des moines Shingon
du temple To-ji est à ce point
mauvaise qu'ils sont incapables, de leurs propres yeux, de distinguer
le blanc du noir, ils devraient faire confiance aux yeux des autres et
reconnaître les malheurs qu'entraînent leurs propres erreurs
!
[...] Mais parce qu'Ennin*
mit un bâillon sur la bouche des trois mille moines
[du Mont Hiei, leur interdisant ainsi
de parler], tout se passa comme les maîtres du Shingon
le souhaitaient.
[...] Les moines éminents qui les ont acceptés
sont aussi nombreux que les tiges de riz et de chanvre et les croyants
laïques qui y adhèrent avec ferveur sont aussi nombreux que
les tiges de bambous et de roseaux.
[...] Par conséquent, de tous les temples et sanctuaires construits
par l'empereur Kammu et par le Grand-maître
Saicho au Japon, il n'en est plus
un seul qui ne propage la doctrine Shingon.
Dans le Sutra Rengemen,
on lit : "Le Bouddha dit à Ananda : " C'est comparable au lion lorsqu'il est mort. Aucun animal vivant
dans l'air, sous terre, dans l'eau, ou sur la terre n'osera manger le
cadavre d'un lion. Seuls les parasites nés dans les entrailles
mêmes du lion se nourriront de sa chair. Ananda,
il en va de même pour le Dharma du Bouddha. Elle ne peut pas être
détruite de l'extérieur. Mais les mauvais moines
qui se trouvent dans le corps de mon Dharma - ce sont eux qui détruiront
ce Dharma que le Bouddha n'a pu établir qu'au terme de trois grands
asogi kalpa."
[...] Si les prédictions du Bouddha doivent se vérifier,
il semblerait alors que ce seront les moines des dix
ou des huit écoles bouddhiques
qui réduiront en cendres le Mont Sumeru
du bouddhisme. Dans le coeur des moines des écoles du Hinayana,
Kusha, Jojitsu
et Ritsu s'allumera la flamme de
la jalousie à l'encontre des moines du Mahayana.
Et des moines tels que Shubhakarasimha*,
de l'école Shingon, San-jie,
de l'école Zen et Shandao
de l'école Jodo
sont des moines parasites nés dans ce corps de
lion qu'est l'enseignement du Bouddha.
[...] Ces divinités prirent un engagement solennel devant le Bouddha : si, après la disparition du Bouddha, dans les périodes du
Dharma correct, du Dharma formel et des Derniers jours du Dharma, des
moines aux croyances erronées calomnient
auprès du souverain celui qui pratique le Dharma correct, et si
les proches du roi, par respect pour ces moines, acceptent
leurs dires sans vérifier le bien-fondé de leurs accusations,
s'ils accablent cet homme sage de médisances et de mauvais traitements,
ces divinités susciteront de graves rébellions à
l'intérieur du pays, suivies peu après par l'attaque d'un
pays étranger, de sorte que le souverain mourra et que le pays
tombera en ruine.
[...] Au sujet de la troisième catégorie de Grand
Ennemis, il est dit dans le Sutra du Lotus : "...ou
l'on verra des moines habiter la forêt, vêtus de haillons
et vivre retirés et ils seront respectés et révérés
de par le monde comme s'ils étaient des arhats
dotés de six pouvoirs mystiques.".
Et il est dit dans le Sutra
Hatsunaion : " Il y a aussi des icchantika
ayant l'apparence d'arhat mais qui
commettent de mauvaises actions." Tous ces passages des sutras parlent
des Grands Ennemis du Dharma correct.
Et ce n'est pas parmi les mauvais rois, les mauvais ministres, les non
bouddhistes, les démons du ciel ou parmi les moines
qui transgressent les préceptes qu'on les trouve principalement.
Ceux qui commettent les plus graves oppositions au Dharma se trouvent
plutôt parmi les moines éminents, qui paraissent
observer les préceptes et passent pour des hommes de grande sagesse.
[...] Les trois mille
moines du Mont Hiei furent
également attaqués par le shogunat
de Kamakura et contraints de se
soumettre.
[...] Aujourd'hui, le shogunat de Kamakura est au sommet de sa prospérité. Les moines
Shingon du To-ji,
ceux du Mont Hiei, du Honjo-ji
et des sept temples principaux de
Nara, ainsi que les moines de l'école Hokke qui ont oublié les principes de leur propre école et s'opposent
au Dharma, tous s'en vont vers l'est, dans la région de Kanto
(note), où ils inclinent la tête,
plient les genoux et s'efforcent de diverses manières de gagner
les faveurs des samouraïs.
[...] Le shogun et sa famille, ainsi
que les samouraïs qui sont à leur service, croient-ils que,
grâce à de telles prières, le pays restera en paix ? En fait, tant qu'ils utiliseront les services de moines qui provoquent de graves désastres en ignorant l'enseignement du Sutra du Lotus, le pays courra immanquablement à sa perte
[...] Pourtant il [le Dharma] peut être radicalement détruit
par de mauvais moines, n'ayant de moine que le nom et
l'apparence, au point qu'il n'en restera plus rien.
Le choix en fonction
du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé
à Yui)
Le peuple
du Japon, de nos jours, devrait redouter plus que tout ces moines
éminents qui observent les préceptes tout en professant
des opinions erronées ; ils sont cent fois, mille fois, dix mille
fois, cent mille fois plus à craindre que des éléphants
sauvages, des chevaux vicieux, des taureaux furieux, des chiens enragés,
des serpents venimeux, des chardons empoisonnés, des rivages périlleux
des falaises abruptes, des crues débordantes, des hommes nuisibles,
des pays dangereux, des villes meurtrières, des maisons funestes,
des femmes méchantes, des enfants malveillants, et des serviteurs
hostiles ! La
question à approfondir jour et nuit
(Minobu,
28 août (1275 ? ) à Toki Jonin).
J'ai écrit
une pétition en votre nom [que vous devriez remettre à votre
seigneur] (voir la lettre). Il y
a plusieurs moines [qui sont mes disciples à Kamakura]
mais, comme il est difficile de compter sur eux, je pensais envoyer Sammi-bo.
Cependant, parce que sa santé n'est pas tout à fait rétablie,
j'envoie cet autre moine à sa place.
Mise en
garde contre l'attachement à son domaine (Minobu,
juillet 1277, à Shijo Kingo)
Mais le Grand-maître Kukai*
n'accorde au Sutra du Lotus que la troisième place, tandis
que le Grand-maître Ennin* le classe au deuxième rang, et le Grand-maître Enchin*
suit sur ce point Ennin*.
C'est pourquoi, à présent, quand les moines
du Mont Hiei, ceux des temples To-ji
et Onjo-ji, ont sous les yeux le
Sutra du Lotus, ils lisent bien le passage affirmant qu'il est
de tous les sutras le plus élevé, mais, même en lisant
cela, ils pensent, en réalité, que le Sutra du Lotus n'occupe que le deuxième ou troisième rang. Les
nobles et les samouraïs ne savent pas précisément tout
cela. Mais puisque les moines éminents qui les guident dans la
foi partagent tous cette opinion, les disciples laïques et leurs
maîtres commettent la même erreur.
[...] À une époque
plus récente, au Japon, il y eut des hommes tels que Kukai*,
Ennin*
et Enchin* qui observaient les préceptes avec la même rigueur que les
moines susnommés et dont la sagesse n'était en rien inférieure
à la leur. Mais parce qu'ils affirmaient : "l'enseignement Shingon du Sutra
Vairocana*
vient en premier et le Sutra du Lotus n'occupe que le deuxième
ou troisième rang ", s'il y a dans ce que j'affirme la moindre
parcelle de vérité, ils doivent se trouver eux aussi maintenant
dans la grande citadelle de l'enfer avici.
[...] Par exemple, les personnes
nées dans les familles des moines Shoi
ou Kugan, et devenues leurs disciples
ou bienfaiteurs, sont toutes à leur insu tombées dans l'enfer avici.
[...] Maintenant, moi, Nichiren,
j'ai révélé que les trois grands maîtres Kukai*,
Ennin*
et Enchin* affirment effrontément
dans leurs écrits que le Sutra du Lotus émane du
monde de l'obscurité, qu'il est une doctrine erronée et
fallacieuse. Si ce que dit le Sutra du Lotus est véridique,
qu'adviendra-t-il alors, à votre avis, de tous les moines du Mont Hiei, de To-ji, de Onjo-ji,
des sept temples majeurs de Nara et
des autres 11 037 temples à travers tout le Japon ?
[...] Le souverain Takahira
(Go-Toba)
fit appeler Jien, administrateur des
moines et Grand-patriarche de l'école Tendai,
ainsi que d'autres moines éminents des temples To-ji,
Omuro [en fait le temple Ninna-ji]
et d'autres - quarante et une personnes au total. Il fit dresser pour
eux, à la cour du palais impérial, un grand autel afin qu'ils
prient pour la victoire sur Yoshitoki [l'administrateur provisoire du secteur ouest de la capitale]. Mais, au
septième jour de leurs prières, qui se trouvait être
le 14e jour du 6e mois, la capitale fut envahie par les forces de Yoshitoki,
la famille impériale exilée dans la province d'Oki ou sur
l'île de Sado, et le grand patriarche
et les moines du temple Omuro ainsi que de divers autres temples furent sévèrement punis,
certains allant jusqu'à mourir de désespoir.
Lettre à Akimoto
(Minobu, le 27 janvier 1280,
à Akimoto)
Les moines des écoles Kegon,
Shingon et Nembutsu,
comme ceux des écoles Ritsu
et Zen, se vantent de respecter rigoureusement
les préceptes, d'avoir
une conduite honnête et de posséder une grande sagesse. Mais,
en réalité, ils sont dans la situation de personnes nées
dans des familles fomentant la rébellion d'inférieurs contre
leur supérieur. En ce sens, ils sont les grands
ennemis du Sutra du Lotus.
Chevaux blancs et
cygnes blancs (Minobu
le 14 août.1280, à la dame d'Utsubusa)
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