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Extraits de gosho sur |
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bakufu,
shogunat, gouvernement |
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Les moines bouddhistes réputés
de notre temps semblent en accord complet avec ceux qui s'opposent au
Dharma. En fait, ils ne comprennent même pas le véritable
sens des enseignements de leur propre école. Il est certain que,
si l'empereur ou le gouvernement ordonnent de prier pour
repousser les fléaux qui s'abattent sur le pays, ils ne feront
qu'accroître la colère des bouddhas et des divinités,
et le pays courra inévitablement à sa perte. Le douzième jour du
neuvième mois, j'ai encouru la colère des autorités
gouvernementales et je dois partir pour la province de Sado
le dixième jour du dixième mois de cette année. Par le passé,
vers la fin des jours du Dharma formel,
Gomyo, Shuen
et d'autres moines présentèrent des pétitions au
gouvernement dans lesquelles ils calomniaient le Grand-maître
Saicho. Maintenant, au début
des Derniers jours du Dharma, Ryokan,
Nen'a et d'autres ont établi
de faux documents qu'ils ont présenté au shogunat.
[...] Les maîtres
des écoles Tendai et Shingon flattent les tenants du Nembutsu et du Zen ou les redoutent comme un
chien agite la queue devant son maître ou comme une souris a peur
d'un chat. Ils entrent au service de l'empereur et du shogun et exposent des enseignements qui causent la destruction du Dharma bouddhique
et la ruine du pays. Vingt-six ans se sont maintenant
écoulés depuis la bataille de Hoji.
Le gouvernement de Kamakura
est de nouveau en butte à des dissensions internes. Des soulèvements
ont déjà eu lieu à deux reprises, le onzième
et dix-septième jour du deuxième mois de cette année.
[...] Les gens se demandent
inconsidérément pourquoi Nichiren est persécuté
par le gouvernement s'il est véritablement un
sage. Pourtant cela correspond totalement
à ce que j'attendais. Je ne reviendrai pas sur diverses
persécutions subies auparavant, et me contenterai de rappeler que,
l'année dernière, le douzième jour du neuvième
mois, ayant encouru la colère des autorités gouvernementales,
j'aurais dû, dans la nuit du même jour, être décapité.
Pour quelque raison, j'ai survécu jusqu'au matin, et je suis venu
dans cette partie de l'île de Sado, où je réside depuis.
J'ai été abandonné par le monde, abandonné
par le Dharma du Bouddha, et le Ciel ne me manifeste aucune clémence.
Le monde profane comme le monde bouddhique m'ont rejeté. Le Temple de la montagne et
la maison impériale avaient donc les mêmes liens que les
pins et les cyprès, ou les orchidées et les herbes. Quand
le pin meurt, le cyprès ne tarde pas à mourir aussi ; et
quand les orchidées se fanent, les herbes se dessèchent.
De même, la prospérité de la maison impériale
devait apporter la joie au Temple de la montagne, et sa décadence
y amener la tristesse. Mais maintenant que le monde a changé et
que le gouvernement a été transféré
dans la région de Kanto, que peuvent bien en penser les uns et
les autres ? Dans la 3e année de l'ère Jokyu [1221], sous le signe cyclique
kanoto-mi, le 19e jour du 4e mois - à peu près au moment
où éclatèrent les troubles
entre la cour [de Kyoto] et les guerriers barbares - sur l'ordre de l'Empereur
retiré d'Oki, des autels furent élevés et quarante
et un moines, versés dans les pratiques occultes, conduisirent
pour la première fois quinze sortes de cérémonies
ésotériques, afin de vaincre le gouvernement
de Kanto par le pouvoir de leurs incantations. A ces critiques
sans fondement, je répondrai que les difficultés rencontrées
sont dues au karma créé
dans des existences passées. (note)
Il n'y a rien d'étonnant à ce que le gouvernement
me poursuive de sa colère. L'étude attentive du
Sutra du Lotus en donne l'explication. Elle apprend que, à
l'époque des Derniers jours du
Dharma, la personne qui se consacre à la pratique du Sutra
du Lotus telle que le Bouddha l'enseigne est vouée à
rencontrer de nombreuses difficultés. Le texte l'établit
sans la moindre ambiguïté, et il suffit d'avoir des yeux pour
le lire. On ne peut
pas trouver des vagues de dix pieds dans un étang ne mesurant qu'un
pied de large, et le braiment d'un âne ne peut pas se confondre
avec le bruit du vent. Le chaos du gouvernement au Japon et la grande
détresse du peuple ne suffisent pas à expliquer des présages
d'une telle ampleur. Qui sait si ce ne sont pas là de grands signes
indiquant que, même si le Sutra du Lotus semble avoir disparu,
il ne peut en réalité jamais disparaître ? [...]
Pourtant, moi qui suis comme un père et une mère pour tout
le peuple japonais, je suis haï, calomnié et exilé.
Les abus sans précédent dont s'est rendu coupable le gouvernement,
au cours des deux ou trois dernières années, défient
la raison. Lorsque j'ai encouru la disgrâce
du gouvernement, 999 personnes sur 1 000, à Kamakura,
ont abandonné leur foi. Mais puisque le jugement du monde à
mon égard s'est maintenant adouci, certaines d'entre elles semblent
avoir des regrets. Un gouvernement injuste, tout comme les vents et les vagues, ne causera
pas la déchéance d’un grand pays et d’un grand
homme. Cependant, il ne fait aucun doute qu’un enseignement erroné
du bouddhisme, tout comme les rafales de vent et les hautes vagues détruisant
les petits bateaux, détruira un pays entier. Ici, le palais du shogun
vient juste de brûler, preuve que la bonne fortune du Japon est
presque épuisée. De plus, dans ce pays, des moines farouchement
opposés au Dharma prient avec
ferveur pour vaincre Nichiren, et c'est peut-être pourquoi les désastres
frappent de plus en plus fréquemment. J'ai été attaqué
à plusieurs reprises et, par deux fois, j'ai suscité la
colère du gouvernement. Je ne suis pas seul à
avoir été victime de sanctions ; certains, pour m'avoir rendu
visite, ont été officiellement punis, ont eu leurs terres
confisquées, ont été soit démis de leurs fonctions
par leurs seigneurs, soit abandonnés par leurs parents ou leurs
frères. Il en a résulté que même ceux qui m'avaient
suivi à un moment donné m'ont abandonné, et maintenant,
personne ne me suit. Mais au moment
du soulèvement de Jokyu, bien
qu'un nombre considérable de moines aient prié pour la victoire
des forces impériales et proféré des malédictions
à l'encontre des forces du shogunat de Kamakura,
c'est le chef de ces dernières, Gon
no Tayu, qui fut vainqueur. Cela valut à l'empereur retiré
Go-Toba d'être exilé
sur l'île d'Oki et à ses fils d'être bannis sur l'île
de Sado et dans une autre province.
Tel fut l'effet des prières Shingon
pour la victoire. En fin de compte, elles eurent le même effet que
les glapissements du renard yakkan qui permettent de le découvrir,
et les malédictions, exactement comme il est dit dans le Sutra
du Lotus à propos de ceux qui attaquent les pratiquants de
ce sutra, "se sont retournées contre ceux qui les ont prononcées". (réf.) Les trois
mille moines du Mont Hiei furent également
attaqués par le shogunat de Kamakura
et contraints de se soumettre. Aujourd'hui, le shogunat de
Kamakura est au sommet de sa prospérité.
[...] Le shogun et sa famille, ainsi que les samouraïs
qui sont à leur service, croient-ils que, grâce à
de telles prières, le pays restera en paix ? En fait, tant
qu'ils utiliseront les services de moines qui provoquent de graves désastres
en ignorant l'enseignement du Sutra du Lotus, le pays courra
immanquablement à sa perte. L'empereur retiré d'Oki,
regrettant que le shogunat de Kamakura
se soit emparé du pouvoir, faisant officiellement appel au soutien
des moines éminents du Mont Hiei,
du To-ji et de divers autres temples,
leur ordonna de conduire des rituels pour la destitution de Yoshitoki.
Cela ne dura pas seulement un an ou deux mais plusieurs années
durant, les moines prièrent et jetèrent des sorts. Pourtant
Gon no Tayu n'en eut jamais conscience, même en rêve, et,
pour sa part, n'ordonna pas un seul rituel de prières. Peut-être
pensait-il que même s'il faisait conduire un rituel de ce genre,
cela ne servirait à rien. En tout cas, l'empereur descendant des
divinités célestes fut vaincu sur le champ de bataille et
exilé sur l'île d'Oki. Qui plus est, les débats privés tendent à susciter
des altercations inutiles. Cependant, si vous souhaitez réellement
vous mesurer à moi dans un débat, faisons appel à
la cour impériale et au bakufu
de Kamakura pour en obtenir
la permission avant de discuter en public de la véracité
ou de l’aberration des enseignements. Cela plaira en outre à
l’empereur et dissipera les doutes du peuple. Puis, au cours du onzième
mois [de la même année], peu après mon arrestation,
le douzième jour du neuvième mois, une rébellion
éclata (note)
et le onzième jour du deuxième mois de l'année suivante,
plusieurs généraux, puissants protecteurs du Japon, furent
exécutés sans raison apparente. Il devint évident
que c'était une punition du Ciel. Probablement ébranlées
par cet incident, les autorités shogunales ont
libéré mes disciples emprisonnés. Pourtant, je n'étais
pas encore moi-même gracié. Certes, le gouvernement
n'avait absolument aucune raison d'agir à mon égard
comme il l'a fait, mais même avant de rencontrer ces difficultés
je savais qu'elles se produiraient. J'avais donc décidé,
quoi qu'il m'arrive, de ne jamais conserver de rancune contre personne.
Cette détermination a peut-être agi comme une sorte de prière
car maintenant je suis sain et sauf, et j'ai survécu aux diverses
persécutions. Un lion endormi, si on ne
le réveille pas, ne rugira pas. Si le courant est fort, mais que
vous ne vous y opposez pas avec vos avirons, aucune vague ne se soulèvera.
Si vous n'accusez pas un voleur pris sur le fait, il n'y aura pas d'empoignade ; si l'on n'ajoute pas de bûche au feu, la flamme ne s'élèvera
pas. De même, lorsque certains s'opposent au Dharma, si personne
ne s'avance pour exposer leur erreur, le gouvernement
se maintiendra pendant un certain temps en place et le pays ne connaîtra
pas de désordres. Cette défaite
ne fut pas un simple accident. Elle eut lieu parce que les nobles courtisans
avaient foi dans les enseignements erronés de Kukai*,
dans les doctrines fallacieuses d'Ennin*
et d'Enchin*
et parce que les moines des monastères du Mont Hiei, To-ji et Onjo-ji
s'allièrent aux nobles en faisant des prières contre le
shogunat de Kamakura.
Ainsi, "les malédictions revinrent frapper ceux qui les avaient
formulées", comme cela est dit dans le Sutra du Lotus,
et par conséquent l'empereur et ses courtisans furent vaincus.
Les chefs militaires de Kamakura
ne connaissaient aucun rituel et n'offrirent ni prières ni conjurations
pour la victoire. Mais s'ils en offrent maintenant, ils connaîtront
le même sort que les courtisans. [...] Si des prières fondées
sur les enseignements erronés de Kukai*
pouvaient avoir des effets bénéfiques pour le pays, alors
l'empereur Go-Toba aurait à
coup sur été victorieux dans sa lutte contre le shogunat
de Kamakura, et Setaka, le page
favori du prince-moine (dajo) du temple
Ninna-ji, aurait eu la vie sauve. C'est ainsi que les enseignements
bouddhiques du Japon furent unifiés en une seule école.
La société, de même, ne fut plus divisée, et
le gouvernement appliquant des règles claires,
le mal disparut d'un pays purifié. Si nous voulions évaluer
les mérites de Saicho, nous
devrions dire qu'ils découlent tous de sa fidélité
au passage [déclarant que le Sutra du Lotus est le plus
élevé de tous les sutras] "que j'ai enseignés,
que j'enseigne maintenant et que j'enseignerai à l' avenir."(réf.) On pourrait croire que les Grands Maîtres Zhiyi*
et Saicho ont été
des pratiquants du Sutra du Lotus, mais ils n'ont pas subi des
persécutions aussi sévères que le Bouddha de son
vivant. Ils n'ont rencontré que de petites oppositions, [Zhiyi*]
de la part des Trois Écoles du Sud et des Sept Écoles du Nord, et [Saicho]
de la part des Sept Temples principaux
de Nara. Ni l'un ni l'autre n'ont subi l'hostilité du gouvernement,
n'ont été attaqués par des gens du peuple à
coups de sabre ou calomniés par le pays entier. Puis, lors
de la grande sécheresse, le dix-huitième jour du sixième
mois de la huitième année de l'ère Bun'ei
(1271), signe cyclique kanoto-hitsuji,
le gouvernement ordonna au moine Ryokan
de conduire une cérémonie pour faire venir la pluie, afin
de mettre un terme aux souffrances du peuple. En apprenant cette nouvelle,
le sage Nichiren déclara : "Même s'il n'est guère
sérieux de prier pour des buts tels que faire tomber la pluie,
peut-être devrais-je saisir cette occasion pour montrer à
tous le pouvoir du Dharma dans lequel je crois." Il envoya un message
à la résidence du moine Ryokan,
disant : "Si le moine Ryokan
parvient à faire tomber la pluie dans les sept jours qui suivront
sa prière, moi, Nichiren, je cesserai d'enseigner que le Nembutsu
conduit à l'enfer avici ; [...]
Quand le moine Nichiren, ayant suscité la colère du gouvernement
de Kamakura, fut interrogé
à ce sujet, il relata la chose telle qu'elle s'était réellement
passée. Il déclara donc : "Si le moine Ryokan
avait eu la moindre pudeur, il aurait disparu de la vue du public et se
serait retiré dans une forêt de montagne. [...] Il a envoyé
aux autorités une lettre comportant six questions
concernant le bouddhisme, et demandant s'il était possible de parvenir
à l'Éveil par la pratique des sutras
antérieurs au Sutra du Lotus. Si Ryokan,
du temple Gokuraku-ji, fait
à nouveau savoir, comme il le dit dans sa pétition, qu'il
est prêt à débattre avec moi, demandez au gouvernement
de rencontrer Ryokan et dites lui
: "Mon maître [Nichiren] a été banni sur l'île
de Sado dans la huitième année
de Bun'ei (1272). Puis, dans le premier
mois (note)
de la neuvième année de Bun'ei
(1274), il a été gracié et il est revenu à
Kamakura. A son retour, il a fait
des remontrances à Hei no Saemon
sur divers sujets puis il s'est retiré au fin fond de la montagne,
dans la province de Kai. Mon maître a déclaré que,
même si l'empereur ou l'impératrice l'ordonnaient, il ne
quitterait jamais sa retraite pour débattre avec les moines des
autres écoles. Inutile de vous précipiter.
Forgez plutôt une unité solide avec les autres croyants et
laissez les ennemis du Dharma faire tout le tapage qu'ils veulent. Ensuite,
si vous envoyez cette pétition, la nouvelle s'en répandra
peut-être dans tout Kamakura
et il se peut même qu'elle parvienne jusqu'aux oreilles du shogun.
C'est ce que l'on appelle un malheur qui se transforme en bonne fortune. Minamoto
no Yoshitsune eut beaucoup de difficultés à remporter
la victoire sur les Heike jusqu'au
jour où il parvint à rallier Shigeyoshi
à sa cause, et il put ainsi vaincre le clan rival. Le shogun
Minamoto no Yoritomo
voulait se venger sur Osada de la
mort de son père, mais il ne voulut pas faire décapiter
le meurtrier avant d'avoir vaincu les Heike. En tant que vassal, vous et
votre famille avez une dette profonde à l'égard de votre
seigneur. De plus, il a montré à votre égard une
grande clémence en n'engageant aucune action contre votre clan
lorsque j'ai été exilé à Sado
et quand j'étais haï par la nation entière. Beaucoup
de mes disciples ont vu leurs terres saisies par le gouvernement,
et furent alors destitués, ou chassés des terres de leurs
seigneurs. Même s'il ne vous manifeste plus désormais la
moindre considération, ne nourrissez pas de rancune envers votre
seigneur. L'empereur Xian-Zong de Chine
perdit son empire [à cause de cette doctrine Shingon], et le Japon
poursuit inéluctablement son déclin. Le shogunat
de Kamakura ôta le pouvoir
au quatre-vingt-deuxième empereur retiré Go-Toba,
malgré le serment fait par le bodhisattva Hachiman
de protéger le règne de cent rois. [...] Parce que le shogunat
de Kamakura l'emporta sur les
enseignements erronés [du Shingon] et sur les personnes mauvaises,
il aurait pu prospérer pendant dix-huit générations
de plus, jusqu'au règne du centième roi comme il avait été
promis [par le bodhisattva Hachiman]. Mais il s'est converti à
son tour aux mêmes enseignements erronés des mauvais maîtres
[auxquels il s'opposait autrefois]. Par conséquent, puisque le
Japon n'a plus de souverain digne d'être protégé,
Bonten et Taishaku,
les divinités Nitten, Gatten
et les quatre Rois du Ciel ont [répondu
à cette offenses et] ordonné
à un pays étranger d'envahir le Japon. Mais, même dans ces
conditions, l'actuel gouvernement finira par s'effondrer
s'il continue à rester hostile au Sutra du Lotus. Les
gouvernants pensent, à tort, que les moines du Nembutsu
sont bien disposés à l'égard du Sutra du Lotus,
et que c'est moi, Nichiren, qui suis hostile au Nembutsu ; et ils proclament qu'ils respectent également ces deux doctrines.
Moi, Nichiren, je leur rétorque : si rien n'est fondamentalement
mauvais dans le gouvernement actuel, comment se fait-il
que des épidémies pareilles, des famines et des guerres,
d'une gravité sans précédent, aient éclaté ? Pourquoi les autorités ont-elles à deux reprises infligé
au Pratiquant du Sutra du Lotus de graves punitions, sans même
l'autoriser à se confronter aux autres écoles dans un débat
public ? Pourtant, les femmes du Japon,
sans avoir conscience de leur ignorance, considèrent Nichiren,
qui vient à leur secours, comme leur ennemi. Et, bien à
tort, elles prennent les adeptes du Nembutsu
et les moines du Zen, du Ritsu
et du Shingon, qui sont en réalité
leurs plus grands ennemis, pour de bons
amis et des maîtres bouddhiques. En considérant Nichiren,
qui s'efforce de les secourir, comme leur pire ennemi, ces femmes se sont
liguées pour me calomnier auprès du gouvernement,
et ont obtenu par le passé de me faire exiler d'abord dans la province
d'Izu, puis encore, sur l'île
de Sado. Ainsi, le
critère de jugement sur les enseignements bouddhistes est devenu
hasardeux et obscur, si peu nombreux sont ceux qui pouvaient prononcer
un jugement honnête pour savoir si un enseignement bouddhiste était
correct ou erroné. Il en résulta des implications en politique
intérieure, qui ont mené, à la fin, à l’invasion
du Japon par une puissance étrangère. Comme j’étais
la seule personne à être consciente de cette situation, je
compilais d’importants passages des écritures bouddhiques
dans un ouvrage appelé Rissho-ankoku-ron
en une tentative pour pour sauver la nation et le Dharma. J’offris
ce traité à Hojo Tokiyori,
régent du bakufu
de Kamakura, mais, comprenant
que les officiels à l’intelligence limitée ne seraient
pas capables de le comprendre, je pris sur moi de l’expliquer. C'est là que se trouve
le sanctuaire, autrefois le second, mais de nos jours le plus important,
consacré à Amaterasu,
la déesse du Soleil, construit par le shogun Minamoto
no Yoritomo, fondateur du shogunat de Kamakura.
Quand je parle ainsi, je m'attire
la haine de tous les Japonais. Mais c'est parfaitement compréhensible : la branche tordue déteste le cordeau rectiligne du charpentier,
et les malfaiteurs n'apprécient guère les règles
d'un gouvernement honnête. Moi, Nichiren, comprenant
bien tout cela, et redoutant la mise en garde donnée à "celui
qui trahit le bouddhisme" (réf.) et à
celui qui "tombera en enfer avec..."
(note), j'ai tenté d'informer
le gouvernement du pays de l'ensemble de cette situation.
Mais, abusés par les doctrines erronées, tous refusent de
me croire. Au contraire, les autorités sont devenues des ennemis
mortels [du Sutra du Lotus]. A certains moments, j'ai
été battu, arrêté, blessé, ou exilé
en terre lointaine. Parfois mes disciples ont été tués,
parfois j'ai été moi-même banni. Puis, le 12e jour
du 9e mois de la huitième année de Bun'ei
(1271), j'ai subi la colère du gouvernement, pour
être ensuite envoyé en exil dans une province du Nord, sur
l'île de Sado. Ce n'est pas
que j'affronte sans crainte les réactions du monde. C'est seulement
que je redoute plus encore les sévères mises en garde du
Sutra du Lotus. La situation est comparable à celle de
Sukenari et de Tokimune,
qui, bien que vivants à la cour du shogun, assouvirent
leur vengeance parce que c'était leur unique désir et que
la pensée de ne pas se venger de leur ennemi leur était
insupportable. Quant à
l’Estrade d’Ordination (Kaidan),
[elle sera établie] quand la loi du souverain et le Dharma du Bouddha
seront unis et deviendront Un, et que souverain et sujets deviendront
Un dans leur foi dans la doctrine des Trois grands Dharmas cachés,
[de sorte que] le même lien qui existait dans le temps entre le
roi Utoku et le moine Kakutoku
existera aussi dans le monde futur de l’Âge impur et mauvais
des Derniers jours du Dharma. A ce
moment, un édit impérial et un décret du shogun
seront octroyés ; un endroit très élevé –
semblable au Pic duVautour –
sera trouvé, et là l’Estrade d’Ordination sera
implantée. Nous n’avons qu’à attendre le bon
moment pour que cela se produise. Cela marquera l’avènement
du Dharma véritable établi par le Bouddha parmi les hommes. |
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