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Extraits de gosho sur |
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la
relation de maître/disciple |
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Lorsqu'un
pratiquant du Sutra du Lotus réfute l'enseignement des
sutras provisoires, il est comparable à un souverain menaçant
ses sujets d'une punition, à un parent réprimandant ses
enfants et à un maître admonestant ses disciples.
Mais, lorsqu'un pratiquant des sutras provisoires prétend réfuter
le Sutra du Lotus, il est comparable à un sujet dictant
sa conduite à son souverain, à un enfant faisant la leçon
à son parent ou à un disciple réprimandant
son maître. Ce passage signifie que pour nous, simples mortels, le
Bouddha Shakyamuni est parent, maître
et souverain. Pour nous, simples
mortels, Amida, Yakushi* et d'autres bouddhas peuvent avoir la qualité de souverain mais
pas celle de parent ou de maître. Shakyamuni est
le seul et unique bouddha doté de ces trois
vertus. Il existe quantité de parents, mais aucun n'est son
égal. Il y a toutes sortes de maîtres et
de souverains, mais aucun n'est plus respectable. Comment ceux qui s'opposent
à l'enseignement de leur parent, maître
et souverain pourraient-ils ne pas être abandonnés par les
divinités du Ciel et de la
Terre ? Certains disent
qu'il faut suivre l'enseignement des sutras, tandis que d'autres disent
que la vérité se trouve en dehors des sutras. En se demandant
ce qui est juste ou faux dans ces enseignements, celui qui n'a pas encore
sondé la profondeur du bouddhisme et demeure en contemplation devant
l'eau du Dharma, peut douter de sa réelle profondeur. Celui
qui s'adresse à un maître le fait avec autant d'inquiétude
qu'une personne marchant sur de la glace fine. Voilà pourquoi le
Bouddha nous a laissé ces paroles d'or : "Appuyez-vous
sur le Dharma et non sur la personne"(réf.),
et pourquoi il est dit que ceux qui rencontrent le vrai Dharma sont moins
nombreux que les grains de sable qui peuvent tenir sur un ongle. S'il
est quelqu'un qui sache distinguer les enseignements bouddhiques véridiques
des faux, je dois aller le trouver, le prendre pour maître
et lui manifester tout le respect qui lui revient.
Comme sont
donc stupéfiantes, dans le chapitre Daibadatta* (XII)
du Sutra du Lotus, la révélation, par le vénéré
Shakya, fondateur de la doctrine,
que Devadatta
était son maître dans une existence passée
et la prédiction qu'il atteindrait l'Éveil à l'avenir sous
le nom du bouddha Roi-céleste ! Les confucianistes
enseignèrent tout d'abord les principes de bienséance et
de musique
(note) de sorte que, quand les écrits
bouddhiques furent introduits en Chine, les concepts de préceptes,
méditation et sagesse-prajna
(note) furent plus aisément compris.
Ils décrivirent des modèles idéaux de souverain et de ministre afin d'établir clairement la distinction
entre supérieur et subordonné ; ils enseignèrent un
idéal de gratitude envers les parents pour faire comprendre l'importance
de la piété filiale ; ils définirent un modèle
de maître pour faire comprendre l'intérêt
de suivre [un maître]. Ce sont sans
doute nos liens karmiques dans un lointain passé qui ont fait de vous mon disciple à une époque comme celle-ci. Les bouddhas Shakyamuni et Taho connaissent certainement cette
vérité. La phrase du Sutra "Vie après
vie, ils renaissent toujours avec leur maître dans
toutes les Terres de bouddha de l'univers (réf.)",
ne peut en aucun cas être mensongère. On lit dans
le Sutra du Lotus : "Vie après vie, sur diverses Terres de Bouddha, ils renaîtront
toujours avec le même maître."(réf.)
Et encore : "Si l'on reste proche des Maîtres
du Dharma, on entrera rapidement sur la voie du bodhisattva.
En suivant ces maîtres et en s'entraînant
auprès d'eux, on verra des bouddhas aussi nombreux que les grains
de sable du Gange."(réf.) Il est dit aussi à ce sujet dans un commentaire : "Auprès
d'un bouddha, s'éveille pour la première fois notre désir
d'entrer sur la Voie. En suivant de nouveau ce même bouddha, on
parviendra à l'étape de
non-régression."(réf.) Dans un autre commentaire on lit encore : "En suivant un bouddha
ou un bodhisattva, on crée d'abord un lien avec lui, et c'est avec
ce même bouddha ou bodhisattva que l'on parviendra au but ultime."(réf.) A la lumière de ces passages du Sutra et de commentaires,
je me demande si, depuis un nombre incalculable de
kalpa passés, nous ne sommes pas liés par l'engagement
de maître et disciple. On m'a rapporté que vous étiez un disciple des moines du Mont Hiei. On dit que les fautes commises par les pères rejaillissent sur les fils, et que celles des maîtres pèsent sur les disciples. Les moines du Mont Hiei ont incendié les salles du temple Onjo-ji et les pagodes du Temple de la montagne, brûlant du même coup des milliers et des dizaines de milliers d'images et de sutras bouddhiques. Ils ont accompli là de terribles actions ! Sur la prière (Sado, 1272 à Sairen-bo) Malgré
les nombreuses persécutions que cela me vaut de la part des autorités,
je les expose maintenant, au début du cinquième demi-millénaire,
le temps étant mûr pour leur propagation. J'espère
que tous ceux qui liront ce texte resteront fermes dans leur foi afin
que maître et disciples puissent faire ensemble
l'ascension du Pic du Vautour et
aillent rendre hommage à Shakyamuni, Taho et à tous les autres bouddhas de l'univers. Notre
époque est celle des conflits, celle où le Dharma pur a
disparu, où le maître n'est qu'un simple mortel
et ses disciples des incroyants en proie aux trois
poisons. C'est pourquoi les hommes rejettent le bon maître et lui préfèrent les mauvais moines. Il y a des
époques où l'on devient bouddha en s'arrachant la peau pour
en faire don à son maître. D'autres où
l'on fait de son corps un tapis pour l'offrir à son maître,
ou bien une bûche pour alimenter les flammes. D'autres encore, où
les pratiquants de ce Sutra reçoivent des coups de canne et de
bâton, pratiquent l'ascèse ou observent divers préceptes.
Mais il peut y avoir des moments où, malgré ces pratiques,
il reste impossible de devenir bouddha. Tout cela est fonction du temps
et n'est pas fixé de manière immuable. Dans la seconde
partie de l'époque le Dharma correct, de six cents ans jusqu'à
mille ans après la disparition de Shakyamuni, apparurent des personnes
telles qu'Ashvaghosha, Kapimala,
Nagarjuna, Aryadeva,
Rahulata, Samghanandi, Samghayashas, Kumarata, Jayata, Vasubandhu,
Manorhita, Haklena et Aryasimha.
[...] Mais ils n'ont pas dit un seul mot concernant la cohérence
du processus d'instruction du début jusqu'à la fin, la relation
originelle entre maître et disciple, ou la possibilité
de parvenir à l'Éveil (voir les trois
normes). Le bodhisattva
Jotai, dans sa recherche
d'un bon maître, vendit son propre corps pour faire une
offrande, ce qui lui permit de
rencontrer le bodhisattva Dommukatsu.
Le Recueil
des régions occidentales nous parle d'un ermite
qui vivait dans le Parc des Cerfs
à Varanasi (actuelle Bénarès),
en Inde, dans l'espoir de maîtriser les pouvoirs occultes. Il apprit
à changer les cailloux en joyaux et à modifier la forme
des humains et des animaux, mais il n'avait pas encore acquis le pouvoir
de chevaucher les nuages ou d'atteindre le Palais des immortels. Afin
de réaliser ces buts, il prit pour disciple un
homme d'une grande intégrité. Après lui avoir donné
une longue épée, il lui ordonna de rester debout dans un
coin du lieu de prière, et de retenir son souffle sans prononcer
un seul mot. Si le disciple parvenait à rester muet toute
la nuit jusqu'à l'aube, l'ermite était sûr de pouvoir
maîtriser les forces occultes. Résolu, l'ermite
s'assit au centre du lieu de prière en tenant à la main
une autre longue épée, et psalmodia les incantations. Faisant
prêter serment à son disciple, il lui dit : "Promets de ne pas dire un mot, même si cela doit te coûter
la vie ! " Et ce dernier répondit : "Dussè-je en
mourir, je ne prononcerai pas un seul mot." Ils passèrent
ainsi la nuit mais, alors que l'aube allait poindre, le disciple poussa soudain un cri, et la tentative de l'ermite échoua immédiatement.
Il cria alors violemment à son disciple : "Comment
as-tu pu trahir ton serment ? C'est ignoble ! " Se repentant profondément,
le disciple répondit : "Je me suis endormi
un moment, et mon précédent maître m'est apparu en rêve pour me réprimander. J'ai subi cette
épreuve sans dire un mot, car je vous doit beaucoup plus qu'à
lui. Mon ancien maître, fou de colère, menaça
de me couper la tête, mais je ne dis toujours rien. Finalement,
je fus décapité, et voyant mon propre corps en route vers
la mort, je ressentis une tristesse indescriptible. Je ne parlai toujours
pas. Par la suite, je renaquis dans une famille de brahmanes en Inde du Sud. En entrant dans le ventre maternel et en le quittant,
j'éprouvai une douleur insupportable ; pourtant, je retins mon souffle
et ne versai pas une larme. Je devins jeune homme et me mariai. Mes parents
moururent ; j'eus un enfant et connus bien des joies et des peines mais
je ne dis toujours pas un mot. Et j'atteignis ainsi ma soixante-cinquième
année. Ma femme me dit alors : "Si tu refuses encore de parler,
je tuerai ton enfant bien-aimé." En un éclair, j'ai
pensé que j'étais déjà dans les dernières
années de ma vie, et que si mon enfant mourrait je ne pourrais
pas en avoir d'autre. J'ai eu envie de crier... et je me suis réveillé
brusquement." On peut connaître
la souffrance des séparations : souffrir d'être séparé
de son maître, de ses parents, de son mari, de sa femme,
et il est impossible de dire que l'une de ces formes de séparation
est moins douloureuse que les autres. On peut trouver un nouveau
maître, ou se consoler d'une rupture en se remariant. On appelle
juste celui qui suit la doctrine d'un bon maître. Et on appelle
sage celui qui parvient à la vérité par lui-même, sans l'aide d'un maître. En Inde, en Chine et au
Japon, depuis la disparition du Bouddha, il y eut deux sages : Zhiyi
et Saicho. Ces deux hommes méritent
pleinement le titre de sages. On peut également les appeler des
justes, car le Grand-maître Zhiyi pratiqua les principes enseignés par Huisi ; en ce sens, il fut un juste. Mais il appréhenda aussi, par lui-même,
sur le lieu de méditation, le Véhicule
suprême qui mène à la bodhéité ; en ce sens, il fut un sage. [...] Il se trouve que l'on peut lire, dans
un des classiques du confucianisme : "Ceux qui ont des choses une compréhension innée sont
les plus éminents." Eminent ici, veut dire sage. "Ceux
qui étudient, et qui, par l'étude, parviennent à
la même compréhension, les suivent. Ceux qui... désigne
les justes. Et dans l'un des sutras bouddhiques, on lit : "Dans
ma pratique religieuse, je ne suis aidé par aucun maître."(réf.) Si l'on veut
acquérir la sagesse et maîtriser les enseignements bouddhiques,
il faut y consacrer du temps. Et si l'on veut consacrer du temps à
cette entreprise, il n'est plus possible de céder à tous
les désirs de ses parents, de ses maîtres et de son souverain. Tant que n'est pas atteinte la route qui mène
à l'Éveil, il ne faut pas
se laisser guider par la volonté et l'opinion de ses parents
et de ses maîtres. Celui qui
oublierait le maître originel qui, le premier, lui a apporté
l'eau de la sagesse puisée dans le grand océan du Sutra
du Lotus, et en suivrait un autre à la place, sombrerait à
coup sur dans le cycle sans fin des
souffrances de la vie et la mort. Un
disciple doit abandonner même son maître, si celui-ci s'égare.
Pourtant, cela n'est pas nécessaire. Il doit prendre sa décision
en tenant compte à la fois des lois de la société
et du bouddhisme. Ignorants du Dharma bouddhique, la plupart des moines
dans les Derniers jours du Dharma deviennent si prétentieux qu'ils méprisent le maître
originel et flattent de nouveaux protecteurs. Seuls les moines
honnêtes qui ont peu de désirs et sont heureux avec le peu
qu'ils ont peuvent être appelés "moines" dans le
vrai sens du mot. [...] Dans le Sutra
du Nirvana, Shakyamuni affirma : "Si un moine, même
vertueux, voit quelqu'un s'opposer
au Dharma et ne s'en soucie pas, négligeant de lui faire des
reproches, de le chasser ou de le punir pour son offense, alors ce moine
trahit le bouddhisme. Mais s'il réprimande durement celui qui s'oppose
au Dharma, le chasse ou le punit, alors il est mon disciple et quelqu'un qui comprend véritablement mes enseignements."
N'oubliez jamais cette exhortation à ne pas laisser les autres
s'opposer au bouddhisme. Le maître et le disciple
tomberont sans aucun doute dans l'enfer avici
s'ils voient des ennemis du Sutra du Lotus et négligent
de leur en faire reproche. Par exemple,
si l'on veut faire du feu, trois éléments sont nécessaires
: un bon silex, une bonne pierre à feu et un bon amadou. Il en
va de même pour la prière. Il faut rassembler trois éléments : un bon maître, un bon croyant laïque et un bon Dharma.
Quand tous trois sont réunis, les prières peuvent être
exaucées et les désastres écartés du pays. "Le
Bouddha, dans le Sutra du Nirvana qui est l'expression de ses dernières volontés, nous a conseillé
de "suivre le Dharma et non la personne". (réf.) Le Bouddha nous a enseigné qu'il fallait nous fonder sur les sutras
si les maîtres bouddhistes étaient dans l'erreur. Vous affirmez
qu'il est impossible que ces maîtres soient dans l'erreur, mais
entre les paroles d'or du Bouddha et vos opinions personnelles, mon devoir
est de suivre les premières." Si
maître et disciple prient avec des esprits différents,
leurs prières seront aussi futiles que d'essayer d'allumer un feu
sur de l'eau. Même s'ils prient d'un même coeur, leurs prières
ne seront pas exaucées s'ils ont pendant longtemps calomnié le véritable bouddhisme en adhérant à des
enseignements inférieurs. Finalement, tous deux iront à
leur perte. Même
lorsque l'on étudie le bouddhisme, il reste difficile de le pratiquer
correctement, soit en raison de sa propre ignorance, soit parce que, même
si l'on est sage soi-même, on ne sait pas que les conceptions
du maître que l'on suit sont erronées. De plus,
même lorsque l'on rencontre le bon maître
et le Sutra de l'enseignement définitif (jikkyo), étant ainsi conduit au Dharma
correct, au moment où l'on décide d'atteindre la bodhéité
et de se libérer des souffrances de la naissance
et de la mort, les trois obstacles
et les quatre démons apparaissent, aussi inévitablement
que l'ombre suit le corps ou que les nuages accompagnent la pluie. On dit que
si un maître a un bon disciple, tous deux atteindront
la bodhéité, mais que si un maître forme
un mauvais disciple, tous deux tomberont en enfer. Si
le maître et le disciple n'ont pas le même
esprit, ils ne pourront rien accomplir. Le Grand-maître Saicho, fondateur du temple Enrakyu-ji
du Mont Hiei, le premier à
répandre les véritables enseignements du Sutra du Lotus au Japon, commente ce point en ces termes : "Ni maîtres
ni disciples n'ont besoin de persévérer dans la
pratique des austérités [vie après vie] pendant d'innombrables kalpas pour atteindre la bodhéité.
Le Sutra du Dharma Merveilleux a le pouvoir de faire atteindre
la bodhéité sans changer d'apparence."(réf.) Tous les
bouddhas des trois phases de l'existence
atteignent l'Éveil entre l'heure
du Boeuf et l'heure du Tigre. Dans
les Trois Pays, le lieu de la pratique bouddhique est situé au
nord-est, en direction de la porte des démons. Ce sont des enseignements
[secrets] qui sont transmis respectueusement de maître à
disciple. |
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voir également : maître
et maître de Nichiren, Dozen-bo |
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